Numéro 29 - 2 mai 2020
L'absence de redevabilité du système
de gouvernement de partis cartellisés
Le guide à l'action du
PCC(M-L) : Pour nous la responsabilité
commence chez soi
- Pauline Easton -
• Les
«séances de responsabilisation» du parlement
virtuel
• Le
parlement «administratif» n'est pas plus
responsable envers
le peuple que le parlement «normal»
À titre d'information
• Résolution du VIIIe
Congrès du PCC(M-L) sur la responsabilité
commence chez soi
La nécessité d'établir une
nouvelle direction pour l'économie!
• Disons
non! au «retour à la normale» dans le secteur de
l'énergie
- K.C. Adams -
• Le
Fonds de nettoyage de puits orphelins est un
autre gigantesque stratagème pour payer les
riches
- Dougal MacDonald -
Justice pour les
travailleurs migrants
• Les
organisations de défense exigent
la protection de tous les travailleurs agricoles
• La
situation actuelle chez Cargill à High River, en
Alberta
• Essentiels
mais sacrifiables – les travailleurs agricoles
migrants
en cette période de la COVID-19
• Les
travailleurs étrangers temporaires méritent la
résidence
permanente, pas des menaces!
- Diane Johnston -
• La
COVID-19 et les travailleurs étrangers
temporaires au Canada
L'éducation est un droit
• La
nécessité d'affirmer l'éducation en tant que
droit
dans les conditions d'aujourd'hui
- Laura Chesnik -
Le déconfinement du Québec
• Aucun
retour à la normale sans que les nouvelles
normes
démocratiques que nous affirmons ne soient
respectées!
- Pierre Soublière -
• Les
gouvernements ne peuvent se soustraire à leur
responsabilité
sous le prétexte du choix
- Linda Sullivan -
États-Unis
• De
nouvelles interdictions à l'immigration sous
prétexte de pandémie
• Le
Service de contrôle de l'immigration et des
douanes crée des conditions favorables à
l'éclosion dans les centres de détention
Mise à jour sur la COVID-19
• La
pandémie mondiale la semaine se terminant le 2
mai
L'absence de redevabilité du
système de gouvernement de partis cartellisés
- Pauline Easton -
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) est guidé par la
devise : Pour nous la responsabilité commence
chez soi. Ce n'est pas le stratagème de propagande
du politicien qui dit à ses électeurs : «
Faites-moi confiance, je tiendrai mes
promesses ». Non, c'est avant tout un
engagement pris par le PCC(M-L) et par tous ses
membres d'être responsables envers leurs pairs de
sorte que non seulement ils soient responsables
envers la société mais aussi que la société soit
responsable envers ses membres.
Le système
actuel fondé sur la devise : « Faites-moi
confiance, je tiendrai mes promesses »
présente plusieurs problèmes en plus de celui que
ce n'est pas vrai, le premier étant qu'il s'agit
d'un système électoral qui prive l'électorat de
son droit de vote. Cela signifie que les électeurs
n'ont aucun contrôle sur ceux qu'ils élisent pour
les représenter. Tous ceux qui disent « Faites-moi
confiance » ne sont pas nécessairement de
mauvaise foi ou malintentionnés. Beaucoup le
croient très sincèrement lorsque, par naïveté
peut-être, ils se joignent à un parti politique
établi et demandent aux électeurs de voter pour
eux. Mais lorsqu'ils sont élus et constatent qu'il
n'est pas possible de faire adopter des lois bien
intentionnées, ils ont toutes les raisons de
conclure que le processus politique est la source
du problème et a besoin de changements
fondamentaux. Le PCC(M-L) fait donc appel à ces
personnes, et surtout aux travailleurs qui ne
voient pas d'alternative, ainsi qu'à tous les
Canadiens et toutes les Canadiennes, pour qu'ils
examinent cette question en profondeur et
discutent de ce problème.
Au départ, la notion même de promesses
électorales est tout à fait inacceptable, que la
chose promise soit bonne ou mauvaise, parce
qu'elle présuppose un processus électoral qui
prive les électeurs de leur droit de vote en leur
demandant de remettre le mandat de gouverner entre
les mains de représentants sur lesquels ils n'ont
aucun contrôle. Par ailleurs, cela perpétue
l'illusion que les députés peuvent représenter ce
qu'ils veulent au parlement. Dans un système où
seuls les partis politiques sont habilités à se
faire porter au pouvoir et où les gouvernements
sont formés par le parti qui remporte la majorité
des sièges, c'est le programme du parti qui forme
le cabinet qui est adopté par le parlement. Dans
une situation minoritaire, comme c'est le cas du
gouvernement actuel, il y a beaucoup de
marchandage qui se fait dans les coulisses, mais
cela ne change pas le fait que ces partis forment
un cartel au service de ceux qui les ont portés au
pouvoir - les intérêts financiers les plus
puissants. Jamais depuis que les élections
existent au Canada, un gouvernement n'a appliqué
autre chose que le programme des intérêts
financiers qui l'ont porté au pouvoir.
Le problème est que, même si tous les Canadiens
et Canadiennes savent que les élections fondées
sur le « faites-moi confiance » sont une
fraude, l'illusion persiste que les élections
permettent de tenir le parti au pouvoir
responsable de ses actes : s'il ne fait pas
ce qu'il a promis, il peut être remplacé par un
autre parti à la prochaine élection. Bon nombre de
ceux qui voudraient que la situation change se
laissent berner par ceux qui disent : « Cette
fois-ci c'est différent. Je vais réellement tenir
mes promesses. »
C'est pourquoi la devise du PCC(M-L) est si
importante et tous ceux qui veulent sincèrement
être efficaces devraient l'examiner sérieusement.
En quoi cette devise est-elle différente des
autres ? Qu'est-ce que cela veut dire en
pratique ? Si ce n'est pas un stratagème de
propagande, comme le dit le PCC(M-L), qu'est-ce
que c'est ?
C'est un guide à l'action que se donnent le
PCC(M-L) et tous ses membres. Cette devise
signifie que le PCC(M-L) est lui-même un mécanisme
de responsabilisation. Elle dit aux citoyens que
pour se donner les moyens d'exercer le pouvoir,
ils ne doivent pas laisser le domaine important de
la politique à d'autres qu'eux-mêmes.
L'idée que la politique est le domaine des «
politiciens » est un mécanisme pour écarter
les citoyens de l'exercice du pouvoir. La
politique prend ici un sens tordu. On crée
l'impression que pour devenir politicien il faut
être fin parleur, de préférence être avocat,
comptable ou magouilleur professionnel à l'emploi
de firmes-conseils ou d'institutions financières.
Il serait également nécessaire d'avoir beaucoup
d'argent ou avoir accès à beaucoup d'argent. Ceux
qui ne sont pas indépendants de fortune doivent
donc avoir de très bonnes relations avec ceux qui
le sont - que ce soit le parti politique au nom
duquel ils se présentent ou des liens avec les
grandes entreprises.
Cette conception de la politique et des
politiciens engendre le mépris et constitue un
mécanisme qui maintient les gens à l'écart de la
politique, de sorte qu'ils abandonnent la
politique à ces politiciens. Le problème est si
grave qu'on a l'impression de ne rien pouvoir y
faire. Le monde est ainsi fait et on ne peut rien
y changer.
C'est
pourtant faux. Ce n'est pas cela la politique. La
politique comprend tout ce qui concerne la
structure politique de la société. Une société ne
peut exister sans ces structures parce qu'il lui
faut des leviers de gouvernance. Les structures
politiques sont en quelque sorte le ciment qui lie
la société en un tout. On juge d'une société par
les principes qui régissent le fonctionnement de
ces leviers de gouvernement, car ils nous disent
qui contrôle le pouvoir décisionnel et, par
conséquent, quel genre de société il s'agit.
Aujourd'hui tous les êtres humains naissent dans
la société et appartiennent à la société. Ils
dépendent de cette société pour leur existence.
Cela comprend plusieurs aspects, comme la façon
dont chacun gagne sa vie et comment chacun vit sa
vie. En d'autres mots, cela concerne le bien-être
économique de chacun, sa santé, son éducation et
sa participation à la vie sociale et culturelle.
Cela signifie que, tout comme chaque être humain a
droit à la vie, il a également le droit de
gouverner la société qui détermine le genre de vie
qu'il a et qu'il aura. Tel est le domaine de la
politique.
Le droit de participer à la gouvernance de sa
société est un droit humain fondamental. Non
seulement est-il inconcevable de vouloir vivre à
la merci des autres, mais cela signifie aussi
accepter un système qui ne respecte pas vos droits
humains fondamentaux.
L'étude du système de gouvernement de partis au
Canada montre que le but des partis politiques est
de se faire porter au pouvoir et de rester au
pouvoir tandis que le rôle de l'électorat est
réduit à celui d'une masse votante. Les promesses
électorales servent à duper les électeurs et les
programmes électoraux sont un marketing pour
obtenir des voix et détourner l'attention
publique.
Le PCC(M-L) conteste la validité de ce régime
électoral. Il appelle à établir un mécanisme par
lequel ceux et celles qui se présentent aux
élections sont responsables devant les électeurs.
La devise : Pour nous la responsabilité
commence chez soi guide les membres du PCC(M-L)
pour que leur activité conduise effectivement à
l'implantation de ces changements.
Cela commence par
encourager tous et chacun à parler en leur
propre nom, à ne pas se contenter de répéter
ce que les classes dirigeantes disent être
important et à en faire le point de référence
dans la discussion, mais à exprimer ce
que le peuple lui-même voit comme nécessaire.
Le fait de se joindre aux forums où il est
possible de parler en son propre nom ouvre une
voie pour le renouveau du processus politique
et pour le progrès de la société.
Le Parlement canadien tient des « séances de
responsabilisation » virtuelles depuis
le 28 avril. Les médias officiels et les
partis qui forment le système de gouvernement de
partis cartellisés les présentent comme une forme
de responsabilisation du gouvernement. Rappelons
que le gouvernement a déjà adopté une loi lui
donnant le mandat d'utiliser des pouvoirs
d'exception pendant la crise de la COVID-19. Les
Canadiens apprennent maintenant que les
institutions démocratiques et la responsabilité
ministérielle vont être assurées par un parlement
virtuel et des « séances de
responsabilisation ».
La Chambre des communes et le Sénat ont été
fermés à la mi-mars en raison des mesures de
distanciation sociale visant à ralentir la
propagation du coronavirus. Ils devaient
initialement rouvrir le 20 avril ou être
reportés sur la base d'un consensus de tous les
partis. Lors d'une session de la Chambre des
communes le 20 avril, à laquelle 37
députés ont participé en personne, une motion du
gouvernement ajournant les travaux de la Chambre
jusqu'au 25 mai a été adoptée. La motion
prévoit en lieu et place des travaux habituels des
« séances de responsabilisation » (expression
utilisée par le chef de l'opposition Andrew
Sheer), auxquelles un certain nombre de députés
participent en personne, ainsi que des séances
virtuelles. La motion du gouvernement libéral a
été adoptée par 22 voix contre 15. Le
NPD, le Bloc québécois et le Parti vert ont appuyé
la motion et le Parti conservateur a voté contre.
Les séances en question ne sont pas des sessions «
réglementaires » de la Chambre, ce sont des
sessions du Comité COVID-19 mis en place en mars
(initialement pour développer le programme de
sauvetage sous la présidence de Chrystia
Freeland). Les 338 élus de la Chambre sont
membres de ce comité spécial mais dans les
sessions « en personne », seulement
de 37 à 40 députés siègeront à la fois,
avec un quorum de 7 plutôt que 20.
La motion adoptée le 20 avril prévoit une
session en personne (le mercredi) et deux séances
virtuelles (le mardi et le jeudi) par semaine
jusqu'au 25 mai. Elle maintient le nouveau
Comité spécial sur la pandémie de la COVID-19,
désormais présidé par le président de la Chambre,
Anthony Rota, qui se réunira virtuellement pendant
que la Chambre est ajournée. La première session
virtuelle a eu lieu le 28 avril. Ces forums
sont présentés comme une occasion pour les députés
de tenir le gouvernement responsable dans sa
réponse à la pandémie en posant des questions aux
ministres et au premier ministre. Ils pourraient
également présenter des motions et des pétitions.
La méthode de vote sur les motions et les projets
de loi n'a pas encore été finalisée par le Comité
de la procédure de la Chambre.
Le Sénat a quant à lui décidé de prolonger son
ajournement jusqu'au 2 juin.
Les médias rapportent que le premier ministre,
les partis d'opposition, les premiers ministres
provinciaux et les chefs d'entreprise et de
syndicats trouvent des moyens de « régler les
problèmes » sans parlement. L'exemple est
donné de la « contribution positive » du
président du Congrès du travail du Canada, Hassan
Yussuff, lors de conversations directes avec le
premier ministre et Perrin Beatty, le président de
la Chambre de commerce du Canada, sur la mise en
oeuvre du plan de sauvetage.
Dans une note du 9 avril, le bureau du
président de la Chambre explique pourquoi la
Chambre ne pouvait pas simplement connecter tout
le monde à Zoom pour assurer la poursuite des
travaux de la Chambre en dehors des comités :
« La Chambre des communes a des exigences
supplémentaires, y compris, et surtout, la
nécessité de veiller à ce que les solutions
soutiennent pleinement l'interprétation
simultanée, afin que les députés et les Canadiens
puissent suivre les délibérations dans la langue
officielle de leur choix. »
Jaime Watt du Toronto Star écrit que « le
président de la Chambre et son personnel ont de
vrais défis à relever. Il y a des députés qui
représentent des circonscriptions rurales où la
connectivité à large bande est au mieux inégale.
Le logiciel de téléconférence le plus populaire
est insuffisamment sécurisé. De nombreux députés
ont du mal à utiliser la technologie. Aussi
surprenant que cela puisse paraître, il n'y a pas
de moyen facile d'assurer une traduction
simultanée. Il n'est pas clair si les lois sur le
privilège parlementaire qui protègent les députés
contre la diffamation et les poursuites en
diffamation s'appliquent dans le domaine virtuel.
Et, bien sûr, d'autres coutumes étranges, beaucoup
diraient anachroniques, telles que la tradition de
s'adresser au président plutôt qu'à un député,
peuvent également devoir être revues. Et la liste
continue. »
« Pourtant, le besoin pressant de freins et
contrepoids demeure. Comme je l'ai écrit il y a
deux semaines, la démocratie n'est jamais aussi
précaire que lors d'une pandémie. Le gouvernement
a déjà montré qu'il n'a pas peur des dépassements
antidémocratiques, sa tentative d'investir le
ministre des Finances de pouvoirs d'urgence
étendus qui dureraient 18 mois étant la pièce
à conviction parfaite. Ce n'est que face à de
vives critiques publiques, dirigées par
l'opposition, que le gouvernement a reculé. »
À sa conférence de presse quotidienne du 20
avril, avant le vote à la Chambre, le premier
ministre a déclaré : « Je pense que c'est
notre responsabilité collective à tous de faire de
notre mieux dans cette situation difficile. [...]
C'est vraiment important pour moi que nous
continuions à défendre notre démocratie, nos
principes démocratiques, les principes de
responsabilité, la capacité d'aller de l'avant
avec de nouvelles lois pour aider les Canadiens.
Cela compte vraiment. Mais il importe vraiment que
nous le fassions de façon responsable. »
Les conservateurs se sont opposés à la motion du
gouvernement. « M. Trudeau doit expliquer pourquoi
il essaie de remplacer le parlement par des
conférences de presse », a déclaré le chef
par intérim Andrew Scheer. Les conservateurs ont
d'abord proposé que des « séances de
responsabilisation » en personne aient lieu
quatre fois par semaine et, finalement, au moment
du vote du 20 avril, ils se sont résignés à
deux fois par semaine dans un amendement à la
motion du gouvernement libéral, qui n'a pas passé.
« Les conservateurs continuent de croire que les
fréquentes séances de responsabilisation au
Parlement obtiennent de meilleurs résultats pour
les Canadiens, a déclaré Scheer. Nous avons
démontré à maintes reprises comment le débat, les
discussions et les occasions de questionner le
premier ministre et ses autres ministres
améliorent les programmes et politiques du
gouvernement. »
Susan Delacourt du Toronto Star écrit que
ce que Scheer n'a pas dit, c'est que divers
arrangements ont été conclus en dehors des séances
de « reddition de comptes » à la Chambre et
sans « le théâtre politique ». « Cela
ressemble énormément à la démocratie et à la
responsabilité - tous gérés sans théâtre »,
écrit-elle en référence aux échanges entre les
partis politiques en matière de secours en cas de
pandémie qui ont eu lieu par téléphone ou dans de
petites rencontres privées sur la Colline du
Parlement, loin des caméras.
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a dit qu'il
souhaitait que la Chambre siège une fois par
semaine, ce qui permettrait au parlement d'adopter
des modifications législatives et d'améliorer
l'aide aux Canadiens touchés par la pandémie.
Le Parti vert considère le débat sur la reddition
de comptes durant la pandémie comme une «
nuisance » et que les questions urgentes
soulevées par la crise sanitaire nécessitent des
mesures immédiates et sans entraves, rapportent
les médias.
Le député vert Paul Manly a soulevé une question
de privilège lors de la séance du 20 avril
pour dire que « toute motion tendant à tenir des
séances ordinaires de la Chambre auxquelles ils ne
peuvent pas participer est une atteinte aux droits
de nombreux députés ».
La porte-parole parlementaire du Parti vert,
Elizabeth May, a dit que même dans les séances
limitées tenues jusqu'à présent, avec la
participation d'environ 40 députés, elle ne
se sentait pas en sécurité à cause de la
difficulté à maintenir la distance physique à la
Chambre. Ces séances obligent également les
secrétaires politiques, les préposés à
l'entretien, les traducteurs et autres à se rendre
au travail alors qu'ils devraient rester à la
maison, a-t-elle déclaré.
Elle a indiqué qu'elle et le député conservateur
Pierre Poilievre étaient devenus particulièrement
habiles à utiliser la technologie d'accès à
distance pour faire pression sur le gouvernement
et les fonctionnaires sur les détails des projets
de loi à l'ordre du jour.
May admet que ce sont des circonstances
extraordinaires et dit qu'elle réagirait au
premier signe d'un gouvernement qui en profite
pour « en imposer » aux opposants politiques.
Mais, dit-elle, ce n'est pas le cas jusqu'à
présent. « Je ne pense pas que les Canadiens
apprécieront les gens et les partis qui cherchent
actuellement à tirer un avantage partisan de la
situation », a-t-elle ajouté.
« Nous avons ces séances de questions et réponses
quotidiennes, poursuit-elle. Je sais que nous
n'avons pas toujours la possibilité de poser nos
questions chaque jour. Certains d'entre nous y
parviennent assez bien. »
Le chef du Bloc québécois, Yves-François
Blanchet, préfère également l'option de séances en
ligne de la Chambre afin de contenir le virus. Il
a qualifié de « tataouinages » les échanges
qui « n'intéresse pas beaucoup de vrai
monde » et reproché aux conservateurs « une
grande insensibilité » face à la situation
actuelle.
M. Blanchet a dit que le fait de siéger à la
Chambre une fois par semaine, avec en plus des
séances virtuelles, permettra quand même aux
députés d'avoir un débat de fond sur les mesures
du gouvernement.
Daniel Leblanc du Globe and Mail
rapporte : « La pandémie a fait d'étranges
compagnons de politiciens canadiens et d'autres
décideurs de haut niveau de l'économie, tous
engagés dans un exercice sans précédent de
conception et de mise en oeuvre de
politiques. »
La Chambre des communes a été ajournée
le 13 mars suivant l'avis des responsables de
la santé sur la nécessité d'éviter les grands
rassemblements, les voyages et les interactions
rapprochées au cours de l'épidémie de la COVID-19.
La Chambre a repris partiellement ses travaux en
avril et décidé qu'elle se réunira une fois par
semaine en séance en personne et deux fois par
semaine en séances virtuelles, rappporte le Hill
Times. Outre les « séances de
responsabilisation » et leurs multiples
limitations, d'autres réunions et téléconférences
virtuelles ont remplacé diverses réunions et
autres fonctions du Parlement et des ministères.
Selon les rapports de presse, tous les députés et
sénateurs reçoivent un breffage technique sur la
pandémie mondiale de la COVID-19 sept jours par
semaine. La séance d'information quotidienne par
téléconférence est coordonnée par le bureau de la
ministre de la Santé Patty Hajdu et a lieu
à 16 h 30 HNE. Les séances
d'information, qui durent environ 30
à 45 minutes, ont commencé quelques jours
après l'ajournement de la Chambre à la mi-mars en
raison de la propagation du coronavirus.
Lors de la séance d'information, entre 10
et 12 hauts fonctionnaires de différents
ministères, dont ceux de la Santé, des Finances et
des Affaires mondiales et l'Agence du revenu du
Canada, répondent aux questions des
parlementaires. S'ils ne disposent pas des
informations nécessaires pour répondre à une
question précise, ces fonctionnaires prennent note
des questions et fournissent des réponses le
lendemain.
Depuis la suspension de la Chambre à la mi-mars,
tous les caucus parlementaires tiennent des
réunions hebdomadaires virtuelles. Le caucus
libéral tient sa téléconférence tous les jours,
donnant aux députés l'occasion d'interroger les
ministres et parfois le premier ministre sur des
programmes gouvernementaux spécifiques et de leur
fournir les commentaires provenant de leurs
électeurs, rapporte le Hill Times.
En ce qui concerne les séances d'information à
l'intention des députés qui forment l'Opposition
royale loyale et les sénateurs, un député
conservateur aurait déclaré que les séances
d'information techniques valaient mieux que rien,
mais ces séances d'information ont une utilité
très limitée en termes d'améliorer la législation
ou un programme gouvernemental. Ces séances
d'information sont également conçues pour fournir
aux députés de l'opposition une plateforme pour
informer les ministres du gouvernement « des
préoccupations de leurs électeurs ».
Les séances d'information technique ne sont
utiles que pour comprendre les aspects mécaniques
d'une loi ou d'un programme gouvernemental. Ils ne
comprennent pas des échanges dans les deux sens, a
déclaré un député néodémocrate au Hill Times.
La chef parlementaire du Parti vert, Elizabeth
May, dit qu'« elle a été impressionnée par les
breffages et la coopération du gouvernement sur la
COVID-19, parce que le gouvernement porte
attention aux questions soulevées même par les
députés de l'opposition, rapporte le Hill
Times. J'ai des contacts personnels directs
[avec les ministres du Cabinet] à un niveau bien
supérieur à la normale lorsque le Parlement est en
session, a déclaré May, [...] la circulation de
l'information et le degré de collaboration sont
franchement au-delà de toute attente. »
En plus de la séance d'information quotidienne
de 16 h 30, les bureaux d'autres
ministres du cabinet, y compris celui du ministre
des Finances, Bill Morneau, tiennent également des
séances de téléconférence à l'intention des
parlementaires pour les informer des initiatives
du gouvernement visant à atténuer les dommages
causés par la COVID-19, rapporte le Hill Times.
Brian Masse, du NPD, a déclaré que ces séances
d'information sont utiles mais trop brèves, car
elles ne laissent pas suffisamment de temps à tous
les politiciens de poser des questions.
« Selon le groupe auquel vous appartenez, la
session pourrait être dominée par le secrétaire
parlementaire ou par un libéral qui semble occuper
beaucoup de temps au téléphone, ce qui élimine le
temps des députés pour poser des questions, a
déclaré Masse. S'il s'agit d'une réunion
bureaucratique alors il n'y a pas d'énoncé de
politique réellement transmis à la direction
politique. Donc, c'est pour la collecte
d'informations, ce n'est pas pour un processus à
deux sens pour avoir des changements
législatifs. »
Un député conservateur a déclaré qu'au moins les
députés peuvent poser des questions aux hauts
fonctionnaires du gouvernement lors de ces appels,
mais d'après son expérience, la plupart du temps
ils n'obtiennent pas d'information exclusive ou
unique qui ne serait pas disponible par d'autres
moyens.
À titre
d'information
Au VIIIe Congrès du PCC(M-L) tenu à Ottawa en août
2008
ATTENDU QUE la défaite de l'Accord de
Charlottetown en octobre 1992 a clairement
signifié que la lutte de classe entre la classe
ouvrière et la bourgeoisie sur qui décide des
affaires de la société a éclaté de plus
belle ;
ATTENDU QU'avec l'élection fédérale
de 1993 un déséquilibre du système
parlementaire s'est installé, que l'équilibre
n'est toujours pas rétabli et que l'effondrement
du système de gouvernance qui fonctionne avec un
parti au pouvoir et un parti dans l'opposition
censé représenter la volonté du peuple a
approfondi la crise de la démocratie
représentative ;
ATTENDU QUE la défaite de l'Accord de
Charlottetown et le déséquilibre des élections
fédérales de 1993 ont ouvert un espace de
changement que la classe ouvrière doit
occuper ;
ATTENDU QU'au lieu de renouveler le
processus politique de manière à reconnaître le
droit du peuple d'élire et d'être élu, les partis
au parlement se sont engagés dans une succession
de réformes de la loi électorale qui concentrent
le privilège et le pouvoir entre leurs mains et
que cela a conduit à une nouvelle aliénation du
droit du peuple à se gouverner lui-même ;
ATTENDU QU'avec ces réformes les partis
politiques au parlement sont devenus des
appendices de l'État et qu'ils ont formé un
système de partis cartellisés qui leur permet de
négocier des ententes entre eux à l'insu du peuple
pour se maintenir au pouvoir en situation de
gouvernement minoritaire ;
ATTENDU la tendance de ces gouvernements à
vouloir enchâsser le droit de monopole et à
entraîner le Canada dans les guerres d'agression
et d'occupation des États-Unis, à annexer le
Canada à l'Amérique du Nord des monopoles et à
promulguer des lois qui portent atteinte aux
droits individuels et collectifs ;
RECONNAISSANT QUE le mécontentement
général envers l'ensemble du processus politique
est l'expression du fait que les revendications du
peuple ont de beaucoup dépassé les possibilités
offertes par le processus politique actuel et que
ce mécontentement et cette exigence de changer le
processus politique sont devenus plus
intenses ;
RECONNAISSANT QUE pour répondre à la
demande du peuple qui veut exercer un contrôle sur
ses affaires en participant à la gouvernance de sa
société, il faut que ceux qui sont élus
représentent le peuple et soient directement
responsables devant lui et qu'il faut un nouveau
genre de parti politique qui cherche à investir
l'électorat du pouvoir et non pas à se faire
porter au pouvoir lui-même pour servir des
intérêts étroits ;
RECONNAISSANT QUE le système de partis
cartellisés basé sur la domination des partis et
sur le privilège de partis continuera de faire
obstacle au développement des droits politiques
pour tous et que cela crée une situation de plus
en plus dangereuse, notamment avec l'établissement
d'un système de valeurs qui viole le droit de
conscience et qui criminalise l'opinion politique
par l'invocation fasciste des « valeurs »
canadiennes devant être acceptées par tous ;
RECONNAISSANT la nécessité de changer la
loi électorale de manière à garantir qu'il n'y
aura pas d'inégalité en fonction du statut qu'une
personne occupe dans la société sur le plan de la
richesse ou de l'accès aux leviers du pouvoir
politique ou de l'influence politique qui prive
les individus de leur droit de participer
pleinement au processus politique et à
l'établissement de l'ordre du jour du pays et du
droit d'élire et d'être élu ;
RECONNAISSANT QUE le vice fondamental de
la Loi électorale du Canada est qu'elle
permet à des partis politiques d'exercer les
droits qui, selon les normes universelles des
droits humains, appartiennent à tous les membres
du corps politique et que l'élimination de cette
domination et de ce privilège de l'élite politique
et des partis d'affaires est cruciale pour le
renouvellement du processus politique ;
RECONNAISSANT que les politiciens des
partis cartellisés ne vont jamais adopter des lois
qui remettent leur existence en question et qu'il
est par conséquent nécessaire que tous ceux et
celles qui ont un intérêt réel à renouveler le
processus politique se constituent en une force et
deviennent eux-mêmes des politiciens ouvriers qui
défendent le renouveau démocratique ;
RECONNAISSANT que l'élection de tel ou tel
parti et la « politique de coalition »
bloquent la voie au progrès de la société puisque
les partis politiques ou les coalitions formées
pour se porter au pouvoir concilient avec les
institutions démocratiques anachroniques dont le
but est de priver le peuple du pouvoir ;
RECONNAISSANT QUE le premier pas du
renouveau démocratique est que les travailleurs
ouvrent la voie en créant leurs propres mécanismes
de changement politique, en établissant leur
propre ordre du jour et en sélectionnant des
candidats parmi les leurs qui vont combattre pour
leur ordre du jour ; que les mots
d'ordre : La responsabilité commence chez
soi ! Investissons le peuple du
pouvoir ! Pas d'élection sans
sélection ! Financez le processus, pas les
partis ! Devenons des politiciens ouvriers
– bâtissons les comités pour le renouveau !
Élisons un gouvernement antiguerre ! présentent
de la façon la plus concise et la plus concrète le
premier pas que tous doivent prendre en ce moment
et que les travailleurs et leurs alliés agissant
comme politiciens ouvriers sont l'opposition et la
force la plus effective pour le renouveau
démocratique ;
IL EST RÉSOLU PAR LE VIIIe CONGRÈS DE :
1. Mettre le plein poids du Parti derrière ce
programme :
Pour nous la responsabilité commence chez
soi !
Investissons le peuple du pouvoir !
Pas d'élection sans sélection !
Financez le processus, pas les
partis !
Devenons des politiciens ouvriers –
Bâtissons les comités du renouveau !
Élisons un gouvernement antiguerre !
2. Mettre le plein poids du Parti derrière
l'établissement des Comités du renouveau pour
qu'ils :
a) soient établis parmi les gens qui vivent et
travaillent ensemble dans les endroits de
travail, les institutions d'enseignement, les
quartiers et les endroits où vivent les
personnes âgées ;
b) fonctionnent sur la base de la politique
pratique et de la mobilisation politique de
masse non partisane de manière à unir les gens
dans l'action pour le renouveau
démocratique ;
3. Donner le mandat suivant au dirigeant ou à la
dirigeante national(e) du Parti marxiste-léniniste
du Canada (PMLC) :
a) être responsable du profil public du PMLC en
tant que parti du renouveau canadien ;
b) représenter le PMLC durant et entre les
élections et dans toutes les fonctions
officielles ;
c) agir comme personne ressource pouvant
prendre la parole à des événements à la demande
d'organisations nationales, régionales et
locales ;
d) établir un bureau de relations publiques du
dirigeant ou de la dirigeante national(e) pour
s'occuper des médias et répondre aux questions
du public ;
e) publier des communiqués du PMLC sur une base
régulière.
f) éduquer les membres du PMLC et le public sur
la Loi électorale du Canada, les
théories de la gouvernance et les questions
connexes ;
g) soutenir tous les candidats du PMLC durant
une élection fédérale ;
h) s'assurer que le PMLC soit en tout temps
conforme à la Loi électorale du Canada.
4. Donner à l'exécutif du PMLC le mandat de
consolider le Bureau national du PMLC, de rénover
le site Web du PMLC, de mener des campagnes de
recrutement et de tout préparer pour participer
aux élections fédérales dans le but d'élire une
opposition ouvrière effective et un gouvernement
antiguerre.
La nécessité d'établir une
nouvelle direction pour l'économie!
- K.C. Adams -
La direction
actuelle du secteur de l'énergie partout au Canada
s'est révélée désastreuse pour l'économie,
l'environnement et ceux qui font le travail.
L'annonce par le gouvernement Trudeau de 1,7
milliard de dollars le 17 avril pour nettoyer les
puits orphelins laissés par des propriétaires
irresponsables de compagnies pétrolières est une
preuve supplémentaire de la nécessité d'un
changement. L'action du gouvernement semble
lamentable face aux dizaines de milliers de
licenciements dans le secteur, aux dommages
économiques causés aux communautés touchées par la
crise, aux souffrances du peuple, aux prix de
marché non contrôlés du pétrole et du gaz naturel
qui sont bien en deçà du prix de production, et
aux sombres perspectives d'avenir lorsque ceux en
contrôle présentent le retour à la normale comme
la seule option.
Les Canadiens n'ont aucun contrôle sur la
quantité de pétrole et de gaz naturel produite,
leurs prix sur le marché, où ils sont vendus et
aboutissent, et ce qui arrive à la plus grande
partie de la nouvelle valeur produite par les
travailleurs du pétrole et du gaz. Après des
années de tapage médiatique sur comment l'avenir
sera radieux pour le secteur de l'énergie si
seulement les Canadiens produisent encore plus,
une crise monumentale a saisi le secteur dans le
monde entier avec des mises à pied, des faillites
et des effondrements sans précédent. Et le mieux
que l'élite dirigeante canadienne puisse trouver
comme solution est de nettoyer une fraction du
gâchis environnemental causé par ceux qui
possèdent et contrôlent l'industrie et pour lequel
ils refusent de payer pour ensuite déclarer que
les affaires continueront comme avant lorsque la
crise s'atténuera.
L'anarchie de la production et ses conséquences
désastreuses
La base économique de la relation sociale au
Canada se retrouve régulièrement en crise.
Regardez le secteur de l'énergie. Le secteur n'est
même pas sorti de l'effondrement des prix du
marché du pétrole et du gaz naturel de 2014 alors
qu'il se retrouve dans une nouvelle crise encore
plus grave. Hier et aujourd'hui, ceux qui sont au
contrôle refusent d'aborder les problèmes
récurrents et d'élaborer une nouvelle direction.
Ils s'engagent dans la persévération, répétant la
même chose alors que la vie elle-même a prouvé que
ce qu'ils promeuvent ne fonctionne pas et doit
changer.
Les impérialistes
qui contrôlent la valeur déjà produite ont déclaré
que la voie de la prospérité pour les travailleurs
est de produire de plus en plus de pétrole à
expédier aux États-Unis et au-delà par des
oléoducs allant au sud et à l'ouest vers les
océans, et que cela garantira l'avenir du secteur
de l'énergie. Le résultat n'est pas à la hauteur
des attentes autour desquelles on fait beaucoup de
bruit. À quoi sert un oléoduc s'il n'y a pas
d'acheteurs ou, s'il y en a, le prix du marché du
produit est près de zéro ?
L'anarchie et l'expansion et le ralentissement de
la production incontrôlée de pétrole et de gaz
naturel aux États-Unis par la fracturation
hydraulique ont entraîné une surproduction
mondiale sans précédent et d'autres problèmes.
L'augmentation du double de la production de
pétrole et de gaz naturel aux États-Unis en
seulement dix ans, combinée à la pandémie du
coronavirus, ont fait s'effondrer le commerce et
la spéculation sur le pétrole et son prix sur les
marchés est près de zéro, sans aucun endroit pour
entreposer la production invendue.
En Alberta, la classe ouvrière fait face à un
taux de chômage de 25 % ou pire, les
entreprises font faillite et le peuple est
confronté au spectre de l'anéantissement des
programmes sociaux et des services publics privés
d'investissements depuis des décennies. Les
dommages causés à l'environnement, qui n'ont
jamais été pris en compte même lorsque le secteur
était en plein essor, posent de graves risques
pour l'environnement social et naturel. Les
impérialistes qui sont au contrôle refusent
d'admettre qu'ils n'ont aucune solution si ce
n'est davantage de la même chose, ce qui n'est pas
du tout une solution.
Les oligarques de l'énergie ne peuvent même pas
contrôler le prix du marché des précieuses
ressources naturelles que les travailleurs
produisent. Les spéculateurs de marché à contrats
et à terme à Chicago et ailleurs se livrent à la
spéculation parasitaire dans le commerce des
produits énergétiques dans le monde entier. Les
producteurs inondent le marché de matières
premières en hydrocarbures pour défaire leurs
concurrents, puis disent être les premiers surpris
lorsque les prix s'effondrent, blâment les autres
pour les catastrophes auxquelles ils ont contribué
et même appellent à la guerre dans le golfe
Persique comme solution pour éliminer 25 millions
de barils de pétrole par jour de
l'approvisionnement mondial.
La réponse de ceux qui sont au contrôle ne peut
pas être considérée comme sérieuse mais uniquement
intéressée et dangereuse à l'extrême. Leur but
étroit de profit maximum ne peut pas contrôler les
immenses forces productives qui ont été libérées.
Ils n'admettront pas l'évidence que le système
impérialiste a échoué et va d'une crise à l'autre
et que les économies ont besoin d'un nouvel
objectif et d'une nouvelle direction. Ils nient
que la braderie des ressources canadiennes et leur
refus de bâtir une économie prosociale dynamique
et diversifiée sont mauvais et doivent être
changés. Le contrôle de l'économie doit être
transféré aux producteurs réels, à ceux qui font
le travail et y voient un intérêt dans la
production et sa distribution planifiée et sont
profondément préoccupés par l'avenir de leurs
communautés et du pays.
C'est une blague de mauvais goût que de suggérer
une sortie de crise par plus de la même chose et
un retour à la normale par des subventions sans
fin aux oligarques de l'énergie, que ce soit par
le rachat par le gouvernement de leurs projets
ratés tels que les pipelines Keystone XL et Trans
Mountain, par des paiements publics pour nettoyer
le gâchis qu'ils ont laissé ainsi que par des
fonds publics supplémentaires pour faire face aux
problèmes tels que les fuites de gaz méthane dans
l'atmosphère, qui devraient être traités dans le
cadre du processus de production normal.
La nécessité d'une nouvelle direction pour le
secteur
de l'énergie et pour l'économie
La discussion et
l'échange de vues sur une nouvelle direction pour
le secteur de l'énergie doivent commencer dès
maintenant. Il faut se demander ce qui est arrivé
à toute la nouvelle valeur que les grandes
sociétés pétrolières et gazières ont expropriée.
Pourquoi cette valeur n'a-t-elle pas servi à bâtir
une économie dynamique et diversifiée à l'abri des
prix et de la demande mondiaux ? Pourquoi les
Canadiens n'ont-ils aucun contrôle sur la quantité
de pétrole et de gaz qu'ils produisent, sur la
distribution des énergétiques et sur leurs prix
sur le marché ?
Les Canadiens n'ont pas le contrôle. Les
oligarques qui contrôlent la production et la
distribution sont motivés par la cupidité, ce qui
signifie qu'ils ne peuvent pas contrôler les
immenses forces productives de l'économie moderne,
les précieuses ressources naturelles du Canada et
les conséquences de leurs actions. Les Canadiens
doivent prendre le contrôle et élaborer une
nouvelle direction et un nouvel objectif pour le
secteur de l'énergie et l'économie qui servent
leurs intérêts et humanisent l'environnement
social et naturel.
La discussion et l'échange de points de vue
doivent
commencer aujourd'hui
Les forums virtuels de travailleurs et d'autres
couches sociales doivent commencer immédiatement
pour discuter et échanger des points de vue sur la
nécessité d'une nouvelle direction pour le secteur
de l'énergie et l'économie et sur la manière de
prendre le contrôle de ces derniers.
Il faut répondre à
des questions fondamentales quant aux besoins de
l'économie canadienne en énergie et comment les
satisfaire par la production canadienne de manière
planifiée, et quelles politiques pratiques sont
nécessaires pour introduire le nouveau. Assez de
cette anarchie incontrôlée de la production qui ne
fait que remplir les poches déjà pleines des
riches oligarques dont le seul but est le profit
maximum et qui nous conduit régulièrement à la
crise.
La discussion et l'échange de points de vue
doivent avoir lieu sur ce qui devrait et pourrait
être fait avec l'immense nouvelle valeur que les
travailleurs de l'énergie produisent et comment
elle pourrait être investie dans l'économie.
La demande de pétrole et de gaz naturel canadiens
provenant de l'extérieur du pays peut être
satisfaite sous forme de contrats d'une manière
planifiée et à l'avantage réciproque avec des prix
du marché proches de leurs prix de production et
de transport. Cela signifie que les parasites qui
commercent sur les marchés du pétrole et du gaz et
les entreprises mondiales qui produisent, vendent
et achètent du pétrole et du gaz doivent être
éliminés de la distribution nationale et
internationale canadienne du pétrole et du gaz.
Si d'autres pays comme les États-Unis refusent de
payer des prix qui correspondent aux prix de la
production, alors c'est leur droit et c'est le
droit des Canadiens de ne pas livrer de pétrole et
de gaz naturel à quiconque sans conclure un
arrangement à avantage réciproque. De tels
arrangements ne doivent pas être soumis à
l'ingérence, à l'anarchie et au parasitisme des
marchés mondiaux des contrats à terme du pétrole
ou à tout autre dispositif que l'oligarchie
financière a conçu pour servir sa cupidité, son
parasitisme et sa dégradation.
La discussion et l'échange de points de vue
doivent avoir lieu avec les peuples autochtones
afin de répondre à leurs attentes en matière de
développement et d'avantages et d'obtenir leur
consentement pour toute activité industrielle ou
autre sur leur territoire.
Des discussions et
des échanges de points de vue doivent avoir lieu
pour développer un mode de vie et faire respecter
un niveau de vie, des conditions de travail et une
sécurité au Canada pour les travailleurs qui
construisent les moyens de production, produisent
du pétrole et du gaz naturel, et raffinent et
transportent ces produits aux consommateurs.
Des discussions et des échanges de vues doivent
avoir lieu autour des questions plus larges et des
préoccupations pour la santé de l'environnement
naturel et de ce qui doit être fait pour faire
avancer la science à cet égard.
L'enjeu qui est au-dessus de tout est que dans le
secteur de l'énergie d'un océan à l'autre du
Canada un retour aux affaires comme si rien ne
s'était passé dans le secteur de l'énergie est
impossible et les travailleurs doivent s'assurer
que c'est le cas par des politiques pratiques et
des actions avec analyse. Une nouvelle direction
doit être trouvée et mise en oeuvre, une direction
que les travailleurs eux-mêmes élaborent et
contrôlent et ont le pouvoir politique et
économique de mettre en oeuvre.
- Dougal MacDonald -
Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a
déclaré le 17 avril que 1,7 milliard de dollars
seraient dépensés pour nettoyer les puits de
pétrole et de gaz abandonnés dans les provinces
productrices de pétrole. Un petit nombre de ces
puits sont généralement appelés puits orphelins.
Le gouvernement a également déclaré qu'il rendra
disponible un fonds public de 750 millions de
dollars pour réduire les émissions de méthane dans
le secteur de l'énergie. Le fonds comprend 75
millions de dollars pour aider l'industrie
extracôtière à réduire ses émissions à
Terre-Neuve-et-Labrador.
La question des puits abandonnés dits «
orphelins » et inactifs
Des milliers de puits de pétrole inactifs et
abandonnés sont éparpillés en Alberta, en
Saskatchewan et en Colombie-Britannique, un passif
environnemental qui coûtera des milliards de
dollars à assainir. À elle seule, l'Alberta compte
environ 91 000 puits inactifs et 7 300 puits
abandonnés.
Au cours de la dernière crise qui a débuté en
2014, lorsque le prix du marché dicté par
l'impérialisme a chuté de manière spectaculaire,
de nombreuses entreprises ont simplement abandonné
des milliers de puits de pétrole tels que Lexin
Resources, Redwater Energy, Houston Oil and Gas et
Trident Exploration. Le passif environnemental a
été transféré au Trésor public et certains ont été
versés à l'Orphan Well Association de l'Alberta.
Les puits de pétrole et de gaz orphelins sont ceux
abandonnés par des promoteurs qui ont disparu,
fait faillite ou déclarent qu'ils n'ont plus les
moyens financiers de payer pour une désaffectation
adéquate des puits. Selon Finances Canada, il y a
environ 4 700 puits orphelins en Alberta, 600 en
Saskatchewan et 350 en Colombie-Britannique.
L'Alberta compte 91 000 autres puits inactifs, qui
ne sont plus productifs, mais n'ont pas été
nettoyés, et il y a 36 000 autres puits inactifs
en Saskatchewan et 12 000 en Colombie-Britannique.
Un montant pour le nettoyage des puits n'a pas été
régulièrement déduit du revenu brut lorsque les
puits étaient en production ou le montant déduit
et mis de côté n'était pas suffisant. Le nettoyage
d'un puits après sa durée de vie productive varie
de 100 000 $ à des millions de dollars selon la
taille et la complexité du puits.
Un problème avec la méthode actuelle de
fracturation hydraulique pour le pétrole et le gaz
naturel est que l'investissement de démarrage est
plus important que pour les puits conventionnels
et la période de production est beaucoup plus
courte, aussi peu que six mois pour les puits de
pétrole dans certains cas. Cela rend la différence
beaucoup plus petite entre la nouvelle valeur de
la production et le prix pour ramener le puits
épuisé à des normes environnementales acceptables.
La revue Narwhal souligne ce problème avec
des recherches montrant que les puits par
fracturation ont régulièrement une durée de vie
beaucoup plus courte que les puits conventionnels,
qui pourraient être en production pendant 20 ans
alors que les puits fracturés ne durent
généralement que de six mois à trois ans. Le Narwhal
dit qu'un gros problème avec le boom de la
fracturation est le grand nombre de puits qui
resteront dormants une fois l'extraction du
pétrole terminée. Beaucoup de ces puits
appartiennent en fait à des entreprises qui sont
entièrement solvables, mais refusent d'appliquer
les mesures correctives environnementales
nécessaires. Le secteur de l'énergie ne communique
pas le véritable impact du nombre de puits déjà
existants qui nécessitent une attention.
La restauration de puits de pétrole et de gaz est
un processus pluriannuel. Tout d'abord, les puits
doivent être mis hors service ou scellés avec du
ciment. La remise en état complète implique le
nettoyage de la contamination et la remise en état
du terrain tel qu'il était avant les activités.
« La désaffectation d'un puits inactif réduit la
probabilité que le pétrole, le méthane et l'eau
saline remontent à travers le puits dans les
aquifères d'eau douce, les eaux de surface, le sol
ou l'atmosphère », a écrit l'ancienne
vérificatrice générale de la Colombie-Britannique,
Carol Bellringer, dans un rapport spécial. « Bien
que l'industrie d'extraction du pétrole et du gaz
soit une composante importante de l'économie de la
Colombie-Britannique, elle introduit des risques
environnementaux qui entraînent une responsabilité
financière », a noté le rapport de Bellringer. «
La contamination potentielle par des activités
pétrolières et gazières peut affecter la qualité
des eaux souterraines et de surface, la qualité de
l'air, la santé humaine, la faune et le bétail ;
si les opérateurs n'assainissent pas leurs sites
inactifs en temps opportun, le risque
environnemental et la responsabilité financière
qui en résulte demeureront. »
En ce qui concerne le fonds réservé aux compagnies
d'énergie pour des puits orphelins et inactifs,
Trudeau a déclaré : « C'est une occasion pour nous
de nous assurer que les Albertains se mettent au
travail pour nettoyer leur province. » Le
gouvernement a également déclaré que les
entreprises privées du secteur qui sont encore
engagées dans la production peuvent se prévaloir
du programme de subventions salariales de 73
milliards de dollars. Le programme versera 75 % du
salaire des travailleurs jusqu'à un certain
montant. Les entreprises énergétiques peuvent
également demander des marges de crédit par le
biais de la Banque de développement du Canada et
d'Exportation et développement Canada, qui
autorisent actuellement des prêts entre 15 et 60
millions de dollars pour couvrir les coûts
d'exploitation. Le gouvernement fédéral soutient
également des prêts pouvant atteindre 40 000 $
pour les entreprises dont la masse salariale se
situe entre 20 000 et 1,5 million de dollars par
année. Jusqu'à 10 000 $ du prêt sans intérêt n'ont
pas à être remboursés. À ce jour, 220 000 prêts
d'une valeur de 8,8 milliards de dollars ont été
approuvés.
Le nettoyage des puits orphelins et inactifs avec
le 1,7 milliard de dollars emploiera 5 200
travailleurs jusqu'à épuisement de l'argent,
suggère le gouvernement. Le financement pourrait
aider à améliorer les bilans des sociétés
énergétiques en supprimant certains de leurs
passifs environnementaux, ce qui signifie qu'elles
pourraient alors emprunter plus de fonds.
L'exemple albertain
Le
programme sera géré par le gouvernement albertain
avec des fonds du gouvernement fédéral. Il
couvrira entre 25 % et 100 % des coûts du
nettoyage selon la « capacité de payer » de la
compagnie responsable. Il peut servir à fermer des
puits, à retirer des pipelines abandonnés et à
effectuer des évaluations environnementales. Le 24
avril, le gouvernement a annoncé qu'à partir
du 1er mai, les entreprises d'entretien des
sites pétroliers de l'Alberta peuvent demander en
ligne des subventions par tranche de 100
millions de dollars. Une deuxième somme
de 100 millions de dollars sera débloquée du
15 mai au 15 juin. En résumé, le programme
des puits orphelins du gouvernement fédéral sert à
payer les frais de nettoyage encourus par les
sociétés pétrolières et gazières, souvent de
propriété étrangère, qui ont réalisé des
méga-profits pendant plusieurs années par
l'exploitation de la main-d'oeuvre et des
ressources naturelles de l'Alberta.
Trudeau affirme que l'objectif du financement
fédéral est de créer des emplois immédiats dans
les trois provinces, tout en aidant les
entreprises à éviter la faillite. Le gouvernement
de l'Alberta a déjà prévu plus de 70 millions
de dollars pour le nettoyage en invoquant des
justifications similaires. En réalité, le
financement public des deux niveaux de
gouvernement n'est qu'un autre gigantesque
stratagème pour payer les riches. Il est également
tout à fait insuffisant. Au lieu de tenir les
monopoles de l'énergie responsables du nettoyage
de leurs dégâts et d'appliquer le principe du «
pollueur payeur », ceux qui ont le pouvoir
utilisent les fonds publics pour payer pour le
nettoyage. Et la prétention de « créer des
emplois » est un affront quand on sait que le
gouvernement Kenney a réduit le financement des
commissions scolaires de l'Alberta et provoqué le
licenciement de près de 25 000
travailleurs de l'éducation.
Le nombre de puits orphelins cité varie. Par
exemple, un article du Financial Post du 28
décembre 2019 indiquait que l'Orphan Well
Association (OWA) de l'Alberta a inventorié
environ 3406 puits orphelins sur sa liste de
sites à nettoyer, des sites généralement sans
surveillance sur les terres des propriétaires
fonciers ruraux. Le grand nombre de puits
orphelins est principalement dû au fait que les
sociétés énergétiques ont été autorisées à
abandonner leurs responsabilités en matière de
nettoyage en déclarant faillite, et nombre d'entre
elles continuent de le faire.
Notons qu'il existe 94 000 autres puits
de pétrole et de gaz inactifs en Alberta, dont
certains ou tous pourraient éventuellement devenir
orphelins. La régie de la réglementation de
l'énergie de l'Alberta (AER), l'organisme
gouvernemental dont le mandat est de veiller à ce
que l'exploitation pétrolière et gazière tienne
compte de la protection de l'environnement, estime
que le coût total du nettoyage pourrait s'élever
à 260 milliards de dollars. L'ARE, qui est
financée par l'industrie et présidée par l'ancien
PDG de l'Association canadienne des producteurs
pétroliers (ACPP), a pour fonction de rationaliser
le processus d'approbation du développement
énergétique. Rex Tillerson, PDG d'ExxonMobil et
ancien secrétaire d'État américain, a salué le
travail de l'ARE qui permet de « diminuer le
dédoublement et les coûts et augmenter
l'efficacité » de la décontamination.
L'ARE dispose d'un système de gestion censé
garantir que les sociétés énergétiques autorisées
à forer disposent d'actifs financiers suffisants
pour payer pour le nettoyage plus tard. Si les
actifs de l'entreprise sont insuffisants pour
assumer ses obligations environnementales, l'ARE
peut percevoir et détenir un dépôt de garantie au
cas où l'entreprise fuirait ses obligations. Les
chiffres montrent que les dépôts collectés au fil
des ans ont été très insuffisants et mal calculés.
Actuellement, la province estime que l'éventuelle
facture de nettoyage des puits de pétrole et de
gaz en Alberta est de 30 milliards de
dollars, mais l'ARE ne détient que 227 millions de
dollars en dépôts de garantie financière. Ce
manque à gagner est imputable à la maladresse de
l'ARE alors qu'en réalité il s'agit d'une façon
établie de faire les choses pour satisfaire les
besoins des monopoles.
L'OWA, qui est dirigée et financée par
l'industrie albertaine, a été créée en 2002 «
pour gérer les risques environnementaux des
propriétés pétrolières et gazières qui n'ont pas
de partie juridiquement ou financièrement
responsable pouvant être tenue responsable ».
Le conseil d'administration de l'OWA comprend des
représentants de l'AER, du gouvernement provincial
et de l'ACPP. Le vice-président de l'ACPP en est
le président. L'OWA tient un inventaire des puits
orphelins et recueille des fonds pour superviser
le déclassement des puits, mais, comme l'ARE, ses
fonds actuels sont loin d'être suffisants pour
payer pour les coûts de nettoyage. En effet, les
prélèvements auprès des pollueurs potentiels ont
toujours été minuscules par rapport aux coûts
prévisibles de nettoyage.
Certains disent que le problème des puits
orphelins a été créé par l'incapacité du
gouvernement précédent à prendre des mesures, la
collecte de dépôts inadéquats et le fait de ne pas
avoir fixé de délai pour le traitement des puits
inactifs. Tout cela est vrai, mais ils négligent
de mentionner que la cause première de toutes ces
lacunes est que les gouvernements de l'Alberta
agissent comme des commis voyageurs de l'industrie
de l'énergie et le font depuis des décennies. Les
Albertains demandent la fin des stratagèmes pour
payer les riches, comme ce fonds pour les puits
orphelins, et une augmentation des investissements
dans les programmes sociaux et les services
publics pour répondre aux besoins de la population
et activer l'économie à cette fin. La pandémie est
l'occasion d'établir une nouvelle direction pour
l'économie. Les Canadiens doivent se battre pour
une économie qui sert le peuple et non les riches
et qui humanise l'environnement social et naturel.
Justice pour les travailleurs
migrants
Les organisations qui défendent les travailleurs
migrants intensifient leur lutte à la défense de
tous les travailleurs agricoles, dont la section
la plus vulnérable est composée des près
de 60 000 travailleurs saisonniers et
temporaires qui viennent au Canada à chaque année
travailler dans l'industrie agricole. Plusieurs y
viennent en participant à des programmes fédéraux
tels que le Programme des travailleurs agricoles
saisonniers (PTAS).
Le mois dernier, le
gouvernement fédéral a autorisé les agriculteurs à
embaucher des travailleurs migrants pendant la
pandémie, à condition qu'ils s'isolent pendant
deux semaines à leur arrivée. Le règlement, par
contre, ne s'applique pas aux travailleurs
considérés essentiels par les représentants de la
Santé publique. Le gouvernement fédéral, de façon
éhontée, s'est lavé les mains de la nécessité
d'adopter des mesures permettant aux travailleurs
agricoles migrants de pratiquer la distanciation
sociale au travail et où ils sont hébergés. Les
travailleurs agricoles migrants sont généralement
mal logés dans un espace qu'ils doivent partager
avec plusieurs autres. Pourtant, le gouvernement
fédéral a décrété que les entreprises agricoles
sont les mieux placées pour fournir un hébergement
adéquat, en conjonction avec les provinces.
Selon un rapport publié en juillet 2019 par
le Conseil canadien pour les ressources humaines
en agriculture, l'embauche de travailleurs
migrants temporaires a augmenté
de 45 600 en 2014 à près
de 60 000 en 2017. Ce qui veut dire
que les travailleurs migrants constituaient près
d'un sixième de tous les emplois de la
main-d'oeuvre agricole canadienne. L'Ontario
embauche 14 000 migrants temporaires
pour travailler dans le secteur agricole chaque
saison. Dans le sud-ouest de l'Ontario, Leamington
et la municipalité adjacente de Kingsville
accueillent annuellement de 5000
à 6 000 travailleurs, dont la vaste
majorité sont du Mexique.
Depuis près de 20 ans, Justicia pour les
travailleurs migrants (J4MW) défend les droits des
migrants et de tous les travailleurs agricoles et
intensifie sa lutte dans le contexte de la
pandémie de la COVID-19 pour exiger une protection
urgente pour ces travailleurs.
Par exemple, le gouvernement Ford de l'Ontario a
annoncé une augmentation salariale et une prime
spéciale pour certains travailleurs qui dispensent
des services au cours de la pandémie du
coronavirus, comme certains travailleurs
d'hôpitaux, de centres de soins de longue durée ou
de refuges d'urgence, il n'a même pas daigné
inclure les travailleurs agricoles parmi les
travailleurs admissibles à ces mesures. J4MW veut
savoir pourquoi les travailleurs agricoles, un des
groupes les plus vulnérables et essentiels, sont
exclus de ces soutiens financiers. En raison des
récentes révélations médiatiques comme quoi le
virus s'est propagé dans les entreprises
agricoles, J4MW exige que le gouvernement
provincial mette en place des mesures pour
protéger les intérêts des travailleurs agricoles
et la chaîne agroalimentaire.
Dans un communiqué de presse du 26 avril,
J4MW exhorte le gouvernement provincial et le
ministère du Travail à mettre en place des mesures
immédiates pour faire en sorte que les
travailleurs agricoles soient protégés de la
propagation de la pandémie. Selon le communiqué,
ces mesures doivent comprendre ce qui suit :
- élargir l'augmentation salariale pour qu'elle
s'applique à tous les travailleurs agricoles de
l'Ontario
- établir un processus d'appel rapide pour les
travailleurs migrants lorsqu'ils déposent des
plaintes relativement à des questions de santé et
de sécurité au travail et aux normes d'emploi
- les travailleurs migrants ne doivent pas être
liés exclusivement à un employeur
- élargir la législation sur la santé et la
sécurité au travail pour qu'elle s'applique aux
hébergements agricoles
- consolider les protections anti-représailles
pour faire en sorte que les travailleurs ne soient
pas congédiés lorsqu'ils soulèvent leurs
préoccupations grandissantes de santé et de
sécurité ou sont blessés ou tombent malades
- développer des règlements pour protéger les
travailleurs du stress de la chaleur, de
l'exposition aux produits chimiques et aux
pesticides, des espaces restreints, du travail en
hauteur et d'autres risques professionnels
- accroître les inspections non annoncées et
proactives dans toutes les entreprises agricoles
en Ontario
- fournir une prime de risque, de maladie et
d'autres avantages sociaux qui tiennent compte des
dangers liés au travail agricole
- reconnaître qu'un salaire basé sur le paiement
à la pièce représente un danger pour la santé et
la sécurité au travail
- développer et mettre en oeuvre une législation
de santé et sécurité au travail qui reconnaît le
racisme et la discrimination systémique et fournit
une analyse basée sur l'équité afin de déterminer
quelles catégories de travailleurs courent le plus
grand risque de danger dans leur travail
- donner l'information sur les protocoles que la
Commission de la sécurité professionnelle et de
l'assurance contre les accidents du travail a
adoptés pour isoler les travailleurs infectés (et
protéger les travailleurs non infectés) s'il y a
éclosion dans le dortoir ou à l'endroit de travail
- que cessent toutes déductions salariales
imposées par l'employeur pour l'équipement de
protection personnelle et élaborer des règlements
qui obligent les employeurs à fournir des
toilettes, des installations sanitaires et de
l'eau potable pour les travailleurs agricoles
partout en Ontario
- renforcer la protection des travailleurs
migrants contre les frais de recrutement en tenant
les employeurs et les recruteurs conjointement
responsables
- mettre fin aux exclusions de la paie de
vacances, du paiement des heures supplémentaires,
des dispositions sur le minimum d'heures
travaillées et mettre fin à la myriade de
règlements qui sont inéquitables pour les
travailleurs agricoles
« Ce sont des revendications de longue date que
les travailleurs agricoles défendent depuis des
décennies », dit Moilene Samuels, une
activiste du J4MW. « Si nous voulons empêcher la
propagation de cette pandémie, il nous faut des
changements structurels aux iniquités systémiques
de pouvoirs qui existent dans notre
secteur », ajoute-t-elle.
J4MW et plusieurs organisations qui luttent à la
défense des travailleurs migrants revendiquent
aussi que le gouvernement canadien accorde le
statut de résident à tous les travailleurs
migrants.
Le communiqué de presse cite la Dr Vasanti
Venkatesh, professeur de droit à l'Université de
Windsor. « Les travailleurs agricoles migrants ont
toujours été le pilier de la saison des récoltes
et leurs contributions sont plus essentielles que
jamais puisqu'ils assurent une sécurité
alimentaire pour le Canada pendant cette pandémie,
dit-elle. Pourtant, c'est au cours de la saison
des récoltes que ces travailleurs ont le moins de
protection, puisqu'ils travaillent de nombreuses
heures supplémentaires sans paie dans des
conditions de vie et de travail
dangereuses. »
Vasanti Venkatesh souligne aussi que « les
iniquités structurelles dans le travail agricole
sont exacerbées par la double pression de la
pandémie et des récoltes. Par conséquent, il n'a
jamais été aussi urgent d'accorder aux
travailleurs tous leurs droits et protections. Les
employeurs agricoles reçoivent toutes sortes
d'avantages sous forme de subventions et autres
formes de financement et d'exemptions aux
règlements. Il est temps que les travailleurs
aient tous les avantages qui leurs sont dus et
qu'ils soient valorisés pour leur travail
essentiel. »
Neuf cent huit
des 2 000 travailleurs de l'usine de
Cargill à High River, en Alberta, ont maintenant
été déclarés porteurs de la COVID-19,
avec 631 cas déclarés rétablis. Au moins
sept travailleurs sont hospitalisés et cinq sont
aux soins intensifs. Un employé de Cargill et un
proche contact sont décédés. Il y
a 1 385 cas de la COVID-19 à High
River, qui compte moins de 14 000
habitants. High River est à environ 60 km
au sud de Calgary et les travailleurs de Cargill
vivent à Calgary ainsi qu'à High River. La
situation est également extrêmement grave à
l'usine JBS de Brooks, qui compte 390 cas
confirmés et 456 cas dans la communauté. Si
on les additionne, 42 % de tous les
cas albertains sont liés à ces usines détenues
par des monopoles étrangers géants qui
contrôlent l'industrie de l'emballage de la
viande et transforment ensemble 70 %
du boeuf canadien.
L'usine de High River a été fermée il y a deux
semaines, après que les travailleurs aient
débrayé en grand nombre. Malgré le nombre
croissant de travailleurs qui ont été testés
positifs de jour en jour, Cargill a annoncé que
l'usine rouvrirait ses portes le lundi 4
mai. En réponse, la section locale 401 des
Travailleurs unis de l'alimentation et du
commerce (TUAC) a demandé un arrêt de travail à
la Commission de santé-sécurité au travail de
l'Alberta (Alberta Occupational Health &
Safety - AOHS) et a déposé une plainte pour
pratique déloyale de travail, désignant Cargill
et le gouvernement de l'Alberta comme intimés.
Le gouvernement de l'Alberta déclare qu'il
requiert des services essentiels dont la
transformation des aliments, qu'il respecte les
lignes directrices en matière de distanciation
sociale et les autres mesures visant à limiter
la propagation du coronavirus. Cependant,
Cargill a été autorisée à continuer de forcer
ses employés à travailler coude à coude sous
prétexte que l'entreprise faisait ce qui était «
possible », d'harceler les travailleurs
pour qu'ils reviennent au travail même s'ils
étaient malades et de fournir des équipements de
protection individuelle comme des écrans faciaux
seulement aux superviseurs, mais pas aux
travailleurs.
Le 29 avril, Cargill a déclaré dans un
communiqué qu'il avait le soutien de l'AOHS pour
rouvrir ses opérations. Le syndicat rappelle que
la compagnie avait dit que c'était sécuritaire
quand 38 travailleurs avaient été testés
positifs. La section locale 401 des TUAC a
demandé la fermeture de l'usine à ce moment-là,
mais il a fallu 18 jours pour que l'usine
soit définitivement fermée.
Un représentant de Migrante rapporte
qu'environ 500 travailleurs de l'usine sont
des travailleurs étrangers temporaires. Les TUAC
ont négocié des clauses dans leur convention
collective qui exigent que l'employeur nomme des
travailleurs étrangers temporaires pour le
Programme des candidats des provinces pour
obtenir la résidence permanente, sur la base que
s'ils sont assez bons pour travailler, ils sont
assez bons pour rester. La majorité des
travailleurs de l'usine sont d'anciens et de
nouveaux travailleurs étrangers temporaires, la
majorité venant des Philippines, et d'autres
d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine.
La section locale 401 des TUAC a publié un
sondage sur son site Web en quatre langues
auquel 600 personnes ont répondu questions
: 1) Pensez-vous que l'usine devrait
rouvrir ? et 2) Avez-vous peur d'aller
travailler ? Sur le site Web on rapporte
que 80 % des travailleurs ont dit non
à la réouverture le 4 mai et que 85 %
disent craindre pour leur santé et celle de
leurs familles s'ils retournent au travail.
Le président de
la section locale 401, Tom Hesse, a
clairement indiqué que même si le syndicat
reconnaît qu'il est illégal de faire la grève
pendant la durée d'une convention collective,
les travailleurs ont le droit de refuser un
travail dangereux. Les travailleurs de Cargill
sont très conscients de leur droit de refuser un
travail dangereux, et le syndicat appuiera ceux
qui exercent ce droit, a-t-il déclaré.
Hesse a fait les déclarations suivantes à
propos des démarches légales du syndicat :
« Cargill et le gouvernement de l'Alberta ont
ignoré nos appels à une approche centrée sur les
travailleurs pour assurer la sécurité de
l'usine. Les rapports d'inspection des services
de santé de l'Alberta ne nous ont pas été
communiqués et les inspections faites par AOHS
ont omis les graves préoccupations que nous
avons soulevées.
« La raison d'être d'un syndicat est de
constituer une représentation forte et sans
réserve. L'une des raisons pour lesquelles les
syndicats existent est de promouvoir et de
défendre le droit à la santé et à la sécurité au
travail.
« Notre objectif et notre rôle sont d'utiliser
toutes les voies légales à notre disposition
pour garder l'usine de Cargill High River fermée
jusqu'à ce que nous puissions garantir la
sécurité des travailleurs qui y sont employés et
que leurs voix aient été entendues.
« Les travailleurs du secteur alimentaire ont
peur d'aller travailler dans l'environnement
actuel. Ils n'ont pas la sécurité économique
dont ils ont besoin pour se rétablir et ils sont
terrifiés à l'idée de transmettre cette maladie
à leurs familles et à leurs communautés. Alors
qu'ils tentent de se rétablir, leur employeur et
le gouvernement disent qu'ils doivent retourner
au travail. Cela met leur vie en danger de façon
imprudente et met les intérêts de leurs patrons
au premier plan ... » On rapporte qu'une
réunion a finalement eu lieu le 2 mai dans
l'usine avec le syndicat et les services de
santé de l'Alberta présents.
Dans une entrevue au réseau CBC le 2 mai, Hesse
a dit qu'une audience d'urgence se tiendrait au
Conseil des relations de travail de l'Alberta
pour empêcher l'ouverture de l'usine le 4 mai,
ajoutant que l'on ne sait pas combien de temps
le processus prendra. Une demande faite par les
TUAC le 30 avril au ministère de la Santé et de
la Sécurité au travail de l'Alberta pour émettre
un ordre d'arrêt de travail pour fermer l'usine
est restée sans réponse.
Hesse a ensuite raconté l'expérience des
travailleurs d'une usine de transformation de
viande aux États-Unis, qui a rouvert ses portes
après avoir été fermée pendant deux semaines.
Les infections à COVID-19 ont doublé et des
travailleurs sont morts. Le syndicat ne veut pas
que cela se produise ici. L'usine de Cargill
ayant la plus grande éclosion liée au travail en
Amérique du Nord, l'usine ne doit pas rouvrir
jusqu'à ce que tout soit mis en place pour que
les travailleurs puissent retourner en toute
sécurité.
Aucun pays civilisé ne renverra ses gens au
travail dans ces circonstances, a ajouté Hesse,
affirmant que si la procédure judiciaire échoue,
un grand nombre de travailleurs refuseront de
travailler dans un lieu dangereux et que le
syndicat les conseille sur leurs droits à ce
sujet.
Le Marxiste-Léniniste reproduit des
extraits d'un article publié le 21 avril,
écrit par Chris Ramsaroop, organisateur de
Justicia for Migrant Workers (J4MW) et chargé de
cours au programme d'études caribéennes de
l'Université de Toronto, et par Kevin Edmonds,
membre du Réseau de solidarité caribéenne et
professeur adjoint d'études caribéennes à
l'Université de Toronto, qui traite des conditions
vécues par les travailleurs agricoles migrants en
cette période de pandémie de la COVID-19.
***
À partir
de 1966, des travailleurs agricoles
jamaïcains migrants ont été employés au Canada
sous les auspices du Programme des travailleurs
agricoles saisonniers du Commonwealth (PTAS), un
programme gouvernemental d'embauche de
main-d'oeuvre qui importe au Canada des milliers
de travailleurs des Caraïbes et du Mexique pour
répondre aux besoins en main-d'oeuvre du riche et
puissant lobby agricole canadien. Cette
main-d'oeuvre migrante représente
environ 60 000 personnes et leurs
emplois dans le secteur agricole ont été désignés
comme des activités essentielles.
Au cours du dernier mois, depuis que le Canada a
fermé ses frontières, les groupes de pression du
secteur agricole ont orchestré une stratégie
massive de lobbying auprès de leurs alliés
politiques, créant cette fable d'une crise
alimentaire si le Canada n'ouvrait pas ses
frontières pour répondre aux besoins des
agriculteurs. Comme l'a récemment souligné le
ministre canadien de l'Agriculture, les Canadiens
ne risquent pas de mourir de faim. Une grande
partie de la main-d'oeuvre jugée aujourd'hui
essentielle est destinée à répondre aux besoins
d'une industrie agricole orientée vers
l'exportation en pleine expansion. Par exemple, le
même lobby qui met l'accent aujourd'hui sur les
pénuries de main-d'oeuvre et de nourriture au
Canada est resté silencieux lorsque des milliers
d'acres de serres productrices de fruits et
légumes ont été convertis à la production du
cannabis.
[...]
Depuis la fermeture des frontières du Canada,
Justice pour les travailleurs migrants a reçu
plusieurs appels de travailleurs agricoles au
Canada ainsi que de ceux qui attendent de revenir
au travail. Au Canada, les travailleurs migrants
se plaignent d'un traitement discriminatoire où
les travailleurs migrants sont confinés dans des
fermes et ne sont pas autorisés à quitter les
sites de l'employeur alors que leurs homologues
canadiens ne sont pas soumis à de telles
restrictions. De nombreux travailleurs
s'inquiètent du fait qu'il n'y a pas d'espace pour
se distancier physiquement au travail, qu'ils ne
reçoivent pas d'équipement de protection
individuelle et qu'ils sont confrontés à des
conditions de logements surpeuplés.
En ce qui concerne les travailleurs arrivés
récemment au cours de la période de quarantaine de
14 jours, les migrants sont censés être
payés 30 heures par semaine pendant la
quarantaine. Nous avons entendu parler de menaces
d'employeurs qui ont qualifié cela d'un prêt qui
doit être remboursé, entreprenant différentes
manoeuvres pour essayer de recouvrer les coûts, y
compris le paiement des emplettes d'épiceries. Il
semble que même pendant cette pandémie, certains
employeurs tentent de limiter les garanties
minimales que les travailleurs migrants devraient
recevoir pendant la quarantaine.
Pour les travailleurs coincés dans les Caraïbes,
on peut entendre dans leur voix le désespoir qui
les anime. Beaucoup sont scandalisés qu'à un
moment où on les force au chômage, le régime
d'assurance-emploi du Canada et la Prestation
canadienne d'urgence annoncée récemment ne leur
soient pas offerts bien qu'ils aient contribué
depuis des décennies des millions de dollars au
régime canadien. Beaucoup entendent les mots «
travailleur essentiel », qui confirment à
quel point les travailleurs agricoles font partie
intégrante de la société, mais ils sont en colère
face à un système de deux poids, deux mesures
lorsqu'il s'agit d'un groupe de travailleurs qui
sont si importants mais qui, aussi ou surtout
maintenant, se voient refuser les protections de
base dont bénéficient les travailleurs canadiens.
.
Pour tous les
travailleurs migrants, que ce soit dans les
Caraïbes ou au Canada, il existe une crainte
générale de dénoncer les conditions de travail
dangereuses, car cette dénonciation est depuis
longtemps utilisée comme mesure disciplinaire pour
intimider les « fauteurs de troubles ». Ceux
qui se tiennent tranquilles acceptent des
conditions dangereuses, non par ignorance, lâcheté
ou négligence. Il s'agit d'un mécanisme
d'adaptation pour assurer leur survie dans des
conditions précaires. Les travailleurs estiment
que venir au Canada n'est pas un choix. S'ils ne
viennent pas, leurs familles meurent de faim et
s'ils viennent au Canada, ils risquent de subir
des accidents graves et des maladies et de trouver
la mort. J4MW s'inquiète depuis longtemps du
pouvoir des employeurs de « rapatrier » les
travailleurs dans leur pays d'origine lorsqu'ils
exercent leurs droits ou tombent malades. Avant la
COVID-19, des milliers de travailleurs migrants
sont retournés chez eux malades, blessés et
handicapés alors que le Canada n'assume aucune
responsabilité pour les maux subis en travaillant
au Canada. Étant donné les dangers auxquels sont
confrontés les travailleurs de première ligne de
la COVID-19, il doit y avoir une tolérance zéro
pour ce type d'intimidation. Les employeurs
doivent respecter le devoir des travailleurs de
signaler toute éclosion dans le dortoir ou le lieu
de travail et le droit des travailleurs de refuser
des conditions de travail dangereuses. Aucun
travailleur qui tombe malade ou signale une
épidémie ne doit être renvoyé chez lui.
La crise économique mondiale actuelle devrait
également servir de signal d'alarme sur la façon
dont nous structurons le soutien au revenu pour
les migrants. Alors que des milliers de
travailleurs migrants sont confrontés à une
pauvreté croissante, nous croyons fermement que
les travailleurs migrants, qu'ils soient au Canada
ou non, devraient avoir accès à l'assurance-emploi
et à d'autres mesures de soutien du revenu. Si
tant de nos travailleurs essentiels doivent
traverser la frontière, il est temps de penser que
le soutien du revenu est lui aussi transférable
au-delà des frontières.
Alors qu'ils sont souvent embauchés avec des
conditions de travail insalubres, dangereuses et
mortelles, nous devons aller au-delà des
platitudes pour garantir qu'aucun travailleur
blessé ou malade ne soit oublié pendant cette
crise et que les ressources et le soutien
nécessaires leur soient accordés pour protéger
leur santé et leur bien-être, durant cette période
particulière. Cette pandémie appelle à des
changements transformateurs pour répondre aux
demandes que les travailleurs migrants soulèvent
quotidiennement. Tout cela peut être résolu
aujourd'hui par la mise en oeuvre d'une
législation en faveur des travailleurs afin de
garantir l'équité, le respect et la dignité pour
les travailleurs agricoles migrants. D'ici à ce
que cela se produise, ceux d'entre nous au sein de
la diaspora, ainsi que ceux des Caraïbes, doivent
exiger que nos gouvernements respectifs mettent en
place des protections accrues pour les
travailleurs migrants. Appuyez le travail de
Justice pour les travailleurs migrants et du
Réseau de solidarité caribéenne pour que nous
puissions y arriver. Nous reconnaissons
l'importance du programme PTAS pour les
travailleurs migrants, leurs familles et leurs
communautés, mais personne ne devrait risquer sa
vie pour gagner un chèque de paie.
(Cliquer ici
pour le texte complet de l'article)
- Diane Johnston -
En opposition à sa décision de refuser aux
demandeurs d'asile d'entrer irrégulièrement au
Canada, abandonnant ainsi ses propres engagements
humanitaires internationaux, le gouvernement
libéral de Justin Trudeau a exempté les
travailleurs étrangers temporaires de ses
restrictions à ses frontières, tout en menaçant de
recourir aux pouvoirs policiers contre eux.
En 2016, un total
de 613 200 permis de travail ont été
délivrés par le gouvernement fédéral à des
travailleurs étrangers temporaires, tous
programmes confondus. De ce
nombre, 129 000 permis ont été émis pour
les quatre programmes
suivants : 25 700 sont allés à des
travailleurs du programme « pour des motifs
d'ordre humanitaire », 3 700 à ceux
du programme de permis « Autres programmes de PTO
[travail ouvert] », 77 800 au
programme « Titulaires de PTED [Permis de travail
lié à un employeur donné] à faible niveau de
compétences » et 21 800 à «
Titulaires de plusieurs types de permis de travail
ou d'un permis de travail lié à un employeur donné
sans niveau de compétence déterminé. ».[1]
Au fil des ans, les pays à faible niveau de
développement économique et de stabilité sociale
ont été les principales sources de travailleurs
étrangers temporaires dans le cadre du programme
des aides familiaux résidants, du
programme des travailleurs agricoles saisonniers
et du projet pilote relatif aux
travailleurs peu spécialisés du gouvernement
fédéral. Dans tous ces programmes, ces
travailleurs étrangers temporaires ont eu une
forte tendance à demeurer plus longtemps ou à
revenir après avoir quitté pendant quelques mois,
car les emplois qu'ils effectuent sont récurrents.[2]
Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19,
une lettre datée du 1er avril 2020,
signée par la ministre fédérale de la Santé Patty
Hajdu et la ministre de l'Emploi Carla Qualtrough,
adressée aux employeurs de ces travailleurs,
décrit les mesures que le gouvernement a prises
pour faciliter leur accès « à cette source
importante de main-d'oeuvre, reconnaissant que ces
travailleurs jouent un rôle essentiel lorsqu'il
est question d'appuyer la sécurité alimentaire et
d'autres industries primordiales à l'économie
canadienne ». Les ministres justifient les
menaces qu'elles ont proférées contre ces
travailleurs en disant avoir « toujours fait ce
qui est nécessaire pour protéger la santé et la
sécurité des Canadiens ».[3] Le grand absent
est le souci pour la santé et la sécurité de ces
travailleurs.
Les considérant d'abord et avant tout comme une
marchandise, la lettre informe ensuite les
employeurs de leurs « obligations qui seront
imposées aux TET (travailleurs étrangers
temporaires) arrivant au Canada en vertu du décret
d'urgence Numéro C.P. : 2020-0175 sous
l'article 58 de la Loi sur la mise en
quarantaine, ainsi que les obligations
connexes que vous aurez en tant qu'employeur.
[...] De plus, quiconque, en contrevenant
intentionnellement ou par insouciance à cette loi
ou aux règlements, expose autrui à un danger
imminent de mort ou de blessures graves encourt
une amende maximale
de 1 000 000 $ ou un
emprisonnement maximal de trois ans, ou les deux
peines. Nous étudions également des options pour
imposer des pénalités à des employeurs de
ressortissants étrangers en vertu d'autres régimes
de réglementation, comme le Règlement sur
l'immigration et la protection des réfugiés,
puisque nous nous soucions grandement de la santé
des Canadiens. »[4]
« Il est important que vous sachiez que des
sanctions pouvant
atteindre 750 000 $ peuvent être
infligées à des TET qui ne se conformeraient pas à
l'article 58 », déclarent les ministres.
La lettre informe également les employeurs
que :
« Les travailleurs étrangers temporaires arrivant
par avion devront se soumettre à une vérification
de leur état de santé avant l'embarquement ainsi
qu'à une évaluation à leur arrivée au Canada. Si
votre employé présente des symptômes avant
l'embarquement, il ne sera pas autorisé à se
rendre au Canada.
« S'ils présentent des symptômes à leur arrivée,
ils seront placés en quarantaine au point d'entrée
ou envoyés à l'hôpital selon la gravité de leur
état. Une fois qu'ils se seront rétablis, leur
admissibilité sera évaluée et, le cas échéant, ils
pourront être autorisés à poursuivre leur voyage
pour se rendre à l'endroit où se trouve leur
poste.
« S'ils ne présentent aucun symptôme à leur
arrivée (dits ‘asymptomatiques') et qu'ils
satisfont aux exigences en matière d'entrée, ils
seront autorisés à poursuivre leur voyage dans un
véhicule privé pour se rendre à leur logement, où
ils devront s'isoler pendant 14 jours.
« S'ils deviennent symptomatiques après leur
arrivée à leur résidence canadienne, ils doivent
s'isoler des autres et les autorités de santé
publique locales doivent être contactées
immédiatement à des fins d'orientation. Celles-ci
fourniront des conseils à la personne concernée
ainsi qu'à toute personne ayant été en contact
étroit avec elle. Cette obligation demeure en
vigueur même après la fin de la période
d'auto-isolement obligatoire. »
La lettre conclut en soulignant que « les
employeurs sont tenus de surveiller la santé de
leurs employés et de signaler aux autorités de la
santé locales toute personne qui présente des
symptômes. Cela comprend les travailleurs
étrangers temporaires ainsi que tout autre
employé. »
Bon nombre des emplois pour lesquels des
travailleurs étrangers temporaires sont embauchés,
y compris la prestation de soins, le travail dans
les fermes et dans les champs ainsi que dans les
usines de transformation des viandes, ne sont pas
comblés par la main-d'oeuvre canadienne en raison
des salaires médiocres et de conditions de travail
intenables. Les travailleurs étrangers temporaires
acceptent souvent ces emplois dans l'espoir de
pouvoir s'installer définitivement ici pour
assurer un avenir meilleur à eux-mêmes et à leurs
familles. Pourtant, les gouvernements changent
continuellement les règles du jeu à leur égard,
les privant de ce droit.
Ces mêmes
gouvernements présentent la situation à laquelle
les travailleurs étrangers temporaires sont
confrontés comme étant régie par des règles et
affirment qu'ils sont couverts par les normes
minimales du travail fédérales et provinciales,
qu'ils ont accès à de nombreux programmes sociaux
et services publics, ainsi qu'à une porte d'entrée
vers la résidence permanente. Cependant, les
conditions objectives de servitude dans lesquelles
ils travaillent sont laissées à la discrétion de
l'employeur. Leurs droits sont soumis à des abus,
y compris leur droit fondamental de s'organiser
collectivement pour la défense de leurs droits,
auxquels s'ajoute la menace d'être renvoyés dans
leur pays d'origine.
Les gouvernements ici au Canada sont tenus de
maintenir ces travailleurs dans une position
vulnérable et ouverts aux abus en refusant de
supprimer leur statut temporaire. Tant que leurs
droits sont privés de garantie, leur dignité de
travailleur est également déniée et leur statut
précaire maintenu. Ils doivent être tenus
responsables des conditions que ces travailleurs
sont obligés d'endurer. Le fait « que ces
travailleurs jouent un rôle essentiel lorsqu'il
est question d'appuyer la sécurité alimentaire et
d'autres industries primordiales à l'économie
canadienne » mérite qu'ils soient dédommagés,
en commençant par leur octroyer le statut de
résident permanent, si ces travailleurs et leurs
familles le souhaitent. Ils ne méritent rien de
moins !
Notes
1. Statistique
Canada, Travailleurs étrangers temporaires au
sein de la population active du Canada :
permis de travail ouverts et permis liés à un
employeur donné, Tableau 1,
2. Dans
quelle mesure les travailleurs étrangers
temporaires étaient-ils temporaires ?,
Statistique Canada, 29 janvier 2018
3. Lettre
des ministres aux employeurs – Travailleurs
étrangers temporaires - COVID-19,1er
avril 2020
4. Décret
du gouverneur en conseil numéro 2020-0175
fait selon l'article 58 de la Loi sur
la mise en quarantaine et émis le 24
mars 2020.
Les voyages au Canada sont actuellement limités
pour tous les ressortissants étrangers en
provenance de n'importe quel pays, à l'exception
de certains groupes tels que les travailleurs
étrangers temporaires. Le décret d'urgence du
gouvernement du Canada en vertu de la Loi sur
la mise en quarantaine exige qu'ils
s'isolent pendant 14 jours s'ils présentent
des symptômes de la COVID-19, ou qu'ils se mettent
en quarantaine pendant 14 jours s'ils sont
asymptomatiques pour limiter la propagation de la
COVID-19.
À leur arrivée, ils doivent confirmer qu'ils ont
un endroit approprié pour s'isoler ou se mettre en
quarantaine, où ils auront accès aux produits de
première nécessité, tels que la nourriture et les
médicaments. Les voyageurs qui ne disposent pas
d'un endroit approprié pour s'isoler ou se mettre
en quarantaine doivent se rendre dans un endroit
désigné par l'administrateur en chef de la santé
publique du Canada. Ils doivent également porter
un masque ou un couvre-visage non médical pour se
rendre à leur destination finale où ils doivent
s'isoler ou se mettre en quarantaine, et un masque
doit leur être fourni s'ils n'en ont pas.
Au Canada, les programmes des travailleurs
étrangers temporaires sont réglementés par le
gouvernement fédéral et permettent aux employeurs
d'embaucher des ressortissants étrangers sur une
base temporaire pour combler les lacunes de leur
main-d'oeuvre. Le Québec ainsi que chaque province
et territoire ont également leur propre ensemble
de politiques qui affectent l'administration des
programmes. D'année en année, le Canada compte sur
des centaines de milliers de travailleurs migrants
pour soutenir son économie et soutenir ses
secteurs de l'agriculture, des soins à domicile et
d'autres secteurs à bas salaires. En 2016, environ
200 000 travailleurs étrangers temporaires
titulaires d'un permis de travail spécifique à
l'employeur ne pouvaient travailler que pour un
employeur spécifique, et environ 20 000
travailleurs, principalement des femmes,
travaillant dans le cadre du programme des aidants
naturels. Le chemin de l'immigration pour ces
travailleurs s'est rétréci, avec moins de permis
de travail pour le secteur à bas salaires, et
moins de travailleurs acceptés comme résidents
permanents et, par conséquent, le nombre de
travailleurs sans papiers a augmenté. Les
travailleurs sans papiers vivent une existence
encore plus précaire et sont encore plus
vulnérables aux abus des employeurs et n'ont pas
les droits les plus élémentaires comme les soins
de santé.
Près de 50 000 travailleurs viennent au Canada
chaque année dans le cadre du Programme des
travailleurs agricoles saisonniers. Les cas
documentés d'abus et de violations des droits de
ces travailleurs comprennent un logement
inadéquat, un accès limité aux soins de santé,
l'incapacité de négocier collectivement, la
séparation de la famille, les frais de recrutement
illégal et les cas de violence et d'abus sexuels.
Il y avait également plus de 600 000 personnes
titulaires d'un permis de travail ouvert, dont la
majorité étaient titulaires d'un permis de travail
post-diplôme, suivies de la «Classe d'expérience
internationale» - des travailleurs de 18 à 35 ans
des pays désignés qui doivent payer leurs propres
soins de santé par le biais d'une assurance privée
et n'ont aucun chemin vers la résidence
permanente.
Les programmes du Canada pour les travailleurs
étrangers temporaires peuvent être considérés
comme des accords bilatéraux spécifiques entre les
pays, comme le Programme des travailleurs
agricoles saisonniers (PTAS), qui a été introduit
pour la première fois en 1966 dans le cadre
d'un accord avec la Jamaïque. Dans le cadre du
PTAS, les travailleurs migrants ne peuvent pas
chercher d'emploi en dehors de leur contrat de
travail et ne peuvent pas demander le statut de
résident permanent, sauf dans le cadre d'un
programme pilote de 3 ans très restreint
lancé à l'été 2019, qui nécessite, entre
autres, 12 mois d'expérience de travail au
Canada à temps plein et sur une base non
saisonnière, comme c'est le cas dans le cadre du
Programme des travailleurs étrangers temporaires.
À ce jour, le Canada n'a pas signé et ratifié la
Convention internationale des Nations unies sur la
protection des droits de tous les travailleurs
migrants et des membres de leur famille, adoptée
par l'Assemblée générale de l'ONU le 18
décembre 1990. C'est le seul instrument
international spécifiquement rédigé pour protéger
les droits des travailleurs migrants. Il est entré
en vigueur le 1er juillet 2003.
Le 10 décembre 2018, à l'occasion
du 70e anniversaire de l'adoption et de la
proclamation par les Nations unies de la Déclaration
universelle des droits de l'homme le 10
décembre 1948, le Canada et 163 autres
États membres ont adopté le Pacte de l'ONU pour
des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le
Pacte ne crée aucun droit de migrer et n'impose
aucune obligation aux États. Il ne constitue pas
une loi dite « non contraignante » et n'est
pas juridiquement contraignant. En outre, il
permet expressément aux États de faire la
distinction - comme ils l'entendent - entre les
migrants réguliers et migrants irréguliers, selon
le droit international en vigueur.
L'éducation est un droit
- Laura Chesnik -
Ce que ce Premier
Mai révèle est jusqu'à quel point l'économie est
sociale de par sa nature. Chaque partie dépend des
autres. Une population en santé est la base de
toute économie, après quoi il y a les soins
prodigués aux enfants et aux aînés, puis
l'éducation et la recherche. Sans une
main-d'oeuvre instruite et en santé, l'économie
moderne ne peut pas fonctionner, ce qui veut dire
que les travailleurs sont la base de l'immense
valeur qui est actuellement retirée par les
monopoles sous forme de profits.
La demande de certains monopoles que l'économie
soit « redémarrée » ou « déconfinée » ne
tient pas compte de cette réalité. Il s'agit au
contraire d'une revendication étroite et
intéressée qui veut que la santé et le bien-être
de la population continuent d'être sacrifiés pour
qu'ils puissent continuer de réaliser leurs
profits. Une pression est exercée sur la classe
ouvrière pour qu'elle fasse sienne cette demande
des monopoles de repartir l'économie suivant une
vision pessimiste que si nous n'agissons pas tout
de suite, le ciel va nous tomber sur la tête.
C'est une tentative d'accabler la classe ouvrière
et le peuple et de les empêcher de poursuivre leur
propre discussion et de fixer leur propre
encadrement pour la reprise de l'économie. La
question en est réduite à une opposition entre «
redémarrer » et « ne pas redémarrer »,
un faux choix. Ralentir la propagation du virus
jusqu'à ce qu'un vaccin soit produit et planifier
un redémarrage économique qui est favorable au
peuple, voilà comment la question se pose. C'est
ce problème qu'il faut résoudre.
Lorsque nous parlons d'éducation, une des
principales caractéristiques de la classe
dirigeante est qu'elle voit les jeunes comme un
problème, parce que tant qu'ils ne sont pas à
l'école les parents doivent s'occuper d'eux à la
maison et ne sont donc pas au travail. En soi,
cela montre que les garderies et les écoles,
accessibles en tant que service public, libèrent
des ressources humaines massives qui peuvent
contribuer à bâtir l'économie. En fait, l'économie
ne peut redémarrer sans que ces services soient
pleinement fonctionnels. Comment la redémarrer
d'une manière qui soit favorable à la société dans
son ensemble à long terme, et à la jeunesse en
particulier, et non pas en simple réaction aux
exigences des monopoles, voilà ce dont il faut
débattre.
L'éducation
est intimement liée à d'autres secteurs de
l'économie du fait que les jeunes font partie de
la société et que la société a des responsabilités
envers eux. Le point de départ de toute relance du
système d'éducation doit être l'affirmation du
droit à l'éducation. Cela veut nécessairement dire
affirmer le droit de ceux qui dispensent
l'éducation et des jeunes eux-mêmes d'avoir leur
mot à dire sur comment initier la relance puisque
c'est leur vie et leur avenir qui est en jeu. Dans
ce processus, les enseignants et les travailleurs
de l'éducation, en tant qu'individus et par la
voix de leurs syndicats et de leurs comités de
santé et sécurité au travail ; les jeunes en
tant qu'individus et par la voix de leurs conseils
étudiants ; les parents en tant qu'individus
et par la voix des comités de parents ; et
les commissaires élus, ont le droit de se
prononcer sur la façon de redémarrer les écoles et
doivent faire partie des prises de décision. C'est
la seule façon de mettre en oeuvre des mesures qui
seront vraiment respectées et défendues par ceux
qui sont appelés à respecter les règles. Les
jeunes surtout doivent avoir voix au chapitre sur
l'établissement des directives qu'ils seront
appelés à suivre. C'est une méthode importante qui
permet de les former à prendre leurs
responsabilités individuelles et sociales, à
travailler comme collectif et à apprendre
ensemble.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS)
recommande spécifiquement aux éducateurs : «
Intégrez la prévention et la lutte contre les
maladies aux activités et aux leçons quotidiennes.
Veillez à proposer des contenus adaptés à l'âge,
au genre, à l'ethnie et au handicap éventuel des
enfants, et assurez-vous que les activités sont
intégrées aux matières existantes. » La
situation ne doit pas servir uniquement à dicter
des ordres basés sur la peur et les menaces ;
il faut faire participer les jeunes pour qu'ils
puissent constater comment les règlements doivent
servir la société et contribuer à leur bien-être,
et que s'ils jouent un rôle dans leur formulation,
ils peuvent mieux les appliquer eux-mêmes et
éduquer leurs familles. En ce sens, l'OMS soulève
aussi comment les écoles jouent un rôle primordial
dans la dissémination d'informations publiques sur
la santé qui peuvent aider à arrêter la
propagation du virus. L'expérience du Venezuela,
qui a utilisé son portail de cartes d'identité
pour faire parvenir un questionnaire aux citoyens
pour solliciter des renseignements et
immédiatement expédier des équipes pour faire du
porte-à-porte et déceler les infections possibles
pourrait être utile ici. Les écoles peuvent jouer
un rôle dans le repérage de symptômes et de
traitements individualisés lorsqu'ils sont
accessibles et dans l'administration des vaccins
dès qu'ils seront disponibles. En d'autres mots,
les écoles ne sont pas uniquement une cellule de
confinement pour enfants, elles sont un lien
vivant entre les campagnes et programmes publics
et la population dans son ensemble.
L'OMS offre les principes suivants pour aider à
arrêter la propagation de la COVID-19 dans les
écoles :
- Les élèves,
enseignants et autres membres du personnel malades
doivent s'abstenir de venir à l'école.
- Les écoles doivent imposer le lavage des mains
régulier à l'aide d'eau propre et de savon, d'une
solution hydroalcoolique ou d'une solution
chlorée. Elles doivent également désinfecter et
nettoyer les surfaces de l'école au moins une fois
par jour.
- Les écoles doivent mettre à disposition des
installations de distribution d'eau,
d'assainissement et de gestion des déchets, et
respecter les procédures de nettoyage et de
décontamination de l'environnement.
- Les écoles doivent encourager l'éloignement
social (il s'agit de mettre en oeuvre certaines
mesures pour ralentir la propagation d'une maladie
très contagieuse, notamment en limitant les
rassemblements d'un grand nombre de personnes).
Les services de garde
D'abord et avant tout, sans des services de garde
disponibles sur une base universelle pour les
enfants de la maternelle à la 8e année avant
toute réouverture, il sera très difficile de
rouvrir quoi que ce soit puisque les parents vont
devoir rester à la maison. (L'âge minimum pour
rester seul à la maison en Ontario est de 16
ans, cependant la plupart des agences de services
sociaux recommandent 12 ans.) Les services de
garde pour les enfants au préscolaire doivent être
bien organisés pour veiller à ce qu'ils soient
sécuritaires. Sans services de garde pour les
enseignants et les travailleurs en éducation dont
les enfants ne sont pas d'âge scolaire, il sera
difficile de rouvrir les écoles. La situation des
établissements de services de garde est donc la
première chose à examiner — en veillant d'abord à
ce qu'ils soient propres et sécuritaires, sans
quoi le reste ne tiendra pas.
Le transport en commun
Une autre question importante est la nécessité
d'accroître les investissements dans le transport
en commun. De nombreux jeunes se rendent à l'école
par transport en commun et par autobus scolaire.
Pour assurer une bonne distanciation physique, il
faudra une importante augmentation des services de
transport en commun pour éviter les longues files
d'attente et les véhicules bondés. Il faudra plus
de personnel pour assurer le nettoyage adéquat des
services de transport en commun après chaque
circuit. C'est ce que les travailleurs du
transport en commun exigent eux-mêmes car ils
voient comment le manque de transport en commun
peut avoir des répercussions nocives sur la santé
humaine, y compris la leur.
Le rôle des écoles dans la surveillance de la
COVID-19
Les écoles doivent être organisées en tenant
compte qu'elles sont le premier contact pour le
système de santé. En ayant dans chaque école une
petite clinique avec une infirmière ou étudiante
en soins infirmiers, le contrôle des symptômes
peut se faire durant la première période de
l'horaire ou même en prenant la température à
mesure que les élèves et le personnel arrivent à
l'école. Les élèves et les membres du personnel
qui montrent des symptômes peuvent immédiatement
être envoyés à la clinique pour un examen plus
complet et un test de dépistage, pour une plus
grande efficacité du traitement et une réduction
de la propagation.
Les mesures de distanciation sociale
L'OMS offre les directives suivantes :
- Étaler les horaires
de début et de fin des cours
- Annuler les rassemblements, les rencontres
sportives et tout autre événement susceptible
d'attirer un grand nombre de personnes
- Lorsque c'est possible, laisser au moins un
mètre entre les bureaux des enfants
- Apprendre aux élèves à garder leurs distances et
à éviter les contacts inutiles, et donner
l'exemple.
Avant l'éclosion de
la COVID-19, la taille des classes était contraire
à ce que nous considérons aujourd'hui comme des
mesures de distance appropriées pour prévenir la
propagation d'une maladie infectieuse. Ainsi, un
facteur important pour tout redémarrage est de
limiter la proximité des élèves pour limiter les
taux d'infection. Il faut donc fournir les masques
appropriés pour tous les élèves et le personnel de
l'école pour limiter la propagation de
gouttelettes. Il faudra donc fournir à chaque
élève et membre du personnel des masques qu'ils
pourront porter pour se rendre à l'école et
repartir de façon sécuritaire. Au Canada, 5
609 007 élèves étaient inscrits à l'éducation
primaire et secondaire en 2018. Il faudrait
donc près de 20 000 000 de masques
par semaine seulement pour les élèves, et ce sera
des masques jetables. Les masques lavables
pourraient aussi être utilisés mais devront être
nettoyés à l'école pour que le nettoyage ne soit
pas laissé au hasard.
Un nettoyage adéquat des écoles veut dire de plus
grands investissements pour avoir un personnel
d'entretien qui veille à ce que chaque jour toutes
les surfaces soient nettoyées à fond, surtout pour
les espaces communs, les poignées de porte et les
bureaux.
De nouveaux régimes doivent être établis pour le
lavage des mains et l'entretien pour que rien ne
soit laissé au hasard. Il pourrait s'agir d'une
routine matinale de lavage de mains à des kiosques
à l'extérieur des écoles, routine qui serait
ensuite reprise lorsque les élèves et le personnel
quittent les lieux.
Il faut en premier lieu que le processus débute
très lentement, avec un contrôle intense et une
rétroaction aux autorités médicales et de la santé
pour que des changements puissent se faire sur une
base quotidienne. Il faudra ainsi un lien entre
chaque école et l'unité locale de santé. Des
représentants de santé et sécurité des
travailleurs à chaque école devraient être libérés
pour permettre qu'ils se réunissent tous les jours
et contrôlent la mise en oeuvre des protocoles de
sécurité. Il faudra pour ce faire mettre sur pied
un comité de santé-sécurité dans chaque école qui
est autorisé à recueillir l'information et à la
transmettre au comité de santé-sécurité au niveau
de la commission scolaire, lequel travaillerait
directement avec les autorités municipales de
santé publique et les gouvernements municipaux,
provinciaux et fédéraux, pour veiller à ce que
toutes les mesures requises sont prises.
Le déconfinement au Québec
- Pierre Soublière -
Alors que le processus de déconfinement a été
annoncé, les travailleurs et leurs organisations
font valoir leurs besoins comme ils le font en
tant que travailleurs de première ligne et
essentiels depuis le début de la pandémie. Ils
exigent que leurs besoins en ce qui a trait aux
mesures et aux équipements de protection soient
respectés, et qu'ils participent activement aux
prises de décisions. Ils affirment qu'ils n'ont
pas l'intention de retourner aux conditions qui
prévalaient avant le confinement.
Au sujet
du plan du gouvernement du Québec d'ouvrir les
écoles primaires et les services de garde
le 14 mai dans les régions hors Montréal, la
présidente d'un syndicat des enseignants de
l'Outaouais a déclaré : « Les écoles d'hier
ne sont pas les écoles qui rouvriront en
mai. » Elle a dit : « Le plan ne peut
pas avoir été écrit sans que les profs aient été
consultés, l'aient vu et l'aient bonifié. Plus on
nous écoutera, meilleure sera la
réouverture ». Même son de cloche du
président du syndicat du soutien scolaire, qui a
affirmé : « On ne semble pas considérer dans
le débat, mais en bout de ligne, ce sont ces
gens-là qui font rouler les services de garde, les
services administratifs, l'entretien des
écoles. »
En préparation pour le déconfinement en
éducation, plusieurs comités ont été formés à la
demande du gouvernement et leurs recommandations
devaient être présentées au début de mai, mais le
gouvernement Legault a annoncé qu'il allait
consulter son « caucus » ainsi que les «
trois chefs de l'opposition qui vont consulter
leurs députés », et voilà, le tour est joué.
Dans cette période de distanciation sociale,
peut-être devrions-nous nous distancier quelque
peu de ces institutions dites représentatives qui
nous tournent le dos dans ces moments critiques et
continuent de prendre des décisions à huis clos
tout en tentant de nous épater parce qu'elles «
consultent les chefs de l'opposition ».
Arrêtons-nous un instant et pensons à toutes ces
fois que nous avons fait valoir et défendu nos
revendications, que ce soit contre les
compressions en santé, en éducation et dans les
services sociaux, contre l'offensive néolibérale
et antisociale, dans le but d'améliorer nos
conditions de travail ainsi que les services que
nous assurons. Inévitablement, peu importe la
justesse et la nécessité de nos revendications,
les gouvernements et les médias se mettent à
s'énerver et à reprendre leurs éternelles
rengaines – « Les syndicats sont
corporatistes », « Les travailleurs prennent
la population en otage », « L'économie va
s'effondrer » – et tout est fait pour isoler
les travailleurs et veiller à ce que leurs
revendications restent lettre morte. Des lois
spéciales sont adoptées parfois même pour
interdire toute forme d'action collective.
Maintenant,
un virus mortel et la lutte de vie ou de mort
menée contre lui pour protéger toute la société a
mis en relief comment, de façon incontournable,
les conditions de travail des enseignants sont, en
effet, les conditions d'apprentissage des élèves,
les conditions de travail des travailleurs de la
santé sont, en effet, les conditions du bien-être
de la population, et il en va de même pour tous
les travailleurs du secteur public et tous les
secteurs de l'économie puisque les travailleurs
sont essentiels au fonctionnement de leurs
communautés et de la société dans son ensemble. Le
fait que les gouvernements agissent de l'ancienne
façon envers les travailleurs en dépit de ce que
la crise met en lumière est dû en grande partie au
fait que, du haut de la tour de leur autorité, ils
ne partagent aucunement les conditions de ceux qui
font le travail.
L'initiative est entre nos mains. En quelques
semaines, le rôle essentiel que nous jouons dans
la société est devenu clair comme de l'eau de
roche. Ceux qui travaillent, et qui luttent,
depuis des années, ne s'en sont peut-être même pas
rendus compte eux-mêmes avant aujourd'hui. Nous
constatons l'immense responsabilité sociale que
nous avons, une très noble responsabilité, d'une
ampleur telle qu'il est même difficile de
l'apprécier à sa pleine valeur. Mais nous y
réussirons, aussi longtemps que nous défendons le
mot d'ordre Pas de décisions sans que les
travailleurs ne participent aux prises de
décisions ! Pas de retour à la normale sans
que les nouvelles normes démocratiques que nous
affirmons ne soient respectées !
- Linda Sullivan -
Le gouvernement Legault a annoncé les dates de
réouverture des écoles primaires et des garderies
du Québec et a assuré aux parents qu'ils avaient
le « choix » d'envoyer ou non leur(s)
enfant(s) à l'école. Depuis que Legault a annoncé
il y a trois semaines la réouverture possible, une
pétition demandant au gouvernement de fermer les
écoles et les garderies jusqu'en septembre a reçu
près de 300 000 signatures. [1] Le
gouvernement a invoqué de nombreux idéaux élevés
pour justifier la réouverture des écoles, allant
d'éduquer nos enfants, leur permettre de
socialiser, de courir et de sortir de la maison, à
ne pas laisser les enfants ayant des besoins
spéciaux plus désavantagés, à révéler les abus au
foyer que les enseignants signalent et qui, sans
cela, passent inaperçus, et contribuer à
l'immunité collective. Toutes ces raisons très
convaincantes pour envoyer des enfants à l'école
soulignent que le système d'éducation a été
contraint de compenser les échecs d'une société
confrontée à des décennies de compressions
destructrices dans les programmes sociaux.
En plus d'une
éducation, le système scolaire fournit des repas
et des collations aux enfants en situation
d'insécurité alimentaire. Depuis 2018, le
gouvernement finance un programme de petits
déjeuners pour 180 000 enfants d'âge
préscolaire et primaire provenant de plus
de 700 écoles dans l'ensemble du Québec,
pourvu que les écoles y soient admissibles selon
leur indice socioéconomique. Les écoles offrent un
environnement structuré pour l'apprentissage, la
socialisation et l'exercice et une pause
indispensable pour ceux qui vivent dans des
logements surpeuplés, inadéquats et dangereux.
Cependant, opposer la santé et la sécurité des
Québécois par rapport à la COVID-19 à leur
sécurité mentale et physique en raison du manque
de ressources sociales n'est pas du tout un choix.
Le gouvernement dit qu'il fait confiance aux
employeurs pour discuter avec les travailleurs qui
ont des enfants afin de parvenir à une entente sur
leur retour au travail. Comment les employeurs
combleront-ils les postes de travailleurs qui ne
retournent pas au travail parce qu'eux-mêmes ou
leurs enfants ont un système immunitaire affaibli
afin que les entreprises puissent recommencer à
fonctionner ? Les gens devront-ils «
choisir » entre retourner au travail ou
perdre leur emploi ? Si quelqu'un refuse
d'aller au travail par souci de sa propre sécurité
ou parce qu'il ne veut pas envoyer ses enfants à
l'école, l'assurance-emploi (AE) le couvrira-t-il
ou sera-t-il considéré comme ayant volontairement
quitté son emploi et perdra-t-il à la fois son
emploi et ses prestations
d'assurance-emploi ? De nombreux parents
subissent déjà un stress financier lié à
l'assurance-emploi ou un stress mental parce
qu'ils doivent travailler à domicile avec leurs
enfants présents. On ne peut que conclure que les
écoles sont en train de rouvrir pour ceux qui
n'ont PAS le choix.
L'Organisation mondiale de la santé a établi les
six mesures suivantes avant de mettre fin à une
situation de confinement :
1. La transmission de la COVID-19 est maîtrisée
2. Les systèmes de santé sont capables d'«
identifier, tester, isoler et traiter chaque cas
et retrouver chaque contact »
3. Les risques de points chauds sont minimisés
dans les endroits vulnérables, tels que les
centres d'hébergement pour personnes âgées
4. Les écoles, les lieux de travail et autres
lieux essentiels ont mis en place des mesures
préventives
5. Le risque d'importer de nouveaux cas « peut
être géré »
6. Les communautés sont pleinement éduquées,
engagées et habilitées à vivre selon une nouvelle
normalité
Le gouvernement Legault dit que le Québec
remplit ces conditions, mais de le répéter ne le
rend pas plus vrai. Le fait qu'il y ait « beaucoup
de lits d'hôpitaux pour ceux qui tombent
malades » est-il censé être rassurant ?
La réalité est tout à fait le contraire à Montréal
où deux grands hôpitaux (Sacré-Coeur et
Maisonneuve-Rosemont) font actuellement face à des
éclosions majeures de COVID-19 dans la majorité de
leurs services, au point qu'ils ont dû transférer
des patients non affectés par la COVID-19 vers
d'autres hôpitaux.
Les parents, les enseignants et toutes les
personnes actives dans l'éducation sont à juste
titre préoccupés par les mesures qui doivent être
mises en place pour assurer un retour au travail
et à l'école en toute sécurité. Étant donné que ce
gouvernement a toujours refusé de consulter
quiconque qui doit appliquer les mesures qu'il
dicte, et compte tenu du piètre état du système
d'éducation dans des conditions de non pandémie,
ce n'est pas rassurant.
La situation est complexe et les gens font tout
ce qui est en leur pouvoir, individuellement et au
sein de leurs collectifs, par exemple par le biais
de leurs syndicats, organisations communautaires
et quartiers, pour rester en bonne santé et en
sécurité tout en aidant à relancer l'économie et
la vie. Cependant, la situation est loin d'être
maîtrisée et la tendance de ce gouvernement est de
blâmer la population de ne pas respecter les
lignes directrices tout en refusant d'examiner son
propre bilan, par exemple en obligeant les
travailleurs de la santé à fréquenter de nombreux
établissements de santé, contribuant ainsi
grandement à la propagation du virus. De plus,
comment pouvons-nous compter sur un système de
gouvernance basé non pas sur la santé et le
bien-être des membres de la société, mais sur le
motif du profit qui, 17 ans après l'épidémie de
SRAS, nous a privés de l'équipement de protection
individuelle dont nous avons besoin pour survivre
à la pandémie? Il est impératif de discuter de nos
droits, de nos revendications et d'alternatives
afin d'ouvrir la voie au progrès afin de ne plus
jamais faire face à ce genre de situation.
Note
1. La pétition se trouve ici
États-Unis
Le 22 avril, le président Trump a publié un
décret intitulé « Proclamation suspendant l'entrée
des immigrants qui présentent des risques pour le
marché du travail américain pendant la reprise
économique après l'éclosion de la COVID-19 ».
L'ordonnance est entrée en vigueur à 23 h 59 le 23
avril. Elle est en vigueur pendant 60 jours et
peut être renouvelée.
L'administration Trump affirme qu'en raison de
la perturbation économique causée par la pandémie,
« nous devons être conscients de l'impact des
travailleurs étrangers sur le marché du travail
américain, en particulier dans un environnement de
chômage élevé et de demande affaiblie en
main-d'oeuvre ».
L'administration Trump continue de se faire
passer pour un défenseur des minorités et des
personnes handicapées en justifiant l'interdiction
de l'immigration. Elle affirme en effet que «
l'excès de main-d'oeuvre affecte tous les
travailleurs actuels et potentiels, mais c'est
particulièrement préjudiciable pour les
travailleurs qui penchent entre l'emploi et le
chômage, qui sont généralement les ‘derniers
arrivés' durant une expansion économique et les
‘premiers renvoyés' pendant une contraction
économique. Ces dernières années, ces travailleurs
sont représentés de manière disproportionnée dans
les groupes historiquement défavorisés, y compris
les Afro-Américains et d'autres minorités, ceux
sans diplôme universitaire et les personnes
handicapées. » La proclamation poursuit cette
stratégie néolibérale de justifier la réaction en
invoquant des idéaux élevés.[1]
Selon les mesures contenues dans le décret, les
citoyens américains qui demandent un visa
d'immigrant pour un parent, un enfant adulte ou un
frère ou une soeur ne peuvent plus le faire. Elles
imposent aussi un examen de 30 jours des visas
temporaires. Les agences de presse soulignent que
la proclamation contient des dispositions presque
identiques à un projet de loi sur l'immigration
rejeté par le Sénat en février 2018. Concernant la
prétention de l'administration Trump que la
proclamation vise à empêcher les immigrants
d'enlever des emplois aux citoyens américains, le
magazine Forbes souligne : « Le taux de
chômage aux États-Unis en février 2018 n'était que
de 4,1 % lorsque l'administration a tenté
d'empêcher les immigrants d'entrer au pays dans
les mêmes catégories que celles incluses dans la
proclamation présidentielle du 22 avril 2020. »
Ainsi, l'administration Trump a effectivement
utilisé la pandémie pour changer la loi sur
l'immigration sans soumettre de projet de loi au
Congrès.
Le 25 avril, une coalition d'organisations de
défense des droits civiques et d'organisations
juridiques a déposé une requête demandant au
tribunal de district de l'Oregon d'« arrêter la
mise en oeuvre de cette interdiction dans la
mesure où elle empêche les demandeurs de visa
d'accéder aux services de traitement consulaires
d'urgence ».
La coalition réfute les justifications données
pour l'interdiction : « La proclamation
présidentielle affirme que, à quelques exceptions
près, l'entrée continue d'immigrants présente un
risque pour le marché du travail américain à cause
de l'épidémie de la COVID-19. Mais la réalité est
que les immigrants sont l'épine dorsale de
l'économie américaine, sont déjà en première ligne
de la réponse à la pandémie et seront également la
clé de la reprise économique. Les experts
prévoient que l'interdiction de l'immigration
familiale réduira probablement la croissance de la
population et rendra la relance économique plus
difficile après le ralentissement économique causé
par la COVID-19. Des décennies de recherche nous
indiquent que l'augmentation du nombre
d'immigrants stimule la demande des consommateurs,
crée des emplois et apporte une contribution de
plus en plus précieuse à la force de l'économie
nationale.
« En refusant les visas de regroupement
familial, cette proclamation interdira l'entrée à
des milliers de grands-parents qui viennent
prendre soin des enfants des travailleurs
essentiels qui emballent et livrent nos aliments,
soignent les patients dans nos hôpitaux et
recherchent des traitements et des vaccins contre
le virus. Cela pourrait également changer la
classification des visas pour un adolescent
approchant de son vingt et unième anniversaire
puisqu'il perdra son admissibilité à un visa
pendant que l'interdiction est en vigueur – ce qui
retardera de plusieurs années, voire des
décennies, le processus d'immigration. »
À l'occasion du Premier Mai, il est important de
rappeler que la classe ouvrière américaine a
relancé la tradition du Premier Mai comme une
occasion d'affirmer avec militantisme les droits
des travailleurs et leur rôle essentiel en tant
que producteurs de la richesse de la société, et
que cela a été fait précisément avec des
immigrants et des travailleurs sans papiers en
tant que partie intégrante de la classe ouvrière.
Le refus de la classe ouvrière américaine d'être
divisée sur une base raciste ou d'être incitée au
racisme a été réaffirmé tout au long de la
présidence Trump par la vaste opposition aux
interdictions de voyager, à la militarisation de
la frontière avec le Mexique et aux raids et
détentions inhumaines effectués par le Contrôle de
l'immigration et des douanes.
La classe ouvrière américaine ne sera sûrement
pas dupe de cette tentative de l'inciter au
racisme ou de diviser les travailleurs sur une
base raciste. Les travailleurs ne seront pas non
plus détournés de la défense de leurs droits et
des droits de tous, ni de leur détermination à
tenir l'administration Trump et d'autres
responsables redevables de leurs crimes contre les
travailleurs pendant la pandémie.
Les travailleurs de première ligne dans la
lutte contre
la pandémie sont ciblés par l'interdiction
L'opportunisme de l'administration Trump sur les
questions d'immigration pendant la pandémie se
voit également dans sa tentative d'abroger la
politique d'immigration connue sous le nom
d'action différée pour les arrivées de l'enfance
(DACA) qui fournit des protections limitées à ceux
qui sont venus aux États-Unis sans papiers pendant
l'enfance. Depuis son arrivée au pouvoir,
l'administration Trump a cherché à éliminer la
DACA, mais cela a été contesté par plusieurs États
et son abrogation est actuellement bloquée par les
tribunaux. La Cour suprême est appelée à se
prononcer sur la question dès le 4 mai, en plein
milieu de la pandémie.
La DACA a été créée en juin 2012 en tant que
mémorandum du pouvoir exécutif. Ceux qui ont
réussi à demander la DACA peuvent différer
l'expulsion pour une période renouvelable de deux
ans, avec éligibilité aux permis de travail
pendant cette période. Elle ne donne pas accès à
la citoyenneté. Environ 700 000 personnes ont
présentement le statut de la DACA.
Les travailleurs bénéficiaires de la DACA font
partie intégrante de l'économie américaine et de
la sécurité et du bien-être de ses habitants, en
particulier pendant la pandémie.
Une étude réalisée le 6 avril par le Center for
American Progress indique que dans l'ensemble des
États-Unis « 202 500 bénéficiaires de la DACA
travaillent à protéger la santé et la sécurité des
Américains alors que le pays est confronté à la
COVID-19. Ils veillent à ce que les enfants
continuent d'être éduqués ; les aliments soient
toujours cultivés, emballés, cuits, expédiés et
mis sur les étagères des épiceries ; les patients
soient pris en charge ; et bien plus encore. Les
bénéficiaires de la DACA, par exemple, sont des
médecins et des étudiants en médecine, qui mettent
leur propre santé et sécurité en danger. Ils sont
également des enseignants qui s'efforcent de
fournir à distance un sentiment de bien-être et de
continuité à la plus jeune génération. Ce sont des
rôles cruciaux à l'heure où les États-Unis sont
confrontés à une grave pénurie de travailleurs
dans les deux professions. »
L'étude indique qu'environ 29 000 bénéficiaires
de la DACA sont des travailleurs de la santé de
première ligne et que les États comptant le plus
de bénéficiaires de la DACA abritent également le
plus grand nombre qui oeuvrent aux soins de la
santé : la Californie en compte 8600 ; le Texas
4300 ; l'État de New York 1700 ; l'Illinois 1400 ;
la Floride 1100 ; l'Arizona 1000 ; et l'État de
Washington 1000. Quelque 12 700 autres
bénéficiaires de la DACA dans le secteur de la
santé s'occupent de l'entretien ménager, des
services alimentaires, de la gestion et de
l'administration, tant dans les hôpitaux que dans
les centres d'hébergement pour personnes âgées.
Dans le secteur de l'éducation, l'étude indique
que « 14 900 bénéficiaires de la DACA font partie
des centaines de milliers d'enseignants qui sont
passés de la salle de classe physique à la salle
de classe numérique, dont 4300 en Californie, 2800
au Texas et 1000 en Illinois ».
En ce qui concerne l'industrie de
l'alimentation, l'étude indique que « de la ferme
à l'épicerie, des centres de distributions aux
restaurants, plus du quart des bénéficiaires de la
DACA à l'emploi, soit 142 200, occupent des
emplois ou travaillent dans les industries liées à
l'alimentation. C'est sans compter que tous les
travailleurs du secteur alimentaire sont sans
aucun doute touchés par la COVID-19 d'une façon ou
d'une autre.
« Du côté de la production, 12 800
récipiendaires de la DACA travaillent dans
l'industrie agroalimentaire, la grande majorité à
titre d'ouvriers agricoles, alors que 11 600
récipiendaires de la DACA oeuvrent dans
l'industrie alimentaire, où ces produits agricoles
sont transformés en produits alimentaires pouvant
être vendus.
« Quelque 4700 bénéficiaires de la DACA
travaillent dans le commerce du gros lié à
l'alimentation et 8800 dans l'entreposage, le
transport et la livraison de denrées alimentaires.
Ils transportent les aliments des centres de
production jusqu'aux consommateurs. »
« Un autre groupe de travailleurs essentiels à
l'alimentation est celui qui s'occupe de maintenir
les épiceries ouvertes et opérationnelles. Il
comprend 14 900 bénéficiaires de la DACA, occupant
des postes tels que caissiers (6000), les
étalagistes et journaliers (2900) et superviseurs
(1200).
« La majorité des bénéficiaires de la DACA dans
cette industrie travaillent dans des restaurants
ou des établissements de services alimentaires (82
200). Cela comprend 23 700 serveurs ; 20 800
cuisiniers et préparateurs ; et 10 800 caissiers.
Alors que les restaurants du prêt-à-emporter et
les services de restauration rapide sont jugés
essentiels par la Sécurité intérieure des
États-Unis, la restauration reste largement fermée
et l'industrie de la restauration a connu des
fermetures et des licenciements importants.
« Et ces statistiques ne comprennent sans doute
pas un autre groupe critique : les employés
d'entrepôt qui jouent désormais un rôle plus
important dans le transport direct des aliments
vers les consommateurs à travers le pays, ainsi
que les emplois-sur-demande comme les livreurs. »
Les bénéficiaires de la DACA sont également
confrontés à l'incertitude concernant le
renouvellement de leur statut ou de leurs permis
de travail, car le département de l'immigration a
fermé ses bureaux jusqu'au 3 juin en raison de la
pandémie. Les récipiendaires de la DACA et les
organisations de défense des droits exigent que le
gouvernement procède à un renouvellement
automatique pendant que les bureaux extérieurs du
département de l'immigration restent fermés.
Les récipiendaires de la DACA et diverses
organisations demandent à la Cour suprême de
retarder toute décision jusqu'après la pandémie.
Note
1. Pour lire la
proclamation complète, cliquez ici.
Pendant la pandémie, alors que les peuples
partout dans le monde pratiquent la distanciation
sociale et le confinement et voyagent le moins
possible pour arrêter la pandémie de la COVID-19,
l'Agence fédérale américaine, le Service de
contrôle de l'immigration et des douanes des
États-Unis (ICE), continue ses raids brutaux, ses
détentions de masse et ses déportations.
Dans un article du 13 avril publié par Mother
Jones, on explique comment le traitement par
l'ICE des personnes infectées par la COVID-19 dans
ses centres de détention crée une situation qui
favorise l'éclosion. On lit dans l'article :
« Sur son site web, le Centre pour le contrôle et
la prévention des maladies (CDC) offre des
directives pleines de bon sens pour les prisons et
les centres de détention pour empêcher la
propagation de la COVID-19. Ces établissements,
selon le CDC, doivent éviter de ‘placer en
cohorte' les personnes qui ont été en contact avec
quelqu'un infecté par le virus — c'est-à-dire, de
les placer en confinement ensemble. Les raisons
sont évidentes. Cette façon de faire peut
‘transmettre la COVID-19 des personnes infectées
aux personnes non infectées'.
« Et pourtant,
l'ICE, qui détient des immigrants et des
chercheurs d'asile dans des établissements partout
au pays, suit des procédures qui sont contraires
aux conseils du CDC. L'approche de l'agence repose
beaucoup sur le regroupement parce qu'elle refuse
de libérer un grand nombre de personnes, en dépit
du fait qu'elle n'a pas toujours les moyens de
séparer les détenus qu'elle sait exposés au
nouveau coronavirus.
« L'ICE loge habituellement les détenus dans des
dortoirs où des dizaines de personnes sont forcées
d'être ensemble dans un espace étroit. En vertu de
la politique de l'ICE sur la COVID-19, des détenus
ayant des symptômes sont retirés et placés en
confinement. Lorsque quelqu'un a un résultat
positif, toutes les autres personnes du dortoir
sont en quarantaine ensemble, ou ‘placés en
cohorte', pendant 14 jours. Ensuite, le
personnel du centre de détention contrôle les
détenus pour voir si quelqu'un d'autre a développé
des symptômes. Pendant ce temps, les détenus en
quarantaine sont proches les uns des autres et
touchent les mêmes surfaces — souvent sans avoir
suffisamment accès à du savon, des produits
nettoyants, des masques ou des gants. Si une autre
personne est infectée, elle est isolée et
l'horloge de la quarantaine repart à zéro. La
procédure, selon les directives de l'ICE, se
poursuit jusqu'à ce que personne n'ait des
symptômes pendant deux semaines. »
À la mi-mars, dans une lettre ouverte au
directeur intérimaire de l'ICE, Matthew T.
Albence, plusieurs professionnels médicaux ont
appelé l'ICE à « relâcher les immigrants
individuels et les familles immigrantes en
détention en attendant que leur dossier judiciaire
soit réglé afin d'éviter la propagation de la
COVID-19 et mitiger les dommages dus à
l'éclosion. »
Les médecins soulignent que « les établissements
de détention, comme les pénitenciers et les
prisons où ils sont logés, sont conçus pour
maximiser le contrôle de la population incarcérée
et non pour minimiser la transmission de la
maladie ou prodiguer avec efficacité des soins de
santé. Ce problème est aggravé en raison des
conditions d'hygiènes malsaines et de
surpopulation, une ventilation insalubre, le
manque d'accès à des produits d'hygiène
personnelle comme du savon, de l'eau ou du
désinfectant pour les mains, une nutrition qui
laisse à désirer, une non-conformité aux normes de
prévention reconnues, le dépistage et le
confinement. Le transfert fréquent d'individus
d'un établissement de détention à l'autre, et un
renouvellement de nouveaux détenus provenant de la
communauté, rendent encore plus difficiles la
prévention et la détection d'éclosions de maladies
infectieuses. Une réponse immédiate, dès que les
symptômes sont dépistés et observés, est
nécessaire pour bloquer la transmission virale.
Malheureusement, les délais de dépistage, de
diagnostic et d'accès aux soins sont systémiques
lorsqu'une personne est détenue par l'ICE. Aussi,
en raison de la précarité du système
réglementaire, il est difficile de savoir si c'est
l'ICE, le comté ou les départements de la santé de
l'État qui sont responsables du contrôle de la
santé publique dans ces établissements.
« Pour ces raisons, la transmission de maladies
infectieuses dans les pénitenciers et les prisons
est incroyablement courante, en particulier celles
transmissibles par gouttelettes respiratoires.
[...] La COVID-19 menace le bien-être des
individus détenus ainsi que des agents
correctionnels qui voyagent entre leur communauté
et les centres de détention.
« Nous recommandons fortement que l'ICE mette en
oeuvre des alternatives communautaires à la
détention afin de réduire la surpopulation de
masse dans les centres de détention. Les individus
et les familles, surtout les plus vulnérables —
les personnes âgées, les femmes enceintes, les
gens ayant des problèmes de santé mentale et les
personnes à risque — devraient être libérés en
attendant que leur procédure judiciaire soit
terminée afin d'éviter des décès évitables et
mitiger les dangers provenant d'une éclosion de la
COVID-19. »
Mise à jour sur la COVID-19
Nombre de cas dans le monde
Au 2 mai, les statistiques mondiales sur la
pandémie de COVID-19 telles que rapportées par
Worldometer étaient les suivantes :
- Nombre total de cas
signalés : 3 426 382.
C'est 570 683 de plus que le total
déclaré le 25 avril,
soit 2 855 699. L'augmentation des
cas au cours de la semaine précédente était
de 568 376.
- Total des cas
actifs : 2 091 944.
C'est 250 668 de plus que le nombre
annoncé le 25 avril,
soit 1 841 276. L'augmentation du
nombre total de cas actifs au cours de la semaine
précédente était de 297 259.
- Total de dossiers
fermés : 1 334 438.
C'est 320 015 de plus que le nombre
annoncé le 25 avril,
soit 1 014 423. Cela se compare à
une augmentation au cours de la semaine précédente
de 271 117.
- Total des décès : 240 488.
C'est 41 956 décès de plus qu'au 25
avril, alors que le bilan était
de 198 532, comparé à une augmentation
la semaine précédente de 41 064.
- Total des cas
rétablis : 1 093 950. Cela
représente une hausse de 278 059 par
rapport au chiffre de 815 891 du 25
avril et se compare à une augmentation
de 230 053 récupérations la semaine
précédente.
Il y a eu 94 550 nouveaux cas
du 30 avril au 1er mai. Cela se compare
à l'augmentation de 105 825 nouveaux cas en
une journée du 23 au 24 avril.
La maladie était présente dans 212 pays et
territoires, contre 210 la semaine
précédente. Parmi ceux-ci, 63 avaient moins
de 100 cas, comparé à 68 au 25
avril. Il y a quatre pays ou territoires sans cas
actifs, contre six la semaine précédente. Ce sont
les Malouines (13 cas, tous rétablis), le
Groenland (11 cas, tous rétablis) ; Saint
Barthélemy (6 cas, tous rétablis) ; Anguilla
(3 cas, tous rétablis).
Voici la situation dans les cinq pays avec le
plus grand nombre de cas au 2 mai :
États-Unis : 1 131 030
(903 714 actifs ; 161 563
rétablis ; 65 753 décès)
et 3 417 cas par million ; 199
décès par million- 25
avril : 926 530 (763 855
actifs ; 110 432
rétablis ; 52 243 décès)
et 2 799 cas par million ; 158
décès par million
Espagne : 242 979
(75 714 actifs ; 142 441
rétablis ; 24 824
décès) ; 5 197 cas par
million ; 531 décès par million- 25
avril : 223 759 (105 149
actifs ; 95 708 rétablis ;
décès 22 902) et 4 786 cas par
million ; 490 décès par million
Italie : 207 428
(100 943 actifs ; 78 249
rétablis ; 28 236 décès)
et 3 431 cas par million ; 467
décès par million- 25
avril : 192 994 (106 527
actifs ; 60 498 rétablis ;
décès 25 969) et 3 192 cas par
million ; 430 décès par million
Royaume-Uni : 177 454
(149 600 actifs ; cas rétablis non
disponible ; 27 510 décès)
et 2 614 cas par million ; 405
décès par million- 25
avril : 143 464 (123 614
actifs ; cas rétablis non
disponible ; 19 506 décès)
et 2 113 cas par million ; 287
décès par million
France : 167 346
(92 540 actifs ; 50 212
rétablis ; 24 594 décès)
et 2 564 cas par million ; 377
décès par million
- 25 avril : 159 828
(94 090 actifs ; 43 493
rétablis ; décès 22 245)
et 2 449 cas par million ; 341
décès par million
Les États-Unis à eux seuls comptent
environ 33,28 % de tous les cas dans le
monde, contre 32,44 % le 25 avril. Les
cas en Europe représentent 41,16 % de
tous les cas dans le monde,
contre 43,46 % le 25 avril.
Un changement notable est que le Royaume-Uni est
maintenant le pays avec le troisième plus grand
nombre de cas signalés dans le monde, alors qu'il
était le cinquième en Europe la semaine
précédente. Ceci est dû au fait que le taux de
nouvelles infections au Royaume-Uni est resté
relativement stable, tandis que le taux de
nouveaux cas et le nombre total de cas actifs en
Espagne, en Italie et en France ont sensiblement
diminué.
Le cas des cinq premiers pays par région
En Europe, le 2 mai, le pays avec le
cinquième plus grand nombre de cas signalés après
les quatre énumérés ci-dessus est
l'Allemagne :
Allemagne : 164 077
(30 441 actifs ; 126 900
rétablis ; 6 736 décès)
et 1 958 cas par million ; 80
décès par million
- 25 avril : 155 054
(39 466 actifs ; 109 800
rétablis ; 5 788 décès)
et 1 851 cas par million ; 69 décès
par million
Au Royaume-Uni, près de 130 députés du Parlement
ont signé une lettre qui soulève des inquiétudes
quant au risque accru de coronavirus posé par le
fait de permettre aux lieux de travail non
essentiels, y compris les chantiers de
construction, de rester ouverts. La centrale
syndicale britannique et irlandaise Unite estime
que seulement environ un quart des chantiers de
construction du Royaume-Uni ont suspendu leurs
travaux en raison de la pandémie. Le syndicat a
demandé que des mesures plus strictes soient
prises pour faire respecter la santé-sécurité et
pour garantir que les travailleurs ne soient pas
obligés de travailler sur des projets non
essentiels. « Il existe un certain nombre de
projets qui sont des infrastructures essentielles
comme la construction d'hôpitaux, mais d'autres,
comme la construction d'appartements de luxe, ne
sont pas de nature critique », a déclaré Ian
Woodland, responsable national auprès du secteur
de la construction à la centrale syndicale Unite.
Les travailleurs de la construction au Royaume-Uni
sont souvent des travailleurs indépendants,
employés de manière irrégulière par des agences ou
employés par des sous-traitants, conditions qui
peuvent les amener à être exclus des régimes de
congés payés ou à ne pas recevoir de prestations
gouvernementales pour les chômeurs. Cette
précarité peut avoir des conséquences dangereuses,
souligne Unite. « Le fait de mettre quelqu'un sur
une liste d'indésirables a également été un
problème au Royaume-Uni, les travailleurs
craignant de soulever des problèmes en raison de
la précarité de leur travail, explique Woodland.
Ils pourraient obtenir une tape sur l'épaule et se
faire dire qu'ils ne sont plus requis. Il est donc
possible que des problèmes de santé et de sécurité
ne soient pas signalés comme conséquence. »
Unite appelle à une augmentation des installations
médicales sur les chantiers, à des tests de
dépistage et de traitements gratuits contre le
coronavirus, à une réduction des effectifs et à un
plus grand nombre de quarts de travail pour
faciliter la distanciation sociale, et pour que
les travailleurs puissent s'exprimer sans
représailles sur les conditions dangereuses.
En Eurasie le 2 mai :
Turquie : 122 392
(65 326 actifs ; 53 808
rétablis ; 3 258 décès)
et 1 451 cas par million ; 39
décès par million
- 25 avril : 104 912
(80 575 actifs ; 21 737
rétablis ; 2 600 décès)
et 1 244 cas par million ; 31 décès
par million
Russie : 114 431
(100 042 actifs ; 13 220
rétablis ; 1 169 décès) et 784
cas par million ; 8 décès par million
- 25 avril : 74 588
(67 657 actifs ; 6 250
rétablis ; 681 décès) et 511 cas
par million ; 5 décès par million
Kazakhstan : 3 597 (2 650
actifs ; 922 rétablis ; 25
décès) et 192 cas par million ; 1
décès par million
- 25 avril : 2 564 (1 910
actifs ; 629 rétablis ; 5
décès) 137 cas par million ; 1
décès par million
Arménie : 2 148
(1 138 actifs ; 977
rétablis ; 33 décès) et 725 cas par
million ; 11 décès par million
- 25 avril : 1 677 (846
actifs ; 803 rétablis ; 28
décès) 566 cas par million ; 9
décès par million
Ouzbékistan : 2 086 (865
actifs ; 1 212
rétablis ; 9 décès) et 62 cas par
million ; 0,3 décès par million
- 25 avril : 1 862 (1 147
actifs ; 707 rétablis ; 8
décès)
En Turquie, plus de 15 000 travailleurs de la
construction à Istanbul ont été licenciés de leur
emploi sur de grands projets. La plupart ont été
licenciés sans aucune compensation, au cours d'une
période de deux semaines en mars, les sites ayant
commencé à interrompre leurs activités ou à
réduire leur personnel, a déclaré le syndicat des
travailleurs de la construction Dev-Yapi-Is. Le
syndicat estime qu'environ 295 000 personnes sont
employées dans la construction à Istanbul, et plus
d'un million dans tout le pays. Les travailleurs
et les défenseurs des travailleurs affirment que
ceux qui restent embauchés se sont vu offrir peu
de protections contre le coronavirus dans un
métier déjà dangereux où il est difficile de
mettre en place une distanciation sociale.
« Des masques sont distribués sur certains
chantiers de construction, mais pas beaucoup. Les
informations sur la façon d'utiliser ces masques
et surtout le nombre de masques disponibles, sont
très insuffisantes. Aucune autre précaution n'est
prise », explique le Dr Ercan Duman, membre de la
Commission médicale de la santé et de la sécurité
au travail de l'association des médecins
d'Istanbul. Un récent rapport de la Confédération
des syndicats progressistes de Turquie (DISK),
dont fait partie le syndicat Dev-Yapi-Is, indique
que les membres du DISK ont été testés positifs
pour la COVID-19 à un taux trois fois plus élevé
que le taux moyen pour 1000 personnes testées
parmi le grand public en Turquie.
Une directive pour les travailleurs de s'asseoir à
l'écart tout en mangeant sur les chantiers de
construction est considérée comme dénuée de sens
étant donné les mauvaises normes d'hygiène dans
les cantines de fortune.
Des vidéos et des photos diffusées sur les réseaux
sociaux par les syndicats de Turquie et leurs
supporteurs montrent des travailleurs entassés
dans des cafétérias et dormant 10 personnes dans
une chambre dans des dortoirs sur place. « La rue
est plus propre. Vous vivez parmi les ordures.
C'est contraire à la dignité humaine, selon les
dires d'un travailleur », a déclaré le travailleur
de la construction d'Istanbul, Ozkan, au journal
Equal Times. Rappelant que lorsque des
préoccupations sont soulevées sur les chantiers,
les employeurs tentent de le nier puis renvoient
ceux qui ont osé se plaindre. « Après cela, vous
n'allez pas être embauché sur un autre chantier »,
dit-il. Des syndicats en Turquie ont signalé que
des travailleurs sont également licenciés s'ils ne
signent pas de déclarations acceptant de ne pas
tenir leur employeur responsable s'ils sont
infectés par le coronavirus durant leur emploi.
À Istanbul et dans d'autres grandes villes, la
grande majorité de la main-d' uvre de la
construction est composée de migrants provenant
des petites villes et des provinces rurales.
Lorsque des travailleurs ont été licenciés au
début de la pandémie sans compensation, beaucoup
sont retournés dans leur ville natale, ce qui
pourrait contribuer à la propagation du virus.
Depuis que la Turquie a arrêté la plupart des
voyages interurbains à la fin de mars, ceux qui
perdent leur emploi se retrouvent pris au piège
dans les villes où ils avaient travaillé, souvent
avec peu de soutien financier ou social.
En Asie occidentale le 2 mai :
Iran : 95 646
(13 237 actifs ; 76 318
rétablis ; 6 091 décès)
et 1 139 cas par million ; 73
décès par million
- 25 avril : 89 328
(15 485 actifs ; 68 193
rétablis ; 5 650 décès)
et 1 064 cas par million ; 67
décès par million
Arabie saoudite : 24 097
(20 373 actifs ; 3 555
rétablis ; 169 décès) et 692 cas
par million ; 5 décès par million
- 25 avril : 16 299
(13 948 actifs ; 2 215
rétablis ; 136 décès) et 468 cas
par million ; 4 décès par million
Israël : 16 101
(6 720 actifs ; 9 156
rétablis ; 225 décès) et 1 860
cas par million ; 26 décès par million
- 25 avril : 15 148
(8 791 actifs ; 6 159
rétablis ; 198 décès) 1 750
cas par million ; 23 décès par million
Qatar : 14 096
(12 648 actifs ; 1 436
rétablis ; 12 décès) et 4 893
cas par million ; 4 décès par million
- 25 avril : 9 358 (8 419
actifs ; 929 rétablis ; 10
décès) et 3 248 cas par
million ; 3 décès par million
Émirats arabes unis : 13 038
(10 384 actifs ; 2 543
rétablis ; 111 décès) et 1 318
cas par million ; 11 décès par million
- 25 avril : 9 281 (7 457
actifs ; 1 760
rétablis ; 64 décès) et 938 cas par
million ; 6 décès par million
La main-d' uvre migrante est très importante au
Qatar et aux Émirats arabes unis, alors que
beaucoup travaillent dans la construction, et ils
sont fortement touchés par la pandémie.
« La construction a été considérée comme une
industrie essentielle aux EAU et les protections
pour les non-citoyens ont été annulées par des
incitatifs accordés aux employeurs pour réduire
les salaires des travailleurs », explique Isobel
Archer, assistante de projet au Centre des
ressources humaines et commerciales (BHRRC), basé
à Londres. Bien que les mesures prises aux EAU
exigent l'obtention du consentement mutuel de
l'employé, les travailleurs migrants déjà
vulnérables ont peu de pouvoir de négociation,
dit-elle.
« Les deux pays ont pris des mesures pour fermer
les lieux de rencontre sociale et annuler ou
reporter les événements, ils sont donc clairement
conscients que le coronavirus est un énorme
problème de santé publique », ajoute Archer. «
C'est pourquoi il est si alarmant qu'il y ait
cette distinction faite aux EAU en ce qui concerne
les travailleurs migrants. »
Le promoteur immobilier Emaar Properties a
récemment annoncé qu'il suspendrait les grands
projets à Dubaï, tandis que le Qatar a ordonné aux
employeurs du secteur privé de limiter les heures
de travail sur les chantiers de construction et
d'augmenter les mesures de santé et de sécurité au
travail pour se protéger contre la propagation du
coronavirus. Mais sept des 14 entreprises de
construction interrogées par le BHRRC sur les
mesures qu'elles prennent pour protéger les
travailleurs migrants n'ont pas répondu, et aucune
de celles qui ont répondu avaient des plans
adéquats en place, informe un communiqué de presse
du BHRRC
« La pandémie met vraiment en évidence la
nécessité d'une réforme sur des enjeux qui ont été
enquêtés à plusieurs reprises par des ONG », a
déclaré Archer. Des inquiétudes ont longtemps été
exprimées concernant l'abus et l'exploitation de
la main-d' uvre migrante dans les pays du Golfe,
où les travailleurs sur des projets tels que les
installations pour la Coupe du monde 2022 au Qatar
vivent souvent dans des conditions exiguës et
insalubres dans d'immenses camps de travail.
En Asie du Sud le 2 mai :
Inde : 37 257 (26 027
actifs ; 10 007
rétablis ; 1 223 décès) et 27
cas par million ; 0,9 décès par million
- 25 avril : 24 942
(18 664 actifs ; 5 498
rétablis ; 780 décès) 18 cas par
million ; 0,6 décès par million
Pakistan : 18 092 (13 324
actifs ; 4 351
rétablis ; 417 décès) et 82 cas par
million ; 2 décès par million
- 25 avril : 12 227
(9 216 actifs ; 2 755
rétablis ; 256 décès) 55 cas par
million ; 1 décès par million)
Bangladesh : 8 238
(7 894 actifs ; 174
rétablis ; 170 décès) et 50 cas par
million ; 1 décès par million
- 25 avril : 4 998 (4 745
actifs ; 113 rétablis ; 140
décès) 30 cas par million ; 0,9
décès par million
Afghanistan : 2 335
(1 957 actifs ; 310
rétablis ; 68 décès) et 60 cas par
million ; 2 décès par million
- 25 avril : 1 463 (1 228
actifs ; 188 rétablis ; 47
décès) et 38 cas par million et 1 décès
par million
Sri Lanka : 690 (521
actifs ; 162 rétablis ; 7
décès) et 32 ? ?cas par
million ; 0,3 décès par million
- 25 avril : 440 (315
actifs ; 118 rétablis ; 7
décès) et 21 cas par million ; 0,3
décès par million
En Asie du Sud-Est le 2 mai :
Singapour : 17 101
(15 817 actifs ; 1 268
rétablis ; 16 décès) et 2 923
cas par million ; 3 décès par million
- 25 avril : 12 693
(11 725 actifs ; 956
rétablis ; 12 décès) 2 170 cas
par million ; 2 décès par million
Indonésie : 10 551
(8 160 actifs ; 1 591
rétablis ; 800 décès) et 39 cas par
million ; 3 décès par million
- 25 avril : 8 607 (6 845
actifs ; 1 042
rétablis ; 720 décès) et 31 cas par
million ; et 3 décès par million
Philippines : 8 772
(7 109 actifs ; 1 084
rétablis ; 579 décès) et 80 cas par
million ; 5 décès par million
- 25 avril : 7 294 (6 008
actifs ; 792 rétablis ; 494
décès) et 67 cas par million ; 5
décès par million
Malaisie : 6 071
(1 758 actifs ; 4 210
rétablis ; 103 décès) et 188 cas
par million ; 3 décès par million
- 25 avril : 5 742 (1 882
actifs ; 3 762
rétablis ; 98 décès) 177 cas par
million ; 3 décès par million
Thaïlande : 2 960 (187
actifs ; 2 719
rétablis ; 54 décès) et 42 cas par
million ; 0,8 décès par million
- 25 avril : 2 907 (309
actifs ; 2 547
rétablis ; 51 décès) 42 cas par
million ; 0,7 décès par million
En Asie de l'Est le 2 mai :
Chine : 82 874 (599
actifs ; 77 642
rétablis ; 4 633 décès) et 58
cas par million ; 3 décès par million
- 25 avril : 82 816 (838
actifs ; 77 346
rétablis ; 4 632 décès) 58 cas
par million ; 3 décès par million
Japon : 14 305 (10 875
actifs ; 2 975
rétablis ; 455 décès) et 113 cas
par million ; 4 décès par million
- 12 829 (10 954
actifs ; 1 530
rétablis ; 345 décès) 101 cas par
million ; 3 décès par million
Corée du Sud : 10 774
(1 454 actifs ; 9 072
rétablis ; 248 décès) et 210 cas
par million ; 5 décès par million
- 25 avril : 10 718
(1 843 actifs ; 8 635
rétablis ; 240 décès) 209 cas par
million ; 5 décès par million
Taïwan : 429 (99
actifs ; 324 rétablis ; 6
décès) et 18 cas par million ; 0,3
décès par million
- 25 avril : 429 (148
actifs ; 275 rétablis ; 6
décès) et 18 cas par million ; 0,3
décès par million
En Amérique du Nord le 2 mai :
États-Unis :
1 131 030 (903 714
actifs ; 161 563
rétablis ; 65 753 décès)
et 3 417 cas par million ; 199
décès par million
- 25 avril : 926 530
(763 855 actifs ; 110 432
rétablis ; 52 243 décès)
et 2 799 cas par million ; 158
décès par million
Canada : 55 061
(28 919 actifs ; 22 751
rétablis ; 3 391 décès)
et 1 459 cas par million ; 90
décès par million
- 43 888 (26 117
actifs ; 15 469
rétablis ; 2 302 décès)
et 1 163 cas par million ; 61
décès par million
Mexique : 19 224
(5 942 actifs ; 11 423
rétablis ; 1 859 décès) et 149
cas par million ; 14 décès par million
- 25 avril : 12 872
(4 502 actifs ; 7 149
rétablis ; 1 221 décès) et 100
cas par million ; 9 décès par million
En Amérique centrale et dans les Caraïbes,
le 2 mai :
République dominicaine :
7 288 (5 588
actifs ; 1 387
rétablis ; 313 décès) et 672 cas
par million ; 29 décès par million
- 25 avril : 5 749 (4 719
actifs ; 763 rétablis ; 267
décès) 530 cas par million ; 25
décès par million
Panama : 6 532
(5 768 actifs ; 576
rétablis ; 188 décès) et 1 514
cas par million ; 44 décès par million
- 25 avril : 5 338 (4 865
actifs ; 319 rétablis ; 154
décès) et 1 237 cas par
million ; 36 décès par million
Cuba : 1 537 (759
actifs ; 714 rétablis ; 64
décès) et 136 cas par million ; 6
décès par million
- 25 avril : 1 285 (820
actifs ; 416 rétablis ; 49
décès) et 113 cas par million ; 4
décès par million
Honduras : 804 (617
actifs ; 112 rétablis ; 75
décès) et 81 cas par million ; 8
décès par million
- 25 avril : 591 (478
actifs ; 58 rétablis ; 55
décès) et 60 cas par million ; 6
décès par million
Costa Rica : 725 (364
actifs ; 355 rétablis ; 6
décès) et 142 cas par million ; 1
décès
- 25 avril : 687 (465
actifs ; 216 rétablis ; 6
décès) et 135 cas par million ; 1
décès par million
En Amérique du Sud le 2 mai :
Brésil : 92 109
(47 660 actifs ; 38 039
rétablis ; 6 410 décès) et 433
cas par million ; 30 décès par million
- 25 avril : 54 043
(22 684 actifs ; 27 655
rétablis ; 3 704 décès) et 254
cas par million ; 17 décès par million
Pérou : 40 459 (28 206
actifs ; 11 129
rétablis ; 1 124 décès)
et 1 227 cas par million ; 34
décès par million
- 25 avril : 21 648
(13 518 actifs ; 7 496
rétablis ; 634 décès) et 657 cas
par million ; 19 décès par million
Équateur : 26 336
(23 360 actifs ; 1 913
rétablis ; 1 063 décès)
et 1 493 cas par million ; 60
décès par million
- 25 avril : 22 719
(20 777 actifs ; 1 366
rétablis ; 576 décès) et 1 288
cas par million ; 33 décès par million
Chili : 17 008
(7 756 actifs ; 9 018
rétablis ; 234 décès) et 890 cas
par million ; 12 décès par million
- 25 avril : 12 306
(5 805 actifs ; 6 327
rétablis ; 174 décès) et 644 cas
par million ; 9 décès par million
Colombie : 7 006
(5 141 actifs ; 1 551
rétablis ; 314 décès) et 138 cas
par million ; 6 décès par million
- 25 avril : 4 881 (3 653
actifs ; 1 003
rétablis ; 225 décès) et 96 cas par
million ; 4 décès par million
En Afrique le 2 mai :
Afrique du Sud : 5 951
(3 453 actifs ; 2 382
rétablis ; 116 décès) et 100 cas
par million ; 2 décès par million
- 25 avril : 4 220 (2 668
actifs ; 1 473
rétablis ; 79 décès) et 71 cas par
million ; 1 décès par million
Égypte : 5 895
(4 029 actifs ; 1 460
rétablis ; 406 décès) et 58 cas par
million ; 4 décès par million
- 25 avril : 4 092 (2 723
actifs ; 1 075
rétablis ; 294 décès) et 40 cas par
million ; 3 décès par million
Maroc : 4 569
(3 315 actifs ; 1 083
rétablis ; 171 décès) et 124 cas
par million ; 5 décès par million
- 25 avril : 3 889 (3 232
actifs ; 498 rétablis ; 159
décès) et 105 cas par million ; 4
décès par million
Algérie : 4 154
(1 880 actifs ; 1 821
rétablis ; 453 décès) et 95 cas par
million ; 10 décès par million
- 25 avril : 3 127 (1 304
actifs ; 1 408
rétablis ; 415 décès) et 71 cas par
million ; 9 décès par million
Nigéria : 2 170 (1 751
actifs ; 351 rétablis ; 68
décès) et 11 cas par million ; 0,3
décès par million
- 25 avril : 1 182 (925
actifs ; 292 rétablis ; 35
décès)
En Océanie le 2 mai :
Australie : 6 767 (929
actifs ; 5 745
rétablis ; 93 décès) et 265 cas par
million ; 4 décès par million
- 25 avril : 6 695 (1 243
actifs ; 5 372
rétablis ; 80 décès) et 263 cas par
million ; 3 décès par million
Nouvelle-Zélande : 1 479
(208 actifs ; 1 252
rétablis ; 19 décès) et 307 cas par
million ; 4 décès par million
- 25 avril : 1 461 (325
actifs ; 1 118
rétablis ; 18 décès) et 303 cas par
million ; 4 décès par million
Guam : 142 (5 décès)
- 25 avril : 136 (5 décès)
Polynésie française : 58 (7
actifs ; 51 rétablis) et 206 cas
par million
- 25 avril : 57 (16
actifs ; 41 rétablis) et 203 cas
par million
Nouvelle-Calédonie : 18 (1
actif ; 17 rétablis)
- 25 avril : 18 (1
actif ; 17 rétablis)
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