L'absence de redevabilité du
système de gouvernement de partis cartellisés
Le guide à l'action du PCC(M-L) : Pour nous la responsabilité commence chez soi
- Pauline Easton -
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) est guidé par la
devise : Pour nous la responsabilité commence
chez soi. Ce n'est pas le stratagème de propagande
du politicien qui dit à ses électeurs : «
Faites-moi confiance, je tiendrai mes
promesses ». Non, c'est avant tout un
engagement pris par le PCC(M-L) et par tous ses
membres d'être responsables envers leurs pairs de
sorte que non seulement ils soient responsables
envers la société mais aussi que la société soit
responsable envers ses membres.
Le système
actuel fondé sur la devise : « Faites-moi
confiance, je tiendrai mes promesses »
présente plusieurs problèmes en plus de celui que
ce n'est pas vrai, le premier étant qu'il s'agit
d'un système électoral qui prive l'électorat de
son droit de vote. Cela signifie que les électeurs
n'ont aucun contrôle sur ceux qu'ils élisent pour
les représenter. Tous ceux qui disent « Faites-moi
confiance » ne sont pas nécessairement de
mauvaise foi ou malintentionnés. Beaucoup le
croient très sincèrement lorsque, par naïveté
peut-être, ils se joignent à un parti politique
établi et demandent aux électeurs de voter pour
eux. Mais lorsqu'ils sont élus et constatent qu'il
n'est pas possible de faire adopter des lois bien
intentionnées, ils ont toutes les raisons de
conclure que le processus politique est la source
du problème et a besoin de changements
fondamentaux. Le PCC(M-L) fait donc appel à ces
personnes, et surtout aux travailleurs qui ne
voient pas d'alternative, ainsi qu'à tous les
Canadiens et toutes les Canadiennes, pour qu'ils
examinent cette question en profondeur et
discutent de ce problème.
Au départ, la notion même de promesses
électorales est tout à fait inacceptable, que la
chose promise soit bonne ou mauvaise, parce
qu'elle présuppose un processus électoral qui
prive les électeurs de leur droit de vote en leur
demandant de remettre le mandat de gouverner entre
les mains de représentants sur lesquels ils n'ont
aucun contrôle. Par ailleurs, cela perpétue
l'illusion que les députés peuvent représenter ce
qu'ils veulent au parlement. Dans un système où
seuls les partis politiques sont habilités à se
faire porter au pouvoir et où les gouvernements
sont formés par le parti qui remporte la majorité
des sièges, c'est le programme du parti qui forme
le cabinet qui est adopté par le parlement. Dans
une situation minoritaire, comme c'est le cas du
gouvernement actuel, il y a beaucoup de
marchandage qui se fait dans les coulisses, mais
cela ne change pas le fait que ces partis forment
un cartel au service de ceux qui les ont portés au
pouvoir - les intérêts financiers les plus
puissants. Jamais depuis que les élections
existent au Canada, un gouvernement n'a appliqué
autre chose que le programme des intérêts
financiers qui l'ont porté au pouvoir.
Le problème est que, même si tous les Canadiens
et Canadiennes savent que les élections fondées
sur le « faites-moi confiance » sont une
fraude, l'illusion persiste que les élections
permettent de tenir le parti au pouvoir
responsable de ses actes : s'il ne fait pas
ce qu'il a promis, il peut être remplacé par un
autre parti à la prochaine élection. Bon nombre de
ceux qui voudraient que la situation change se
laissent berner par ceux qui disent : « Cette
fois-ci c'est différent. Je vais réellement tenir
mes promesses. »
C'est pourquoi la devise du PCC(M-L) est si
importante et tous ceux qui veulent sincèrement
être efficaces devraient l'examiner sérieusement.
En quoi cette devise est-elle différente des
autres ? Qu'est-ce que cela veut dire en
pratique ? Si ce n'est pas un stratagème de
propagande, comme le dit le PCC(M-L), qu'est-ce
que c'est ?
C'est un guide à l'action que se donnent le
PCC(M-L) et tous ses membres. Cette devise
signifie que le PCC(M-L) est lui-même un mécanisme
de responsabilisation. Elle dit aux citoyens que
pour se donner les moyens d'exercer le pouvoir,
ils ne doivent pas laisser le domaine important de
la politique à d'autres qu'eux-mêmes.
L'idée que la politique est le domaine des «
politiciens » est un mécanisme pour écarter
les citoyens de l'exercice du pouvoir. La
politique prend ici un sens tordu. On crée
l'impression que pour devenir politicien il faut
être fin parleur, de préférence être avocat,
comptable ou magouilleur professionnel à l'emploi
de firmes-conseils ou d'institutions financières.
Il serait également nécessaire d'avoir beaucoup
d'argent ou avoir accès à beaucoup d'argent. Ceux
qui ne sont pas indépendants de fortune doivent
donc avoir de très bonnes relations avec ceux qui
le sont - que ce soit le parti politique au nom
duquel ils se présentent ou des liens avec les
grandes entreprises.
Cette conception de la politique et des
politiciens engendre le mépris et constitue un
mécanisme qui maintient les gens à l'écart de la
politique, de sorte qu'ils abandonnent la
politique à ces politiciens. Le problème est si
grave qu'on a l'impression de ne rien pouvoir y
faire. Le monde est ainsi fait et on ne peut rien
y changer.
C'est
pourtant faux. Ce n'est pas cela la politique. La
politique comprend tout ce qui concerne la
structure politique de la société. Une société ne
peut exister sans ces structures parce qu'il lui
faut des leviers de gouvernance. Les structures
politiques sont en quelque sorte le ciment qui lie
la société en un tout. On juge d'une société par
les principes qui régissent le fonctionnement de
ces leviers de gouvernement, car ils nous disent
qui contrôle le pouvoir décisionnel et, par
conséquent, quel genre de société il s'agit.
Aujourd'hui tous les êtres humains naissent dans
la société et appartiennent à la société. Ils
dépendent de cette société pour leur existence.
Cela comprend plusieurs aspects, comme la façon
dont chacun gagne sa vie et comment chacun vit sa
vie. En d'autres mots, cela concerne le bien-être
économique de chacun, sa santé, son éducation et
sa participation à la vie sociale et culturelle.
Cela signifie que, tout comme chaque être humain a
droit à la vie, il a également le droit de
gouverner la société qui détermine le genre de vie
qu'il a et qu'il aura. Tel est le domaine de la
politique.
Le droit de participer à la gouvernance de sa
société est un droit humain fondamental. Non
seulement est-il inconcevable de vouloir vivre à
la merci des autres, mais cela signifie aussi
accepter un système qui ne respecte pas vos droits
humains fondamentaux.
L'étude du système de gouvernement de partis au
Canada montre que le but des partis politiques est
de se faire porter au pouvoir et de rester au
pouvoir tandis que le rôle de l'électorat est
réduit à celui d'une masse votante. Les promesses
électorales servent à duper les électeurs et les
programmes électoraux sont un marketing pour
obtenir des voix et détourner l'attention
publique.
Le PCC(M-L) conteste la validité de ce régime
électoral. Il appelle à établir un mécanisme par
lequel ceux et celles qui se présentent aux
élections sont responsables devant les électeurs.
La devise : Pour nous la responsabilité
commence chez soi guide les membres du PCC(M-L)
pour que leur activité conduise effectivement à
l'implantation de ces changements.
Cela commence par
encourager tous et chacun à parler en leur
propre nom, à ne pas se contenter de répéter
ce que les classes dirigeantes disent être
important et à en faire le point de référence
dans la discussion, mais à exprimer ce
que le peuple lui-même voit comme nécessaire.
Le fait de se joindre aux forums où il est
possible de parler en son propre nom ouvre une
voie pour le renouveau du processus politique
et pour le progrès de la société.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 29 - 2 mai 2020
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