Le Canada refuse de remettre en question ses pratiques d'immigration discriminatoires

Les « voies » temporaires vers l'immigration pour les travailleurs migrants et les étudiants annoncées par le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Marco Mendicino le 14 avril constituent un refus de la part du gouvernement du Canada de mettre fin à ses pratiques d'immigration discriminatoires. Sous l'impulsion du travail des organisations de défense des droits des migrants, les Canadiens ont réclamé des changements et un renouveau significatifs des pratiques d'immigration du Canada, mais le gouvernement a ignoré ces appels d'accorder un statut à tous et toutes.

Plus de 450 organisations de travailleurs et pour la justice sociale ont plus tôt cette année appelé le ministre et le premier ministre à mettre en oeuvre un système d'immigration à un seul palier, marqué par l'égalité et les droits pour tous, où tous les travailleurs migrants, étudiants, réfugiés et sans papiers au pays se voient accorder un statut d'immigration à part entière sans exception.

Les « voies vers l'immigration » de Marco Mendicino évitent toute réforme sérieuse reposant sur la reconnaissance des droits de tous et toutes.

Les libéraux de Justin Trudeau n'hésitent pas à dire que la pandémie a révélé les inégalités dans notre société. C'est clairement le cas avec 850 000 permis temporaires d'études et de travail délivrés au Canada chaque année à des personnes dont la contribution au Canada est qualifiée d'« essentielle ». Pourtant, les pratiques d'immigration du Canada empêchent la grande majorité d'atteindre le statut d'immigration à part entière en tant qu'immigrants reçus.

Mais maintenant, lorsque la pandémie perturbe les objectifs d'immigration fixés en fonction des intérêts intéressés des riches, le ministre Mendicino annonce avec un grand sourire que « nous voulons que vous restiez ». Sans aucune honte, le ministre déclare que de mai à novembre de cette année, le Canada ouvre 90 000 places de résidence permanente aux travailleurs migrants et aux étudiants qui vivent et travaillent actuellement ici; 20 000 pour les travailleurs étrangers temporaires du secteur de la santé; 30 000 pour les personnes exerçant d'autres professions essentielles sélectionnées et les 40 000 autres pour les étudiants internationaux diplômés d'une institution canadienne.

Tout ce qui concerne cette « voie vers l'immigration » est discriminatoire, un simple relâchement temporaire des pratiques migratoires discriminatoires du Canada. Ce n'est que pour cette année. Les travailleurs migrants et les étudiants qui arrivent l'année prochaine ou l'année suivante pour effectuer les mêmes tâches essentielles et étudier, n'auront pas cette chance.

« La voie vers l'immigration » exclut des dizaines de milliers de résidents sans papiers qui sont employés ouvertement par le biais de ce système corrompu dans les soins de santé et d'autres professions essentielles, mais sans aucun droit.

Plusieurs de ceux qui travaillent dans l'agriculture, la production alimentaire, la construction et d'autres secteurs essentiels n'ont aucune chance parce qu'ils ne satisfont pas aux exigences de compétence en « langue officielle ». D'autres ne postuleront pas parce que la définition limitée des membres de la famille qu'ils peuvent parrainer exclut leurs parents et les autres membres de la famille qu'ils soutiennent dans leur pays d'origine par le biais des programmes de travail temporaire ici.

C'est une honte. Les Canadiens ont des normes d'égalité et de droits humains plus élevées que cela ! Le Canada doit renouveler ses pratiques d'immigration sur la base de l'affirmation des droits de tous et toutes, de manière égale, sans aucune discrimination.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 6 - 9 mai 2021

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