Les programmes d'assurance-médicaments de COVID-19 pour payer les riches
Rassemblement à Washington le 19 avril 2021
Le cartel mondial Pfizer/BioNTech/Fosun a réalisé
des milliards de dollars de bénéfices avec les
programmes d'assurance-médicaments de divers
gouvernements pendant la pandémie de COVID-19. Le
cartel composé de Pfizer (États-Unis), BioNTech
(Allemagne) et Fosun International (Chine) déclare
des milliards de dollars de revenus bruts réels et
potentiels du vaccin Pfizer pour la COVID-19. Le
vaccin est le produit d'une entreprise conjointe
de développement, de production et de distribution
de ces trois monopoles[1].
Les gouvernements ont recours à une forme
d'assurance-médicaments pour administrer le vaccin
à leur population sans frais pour les
particuliers. Par exxemple, le gouvernement du
Canada a conclu des contrats avec le cartel Pfizer
pour la livraison de millions de doses de vaccin à
des prix par dose non précisés mais qui
varieraient entre 20 et 30 dollars.
Le cartel Pfizer/BioNTech/Fosun a annoncé un plan
appelé Projet Lightspeed pour produire un vaccin
pour la COVID-19 et le distribuer à l'échelle
mondiale à la mi-janvier 2020. C'était quelques
jours seulement après que la séquence génétique du
SRAS-Cov-2 ait été rendue publique pour la
première fois et près de deux mois avant que
l'Organisation mondiale de la santé ne déclare la
pandémie.
Les ventes directes du vaccin contre la COVID-19
par le cartel Pfizer aux gouvernements par le
biais de programmes d'assurance-médicaments conçus
pour payer les riches représentent 98 % des 2,5
milliards de doses que Pfizer/BioNTech produiront
cette année. Le cartel s'est engagé à ne fournir
que 40 millions de doses, soit 2 % de sa
production, à Covax, un partenariat multilatéral
visant à fournir des vaccins aux pays pauvres.
Clare Wenham, experte en politique de santé à la
London School of Economics, dénonce ce montant
comme étant « une goutte d'eau dans l'océan » par
rapport aux besoins urgents.
Le cas du cartel mondial Pfizer/BioNTech/Fosun
La section Pfizer du cartel a déclaré un revenu
brut de 3,5 milliards de dollars de la vente du
vaccin pour la COVID-19 au cours des trois
premiers mois de 2021. Pfizer s'attend à ce que
son revenu brut provenant du vaccin pour cette
seule année atteigne 26 milliards de dollars.
C'est en plus des centaines de millions de dollars
de revenus réalisés en 2020 quand les
gouvernements ont commencé à commander le vaccin.
Selon Pfizer, la marge de profit des ventes du
vaccin COVID-19 devrait représenter environ 20 %
de son revenu brut.
L'expropriation
déclarée par Pfizer de la valeur ajoutée (profit)
de son revenu brut total réalisé sur toutes ses
ventes en 2020 était de 9,6 milliards de dollars
sur un revenu brut de 41,908 milliards de dollars.
Cela montre à quel point les soins de santé sont
devenus rentables pour les cartels partout dans le
monde, surtout lorsqu'ils sont couplés à une forme
d'assurance-médicaments conçue comme un stratagème
pour payer les riches. En plus de ce profit privé
pour les propriétaires mondiaux, le PDG de Pfizer
a reçu 21 millions de dollars en « salaire » pour
2020.
La section BioNTech du cartel a des commandes
fermes pour 11,8 milliards de dollars pour le
vaccin à ce jour, principalement grâce aux
programmes d'assurance-médicaments des
gouvernements européens couvrant la COVID-19. À
elle seule, l'Union européenne a initialement
accepté d'acheter 1,8 milliard de doses Pfizer,
sans en divulguer le prix. Fosun affirme avoir des
commandes pour 100 millions de doses en Chine. Le
cartel Pfizer prévoit produire et vendre des
milliards de doses du vaccin COVID-19 rien qu'en
2021 et poursuivre dans les années à venir avec
des « injections de rappel », notamment une
version modifiée qui ne nécessite qu'une
réfrigération normale et non une congélation à
très basse température comme pour le vaccin
actuel.
Les droits de propriété intellectuelle dans un
système
démocratique libéral
Les oligarques qui contrôlent les grandes
sociétés pharmaceutiques s'opposent à ce que le
matériel intellectuel lié au développement du
vaccin à ARNm COVID-19 soit connu du public et
puisse ainsi être reproduit dans le monde entier
pour le bénéfice de l'humanité entière. Ils
insistent pour dire que le matériel intellectuel
de l'ARNm est leur propriété privée, qu'il est
issu du cerveau de leurs scientifiques et qu'en
conséquence il devrait être utilisé pour profiter
aux propriétaires du cartel, puisqu'ils ont payé
pour la recherche nécessaire au développement du
vaccin.
Manifestation à Cambridge, Angleterre,
le 11 mars 2021
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Dans la situation actuelle et dans le monde
moderne, considérer les progrès de la science
comme une propriété privée plutôt que la propriété
publique précieuse de toute l'humanité est non
seulement rétrograde, c'est aussi intenable. Les
propagandistes de l'impérialisme déclarent que le
droit de propriété est le fondement de la vie
elle-même, mais il s'avère que c'est le
contraire – leur système démocratique dit
libéral, qui veille à ce que les intérêts privés
étroits prospèrent, est le pourvoyeur de la mort
et de la destruction dans le monde entier.
Le cartel Pfizer s'oppose à tout affaiblissement
de sa propriété privée du matériel intellectuel
qui est selon lui le produit de ses chercheurs,
car cela aurait un impact négatif sur son objectif
de faire un profit maximum. Dans un article du New
York Times, Rebecca Robbins et Peter S.
Goodman soulignent l'hypocrisie de ce point de
vue. BioNTech, le partenaire de Pfizer dans le
cartel, écrivent-ils, « a reçu un soutien
substantiel du gouvernement allemand pour
développer leur vaccin commun. Et la recherche
financée par le contribuable a aidé les deux
entreprises : les National Institutes of Health
(des États-Unis) ont breveté une technologie qui a
contribué à rendre possibles les vaccins à ARN
messager. BioNTech a conclu un accord de licence
avec eux et Pfizer s'appuie sur cette licence[2]. »
L'idée qu'en 2021 un individu ou un groupe peut
faire une innovation ou une invention qui ne
nécessite pas le matériel intellectuel accumulé au
cours des âges et la participation collective des
êtres humains et des ressources de la société est
irrationnelle. Dans le monde d'aujourd'hui, les
développements scientifiques sont sociaux, tout
comme le sont l'économie et la vie en général. La
propriété privée des idées ou du matériel
intellectuel est en contradiction avec la réalité
de la vie sociale moderne. Aucune invention ou
aucun développement récent dans les domaines de la
médecine, de l'informatique, de la numérisation,
de la robotique ou de l'intelligence artificielle
n'aurait été possible il y a un siècle, et encore
moins à l'époque de la petite production paysanne.
Les développements scientifiques d'aujourd'hui
sont le résultat de l'éducation publique de masse
et du matériel intellectuel accumulé au cours des
âges, en particulier depuis que la science a
commencé à prendre une forme théorique publique
solide et cohérente à la fin du XVIIIe siècle et a
laissé derrière elle pour toujours son caractère
empirique dominant antérieur.
Dans tout le
battage médiatique autour des vaccins comme
solution miracle pour vaincre la pandémie de
COVID-19, on a perdu de vue les possibilités
d'éradiquer ou d'isoler le virus, non seulement
par une intervention pharmaceutique, mais
également par des mesures pour contrer sa
propagation, en particulier auprès des plus
vulnérables dans le monde.
La condition de la propagation mondiale du virus
est le système impérialiste d'États et sa
mondialisation néolibérale, à quoi s'ajoutent
trente années de destruction néolibérale
antisociale de la société, de ses programmes
sociaux et de ses normes par les oligarques au
pouvoir. La pandémie montre à quel point cette
situation est devenue intenable et ne peut être
résolue que par la création d'entreprises
publiques centrées sur l'être humain, capables
d'assurer la recherche, le développement et la
distribution des produits pharmaceutiques dont la
population a besoin. Cette approche moderne
éliminerait la recherche d'un profit privé maximal
pour les remèdes et les vaccins, qui bloque
actuellement la distribution massive de vaccins
pour lutter contre le COVID-19. Tant que cette
question sera entre les mains des cartels
impérialistes, le monde ne pourra pas être
sécurisé.
La mondialisation s'est faite à la vitesse de
l'éclair pour servir les cartels et leur soif du
profit maximum. Mais les conséquences de leurs
actions échappent à leur contrôle. La lutte pour
les vies est la lutte pour les droits et c'est
l'alternative à ce que font les gouvernements au
service des riches avec leurs stratagèmes pour
payer les riches et leur offensive antisociale.
Manifestation à Boston, au Massachusetts, le 11
mars 2021
Notes
1. Pfizer
Inc. est un cartel mondial américain
dont le siège est à New York. Elle développe
et produit des médicaments et des vaccins pour
l'immunologie, l'oncologie, la cardiologie,
l'endocrinologie et la neurologie. En 2020,
l'entreprise avait sept médicaments ou
produits qui ont chacun réalisé plus d'un
milliard de dollars de revenu brut. Pfizer a
déclaré un revenu brut total de 41,908
milliards de dollars pour 2020 et la propriété
privée d'actifs évalués à 178,983 milliards de
dollars. En 2020, l'entreprise a acheté la
capacité de travail de 78 500 travailleurs,
dont 29 400 aux États-Unis.
BioNTech SE est une
société allemande de biotechnologie qui
développe et fabrique des immunothérapies
actives pour des approches spécifiques aux
patients dans le traitement des maladies. Elle
a déclaré un revenu brut de 121,5 millions
d'euros en 2019 avec une propriété privée
d'actifs évalués à 797,7 millions d'euros.
Elle a acheté la capacité de travail de 1 323
travailleurs en 2019.
Fosun International Limited
est un cartel mondial chinois dont le siège
social est à Shanghai. Le cartel a des
opérations dans 16 pays engagés dans chaque
secteur de l'économie socialisée moderne, y
compris le divertissement en tant que
propriétaire majoritaire et opérateur du
Cirque du Soleil. Fosun a eu un revenu brut
déclaré de 20,7 milliards de dollars en 2019
avec une propriété privée totale d'actifs
évalués à 102,6 milliards de dollars. Elle a
acheté la capacité de travail de 71 000
travailleurs. (Wikipedia)
2. Les National Institutes of
Health (NIH) sont la principale agence du
gouvernement des États-Unis responsable de la
recherche biomédicale et de la santé publique.
Ils ont été fondés à la fin des années 1880 et
font maintenant partie du département
américain de la santé et des services sociaux.
Les NIH mènent leurs propres recherches
scientifiques par le biais de leur programme
de recherche intramuros et fournissent des
fonds importants pour la recherche biomédicale
à des installations de recherche privées non
membres par le biais de son programme de
recherche extramuros.
En 2013, le programme de
recherche intramuros comptait 1 200 chercheurs
principaux et plus de 4 000 boursiers
postdoctoraux en recherche fondamentale,
translationnelle et clinique, étant ainsi la
plus grande institution de recherche
biomédicale au monde. La recherche
translationnelle comprend deux
domaines de traduction des principes
scientifiques en applications concrètes. Le
premier est le processus d'application des
découvertes générées par la recherche en
laboratoire et les études précliniques au
développement d'essais et d'études sur
l'humain.
En 2003, la branche extramuros
des NIH fournissait 28 % du financement de la
recherche biomédicale dépensé annuellement aux
États-Unis, soit environ 26,4 milliards de
dollars. (Wikipédia)
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 6 - 9 mai 2021
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2021/Articles/L510062.HTM
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