Le budget fédéral n'accorde pas les droits en matière d'immigration et maintient les programmes temporaires défaillants

Dans un communiqué de presse émis le 20 avril, le Réseau des droits des migrants indique que le budget 2021 du gouvernement fédéral « poursuit la trajectoire de migration temporaire du Canada, où la majorité des nouveaux arrivants chaque année sont titulaires d'un permis temporaire d'études, de travail ou de réfugié sans égalité de droits ou de services ».

On nous informe que 168,3 millions de dollars ont été mis de côté « pour payer la gestion et les retombées des flux d'immigration temporaires, et près d'un milliard de dollars pour l'application de mesures aux frontières plutôt que d'assurer un statut d'immigration entier et permanent pour tous ». Son annonce « d'un programme de garde d'enfants ne garantit pas à l'arrivée le statut de résident permanent aux dizaines de milliers de femmes migrantes à bas salaire et racialisées qui s'occupent d'enfants. Il n'y a pas de reprise sans égalité totale et cela nécessite un statut d'immigration à part entière et permanent pour tous et toutes ».

Et même si le gouvernement fédéral reconnaît que les migrants ont été responsables de 75 % de la croissance nette du PIB du Canada en 2019, il ne « garantit pas l'égalité des droits pour les migrants ».

Le budget « engage à nouveau le gouvernement fédéral à adopter des voies d'accès à la résidence permanente limitées dans le temps et d'exclusion » car le programme « exclut les migrants sans papiers, les réfugiés, les étudiants inscrits à des programmes de moins de deux ans, ceux qui sont actuellement au chômage, ceux qui sont sans autorisation de travail, ceux qui ne peuvent pas passer les examens d'aptitudes linguistiques et ceux qui oeuvrent dans de nombreuses industries essentielles ».

Quant à l'intention du gouvernement de proposer des modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés afin de conférer au ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté encore plus de pouvoirs pour déterminer qui devient résident permanent, l'organisation souligne qu'au cours de la dernière décennie, « un pouvoir incroyable a été centralisé entre les mains du ministre, ce qui a entraîné la prolifération de soi-disant programmes pilotes, créant de plus en plus de venues d'immigrants temporaires et de ‘voies' vers la résidence permanente auxquelles peu de gens peuvent accéder. Il est temps de réviser la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour garantir un statut de résident permanent pour tous les migrants, y compris à l'arrivée ».

La proposition budgétaire du gouvernement fédéral de 656,1 millions de dollars sur cinq ans et de 123,8 millions de dollars en cours à l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pour moderniser les frontières signifie que ces fonds « entraîneront probablement une augmentation de mesures en matière d'immigration, une plus grande intégration avec les services de contrôle frontalier américains, mais n'assurera pas une surveillance de l'ASFC ».

Un montant de 57,6 millions de dollars a été réservé pour prolonger le Soutien à l'isolement obligatoire pour le Programme des travailleurs étrangers temporaires afin d'aider les employeurs à compenser les coûts associés aux travailleurs étrangers temporaires qui satisfont aux exigences d'isolement à leur arrivée au Canada. Cependant, « depuis le début de la pandémie », souligne le Réseau des droits des migrants, « l'augmentation des subventions accordées aux employeurs n'a pas amélioré les conditions de quarantaine pour les travailleurs migrants ». Au lieu de cela, « les migrants ont besoin du statut de résident permanent pour accéder aux droits et les faire respecter ».

Même si 54,9 millions de dollars ont été alloués à Emploi et Développement social Canada et à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour accroître les inspections, ils « ne peuvent même pas partager les faits ou les résultats d'une inspection avec les travailleurs dont les plaintes ont déclenché ces inspections en premier lieu », et encore moins faire en sorte qu'« ils soient indemnisés en cas d'abus ».

Quant aux 6,3 millions de dollars mis de côté pour appuyer un traitement plus rapide et une meilleure prestation des émissions de permis de travail ouverts pour les travailleurs vulnérables, « la plupart des migrants ne peuvent pas demander ces permis en raison des procédures de demande onéreuses qui nécessitent l'accès à des conseils juridiques et à des documents. »

En ce qui concerne l'investissement proposé de 428,9 millions de dollars, avec 398,5 millions de dollars d'amortissement restant, pour développer et fournir une nouvelle plateforme numérique pour le processus d'immigration, le groupe de défense note : « Les problèmes du système d'immigration ne sont pas seulement une question de technologie. Le traitement des dossiers en suspens et les longs temps d'attente sont le résultat des nombreuses exigences injustes et impossibles auxquelles les migrants doivent satisfaire pour accéder à la résidence permanente. »

Quant au montant prévu de 49,5 millions de dollars pour aider les organisations communautaires à fournir des programmes et services aux travailleurs migrants, l'organisation écrit : « Ce financement vise à fournir des informations sur les droits aux migrants sans statut de résident permanent, ce que les groupes de migrants ont qualifié de ‘gaspillage de ressources'. Le problème, souligne-t-il, n'est pas que les migrants n'ont pas d'informations sur leurs droits, c'est qu'ils sont ou bien privés de ces droits ou incapables de faire valoir ceux qu'ils ont sans risquer d'être licenciés et expulsés, en raison de leur statut d'immigration temporaire. ».

(Source : Réseau des droits des migrants)


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 6 - 9 mai 2021

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