Les 100 premiers jours du président Joe Biden

Invoquer les droits humains pour cacher que les États-Unis commettent d'autres crimes contre l'humanité

À la veille du procès de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd, 1 000 personnes ont manifesté dans le centre-ville de Minneapolis, au Minnesota, avec un registre sur lequel était inscrit plus de 470 noms de personnes tuées par la police de Minneapolis, le 7 mars 2021.

Beaucoup de choses sont dites au sujet des 100 premiers jours de mandat du président américain Joe Biden. Des opinions diverses sont présentées sur ce qu'il a ou n'a pas accompli. Or, ce qui est important, c'est ce qui est caché, à savoir que, au nom des droits humains, de la démocratie, de l'environnement et de la paix, il commet des crimes contre l'humanité, tant aux États-Unis que dans le monde entier. En d'autres termes, sa mission consiste à perpétuer la fraude à grande échelle afin de protéger le pouvoir d'une petite élite en s'assurant que la majorité n'est pas en mesure présentement de prendre l'initiative et d'inverser la situation en sa faveur.

Au cours de ses 100 premiers jours, Joe Biden a dit soutenir la justice raciale, la démocratie, des mesures en faveur du climat et la paix. Ces affirmations sont une tromperie intentionnelle, ce qui constitue précisément une fraude. L'intention est de dissimuler les crimes qui continuent d'être commis par les États-Unis, tant aux États-Unis qu'à l'étranger, qu'il s'agisse de l'augmentation des crimes commis par la police ou des actions qui ciblent négativement les immigrants et les réfugiés, qui cherchent à perpétuer la guerre contre l'Afghanistan, qui attisent les tensions avec la Chine, la Corée, l'Iran et la Syrie, qui intensifient le blocus criminel pour faire tomber Cuba et plus encore.

La fraude est le moyen utilisé pour détourner les mouvements populaires de la réalisation de leurs propres objectifs, à savoir un contrôle et une responsabilité accrus et la garantie que les droits de toutes et tous seront protégés. La fraude est également le moyen utilisé pour amener tout le monde à accepter le président comme la source du changement et à s'en remettre à lui pour tout.

Le verdict de culpabilité de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd a été rendu le 20 avril. Il a été gagné en raison de la persistance du mouvement qui, partout aux États-Unis, réclame justice. L'élite dirigeante a été incapable de donner le moindre argument en faveur de l'acquittement de Derek Chauvin. Mais selon Joe Biden, c'est grâce au système judiciaire qu'il a été reconnu coupable. C'est de la fraude ! Joe Biden est intervenu avant et après la condamnation pour se donner une légitimité d'adversaire du racisme. Essayant de s'associer aux revendications du mouvement concernant la nécessité d'un changement significatif, il a mentionné la nécessité de s'attaquer « au racisme systémique et aux disparités raciales qui existent dans le maintien de l'ordre et plus largement dans notre système de justice pénale » et au « genou sur cou de la justice des Noirs américains ». Le président a ensuite demandé à tout le monde de s'en remettre à lui et à son département de la Justice pour une solution à ces problèmes. Pour montrer qu'il est sérieux, le lendemain de la condamnation, le département de la Justice a lancé une enquête sur le service de police de Minneapolis afin de déterminer s'il suit « un modèle ou des pratiques de maintien de l'ordre inconstitutionnels ou illégaux ». Il a également rappelé que le président a travaillé en étroite collaboration avec le procureur général du Minnesota dans le cadre de la poursuite de l'affaire Chauvin.

La réputation du département de la Justice ne laisse personne confus quant au rôle frauduleux qu'il joue. Partout aux États-Unis, les gens l'appellent le département de l'Injustice. Ni Joe Biden ni les médias qui perpétuent sa désinformation ne mentionnent, et cela délibérément, que la police aux États-Unis a tué au moins 64 civils depuis le début du procès Chauvin en mars. Les exemples les plus récents sont la mort aux mains de la police de Daunte Wright (20 ans), Adam Toledo (13 ans) et Ma'Khia Bryant (16 ans). Il y a un schéma établi de violence raciste de l'État et d'assassinats ciblant les Afro-Américains. Pourtant, selon l'administration Biden, c'est à ces forces mêmes qui sont responsables des crimes, au premier rang desquelles se trouve le département de l'Injustice, qu'il faut faire appel pour résoudre le problème.


Manifestation dans la banlieue de Minneapolis après la mort aux mains de la police Daunte Wright, le 14 avril 2021

Cet exemple, parmi tous les autres, illustre clairement la nature de la fraude : les personnes les plus responsables des crimes commis sont également celles qui ont le pouvoir de décider qui est coupable et qui est puni.

En ce qui concerne la responsabilité, Joe Biden répète l'absurdité que c'est une affaire de quelques « pommes pourries » : « La plupart des hommes et des femmes qui portent l'insigne servent honorablement leur communauté. » Pendant le procès Chauvin, le procureur général du Minnesota a donné le même argument. Ce n'est pas un procès de la police, c'est un procès de Derek Chauvin, a-t-il dit. « Ce n'est pas une poursuite antipolice, c'est une poursuite propolice. » C'est une référence directe aux centaines et aux milliers de personnes qui défendent les droits en exigeant un changement fondamental de la police elle-même.

Joe Biden a également choisi de ne pas parler du rapport publié le 27 avril 2021 par la Commission d'enquête internationale sur la violence policière et le racisme systémique aux États-Unis, qui conclut qu'il y a « une série continue de violations graves et attestées de façon fiable des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Les commissaires trouvent un modèle et une pratique de violence policière raciste aux États-Unis dans le contexte d'une histoire d'oppression remontant à l'extermination des peuples des Premières Nations, l'esclavage des Africains, la militarisation de la société américaine, et la perpétuation continue du racisme structurel. »

La commission a également indiqué des mesures concrètes que le président peut prendre, comme « des lois visant à désinvestir les ressources fédérales de l'incarcération et du maintien de l'ordre », la démilitarisation et la suppression de l'immunité dont bénéficient actuellement les policiers qui ont commis des crimes. Elle demande aux pouvoirs exécutif et législatif des États-Unis de « reconnaître que la traite transatlantique des Africains, l'esclavage, la colonisation et le colonialisme étaient des crimes contre l'humanité » qui nécessitent des réparations, notamment « des excuses officielles, des initiatives en matière de santé, des possibilités d'éducation, un programme de connaissance de l'Afrique, une réhabilitation psychologique, un transfert de technologie, un soutien financier et une annulation de la dette ».

Joe Biden n'a reconnu ni le rapport ni ses recommandations. Au lieu de cela, il parle du « travail que nous faisons chaque jour pour changer les coeurs et les esprits ». C'est la même justification vide de sens donnée pour défendre l'occupation criminelle de l'Afghanistan par les États-Unis. Il fait tout pour cibler les actions larges et persistantes qui réclament la justice et exigent que le peuple décide de questions telles que le maintien de l'ordre, le crime et la punition, la guerre et la paix, en disant que les manifestations « pacifiques » sont acceptables mais qu'il faut interdire aux « agitateurs et extrémistes » violents d'atteindre leurs fins.

Cela met en évidence un problème auquel la présidence Biden est confrontée, à savoir que les arguments donnés pour justifier l'injustifiable sont très faibles, n'ont aucune substance. Le monde entier a été et continue d'être témoin, pratiquement tous les jours, de la violence et de la brutalité débridées utilisées par les services de police à tous les niveaux contre les manifestations dans les différentes villes du pays, tandis que les forces de police fédérales décident de ce qui est et n'est pas « violent ». Des millions de personnes soutiennent les manifestations, mais ce qu'il faut en penser et comment les juger n'est pas entre leurs mains. La campagne délibérée de désinformation au sujet des agressions racistes contre les Noirs, les Hispaniques et les Asiatiques et le mensonge que le président est préoccupé et fait quelque chose à ce sujet constituent une fraude.

Joe Biden reste également silencieux sur le fait que 34 États ont déposé 81 projets de loi antimanifestation au cours de la session législative de 2021, soit deux fois plus que pour toutes les années précédentes. En Floride, un tel projet de loi a été adopté. Il criminalise les manifestations qui entravent la circulation, fait de la dégradation de monuments un crime, bloque la mise en liberté sous caution et fait de « l'intimidation collective » un crime. L'« intimidation collective » est définie comme le fait que trois personnes ou plus agissent dans l'intention de forcer une autre personne à adopter leur point de vue.

Systématiquement, du gouvernement fédéral jusqu' aux plus bas échelons, la résistance est criminalisée tandis que les personnes les plus responsables des crimes sont protégées et se voient confier le pouvoir de juger ces crimes et de décider ce qu'il convient de faire. C'est précisément cette question de savoir qui décide et définit des enjeux comme la sécurité et le maintien de l'ordre qui sont soulevés par les grandes manifestations de masse. La persistance du mouvement populaire pour les droits et la justice monte que le peuple continuera de compter sur ses propres forces et non sur la fraude de la présidence Biden qui insiste pour dire que la sauvegarde de l'ordre constitutionnel américain est la voie à suivre.


Manifestation de Chicago, Illinois, pour exiger le retrait des États-Unis d'Haïti, le 15 mars 2021

Un autre exemple de la fraude perpétrée par la présidence Biden porte les questions touchant à la migration et aux réfugiés. Le président a déclaré que les États-Unis intervenaient de manière humanitaire à la frontière avec le Mexique et au Guatemala, au Honduras et au Salvador. Cependant, les conditions sur le terrain montrent que non seulement il poursuit la même politique que l'administration précédente, mais les expulsions, déjà très nombreuses, ont augmenté, non seulement vers ces pays mais également vers Haïti. Les services de l'immigration et des douanes et les patrouilles frontalières continuent d'imposer des conditions brutales et illégales aux milliers d'enfants qui se trouvent à la frontière et également au grand nombre de personnes qui demandent l'asile.

On affirme qu'une augmentation de l'intervention américaine dans ces pays permettra de s'attaquer aux « causes profondes » de l'immigration. Ces interventions consistent notamment à contourner les représentants du gouvernement pour établir des relations directes avec « la société civile, les organisations de défense des intérêts sociaux, le secteur privé et les médias ». Elles comprennent des financements de diverses natures qui sont utilisés depuis longtemps pour perturber et détruire l'économie et la gouvernance de ces pays dans un but d'intégration à la machine de guerre américaine. Par exemple, 125 millions de dollars ont été versés par l'USAID, notoirement connue pour ruiner l'économie de de pays étrangers, et 104 millions de dollars sont allés à la « protection » des populations de la région. Une partie de l'« aide humanitaire » provient également du Pentagone, qui fournira 26 millions de dollars « pour accroître ses activités de partenariat dans la région » – ce qui signifie intégrer davantage les forces armées de ces pays sous commandement américain tout en militarisant plus largement la vie. Le département de l'Agriculture fournira 25 millions de dollars pour « renforcer le secteur agricole guatémaltèque et faciliter l'accès au financement » et 30 millions de dollars pour « élargir l'accès des écoliers aux repas quotidiens et aux activités d'alphabétisation ».

La longue histoire de ce type d'intervention américaine est responsable de la ruine de l'économie de ces pays, de la fomentation de coups d'État et d'agressions et du soutien à des régimes corrompus. La fraude consiste à prétendre que ces fonds sont destinés à des fins humanitaires et non à l'intégration et au contrôle accrus des peuples d'Amérique centrale afin de saper leur résistance, notamment leurs efforts conjoints avec le peuple des États-Unis pour mettre fin à toute ingérence de ce type et établir des relations de soutien et d'avantage réciproque.


La manifestation du Premier Mai 2021 à Washington, comme dans d'autres villes, portait sur les droits des immigrants et des personnes sans statut.

Les questions d'immigration sont également liées aux plans de guerre des États-Unis. Le contrôle accru du Mexique et du Canada et leur intégration à l'Amérique du Nord des impérialistes américains s'étendent également aux pays d'Amérique centrale et des Caraïbes.

Le président Biden a choisi l'anniversaire du 11 septembre à l'automne pour retirer les troupes américaines d'Afghanistan. Dans son discours devant le Congrès le 28 avril, il a déclaré : « Nous sommes allés en Afghanistan pour trouver les terroristes qui nous ont attaqués le 11 septembre », ce qui ne clarifie en rien les raisons pour lesquelles les États-Unis ont envahi l'Afghanistan ni la situation aux États-Unis ou en Afghanistan depuis l'invasion. Il se contente de dire, de façon peu convaincante, que les États-Unis « resteront vigilants face à la menace des groupes terroristes qui se sont métastasés dans le monde entier. Nous conserverons la capacité de supprimer les futures menaces qui pèsent sur le pays. Nous devons rester vigilants face aux menaces qui pèsent sur les États-Unis, d'où qu'elles viennent. Nous continuerons de surveiller et de perturber toute menaces qui pèsent sur les États-Unis en provenance de l'Afghanistan. » Il cite spécifiquement les menaces qui sont « au Yémen, en Syrie, en Somalie, dans d'autres endroits en Afrique, au Moyen-Orient et au-delà ».

L'anniversaire du 11 septembre est invoqué pour gagner « les coeurs et les esprits » du peuple et cacher le fait que la guerre des États-Unis contre l'Afghanistan est une guerre d'agression criminelle. Également, alors que Joe Biden affirme que les troupes seront retirées, on ne sait rien des au moins 18 000 contracteurs militaires privés du Pentagone présents dans ce pays. Personne ne sera tenu responsable de la punition collective du peuple afghan pour un crime qu'il n'a pas commis, du génocide généralisé et continu et de l'ingérence des États-Unis.

La revendication du mouvement antiguerre aux États-Unis est que toutes les troupes américaines à l'étranger soient ramenées au pays et que les bases militaires soient démantelées, ce qui constitue une étape essentielle pour sauvegarder la paix dans le monde. Mais pour Joe Biden, l'agression et les interventions américaines de toutes sortes sont un moyen de se positionner pour gagner « notre compétition avec le reste du monde pour gagner le XXIe siècle » et d'avoir « une Union plus parfaite. Plus prospère. Plus juste. Comme un seul peuple. Une nation. Une Amérique ».

Comme le peuple et ses revendications l'ont clairement montré, il y a deux Amériques qui se disputent l'avenir. L'une, représentée par Biden, est l'Amérique qui commet des crimes innombrables pour maintenir les rapports sociaux existants qui assurent que les riches restent au pouvoir et que l'État est structuré pour maintenir la guerre, l'inégalité et l'injustice. L'autre Amérique est celle des peuples qui luttent pour faire naître de nouvelles relations et structures qui favorisent leurs intérêts, qui protègent et garantissent leurs droits au pays et ceux des peuples de tous les pays à l'étranger.

Limiter les luttes menées par les peuples aux limites dictées par les auteurs des crimes contre eux ne fait pas partie de l'équation des peuples. Leurs luttes ne doivent pas être limitées en se joignant à la préservation de l'ordre constitutionnel existant qui garantit davantage de crimes contre l'humanité. Ils doivent s'unir pour former une seule humanité, avec une seule lutte pour le droit des peuples de se gouverner et de décider, pour des relations internationales de respect mutuel et d'avantage réciproque.

Le Nouveau rejette la fraude que commet l'Ancien, la fraude de la démocratie à l'américaine et la nécessité de mesures de guerre pour protéger les États-Unis en tant que nation indispensable qui s'oppose à l'autocratie et protège la liberté. Le mouvement du peuple continue d'exiger le pouvoir de décision par et pour les peuples.

Joe Biden devient le porte-parole de la fraude quand il déclare : « Notre Constitution s'ouvre sur les mots ‘Nous, le peuple'. Il est temps que nous nous rappelions que le gouvernement, c'est nous, le peuple. »

Dans tous les États-Unis, le peuple se lève et donne sa réponse : Nous, le peuple, c'est nous, la majorité, nous, les sans-propriété, nous qui persisterons à nous battre pour un avenir où nous déciderons.

(Photos : VOR, Daviss, Shawn in Arizona, T.P. Quang, Black Alliance for Peace, Cosecha NY, NAKASEC)


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 6 - 9 mai 2021

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