TABLE DES MATIÈRES
Le cartel des grandes
pharmaceutiques tire un profit maximal
de l'assurance-médicaments avec la COVID-19
• Il y
a une alternative!
- K.C. Adams -
• Les
programmes d'assurance-médicaments de COVID-19
pour payer les riches
Projet de loi 57 au Manitoba, Loi sur la
protection des infrastructures essentielles
• Préparatifs
pour une criminalisation généralisée
de ceux qui luttent pour leurs droits
- Barbara Biley -
• Les
principaux éléments du projet de loi 57
Les tentatives du gouvernement fédéral d'échapper
à sa responsabilité envers les peuples autochtones
• La
définition intéressée du Canada de la
Déclaration de l'ONU
sur les droits des peuples autochtones
- Philip Fernandez -
• Les
Haudenosaunees affirment leur souveraineté et
déclarent un moratoire sur tout développement
ultérieur du territoire issu du traité de
Haldimand
• L'Assemblée
des chefs mi'kmaqs de la Nouvelle-Écosse dénonce
la plus récente activité criminelle du Canada
L'affaire des annuités versées en vertu
des traités Robinson de 1850
• Justice
refusée
- David Starbuck -
Un statut de résidence permanente
pour tous et toutes maintenant!
• «Exclusion,
déception, chaos et exploitation» – Rapport
du Réseau des droits des migrants
• Le
Canada refuse de remettre en question ses
pratiques d'immigration discriminatoires
- Steve Rutchinski -
• Le
budget fédéral n'accorde pas les droits en
matière d'immigration et maintient les
programmes temporaires défaillants
• Événement
à venir: Marche vers Ottawa, 18-25 juillet
Les 100 premiers jours du président Joe Biden
• Invoquer
les droits humains pour cacher que les
États-Unis commettent encore d'autres crimes
contre l'humanité
- Kathleen Chandler -
• Une
commission internationale d'experts juridiques
recommande une enquête sur les États-Unis pour
crimes contre l'humanité
• Ce
sont les manifestations de masse qui ont mené à
la condamnation de Chauvin et maintenant elles
sont criminalisées
- Barbara Ransby -
Amérique latine et Caraïbes
• Les
forces populaires en action dans la lutte pour
la démocratie et le droit d'être
Haïti
• Une
lutte de vie ou de mort à la défense de la
souveraineté et du droit du peuple de décider
Colombie
• Les
jeunes en première ligne de la lutte populaire
pour les droits et contre la terreur étatique
• Le
peuple colombien, dans son pays et à l'étranger,
tient bon face à une répression meurtrière.
- Garnet Colly -
• Barrage
d'attaques
contre le système de justice transitionnel et
l'indépendance judiciaire
Bolivie
• L'édification
nationale reprend, les forces du coup d'État
sont traduites en justice
Chili
• Les
citoyens éliront les 15 et 16 mai l'assemblée
qui
rédigera une nouvelle constitution
Brésil
• La
Cour suprême annule toutes les accusations
portées contre Lula
Le cartel des grandes
pharmaceutiques tire un profit maximal
de l'assurance-médicaments avec la COVID-19
- K.C. Adams -
Manifestation à New York le 11 mars 2021
Les programmes pour payer les riches liés à
l'assurance-médicaments et la COVID-19, qui
représentent des milliards de dollars et qui
rapportent des fortunes à certains individus qui
contrôlent et possèdent les grandes sociétés
pharmaceutiques, prouvent que toute forme
d'assurance-médicaments doit être globale, sinon
elle devient inévitablement un autre système
d'enrichissement corrompu pour les oligarques
mondiaux qui exploitent à leurs fins un programme
social nécessaire. Pour durer et être efficace à
long terme et ne pas être utilisée pour enrichir
les oligarques des grandes pharmaceutiques,
l'assurance-médicaments doit englober le
développement, la recherche, la production et la
distribution de produits pharmaceutiques et avoir
pour seul objectif de servir le peuple, l'économie
et la société et non les nantis de la planète.
Cela nécessite des entreprises publiques centrées
sur l'être humain pour organiser la recherche
nécessaire et développer et produire des produits
pharmaceutiques et les mettre à la disposition du
peuple sans qu'aucun aspect ne soit infecté par
l'objectif impérialiste du profit maximum privé.
Un véritable programme d'assurance-médicaments et
plus généralement le système de santé sont
nécessaires non seulement pour les individus, mais
aussi pour que l'économie et la société
fonctionnent et se développent. La pandémie montre
à quel point il est crucial d'avoir des conditions
sociales qui produisent et maintiennent une
population en santé. Comme on l'a vu, sans ces
conditions, des secteurs entiers de l'économie,
voire l'économie elle-même, ralentissent et
s'arrêtent. Pour que les travailleurs soient
disponibles pour travailler, il faut bâtir et
préserver la santé de la population par un système
de santé universel et gratuit.
La pandémie prouve que pour soutenir les
investissements nécessaires à un système de santé
qui répond aux besoins, y compris
l'assurance-médicaments et les soins aux aînés, la
valeur que ces services produisent sous la forme
de travailleurs en santé doit être réalisée dans
un échange convenable au sein de l'économie.
Toutes les grandes entreprises de l'économie d'une
certaine taille doivent payer pour cette valeur
sans laquelle elles ne peuvent exister. Ces
grandes entreprises doivent être tenues
responsables de la réalisation (du paiement) de la
valeur que représentent des travailleurs en santé
et la capacité de travail et dont elles et
l'ensemble de la société tirent profit. Des
travailleurs en bonne santé et instruits sont le
facteur humain essentiel pour produire une
nouvelle valeur sans laquelle l'économie et la
société ne tiendraient pas. Les oligarques
impérialistes qui contrôlent les affaires
économiques et politiques refusent d'admettre
cette vérité évidente et continueront de le faire
tant qu'ils ne seront pas privés de leur capacité
de priver les travailleurs de ce qui leur
appartient de droit.
Rassemblement à Washington le 19 avril 2021
Le cartel mondial Pfizer/BioNTech/Fosun a réalisé
des milliards de dollars de bénéfices avec les
programmes d'assurance-médicaments de divers
gouvernements pendant la pandémie de COVID-19. Le
cartel composé de Pfizer (États-Unis), BioNTech
(Allemagne) et Fosun International (Chine) déclare
des milliards de dollars de revenus bruts réels et
potentiels du vaccin Pfizer pour la COVID-19. Le
vaccin est le produit d'une entreprise conjointe
de développement, de production et de distribution
de ces trois monopoles[1].
Les gouvernements ont recours à une forme
d'assurance-médicaments pour administrer le vaccin
à leur population sans frais pour les
particuliers. Par exxemple, le gouvernement du
Canada a conclu des contrats avec le cartel Pfizer
pour la livraison de millions de doses de vaccin à
des prix par dose non précisés mais qui
varieraient entre 20 et 30 dollars.
Le cartel Pfizer/BioNTech/Fosun a annoncé un plan
appelé Projet Lightspeed pour produire un vaccin
pour la COVID-19 et le distribuer à l'échelle
mondiale à la mi-janvier 2020. C'était quelques
jours seulement après que la séquence génétique du
SRAS-Cov-2 ait été rendue publique pour la
première fois et près de deux mois avant que
l'Organisation mondiale de la santé ne déclare la
pandémie.
Les ventes directes du vaccin contre la COVID-19
par le cartel Pfizer aux gouvernements par le
biais de programmes d'assurance-médicaments conçus
pour payer les riches représentent 98 % des 2,5
milliards de doses que Pfizer/BioNTech produiront
cette année. Le cartel s'est engagé à ne fournir
que 40 millions de doses, soit 2 % de sa
production, à Covax, un partenariat multilatéral
visant à fournir des vaccins aux pays pauvres.
Clare Wenham, experte en politique de santé à la
London School of Economics, dénonce ce montant
comme étant « une goutte d'eau dans l'océan » par
rapport aux besoins urgents.
Le cas du cartel mondial Pfizer/BioNTech/Fosun
La section Pfizer du cartel a déclaré un revenu
brut de 3,5 milliards de dollars de la vente du
vaccin pour la COVID-19 au cours des trois
premiers mois de 2021. Pfizer s'attend à ce que
son revenu brut provenant du vaccin pour cette
seule année atteigne 26 milliards de dollars.
C'est en plus des centaines de millions de dollars
de revenus réalisés en 2020 quand les
gouvernements ont commencé à commander le vaccin.
Selon Pfizer, la marge de profit des ventes du
vaccin COVID-19 devrait représenter environ 20 %
de son revenu brut.
L'expropriation
déclarée par Pfizer de la valeur ajoutée (profit)
de son revenu brut total réalisé sur toutes ses
ventes en 2020 était de 9,6 milliards de dollars
sur un revenu brut de 41,908 milliards de dollars.
Cela montre à quel point les soins de santé sont
devenus rentables pour les cartels partout dans le
monde, surtout lorsqu'ils sont couplés à une forme
d'assurance-médicaments conçue comme un stratagème
pour payer les riches. En plus de ce profit privé
pour les propriétaires mondiaux, le PDG de Pfizer
a reçu 21 millions de dollars en « salaire » pour
2020.
La section BioNTech du cartel a des commandes
fermes pour 11,8 milliards de dollars pour le
vaccin à ce jour, principalement grâce aux
programmes d'assurance-médicaments des
gouvernements européens couvrant la COVID-19. À
elle seule, l'Union européenne a initialement
accepté d'acheter 1,8 milliard de doses Pfizer,
sans en divulguer le prix. Fosun affirme avoir des
commandes pour 100 millions de doses en Chine. Le
cartel Pfizer prévoit produire et vendre des
milliards de doses du vaccin COVID-19 rien qu'en
2021 et poursuivre dans les années à venir avec
des « injections de rappel », notamment une
version modifiée qui ne nécessite qu'une
réfrigération normale et non une congélation à
très basse température comme pour le vaccin
actuel.
Les droits de propriété intellectuelle dans un
système
démocratique libéral
Les oligarques qui contrôlent les grandes
sociétés pharmaceutiques s'opposent à ce que le
matériel intellectuel lié au développement du
vaccin à ARNm COVID-19 soit connu du public et
puisse ainsi être reproduit dans le monde entier
pour le bénéfice de l'humanité entière. Ils
insistent pour dire que le matériel intellectuel
de l'ARNm est leur propriété privée, qu'il est
issu du cerveau de leurs scientifiques et qu'en
conséquence il devrait être utilisé pour profiter
aux propriétaires du cartel, puisqu'ils ont payé
pour la recherche nécessaire au développement du
vaccin.
Manifestation à Cambridge, Angleterre,
le 11 mars 2021
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Dans la situation actuelle et dans le monde
moderne, considérer les progrès de la science
comme une propriété privée plutôt que la propriété
publique précieuse de toute l'humanité est non
seulement rétrograde, c'est aussi intenable. Les
propagandistes de l'impérialisme déclarent que le
droit de propriété est le fondement de la vie
elle-même, mais il s'avère que c'est le
contraire – leur système démocratique dit
libéral, qui veille à ce que les intérêts privés
étroits prospèrent, est le pourvoyeur de la mort
et de la destruction dans le monde entier.
Le cartel Pfizer s'oppose à tout affaiblissement
de sa propriété privée du matériel intellectuel
qui est selon lui le produit de ses chercheurs,
car cela aurait un impact négatif sur son objectif
de faire un profit maximum. Dans un article du New
York Times, Rebecca Robbins et Peter S.
Goodman soulignent l'hypocrisie de ce point de
vue. BioNTech, le partenaire de Pfizer dans le
cartel, écrivent-ils, « a reçu un soutien
substantiel du gouvernement allemand pour
développer leur vaccin commun. Et la recherche
financée par le contribuable a aidé les deux
entreprises : les National Institutes of Health
(des États-Unis) ont breveté une technologie qui a
contribué à rendre possibles les vaccins à ARN
messager. BioNTech a conclu un accord de licence
avec eux et Pfizer s'appuie sur cette licence[2]. »
L'idée qu'en 2021 un individu ou un groupe peut
faire une innovation ou une invention qui ne
nécessite pas le matériel intellectuel accumulé au
cours des âges et la participation collective des
êtres humains et des ressources de la société est
irrationnelle. Dans le monde d'aujourd'hui, les
développements scientifiques sont sociaux, tout
comme le sont l'économie et la vie en général. La
propriété privée des idées ou du matériel
intellectuel est en contradiction avec la réalité
de la vie sociale moderne. Aucune invention ou
aucun développement récent dans les domaines de la
médecine, de l'informatique, de la numérisation,
de la robotique ou de l'intelligence artificielle
n'aurait été possible il y a un siècle, et encore
moins à l'époque de la petite production paysanne.
Les développements scientifiques d'aujourd'hui
sont le résultat de l'éducation publique de masse
et du matériel intellectuel accumulé au cours des
âges, en particulier depuis que la science a
commencé à prendre une forme théorique publique
solide et cohérente à la fin du XVIIIe siècle et a
laissé derrière elle pour toujours son caractère
empirique dominant antérieur.
Dans tout le
battage médiatique autour des vaccins comme
solution miracle pour vaincre la pandémie de
COVID-19, on a perdu de vue les possibilités
d'éradiquer ou d'isoler le virus, non seulement
par une intervention pharmaceutique, mais
également par des mesures pour contrer sa
propagation, en particulier auprès des plus
vulnérables dans le monde.
La condition de la propagation mondiale du virus
est le système impérialiste d'États et sa
mondialisation néolibérale, à quoi s'ajoutent
trente années de destruction néolibérale
antisociale de la société, de ses programmes
sociaux et de ses normes par les oligarques au
pouvoir. La pandémie montre à quel point cette
situation est devenue intenable et ne peut être
résolue que par la création d'entreprises
publiques centrées sur l'être humain, capables
d'assurer la recherche, le développement et la
distribution des produits pharmaceutiques dont la
population a besoin. Cette approche moderne
éliminerait la recherche d'un profit privé maximal
pour les remèdes et les vaccins, qui bloque
actuellement la distribution massive de vaccins
pour lutter contre le COVID-19. Tant que cette
question sera entre les mains des cartels
impérialistes, le monde ne pourra pas être
sécurisé.
La mondialisation s'est faite à la vitesse de
l'éclair pour servir les cartels et leur soif du
profit maximum. Mais les conséquences de leurs
actions échappent à leur contrôle. La lutte pour
les vies est la lutte pour les droits et c'est
l'alternative à ce que font les gouvernements au
service des riches avec leurs stratagèmes pour
payer les riches et leur offensive antisociale.
Manifestation à Boston, au Massachusetts, le 11
mars 2021
Notes
1. Pfizer
Inc. est un cartel mondial américain
dont le siège est à New York. Elle développe
et produit des médicaments et des vaccins pour
l'immunologie, l'oncologie, la cardiologie,
l'endocrinologie et la neurologie. En 2020,
l'entreprise avait sept médicaments ou
produits qui ont chacun réalisé plus d'un
milliard de dollars de revenu brut. Pfizer a
déclaré un revenu brut total de 41,908
milliards de dollars pour 2020 et la propriété
privée d'actifs évalués à 178,983 milliards de
dollars. En 2020, l'entreprise a acheté la
capacité de travail de 78 500 travailleurs,
dont 29 400 aux États-Unis.
BioNTech SE est une
société allemande de biotechnologie qui
développe et fabrique des immunothérapies
actives pour des approches spécifiques aux
patients dans le traitement des maladies. Elle
a déclaré un revenu brut de 121,5 millions
d'euros en 2019 avec une propriété privée
d'actifs évalués à 797,7 millions d'euros.
Elle a acheté la capacité de travail de 1 323
travailleurs en 2019.
Fosun International Limited
est un cartel mondial chinois dont le siège
social est à Shanghai. Le cartel a des
opérations dans 16 pays engagés dans chaque
secteur de l'économie socialisée moderne, y
compris le divertissement en tant que
propriétaire majoritaire et opérateur du
Cirque du Soleil. Fosun a eu un revenu brut
déclaré de 20,7 milliards de dollars en 2019
avec une propriété privée totale d'actifs
évalués à 102,6 milliards de dollars. Elle a
acheté la capacité de travail de 71 000
travailleurs. (Wikipedia)
2. Les National Institutes of
Health (NIH) sont la principale agence du
gouvernement des États-Unis responsable de la
recherche biomédicale et de la santé publique.
Ils ont été fondés à la fin des années 1880 et
font maintenant partie du département
américain de la santé et des services sociaux.
Les NIH mènent leurs propres recherches
scientifiques par le biais de leur programme
de recherche intramuros et fournissent des
fonds importants pour la recherche biomédicale
à des installations de recherche privées non
membres par le biais de son programme de
recherche extramuros.
En 2013, le programme de
recherche intramuros comptait 1 200 chercheurs
principaux et plus de 4 000 boursiers
postdoctoraux en recherche fondamentale,
translationnelle et clinique, étant ainsi la
plus grande institution de recherche
biomédicale au monde. La recherche
translationnelle comprend deux
domaines de traduction des principes
scientifiques en applications concrètes. Le
premier est le processus d'application des
découvertes générées par la recherche en
laboratoire et les études précliniques au
développement d'essais et d'études sur
l'humain.
En 2003, la branche extramuros
des NIH fournissait 28 % du financement de la
recherche biomédicale dépensé annuellement aux
États-Unis, soit environ 26,4 milliards de
dollars. (Wikipédia)
Projet de loi 57 au Manitoba,
Loi sur la protection des infrastructures
essentielles
- Barbara Biley -
Manifestation contre le projet de loi 57 devant
l'Assemblée législative
du Manitoba le 23 mars 2021
Le 15 mars, le
gouvernement du Manitoba a annoncé qu'il «
présente un nouveau projet de loi pour prévenir la
pression sur les infrastructures tout en
respectant la liberté de réunion et d'expression
». L'expression « présente un nouveau projet de
loi pour » masque le fait que le projet de 57, Loi
sur la protection des infrastructures
essentielles, a passé l'étape de la
première lecture à la législature du Manitoba le
20 novembre et n'a été rendu public que quatre
mois et demi plus tard. Dix-huit autres projets de
loi qui ont été adoptés en première lecture en
novembre dernier n'ont été publiés que plusieurs
mois plus tard. Au niveau fédéral, les projets de
loi sont habituellement imprimés quelques heures
après avoir passé l'étape de la première lecture.
Cela démontre à quel point les exécutifs
gouvernementaux néolibéraux ont détruit les
parlements et les législatures en tant qu'endroits
de débats des lois et d'autres questions qui
touchent le peuple. Le débat sur le projet de loi
57 a maintenant été reporté à l'automne parce que
le NPD a utilisé une règle de procédure de la
législature manitobaine qui permet à l'opposition
officielle de reporter le débat sur un certain
nombre de projets de lois à la prochaine session.
Le projet de loi 57 prépare le terrain pour une
criminalisation généralisée de ceux qui luttent
pour leurs droits. Le projet de loi prévoit que le
propriétaire ou l'exploitant de ce qui est
considéré une infrastructure essentielle peut
présenter une requête au tribunal en vue d'obtenir
une ordonnance établissant une zone de protection
s'il estime qu'une personne entrave la
construction ou l'exploitation de
l'infrastructure. Une fois que le tribunal émet
l'ordonnance, les individus ou les entreprises qui
l'enfreignent sont passibles d'amendes et les
individus sont aussi passibles de peines
d'emprisonnement.
Selon la définition qu'on retrouve au projet de
loi, une « infrastructure essentielle » peut être
à peu près n'importe quoi, notamment les pipelines
et les chemins de fer, les hôpitaux, les foyers de
soins personnels, et « les installations
nécessaires à la prestation des services
gouvernementaux au public ou au fonctionnement
efficace de la Législature ». Le projet de loi
indique que « les infrastructures dont
l'utilisation ou la présence contribue de manière
significative à la santé, à la sécurité ou au
bien-être économique des Manitobains sont des
infrastructures essentielles ».
Des travailleurs de la santé de l'Alberta
débrayent pour défendre leurs droits et dressent
un piquet de grève devant l'hôpital Royal
Alexandria à Edmonton le 26 octobre 2020.
Le ministre de la Justice Cameron Frisen a
justifié le projet de loi le 15 mars en disant :
« Nous devons aussi nous assurer que les
Manitobains ont toujours accès à des biens et
services de qualité et qu'ils peuvent poursuivre
leurs activités sans contraintes. » Cependant, le
projet de loi ne protège pas les services qui sont
fournis ou devraient être fournis par
l'infrastructure. Ce n'est pas l'objectif du
projet de loi. Les gens pourront continuer de
mourir dans les hôpitaux parce que les
travailleurs n'ont pas les conditions requises
pour prendre soin d'eux, les législatures peuvent
passer des lois et des règlements qui mettent en
danger la santé et la sécurité des travailleurs et
du peuple et les travailleurs du rail peuvent
mourir au travail parce que les conditions ne sont
pas sécuritaires. L'objectif du projet de loi est
d'intensifier l'offensive antisociale contre le
peuple et de rendre la résistance du peuple
illégale.
Cette
loi peut être invoquée si une « entrave » à une
infrastructure essentielle est proclamée, qu'elle
provienne des travailleurs, par exemple, ou des
jeunes et des autochtones qui réclament justice à
proximité d'une infrastructure ou sur une terre
sur laquelle l'infrastructure est située. Le
projet de loi fait abstraction des causes qui sont
à l'origine des actions. Il est un autre mécanisme
pour imposer le diktat des intérêts privés étroits
qui possèdent et exploitent l'infrastructure ou
des exécutifs gouvernementaux qui les exploitent
au nom des intérêts privés étroits, sous prétexte
de protéger l'infrastructure qui contribue de
manière significative au bien-être des
Manitobains.
Le fait que le projet de loi déclare que le lieu
où l'infrastructure est située fait partie de
l'infrastructure montre bien que le projet de loi
vise particulièrement les autochtones qui, avec
leurs alliés, défendent leurs terres et leurs
droits ancestraux et issus de traités. Il est
évident que le projet de loi est motivé par une
détermination à éliminer les protestations, comme
les protestations à l'échelle du pays, y compris
les barrages ferroviaires, en appui aux défenseurs
de la terre de la Première Nation Wet'suwet'en qui
ont bloqué la construction d'un pipeline gazier
sur ses terres en Colombie-Britannique, affirmant
son droit de dire Non !
Le projet de loi nie les droits ancestraux et
issus de traités des défenseurs autochtones de la
terre, alors qu'il enchâsse le « droit » des
intérêts privés mondiaux d'agir comme ils le
veulent, sans le consentement du peuple et en
violation de leurs droits. Le gouvernement Kenney
a adopté une loi semblable en 2020. C'est ce qui
s'appelle la politisation des intérêts privés et
la criminalisation des intérêts publics.
Le fait que ce projet de loi étend le concept
d'infrastructure essentielle aux établissements de
santé et au gouvernement montre que le but est de
criminaliser la lutte du peuple pour ses droits
dans tous les aspects de la vie. Cela ne doit pas
passer !
Tout ce projet de loi est une attaque intolérable
contre le droit du peuple d'exprimer sa conscience
et de déterminer la direction des affaires
économiques et politiques afin qu'elles servent
ses besoins et intérêts et non ceux des riches.
Cela démontre l'incapacité du gouvernement du
Manitoba d'apporter des arguments convaincants
pour son programme de payer les riches et son
offensive antisociale. Son recours à la répression
et à la criminalisation démontre bien son
impuissance.
Les Manitobains ont une fière histoire de lutte
pour les droits et aucun Manitobain qui se
respecte ne vas se soumettre à de telles choses.
Le gouvernement montre à quel point il est faible.
Les Manitobains considèrent que prendre la parole
contre ce que fait le gouvernement est un devoir,
comme le font déjà les organisations qui
représentent les intérêts des fermiers, des
autochtones et des professeurs d'université.
La Fédération des associations des professeurs
universitaires du Manitoba
La Fédération des associations des professeurs
universitaires du Manitoba écrit dans un
communiqué de mars que le projet de loi 57 a été
plagié d'un lobby du monde des affaires appelé
American Legislative Exchange Council (Conseil
d'échange législatif américain) ou ALEC. Elle
soutient que « ce groupe travaille derrière des
portes closes pour fournir des projets de loi tout
faits aux législateurs républicains pour
promouvoir leur ordre du jour d'affaires de droite
: rendre les gouvernements aussi petits que
possible et les taxes aussi basses que possible,
présenter des lois antisyndicales de droit au
travail, des lois de suppression d'électeurs et
même des lois dites de défense de son territoire
de la NRA pro-armes à feu. [...]
« Le projet de loi 57, Loi sur la protection
des infrastructures essentielles, prend sa
source dans les lois 1123 et 2128 de la Chambre de
l'Oklahoma. Ces lois visaient à réprimer les
manifestations de masse des communautés
autochtones dans le cadre de la protestation de la
nation de Standing Rock contre le pipeline dans le
Dakota du Nord. Le gouvernement Pallister a
présenté ce projet de loi comme étant le sien,
sans en attribuer la source véritable : le modèle
ALEC fabriqué à partir de la loi de l'Oklahoma.
[...] »
L'Union nationale des fermiers au Manitoba
défend les droits démocratiques essentiels
L'Union nationale des fermiers (NFU) au Manitoba
a publié une déclaration le 9 mars qui s'oppose au
projet de loi 57, Loi sur la protection des
infrastructures essentielles, « en raison
de sa substance et du processus ». On y lit
notamment :
« Le projet de loi 57 a été présenté après que le
gouvernement de l'Alberta a adopté sa Loi sur
la défense des infrastructures essentielles
en 2020 et tout laisse prévoir que ce projet de
loi va suivre son exemple sur le contenu. La loi
de l'Alberta donne au gouvernement le pouvoir
d'imposer des amendes punitives et d'emprisonner
des manifestants pour intrusion ou entrave aux
grandes entreprises. La loi albertaine permet au
gouvernement d'étendre ce qu'il appelle une «
infrastructure essentielle » simplement en
adoptant une ordonnance ministérielle. La loi
albertaine protège les intérêts des grandes
entreprises qui sont riches et puissantes et vise
à intimider ou à punir les citoyens et les
communautés qui ont peu de moyens à part les
protestations pacifiques pour attirer l'attention
sur leurs enjeux et demander à être écoutés.
« Il existe de nombreux exemples dans l'histoire
du Manitoba où le genre des protestations que le
projet de loi 57 cherche à éviter a mené à des
avances importantes. Depuis les Métis sous Louis
Riel en 1870 jusqu'à la grève générale de Winnipeg
en 1919, jusqu'aux manifestations de Black Lives
Matter en 2020, le Manitoba a été façonné par des
citoyens défendant leurs droits. Le projet de loi
57 forcerait au silence les voix démocratiques et
ferait en sorte que l'avenir du Manitoba soit
défini plutôt par les intérêts des entreprises.
« La NFU oeuvre à la protection des terres et des
eaux qui soutiennent la qualité de vie canadienne
et est solidaire de ceux qui sont engagés dans ce
travail. Les succès historiques de la NFU dans la
promotion des intérêts des fermiers reposent sur
le droit à la manifestation pacifique. Ce projet
de loi va porter atteinte à notre droit d'agir
dans ce sens. La protestation non violente
pacifique a été un moyen important pour que les
fermiers aient de l'influence au Canada, et c'est
le droit des fermiers d'être en mesure d'exprimer
leurs opinions de cette manière. Nous droits
démocratiques sont essentiels à notre relation
avec les gouvernements. Le mépris de ce
gouvernement pour la transparence sur le projet de
loi 57 est décourageant et inacceptable dans une
démocratie. Pour toutes ces raisons, la NFU
demande au gouvernement du Manitoba de retirer le
projet de loi 57. »
Les organisations autochtones du Manitoba
prennent la parole
Les organisations autochtones du Manitoba se sont
prononcées contre le projet de loi 57. Parlant aux
médias locaux le 16 mars, le jour suivant la
présentation du projet de loi, le grand chef de
l'Organisation des chefs du sud a dit : « Nous
devons le contester de toutes les façons. Les
gouvernements provincial et fédéral ont faussé la
donne à l'encontre des autochtones depuis très
longtemps. »
Parlant des pénalités prévues par le projet de
loi, il a dit : « C'est une tactique
d'intimidation. » Il a dit que le projet de loi
est « une stratégie, évidemment, pour faire taire
les voix et les opinions des membres des Premières
Nations qui sont exclues depuis très longtemps de
la stratégie et des investissements en
infrastructure en ce qui a trait à notre
partenariat sur une base de gouvernement à
gouvernement... »
Lors d'un rassemblement de masse à la législature
le 23 mars, Lisa Currier, coordonnatrice de Idle
No More du nord du Manitoba et une des
organisatrices du rassemblement, a dit : « Le
projet de loi 57 va forcer nos voix au silence et
nous donner une petite place dans le coin pour
protester, loin du lieu où se joue le coeur de
l'enjeu. » Elle a dit que le projet de loi viole
les droits des autochtones, y compris ceux qui
sont reconnus par la Constitution en ce qui
concerne le titre autochtone à la terre. « La
section 2.3 du projet de loi 57 déclare que tout
territoire sur lequel est située une
infrastructure essentielle fait partie de
l'infrastructure et cela, selon moi, revient à une
déclaration de propriété du territoire. »
Le projet de loi 57, Loi sur la protection
de l'infrastructure essentielle, débute par
les considérants du projet de loi, une série d'«
attendus » qui le présentent comme étant non
extrémiste, un équilibre entre la liberté
d'expression et de rassemblement et la protection
de l'infrastructure essentielle contre l'entrave.
Attendu :
« que la liberté de réunion et la liberté
d'expression sont des droits constitutionnels et
que le droit de se rassembler dans un lieu public
en vue de participer au discours démocratique en
découle;
« qu'il existe des infrastructures essentielles
partout au Manitoba et que leur utilisation
contribue de manière significative à la santé, à
la sécurité et au bien-être économique des
Manitobains;
« qu'il est dans l'intérêt de tous les
Manitobains que les infrastructures essentielles
soient protégées contre toute entrave et que le
droit de se rassembler en vue de participer au
discours démocratique soit également respecté
[...] ».
En fait, l'ensemble du projet de loi établit le
processus en vertu duquel la lutte du peuple à la
défense de ses droits est criminalisée par l'État
sous prétexte que cette lutte « entrave » ce qui
est appelé une infrastructure essentielle. Le
projet de loi ne définit pas ce qu'est une «
entrave ». Le projet suggère que quiconque, par
ses actions, empêche un propriétaire ou un
exploitant d'une infrastructure essentielle de
construire ou d'exploiter une infrastructure est
responsable d'une entrave.
Une définition vide de sens d'« infrastructure
essentielle »
Le projet de loi donne la définition suivante
d'infrastructure essentielle : « Les
infrastructures dont l'utilisation ou la présence
contribue de manière significative à la santé, à
la sécurité ou au bien-être économique des
Manitobains sont des infrastructures essentielles.
»
Pour faire en sorte que la question du territoire
soit au centre du processus de criminalisation, le
projet de loi indique : « Pour l'application de la
présente loi, les infrastructures essentielles
comprennent les biens-fonds ou les lieux où elles
sont situées. »
Un processus fallacieux de protection de
l'infrastructure essentielle
Le processus de protection de l'infrastructure
essentielle contre l'entrave est enclenché lorsque
le propriétaire ou l'exploitant d'une
infrastructure essentielle présente une requête au
tribunal en vue d'obtenir une ordonnance
établissant une zone de protection lorsque le
propriétaire ou l'exploitant « estime » qu'une
personne entrave ou retarde « la construction,
l'exploitation, l'utilisation, l'entretien ou la
réparation des infrastructures ».
L'audience relative à la requête doit être tenue
d'urgence. Si le tribunal statue que les
infrastructures en question sont des
infrastructures essentielles, que « leur
construction, exploitation, utilisation, entretien
ou réparation sont entravés ou retardés », et
qu'une ordonnance est nécessaire pour libérer les
infrastructures de l'entrave, le tribunal émet une
ordonnance de manière urgente qui établit une zone
de protection pour infrastructures essentielles.
Le projet de loi prévoit aussi que le tribunal
peut rendre l'ordonnance en l'absence d'une
requête d'obtention d'une ordonnance de la part du
propriétaire ou de l'exploitant si le tribunal «
est convaincu qu'il serait peu pratique pour le
requérant » de demander une ordonnance.
Le tribunal désigne une zone autour des
infrastructures essentielles à titre de zone de
protection pour infrastructures essentielles,
interdit à quiconque d'entrer dans la zone,
interdit ou restreint une activité donnée dans la
zone, et interdit toute entrave aux voies d'accès
nécessaires à l'entrée des personnes ou du
matériel dans la zone.
Désignation d'un endroit où les gens peuvent se
rassembler
Une partie du projet de loi affirme
que « la liberté de réunion et la liberté
d'expression sont des droits constitutionnels et
que le droit de se rassembler dans un lieu public
en vue de participer au discours démocratique en
découle ». C'est un exemple du recours aux
tribunaux pour défendre le droit de propriété
privée au nom de décider au nom du peuple toutes
les limitations que la classe dirigeante considère
raisonnables. L'objectif est clairement de faire
en sorte que le rôle du peuple est réduit à faire
du lobbying auprès des gouvernements et des
employeurs d'une façon qui n'exerce aucune
pression sur eux et en fait aide à priver le
peuple de son mot à dire sur ce qui peut ou ne
peut pas être fait en ce qui a trait aux questions
qui affectent sa vie.
Le projet de loi prévoit que le tribunal qui émet
l'ordonnance pour créer une zone de protection de
l'infrastructure essentielle peut désigner un
endroit à proximité ou au sein de la zone de
protection pour infrastructures essentielles où
peuvent se rassembler « ceux qui souhaitent
exercer leur droit à la liberté de réunion et à la
liberté d'expression ». Le tribunal doit être
convaincu que la désignation est nécessaire pour
la protection de ces droits et qu'elle ne crée
aucun risque pour la sécurité de quiconque.
L'hypocrisie est si grande qu'afin de protéger la
prétention de la classe dirigeante que les
tribunaux sont neutres et servent tous et chacun
également, le projet de loi prévoit que le
tribunal doit désigner cet endroit « en tenant
compte des facteurs suivants : il doit se trouver
sur une propriété publique; il doit être aussi
proche que possible des infrastructures
essentielles; il doit être visible du public ».
Le projet de loi ne dit rien au sujet de forcer
les gouvernements à définir l'intérêt public d'une
façon qui ne sert pas les intérêts privés étroits
et de mettre en oeuvre ce que le peuple décide.
Des infractions, des pénalités et des pouvoirs
de saisie qui sont conçus pour créer beaucoup de
prisonniers politiques
Le projet de loi établit des peines pour les
individus trouvés coupables d'infraction à
l'ordonnance de la cour ou d'avoir aidé une autre
personne à le faire ou lui avoir conseillé de le
faire. La peine est une amende maximale de 5 000 $
et un emprisonnement maximal de 30 jours, ou les
deux. Dans le cas d'une corporation, la peine est
une amende maximale de 25 000 $. Lorsque
l'infraction dure plus qu'une journée, la personne
est coupable d'une infraction distincte pour
chaque journée.
Le projet de loi établit aussi des pouvoirs de
saisie. Il indique : « L'agent de la paix qui
constate qu'une infraction à la présente loi est
en voie d'être commise peut saisir les véhicules
automobiles, les remorques et tout autre bien
servant à la perpétration de l'infraction ou en
constituant la preuve. »
Le projet de loi donne aussi au tribunal le
pouvoir de suspendre le permis de conduire d'une
personne pendant une période d'un an ou de lui
interdire de posséder un permis de conduire
pendant un an lorsque la personne trouvée coupable
d'infraction à la loi a utilisé un véhicule
automobile ou une remorque pendant leur action. La
note explicative indique :
« Les biens ayant servi à la perpétration de
l'infraction, notamment les véhicules automobiles
et les remorques utilisés pour créer une entrave,
peuvent être saisis et confisqués en cas de
déclaration de culpabilité. »
L'annexe concentre les pouvoirs arbitraires dans
les mains du gouvernement
Pour faire bonne mesure, dans l'annexe qui dresse
la liste des infrastructures considérées
essentielles, le projet de loi confère tous les
pouvoirs arbitraires au gouvernement albertain de
prendre les décisions au fur et à mesure que les
choses se développent.
L'annexe établit 10 catégories d'infrastructure
essentielle : agriculture et production
alimentaire; communications; finances;
gouvernement; soins de santé; justice et sécurité
publique; pétrole, gaz et électricité; transport;
élimination des déchets et eaux, égouts et
drainage;
La liste est beaucoup plus vaste que celle qui
est incluse dans la loi 1 du gouvernement Kenney,
Loi sur la défense des infrastructures
essentielles qui a été adoptée en mai 2020.
La loi 1 contient toutefois des clauses qui
peuvent définir n'importe quoi comme
infrastructure essentielle, « ce qui inclut » «
des édifices, des structures, des équipements ou
autre chose prévus par règlement ». Les règlements
n'ont pas encore été publiés.
Pour donner une idée de ce que ce
projet de loi du Manitoba appelle infrastructure
essentielle, disons que sous la catégorie
agriculture et production, il regroupe, entre
autres, les installations de transformation et
d'emballage d'aliments pour animaux, les
installations de transformation des animaux, les
installations de transformation alimentaire et
même les épiceries et autres magasins vendant des
produits alimentaires.
Dans la catégorie soins de santé, il regroupe les
services ambulanciers et de transport de patients,
les hôpitaux et cliniques médicales et les foyers
de soins personnels.
Dans la catégorie gouvernement, il inclut « les
installations nécessaires à la prestation des
services gouvernementaux au public ou au
fonctionnement efficace de la Législature ».
Il est évident que le gouvernement a en tête la
criminalisation des actions du peuple dans les
usines de transformation de la viande, les
hôpitaux et les autres établissements de santé, à
la Législature et dans d'autres endroits où les
gens dénoncent l'offensive antisociale et le refus
de protéger la population contre la COVID-19. Les
travailleurs, les défenseurs autochtones de la
terre et tous ceux qui s'opposent au diktat des
monopoles du rail, du pétrole et du gaz et
défendent leurs droits et leur avenir, de même que
les jeunes et les fermiers qui organisent des
actions seront pris comme cible.
Tout ce projet de loi est une attaque intolérable
contre le droit du peuple d'exprimer sa conscience
et de déterminer la direction des affaires
économiques et politiques afin qu'elles servent
les besoins et les intérêts du peuple et non ceux
des riches.
Les tentatives du gouvernement
fédéral d'échapper à sa responsabilité
envers les peuples autochtones
- Philip Fernandez -
Les libéraux de Justin Trudeau veulent à tout
prix adopter le projet de loi C-15, Loi
concernant la Déclaration des Nations Unies sur
les droits des peuples autochtones. Le
projet de loi C-15, comme toutes les autres
initiatives des libéraux de Justin Trudeau prises
au nom de la « vérité et la réconciliation »,
repose sur un mensonge. Loin d'engager le Canada à
reconnaître les droits des peuples autochtones, le
projet de loi C-15 vise à permettre à l'État
canadien de continuer de refuser d'honorer les
peuples autochtones en tant que nations
souveraines et d'honorer leurs droits ancestraux
et de traité, mais avec un semblant d'approbation
des Nations unies.
Les libéraux veulent faire adopter ce projet de
loi avant la prochaine élection pour pouvoir
prétendre avoir tenu leur promesse sur la question
de la « vérité et réconciliation ». Avec l'aide du
NPD, ils se sont rapprochés un peu plus de cet
objectif en imposant la clôture du débat sur le
projet de loi le 15 avril, le renvoyant au Comité
parlementaire sur les Affaires autochtones et du
Nord. Le comité a complété son étude dans l'espace
d'une semaine et a adopté le projet de loi en y
apportant deux amendements après avoir entendu un
petit groupe de témoins, dont la vaste majorité a
exhorté le gouvernement à adopter le projet de loi
le plus rapidement possible. Il va sans dire que
les principales préoccupations de plusieurs des
plus de 47 soumissions écrites, en particulier de
la part des Premières Nations qui questionnent la
légitimité du projet de loi C-15 ou qui demandent
plus de temps pour étudier le projet de loi, ont
été balayées du revers de la main.
Les médias monopolisés facilitent cette stratégie
de convaincre les Canadiens que les peuples
autochtones appuient le projet de loi C-15, mais
comme ce fut le cas pour les soi-disant «
consultations », ce ne sont que les quelques
groupes triés sur le volet qui sont entendus. À
mesure que les peuples autochtones prennent
connaissance du projet de loi C-15, la résistance
grandit.
Le 1er avril, l'Association des
Indiens iroquois et alliés (AIIA), avec la
collaboration du Parti vert, a organisé une
conférence de presse pour dénoncer l'empressement
du gouvernement Trudeau d'aller de l'avant avec
son projet de loi. Le grand chef Joel Adams de
l'AIIA a déclaré : « C'est une chose que de tenter
de décider ce qui est mieux pour nous sans nous
consulter, ce qui est insultant en soi, c'en est
une autre que de se servir de la Déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples
autochtones pour tenter de priver les peuples
autochtones de leurs droits. Ils s'empressent de
faire adopter à toute vapeur la législation avec
le moins de consultations possibles pour qu'ils
puissent prétendre que les autochtones l'appuient
alors qu'en réalité un grand nombre de communautés
n'ont pas été consultées ou sensibilisées au fait
que cela puisse être une réalité. »
La Déclaration des Nations unies de 2007 sur les
droits des peuples autochtones (DDPA) a été le
résultat d'une lutte ardue sur plusieurs décennies
des peuples autochtones du Canada et du monde. Il
s'agissait de créer un cadre juridique permettant
aux peuples autochtones de lancer des campagnes
pour avancer la lutte pour leurs droits au sein
d'États coloniaux oppresseurs comme le Canada. Aux
Nations unies, le Canada, les États-Unis,
l'Australie et la Nouvelle-Zélande – les quatre
nations ayant la pire feuille de route génocidaire
contre les peuples autochtones – ont fait tout ce
qu'ils ont pu pour saboter les efforts des peuples
autochtones du Canada et de partout dans le monde
pour inscrire l'affirmation de leur droit d'être à
l'ordre du jour de toute l'humanité aux Nations
unies. Cette campagne, souvent menée par le
Canada, visait principalement à faire en sorte que
le droit à la souveraineté des peuples autochtones
au Canada et internationalement ne soit pas
garanti par la déclaration.
L'universitaire anishinabé et directeur général
de l'Institut Yellowhead, un groupe de réflexion
autochtone de l'Université Ryerson, le docteur
Hayden King, en parle dans un article de 2018
intitulé « La faille fatale de la DDPA ». Le
docteur King demande comment on peut affirmer les
droits autochtones alors que la DDPA a été « créée
en laissant intactes les structures intrinsèques
du pouvoir – laissant ultimement le contrôle entre
les mains de l'État ». Il souligne : « Au cours
des discussions, les États anglophones se sont
régulièrement opposés au projet de déclaration,
réécrivant plus d'une douzaine d'articles et en
retirant d'autres. Ces changements ont été faits
en dépit des boycotts et des grèves de la faim de
délégués autochtones aux Nations unies. »
Les changements les plus dommageables ont été
faits au dernier article, l'article 46. Dans le
texte original, on pouvait lire : « Aucune
disposition de la présente Déclaration ne peut
être interprétée comme impliquant pour un État, un
peuple, un groupement ou un individu un droit
quelconque de se livrer à une activité ou
d'accomplir un acte contraire à la Charte des
Nations unies », auquel l'article 46(1) révisé
rajoute « ni considérée comme autorisant ou
encourageant aucun acte ayant pour effet de
détruire ou d'amoindrir, totalement ou
partiellement, l'intégrité territoriale ou l'unité
politique d'un État souverain et indépendant ».
De cette façon, le Canada, les États-Unis,
l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont
systématiquement changé le but et l'intention de
l'ébauche de 1994 de la déclaration présentée par
le Groupe de travail sur les peuples autochtones,
qui avaient fait du droit à la souveraineté et à
l'autodétermination autochtones une priorité. Même
avec ces changements, le Canada, les États-Unis,
l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont tous voté
contre la déclaration lorsqu'elle a été adoptée
par une majorité écrasante (144 pays pour et 11
abstentions) à l'Assemblée générale en novembre
2007.
En votant contre le projet de loi, l'État
canadien – à ce moment-là les conservateurs
de Harper étaient au pouvoir – refusait même de
reconnaître les peuples autochtones. Le projet de
loi C-15 est une tentative des libéraux de Justin
Trudeau de codifier dans la loi canadienne, forts
d'une soi-disant approbation de l'ONU, les efforts
inlassables du Canada pour maintenir les droits
des peuples autochtones dans les paramètres
coloniaux du XIXe siècle, qui foulent au pied les
droits ancestraux et de traité des peuples
autochtones. C'est un geste extrêmement intéressé
de la part des libéraux de Justin Trudeau.
Il suffit de
constater ce qui s'est passé en
Colombie-Britannique avec l'adoption du projet de
loi 41, Loi sur la déclaration des droits des
peuples autochtones, en novembre 2019, par
le gouvernement néodémocrate de John Horgan.
Certaines des personnes qui ont contribué à
l'adoption de la loi sont maintenant recrutées
pour se prononcer en faveur du projet de loi C-15.
Pourtant, Horgan n'a pas hésité à criminaliser les
défenseurs de la terre Wet'suwet'en et à appeler à
des assauts paramilitaires contre eux lorsqu'ils
ont défendu leur droits ancestraux et territoriaux
contre le pipeline de Coastal Gas, moins de deux
mois après que le gouvernement de la
Colombie-Britannique ait « reconnu » la DDPA.
Aussi, malgré l'opposition résolue des peuples
autochtones et de leurs alliés, des dizaines de
millions de dollars ont été versés en subventions
aux monopoles privés pour qu'ils poursuivent la
construction du barrage du site C en
Colombie-Britannique sur des terres autochtones, y
compris des sites sacrés et de chasse. Voilà
comment la DDPA est « défendue » au Canada.
Le projet de loi C-15 repose sur un mensonge.
Charmaine White Face, une porte-parole et aînée
oglala sioux, a publié une déclaration le 16 avril
au nom des Réseaux d'activistes autochtones
dénonçant l'empressement du Canada à adopter le
projet de loi C-15. Elle fait valoir que la DDPA
de 2007 n'est PAS la déclaration approuvée par les
peuples autochtones et qu'il est trompeur de
prétendre que le projet de loi C-15 affirmera les
droits des peuples autochtones. Il sera
dommageable pour le Canada. Elle souligne qu'il
est faux de prétendre que « le projet de loi C-15
affirmera les droits des peuples autochtones ». «
La DDPA, dit-elle, a été modifiée pour répondre
aux besoins des gouvernements colonisateurs de
poursuivre leur contrôle des peuples et des
ressources autochtones ». Elle souligne que le
Canada pourrait défendre la vérité et fonder ses
lois sur l'ébauche de 1994 de la DDPA que les
peuples autochtones du monde ont élaborée et
approuvée et qui avait reçu l'approbation de deux
comités des Nations unies. Elle a prévenu que
l'adoption du projet de loi C-15 relève de la
malhonnêteté et sera dommageable pour le Canada.
Plus grandira l'opposition des Autochtones
défendant leurs droits et leurs titres ancestraux
au projet de loi C-15 et plus les libéraux de
Trudeau seront isolés et désespérés. La lutte
contre le projet de loi C-15 met en lumière la
crise constitutionnelle au Canada et la nécessité
d'un Canada moderne et démocratique, une union
libre et volontaire, avec une constitution moderne
qui défend les droits ancestraux et de titres des
peuples autochtones de l'île de la Tortue. Le
projet de loi C-15 doit être retiré et les
relations du Canada avec les peuples autochtones
doivent reposer sur le respect réciproque et
l'égalité, sur la reconnaissance de leur droit
inaliénable à la souveraineté et à
l'autodétermination.
Retirez le projet de loi
C-15 ! Non à la définition intéressée de la
DDPA par le Canada !
Défendons les droits ancestraux des
peuples autochtones !
Le 20 avril, le Conseil des chefs de la
Confédération haudenosaunee a tenu une conférence
de presse devant la maison longue onondaga des Six
Nations de la rivière Grand pour déclarer un
moratoire immédiat sur tout développement
ultérieur du territoire issu du traité de
Haldimand. Il s'agit de territoires que la
Couronne, qui a usurpé les territoires
autochtones, avait légués aux Six Nations de la
rivière Grand en 1784 en guise de compensation
pour la perte de leurs territoires et parce
qu'elles avaient été des alliées militaires des
Britanniques pendant la Guerre révolutionnaire
américaine. Ce qui atteignait à ses débuts près de
384 451 hectares le long de la rivière Grand a été
réduit à moins de 5 % du territoire original en
raison d'expropriations de terres par les
gouvernements à des fins de développement urbain
ou pour d'autres raisons illégales et sournoises.
Au nom du conseil des chefs haudenosaunees,
Deyohow :to (Roger Silversmith), le chef de clan
de la Bécassine de la nation des Cayugas a dit
entre autres :
« En vertu de notre loi, la terre n'est pas une
propriété privée qui peut appartenir à un
individu. Selon notre conception du monde, la
terre est un droit à être respecté communément
pour le bien de tous. La terre est un droit sacré
qui nous a été confié pour le bien des générations
futures ». « La terre est là pour que nous la
partagions entre nous, a dit le chef. Elle n'est
pas là pour les besoins permanents de bâtisseurs
d'empires. »
Il a souligné les immenses défis posés aux
Haudenosaunees dans l'affirmation de leurs droits
territoriaux depuis plus de 200 ans : « Nos
ancêtres ont été confrontés à des obstacles
presque insurmontables et à une pression acharnée
pour qu'ils cèdent nos terres. Des pratiques sans
scrupules ont fait en sorte qu'on a forcé nos
ancêtres à vendre la terre. À d'autres moments, il
y a eu des fraudes éhontées telles que reconnues
dans la Proclamation royale de 1763. »
Deyohowe :to a souligné que les Haudenosaunees
avaient vécu respectueux de la Grande Loi de la
Paix et des ententes établies par la Couronne
selon le principe du Wampum à deux rangs, la
Chaîne d'alliance d'argent de Paix et d'Amitié, et
que tout partage ou toute allocation de la terre
reposait sur ces ententes, un autre exemple du
principe du Bol à une seule cuillère. « Nous
voulons que justice soit faite sur la question de
nos droits territoriaux de longue date, nous
désirons une comptabilité précise de son usage et
de l'investissement des fonds détenus par la
Couronne en notre nom, et des transactions de
territoires par la Couronne pour ce qui est de nos
terres. Depuis plus de 200 ans les chefs exigent
une telle reddition de comptes et que justice soit
rendue. Plusieurs générations d'aînés ont trépassé
pendant que ces questions sont restées sans
réponse et le temps est venu de mettre fin à cette
injustice. Nous voulons les terres qui sont
nôtres. Nous ne sommes pas intéressés à approuver
des dépossessions frauduleuses appartenant au
passé. Nous ne sommes pas intéressés à vendre les
terres », a dit Deyoshowe :to.
Le chef a souligné : « Notre foi dans le peuple
canadien est forte, car nous constatons que la
majorité des Canadiens veulent aussi que justice
soit faite sur ces questions. Néanmoins, leurs
représentants élus et leurs fonctionnaires n'ont
pas agi dans le sens de prendre ces questions en
compte et de les résoudre. Le temps est venu de
mettre fin au refus et d'effacer les agissements
politiques qui obscurcissent leur vision de notre
avenir. Le temps est venu pour nous d'être
clairement entendus. Le temps est venu pour que
nous soyons entendus dans le plus grand respect. »
« Aujourd'hui nous décrétons un moratoire sur le
développement du territoire Haldimand. Aucun
développement ne peut aller de l'avant sur le
territoire Haldimand sans le consentement des
Haudenosaunees. Le moratoire repose sur notre
déclaration sur nos droits territoriaux visant à
mettre fin à l'exploitation du territoire et des
ressources qui s'y trouvent », a affirmé Deyohowe
:to. À la fin de leur conférence de presse, les
chefs de la Confédération haudenosaunee et les
mères de Clans ont affirmé leur appui aux efforts
et à la « prise de position de notre peuple qui
protège nos droits territoriaux », une vibrante
déclaration publique en appui aux défenseurs de la
terre du 1492 Landback Lane, qui tiennent bon
depuis dix mois à la défense de terres non cédées
contre le projet domiciliaire Foxgrove
Developments sur le territoire des Six Nations.
« Nous voulons que la Couronne respecte ses
obligations envers les traités afin d'assurer que
tous les gouvernements de la Couronne – fédéral,
provinciaux et municipaux – soient des partenaires
dans ces obligations, a dit Deyohow :to. Nous
voulons une relation honorable avec la Couronne,
et une résolution pacifique de ces problèmes qui
perdurent. »
Mettons tout en oeuvre
pour appuyer le moratoire haudenosaunee sur le
développement du territoire Haldimand !
Le Canada doit respecter les
relations de nation à nation avec les
Haudenosaunees !
Défendons la
souveraineté des Six Nations !
Action de soutien à la pêche de subsistance
convenable des Mi'kmaq,
à Halifax le 16 octobre 2020
Le 30 avril, l'Assemblée des chefs mi'kmaqs de la
Nouvelle-Écosse a publié un communiqué de presse
dénonçant la saisie tôt dans la journée de 37
cages à homards d'un pêcheur de la Première Nation
potlotek visant à assurer une subsistance
convenable selon le principe du Netukulimk – en
harmonie avec la nature – le premier jour de
la saison de la pêche aux homards.
Le communiqué de presse fait valoir que le
pêcheur de la Première Nation potletek « avait
l'autorisation de sa communauté et que sa pêche
faisait partie du plan de sa communauté visant à
assurer une subsistance convenable selon le
principe du Netukulimk ». Le chef Gerald Toney, le
dirigeant des pêches pour l'Assemblée, a renchéri
: « Non seulement le pêcheur était-il entièrement
conforme aux règlements de la communauté, mais il
pêchait dans le cadre de la saison commerciale
imposée par le ministère des Pêches et Océans. »
Le chef Toney a dit de la saisie des cages que
c'était « un acte honteux et illégal ». Le chef
Wilbert Marshall de la Première Nation potlotek a
affirmé que la saisie du moyen de subsistance du
pêcheur représentait « un échec de la part du
gouvernement du Canada d'accommoder nos droits et
un échec pour ce qui est de défendre l'honneur de
la Couronne ».
« Le plan des Potloteks est le même que le plan
de pêches de l'automne dernier, avec des
changements mineurs, mais la Première Nation des
Potloteks a été très transparente avec le
ministère des Pêches et Océans (MOP) dans le
développement et le partage de son plan de mettre
en oeuvre son droit de traité de pêcher et de
vendre du poisson pour assurer une subsistance
convenable, comme cela a été reconnu par la Cour
suprême du Canada », est-il souligné dans le
communiqué de presse.
En tant que nation autochtone souveraine, les
Mi'kmaqs ont le droit à l'autodétermination dans
leurs affaires, y compris les questions touchant à
leurs moyens de subsistance conformément aux
traités de Paix et d'Amitié conclus avec la
Couronne avant 1779. Le refus de l'État canadien
par la voix du MPO, agissant au nom de la
Couronne, de reconnaître cette réalité représente
une entrave aux relations harmonieuses entre les
Mi'kmaqs et le Canada. Le recours à la violence
pour saisir les cages à homards et d'autres
équipements des pêcheurs mi'kmaqs et le dépôt
d'accusations contre les pêcheurs mi'kmaqs est une
indication claire de comment les libéraux de
Justin Trudeau comptent « défendre » la
Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones au Canada par le biais du
projet de loi C-15 qu'on s'empresse d'adopter au
parlement.
Les tentatives continuelles de criminaliser les
Mi'kmaqs et de les traiter comme des pupilles de
la Couronne sont voués à l'échec. Non seulement
les Mi'kmaqs continueront-ils d'affirmer leur
souveraineté et leurs droits ancestraux de pêcher
et d'autres droits qui ne peuvent leur être ni
donnés ni retirés, mais le peuple canadien tout
entier les appuie, eux et leurs justes
revendications.
Bas les pattes des
pêcheurs mi'kmaqs !
Retournez les cages volées !
Respectez la souveraineté des
Mi'kmaqs et de tous les peuples autochtones !
L'affaire des annuités versées en
vertu des traités Robinson de 1850
- David Starbuck -
Deux poursuites judiciaires importantes pour
Sudbury et le Nord de l'Ontario ont eu lieu au
cours des derniers jours. L'une progresse depuis
janvier à pas de tortue et l'autre à la vitesse
d'une balle de fusil.
Le 28 avril 2021, la Cour d'appel de l'Ontario a
conclu son audition de l'appel interjeté par le
gouvernement de l'Ontario contre la décision de
stade 1 dans l'affaire des annuités
versées en vertu des traités Robinson de 1850.
Cette affaire comporte une clause sur
l'augmentation dans les traités par laquelle la
Couronne a accepté d'augmenter la rente si la
Couronne pouvait le faire sans perte. La rente a
été augmentée pour la dernière fois en 1875 à 4
dollars par personne par année. En 2014, les
vingt-une Premières Nations signataires des
traités Robinson ont poursuivi le Canada et
l'Ontario devant les tribunaux pour obtenir une
augmentation de la rente. En décembre 2018, la
juge Patricia Hennessy de la Cour supérieure de
l'Ontario a rendu sa décision à l'étape 1,
statuant en faveur des plaignants des Premières
Nations. La cour a conclu, entre autres, que « la
Couronne a l'obligation d'augmenter les rentes
annuelles lorsque les circonstances économiques le
justifient. Les circonstances économiques
entraîneront une augmentation des rentes si les
revenus nets tirés des ressources de la Couronne
permettent à la Couronne d'augmenter les rentes
sans encourir de perte. » C'est de cette décision
que le gouvernement de l'Ontario fait appel.
L'affaire fera l'objet d'un appel de stade
2 plus tard cette année, après quoi les
juges rendront leur verdict.
Les 29 et 30 avril, la Cour supérieure de justice
de l'Ontario a entendu une demande de l'Université
Laurentienne visant à prolonger la protection
contre les créanciers en vertu de la Loi sur
les arrangements avec les créanciers des
compagnies (LACC). En vertu de la LACC,
l'université avait mis fin à 69 programmes et
licencié près de 200 employés, imposé des
concessions à ses employés syndiqués et rompu les
contrats vieux de 60 ans entre elle et ses
universités affiliées. La cour a autorisé
l'Université Laurentienne à passer à l'étape 2 du
processus de la LACC qui consiste à vendre des
terrains, des bâtiments et d'autres actifs jugés
non essentiels aux activités de base de
l'établissement.
Ainsi, dans un cas qui serait favorable aux
peuples autochtones et où l'État canadien et
l'oligarchie financière fourniraient une
indemnisation, l'audition prend de nombreuses
années et aucun dédommagement n'est effectué
pendant que la cause est en appel. Dans l'autre
cas, qui est favorable à l'État canadien et à
l'oligarchie financière et où les membres de la
communauté laurentienne, les autochtones, les
francophones, Sudbury et le nord de l'Ontario ont
beaucoup à perdre, les décisions sont prises et
mises en oeuvre rapidement de telle sorte qu'un
appel devient inutile. L'Université Laurentienne
est saccagée par la LACC.
Telle est la justice canadienne au XXIe siècle.
Pour lire le communiqué de presse du 3 mai du
Fonds des litiges du traité Robinson-Huron,
cliquer ici.
Un statut de résidence permanente
pour tous et toutes maintenant!
Le 4 mai, quelques jours à peine avant le
lancement par le gouvernement libéral de Justin
Trudeau, le 6 mai, de sa « nouvelle voie » vers la
résidence permanente, le Réseau des droits des
migrants a publié un rapport intitulé « Exclusion,
déception, chaos et exploitation ».
Le rapport est basé sur une enquête menée auprès
de 3 000 de ses membres migrants sur une période
de deux semaines à la suite de l'annonce du
gouvernement le 14 avril d'un nouveau programme
pilote d'immigration à court terme « pour plus de
90 000 travailleurs temporaires essentiels et
diplômés étrangers » résidant actuellement au
Canada.
La « nouvelle voie » ne s'adresse qu'aux
travailleurs temporaires employés dans les
hôpitaux et les maisons de soins de longue durée
et en première ligne d'autres secteurs essentiels,
ainsi qu'aux diplômés internationaux des
établissements d'enseignement canadiens.
Les critères d'admissibilité comprennent au moins
un an d'expérience de travail au Canada dans une
profession de la santé ou une autre « profession
essentielle désignée ». Les diplômés
internationaux « doivent avoir terminé un
programme postsecondaire canadien admissible au
cours des 4 dernières années, et au plus tôt en
janvier 2017 ».
Outre la fermeture du parcours aux « 1,18 million
de sans-papiers, réfugiés, étudiants et migrants
au Québec », un autre « 45,4 % des travailleurs
migrants » et « 34,5 % des diplômés internationaux
» qui ont répondu à l'enquête sont également
exclus du nouveau programme. « 48,27 % des
diplômés internationaux et 45,4 % des travailleurs
migrants n'ont pas obtenu les résultats requis des
tests linguistiques pour postuler à ce programme
du premier arrivé, premier servi. »
Le Réseau des droits des migrants demande au
premier ministre Justin Trudeau « de garantir le
statut de résident permanent à toutes les
personnes migrantes et sans papiers dans le pays,
et de faire en sorte que tous les migrants de la
classe ouvrière qui arrivent à l'avenir obtiennent
le statut de résident permanent ».
Il demande également que le programme actuel soit
élargi « pour inclure toutes les personnes sans
statut permanent », que « tous les plafonds et le
délai de six mois » soient supprimés et que les «
résidents du Québec » soient autorisés à postuler.
Il veut aussi que les « exigences pour un test
d'aptitude en anglais, la validité des diplômes,
l'emploi actuel et un statut d'immigration valide
» soient supprimées. « Toute autre condition
d'admissibilité doit également être retirée »,
précise-t-il « et les frais à payer pour la
demande doivent être supprimés pour les
travailleurs à bas salaire ».
Pour lire le rapport complet (en anglais) cliquer
ici.
Pour lire le communiqué de presse du 4 mai 2021
du Réseau des droits des migrants (en anglais),
cliquer ici.
- Steve Rutchinski -
Les « voies » temporaires vers
l'immigration pour les travailleurs migrants et
les étudiants annoncées par le ministre de
l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
Marco Mendicino le 14 avril constituent un refus
de la part du gouvernement du Canada de mettre fin
à ses pratiques d'immigration discriminatoires.
Sous l'impulsion du travail des organisations de
défense des droits des migrants, les Canadiens ont
réclamé des changements et un renouveau
significatifs des pratiques d'immigration du
Canada, mais le gouvernement a ignoré ces appels
d'accorder un statut à tous et toutes.
Plus de 450 organisations de travailleurs et pour
la justice sociale ont plus tôt cette année appelé
le ministre et le premier ministre à mettre en
oeuvre un système d'immigration à un seul palier,
marqué par l'égalité et les droits pour tous, où
tous les travailleurs migrants, étudiants,
réfugiés et sans papiers au pays se voient
accorder un statut d'immigration à part entière
sans exception.
Les « voies vers l'immigration » de Marco
Mendicino évitent toute réforme sérieuse reposant
sur la reconnaissance des droits de tous et
toutes.
Les libéraux de Justin Trudeau n'hésitent pas à
dire que la pandémie a révélé les inégalités dans
notre société. C'est clairement le cas avec 850
000 permis temporaires d'études et de travail
délivrés au Canada chaque année à des personnes
dont la contribution au Canada est qualifiée d'«
essentielle ». Pourtant, les pratiques
d'immigration du Canada empêchent la grande
majorité d'atteindre le statut d'immigration à
part entière en tant qu'immigrants reçus.
Mais maintenant, lorsque la pandémie perturbe les
objectifs d'immigration fixés en fonction des
intérêts intéressés des riches, le ministre
Mendicino annonce avec un grand sourire que « nous
voulons que vous restiez ». Sans aucune honte, le
ministre déclare que de mai à novembre de cette
année, le Canada ouvre 90 000 places de résidence
permanente aux travailleurs migrants et aux
étudiants qui vivent et travaillent actuellement
ici; 20 000 pour les travailleurs étrangers
temporaires du secteur de la santé; 30 000 pour
les personnes exerçant d'autres professions
essentielles sélectionnées et les 40 000 autres
pour les étudiants internationaux diplômés d'une
institution canadienne.
Tout ce qui
concerne cette « voie vers l'immigration » est
discriminatoire, un simple relâchement temporaire
des pratiques migratoires discriminatoires du
Canada. Ce n'est que pour cette année. Les
travailleurs migrants et les étudiants qui
arrivent l'année prochaine ou l'année suivante
pour effectuer les mêmes tâches essentielles et
étudier, n'auront pas cette chance.
« La voie vers l'immigration » exclut des
dizaines de milliers de résidents sans papiers qui
sont employés ouvertement par le biais de ce
système corrompu dans les soins de santé et
d'autres professions essentielles, mais sans aucun
droit.
Plusieurs de ceux qui travaillent dans
l'agriculture, la production alimentaire, la
construction et d'autres secteurs essentiels n'ont
aucune chance parce qu'ils ne satisfont pas aux
exigences de compétence en « langue officielle ».
D'autres ne postuleront pas parce que la
définition limitée des membres de la famille
qu'ils peuvent parrainer exclut leurs parents et
les autres membres de la famille qu'ils
soutiennent dans leur pays d'origine par le biais
des programmes de travail temporaire ici.
C'est une honte. Les Canadiens ont des normes
d'égalité et de droits humains plus élevées que
cela ! Le Canada doit renouveler ses pratiques
d'immigration sur la base de l'affirmation des
droits de tous et toutes, de manière égale, sans
aucune discrimination.
Dans un communiqué de presse émis le 20 avril, le
Réseau des droits des migrants indique que le
budget 2021 du gouvernement fédéral « poursuit la
trajectoire de migration temporaire du Canada, où
la majorité des nouveaux arrivants chaque année
sont titulaires d'un permis temporaire d'études,
de travail ou de réfugié sans égalité de droits ou
de services ».
On nous informe que 168,3 millions de dollars ont
été mis de côté « pour payer la gestion et les
retombées des flux d'immigration temporaires, et
près d'un milliard de dollars pour l'application
de mesures aux frontières plutôt que d'assurer un
statut d'immigration entier et permanent pour tous
». Son annonce « d'un programme de garde d'enfants
ne garantit pas à l'arrivée le statut de résident
permanent aux dizaines de milliers de femmes
migrantes à bas salaire et racialisées qui
s'occupent d'enfants. Il n'y a pas de reprise sans
égalité totale et cela nécessite un statut
d'immigration à part entière et permanent pour
tous et toutes ».
Et même si le gouvernement fédéral reconnaît que
les migrants ont été responsables de 75 % de la
croissance nette du PIB du Canada en 2019, il ne «
garantit pas l'égalité des droits pour les
migrants ».
Le budget « engage à nouveau le gouvernement
fédéral à adopter des voies d'accès à la résidence
permanente limitées dans le temps et d'exclusion »
car le programme « exclut les migrants sans
papiers, les réfugiés, les étudiants inscrits à
des programmes de moins de deux ans, ceux qui sont
actuellement au chômage, ceux qui sont sans
autorisation de travail, ceux qui ne peuvent pas
passer les examens d'aptitudes linguistiques et
ceux qui oeuvrent dans de nombreuses industries
essentielles ».
Quant à l'intention du gouvernement de proposer
des modifications à la Loi sur l'immigration
et la protection des réfugiés afin
de conférer au ministre de l'Immigration, des
Réfugiés et de la Citoyenneté encore plus de
pouvoirs pour déterminer qui devient résident
permanent, l'organisation souligne qu'au cours de
la dernière décennie, « un pouvoir incroyable a
été centralisé entre les mains du ministre, ce qui
a entraîné la prolifération de soi-disant
programmes pilotes, créant de plus en plus de
venues d'immigrants temporaires et de ‘voies' vers
la résidence permanente auxquelles peu de gens
peuvent accéder. Il est temps de réviser la
Loi sur l'immigration et la protection des
réfugiés pour garantir un statut de
résident permanent pour tous les migrants, y
compris à l'arrivée ».
La proposition budgétaire du gouvernement fédéral
de 656,1 millions de dollars sur cinq ans et de
123,8 millions de dollars en cours à l'Agence des
services frontaliers du Canada (ASFC) pour
moderniser les frontières signifie que ces fonds «
entraîneront probablement une augmentation de
mesures en matière d'immigration, une plus grande
intégration avec les services de contrôle
frontalier américains, mais n'assurera pas une
surveillance de l'ASFC ».
Un montant de 57,6 millions de dollars a été
réservé pour prolonger le Soutien à l'isolement
obligatoire pour le Programme des travailleurs
étrangers temporaires afin d'aider les employeurs
à compenser les coûts associés aux travailleurs
étrangers temporaires qui satisfont aux exigences
d'isolement à leur arrivée au Canada. Cependant, «
depuis le début de la pandémie », souligne le
Réseau des droits des migrants, « l'augmentation
des subventions accordées aux employeurs n'a pas
amélioré les conditions de quarantaine pour les
travailleurs migrants ». Au lieu de cela, « les
migrants ont besoin du statut de résident
permanent pour accéder aux droits et les faire
respecter ».
Même si 54,9 millions de dollars ont été alloués
à Emploi et Développement social Canada et à
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour
accroître les inspections, ils « ne peuvent même
pas partager les faits ou les résultats d'une
inspection avec les travailleurs dont les plaintes
ont déclenché ces inspections en premier lieu »,
et encore moins faire en sorte qu'« ils soient
indemnisés en cas d'abus ».
Quant aux 6,3 millions de dollars mis de côté
pour appuyer un traitement plus rapide et une
meilleure prestation des émissions de permis de
travail ouverts pour les travailleurs vulnérables,
« la plupart des migrants ne peuvent pas demander
ces permis en raison des procédures de demande
onéreuses qui nécessitent l'accès à des conseils
juridiques et à des documents. »
En ce qui concerne l'investissement proposé de
428,9 millions de dollars, avec 398,5 millions de
dollars d'amortissement restant, pour développer
et fournir une nouvelle plateforme numérique pour
le processus d'immigration, le groupe de défense
note : « Les problèmes du système d'immigration ne
sont pas seulement une question de technologie. Le
traitement des dossiers en suspens et les longs
temps d'attente sont le résultat des nombreuses
exigences injustes et impossibles auxquelles les
migrants doivent satisfaire pour accéder à la
résidence permanente. »
Quant au montant prévu de 49,5 millions de
dollars pour aider les organisations
communautaires à fournir des programmes et
services aux travailleurs migrants, l'organisation
écrit : « Ce financement vise à fournir des
informations sur les droits aux migrants sans
statut de résident permanent, ce que les groupes
de migrants ont qualifié de ‘gaspillage de
ressources'. Le problème, souligne-t-il, n'est pas
que les migrants n'ont pas d'informations sur
leurs droits, c'est qu'ils sont ou bien privés de
ces droits ou incapables de faire valoir ceux
qu'ils ont sans risquer d'être licenciés et
expulsés, en raison de leur statut d'immigration
temporaire. ».
Une marche de Montréal vers Ottawa est prévue du
18 au 25 juillet pour appuyer la demande d'un
statut pour tous les travailleurs migrants et
d'actions de la part du gouvernement Trudeau. Le
thème des actions est « Trudeau, on en a assez
d'attendre, on est en route ! »
Cette action et d'autres sont été annoncées à la
conférence de presse du 27 mars organisée par
Solidarité sans frontières et durant laquelle des
représentants du Front d'action populaire en
réaménagement urbain (FRAPRU), de la Coalition
étudiante pour un virage environnemental et social
(CEVES), de Soignons la justice sociale, de la
Fédération des femmes du Québec et du Conseil
central du Montréal métropolitain de la CSN, ont
pris la parole.
La marche et d'autres actions sont organisées
pour bâtir de l'appui à un programme de
régularisation complet et continu pour tous les
migrants à statut précaire. Les conférenciers ont
appelé les travailleurs, les femmes, les
autochtones, les jeunes et les personnes de tous
les milieux à intensifier les actions de masse en
appui à la revendication d'un statut d'immigration
complet pour les travailleurs et les étudiants
migrants au Canada, à la défense de la dignité
humaine et des droits de tous et toutes .
Un communiqué de presse publié par Solidarité
sans frontières, qui annonçait la conférence de
presse, souligne que « La pandémie de COVID-19 a
précipité les personnes migrantes sans statut
permanent dans une précarité de plus en plus
profonde tout en mettant en lumière publiquement
la place qu'elles occupent dans la société
canadienne en tant que personnes à la fois
essentielles à l'économie capitaliste et traitées
comme si elles étaient jetables. Le Migrant Rights
Network (réseau pancanadien pour les droits des
personnes migrantes) a pris les devants dans la
mobilisation à travers le Québec et le Canada pour
un statut pour tous et toutes, une position qui a
trouvé des échos dans les derniers mois avec
Louise Arbour, la Ville de Montréal et Amnistie
internationale Canada francophone. »
Les changements récents apportés aux règles
d'immigration maintiennent le refus de l'accès au
statut de résident permanent à la grande majorité
des travailleurs migrants au Canada, y compris les
travailleurs agricoles qui reviennent au Canada
maintenant pour la saison 2021. L'élite dirigeante
continue de diviser les travailleurs et de nier
aux travailleurs migrants leurs droits afin de
justifier leur surexploitation. Les travailleurs
migrants font partie de la classe ouvrière
canadienne et le travail effectué par les
travailleurs agricoles, les travailleurs de la
santé, le secteur des services, l'entreposage, la
transformation des aliments, le transport et
d'autres secteurs a été reconnu comme essentiel.
Rien ne justifie de diviser la classe ouvrière
entre ceux qui ont un statut et ceux qui n'en ont
pas. La nécessité pour les gouvernements de
garantir les droits de tous et de toutes est
urgente et immédiate.
LML appuie pleinement la marche vers
Ottawa et les autres actions à la défense des
droits des travailleurs migrants et fournira plus
de détails sur les actions à mesure qu'ils seront
disponibles.
Les 100 premiers jours du
président Joe Biden
- Kathleen Chandler -
À la veille du procès de Derek Chauvin pour le
meurtre de George Floyd, 1 000 personnes ont
manifesté dans le centre-ville de Minneapolis, au
Minnesota, avec un registre sur lequel était
inscrit plus de 470 noms de personnes tuées par la
police de Minneapolis, le 7 mars 2021.
Beaucoup de choses sont dites au sujet des 100
premiers jours de mandat du président américain
Joe Biden. Des opinions diverses sont présentées
sur ce qu'il a ou n'a pas accompli. Or, ce qui est
important, c'est ce qui est caché, à savoir que,
au nom des droits humains, de la démocratie, de
l'environnement et de la paix, il commet des
crimes contre l'humanité, tant aux États-Unis que
dans le monde entier. En d'autres termes, sa
mission consiste à perpétuer la fraude à grande
échelle afin de protéger le pouvoir d'une petite
élite en s'assurant que la majorité n'est pas en
mesure présentement de prendre l'initiative et
d'inverser la situation en sa faveur.
Au cours de ses 100 premiers jours, Joe Biden a
dit soutenir la justice raciale, la démocratie,
des mesures en faveur du climat et la paix. Ces
affirmations sont une tromperie intentionnelle, ce
qui constitue précisément une fraude. L'intention
est de dissimuler les crimes qui continuent d'être
commis par les États-Unis, tant aux États-Unis
qu'à l'étranger, qu'il s'agisse de l'augmentation
des crimes commis par la police ou des actions qui
ciblent négativement les immigrants et les
réfugiés, qui cherchent à perpétuer la guerre
contre l'Afghanistan, qui attisent les tensions
avec la Chine, la Corée, l'Iran et la Syrie, qui
intensifient le blocus criminel pour faire tomber
Cuba et plus encore.
La fraude est le moyen utilisé pour détourner les
mouvements populaires de la réalisation de leurs
propres objectifs, à savoir un contrôle et une
responsabilité accrus et la garantie que les
droits de toutes et tous seront protégés. La
fraude est également le moyen utilisé pour amener
tout le monde à accepter le président comme la
source du changement et à s'en remettre à lui pour
tout.
Le verdict de
culpabilité de Derek Chauvin pour le meurtre de
George Floyd a été rendu le 20 avril. Il a été
gagné en raison de la persistance du mouvement
qui, partout aux États-Unis, réclame justice.
L'élite dirigeante a été incapable de donner le
moindre argument en faveur de l'acquittement de
Derek Chauvin. Mais selon Joe Biden, c'est grâce
au système judiciaire qu'il a été reconnu
coupable. C'est de la fraude ! Joe Biden est
intervenu avant et après la condamnation pour se
donner une légitimité d'adversaire du racisme.
Essayant de s'associer aux revendications du
mouvement concernant la nécessité d'un changement
significatif, il a mentionné la nécessité de
s'attaquer « au racisme systémique et aux
disparités raciales qui existent dans le maintien
de l'ordre et plus largement dans notre système de
justice pénale » et au « genou sur cou de la
justice des Noirs américains ». Le président a
ensuite demandé à tout le monde de s'en remettre à
lui et à son département de la Justice pour une
solution à ces problèmes. Pour montrer qu'il est
sérieux, le lendemain de la condamnation, le
département de la Justice a lancé une enquête sur
le service de police de Minneapolis afin de
déterminer s'il suit « un modèle ou des pratiques
de maintien de l'ordre inconstitutionnels ou
illégaux ». Il a également rappelé que le
président a travaillé en étroite collaboration
avec le procureur général du Minnesota dans le
cadre de la poursuite de l'affaire Chauvin.
La réputation du département de la Justice ne
laisse personne confus quant au rôle frauduleux
qu'il joue. Partout aux États-Unis, les gens
l'appellent le département de l'Injustice. Ni Joe
Biden ni les médias qui perpétuent sa
désinformation ne mentionnent, et cela
délibérément, que la police aux États-Unis a tué
au moins 64 civils depuis le début du procès
Chauvin en mars. Les exemples les plus récents
sont la mort aux mains de la police de Daunte
Wright (20 ans), Adam Toledo (13 ans) et Ma'Khia
Bryant (16 ans). Il y a un schéma établi de
violence raciste de l'État et d'assassinats
ciblant les Afro-Américains. Pourtant, selon
l'administration Biden, c'est à ces forces mêmes
qui sont responsables des crimes, au premier rang
desquelles se trouve le département de
l'Injustice, qu'il faut faire appel pour résoudre
le problème.
Manifestation dans la banlieue de Minneapolis
après la mort aux mains de la police Daunte
Wright, le 14 avril 2021
Cet exemple, parmi tous les autres, illustre
clairement la nature de la fraude : les personnes
les plus responsables des crimes commis sont
également celles qui ont le pouvoir de décider qui
est coupable et qui est puni.
En ce qui concerne la responsabilité, Joe Biden
répète l'absurdité que c'est une affaire de
quelques « pommes pourries » : « La plupart des
hommes et des femmes qui portent l'insigne servent
honorablement leur communauté. » Pendant le procès
Chauvin, le procureur général du Minnesota a donné
le même argument. Ce n'est pas un procès de la
police, c'est un procès de Derek Chauvin, a-t-il
dit. « Ce n'est pas une poursuite antipolice,
c'est une poursuite propolice. » C'est une
référence directe aux centaines et aux milliers de
personnes qui défendent les droits en exigeant un
changement fondamental de la police elle-même.
Joe Biden a également choisi de ne pas parler du
rapport publié le 27 avril 2021 par la Commission
d'enquête internationale sur la violence policière
et le racisme systémique aux États-Unis, qui
conclut qu'il y a « une série continue de
violations graves et attestées de façon fiable des
droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Les commissaires trouvent un modèle et une
pratique de violence policière raciste aux
États-Unis dans le contexte d'une histoire
d'oppression remontant à l'extermination des
peuples des Premières Nations, l'esclavage des
Africains, la militarisation de la société
américaine, et la perpétuation continue du racisme
structurel. »
La commission a
également indiqué des mesures concrètes que le
président peut prendre, comme « des lois visant à
désinvestir les ressources fédérales de
l'incarcération et du maintien de l'ordre », la
démilitarisation et la suppression de l'immunité
dont bénéficient actuellement les policiers qui
ont commis des crimes. Elle demande aux pouvoirs
exécutif et législatif des États-Unis de «
reconnaître que la traite transatlantique des
Africains, l'esclavage, la colonisation et le
colonialisme étaient des crimes contre l'humanité
» qui nécessitent des réparations, notamment « des
excuses officielles, des initiatives en matière de
santé, des possibilités d'éducation, un programme
de connaissance de l'Afrique, une réhabilitation
psychologique, un transfert de technologie, un
soutien financier et une annulation de la dette ».
Joe Biden n'a reconnu ni le rapport ni ses
recommandations. Au lieu de cela, il parle du «
travail que nous faisons chaque jour pour changer
les coeurs et les esprits ». C'est la même
justification vide de sens donnée pour défendre
l'occupation criminelle de l'Afghanistan par les
États-Unis. Il fait tout pour cibler les actions
larges et persistantes qui réclament la justice et
exigent que le peuple décide de questions telles
que le maintien de l'ordre, le crime et la
punition, la guerre et la paix, en disant que les
manifestations « pacifiques » sont acceptables
mais qu'il faut interdire aux « agitateurs et
extrémistes » violents d'atteindre leurs fins.
Cela met en évidence un problème auquel la
présidence Biden est confrontée, à savoir que les
arguments donnés pour justifier l'injustifiable
sont très faibles, n'ont aucune substance. Le
monde entier a été et continue d'être témoin,
pratiquement tous les jours, de la violence et de
la brutalité débridées utilisées par les services
de police à tous les niveaux contre les
manifestations dans les différentes villes du
pays, tandis que les forces de police fédérales
décident de ce qui est et n'est pas « violent ».
Des millions de personnes soutiennent les
manifestations, mais ce qu'il faut en penser et
comment les juger n'est pas entre leurs mains. La
campagne délibérée de désinformation au sujet des
agressions racistes contre les Noirs, les
Hispaniques et les Asiatiques et le mensonge que
le président est préoccupé et fait quelque chose à
ce sujet constituent une fraude.
Joe Biden reste également silencieux sur le fait
que 34 États ont déposé 81 projets de loi
antimanifestation au cours de la session
législative de 2021, soit deux fois plus que pour
toutes les années précédentes. En Floride, un tel
projet de loi a été adopté. Il criminalise les
manifestations qui entravent la circulation, fait
de la dégradation de monuments un crime, bloque la
mise en liberté sous caution et fait de «
l'intimidation collective » un crime. L'«
intimidation collective » est définie comme le
fait que trois personnes ou plus agissent dans
l'intention de forcer une autre personne à adopter
leur point de vue.
Systématiquement, du gouvernement fédéral jusqu'
aux plus bas échelons, la résistance est
criminalisée tandis que les personnes les plus
responsables des crimes sont protégées et se
voient confier le pouvoir de juger ces crimes et
de décider ce qu'il convient de faire. C'est
précisément cette question de savoir qui décide et
définit des enjeux comme la sécurité et le
maintien de l'ordre qui sont soulevés par les
grandes manifestations de masse. La persistance du
mouvement populaire pour les droits et la justice
monte que le peuple continuera de compter sur ses
propres forces et non sur la fraude de la
présidence Biden qui insiste pour dire que la
sauvegarde de l'ordre constitutionnel américain
est la voie à suivre.
Manifestation de Chicago, Illinois, pour exiger le
retrait des États-Unis d'Haïti, le 15 mars 2021
Un autre exemple de la fraude perpétrée par la
présidence Biden porte les questions touchant à la
migration et aux réfugiés. Le président a déclaré
que les États-Unis intervenaient de manière
humanitaire à la frontière avec le Mexique et au
Guatemala, au Honduras et au Salvador. Cependant,
les conditions sur le terrain montrent que non
seulement il poursuit la même politique que
l'administration précédente, mais les expulsions,
déjà très nombreuses, ont augmenté, non seulement
vers ces pays mais également vers Haïti. Les
services de l'immigration et des douanes et les
patrouilles frontalières continuent d'imposer des
conditions brutales et illégales aux milliers
d'enfants qui se trouvent à la frontière et
également au grand nombre de personnes qui
demandent l'asile.
On affirme qu'une
augmentation de l'intervention américaine dans ces
pays permettra de s'attaquer aux « causes
profondes » de l'immigration. Ces interventions
consistent notamment à contourner les
représentants du gouvernement pour établir des
relations directes avec « la société civile, les
organisations de défense des intérêts sociaux, le
secteur privé et les médias ». Elles comprennent
des financements de diverses natures qui sont
utilisés depuis longtemps pour perturber et
détruire l'économie et la gouvernance de ces pays
dans un but d'intégration à la machine de guerre
américaine. Par exemple, 125 millions de dollars
ont été versés par l'USAID, notoirement connue
pour ruiner l'économie de de pays étrangers, et
104 millions de dollars sont allés à la «
protection » des populations de la région. Une
partie de l'« aide humanitaire » provient
également du Pentagone, qui fournira 26 millions
de dollars « pour accroître ses activités de
partenariat dans la région » – ce qui signifie
intégrer davantage les forces armées de ces pays
sous commandement américain tout en militarisant
plus largement la vie. Le département de
l'Agriculture fournira 25 millions de dollars pour
« renforcer le secteur agricole guatémaltèque et
faciliter l'accès au financement » et 30 millions
de dollars pour « élargir l'accès des écoliers aux
repas quotidiens et aux activités
d'alphabétisation ».
La longue histoire de ce type d'intervention
américaine est responsable de la ruine de
l'économie de ces pays, de la fomentation de coups
d'État et d'agressions et du soutien à des régimes
corrompus. La fraude consiste à prétendre que ces
fonds sont destinés à des fins humanitaires et non
à l'intégration et au contrôle accrus des peuples
d'Amérique centrale afin de saper leur résistance,
notamment leurs efforts conjoints avec le peuple
des États-Unis pour mettre fin à toute ingérence
de ce type et établir des relations de soutien et
d'avantage réciproque.
La manifestation du Premier Mai 2021 à Washington,
comme dans d'autres villes, portait sur les droits
des immigrants et des personnes sans statut.
Les questions d'immigration sont également liées
aux plans de guerre des États-Unis. Le contrôle
accru du Mexique et du Canada et leur intégration
à l'Amérique du Nord des impérialistes américains
s'étendent également aux pays d'Amérique centrale
et des Caraïbes.
Le président Biden a choisi l'anniversaire du 11
septembre à l'automne pour retirer les troupes
américaines d'Afghanistan. Dans son discours
devant le Congrès le 28 avril, il a déclaré : «
Nous sommes allés en Afghanistan pour trouver les
terroristes qui nous ont attaqués le 11 septembre
», ce qui ne clarifie en rien les raisons pour
lesquelles les États-Unis ont envahi l'Afghanistan
ni la situation aux États-Unis ou en Afghanistan
depuis l'invasion. Il se contente de dire, de
façon peu convaincante, que les États-Unis «
resteront vigilants face à la menace des groupes
terroristes qui se sont métastasés dans le monde
entier. Nous conserverons la capacité de supprimer
les futures menaces qui pèsent sur le pays. Nous
devons rester vigilants face aux menaces qui
pèsent sur les États-Unis, d'où qu'elles viennent.
Nous continuerons de surveiller et de perturber
toute menaces qui pèsent sur les États-Unis en
provenance de l'Afghanistan. » Il cite
spécifiquement les menaces qui sont « au Yémen, en
Syrie, en Somalie, dans d'autres endroits en
Afrique, au Moyen-Orient et au-delà ».
L'anniversaire du 11 septembre est invoqué pour
gagner « les coeurs et les esprits » du peuple et
cacher le fait que la guerre des États-Unis contre
l'Afghanistan est une guerre d'agression
criminelle. Également, alors que Joe Biden affirme
que les troupes seront retirées, on ne sait rien
des au moins 18 000 contracteurs militaires privés
du Pentagone présents dans ce pays. Personne ne
sera tenu responsable de la punition collective du
peuple afghan pour un crime qu'il n'a pas commis,
du génocide généralisé et continu et de
l'ingérence des États-Unis.
La revendication du mouvement antiguerre aux
États-Unis est que toutes les troupes américaines
à l'étranger soient ramenées au pays et que les
bases militaires soient démantelées, ce qui
constitue une étape essentielle pour sauvegarder
la paix dans le monde. Mais pour Joe Biden,
l'agression et les interventions américaines de
toutes sortes sont un moyen de se positionner pour
gagner « notre compétition avec le reste du monde
pour gagner le XXIe siècle » et d'avoir « une
Union plus parfaite. Plus prospère. Plus juste.
Comme un seul peuple. Une nation. Une Amérique ».
Comme le peuple et
ses revendications l'ont clairement montré, il y a
deux Amériques qui se disputent l'avenir. L'une,
représentée par Biden, est l'Amérique qui commet
des crimes innombrables pour maintenir les
rapports sociaux existants qui assurent que les
riches restent au pouvoir et que l'État est
structuré pour maintenir la guerre, l'inégalité et
l'injustice. L'autre Amérique est celle des
peuples qui luttent pour faire naître de nouvelles
relations et structures qui favorisent leurs
intérêts, qui protègent et garantissent leurs
droits au pays et ceux des peuples de tous les
pays à l'étranger.
Limiter les luttes menées par les peuples aux
limites dictées par les auteurs des crimes contre
eux ne fait pas partie de l'équation des peuples.
Leurs luttes ne doivent pas être limitées en se
joignant à la préservation de l'ordre
constitutionnel existant qui garantit davantage de
crimes contre l'humanité. Ils doivent s'unir pour
former une seule humanité, avec une seule lutte
pour le droit des peuples de se gouverner et de
décider, pour des relations internationales de
respect mutuel et d'avantage réciproque.
Le Nouveau rejette la fraude que commet l'Ancien,
la fraude de la démocratie à l'américaine et la
nécessité de mesures de guerre pour protéger les
États-Unis en tant que nation indispensable qui
s'oppose à l'autocratie et protège la liberté. Le
mouvement du peuple continue d'exiger le pouvoir
de décision par et pour les peuples.
Joe Biden devient le porte-parole de la fraude
quand il déclare : « Notre Constitution s'ouvre
sur les mots ‘Nous, le peuple'. Il est temps que
nous nous rappelions que le gouvernement, c'est
nous, le peuple. »
Dans tous les États-Unis, le peuple se lève et
donne sa réponse : Nous, le peuple, c'est nous, la
majorité, nous, les sans-propriété, nous qui
persisterons à nous battre pour un avenir où nous
déciderons.
Le 27 avril, la Commission d'enquête
internationale sur la violence policière et le
racisme systémique aux États-Unis a tenu une
conférence de presse où elle a présenté le rapport
final de 188 pages sur ses enquêtes sur les
États-Unis pour violations des droits humains de
ses citoyens et résidents d'ascendance africaine,
dans lequel elle conclut que ces crimes méritent
une poursuite en vertu du droit international.
La Commission
internationale d'enquête a été organisée par la
Conférence nationale des avocats noirs,
l'Association internationale des juristes
démocrates et l'Association nationale des avocats.
La commission comprend 12 experts juridiques de 11
pays, Antigua-et-Barbuda, la Barbade, Costa Rica,
la France, l'Inde, la Jamaïque, le Japon, le
Nigeria, le Pakistan, l'Afrique du Sud, le
Royaume-Uni et quatre rapporteurs des États-Unis.
Le résumé du rapport de la commission mentionne
que son objectif est d' « examiner si la violence
raciste systématique et généralisée de la police
contre les gens d'ascendance africaine aux
États-Unis d'Amérique une série continue de
violations graves et attestées de façon fiable des
droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Les commissaires trouvent un modèle et une
pratique de violence policière raciste aux
États-Unis dans le contexte d'une histoire
d'oppression remontant à l'extermination des
peuples des Premières Nations, l'esclavage des
Africains, la militarisation de la société
américaine, et la perpétuation continue du racisme
structurel. »
La commission a tenu des audiences publiques du
18 janvier au 6 février 2021. Le résumé du rapport
explique que « tous les cas choisis pour les
audiences impliquaient la mort violente et la
mutilation brutales et injustifiées d'individus
d'ascendance africaine aux États-Unis, incluant :
(1) la mort violente d'individus non armés qui ne
posaient aucune menace de mort ou de dommage
corporel sérieux; (2) la mort violente d'individus
fuyant la police qui ne posaient aucune menace
sérieuse de mort ou de dommage corporal sérieux
aux policiers qu'ils fuyaient ou à d'autres
personnes; (3) le recours, ou la menace de recours
à l'intimidation physique ou psychologique pour
arracher des concessions et (4), la mutilation
d'individus fuyant la police et/ou qui ne posaient
aucune menace sérieuse de décès ou de dommage
corporal sérieux à d'autres personnes ». Des 44
personnes noires dont le cas a été examiné lors
des audiences, toutes sauf une ont été tuées par
la police.
Dans le « Sommaire des conclusions et des
recommandations » qu'on trouve dans le résumé, les
commissaires affirment qu'ils « ont constaté des
violations au droit à la vie, à la sécurité, de ne
pas être soumis à la torture, de ne pas subir de
discrimination, à la santé mentale, à l'accès à la
réparation pour violations, à un procès équitable
et à la présomption d'innocence et au droit d'être
traité avec humanité et respect. Les commissaires
constatent des violations du devoir de l'État de
fournir des soins médicaux aux personnes détenues,
de garantir des enquêtes sur des exécutions
sommaires qui sont indépendantes, compétentes,
complètes et effectives, et de poursuivre les
auteurs afin d'assurer qu'ils rendent des comptes.
Les commissaires constatent que les lois et les
pratiques policières en vigueur aux États-Unis ne
sont pas conformes aux normes internationales
concernant l'usage de la force, qui requièrent une
base juridique, un objectif légitime, une
nécessité, des précautions, la proportionnalité,
la protection de la vie, l'absence de
discrimination et la responsabilité. »
Les commissaires soulignent que « le recours
disproportionné à la force par la police a mené à
la mort de 43 personnes noires dans les cas
examinés » par le recours à des moyens
d'immobilisation, des armes à feu et des Tasers,
et qu'ils « constatent aussi un modèle de force
illégale et excessive employé contre les personnes
d'ascendance africaine au moyen de l'étranglement
et de l'asphyxie par la compression, en
s'agenouillant ou en se tenant debout sur la
victime, en menottant la victime face contre terre
et en appliquant une pression sur la tête et le
cou de la victime ».
Les commissaires ont
également mis en lumière que « le recours à la
force contre des personnes non armées
d'ascendance africaine lors contrôle routiers et
d'enquête est mu par des stéréotypes et des
préjugés raciaux, ce qui mène régulièrement les
agences du maintien de l'ordre aux États-Unis à
cibler les personnes d'ascendance africaine pour
des interrogatoires, des arrestations et des
détentions qui reposent sur des associations
racistes entre le fait d'être noir et la
criminalité ». Ils ont aussi noté un modèle d' «
interpellation sur la rue, souvent appelés 'interpellation
et fouille', [...] une forme d'activité
policière de 'maintien de l'ordre ' qui non
seulement produit des taux disparates
d'arrestations mais mène souvent à l'utilisation
d'une force létale par la police. [...] Le
harcèlement continu de personnes noires par
l'interpellation et la fouille rappelle la
pratique socialement acceptée à l'époque des
patrouilles d'esclaves, lorsque toute personne
blanche avait le droit de contrôler les
mouvements et les activités des noirs. » Ils ont
aussi mis en lumière comment la police commet
ses méfaits en toute impunité et en collusion
avec d'autres composantes du système judiciaire,
ce qui aggrave la violation des droits.
En se basant sur leurs enquêtes, « les
commissaires constatent un cas prima facie de
crimes contre l'humanité qui méritent une enquête
de la Cour pénale internationale (CPI) Les crimes
en vertu du Statut de Rome incluent : meurtre,
privation grave de liberté physique, torture,
persécution des personnes d'ascendance africaine,
et d'autres actes inhumains qui se sont produits
dans le cadre d'une attaque généralisée ou
systématique contre la population civile de noirs
aux États-Unis. »
La commission appelle le haut-commissaire aux
droits de l'homme de l'ONU à « appuyer ce qui suit
dans son rapport mandaté par le Conseil des droits
de l'homme dans sa résolution 43/1 :
« a. la Constitution par le CDHNU d'une
commission d'enquête indépendante chargée de mener
une enquête complète sur les incidents de violence
policière contre les personnes d'ascendance
africaine aux États-Unis et de déterminer, en
particulier, si le niveau de violence constitue
une violation flagrante des droits humains et si
des crimes en vertu du droit criminel
international ont été et continuent d'être commis;
b. afin d'établir un processus continu pour
surveiller la violence policière raciste
systémique aux États-Unis, la nomination par le
CDHNU d'un expert indépendant sur la violence
policière raciste systémique aux États-Unis;
c. appelle à la démilitarisation de l'application
de la loi à l'échelle des États-Unis et
d. appelle à la fin de l'impunité et à la
responsabilité des officiers de police qui ont
recours à la violence raciste et à une force
injustifiée devant des comités civils indépendants
de surveillance et dans les procédures criminelles
et civiles du système de justice des États-Unis. »
De plus, « les commissaires appellent le Bureau
du procureur de la Cour pénale internationale,
lorsqu'il reçoit le rapport de la commission
d'enquête, à initier une enquête sur les crimes
contre l'humanité (Article 7), conformément à ses
pouvoirs en vertu du Statut de Rome, à l'article
15 ».
Compte tenu du fait que les États-Unis ont
jusqu'à maintenant refusé de ratifier le Statut de
Rome pour adhérer à la CPI, afin d'éviter de
devoir rendre des comptes de leurs crimes au pays
et à l'étranger et de protéger leurs forces armées
contre les poursuites, « les commissaires
demandent à la branche exécutive du gouvernement
des États-Unis de :
a. accepter la compétence de la CPI en relation
avec les États-Unis en vertu de l'article 12 en ce
qui concerne tout crime et tous les crimes contre
l'humanité tels que définis dans le Statut de
Rome;
b. signer le Statut de Rome de la CPI et
soumettre leur signature au Sénat des États-Unis
pour consentement à la ratification;
c. retirer la formulation de non-application
directe dans la ratification du Pacte
international relatif aux droits civils et
politiques et/ou adopter une loi de mise en oeuvre
de ce traité, dont les clauses de l'Article 20,
qui interdit la propagande pour la guerre et le
discours qui promeut la haine de groupes raciaux
ou religieux et incite à la discrimination ou à la
violence contre les personnes de groupes raciaux
ou religieux;
d. appliquer entièrement la Convention
internationale sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination raciale et la Convention
contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, que les
États-Unis ont ratifiées;
e. ratifier tous les autres traités
internationaux de droits de l'homme, de même que
les traités régionaux;
f. appuyer une loi visant à désinvestir les
ressources fédérales de l'incarcération et de
l'activité policière et mettre fin aux dommages
causés par le système juridique criminel qui ont
criminalisé de façon disproportionnée les
communautés noires et brunes, les personnes
LGBTQIA, les autochtones et les personnes
handicapées, et à plutôt utiliser des initiatives
de financement et investir dans des approches non
punitives et non carcérales de la sécurité des
communautés;
g. créer un système effectif et robuste de lutte
au racisme institutionnalisé au sein de toutes les
agences responsables de l'application des lois,
qui est surveillé par un organisme élu
indépendamment, en consultation avec les
organisations de la société civile vouées aux
principes des libertés civiles et de la
non-discrimination;
h. éliminer l'impunité personnelle qui protège les
officiers de police individuels des poursuites
civiles intentées par les membres du public, et
imposer un devoir clair aux officiers de police de
désamorcer toutes les rencontres avant d'avoir
recours à la force, et
i. développer des politiques et de l'appui à une
législation visant à démilitariser l'activité
policière à l'échelle des États-Unis et revoir
entièrement les politiques actuelles et les
pratiques de formation y compris, mais sans y être
limités : (i) l'interdiction de l'utilisation de
la force sauf en conformité avec le UN Guidance on
Less Lethal Weapons in Law Enforcement (
Orientations de l'ONU sur les armes moins létales
dans l'application de la loi) lors d'une
arrestation, une détention et une assemblée, sur
la base de la précaution, de la nécessité et de la
proportionnalité; (ii) interdiction de la
strangulation et d'autres tactiques de soumission
qui empêchent la respiration et la circulation du
sang; (iii) l'interdiction de l'utilisation
excessive des Tasers; (iv) l'interdiction des
mandats sans préavis et (vi) l'interdiction de
l'utilisation de la force sauf en conformité avec
les Principes de base des Nations unies sur le
recours à la force et l'utilisation des armes à
feu par les responsables de l'application des lois
[...] »
Dans leurs deux dernières recommandations, les
commissaires soulignent que le gouvernement des
États-Unis doit fournir des réparations pour son
rôle dans les crimes historiques liés à
l'asservissement des peuples africains :
« Les commissaires recommandent que les branches
exécutive et législative des États-Unis
reconnaissent que la traite transatlantique des
Africains, l'esclavage, la colonisation et le
colonialisme étaient des crimes contre l'humanité
et sont parmi les sources et les manifestations
principales de racisme, de discrimination raciale,
d'afrophobie, de xénophobie et d'intolérance qui
leur est liée. Les injustices du passé et les
crimes contre les personnes d'ascendance africaine
aux États-Unis doivent être traités en vertu de la
justice réparatrice.
« Les commissaires recommandent aussi que le
Congrès des États-Unis établisse une commission
pour examiner la mise en esclavage et la
discrimination raciale dans les colonies et aux
États-Unis de 1619 jusqu'à aujourd'hui et
recommander les meures de redressement
appropriées. Les commissaires demandent aux
États-Unis de considérer de mettre en oeuvre de
façon sérieuse les éléments analogues contenus
dans le Plan d'action en dix points sur les
réparations de la Communauté caribéenne qui
comprend des excuses officielles, des initiatives
en matière de santé, des possibilités d'éducation,
un programme de connaissance de l'Afrique, une
réhabilitation psychologique, un transfert de
technologie, un soutien financier et une
annulation de la dette. »
Pour lire le texte intégral du rapport cliquer ici.
Les vidéos et les transcriptions des audiences en
direct sur les 44 cas sont disponibles sur le site
Web de la Commission :inquirycommission.org.
- Barbara Ransby -
Manifestation à Minneapolis le 19 avril 2021, le
jour avant que le jury rende son verdict au procès
de Derek Chauvin
Le 20 avril, l'ancien policier de Minneapolis
Derek Chauvin a été reconnu coupable de tous les
chefs d'accusation pour le lynchage public brutal
de George Floyd. Pour la famille Floyd, cette
condamnation offre un certain réconfort, les
tribunaux ayant décidé que la mort de Floyd ne
resterait pas impunie. Pour plusieurs d'entre
nous, cependant, cette « victoire » apparaît vaine
car nous savons que les prisons ne peuvent pas
résoudre nos problèmes, et les policiers non plus
[...].
Notre passé nous apprend qu'il n'y aurait pas eu
de règlement, même pas un règlement limité et
imparfait, n'eut été des manifestations massives
qui ont balayé le pays au lendemain du meurtre de
George Floyd.
Maintenant, au moment même où le système de
justice criminel se félicite d'avoir envoyé
Chauvin en prison, les manifestations mêmes qui
ont attiré l'attention de la nation sur cette
affaire sont criminalisées.
Cette semaine, après avoir fait l'affirmation
raciste que les représentants de Minneapolis
avaient laissé les manifestants « faire la pluie
et le beau temps » dans les rues, le gouverneur
Ron DeSantis a signé un projet de loi omnibus qui
cherche à toutes fins pratiques à criminaliser les
manifestations dans l'État de la Floride, ciblant
spécifiquement les manifestants marchant sous la
bannière de Black Lives Matter. C'est un signe
avant-coureur dangereux de ce qui pourrait arriver
ailleurs au pays. En effet, le New York Times
rapporte que « les législateurs du Parti
républicain de 34 États ont déposé 81 projets de
loi antimanifestations au cours de la session
législative de 2021 – plus de deux fois plus de
projets de loi qu'au cours des années précédentes
».
Ultimement, tandis que tous les yeux sont tournés
vers le Minnesota, le projet de loi 1 de la
Chambre des représentants de la Floride, appelé le
projet de loi « anti-émeute », et les autres
projets de loi semblables qui s'annoncent,
pourraient avoir un impact beaucoup plus important
que celui de la condamnation de Chauvin sur les
mouvements contre la violence raciale de l'État.
Je veux d'abord parler des limites et des
contradictions inhérentes au verdict de
Minneapolis. Chauvin a tué George Floyd en plein
jour devant des témoins et la scène a été
enregistrée. C'était un cas flagrant de violence
gratuite, et, heureusement, le jury a abondé en ce
sens. Mais qu'est-ce qu'on peut en retirer ? Que
le système de justice pénale aurait surmonté 400
ans de racisme systémique, enraciné, en tenant un
seul policier responsable pour une forme de
violence raciste qui est devenue chose courante ?
Cette conclusion est fausse. Non seulement une
telle conclusion est-elle erronée, ahistorique et
à courte vue, mais elle donne un faux sentiment de
progrès.
Laisser un policier, bien que raciste et violent,
être le bouc émissaire d'un ensemble systémique de
problèmes revient à nier la nature systémique de
ces problèmes. La mère de Daunte Wright a été
prophétique et éloquente lorsqu'elle a dit : « Si
la justice existait, elle nous rendrait notre fils
» et « il n'y aura jamais de justice pour nous ».
Elle a aussi dit qu'il peut et doit y avoir une
reddition de comptes pour le meurtre de son fils
aux mains d'un autre policier de Minnesota.
Cependant, elle a compris que la réclamation de la
justice exige beaucoup plus que cela.
Celà étant dit, il est important de retenir deux
choses. Les policiers ne devraient définitivement
pas jouir de dérogations pour des actes de
violence haineux, même lorsque ceux-ci sont
courants. Deuxièmement cependant, incarcérer un
policier ne ramènera pas nos enfants, voisins,
amis et êtres chers assassinés, et cela
n'empêchera pas la violence dans l'avenir.
Ce qui est requis
est un changement systémique fondamental. Nous
devons écouter ceux qui demandent d'abandonner les
formes d'interventions policières telles que nous
les connaissons et de rendre les prisons
obsolètes. Ce devrait être notre but, comme l'a
courageusement souligné la congressiste Rashida
Tlaib. Nous devrions retirer les ressources du
maintien de l'ordre et les investir dans les
services communautaires et de santé mentale, dans
les emplois et les projets qui préviennent la
violence, qui désamorcent les situations violentes
et qui sauvent des vies.
La nouvelle loi antimanifestation de la Floride
dresse un immense obstacle à ce genre de
changement systémique en attaquant les mouvements
qui ont été les principaux catalyseurs de
changement. Le projet de loi criminalise les
manifestations qui bloquent la circulation et
déclare qu'endommager les monuments est un crime.
Il sanctionne les gouvernements locaux qui
refusent d'être intransigeants dans la répression
des manifestations, stipulant que des accusations
seront portées contre les représentants locaux
pour tout dommage occasionné lors d'une
manifestation. Il stipule qu'une peine obligatoire
de six mois sera imposée à un manifestant qui
commet un assaut contre un policier. Évidemment,
dans de nombreux cas, lorsque des manifestants
sont battus, le fait de se défendre contre les
coups est souvent qualifié d'« assaut ».
Le projet de loi est aussi truffé de termes comme
« intimidation de foule », qui est vaguement
définie comme étant trois personnes ou plus qui
cherchent à forcer un tiers à accepter leur point
de vue. Il est difficile d'imaginer comment une
telle loi peut être équitablement mise en oeuvre.
Par exemple, une vive discussion politique sur un
coin de rue pourrait faire l'objet d'une
arrestation. Si ce n'est pas de la censure, alors
je ne sais pas ce que c'est.
Un autre aspect particulièrement inquiétant du
projet de loi est qu'il empêche les gens
incarcérés d'être libérés sous caution jusqu'à
leur première comparution, ce qui rend obligatoire
la détention de manifestants avant qu'ils ne
soient déclarés coupables d'une infraction
criminelle. Cela nous rappelle les politiques de
détention sans inculpation typiques des dictatures
partout dans le monde et des régimes comme
l'ancien système d'apartheid en Afrique du Sud.
Comme d'autres l'ont souligné, plusieurs de ces
mesures contenues dans le projet de loi existent
déjà dans le code criminel et seraient par
conséquent superflues, mais elles visent à
intimider et dissuader les activistes.
Il est important de faire le lien entre le projet
de loi de la Floride et le contexte asymétrique du
procès de Derek Chauvin. S'il se déroule un procès
dans le comté de Hennepin, au Minnesota, pour le
meurtre haineux de George Floyd en plein jour,
c'est uniquement parce qu'il y a eu des
manifestations bruyantes et persistantes dans les
rues du pays. S'il n'y avait pas eu ces
manifestations, il en serait ressorti
vraisemblablement un rapport de « mort
accidentelle », et par conséquent, aucune enquête
et aucun procès.
En fait, comme l'indique le communiqué de presse
initial publié par la police, celle-ci a voulu
cacher la vérité avant la publication des vidéos.
Ainsi, le projet de loi de la Floride interdit un
mécanisme important permettant d'obtenir un
minimum de justice, c'est-à-dire, le droit des
citoyens et des résidents de manifester.
Le défi posé aux mouvements sociaux est donc de
faire preuve de courage et d'imagination lorsque
nous disons la vérité au pouvoir, peu importe les
mesures de censure que ces autorités tentent
d'imposer en Floride et ailleurs. Comme l'a
déclaré la dirigeante de Black Visions Collective
de Minneapolis Kandace Montgomery : « La lutte
pour la justice est loin d'être terminée. »
Amérique latine et Caraïbes
Bannière lors d'une manifestation du Premier Mai
en Bolivie en appui au peuple cubain contre le
blocus des États-Unis, le 1er mai 2021.
Les peuples du monde, même dans les régions les
plus durement touchées par la pandémie et ses
conséquences économiques en raison de
l'irresponsabilité flagrante des gouvernements
néolibéraux, ne font pas seulement poursuivre mais
intensifient leurs luttes pour les droits sur
différents fronts. Les peuples opprimés d'Amérique
latine et des Caraïbes, une région dont la
population totale approche les 659 millions
d'habitants, n'ont pas leur égal dans cette lutte.
L'héroïsme du peuple cubain se démarque à cet
égard alors que le peuple complète les essais de
deux vaccins. Il les a créés par ses propres
efforts alors même qu'il parvient non seulement à
se maintenir face au blocus de plus en plus cruel
des États-Unis conçu pour le faire capituler, mais
ouvre de nouvelles perspectives par sa position
indépendante à la défense du droit d'être. Son
internationalisme humanitaire offre un puissant
contraste à l'intimidation, aux menaces et au
monopole impérialistes sur l'usage de la force
exercés par les États-Unis à seulement 140
kilomètres de là.
La lutte menée par le peuple haïtien se démarque
également, tout comme celle du peuple colombien
qui se soulève en une multitude sans précédent
pour se joindre à une grève nationale qui a lieu
dans tout le pays depuis le 28 avril. Les
travailleurs et les jeunes de ces deux pays mènent
de vives batailles politiques, certains y laissant
leur vie aux mains de la police officielle, des
forces militaires ou des gangs criminels et des
assassins payés auxquels font appel l'élite
dirigeante et son État pour mener une sale guerre
de terreur contre les forces populaires.
Il est bien connu que les gouvernements d'Haïti
et de Colombie travaillent main dans la main et,
dans de nombreux cas, reçoivent leurs ordres de
marche des ambassades des États-Unis dans leur
pays. Les forces policières d'Haïti et de Colombie
ont été formées par la police canadienne.
LML publie des mises à jour sur ces
actions et celles des autres peuples de la région
qui luttent pour la paix, la démocratie et la
justice et pour la défense de leur souveraineté et
de leur indépendance.
Haïti
Une des manifestations en Haïti, le 1er avril
2021
Le peuple haïtien mène depuis plusieurs mois une
lutte incessante pour se débarrasser d'un
dictateur illégitime soutenu par l'étranger qui a
refusé de renoncer au pouvoir à l'expiration de
son mandat, mais a continué à gouverner par
décret, persécutant ses opposants et s'engageant
dans un acte inconstitutionnel après l'autre pour
empêcher le peuple d'exprimer sa volonté
démocratique. Les actions du peuple haïtien à la
défense de ses droits sont d'autant plus héroïques
qu'il résiste à tout un arsenal « multilatéral »
de subversion et de violence impérialistes visant
à l'empêcher de s'investir du pouvoir de décider
en tant que maître de son propre destin.
La détermination du peuple à mettre fin à la
démocratie d'escadron de la mort que les
États-Unis et leur « Core Group » (groupe
restreint qui comprend le Canada, la France,
l'Union européenne, l'Allemagne, l'Espagne, le
Brésil, et des représentants des Nations unies et
de l'Organisation des États américains) ont
imposée à Haïti, est profondément patriotique et
anti-impérialiste. La lutte du peuple haïtien pour
la liberté, la démocratie et les droits humains
dans les conditions actuelles montre qu'il est
constitué des dignes fils et filles du peuple
autrefois asservi qui, par ses propres efforts
révolutionnaires, a vaincu les puissances
européennes successives et a été le premier à se
débarrasser à la fois de l'esclavage et du régime
colonial il y a plus de 200 ans.
Bannière lors des manifestations de mai 2021 en
Haïti sur laquelle est inscrit : « Nous voulons
vivre ! Nous avons le droit de vivre ! »
Colombie
Le peuple colombien est engagé dans ce qui est
devenu un véritable soulèvement contre le
programme anti-peuple, néolibéral et proguerre du
gouvernement d'Ivan Duque et de son mentor,
l'ancien président infâme et supposé patron des
escadrons de la mort, Alvaro Uribe. Le soulèvement
a commencé le 28 avril en tant que grève nationale
d'un jour. La grève avait été appelée
principalement par les syndicats et les mouvements
sociaux pour demander à Duque de retirer le plan
de restructuration néolibérale de son
gouvernement, en commençant par l'annulation de
nouvelles mesures fiscales régressives qui
feraient peser le plus lourd fardeau sur des
millions de travailleurs et de pauvres qui sont
déjà acculés au mur, ayant été laissés en grande
partie seuls pour survivre à une pandémie mal
gérée et à ses conséquences économiques
dévastatrices.
Pour avoir osé porter leurs revendications dans
les rues et sur les places de leurs villes, les
participants à la grève, en particulier les jeunes
et les étudiants, ont été accueillis dès le départ
par une réponse violente et brutale de la police.
Huit personnes ont été tuées le 28 avril. La
plupart étaient jeunes et ont été abattus,
vraisemblablement par des membres de la détestable
brigade anti-émeute. Si les jeunes et les
étudiants constituent la principale force dans les
rues, de nombreux mouvements sociaux et d'autres
personnes sont également présents – des
travailleurs et des professionnels de différents
secteurs, y compris des travailleurs du secteur
informel, des organisations politiques, des
artistes, des musiciens et autres. Les membres de
la garde autochtone, qui jouent un rôle similaire
dans leurs territoires traditionnels, ont pris en
charge la protection des marches et des
manifestations.
De
nombreuses villes sont militarisées, avec des
chars et autres
véhicules armés qui sillonnent les rues et des
hélicoptères qui survolent à basse altitude dans
certains quartiers. La troisième ville en
importance de
Colombie, Cali, est rapidement devenue un théâtre
de
guerre virtuel et l'épicentre de l'opération de
terreur
de l'État, sous la direction personnelle du
commandant en chef
de l'armée. Selon les organisations non
gouvernementales Indepaz et Temblores qui suivent
les événements, 47 personnes - 2 femmes et 45
hommes - ont été tuées entre le 28 avril et le 8
mai, dont 35 à Cali. Sur ces 47 décès, 39
seraient le résultat de violences policières.
Parmi eux, au moins une personne a été abattue
alors qu'elle participait pacifiquement à une
vigile à la
chandelle en l'honneur d'une victime de la
violence policière,
et d'autres ont apparemment été abattues au hasard
depuis
une voiture qui passait. Des observateurs des
droits de l'homme des
Nations unies portant des gilets d'identification
ont également
déclaré avoir été la cible de tirs de la
police à Cali, tout en affirmant avoir réussi à
éviter d'être touchés. Des vidéos prises sur
des téléphones portables par des passants alarmés
ont montré un groupe d'hommes en civil sautant de
l'arrière d'un camion banalisé et tirant avec des
armes
de poing en courant vers un groupe de personnes
qui semblaient
participer à une manifestation. D'autres vidéos
montrent
un homme debout près du camion, qui brandit une
veste portant
l'inscription « Police » dans le dos,
l'immatriculation du
véhicule, ainsi que des menottes et d'autres
outils du
métier trouvés à l'intérieur après
que les fenêtres du véhicule ont été
brisées. La police n'a eu d'autre choix que
d'admettre plus tard
que c'était son camion et ses hommes.
Les universitaires prennent part aux
manifestations le 6 mai 2021.
L'opération de terreur de la police et
l'utilisation d'agents provocateurs et
d'infiltrateurs pour commettre les actes de
vandalisme et les meurtres que le gouvernement
voulait imputer aux jeunes pour justifier le
traitement criminel qu'il leur réservait, n'ont
pas donné les résultats escomptés. Plutôt que de
succomber à la peur et à la division et
d'abandonner le combat pour un autre jour, les
jeunes ont tenu bon, leur courage et la justesse
de leurs positions inspirant les travailleurs, les
mouvements sociaux, les intellectuels et d'autres
personnes à poursuivre le combat également.
Sentant la pression, Duque a retiré la réforme
fiscale inspirée par le FMI, disant qu'il ne la
mettait pas en veilleuse mais qu'il la
réintroduirait avec quelques modifications. Le
lendemain, son ministre des Finances, l'architecte
de la réforme, a démissionné avec toute son
équipe.
Cependant, rien de tout cela n'a conduit à
l'arrêt des manifestations, d'autant plus que la
police continue d'arrêter arbitrairement et de
tuer des personnes pour avoir exercé leur droit
démocratique de manifester, et que les villes sont
toujours militarisées. Au contraire, les jeunes,
ainsi que les mouvements sociaux et les
organisations de travailleurs qui composent le
Comité national de grève, ont intensifié leurs
actions et élargi leurs revendications. Ils ne se
concentrent désormais plus sur la seule réforme
fiscale et demandent également l'annulation des
plans du gouvernement de vendre des actifs
publics, de privatiser davantage la santé et
d'autres services publics et d'introduire des
changements dans le système de retraite et des
lois du travail du pays. Tous ces éléments font
partie d'un plan de restructuration de l'État
visant à libérer et à générer davantage de
ressources à utiliser pour payer les riches en
escroquant le peuple, dans ce qui est déjà l'un
des pays les plus inégalitaires au monde en termes
de revenus.
Les autres revendications sont :
- un programme de vaccination de masse et une
gestion plus rationnelle de la pandémie;
- une éducation gratuite;
- la mise en oeuvre de l'accord de paix de 2016 au
lieu de l'entraver;
- que l'État fasse son devoir et agisse pour
mettre fin à la situation intolérable dans les
campagnes où des assassinats ciblés et des
massacres de leaders sociaux et d'anciens membres
de la guérilla se produisent en toute impunité
presque quotidiennement[1];
et
- que la détestable escouade anti-émeute (ESMAD)
soit dissoute.
De nombreux jeunes affirment qu'ils n'ont plus
peur et qu'ils ont l'intention de continuer à
manifester jusqu'à ce que cesse la campagne de
terreur d'État, de brutalité policière et de
meurtres et qu'il soit assuré que tous les
responsables des meurtres, des blessures, des
arrestations arbitraires et irrégulières, des
détentions, des passages à tabac, de la torture et
des abus sexuels des manifestants et d'autres
personnes innocentes, y compris les donneurs
d'ordres, soient tenus de rendre des comptes et
punis pour leurs crimes.
« Président Duque, arrêtez le massacre! » (@annan_tkg)
Alors que les dénonciations et les appels à la
démission fusent de toutes parts, Duque semble
chercher à sortir de son labyrinthe en rencontrant
ce qu'il appelle différents « secteurs sociaux »
et le Comité national de grève sans avoir à
traiter avec les jeunes. Les jeunes sont la force
motrice des protestations actuelles, ainsi que les
principales victimes des atrocités indicibles
associées à l'opération militaire et policière
qu'il a ordonnée et qu'il continue de défendre[2].
Les Nations unies, d'autres organisations
multilatérales et des gouvernements, dont certains
proches alliés de la Colombie, ont publié des
déclarations, la plupart se concentrant sur
l'usage excessif ou « disproportionné » de la
force contre les manifestants et sur l'importance
du respect du droit des citoyens à manifester.
Le sénateur colombien Iván Cepeda a indiqué que
lui et un certain nombre d'organisations qui ont
suivi les événements prévoient de lancer une
pétition devant la Cour pénale internationale
demandant que le président Iván Duque, Alvaro
Uribe, le ministre de la Défense Diego Molano, le
commandant de l'armée le général Eduardo Zapateiro
et le chef de la police, le général José Luis
Vargas, soient tenus pour responsables des crimes
contre l'humanité commis pendant la frappe.
Un soutien a afflué de l'intérieur de la Colombie
et du monde entier pour ceux qui ont persisté à se
battre pour les demandes du peuple. Des piquets de
grève et des rassemblements pour soutenir la lutte
du peuple colombien et réclamer la fin de la
répression et de la violence policières, les
responsables devant rendre des comptes
criminellement, ont eu lieu dans de nombreux pays,
dont le Canada.
LML est aux côtés des jeunes et du
peuple colombiens qui luttent courageusement pour
leurs droits démocratiques et pour mettre fin à la
violence policière et au terrorisme d'État qui
baignent leur pays dans le sang depuis des
décennies. Tous les responsables, y compris aux
plus hauts niveaux de l'État et du gouvernement,
doivent être tenus pour responsables et punis pour
leurs crimes.
Grand rassemblement à New York le 8 mai 2021 en
solidarité avec le peuple colombien
Note
1.
Depuis la signature de l'accord de paix en
2016, 270 anciens membres des FARC-EP et
quelque 1 200 dirigeants sociaux ont été
assassinés.
2. En
date du 9 mai, les organisations Temblores et
Indepaz, qui documentent les incidences de
violence policière et les événements connexes,
signalent que depuis le 28 avril, 47 personnes
ont été tuées, dont 39 ਤ cause de la
violence policière. Parmi elles se trouvent
quatre mineurs et la grande majorité des
autres personnes dont l'âge est connu ont
entre 18 et 36 ans. On a signalé 28 blessures
à l'oeil, 12 cas de femmes victimes
d'agressions sexuelles et 963 arrestations
arbitraires. On ignore où se trouvent 438
personnes. De nombreuses personnes arrêtées et
libérées ont déclaré qu'elles n'avaient pas
été emmenées dans des postes de police pour y
être traitées, mais dans des lieux irréguliers
où elles étaient détenues au secret, sans le
contrôle judiciaire requis. Beaucoup ont dit
avoir été¨| battues, menacées, torturées ou
soumises à d'autres traitements cruels,
inhumains et dégradants dans ces lieux,
souvent par des personnes qui ne semblaient
pas être des policiers et ne portaient pas
d'uniforme.
- Garnet Colly -
Manifestation en solidarité avec le peuple
colombien à Montréal le 6 mai 2021
Afin de payer davantage les riches, le
gouvernement colombien a utilisé la crise du
COVID-19 pour tenter d'instituer une réforme
fiscale, augmentant encore la souffrance des
travailleurs, en même temps qu'il renforçait de
nombreuses autres mesures néolibérales, comme tant
d'autres gouvernements le font en ce moment.
Cependant, le peuple colombien a décidé qu'il ne
voulait pas de cela et que la pandémie ne
l'empêcherait pas d'exprimer son opposition.
Le 28 avril, ils sont descendus dans la rue par
millions dans tout le pays. Le gouvernement a
répondu par la force armée, ce qui n'a fait
qu'accroître leur colère et leur détermination à
défendre leurs intérêts et leurs vies. Après six
jours de grève nationale, le gouvernement a été
contraint de retirer son projet de réforme
fiscale.
Mais le peuple a reconnu que ce n'était pas le
seul problème auquel il était confronté. Ils
s'élevaient contre les meurtres de leaders sociaux
et des anciens combattants de la guérilla
réintégrés dans la vie civile par les
paramilitaires depuis la signature de l'Accord de
paix. Ils défilaient pour la paix et pour le droit
de manifester. Ils marchaient pour défendre les
soins de santé et l'éducation comme un droit pour
tous. Et ils marchaient pour demander justice face
aux meurtres de sang-froid des jeunes qui se
tenaient aux premiers rangs de cette bataille.
Les Colombiens résidant à Montréal et au Québec
ont déclaré qu'ils sont peut-être absents de leur
pays natal, mais que leur patrie et le sort de
leurs familles et de leurs amis y sont très
présents dans leur coeur et leur esprit.
Ils se sont avancés, avec les jeunes aux premiers
rangs ici aussi, avec d'autres forces
démocratiques et progressistes, pour soutenir le
peuple colombien, condamner les crimes du
gouvernement colombien contre les manifestants
pacifiques, et demander aux gouvernements
québécois et canadien de condamner la violence
contre leur peuple.
Le mercredi 5 mai après-midi, plus de 100
personnes se sont rassemblées devant le consulat
de Colombie où elles ont pris la parole pendant
plus d'une heure et demie, exprimant leur colère
face à la situation en Colombie et leur
détermination à soutenir la résistance. Chaque
participant a été encouragé à élever sa voix, y
compris les militants de la diaspora haïtienne et
du Parti marxiste-léniniste du Québec.
Montréal, 5 mai 2021
Le lendemain, à 17 heures, les gens ont commencé
à se rassembler devant la Maison Radio-Canada afin
de poursuivre leurs efforts pour informer les
autres Québécois et Canadiens de la situation à
laquelle leurs compatriotes font face en Colombie.
Plus de 500 personnes, avec leurs drapeaux,
bannières et pancartes, dont des membres des
communautés colombiennes de Trois-Rivières et
d'autres villes ont crié des slogans, pris la
parole, signé une pétition destinée au
gouvernement canadien contre la violence du
gouvernement Duque, chanté et dansé, exprimant
leur irrésistible esprit de résistance.
Montréal, 6 mai 2021
Le 6 mai, l'Assemblée nationale du Québec a
adopté à l'unanimité une résolution condamnant la
violence contre les manifestants. Il a également
été décidé que cette résolution serait transmise
au premier ministre du Canada et au ministre des
Affaires étrangères.
L'une des revendications du mouvement est que les
gouvernements québécois et canadien dénoncent la
répression meurtrière des manifestations et
exigent que le gouvernement colombien respecte
leurs demandes de réformes sociales. Cependant, il
y a peu d'illusions que ces gouvernements feront
plus que publier une déclaration contre la
violence en raison des intérêts des riches dont
ils défendent les investissements en Colombie.
Néanmoins, la résistance à l'injustice est un
droit et un devoir. De plus en plus de
travailleurs au Québec et au Canada se manifestent
pour soutenir le droit du peuple colombien à
défendre sa dignité et son bien-être.
(Photos : LML)
Webinaire sur la
Colombie
Mardi
18 mai - 18 h 30 - 20 h, heure du Royaume-Uni;
13 h 30 - 15 h, heure avancée de l'Est
Pour
s'inscrire à la rencontre Zoom, cliquer ici
Facebook
Organisé par
Justice pour la Colombie
Orateurs
Diego
Martínez : avocat pour les droits humains
et
conseiller juridique auprès du FARC
Reinaldo
Villalba : avocat pour les droits humains
auprès de Corporación Colectivo de Abogados José
Alvear Restrepo
Alirio
Uribe : avocat pour les droits humains et
ancien membre du Congrès
Professeure
Sara Chandler QC (Hon) : présidente de
Columbia Caravana
Hasan
Dodwell : directeur de Justice pour la
Colombie
Sue
Willman : présidente du Comité des droits
humains du Barreau
Présidé
par Clare Mellor : directrice de
Thompsons Solicitors
Le système de justice transitionnel et
l'indépendance de la justice font l'objet d'un
barrage d'attaques en Colombie. Le système de
justice transitionnel fait partie de l'accord de
paix final signé entre le gouvernement colombien
et les FARC-EP en 2016, pour rendre justice aux
victimes de la guerre civile, et son
fonctionnement est miné par les membres actuels et
anciens du gouvernement. Cette réunion entendra
les dernières mises à jour des avocats colombiens
qui ont mis leur vie en jeu pour défendre la paix
et les droits humains.
Bolivie
Le gouvernement du Mouvement bolivien vers le
socialisme (MAS), dirigé par le président Luis
Arce, fête ses six mois au pouvoir, le 8 mai 2021.
Le peuple bolivien – tant chez lui que dans la
diaspora – est actif, tout comme son nouveau
gouvernement, s'efforçant de consolider les acquis
de la victoire électorale d'octobre dernier qui a
balayé du pouvoir les forces de coup d'État
soutenues par l'étranger qui avaient usurpé le
pouvoir depuis plus d'un an. Le gouvernement du
Mouvement vers le socialisme (MAS) dirigé par le
président Luis Arce va aujourd'hui de l'avant,
rétablissant d'importants projets d'édification
nationale et des services publics qui ont été mis
de côté, privés de financement ou privatisés par
le gouvernement putschiste illégitime de Jeanine
Añez.
L'une des premières mesures prises par le nouveau
gouvernement a été de restituer un prêt de plus de
340 millions $US contracté illégalement et à des
conditions inacceptables de la part du Fonds
monétaire international. Il a également repris la
politique étrangère indépendante et
anti-impérialiste instituée par le gouvernement
d'Evo Morales. Il s'est retiré du groupe de Lima
illégitime formé par les États-Unis et le Canada
pour attaquer le Venezuela, est revenu à
l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre
Amérique (traité de commerce des peuples
(ALBA-TCP) qui défend l'intégration de l'Amérique
latine et des Caraïbes) et s'est joint à une
coalition de 17 pays se faisant appeler le «
Groupe des amis pour la défense de la Charte des
Nations unies » qui promeut les moyens juridiques
plutôt que la force pour régler les problèmes au
niveau international et faire respecter les buts
et principes consacrés dans la Charte des Nations
unies. Il a également agi rapidement pour annuler
les effets des pratiques d'exclusion et de
discrimination du gouvernement du coup d'État
éphémère de l'oligarchie raciste, visant à
humilier la population autochtone majoritaire
bolivienne, une base fière et importante du MAS.
Le gouvernement a également agi pour traduire en
justice les responsables des massacres et de la
répression perpétrés à Huayllani, Senkata et
Sacaba au début du coup d'État, ainsi que de la
torture et de l'emprisonnement politique des
manifestants anti-coup d'État et des dirigeants du
MAS et autres.
Actuellement, l'ancienne sénatrice Jeanine Añez,
certains anciens ministres de son gouvernement «
de facto » et commandants de l'armée et de la
police qui ont mené la mutinerie qui a permis au
coup d'État de réussir, et certains autres qui se
sont livrés à des violations flagrantes des droits
humains dans le cadre de la vengeance déchaînée
par les putschistes, sont en prison ou en
résidence surveillée, en attente de jugement ou
sous enquête pour diverses infractions pénales.
Cela a provoqué un tollé et des cris de «
persécution politique » de la part de leurs
patrons du département d'État américain, de son
homme de main à l'OÉA qui a incité le coup d'État,
de quelques voix coloniales de la vieille Europe
et de certains oligarques racistes en Bolivie, pas
encore remis de leur défaite mais toujours
déterminés à reprendre le pouvoir.
Les demandes des familles des victimes ne sont
pas un appel à la vengeance, mais à punir ceux qui
ont assassiné ou blessé leurs proches pour leurs
opinions politiques connues ou présumées, ainsi
que ceux qui ont donné les ordres.
Selon le bureau du médiateur national, 35
personnes ont été tuées, 533 blessées et plus de 1
500 arrêtées ou détenues dans les jours suivant le
coup d'État. Des représentants du gouvernement
et/ou des membres de leur famille ont vu leurs
maisons saccagées et incendiées par des foules
violentes, tandis qu'Evo Morales et Luis Arce ont
été soumis à des accusations ridicules et fausses
de sédition et de terrorisme. Eux-mêmes et
d'autres ont accepté des offres d'asile dans
d'autres pays jusqu'à ce qu'il soit possible de
rentrer en Bolivie en toute sécurité. Certains se
sont vu offrir l'asile mais ont été empêchés de se
rendre à l'aéroport, contraints de rester à
l'intérieur de l'ambassade du Mexique pendant un
an sous la menace d'une arrestation s'ils
sortaient. D'autres encore ont été incarcérés à
tort pendant des mois.
Aujourd'hui, les Boliviens sont très actifs, ils
s'organisent et prennent la parole au pays et à
l'étranger, organisent des webinaires, des
discussions en ligne et s'engagent sur les réseaux
sociaux pour s'assurer que la demande de justice
est largement prise en main afin que ceux qui ont
commis des crimes contre la population, y compris
ceux qui ont donné les ordres, soient punis. Leurs
slogans « Ce n'est pas de la persécution
politique, c'est de la justice ! », « Ce n'est pas
de la vengeance, c'est la justice » et « C'était
un coup d'État » expriment la conscience du peuple
et ses revendications en réponse aux cris de «
persécution politique » alors que précisément la
persécution politique et la vengeance étaient les
caractéristiques du règne court et corrompu d'Añez
et compagnie.
La réponse aux accusations des États-Unis, de
l'OÉA et d'autres a été rapide, non seulement de
la part des Boliviens patriotes et organisés, mais
d'une longue liste de personnalités d'État,
d'anciens présidents, de ministres des Affaires
étrangères et d'autres personnalités qui se sont
joints à eux pour appeler à l'arrêt de cette
ingérence illégitime et mal intentionnée dans les
affaires souveraines de la Bolivie.
En restant vigilant dans la défense de son projet
d'édification nationale et en affirmant les droits
de tous les membres de l'État plurinational de
Bolivie, sans exception, le peuple bolivien
contribue au développement de la révolution
sociale et culturelle libératrice dans laquelle il
s'est engagé il y a 15 ans.
Chili
Un événement électoral important aura lieu au
Chili les 15 et 16 mai. Les citoyens éliront les
155 membres qui composeront l'Assemblée
constituante qu'ils ont massivement approuvée lors
d'un référendum organisé l'année dernière. Les
élus travailleront ensemble pour rédiger une
nouvelle constitution pour remplacer l'actuelle
constitution néolibérale et anti-peuple, un legs
laissé par la dictature fasciste de Pinochet.
Le peuple chilien, avec les jeunes et les
étudiants en tête, s'est battu longtemps et
durement pendant 150 jours en 2019 contre les
politiques néolibérales punitives du gouvernement
du président Sebastian Piñera, au point de presque
entraîner sa chute. Ils ont fait preuve de
courage, sans se laisser décourager par la
brutalité incessante des forces de sécurité de
l'État. Trois cents jeunes ont subi de graves
blessures aux yeux causées par la police qui leur
a délibérément tiré dessus avec des fusils à
plomb. La police a également tué 34 personnes.
C'est le combat persistant de ces jeunes
intrépides, appuyés par d'autres sections du
peuple, qui a ouvert la porte à ce qu'une nouvelle
constitution soit rédigée et qu'elle le soit par
des citoyens élus par leurs pairs uniquement à
cette fin.
Depuis que les Chiliens ont voté à une écrasante
majorité en faveur de cette proposition, rejetant
celle qui appelait les membres en exercice de la
législature nationale à constituer la moitié de
l'organe constituant, ils s'organisent du mieux
qu'ils peuvent dans les conditions difficiles
d'une crise économique dévastatrice et d'une crise
sanitaire dramatique. Ils s'organisent pour faire
élire suffisamment de voix démocratiques pour
garantir le succès des travaux de l'Assemblée
constituante en garantissant à tous les Chiliens
les droits fondamentaux, les libertés et les
avantages pour lesquels ils se sont battus depuis
longtemps. Un « référendum de sortie » aura lieu
en 2022 au cours duquel les citoyens seront
invités à approuver ou à rejeter la nouvelle
constitution qu'ils ont rédigée.
Brésil
« Moro, soupçonné; Lula, déclaré
innocent. »
|
Le 8 mars, un ministre de la Cour suprême a
annulé toutes les accusations et les peines
judiciaires prononcées pour des condamnations
obtenues dans le cadre d'une opération de justice
corrompue montée contre l'ancien président Luis
Inacio Lula da Silva, une violation en série de
ses droits pendant plusieurs années, dont les 19
mois qu'il a passés en prison d'avril 2018 à
novembre 2019. Lula a été disculpé après que le
juge a admis comme preuve une foule de
conversations accablantes qui sont des fuites
obtenues sur la plateforme de médias sociaux
Telegram révélant une collusion en cours entre le
procureur de « Opération lave-auto » (Lava Jato)
qui a porté plusieurs accusations de corruption
contre Lula, le juge vedette Sergio Moro qui l'a
condamné sans preuve, et certains juges de la Cour
suprême qui ont également participé à la
conspiration. Leurs conversations sur
l'application Telegram ont révélé que les
accusations portées contre Lula étaient basées sur
des témoignages de négociation de plaidoyer
falsifiés ou forcés par des hommes d'affaires
emprisonnés qui ont tous changé leur version des
faits à plusieurs reprises pour obtenir une
rétention partielle d'actifs illicites, des peines
de prison considérablement réduites et un
transfert en résidence surveillée. Le fait que les
Brésiliens aient travaillé illégalement main dans
la main avec les autorités gouvernementales des
États-Unis a également été confirmé, comme
l'affirmait depuis longtemps l'équipe de défense
de Lula, ce qui prouve que le tout était un plan
élaboré pour organiser un coup monté contre
l'ancien président et l'exclure de la course
présidentielle de 2018 alors qu'il était en voie
de la remporter. C'est ce qui a ouvert la porte à
l'élection de Jair Bolsonaro dont le régime
chaotique a laissé son gouvernement divisé et a
plongé le Brésil dans la crise, alors que
plusieurs l'accusent de génocide pour son refus
criminel de prendre des mesures pour contrôler la
propagation de la pandémie dans le pays.
Le 15 avril, une décision de huit contre trois de
la Cour suprême a ratifié l'annulation de toutes
les condamnations portées contre Lula,
rétablissant pleinement ses droits politiques.
Lula est maintenant libre de se présenter à
nouveau aux élections présidentielles s'il choisit
de le faire, et il a fait savoir qu'il était prêt
à se présenter comme le candidat du Parti des
travailleurs à l'élection présidentielle l'année
prochaine. Les sondages sur l'intention des
électeurs effectués peu de temps après qu'il a
communiqué ses intentions suggèrent qu'il serait
encore une fois le candidat favori. La perspective
d'utiliser les élections de 2022 pour ramener le
Brésil sur la voie de la souveraineté et de
l'édification nationale au lieu de la soumission
aux États-Unis et de la destruction nationale ne
manquera pas d'en inspirer beaucoup d'autres,
comme c'est le cas pour Lula, afin de garantir que
la lutte est menée sur la voie de la victoie.
Prochain
supplément du LML
Les actions du Prermier
Mai à Delhi, en Inde,
célèbrent l'unité des fermiers
et des travailleurs contre les
trois lois agricoles.
Bientôt à
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