La nécessité d'établir une
nouvelle direction pour l'économie!
Disons non! au «retour à la normale» dans le secteur de l'énergie
- K.C. Adams -
La direction
actuelle du secteur de l'énergie partout au Canada
s'est révélée désastreuse pour l'économie,
l'environnement et ceux qui font le travail.
L'annonce par le gouvernement Trudeau de 1,7
milliard de dollars le 17 avril pour nettoyer les
puits orphelins laissés par des propriétaires
irresponsables de compagnies pétrolières est une
preuve supplémentaire de la nécessité d'un
changement. L'action du gouvernement semble
lamentable face aux dizaines de milliers de
licenciements dans le secteur, aux dommages
économiques causés aux communautés touchées par la
crise, aux souffrances du peuple, aux prix de
marché non contrôlés du pétrole et du gaz naturel
qui sont bien en deçà du prix de production, et
aux sombres perspectives d'avenir lorsque ceux en
contrôle présentent le retour à la normale comme
la seule option.
Les Canadiens n'ont aucun contrôle sur la
quantité de pétrole et de gaz naturel produite,
leurs prix sur le marché, où ils sont vendus et
aboutissent, et ce qui arrive à la plus grande
partie de la nouvelle valeur produite par les
travailleurs du pétrole et du gaz. Après des
années de tapage médiatique sur comment l'avenir
sera radieux pour le secteur de l'énergie si
seulement les Canadiens produisent encore plus,
une crise monumentale a saisi le secteur dans le
monde entier avec des mises à pied, des faillites
et des effondrements sans précédent. Et le mieux
que l'élite dirigeante canadienne puisse trouver
comme solution est de nettoyer une fraction du
gâchis environnemental causé par ceux qui
possèdent et contrôlent l'industrie et pour lequel
ils refusent de payer pour ensuite déclarer que
les affaires continueront comme avant lorsque la
crise s'atténuera.
L'anarchie de la production et ses conséquences
désastreuses
La base économique de la relation sociale au
Canada se retrouve régulièrement en crise.
Regardez le secteur de l'énergie. Le secteur n'est
même pas sorti de l'effondrement des prix du
marché du pétrole et du gaz naturel de 2014 alors
qu'il se retrouve dans une nouvelle crise encore
plus grave. Hier et aujourd'hui, ceux qui sont au
contrôle refusent d'aborder les problèmes
récurrents et d'élaborer une nouvelle direction.
Ils s'engagent dans la persévération, répétant la
même chose alors que la vie elle-même a prouvé que
ce qu'ils promeuvent ne fonctionne pas et doit
changer.
Les impérialistes
qui contrôlent la valeur déjà produite ont déclaré
que la voie de la prospérité pour les travailleurs
est de produire de plus en plus de pétrole à
expédier aux États-Unis et au-delà par des
oléoducs allant au sud et à l'ouest vers les
océans, et que cela garantira l'avenir du secteur
de l'énergie. Le résultat n'est pas à la hauteur
des attentes autour desquelles on fait beaucoup de
bruit. À quoi sert un oléoduc s'il n'y a pas
d'acheteurs ou, s'il y en a, le prix du marché du
produit est près de zéro ?
L'anarchie et l'expansion et le ralentissement de
la production incontrôlée de pétrole et de gaz
naturel aux États-Unis par la fracturation
hydraulique ont entraîné une surproduction
mondiale sans précédent et d'autres problèmes.
L'augmentation du double de la production de
pétrole et de gaz naturel aux États-Unis en
seulement dix ans, combinée à la pandémie du
coronavirus, ont fait s'effondrer le commerce et
la spéculation sur le pétrole et son prix sur les
marchés est près de zéro, sans aucun endroit pour
entreposer la production invendue.
En Alberta, la classe ouvrière fait face à un
taux de chômage de 25 % ou pire, les
entreprises font faillite et le peuple est
confronté au spectre de l'anéantissement des
programmes sociaux et des services publics privés
d'investissements depuis des décennies. Les
dommages causés à l'environnement, qui n'ont
jamais été pris en compte même lorsque le secteur
était en plein essor, posent de graves risques
pour l'environnement social et naturel. Les
impérialistes qui sont au contrôle refusent
d'admettre qu'ils n'ont aucune solution si ce
n'est davantage de la même chose, ce qui n'est pas
du tout une solution.
Les oligarques de l'énergie ne peuvent même pas
contrôler le prix du marché des précieuses
ressources naturelles que les travailleurs
produisent. Les spéculateurs de marché à contrats
et à terme à Chicago et ailleurs se livrent à la
spéculation parasitaire dans le commerce des
produits énergétiques dans le monde entier. Les
producteurs inondent le marché de matières
premières en hydrocarbures pour défaire leurs
concurrents, puis disent être les premiers surpris
lorsque les prix s'effondrent, blâment les autres
pour les catastrophes auxquelles ils ont contribué
et même appellent à la guerre dans le golfe
Persique comme solution pour éliminer 25 millions
de barils de pétrole par jour de
l'approvisionnement mondial.
La réponse de ceux qui sont au contrôle ne peut
pas être considérée comme sérieuse mais uniquement
intéressée et dangereuse à l'extrême. Leur but
étroit de profit maximum ne peut pas contrôler les
immenses forces productives qui ont été libérées.
Ils n'admettront pas l'évidence que le système
impérialiste a échoué et va d'une crise à l'autre
et que les économies ont besoin d'un nouvel
objectif et d'une nouvelle direction. Ils nient
que la braderie des ressources canadiennes et leur
refus de bâtir une économie prosociale dynamique
et diversifiée sont mauvais et doivent être
changés. Le contrôle de l'économie doit être
transféré aux producteurs réels, à ceux qui font
le travail et y voient un intérêt dans la
production et sa distribution planifiée et sont
profondément préoccupés par l'avenir de leurs
communautés et du pays.
C'est une blague de mauvais goût que de suggérer
une sortie de crise par plus de la même chose et
un retour à la normale par des subventions sans
fin aux oligarques de l'énergie, que ce soit par
le rachat par le gouvernement de leurs projets
ratés tels que les pipelines Keystone XL et Trans
Mountain, par des paiements publics pour nettoyer
le gâchis qu'ils ont laissé ainsi que par des
fonds publics supplémentaires pour faire face aux
problèmes tels que les fuites de gaz méthane dans
l'atmosphère, qui devraient être traités dans le
cadre du processus de production normal.
La nécessité d'une nouvelle direction pour le
secteur
de l'énergie et pour l'économie
La discussion et
l'échange de vues sur une nouvelle direction pour
le secteur de l'énergie doivent commencer dès
maintenant. Il faut se demander ce qui est arrivé
à toute la nouvelle valeur que les grandes
sociétés pétrolières et gazières ont expropriée.
Pourquoi cette valeur n'a-t-elle pas servi à bâtir
une économie dynamique et diversifiée à l'abri des
prix et de la demande mondiaux ? Pourquoi les
Canadiens n'ont-ils aucun contrôle sur la quantité
de pétrole et de gaz qu'ils produisent, sur la
distribution des énergétiques et sur leurs prix
sur le marché ?
Les Canadiens n'ont pas le contrôle. Les
oligarques qui contrôlent la production et la
distribution sont motivés par la cupidité, ce qui
signifie qu'ils ne peuvent pas contrôler les
immenses forces productives de l'économie moderne,
les précieuses ressources naturelles du Canada et
les conséquences de leurs actions. Les Canadiens
doivent prendre le contrôle et élaborer une
nouvelle direction et un nouvel objectif pour le
secteur de l'énergie et l'économie qui servent
leurs intérêts et humanisent l'environnement
social et naturel.
La discussion et l'échange de points de vue
doivent
commencer aujourd'hui
Les forums virtuels de travailleurs et d'autres
couches sociales doivent commencer immédiatement
pour discuter et échanger des points de vue sur la
nécessité d'une nouvelle direction pour le secteur
de l'énergie et l'économie et sur la manière de
prendre le contrôle de ces derniers.
Il faut répondre à
des questions fondamentales quant aux besoins de
l'économie canadienne en énergie et comment les
satisfaire par la production canadienne de manière
planifiée, et quelles politiques pratiques sont
nécessaires pour introduire le nouveau. Assez de
cette anarchie incontrôlée de la production qui ne
fait que remplir les poches déjà pleines des
riches oligarques dont le seul but est le profit
maximum et qui nous conduit régulièrement à la
crise.
La discussion et l'échange de points de vue
doivent avoir lieu sur ce qui devrait et pourrait
être fait avec l'immense nouvelle valeur que les
travailleurs de l'énergie produisent et comment
elle pourrait être investie dans l'économie.
La demande de pétrole et de gaz naturel canadiens
provenant de l'extérieur du pays peut être
satisfaite sous forme de contrats d'une manière
planifiée et à l'avantage réciproque avec des prix
du marché proches de leurs prix de production et
de transport. Cela signifie que les parasites qui
commercent sur les marchés du pétrole et du gaz et
les entreprises mondiales qui produisent, vendent
et achètent du pétrole et du gaz doivent être
éliminés de la distribution nationale et
internationale canadienne du pétrole et du gaz.
Si d'autres pays comme les États-Unis refusent de
payer des prix qui correspondent aux prix de la
production, alors c'est leur droit et c'est le
droit des Canadiens de ne pas livrer de pétrole et
de gaz naturel à quiconque sans conclure un
arrangement à avantage réciproque. De tels
arrangements ne doivent pas être soumis à
l'ingérence, à l'anarchie et au parasitisme des
marchés mondiaux des contrats à terme du pétrole
ou à tout autre dispositif que l'oligarchie
financière a conçu pour servir sa cupidité, son
parasitisme et sa dégradation.
La discussion et l'échange de points de vue
doivent avoir lieu avec les peuples autochtones
afin de répondre à leurs attentes en matière de
développement et d'avantages et d'obtenir leur
consentement pour toute activité industrielle ou
autre sur leur territoire.
Des discussions et
des échanges de points de vue doivent avoir lieu
pour développer un mode de vie et faire respecter
un niveau de vie, des conditions de travail et une
sécurité au Canada pour les travailleurs qui
construisent les moyens de production, produisent
du pétrole et du gaz naturel, et raffinent et
transportent ces produits aux consommateurs.
Des discussions et des échanges de vues doivent
avoir lieu autour des questions plus larges et des
préoccupations pour la santé de l'environnement
naturel et de ce qui doit être fait pour faire
avancer la science à cet égard.
L'enjeu qui est au-dessus de tout est que dans le
secteur de l'énergie d'un océan à l'autre du
Canada un retour aux affaires comme si rien ne
s'était passé dans le secteur de l'énergie est
impossible et les travailleurs doivent s'assurer
que c'est le cas par des politiques pratiques et
des actions avec analyse. Une nouvelle direction
doit être trouvée et mise en oeuvre, une direction
que les travailleurs eux-mêmes élaborent et
contrôlent et ont le pouvoir politique et
économique de mettre en oeuvre.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 29 - 2 mai 2020
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La nécessité d'établir une
nouvelle direction pour l'économie!: Disons non! au «retour à la normale» dans le secteur de l'énergie - K.C. Adams
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