Le Canada refuse de remettre en question ses pratiques d'immigration discriminatoires
- Steve Rutchinski -
Les « voies » temporaires vers
l'immigration pour les travailleurs migrants et
les étudiants annoncées par le ministre de
l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
Marco Mendicino le 14 avril constituent un refus
de la part du gouvernement du Canada de mettre fin
à ses pratiques d'immigration discriminatoires.
Sous l'impulsion du travail des organisations de
défense des droits des migrants, les Canadiens ont
réclamé des changements et un renouveau
significatifs des pratiques d'immigration du
Canada, mais le gouvernement a ignoré ces appels
d'accorder un statut à tous et toutes.
Plus de 450 organisations de travailleurs et pour
la justice sociale ont plus tôt cette année appelé
le ministre et le premier ministre à mettre en
oeuvre un système d'immigration à un seul palier,
marqué par l'égalité et les droits pour tous, où
tous les travailleurs migrants, étudiants,
réfugiés et sans papiers au pays se voient
accorder un statut d'immigration à part entière
sans exception.
Les « voies vers l'immigration » de Marco
Mendicino évitent toute réforme sérieuse reposant
sur la reconnaissance des droits de tous et
toutes.
Les libéraux de Justin Trudeau n'hésitent pas à
dire que la pandémie a révélé les inégalités dans
notre société. C'est clairement le cas avec 850
000 permis temporaires d'études et de travail
délivrés au Canada chaque année à des personnes
dont la contribution au Canada est qualifiée d'«
essentielle ». Pourtant, les pratiques
d'immigration du Canada empêchent la grande
majorité d'atteindre le statut d'immigration à
part entière en tant qu'immigrants reçus.
Mais maintenant, lorsque la pandémie perturbe les
objectifs d'immigration fixés en fonction des
intérêts intéressés des riches, le ministre
Mendicino annonce avec un grand sourire que « nous
voulons que vous restiez ». Sans aucune honte, le
ministre déclare que de mai à novembre de cette
année, le Canada ouvre 90 000 places de résidence
permanente aux travailleurs migrants et aux
étudiants qui vivent et travaillent actuellement
ici; 20 000 pour les travailleurs étrangers
temporaires du secteur de la santé; 30 000 pour
les personnes exerçant d'autres professions
essentielles sélectionnées et les 40 000 autres
pour les étudiants internationaux diplômés d'une
institution canadienne.
Tout ce qui
concerne cette « voie vers l'immigration » est
discriminatoire, un simple relâchement temporaire
des pratiques migratoires discriminatoires du
Canada. Ce n'est que pour cette année. Les
travailleurs migrants et les étudiants qui
arrivent l'année prochaine ou l'année suivante
pour effectuer les mêmes tâches essentielles et
étudier, n'auront pas cette chance.
« La voie vers l'immigration » exclut des
dizaines de milliers de résidents sans papiers qui
sont employés ouvertement par le biais de ce
système corrompu dans les soins de santé et
d'autres professions essentielles, mais sans aucun
droit.
Plusieurs de ceux qui travaillent dans
l'agriculture, la production alimentaire, la
construction et d'autres secteurs essentiels n'ont
aucune chance parce qu'ils ne satisfont pas aux
exigences de compétence en « langue officielle ».
D'autres ne postuleront pas parce que la
définition limitée des membres de la famille
qu'ils peuvent parrainer exclut leurs parents et
les autres membres de la famille qu'ils
soutiennent dans leur pays d'origine par le biais
des programmes de travail temporaire ici.
C'est une honte. Les Canadiens ont des normes
d'égalité et de droits humains plus élevées que
cela ! Le Canada doit renouveler ses pratiques
d'immigration sur la base de l'affirmation des
droits de tous et toutes, de manière égale, sans
aucune discrimination.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 6 - 9 mai 2021
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