Numéro 16 - 27 avril 2019
Premier
Mai 2019
Journée
d'unité et de lutte
de la classe ouvrière à la
défense
des droits de tous et toutes
Premier Mai 2019
• Les
travailleurs doivent renforcer le travail pour
avancer leurs propres revendications
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
Des sujets de préoccupation pour le corps politique
• La lutte
pour les droits de tous et toutes sans division, hiérarchie ou
privilège
• La
nécessité de s'organiser comme une classe ouvrière
à la défense des droits de tous et toutes
• Le
Programme des travailleurs étrangers temporaires
- Pierre Chénier -
• Les
travailleurs provenant de l'immigration font partie intégrante
de la classe ouvrière canadienne
- Normand Chouinard -
• Les
travailleurs soulignent les problèmes liés au Programme
des travailleurs agricoles saisonniers
• Un forum
brise le silence sur les conditions de travail
des femmes immigrantes
• Le
Programme des aides familiaux résidants: assez bons pour
travailler, assez bons pour rester ici!
- Diane Johnston -
Appui massif au droit d'être du Venezuela bolivarien
• La
résistance à l'unilatéralisme des
États-Unis et
la défense de l'état de droit
• Opposition
aux tentatives d'imposer un représentant
vénézuélien illégitime à
l'Organisation des États américains
• Le
Mouvement des non-alignés appelle à la
réaffirmation des principes fondamentaux du droit international
et à mettre fin aux mesures coercitives unilatérales
• Le
Venezuela rejette fermement les mesures coercitives unilatérales
et illégales des États-Unis contre son ministre des
Affaires étrangères
- Le gouvernement de la
République bolivarienne du Venezuela -
• Des
militants américains à Washington défendent
vigoureusement la souveraineté du Venezuela et l'état de
droit
La RPDC et la Russie tiennent un sommet à Vladivostok
• Les
dirigeants s'engagent à assurer la paix et la
sécurité dans la péninsule coréenne et pour
les peuples de la région
Les élections présidentielles de 2019 en Ukraine
• Les
résultats vont aiguiser les contradictions internes
- Dougal MacDonald -
Supplément
Revue de l'année en photo
• Les
réalisations du mouvement ouvrier au cours de la dernière
année
Premier Mai 2019, Journée
d'unité et de lutte de la classe ouvrière
à la défense des droits de tous et toutes
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
PDF
Vive le Premier
Mai, Journée internationale d'unité de la classe
ouvrière et d'affirmation de la lutte pour ses droits, ses
revendications et son émancipation !
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses salutations militantes du
Premier Mai aux travailleurs du Canada, du Québec et du monde
entier. La classe ouvrière montre dans les faits son courage et
sa maturité dans la lutte pour ses droits, ses revendications et
son émancipation. Les travailleurs
luttent pour s'investir d'un pouvoir d'intervenir dans les affaires
économiques et
politiques. Ils défendent ce qui leur appartient de droit et
utilisent de plus en plus leurs propres moyens de communication
organisés pour exprimer leurs points de vue et leurs opinions.
Le PCC(M-L) estime que la bataille
pour s'investir de pouvoir est la clé de la défense des
droits et du renouveau politique et pour ouvrir la voie à
l'émancipation de la classe ouvrière. Cette bataille est
centrée sur le renouveau politique et nécessite que la
classe ouvrière ait une pensée et une organisation
indépendantes. Sans ses propres institutions
indépendantes, sa propre voix, ses médias, sa
pensée et son analyse, la classe ouvrière devient une
proie facile pour l'oligarchie financière. Pour s'investir de
pouvoir, elle doit discuter au sein de ses organisations de ses propres
revendications, réclamations et actions avec analyse,
établir son propre ordre du jour et sa propre ligne de marche.
Les travailleurs ont des réclamations
légitimes à faire à l'économie et à
la société. Leurs réclamations se heurtent
à celles de
l'oligarchie financière au pouvoir, mais l'opposition
ouvrière est à la hauteur du défi tant qu'elle
préserve son indépendance de pensée et d'action,
ne se laisse pas entraîner dans l'acrimonie et les divisions de
l'élite dirigeante
et ne s'aligne pas sur l'une ou l'autre de ses bases sociales et de ses
partis politiques cartellisés.
L'opposition ouvrière mène des luttes
incessantes pour défendre ses droits contre l'offensive
antisociale et les stratagèmes pour payer les riches de
l'élite dirigeante en affrontant les lois antiouvrières
des gouvernements et les décisions antiouvrières des
tribunaux de l'État qui privent les travailleurs de leur droit
de retirer leur capacité de travail et de mener d'autres actions
pour défendre leurs conditions d'emploi. Les travailleurs
trouvent les moyens pour combattre l'arrogance et le diktat des
oligopoles mondiaux et leur refus de négocier des conventions
collectives acceptables pour ceux qui font le travail. C'est le cas des
travailleurs qui de partout se mobilisent pour appuyer la section
locale 9700 du Syndicat des Métallos qui représente les
travailleurs de l'aluminium d'ABI en lock-out au Québec et leur
courageux combat de 15 mois contre l'oligopole mondial Alcoa. La classe
ouvrière lutte également pour les droits des femmes et
des enfants et pour soutenir la lutte des jeunes pour un avenir
prometteur et les revendications du peuple liées au besoin d'un
environnement naturel et social sain et elle est solidaire des peuples
autochtones et de leur lutte de plusieurs siècles pour
l'affirmation pratique de leurs droits ancestraux.
Les travailleurs organisés en une opposition
ouvrière développent une conscience qui émerge de
la vie
réelle, synonyme de changement social et libérée
des idées préconçues. Leur conscience sociale
donne à la classe ouvrière la force d'esprit
nécessaire pour vaincre l'assaut dont elle est la cible,
notamment la stratégie
libérale de division en fonction des différentes factions
de l'oligarchie financière organisées en partis
cartellisés.
Au cours de cette année électorale,
l'élite dirigeante exerce déjà une pression
énorme sur le mouvement de la classe ouvrière pour qu'il
s'aligne derrière tel ou tel parti cartellisé et renonce
à son indépendance de pensée et d'action. Les
médias de masse et d'autres répandent la peur de
l'arrivée au pouvoir du Parti conservateur et insistent pour
dire que les travailleurs n'ont pas d'autre choix que d'appuyer l'un ou
l'autre des partis cartellisés pour « arrêter la
droite ».
Mais les travailleurs ont appris du magouillage des
partis cartellisés aux niveaux fédéral et
provincial et savent que suivre ces partis et devenir leur masse
votante ne fait qu'affaiblir et finalement détruire la lutte
pour leurs droits et revendications. Renoncer à son
indépendance d'organisation, de pensée et d'action et se
laisser aller sous l'influence
de la base sociale libérale ou conservatrice et le parti
cartellisé préféré du moment est pour la
classe ouvrière l'arrêt de mort du mouvement à la
défense de ses droits et , pour le renouveau
politique et pour s'investir de pouvoir. L'intégration au
système électoral de partis cartellisés
réduit le mouvement ouvrier à un état
d'impuissance, de désespoir et d'humiliation.
Organisons-nous pour nous investir de pouvoir
et pour le renouveau politique !
Les travailleurs doivent intensifier leur
mouvement pour s'investir de pouvoir et non pas se diviser en
s'alignant derrière telle ou telle faction de riches sous
prétexte que l'une est meilleure que l'autre.
L'indépendance d'organisation, de pensée et d'action de
l'opposition ouvrière est une défense contre la pratique
désastreuse de réagir à l'ordre
du jour de l'oligarchie financière et suivre ses partis
politiques cartellisés dits de droite ou de gauche.
Les travailleurs ne peuvent pas se permettre de rester
dans le piège « gauche-droite ». Ce qui existe
présentement est d'un système de partis
cartellisés
au sein d'institutions démocratiques libérales
anachroniques sur lequel le peuple n'exerce aucun contrôle. La
lutte pour s'investir de pouvoir est la réalité
d'aujourd'hui que les travailleurs doivent faire
leur, qu'ils doivent nourrir et utiliser pour se bâtir un avenir.
Ils peuvent renverser la situation en refusant l'ordre du jour
fixé par l'élite dirigeante et en discutant directement
des questions qui les concernent. La discussion et la recherche de
moyens de résoudre les problèmes économiques,
politiques, sociaux et environnementaux en leur faveur
plutôt qu'en faveur des riches et l'organisation d'actions avec
analyse pour renforcer leurs institutions indépendantes et
défendre les droits de tous et toutes mèneront à
un
mouvement de masse pour s'investir de pouvoir, pour le renouveau
politique et pour bâtir le Nouveau.
Vive
les
travailleurs
de
tous
les
pays
qui
luttent
pour
ouvrir
la voie au
progrès de la société !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Supplément
Revue de l'année en photos
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Des sujets de préoccupation pour
le corps politique
En ce Premier Mai, un des moyens par lesquels les
travailleurs défendent les droits de tous et toutes partout au
pays est de
s'opposer au trafic des personnes sanctionné par les
gouvernements à tous les niveaux, que ce soit sous
prétexte d'une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée
ou d'un prétendu soutien à une cause humanitaire, comme
donner du travail aux réfugiés, aux
travailleurs migrants et à ceux qui se trouvent dans une
situation
semblable. L'élite dirigeante qui contrôle
l'économie socialisée et les affaires politiques a
créé une hiérarchie de droits organisée
par l'État dans toute la société. Cette
hiérarchie de droits est destinée à
perpétuer le pouvoir et les privilèges de l'oligarchie
financière et à affaiblir la
résistance de la classe ouvrière aux atteintes à
son bien-être et à sa sécurité et dans sa
lutte pour bâtir le Nouveau.
L'élite dirigeante a inventé des
catégories de personnes sur la base de critères
déterminés par l'État. Ces critères
divisent les personnes en citoyens, résidents permanents,
travailleurs temporaires en quête de statut de résident
permanent,
travailleurs temporaires sans droit de demander le statut de
résident permanent,
travailleurs étrangers invités, étudiants
étrangers avec
et sans droit de demander le statut de résident permanent qui
paient des sommes
considérables pour étudier au Canada et ont le droit de
travailler pendant leurs études, travailleurs sans papiers en
état de mort légale ou civile et ainsi de suite. La
division du peuple en ces catégories permet à
l'élite dirigeante de surexploiter ceux qui
ont moins de droits.
Cela prive le peuple d'une conscience de ce qui se passe, ce qui divise
et affaiblit la résistance de la classe ouvrière pour
défendre tous ses membres. C'est fait pour priver le peuple de
la conscience collective que la société est
divisée entre gouvernants et gouvernés dans l'espoir de
saper le mouvement du peuple pour ouvrir une voie au progrès de
la société. C'est en luttant pour les droits de tous et
pour humaniser l'environnement naturel et social que le peuple peut
avancer.
Alors que les gouvernements adoptent et appliquent des
politiques antipeuple et antitravailleurs, le peuple refuse
d'être blâmé et rejette l'accusation que c'est lui
qui entretient des sentiments anti-immigrants ou
antiréfugiés. Ce ne sont pas les immigrants et les
réfugiés qui exercent une pression à la baisse sur
les salaires et les conditions de travail et ce ne sont pas eux qui
foulent pas aux pieds les droits des autres. La division des
travailleurs en catégories est une tactique de l'État qui
traite les travailleurs comme des « choses » pouvant
être déshumanisées, et c'est fait pour affaiblir et
éliminer les organisations de défense des travailleurs,
surexploiter certaines sections et faire baisser les salaires et les
conditions de travail de l'ensemble de la classe ouvrière. Ce
sont des façons de payer les riches, tout comme la
dérèglementation du travail pour se soustraire à
toute responsabilité sociale envers la santé et la
sécurité au travail et pour fouler aux pieds leur droit
de former des organisations de défense indépendantes pour
activement défendre leurs conditions de travail. Pour changer la
situation en faveur des travailleurs, le mouvement ouvrier ne doit pas
perdre de vue l'importance de la lutte pour bâtir le Nouveau,
où les droits de tous en tant qu'êtres humains seront
reconnus et garantis par une nouvelle constitution et des formes
modernes de gouvernance.
L'élite dirigeante a acquis
beaucoup d'expérience à diviser le peuple et à
utiliser diverses catégories politiques et sociales à son
avantage. Même un examen rapide de l'immigration depuis le XIXe
siècle montre comment l'exploitation du marché du travail
international et le fait de faire venir des migrants au Canada avec des
droits variables sert
l'élite dirigeante, tant sur le plan économique que
politique.[1]
La mondialisation impérialiste a
créé un réservoir de centaines de millions de
migrants sans statut juridique ou civil dans de nombreux pays et
beaucoup
vivent dans des camps de réfugiés. À ce bassin
d'immigrants vulnérables au sein du marché mondial du
travail viennent s'ajouter des millions d'autres qui sont forcés
de parcourir le monde à la
recherche de travail et d'avenir à cause de la violence et de
l'anarchie que les grandes puissances déchaînent dans
leurs pays dévastés.
Le Canada, le Québec, les provinces et les
territoires ont mis au point un éventail de programmes pour
exploiter ce marché du travail international et faire venir des
travailleurs au pays avec une hiérarchie de droits variables.
Les différentes catégories ont en commun que les
travailleurs migrants et les membres de leur famille sont privés
de
leurs droits en tant que membres égaux de la
société et du corps politique après avoir
vécu et travaillé au pays.
Le nombre de personnes qui se retrouvent dans ces
catégories est imposant et les chiffrent montrent que
l'élite dominante est constituée d'exploiteurs non
démocratiques qui considèrent les travailleurs comme un
moyen de protéger et d'accroître la richesse sociale
privée de ceux qui possèdent et contrôlent
l'économie socialisée. La menace d'expulsion et de
déportation plane sur la tête de tous les migrants, que ce
soit des résidents permanents, des travailleurs
temporaires, des étudiants et des personnes classées
comme sans papiers.
Au cours d'une année donnée, plus
de 300 000 immigrants arrivent au Canada en tant que
résidents permanents potentiels ou réels qui pourraient
devenir citoyens. On dit que le nombre total de résidents
permanents à tout moment donné se situe dans les
millions. Ce
bassin de travailleurs et leur famille est entraîné
d'une manière ou
d'une autre dans l'économie socialisée. En une même
année, plus de 200 000 migrants sont acceptés
en tant que travailleurs temporaires classés dans la
catégorie des résidents non permanents dans le cadre de
divers programmes, avec peu ou pas de chances de devenir
résidents permanents et citoyens et qui doivent partir
après un
certain temps pour revenir ensuite s'ils sont choisis à nouveau
ou qui restent et deviennent sans-papiers. Statistique Canada estime
à un peu moins d'un million le nombre total de résidents
non permanents au cours d'une année donnée. Il n'existe
pas de nombre officiel de travailleurs sans papiers, mais on estime que
ce nombre se situe
entre 200 000 et un demi-million.[2]
À cela s'ajoutent des milliers
d'autres qui cherchent refuge contre la violence et l'anarchie et qui
peuvent ou non être acceptés comme immigrants.
En 2017, 44 000 réfugiés ont
été acceptés comme résidents permanents.
Des centaines de
milliers d'autres personnes arrivent au Canada en tant
qu'étudiants et paient très cher. Certains sont
autorisés à travailler au cours de leur période
d'études et un certain nombre d'entre eux sont autorisés
à demander la résidence permanente.
La négation des droits des migrants par
l'État ouvre la porte à la corruption et devient la base
du trafic d'êtres humains. Le Globe and Mail publie des
histoires d'horreur et verse des larmes de crocodile sur les
souffrances de nombreux migrants aux mains de trafiquants d'êtres
humains, mais ne s'intéresse pas à la base de cette
corruption, au fait que cette corruption est
basée sur la négation des droits par l'État et sur
l'ordre juridique et constitutionnel qui défend le
privilège et les prétendus droits de
propriété de la classe dirigeante.[3] De même que le trafic d'esclaves
africains n'aurait pas existé sans l'esclavage raciste
organisé aux États-Unis, la traite des êtres
humains au
Canada ne peut exister que grâce à la négation des
droits des travailleurs migrants par l'État, où une
grande partie du processus d'immigration lui-même a
été privatisée et où les abus restent
impunis.
La division entre ceux qui
possèdent et contrôlent les forces productives et ceux qui
vendent leur capacité de travail pour gagner leur vie est
à la base de la division des travailleurs suivant une
hiérarchie de droits au Canada. Les droits et privilèges
de ceux qui possèdent et contrôlent les forces productives
et ont accumulé une grande richesse
sociale sont garantis par le droit de propriété. Ce qu'on
appelle le droit de propriété existe en contradiction
avec les droits humains et confère aux détenteurs de la
richesse sociale et à ceux qui sont en position de
contrôler l'économie socialisée des droits et
privilèges dominants, comme le rappelle entre autres l'affaire
SNC-Lavalin. Le pouvoir du
droit de propriété et du privilège de classe est
démontré quotidiennement par des attaques
organisées de l'État contre les travailleurs et constitue
la théorie et la pratique constitutionnelles et fondamentales de
l'oligarchie financière au pouvoir.
La classe ouvrière assume la
responsabilité sociale envers elle-même et envers la
société de mettre pleinement à contribution son
pouvoir organisé pour défendre les droits de tous et
toutes dans le
présent et pour bâtir le Nouveau, où les droits et
le bien-être de tous seront garantis sans exception ni division.
À l'occasion du Premier Mai 2019, que
les travailleurs déclarent que tous les programmes qui limitent
les droits des migrants qui viennent au Canada pour vivre et travailler
soient déclarés nuls et non avenus. Si l'élite
dirigeante qui contrôle les forces productives veut que les
migrants viennent et travaillent pour elle, elle ne doit pas les priver
de leurs droits fondamentaux.
Notre
sécurité
est dans la lutte pour les droits de tous et toutes !
Blâmons les riches et non le peuple pour les politiques et lois
anti-immigrants et antitravailleurs !
Notes
1. « 150
ans
d'immigration
au
Canada », Statistique Canada,
modifié le 17 mai 2018
2. « Guest
Worker Programs : Canada », Law Library of
Congress, mise à jour le 30 juillet 2015
3. « False promises :
Foreign workers are falling prey to a sprawling web of labour
trafficking in Canada », Globe and Mail, 5
avril 2019
Il ne se passe pas une journée sans qu'on dise
aux travailleurs canadiens que l'économie souffre d'une
pénurie de travailleurs disponibles dans différents
secteurs. Le manque de travailleurs disponibles sur le marché du
travail canadien, nous dit-on, pourrait mener à une crise
économique, une récession ou quelque chose d'encore pire.
Les
travailleurs sont bombardés par cette propagande chaque
jour. L'élite dirigeante semble viser plusieurs objectifs avec
cette propagande.
Un objectif central est de détourner
la
classe ouvrière de l'analyse qu'elle doit faire pour analyser
les causes des
problèmes de l'économie. Il s'agit d'une tentative de
détourner l'attention de la cause fondamentale découlant
de la contradiction entre le caractère socialisé des
forces productives et le caractère privé de leur
contrôle. L'élite dirigeante qui contrôle
l'économie socialisée refuse tout blâme pour ces
problèmes économiques. Son objectif et son contrôle
l'amènent plutôt à blâmer le facteur humain
et à faire subir à ceux qui lui vendent leur
capacité de travail les conséquences du refus de ceux qui
sont en position de contrôle d'amener les relations de production
en conformité avec les forces
productives déjà socialisées. Les vrais
producteurs, la classe ouvrière, doivent prendre le
contrôle des forces productives socialisées et du produit
social qu'ils produisent pour que les problèmes soient
résolus d'une manière qui sert le peuple.
Les cartels disparates des propriétaires se font
la concurrence pour leurs propres intérêts privés
et ne se sentent pas obligés d'examiner l'économie comme
un tout et de planifier la production et la distribution
conformément aux besoins du peuple et de l'économie. Ils
expliquent les problèmes à leur avantage en s'attaquant
à la classe ouvrière et
à leurs concurrents. Qu'il y ait un problème de
pénurie ou de surplus de travailleurs, c'est la classe
ouvrière qui en subit les conséquences parce que le
bien-être du peuple n'est pas l'objectif de l'élite
dirigeante.
Ceux qui sont en position de contrôle
considèrent la pénurie temporaire de travailleurs dans
tel ou tel secteur comme un prétexte pour exploiter le
marché mondial du travail et y puiser des travailleurs migrants
ou temporaires. Le terme « temporaire » leur donne
l'occasion de nier les droits de ces travailleurs sous prétexte
qu'ils ne sont
pas membres à part entière du corps politique canadien
quand ils arrivent et travaillent ici. Cela crée une
hiérarchie de droits en vertu de laquelle, au lieu que tous
aient des droits en tant qu'êtres humains, certaines personnes
ont des privilèges qui peuvent être niés au bon
plaisir de ceux qui sont en position de contrôle. Cette
inégalité et ce déni
des droits engendrent une exploitation accrue, en particulier des
travailleurs migrants et temporaires. Cette exploitation
intensifiée a un effet négatif sur la classe
ouvrière tout entière parce qu'elle abaisse l'ensemble
des conditions.
- Pierre Chénier -
La catégorie de travailleurs migrants qui
croît le plus rapidement au Canada et dans le monde est le
travailleur sans papiers. Les études et les statistiques sur ces
travailleurs sont rares. Une étude menée en 2011,
financée par les instituts de recherche en santé du
Canada, a évalué qu'entre 200 000 et
500 000 travailleurs sans
papiers vivaient au Canada. Ils sont concentrés en Ontario et
travaillent principalement dans la construction, l'industrie
hôtelière et l'agriculture.
L'étude
démontrait aussi que de nombreux travailleurs sans papiers
avaient commencé à travailler au Canada en tant que
travailleurs « avec papiers », notamment dans le
Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), et
étaient devenus sans-papiers à cause des conditions de
servitude et d'arbitraire qui caractérisent ce
programme. Plusieurs travailleurs temporaires étrangers dont le
contrat de travail avec leur employeur est brisé, soit parce que
l'employeur y met fin ou que le travailleur quitte son emploi tant les
conditions sont intenables, demeurent au Canada comme travailleurs sans
papiers.
Différents gouvernements affirment que les
travailleurs temporaires étrangers sont protégés
par des règles, ce qui n'est pas le cas des travailleurs sans
papiers. Ils disent, par exemple, que les travailleurs du PTET sont
régis par les lois de normes minimales de travail
fédérales et provinciales, qu'ils ont accès
à plusieurs programmes sociaux et
services publics et à une voie vers la résidence
permanente, contrairement aux travailleurs sans papiers qui ne sont pas
régis par ces lois et sont criminalisés en tant que
hors-la-loi dans une situation de vulnérabilité
marquée par l'illégalité.
Les conditions objectives de servitude dans lesquelles
travaillent les sans-papiers sont telles qu'il existe peu de
règles régissant leur emploi et leurs conditions de vie
et que celles-ci sont sous le coup du diktat de l'employeur. Cette
vulnérabilité face à un diktat arbitraire
s'applique aussi aux travailleurs avec papiers dans les confins
étroits du
Programme des travailleurs étrangers temporaires et des
programmes connexes. Leurs droits sont sujets aux attaques, notamment
leur droit fondamental d'être des membres à part
entière du corps politique qui vivent sans la menace constante
d'être déportés.
La situation des travailleurs étrangers est
caractérisée par l'arbitraire des employeurs au Canada et
des agences canadiennes étrangères qui les recrutent dans
leur pays. Les gouvernements maintiennent les travailleurs
étrangers dans une position vulnérable et sujets aux
attaques par leur refus d'abolir leur statut temporaire. Sans que leurs
droits
soient garantis, leur dignité de travailleurs est niée et
leur statut précaire est maintenu.
Le Programme des travailleurs
étrangers temporaires (PTET)
Le PTET fédéral comprend deux
sous-programmes : le Programme des aides familiaux du Canada (PAF)
et le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS). D'autres
travailleurs appartiennent aussi à la catégorie des
travailleurs étrangers
temporaires. Le PTET et le Programme de mobilité internationale
(PMI) formaient un seul programme avant que le gouvernement Harper ne
fasse du PMI un programme séparé en 2014.
Étude d'impact sur le marché du
travail
La division de l'économie, des ressources et des
affaires internationales du gouvernement canadien a
évalué dans
une recherche qu'au 1er décembre 2013, il y avait
386 406 travailleurs temporaires étrangers au Canada. De ce
nombre, 126 816 étaient assujettis à une
Étude
d'impact sur le marché du travail
et 259 590 ne l'étaient pas.
Les employeurs qui veulent
recruter des travailleurs étrangers temporaires doivent en
général soumettre une Étude d'impact sur le
marché
du travail (EIMT) tandis que les employeurs qui font leur recrutement
en vertu du PMI n'ont pas à remplir cette exigence. L'exigence
d'une EIMT repose sur la mascarade voulant que le PTET vise
strictement à combler des postes pour lequel il n'y a pas de
citoyens canadiens ou de résidents permanents disponibles.
C'est vraiment frauduleux parce que cela fait des décennies que
les travailleurs étrangers viennent au Canada pour occuper des
positions en agriculture, en aide familiale résidante, dans
l'industrie hôtelière et dans la
transformation alimentaire. Ces emplois ne sont pas et n'ont jamais
été
temporaires ; seuls les travailleurs qui occupent ces emplois
permanents le sont. Leur statut temporaire est
précisément ce qui les maintient dans un état de
vulnérabilité, dans les emplois les plus mal payés
et aux plus mauvaises
conditions, ce qui nie leurs droits et exerce une pression
générale à la baisse sur les salaires.
Les employeurs qui font leur recrutement par le biais du
PMI n'ont pas besoin d'une ÉIMT parce que ce programme, selon la
propagande officielle, vise à fournir de plus grands avantages
au Canada, notamment au plan économique et culturel. Cela
comprend, entre autres choses, la mobilité du travail sous
l'égide des traités de libre-échange.
Le PMI, contrairement au PTET, comprend un permis de travail ouvert qui
ne lie pas un participant à un employeur unique. Il offre aussi
une voie d'accès plus aisée à la résidence
permanente justement parce qu'il est considéré comme
étant avantageux pour la compétitivité du Canada
de garder ces travailleurs au Canada.
Les travailleurs étrangers temporaires qui sont
assujettis à une ÉIMT sont liés par contrat
à un employeur unique, ce qui rappelle le travail en servitude.
Le contrat rend difficile aux travailleurs de quitter un employeur
abusif ou un emploi dangereux sans que n'intervienne la
déportation immédiate du pays, parce que le statut
légal du travailleur
régi par l'ÉIMT cesse d'être en vigueur lorsque le
contrat est brisé.
Les travailleurs qui sont régis par un contrat
obtenu par une ÉIMT sont vulnérables parce que, s'ils se
plaignent, l'employeur peut mettre fin au contrat et ils doivent
quitter le pays. Il se peut que tout ceci se fasse dans le silence
parce que les travailleurs sont très vulnérables, n'ayant
que peu de recours juridiques. Les travailleurs dont le contrat
est abruptement terminé doivent passer par un nouveau processus
menant à une ÉIMT, ce qui prend des mois et n'est pas
garanti, retourner dans leur pays ou encore devenir des
travailleurs sans papiers. Pour changer d'employeur, le travailleur
doit recevoir une nouvelle offre d'emploi d'un employeur potentiel et
être muni d'une ÉIMT
approuvée. Cela prend de trois à cinq mois, mais le
processus ne s'arrête pas là. Le travailleur doit alors
demander un nouveau permis de travail, ce qui prend de trois à
six mois supplémentaires. Pendant tout ce temps-là, le
travailleur ne peut pas travailler ou toucher de l'assurance-emploi ou
de l'aide sociale et il peut être sans revenus pendant
plusieurs mois. Compte tenu du fait que ces travailleurs
reçoivent en général les plus bas salaires,
plusieurs doivent retourner dans leur pays ou devenir des sans-papiers
à cause d'un manque de revenus.
Sans que leurs droits ne soient garantis,
les
travailleurs sont vulnérables
La règle de droit doit s'appliquer à tous
de manière égale. Il ne doit pas exister de situation
où il y absence de droits pour certains et privilège pour
d'autres. Un droit humain fondamental ne peut être temporaire ou
illégal ou sujet à la déportation ou à
d'autres mesures arbitraires d'un pouvoir de police. Tout le concept de
travailleur temporaire
doit être déclaré ultra vires, hors-la-loi et sans
validité dans un état de droit qui repose sur une
constitution moderne qui s'applique également à tous les
êtres humains, sans préjudice ou privilège.
Il ne manque pas d'exemples
de la contradiction entre les conditions réelles des
travailleurs temporaires, migrants ou réfugiés et la
propagande démocratique libérale qui déclare que
tous les humains sont égaux et protégés par une
règle de droit qui s'applique à tous sans
préjudice ou privilège.
La vente à un employeur de la capacité de
travailler d'un travailleur à statut temporaire transfère
un pouvoir et un privilège arbitraire à un employeur et
un asservissement et une servitude volontaire aux employés. La
législation et les constitutions libérales
démocratiques enchâssent cette inégalité et
ce privilège en accordant des droits supérieurs
à la propriété, à la richesse et au statut
social par rapport aux droits qu'ont les gens en tant qu'êtres
humains.
De nombreux travailleurs temporaires vivent dans des
logis fournis ou contrôlés par l'employeur.
Cet arrangement donne aux employeurs un contrôle énorme
sur la nourriture, l'espace, les conditions de sommeil et les
réseaux sociaux des travailleurs. Les travailleurs peuvent faire
l'objet d'intimidation, ce qui renforce le déséquilibre
total du
rapport de force entre l'employeur et le travailleur. Souvent, la
frontière entre être au travail et ne pas être au
travail disparaît.
Les attaques de la part des agences de recrutement
publiques et privées et des recruteurs individuels sont devenues
chose courante et celles-ci sont devenues un régime mondial de
trafic d'êtres humains. Qu'on pense aux frais exorbitants qui
sont imposés, aux fausses réclamations et aux faux
documents. Les recruteurs et les employeurs
demandent souvent aux travailleurs de leur emprunter de l'argent et ne
cessent d'ajouter des intérêts et d'autres frais de
services ou des pénalités pour avoir enfreint des
règles arbitraires.
Accablés de frais, les travailleurs
reçoivent souvent des documents complets ou faux, ou de faux
noms d'employeurs ou encore des emplois qui n'existent pas. Ces
dernières années, des stratagèmes de «
libération à l'arrivée » sont devenus
fréquents. Il s'agit de situations où les travailleurs
n'ont pas d'employeur bien qu'il y ait un nom
d'employeur sur leur contrat. Les travailleurs sont alors «
libérés » de leur faux contrat à leur
arrivée à l'aéroport ou au bureau du recruteur au
Canada. Parfois on leur offre même un tel stratagème en
leur disant qu'ils vont certainement trouver un vrai employeur une fois
au Canada. Il arrive souvent que les recruteurs gardent ces
travailleurs
« libérés » dans un endroit de travail
qui leur appartient ou qui est arrangé par eux et où ils
travaillent pour le gîte et le couvert en attendant de trouver un
employeur qui les engage.
Les travailleurs temporaires étrangers paient
des impôts et la taxe de vente et cotisent au Régime de
pensions du Canada et de l'Assurance-emploi (AE). Ils ne sont pas
admissibles cependant aux prestations régulières de l'AE
correspondantes à leur période d'emploi une fois que
celui-ci est terminé. Ils sont officiellement admissibles aux
prestations parentales ou de maternité, mais ils ont beaucoup de
difficulté à les toucher une fois que leur contrat de
travail officiel est terminé.
Les travailleurs temporaires étrangers sont
censés être protégés par les normes
minimales d'emploi et les lois de santé et de
sécurité au travail, mais il est difficile de les faire
appliquer.
À cause de leur statut temporaire, ils ont de la
difficulté à insister pour que l'employeur respecte les
lois et c'est risqué pour eux de faire appel au
gouvernement pour qu'il fournisse réparation et souvent la loi
n'est simplement pas appliquée.
En théorie, les travailleurs temporaires
étrangers ont le droit à la résidence permanente,
mais le programme lui-même ne comprend pas de voie d'accès
à ce statut. Ils peuvent être parrainés par leur
employeur, mais rien n'incite l'employeur à le faire. Le
travailleur qui demande la résidence permanente doit
maîtriser une langue officielle, mais
ses conditions de travail, qui impliquent de longues heures sans
pauses bien délimitées, les empêchent souvent de
suivre des cours s'il s'en donne dans leur région ou de
fraterniser sur une base régulière avec des gens qui
parlent anglais ou français dans des événements
sportifs ou sociaux.
Le Programme des aides
familiaux comprend une voie d'accès à la résidence
permanente, mais les aides familiaux, qui sont en majorité des
femmes, sont assujettis à un processus d'immigration en deux
temps qui requiert qu'elles entrent au Canada avec un statut temporaire
et un contrat de travail, mais sans leur famille. Elles doivent
compléter leur contrat avant de demander la résidence
permanente, ce qui pose le problème de quoi faire une fois que
le contrat est terminé. Le programme de résidence
permanente comprend aussi un plafond de demandes, ce qui est une
restriction de plus. Cette année, après un travail
soutenu des aides familiaux résidants et de leurs supporteurs,
le gouvernement fédéral a annoncé la tenue de deux
« projets pilotes » sur cinq ans qui permettront aux
personnes recrutées dans cette catégorie de travailleurs
de venir au Canada avec leur famille. Une fois que l'aide familial a
son permis de travail et deux ans d’expérience, il est dit qu’il
aura alors «accès à une voie directe menant
à la résidence permanente». De plus, une petite
fenêtre est actuellement ouverte cette année pour offrir
rétroactivement un tel « accès » aux aidants
naturels déjà au Canada qui sont venus dans le pays en
espérant qu'ils pourraient demander la résidence
permanente, pour se rendre compte plus tard que cela n'était pas
possible dans le cadre des programmes par lesquels ils ont
été recrutés.
En 2014, alors qu'il y avait une campagne dans les
médias de masse au sujet d'employeurs qui abusaient du PTET, le
gouvernement est intervenu de façon à créer de la
friction entre les travailleurs canadiens et les travailleurs
temporaires étrangers. Le gouvernement s'est vanté de
vouloir donner la priorité aux travailleurs canadiens par
rapport aux travailleurs temporaires étrangers en ce qui
concerne les emplois disponibles. Le gouvernement a encore
resserré les critères d'admissibilité de
l'AE et a limité encore plus
l'admissibilité des travailleurs étrangers aux
prestations de l'AE. Un des objectifs de ces programmes, en plus de
fournir de la main-d'oeuvre bon
marché aux employeurs est de nuire à l'unité de la
classe ouvrière à la défense de ses droits.
Le gouvernement fédéral a progressivement
réduit le pourcentage de travailleurs étrangers
admissibles par rapport à la main-d'oeuvre totale d'une
entreprise à 10 % en 2016. Selon les
organisations de défense des travailleurs, à mesure que
le pourcentage était réduit, des travailleurs temporaires
étrangers qui étaient arrivés
alors que le pourcentage était plus élevé ont
été congédiés et forcés de
travailler dans la clandestinité afin de demeurer au Canada. Des
employeurs qui engageaient régulièrement des travailleurs
temporaires étrangers se sont plaints de la baisse du
pourcentage et ont demandé que celui-ci soit haussé. Le
gouvernement Trudeau a obtempéré en
haussant le niveau à 20 %, un pourcentage qui demeure
arbitraire en ce qui concerne les travailleurs temporaires parce qu'ils
peuvent être renvoyés quand le pourcentage est atteint.
En 2014, le gouvernement Harper a changé les
règles afin que le gouvernement fédéral puisse
refuser les demandes d'embauche de travailleurs temporaires
étrangers dans des emplois à bas salaires dans les
services d'hébergement et de restauration et le commerce au
détail, dans des régions où le taux de
chômage officiel est
de 6 % ou plus. Le gouvernement Trudeau a maintenu ce
changement. Cela dresse une fois de plus les travailleurs les uns
contre les autres alors que les travailleurs étrangers sont
accusés indirectement de causer des privations aux travailleurs
canadiens en tant que concurrents prêts à accepter des
salaires bas et du travail précaire. Cela
perpétue la conscience impérialiste qui masque le conflit
de classe qui existe entre la classe ouvrière et une oligarchie
financière dominante qui est la source de tous les
problèmes auxquels les travailleurs et l'économie
socialisée font face. Cela masque aussi la raison pour laquelle
les travailleurs sont régulièrement privés de
leurs droits et que
l'économie souffre de crises récurrentes et que ses
problèmes fondamentaux demeurent non résolus.
- Normand Chouinard -
Depuis quelques décennies,
particulièrement depuis l'instauration des nouveaux arrangements
néolibéraux et de la mondialisation qui en a suivi,
l'industrie du transport par camion a connu une croissance
exponentielle qui nécessite dorénavant une main-d'oeuvre
qualifiée en grande quantité. Il y a présentement
3,5 millions de camionneurs aux États-Unis et près de 200
000 au Canada, ce qui représente une force considérable
au sein de la classe ouvrière. Le traité de
libre-échange entre le Canada et les États-Unis
adopté sous le gouvernement de Brian Mulroney en octobre 1987 et
l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ALÉNA) en mars 1994
ont favorisé l'intégration rapide de l'économie
canadienne à celle des États-Unis. Les échanges
commerciaux ont passé progressivement de l'axe est-ouest
à l'axe nord-sud. Le nombre de compagnies de transport d'un bout
à l'autre de la frontière est considérablement
plus élevé que celles qui ne font que de
l'interprovincial, ce qui est un excellent indicateur de
l'intégration constante de l'économie canadienne à
l'Amérique du Nord des monopoles. Au Canada, dans les
années 90, l'industrie du transport a subi coup sur coup une
série de dérèglementations visant soi-disant
à faciliter la fluidité du transport par camion et
éliminer la « paperasserie ». La conséquence
directe de ces dérèglementations massives a
été une détérioration des conditions de
travail et des salaires des camionneurs canadiens qui s'est poursuivie
tout au long des années 2000 jusqu'à aujourd'hui.
Le discours sur la pénurie de main-d'oeuvre dans
le secteur du transport a commencé très tôt au
début des années 2000. La
détérioration des conditions de vie et de travail des
camionneurs a eu un impact réel sur la situation de la force de
travail qui diminuait sans cesse. Jumelez à cela un besoin
drastique de nouveaux camionneurs pour
servir les besoins des monopoles et on se retrouve dans la situation de
« rareté » de main-d'oeuvre.
Le gouvernement fédéral a dès lors
mis de l'avant des programmes visant l'embauche des nouveaux arrivants
dans ce secteur (comme tous les autres secteurs d'ailleurs). Vingt-cinq
ans plus tard, on constate d'emblée qu'un camionneur sur quatre
provient de l'immigration récente, dont la moitié
proviennent de l'Inde, particulièrement de l'État
du Pendjab. En 2016, selon la revue Today's Trucking,
spécialisée dans le secteur du camionnage qui a
effectué une étude sur ces questions, le nombre de
camionneurs provenant de l'Inde dépasse le nombre total des
nouveaux chauffeurs provenant de l'immigration depuis 2001.
À cette époque, seulement 1,8 % des
camionneurs provenaient de la région de l'Asie du Sud et la
plupart résidaient dans la région de Vancouver, en
Colombie Britannique. Ils comptaient alors pour 18,7 % des
chauffeurs de la ville comparativement à 6,2 % pour la
région de Toronto. En 2016, approximativement un camionneur
sur cinq (17,8 %)
provient de l'Asie du Sud. En Colombie Britannique, on parle d'un
camionneur sur trois, soit 34,6 %, qui provient de cette
région et d'un sur quatre (25,6 %) pour l'Ontario. Dans les
deux grandes villes que sont Vancouver et Toronto, les camionneurs
d'origines nationales sud-asiatiques représentent
respectivement 55,9 % et 53,9 % de l'ensemble des
chauffeurs de l'industrie. Selon les chercheurs, les liens qui existent
entre les Canadiens d'origine indienne établis au pays depuis
longtemps et les nouveaux arrivants auraient facilité
l'intégration de ces derniers et coïncideraient avec une
demande importante de nouveaux
chauffeurs pour faire face à la demande des monopoles.
Une statistique intéressante indique que sur
les 181 330 camionneurs canadiens répertoriés
en 2016, il y en aurait 58 985 dont le lieu de naissance est
autre que le Canada. En 1991, 7,7 % des chauffeurs
provenaient de l'immigration comparativement à 3,5 %
en 2016.
Récemment, l'association canadienne du camionnage
(Canadian Trucking Alliance) et l'Association du camionnage du
Québec (ACQ), représentant les grandes compagnies
canadiennes et québécoises du transport, ont
demandé au gouvernement fédéral d'assouplir les
règles du programme des travailleurs étrangers
temporaires et de créer de
nouvelles possibilités pour les employeurs en transport,
évidemment sous prétexte de combler les besoins de
main-d'oeuvre causés par la pénurie de chauffeurs.
C'est en Colombie-Britannique que le nombre de
chauffeurs provenant du programme est le plus élevé,
soit 934 pour l'année 2017, suivi du Québec
avec 166 et du Nouveau-Brunswick avec 108. Selon les
modifications apportées par le gouvernement Harper en 2014,
les entreprises voulant se prévaloir du
Programme de travailleurs temporaires étrangers doivent suivre
la procédure de l'« Étude d'impact sur le
marché du travail (EIMT) », une procédure
visant à prouver que les tentatives de trouver des travailleurs
canadiens ont toutes été épuisées. Le
Programme des travailleurs étrangers temporaires est très
présent dans d'autres secteurs de
l'économie, notamment l'agriculture et l'agro-alimentaire, mais
n'est qu'à ses débuts dans le secteur du transport. La
raison en est que le métier de camionneur exige un minimum de
formation et de compétences professionnelles avant que le
camionneur puisse circuler sur le réseau routier canadien. C'est
d'ailleurs une des principales demandes des
camionneurs au pays d'offrir une formation intégrale aux
nouveaux chauffeurs d'un bout à l'autre du pays dans le cadre de
leur demande de reconnaissance du métier par le gouvernement
fédéral.
Le ministre des Transports, Marc Garneau, a
annoncé le 21 janvier dernier que son gouvernement s'engage
à adopter une norme nationale sur la formation de base offerte
aux conducteurs de véhicules commerciaux d'ici 2020, mais
que son application dépendra des provinces qui en feront une
obligation, que ce seront toujours les
provinces qui définiront les normes et délivreront les
permis basés sur les nouvelles normes nationales. Il n'y a que
l'Ontario qui exige un minimum de 101,5 heures de formation
obligatoire pour les nouveaux chauffeurs. La décision de Marc
Garneau survient suite au rapport d'enquête sur la
tragédie de Humboldt qui en avait fait sa
recommandation principale (accident dans laquelle était
impliqué un véhicule lourd causant plusieurs
décès de jeunes joueurs de hockey en Saskatchewan).
« Les Canadiens s'attendent à ce que les personnes qui
obtiennent leur permis de conducteur de semi-remorques ou de gros
véhicules soient bien préparées par une formation,
avant d'assumer
ces fonctions », a déclaré le ministre des
Transports lors de la réunion annuelle des ministres du
Transport et de la Sécurité routière tenue
le 21 janvier dernier à Montréal. Quant à
l'Alliance canadienne du camionnage, son président, Scott Smith,
se dit satisfait de cette nouvelle harmonisation possible entre les
provinces. « Cette annonce
est un excellent exemple de travail conjoint de l'industrie et du
gouvernement vers l'obtention de résultats
positifs. » L'Association du camionnage du Québec va
dans le même sens malgré une situation différente
au Québec où, bien que non obligatoire, un service public
de formation de 615 heures est disponible pour les nouveaux
chauffeurs.
Bien que de prime abord ce développement
semble positif pour les camionneurs, ils sont en droit de se demander
s'il est relié de près ou de loin à
l'élargissement du Programme de travailleurs temporaires
étrangers demandé par les monopoles. Cela aura comme
conséquence l'augmentation de la concurrence entre les
camionneurs et ainsi
bloquera leurs demandes pour améliorer leurs conditions de vie
et de leurs salaires, ce qui équivaudrait pratiquement à
une nouvelle dérèglementation sans vraiment l'être.
Les camionneurs canadiens et québécois qui luttent tous
les jours depuis des années pour remédier aux
dernières décennies de dérèglementation en
exigeant une plus grande
partie de la valeur ajoutée qu'ils ont eux-mêmes produite
ne laisseront pas passer si facilement une nouvelle dégradation
de leurs conditions. Ils reconnaissent que les travailleurs provenant
de l'immigration récente ou encore ceux provenant du Programme
des travailleurs étrangers font partie intégrante de la
classe ouvrière canadienne et québécoise
et que la défense des droits de tous et toutes est la condition sine
qua
non de leur victoire. Toute tentative de les diviser entre
« eux » et « nous » sera combattue
fermement et est vouée à l'échec.
Le 21 mars dernier était le cinquième
anniversaire de la grande grève des camionneurs du port de
Vancouver en mars 2014 dans laquelle 500 camionneurs
affiliés au syndicat Unifor se sont unis aux 1500
camionneurs membres de l'Association des camionneurs unis,
majoritairement composée de travailleurs originaires du Pendjab.
Ensemble, ils ont fait capituler l'administration
portuaire de Vancouver, le gouvernement de Christie Clark en
Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral de
Stephen Harper
et sa ministre des Transports Lisa Raitt. Ce fut une grande victoire
pour les camionneurs canadiens et elle constitue aujourd'hui, dans le
contexte
d'une nouvelle offensive en préparation par l'utilisation de
travailleurs migrants ou étrangers pour empêcher une
nouvelle direction à l'industrie, une voie à suivre pour
défendre les droits des camionneurs canadiens, sans
considération aucune de leurs origines nationales.
Grève des camionneurs de Vancouver, 21 mars 2014
L'organisation Justice pour les travailleurs migrants a
exposé les préoccupations majeures exprimées par
les travailleurs qui participent au Programme des travailleurs
agricoles saisonniers.
- travail de 12 à 15 heures sans
être indemnisé pour les heures supplémentaires et
les congés statutaires ;
- refus d'accorder des pauses nécessaires ;
- utilisation de produits chimiques/pesticides dangereux sans
équipement de sécurité/protection ni
formation ;
- entassement dans des logements insalubres avec des
fuites d'égouts et des toilettes inadéquates ;
- racisme ouvert de certaines personnes, ce qui entraîne parfois
des altercations physiques ;
- discrimination salariale importante entre la main-d'oeuvre migrante
et non migrante ;
- déductions salariales injustes telles que
l'assurance-emploi et d'autres services auxquels ils n'ont que peu ou
pas d'accès ;
- attention insuffisante accordée aux préoccupations et
aux autres services nécessaires ;
- exclusion de la législation de base sur les droits humains,
comme les lois sur la santé et la sécurité et la
plupart des aspects de la Loi sur les normes d'emploi ;
- interdiction de négocier une convention collective et
d'adhérer à des syndicats ;
- représentation insuffisante dans l'élaboration des
politiques et les différends contractuels ;
- impossibilité de demander le statut de résident ou de
pouvoir éduquer ici leurs enfants malgré de nombreuses
années de travail au Canada ;
- manque de procédures d'appel lorsque les employeurs
rapatrient des travailleurs dans leur pays d'origine ;
- obstacles aux services essentiels en raison de la langue et de
l'emplacement du lieu de travail ;
- manque de formation de base en anglais (ou français) comme
langue seconde ;
- discrimination fondée sur le sexe, y compris le peu
d'opportunités pour les travailleuses et le fait que les femmes
soient fortement contrôlées et soumises à diverses
mesures disciplinaires par les employeurs.
L'Organisation des droits des femmes de l'Asie du Sud
(ODFAS) a organisé un forum le 19 janvier pour discuter
de leurs conditions de travail en tant que femmes immigrantes et de la
façon de défendre leurs droits à la lumière
de l'adoption du projet de loi 47, Loi de 2018 pour une
Ontario ouvert aux affaires,
par le gouvernement de l'Ontario et de ses autres atteintes aux droits
des travailleuses. Une cinquantaine de personnes ont participé
au forum intitulé « Une réponse de la
communauté aux attaques contre les droits des
travailleurs ».
Les remarques préliminaires ont été
consacrées aux problèmes auxquelles les femmes
immigrantes font face lorsqu'elles arrivent au Canada pour trouver du
travail et subvenir aux besoins de leur famille, y compris l'impact que
les réductions annoncées récemment sur
l'enseignement postsecondaire auront sur celles dont le travail est
précaire. Une
organisatrice d'Unifor a présenté une trousse produite
par le syndicat dans le cadre de la mobilisation de ses membres contre
le programme antisocial rétrograde du gouvernement conservateur.
Au cours du forum, l'expérience des travailleuses
dans les communautés a été présentée
sous forme de sketches, de présentations en groupe et d'une
vidéo produite par des jeunes de l'ODFAS, dans le but de briser
le silence sur les indignités auxquelles les femmes et leurs
familles sont confrontées quotidiennement.
Le fil conducteur du forum, qui représente
l'expérience de beaucoup de personnes, était les choix
inacceptables auxquels les familles sont confrontées chaque
jour, soit payer la nourriture et les autres produits de
première nécessité ou payer leur loyer. Au cours
de la discussion, on a abordé la question du pouvoir
exercé sur la vie des travailleurs
par les agences de placement temporaire et les employeurs qui font
appel à leurs services, ce qui a pour effet de chambouler leur
vie par les horaires de travail irréguliers, le manque de
services de garderie appropriés et abordables, les bas salaires,
dont le versement d'un salaire en argent comptant bien au-dessous du
salaire minimum, sans
avantages sociaux et sans accès à l'assurance-emploi, aux
prestations de maternité et à l'indemnisation des
travailleurs. En outre, il existe un nombre limité d'agences de
placement temporaire au moyen duquel les femmes trouvent du travail, ce
qui signifie que les femmes qui dénoncent leurs conditions
peuvent être placées sur une liste noire et être
incapables de trouver du travail.
Un sketch a illustré
l'expérience de nombreuses immigrantes - des promesses faites
par les agences de recrutement avant d'immigrer du Canada en tant que
« pays de rêve », en passant par «
Bienvenue au Canada » à l'humiliation par les
conditions qu'elles subissent une fois immigrées au pays. Leurs
diplômes et leur expérience
professionnelle sont ignorés, elles se retrouvent à la
merci des agences de placement temporaire et des employeurs qu'elles
représentent, alors qu'elles essaient d'amasser suffisamment
d'heures de travail pour fournir nourriture et loyer à leur
famille.
La présentation vidéo a mis l'accent sur
des propositions détaillées élaborées par
l'ODFAS
lors de consultations communautaires pour transformer la situation en
leur faveur. Les propositions comprenaient la tenue d'une enquête
publique sur le sous-emploi des femmes immigrantes qualifiées,
la limitation du champ d'action des agences de
placement temporaire, l'introduction de mesures dissuasives
économiques pour réduire les horaires de travail
chaotiques et l'accès aux services de garde entièrement
subventionnés pour les travailleurs à faible revenu.
Dans le cadre de la discussion en cours avec les membres
de l'ODFAS, un sondage a été distribué pendant le
forum pour demander aux participantes leur point de vue sur les
implications de la Loi de 2018 pour une
Ontario ouvert aux affaires et sur les propositions de
l'ODFAS.
- Diane Johnston -
Les aides familiaux déclarent depuis longtemps
que s'ils sont assez bons pour travailler, ils sont assez
bons pour rester ici ! Les aides familiaux revendiquent qu'on
leur accorde le statut de résident permanent dès leur
arrivée au Canada et qu'ils soient traités comme des
membres égaux de la société canadienne, que leurs
droits
soient respectés et non bafoués. Dans le cadre de cette
revendication, ils veulent un permis ouvert pour pouvoir trouver un
autre emploi et demandent à ne pas être liés
à un seul employeur ou sous la menace constante d'être
expulsés.
Depuis plus d'un
siècle, le Canada importe de la main-d'oeuvre d'autres pays pour
travailler comme « domestique ». Au début, la
main-d'oeuvre venait principalement de Grande-Bretagne, notamment les
nombreux « enfants Barnardo »[1],
et
d'autres
pays
d'Europe.
Ces
personnes
sont
venues
travailler
comme
gardiennes
d'enfants et domestiques pour des
familles riches, mais aussi pour des professionnels hautement
payés comme des avocats, des médecins, etc. Dès
qu'ils ont pu, les femmes et certains hommes ont trouvé un autre
emploi.
Les programmes gouvernementaux
visant à importer de la main-d'oeuvre pour travailler au Canada
se sont succédé depuis le milieu des
années 1950. Jusqu'au milieu des années 1980,
des dizaines de milliers de travailleurs originaires principalement des
Caraïbes et plus tard des Philippines ont été
obligés de
travailler dans des conditions assimilables à du travail en
servitude. Cela comprend les dispositions relatives à la
résidence au domicile de l'employeur et tout ce que cela peut
impliquer en termes de temps de travail, de relations de travail, de
conditions de vie, d'isolement, de violence, d'éloignement et de
séparation des membres de la famille et de
leur collectivité et de la société en
général.
De nombreuses femmes originaires des Caraïbes et
des Philippines qui ont travaillé au Canada comme travailleuses
domestiques étaient et sont hautement qualifiées,
certaines ayant reçu une formation d'enseignantes,
d'infirmières et d'administratrices. Elles cherchent du travail
au Canada en raison des conditions économiques dans leur propre
pays, où elles étaient incapables de trouver du travail
ou
de s'occuper convenablement de leur famille.
Beaucoup de celles qui terminent leur formation
d'enseignante ou d'infirmière aux Philippines sont ensuite
forcées de travailler pendant un certain temps comme
bénévoles avant de pouvoir trouver du travail, et souvent
n'en trouvent pas. Les recruteurs recherchent activement ces
travailleuses. Pour un grand nombre d'entre elles, l'arrivée au
Canada laisse entrevoir l'espoir d'un avenir meilleur pour leurs
enfants. La plupart envoient de l'argent à leur famille.
Un des problèmes que rencontrent ces
travailleuses après leur arrivée au Canada est celui de
recevoir leur statut de résident permanent ou de se le voir
refusé. Dans le cadre de certains programmes, elles ne peuvent
pas demander la résidence permanente pendant qu'elles
travaillent au Canada. Cela devient un problème majeur
puisqu'elles
doivent retourner dans leur pays pour présenter une demande sans
aucune garantie d'acceptation et sans possibilité d'appel en cas
de refus.
Lorsqu'elles travaillent au
Canada, les aides familiales paient des impôts et cotisent au
Régime de pensions du Canada ainsi qu'à
l'assurance-emploi, mais elles ont peu de possibilités
d'utiliser ces programmes en cas de besoin. Cela à cause de
restrictions délibérément mises en place, mais
aussi parce que ces travailleuses craignent d'être
pénalisées par le gouvernement dans leur demande de
résidence permanente.
Le Programme des aides familiaux résidants
(PAFR), introduit en 1992, spécifie que les travailleurs
doivent résider chez leur employeur canadien pendant une
période minimale de deux ans avant de présenter une
demande de résidence permanente. Au Canada, en 2010, plus
de 35 000 travailleurs étaient forcés d'habiter
sur les lieux de travail.
Le PAFR exige également que les travailleurs
suivent une longue formation avant d'être acceptés au
Canada, et certains des demandeurs sont obligés de suivre un
programme de formation aux Philippines à leurs propres frais.
À l'époque, les exigences en matière
d'études ont été portées à
l'équivalent canadien d'une 12e année. Aux
Philippines, la fin normale des études secondaires est
la 10e année, de sorte que les travailleurs sont
obligés de payer pour des études supplémentaires
ainsi que pour le programme de formation.
Les employeurs éventuels doivent demander une
étude d'impact sur le marché du travail indiquant qu'ils
sont incapables de trouver des Canadiens pour faire cet emploi. Les
frais de cette évaluation sont de 1 000 $, mais
ils sont annulés pour les employeurs potentiels qui ont un
revenu de 150 000 $ ou
moins.
Très souvent, les femmes philippines passent par
des agences pour obtenir du travail au Canada. Les agences demandent
entre 3 000 $ et 4 000 $ pour trouver un
emploi aux travailleurs migrants. Parfois, quand les travailleuses
arrivent au Canada où elles sont censées travailler
pendant deux ans avant de
pouvoir déposer une demande de résidence permanente,
l'emploi pour lequel elles sont censées être
embauchées n'est plus disponible. Elles doivent alors trouver un
autre travail très rapidement et obtenir une autre étude
d'impact sur le marché du travail. Cela engendre
toutes sortes de problèmes puisqu'elles deviennent des
sans-papiers et se
retrouvent à la merci de diverses forces de l'État et des
agences privées.
En 2009, le gouvernement Harper a expliqué
la raison du PAFR : « L'obligation de résider chez
l'employeur est un élément essentiel du PAFR vu la
pénurie continue d'aides familiaux au Canada disposés
à habiter dans la maison des personnes auxquelles ils prodiguent
des soins. Il y aurait peut-être suffisamment d'aides familiaux
au Canada pour satisfaire aux besoins du marché du travail
liés aux aides familiaux ne résidant pas chez
l'employeur. Si l'obligation de résider chez l'employeur
était supprimée, il ne serait probablement pas
nécessaire d'embaucher un TET (travailleur étranger
temporaire) ».
Comme indiqué, l'obligation de résider
chez l'employeur était dirigée clairement et ouvertement
contre les travailleurs domestiques migrants, car les travailleurs au
Canada refusent généralement de se conformer à une
telle exigence. La Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse a condamné cette obligation qui contrevient
aux droits humains consacrés comme fondamentaux, en ce qu'elle
crée une discrimination systémique. L'Organisation
internationale du travail s'oppose également à cette
exigence.
PINAY, l'Organisation des femmes philippines du
Québec, qualifie les relations de travail des aides familiaux
résidants de dépendance personnelle où les
travailleurs sont pris au piège dans une situation semblable
à l'esclavage. PINAY exige depuis longtemps la suppression de
l'obligation de résidence :
« En partie en raison
du fait que le travail domestique est effectué dans des
résidences privées et de l'exigence stricte du PAFR selon
laquelle l'aide familial doit habiter chez son employeur, les PFR
[aides familiaux résidants] courent un risque accru
d'exploitation, de harcèlement et de mauvais traitements dans
leur milieu de travail. La
structure du PAFR crée des conditions propices à la
vulnérabilité, à la traite et au travail
forcé de divers aides familiaux. Il est essentiel d'abandonner
l'exigence relative à la résidence ou, à tout le
moins, de la rendre facultative, afin de remédier à cette
exploitation et d'éviter les violations des droits de la
personne. »[2]
Le gouvernement Harper a apporté des
modifications au PAFR en 2014, qui est ensuite devenu le Programme
canadien des aides familiaux (PCAF). Le PCAF a été
introduit comme programme pilote de cinq ans avec deux volets et finira
en novembre 2019. Jusqu'à maintenant, le gouvernement
Trudeau s'est contenté de dire qu'il
évaluait le projet pilote.
La réforme de 2014 a rendu facultatif le
volet de « résidence chez l'employeur » du
programme, puisque « les employeurs ne peuvent plus maintenant
déduire les frais de logement et de pension de l'indemnisation
des accidentés du travail ». Toutefois, en raison de
la faible rémunération et de l'envoi d'argent à la
famille, de
nombreux aides familiaux migrants sont dans l'impossibilité de
vivre à l'extérieur du domicile de l'employeur.
Le gouvernement a également créé
deux nouvelles catégories d'aidants qui travaillent au Canada
avec un permis de travail temporaire et cherchent à obtenir leur
résidence permanente. Une voie d'accès à la
résidence permanente est pour les gardiennes d'enfants. L'autre
est pour les aidants qui prennent soin des personnes âgées
ou qui ont des
besoins médicaux chroniques. La deuxième voie concerne
directement les infirmières diplômées migrantes,
les infirmières praticiennes, les aides-infirmières et
les aides-soignants. Fait important, le gouvernement canadien et les
employeurs recrutent directement des travailleurs qualifiés des
pays en voie de développement sans compenser directement
ce pays pour la valeur qu'il a dépensée pour former ces
travailleurs.
Les deux catégories de ce programme divisent les
travailleurs en travailleurs qualifiés et peu qualifiés.
En ce qui concerne le volet des travailleurs hautement
qualifiés, le gouvernement recherche explicitement des
infirmières, des infirmières auxiliaires et des migrants
formés qui doivent présenter une demande dans le cadre du
programme, qui
offre des salaires plus élevés et promet un accès
plus facile à la résidence permanente et la
réunification des familles.
Pour la catégorie des
travailleurs peu qualifiés, la résidence permanente
dépend du niveau de scolarité, de l'âge, des
années d'expérience de travail et des compétences
linguistiques des migrants, ce qui complique l'obtention de la
résidence. Le gouvernement Harper a également
imposé un plafond de 2 750 travailleurs dans chaque
catégorie.
La modification de 2014 concernait la suppression
de l'obligation de résidence, mais non la suppression d'un tel
arrangement en dépit des effets négatifs bien
documentés sur les conditions et les relations de travail. La
résidence des travailleuses domestiques au domicile privé
demeure un sous-régime des lois fédérales du
travail.
Conformément à la Convention 189 de l'OIT, si l'employeur
et la travailleuse en conviennent, cette dernière peut
résider chez l'employeur. L'assignation à
résidence est donc désormais un arrangement laissé
entre un employeur canadien et une travailleuse domestique migrante.
Les travailleuses restent tenues de réaliser 24 mois de
travail à
temps plein pour pouvoir appliquer à la résidence
permanente et leur permis de travail reste lié à un
employeur particulier comme au secteur d'emploi, avec toutes les
difficultés que cela peut entraîner.
Lorsque le gouvernement Harper a apporté ces
modifications, le processus d'acquisition de la résidence
permanente prenait trois ans, plus les deux années de travail
avant. Au minimum, les aides familiaux migrants pouvaient être
séparés de leurs enfants et de leur conjoint pendant cinq
ans, voire plus. Même après avoir reçu leur
résidence
permanente, les travailleurs doivent faire une demande dans le cadre du
programme de réunification des familles et prouver qu'ils sont
en mesure de subvenir aux besoins leur famille après son
arrivée au Canada.
En février de cette année, les aides
familiaux résidants et ceux qui les aident dans leur lutte pour
la défense de leurs droits ont réussi à faire
modifier le PAFR en faveur de ces travailleurs et de leurs familles. Le
gouvernement Trudeau a annoncé la création de deux
programmes pilotes quinquennaux qui « permettront aux aidants
familiaux de venir au Canada avec leur famille et fourniront une voie
d'accès à la résidence permanente ». Les
projets pilotes sont censés fournir des « permis de
travail ouverts pour les époux et conjoints de fait et un permis
d'études pour les enfants à charge, afin que les membres
de la famille de l’aide familial puissent l’accompagner au Canada
». Le gouvernement a également déclaré que
ces travailleurs se verront accorder « une plus grande souplesse
pour changer rapidement de travail ». Ces mesures s'adressent
uniquement aux futurs travailleurs, pas aux milliers de personnes qui
sont déjà au Canada, dont certaines n'étaient pas
correctement informées que leur travail et leurs postes ne leur
fourniraient pas le moyen d'obtenir la résidence permanente.
À cette fin, le gouvernement a également annoncé
une période de trois mois, du 4 mars au 4 juin de cette
année, appelée « voie d'accès provisoire
à l'Intention des aides familiaux » par laquelle les aides
familiaux résidants actuels peuvent demander la résidence
permanente avec des critères modifiés par rapport aux
programmes en cours [3]
Note
1. De 1868 aux années 1930,
100 000 enfants de Grande-Bretagne ont été envoyés
au Canada en tant que main-d'œuvre bon marché. Les deux tiers
d'entre eux avaient moins de 14 ans, beaucoup d'entre eux étant
considérés comme des enfants de l'État dont
les parents ne vouvaient ou ne pouvaient plus s'occuper d'eux. Des
milliers de ces garçons ont été envoyés
travailler dans des fermes manitobaines. Leurs salaires minimaux ont
été versés aux agences responsables de leur
trafic. Certains ont été forcés de dormir dans des
granges, d'autres ont été battus. L'une de ces fermes
était la Barnardo Industrial Farm, située près de
Russell, au Manitoba, en référence au Dr Thomas Barnardo
qui, au nom de grands idéaux, a fondé une organisation
pionnière dans la traite de ces jeunes Britanniques au Canada.
Environ 50 agences ont été impliquées dans ce
système de trafic de main-d'œuvre pour envoyer des enfants au
Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
2. Résumé :
Soumission PINAY pour l'examen périodique universel du Canada
3. Pour de plus
amples informations sur les plus récents changements, voir
« Une
coalition de groupes d'aides familiales migrantes et d'alliés
poursuit sa campagne pour la résidence permanente
immédiate » - Peggy Morton, Forum ouvrier, 7 mars 2019.
Appui massif au droit d'être du
Venezuela bolivarien
Des militants défendent l'ambassade du Venezuela à
Washington le 24 avril 2019.
Durant la semaine qui vient de se terminer, des pays et
des personnes ont affronté les mesures de plus en plus
arbitraires, unilatérales et illégales des
impérialistes américains en disant Non ! à
ces agissements ouvertement et en leur propre nom.
Le tout a commencé
le mardi 23 avril lors d'une réunion du Conseil permanent
de l'Organisation des États américains à
Washington, où les tentatives de changement de régime
dirigées par les États-Unis ont à
nouveau connu un échec – deux mois jour pour jour après
le fiasco de l'« aide humanitaire » du fantoche Juan Guaido
soutenu par les États-Unis à la frontière avec la
Colombie. Le 24 avril, la toute première Journée
internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au
service de la paix a été célébrée
par l'ONU
à la demande des 120 membres du Mouvement des
non-alignés. Durant deux jours, l'Assemblée
générale de l'ONU a été une tribune pour
exiger le respect de l'état de
droit et pour condamner les mesures coercitives unilatérales et
les autres formes d'hostilités illégales des
États-Unis, en particulier contre les peuples de Cuba, de
l'Iran, du Venezuela et de la Syrie.
Entre-temps, toute la semaine il y a eu de militantes
actions à la défense de la Révolution bolivarienne
et du gouvernement constitutionnel du Venezuela par
des activistes aux États-Unis qui ont entrepris de
protéger l'ambassade vénézuélienne à
Washington contre l'assujettissement illégal par les forces du
coup de Juan Guaido avec l'aide des services policiers et de
renseignement américains, en violation de la Convention de
Vienne sur les Relations diplomatiques.
Lors de la réunion du 23 avril du Conseil
permanent de l'Organisation des États américains
(OÉA), le point principal à l'ordre du jour était
une présentation par Gustavo Tarré — la figure de proue
de l'opposition nommée par les États-Unis via leur
fantoche Juan Guaido et devant « représenter le
Venezuela » à l'OÉA — et la proposition
«
Projets pour la
reconstruction démocratique du Venezuela ».
Tarré a été imposé en tant que «
représentant spécial de l'Assemblée nationale du
Venezuela » à l'OÉA par le biais d'un
processus illégal lors d'une réunion du 9 avril du
Conseil, malgré le fait bien connu que le 27 avril le
Venezuela allait quitter l'OÉA de sa propre
volonté.[1] La
réunion ne fut qu'une autre provocation par le secrétaire
général trameur de complots Luis Almagro et l'ambassadeur
américain à l'OÉA qui siège en ce moment,
comme par hasard, à la présidence tournante du Conseil
permanent.
En dépit du consentement du Canada et d'autres
dans le Groupe de Lima qui ont indiqué qu'ils vont approuver et
même diriger toutes les activités illégales pour
faire progresser l'objectif de changement de régime au
Venezuela, c'est non sans difficulté que les États-Unis
et leurs collaborateurs ont à nouveau tenté de
créer des problèmes pour le
Venezuela avant que celui-ci ne quitte l'OÉA une fois pour
toutes. La réunion avait à peine été
convoquée que, l'un après l'autre, les
représentants de 13 pays membres ont pris la parole pour
dire qu'ils s'objectaient au fait que Gustavo Tarré ait obtenu
un siège bien qu'il ne représente pas le gouvernement
constitutionnel du pays et sa « nomination » comme «
ambassadeur permanent » du Venezuela est une violation directe
des normes internationales, y compris de la Charte et des règles
de procédure de l'OÉA.
Faisant fi des pressions et du chantage que les
États-Unis et leur « Groupe de Lima » ont sans doute
exercés contre les petites îles des Caraïbes en
particulier, les représentants de ces pays et d'autres ont
déclaré qu'ils considéraient la résolution
du 9 avril nulle et non avenue et sans effet juridique. Ils se
sont tous réservé le droit de ne pas accepter les mesures
et les
décisions prises par le Conseil permanent ou aucun de ses
comités aussi longtemps que le Conseil restera en place. Les
pays qui ont exprimé leur objection à ce qui se passait
étaient presque tous les pays qui avaient voté contre ou
s'étaient abstenus lors du vote sur la résolution
litigieuse sur le siège de l'envoyé de Guaido.
Le représentant de l'Uruguay a dit qu'il relevait
de chaque pays de décider quels gouvernements d'autres pays il
reconnaîtrait, que l'OÉA n'avait pas de droit de le faire
et il a prévenu que si l'OÉA appuyait la
résolution elle enfreindrait le droit international. Le Surinam
a dit qu'il s'opposait à l'application sélective des
règles procédurales et
qu'il s'agissait de précédents nocifs contraires au
multilatéralisme, au droit international et aux relations
internationales. La Bolivie a dit que la résolution allait
à l'encontre de la bonne foi des pays membres et des principes
fondamentaux de l'OÉA et des chartes de l'ONU.
La « présentation » de
Tarré n'était rien de moins qu'une tentative arrogante de
discréditer tout ce qui avait été dit au sujet de
l'illégalité du processus par lequel il est devenu
représentant du Venezuela, de diviser tous ceux qui
s'étaient opposés à sa désignation en tant
que représentant et de susciter la division entre tous ces pays
et le
gouvernement de Nicolas Maduro, que Tarré a calomnié tout
au long de sa dite représentation. Ce dernier a fini par dire
que la reconstruction du Venezuela dépendrait de la
coopération internationale et que l'OÉA serait la
meilleure instance pour coordonner le tout.
Au moins quatre pays qui ont dénoncé le
représentant illégitime auraient quitté la salle
avant que celui-ci ne prenne la parole. Ainsi s'est
déroulée la première intervention malencontreuse
de
Tarré grâce à tous ceux qui se sont levés
à la défense de l'état de droit.
Le 27 avril, il y aura une marche à Caracas
pour célébrer le départ du Venezuela de
l'OÉA où on criera haut et fort : « Bon
débarras ! ».
Note
1. Voir « Vendre ou
sauver l'âme de l'OÉA », LML, 13
avril 2019
(MPPRE Noticias)
Les 24 et 25 avril, l'Assemblée
générale des Nations unies a tenu une session
plénière de haut niveau pour souligner la Journée
internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au
service de la paix. Le 24 avril a été choisi pour
coïncider avec
la date de la Conférence de Bandung tenue en 1955 qui a
jeté les fondements de ce qui allait devenir le Mouvement des
non-alignés. Dans son discours d'ouverture, Fernanda Espinoza,
la présidente de l'Assemblée générale, a
dit que le monde est de plus en plus polarisé et
fragmenté et
que la célébration de la Journée internationale du
Multilatéralisme et de la Diplomatie pour la Paix offrait
l'occasion
d'évaluer la contribution de l'ONU à l'humanité.
Jorge Arreaza, le ministre du Pouvoir populaire des
Affaires étrangères du Venezuela, au nom du Mouvement des
non-alignés (MNA), dont la présidence par intérim
est assumée par le Venezuela, a dit que le monde est
confronté à de nouvelles et nombreuses menaces à
la paix et à la sécurité internationales et que,
pour en traiter, la communauté
internationale doit avoir recours aux structures du
multilatéralisme et du droit international. Il a affirmé
qu'il ne pouvait y avoir deux poids deux mesures dans les relations
internationales et s'est dit très préoccupé par la
tendance croissante aux mesures unilatérales et arbitraires qui
minent la charte de l'ONU et le droit international. Il a
exhorté la
communauté internationale « au sein de cette maison du
multilatéralisme » à réaliser la paix,
le développement durable et les droits humains et à
protéger les futures générations du fléau
de la guerre.
Puis, au nom du Venezuela, Arreaza a dit que le
rôle de l'ONU avait été souligné parce que
celle-ci est l'expression ultime du multilatéralisme puisque,
comme le dit le préambule de sa charte fondatrice, elle
rassemble « tous les peuples des Nations unies ». Il
ne s'agit pas d'un club d'amis, a-t-il dit, mais d'un forum pour tous.
« C'est
pourquoi nous ne pouvons rater cette occasion, nous devons
réaffirmer l'entière validité des principes
fondamentaux du droit international, tous contenus dans la charte de
l'ONU : l'égalité des droits et
l'autodétermination des peuples, le non-recours aux menaces ou
à la force et la non-ingérence dans les affaires qui
relèvent essentiellement
de la compétence des États », a affirmé
Arreaza.
Il a poursuivi en dénonçant le fait que le
président des États-Unis s'était servi de la
tribune de l'ONU en septembre dernier pour annoncer des mesures
coercitives unilatérales contre le Venezuela et d'autres pays,
en violation des principes et des objectifs de la charte. Il a
souligné que plus récemment Mike Pence, s'adressant au
Conseil de
sécurité, s'était non seulement donné le
droit d'imposer des sièges de façon unilatérale
dans le but de plonger les peuples dans la souffrance, mais d'imposer
la
dictature des États-Unis aux Nations unies et d'ordonner de
façon éhontée aux pays membres de ne pas tenir
compte de la légitimité des autres membres et de leurs
pleins droits, comme ceux
du Venezuela. Il a dit que le Venezuela appuyait des pays comme Cuba et
l'Iran qui sont assujettis à des
mesures unilatérales et arbitraires qui visent à plonger
les peuples de ces pays dans la souffrance et ainsi faire plier la
volonté de leurs gouvernements.
Selon certains reportages, quelques dizaines de
délégués de pays du Groupe de Lima quitté
la salle pendant qu'Arreaza livrait son discours — pour montrer leur
appui honteux à la tentative de coup d'État des
États-Unis.
Le ministre des Affaires étrangères de
l'Iran Mohammad Javad Zarif a dit qu'il venait affirmer que les efforts
diplomatiques collectifs ne sont pas qu'une option de prudence, mais
bien l'unique solution.
Il a dénoncé qu'en dépit de
quatorze rapports de l'Agence internationale de l'énergie
atomique validant l'engagement de l'Iran envers le Plan d'action global
commun — une entente multilatérale enchâssée dans
la résolution 2231 du Conseil de sécurité de
l'ONU — les États-Unis s'en étaient illégalement
retirés. Il a ensuite mentionné
seulement quelques-unes, selon lui, des politiques unilatérales
illégales de l'administration actuelle des États-Unis
envers son pays et la région : l'imposition
extraterritoriale de législations de leur pays, le non-respect
d'accords internationaux et d'ordres de la Cour internationale de
justice, l'attribution du nom de « terroriste » aux
forces
armées iraniennes, l'incitation à la radicalisation par
le biais de guerres futiles et dangereuses, la protection de clients
parrainant le terrorisme, la non-reddition de comptes pour leurs crimes
de guerre et la reconnaissance d'annexions illégales et racistes.
Comme si cela ne suffisait pas, a dit Zarif, les
États-Unis sanctionnent aussi ceux qui ne cherchent qu'à
respecter leurs obligations en vertu de la résolution 2231
du Conseil de sécurité, qui appelle à la
normalisation des relations économiques avec l'Iran.
Il a dit que pour défendre le
multilatéralisme il était impératif de nier aux
États-Unis tout avantage tiré de leurs mesures
illégales et de rejeter avec force toute pression exercée
sur les autres pays pour qu'ils violent le droit international et les
résolutions du Conseil de sécurité. En rejetant
l'unilatéralisme, a-t-il dit, les pays membres de l'ONU
ont la responsabilité de collectivement obliger tout pays
à être redevable pour les conséquences de tout acte
illégal.
Au nom de Cuba et s'associant à la
déclaration du Mouvement des non-alignés, Ana Silvia
Rodriguez a vivement dénoncé la consolidation du blocus
des États-Unis qui perdure depuis soixante ans contre Cuba et
l'imposition de nouvelles mesures coercitives unilatérales. Elle
a dit que celles-ci étaient en violation ouverte du droit
international et de
la Charte des Nations unies. Elle a aussi dit que la solidarité
avec le Venezuela était un droit appartenant à Cuba en
tant que pays souverain, mais aussi un devoir, et qu'aucune menace de
représailles, d'ultimatums ou de chantage par les
États-Unis n'allait empêcher Cuba de défendre sa
position internationaliste.
Madame Rodriguez a demandé que la journée
nouvellement proclamée ne soit pas qu'une simple
célébration, mais une réaffirmation du devoir et
de la responsabilité collectifs de préserver la paix.
Wael Al Khalil, au nom de la Syrie, s'est aussi
associé à la déclaration du MNA et a dit qu'une
culture de la paix ne pouvait qu'être le résultat du
respect du droit international et de la Charte des Nations unies. Il a
dit que, d'autre part, il existe de puissants pays qui tentent de
dominer l'organisation afin de l'exploiter à leurs propres fins,
créant
ainsi des défis à la fois colossaux et tragiques pour
l'humanité, semblables à ceux auxquels l'ONU était
confrontée lors de sa fondation. Il a souligné le manque
de respect envers les résolutions du Conseil de
sécurité et a dit que le multilatéralisme
était ciblé comme jamais auparavant depuis la
création des Nations unies, prenant la forme de
pressions exercées sur les relations internationales et
l'application de résolutions illégales, dans le but
d'empêcher la réalisation de la paix. Il a dit que le
peuple syrien continue de payer par le sang en raison
d'ingérences et d'agressions militaires, de guerres terroristes
et de guerres par procuration. Il a aussi dénoncé
l'imposition de mesures
coercitives unilatérales et illégales et la
création de coalitions illégitimes visant à
détruire l'infrastructure et les biens de plusieurs pays en
développement.
Riyad
Mansour,
observateur
permanent
de
l'État
de
la
Palestine,
s'associant
au
Mouvement des non-alignés, a dit que le
multilatéralisme a toujours fait l'objet d'attaques de la part
de ceux qui croient que la force devrait primer le droit, qui sont
prêts à sacrifier les intérêts à long
terme pour des gains à court terme, qui oublient les
leçons de l'histoire et cherchent à miner la règle
de droit. Le consensus international sur la question de la Palestine
demeure la seule base de la paix, a-t-il dit, et pourtant aucune mesure
n'a été prise pour faire en sorte que les
résolutions des Nations unies soient appliquées et que
ceux qui les violent rendent des comptes. Malgré les faiblesses
du système multilatéral qu'il ressent jusque dans sa
chair, le peuple palestinien continue de croire au
multilatéralisme et maintient son engagement envers le droit
international dans sa lutte pour la liberté, la dignité
et la fin de l'occupation, a-t-il dit.
Plus
de
70
délégations
ont
participé
au
débat.
Les
États-Unis
n'en
faisaient pas partie.
Après
la
fin de la session de deux jours, le ministre Arreaza a donné
une conférence de presse à l'ONU pour expliquer en
détail la guerre multiforme que les États-Unis
mènent contre le peuple du Venezuela. Il a dit qu'il
était temps de lancer une campagne pour dénoncer les
effets dévastateurs du blocus unilatéral, illégal
et arbitraire que les États-Unis ont imposé au Venezuela.
Entre autres choses, a-t-il déclaré, «
connaissez-vous le coût de payer les salaires de notre personnel
aux Nations unies, au Canada ou en Europe? Nous leur devons cinq ou six
mois de salaire ». Il a expliqué que ce n’est pas que le
gouvernement n’ait pas l’argent, mais que ses fonds ont
été bloqués et conservés par la banque
correspondante utilisée pour de telles transactions.
Arreaza a aussi annoncé qu'une réunion
ministérielle du Mouvement des non-alignés devrait se
tenir en juillet au Venezuela pour faire progresser leur projet de
soutenir le droit international et la Charte de l'ONU et que des
discussions avaient aussi lieu avec un autre groupe de pays sujets
à des sanctions sur la façon de les surmonter.
Le 25 avril également, les quelque 60 pays qui se sont
réunis pour la première fois en février à
l’initiative du Venezuela et de plusieurs autres pays, comme le Groupe
de pays pour la défense de la Charte des Nations unies, du droit
international et de la paix, ont tenu une réunion à l’ONU.
Pendant la soirée, Arreaza et Samuel Moncada, l'ambassadeur
permanent du Venezuela à l'ONU, on pris la parole à une
réunion diffusée en direct organisée par des
activistes de la ville de New York où ils ont discuté de
comment les Vénézuéliens font face à la
guerre économique d'attrition que leur livrent les
États-Unis. Ils ont souligné l'importance de prendre des
mesures pratiques pour contrer la guerre de l'information que les
États-Unis mènent contre le Venezuela, d'utiliser la
diplomatie pour s'assurer que les États-Unis ne soient pas en
mesure d'expulser le Venezuela de l'ONU afin de le qualifier
d'État « voyou » qui mérite d'être
bombardé, et de continuer le travail pour empêcher les
États-Unis de déclencher la guerre « chaude »
à laquelle ils se préparent.
Le
jour
suivant,
dans
un
geste
manifestement
vindicatif,
le
Bureau
des
États-Unis de contrôle des avoirs étrangers, une
agence du renseignement et d'application des lois du département
du Trésor, a ajouté Jorge Arreaza et un juge du Venezuela
sur sa liste de sanctions.
- Le gouvernement de la République
bolivarienne du Venezuela -
La République bolivarienne du Venezuela rejette
fermement l'imposition de mesures coercitives unilatérales et
illégales annoncées aujourd'hui par le gouvernement des
États-Unis contre le ministre des Affaires
étrangères du Venezuela et un juge de la
république, dans le cadre de la stratégie en banqueroute
de Washington. Cette stratégie vise à intimider, diffamer
et persécuter
de hauts représentants de l'État
vénézuélien, laquelle fait partie d'un plan
systématique pour saper les institutions, la Constitution et les
lois de la république afin d'effectuer un changement de
gouvernement qui est favorable à leurs intérêts.
Jorge Arreaza, ministre des Affaires
étrangères du Pouvoir populaire du Venezuela à
l'ONU
|
Avec
ces
nouvelles
mesures,
l'administration
Trump
cherche
à
étouffer
la
voix
du
Venezuela dans le monde et, du même
coup, à entraver l'administration indépendante,
souveraine et légitime de la justice dans le pays.
L'inclusion
inadmissible
du
ministre
des
Affaires
étrangères
sur
la
liste
infâme
de l'OFAC a été faite suite à
sa présence aux Nations unies, où sa dénonciation,
s'appuyant sur des données concrètes et des exemples des
effets sérieux que le blocus criminel des États-Unis
contre le Venezuela a eu sur les droits humains, a fait une forte
impression.
Tout
aussi
inacceptable
est
l'inclusion
d'un
juge
de
la
république
sur
cette
liste, servant à l'extorsion, par laquelle le
gouvernement des États-Unis cherche à prévenir les
poursuites et le châtiment des crimes que constituent
l'organisation d'un coup d'État, le sabotage, le terrorisme et
la conspiration contre la souveraineté et
l'intégrité territoriale du pays ce qui, de sa part, est
une claire confession qu'il instigue et protège de tels actes.
Comme
ce
fut
le
cas
lors
des
occasions
précédentes,
ces
mesures
ne
feront que renforcer la détermination des fonctionnaires
patriotes, loyaux à leur serment envers le peuple, et la
dignité de toute une nation qui a décidé de vivre
libre de façon irrévocable.
Le
gouvernement
bolivarien
demande
une
fois
de
plus
que
cesse
immédiatement
l'agression
multiforme et appelle la
communauté internationale à agir de façon urgente
pour faire respecter la Charte des Nations unies dans ses principes et
objectifs fondamentaux et ainsi mettre fin à cette attaque
impérialiste obsédée contre le peuple souverain du
Venezuela.
(Caracas, le 26
avril 2019. Traduction du LML)
Depuis deux semaines, un groupe de militants contre la
guerre, pour la paix et la justice aux États-Unis du Embassy
Protection Collective, créé à l'initiative du
groupe de femmes contre la guerre CODE PINK et Popular Resistance,
vivent et travaillent 24/24 dans l'ambassade du Venezuela
à Georgetown avec l'autorisation du gouvernement du Venezuela.
La vigile a commencé le 13
avril, lorsque des forces de l'opposition aidées par les
autorités américaines se sont introduites dans le
consulat du Venezuela à New York et en ont pris le
contrôle, puis ont fait la même chose aux deux
bâtiments de l'attaché militaire du Venezuela à
Washington. L'objectif du collectif est d'empêcher les forces du
coup d'État et les autorités
américaines de faire de même avec l'ambassade. Le
bâtiment de l'ambassade appartient au gouvernement
vénézuélien. Il s'agit d'un complexe international
protégé, considéré comme territoire
souverain du Venezuela en vertu de la Convention de Vienne sur les
relations diplomatiques. Sur cette base, les militants ont clairement
indiqué que toute
entrée avec effraction et toute arrestation à
l'intérieur de l'ambassade est illégale puisqu'ils sont
dans ces locaux en tant que locataires et invités du
propriétaire. Ils ont également déclaré
qu'ils étaient prêts à rester pour protéger
l'ambassade jusqu'à ce qu'un accord mutuellement satisfaisant
ait été conclu entre les gouvernements américain
et vénézuélien.
Le gouvernement vénézuélien leur a exprimé
sa reconnaissance pour ce geste.
En plus de peindre des
murales et de fabriquer de grandes bannières pour orner les murs
de l'ambassade, le collectif a organisé des rassemblements, des
conférences de presse et des événements
éducatifs avec des conférenciers invités pour
éduquer le public sur les questions liées au Venezuela et
d'autres préoccupations pressantes. Le 25 avril, une membre
de CODE PINK s'est levée sur sa chaise dans la salle où
se tenait une réunion du
Conseil atlantique avec pour thème « Le Venezuela
après Maduro » avec une pancarte disant « Pas
de coup d'État au Venezuela ! » Elle a
dénoncé Elliot Abrams alors qu'il s'adressait au Conseil
jusqu'à ce qu'elle soit expulsée de la salle. «
Vous ne devriez pas avoir la responsabilité de l'avenir du
Venezuela. Comment osez-vous orchestrer un coup d'État au
Venezuela ? Comment osez-vous imposer au Venezuela des sanctions
économiques qui nuisent au peuple du
Venezuela ? Comment osez-vous renverser le gouvernement d'un autre
peuple au nom du peuple américain ? Guaido n'a
été élu par personne ! Maduro a
été élu par six millions de personnes. L'ONU
reconnaît Maduro comme président élu du
Venezuela ! »
Les activistes qui gardaient l’ambassade ont appelé
spécialement tous ceux qui le pouvaient à venir à
Washington le week-end des 27 et 28 avril. Ils écrivent: «
Nous faisons l’histoire, chacun de nous peut faire la
différence. Si vous êtes à la retraite, si vous
avez des vacances, si vous pouvez prendre le week-end, si vous avez des
disponibilités, donnez-vous comme priorité absolue de
venir à Washington ce samedi et dimanche et de rejoindre le
collectif de protection de l'ambassade dans cette lutte historique
pour défendre la souveraineté et l'indépendance du
peuple du Venezuela. »
La RPDC et la Russie tiennent un sommet
à Vladivostok
Kim Jong Un et le président de la Fédération russe
Vladimir Poutine
Le guide suprême et président du
Comité des affaires d'État de la République
populaire démocratique de Corée (RPDC), Kim Jong Un, et
le
président de la Fédération de Russie, Vladimir
Poutine, ont tenu un sommet d'une journée à Vladivostok
en Russie le 25 avril. Vladivostok est juste au nord de la
frontière de 17 km séparant
la RPDC de la Russie, à son extrémité nord-est.
Les deux dirigeants ont exprimé le souhait de renforcer leurs
liens pour l'avantage mutuel et de coopérer en tant qu'amis et
voisins pour assurer la paix et la sécurité dans la
péninsule coréenne, rapportent les médias russes
et ceux de la RPDC.
Le sommet a eu lieu à l'Université
fédérale d'Extrême-Orient sur l'île Russky.
Les deux dirigeants ont tenu une brève conférence de
presse, puis une réunion privée où ils se sont
informés de la situation dans leur pays et ont eu un
échange de vues sur la façon de renforcer les relations
bilatérales et de renforcer les relations fraternelles de
longue date entre les deux pays, rapportent les médias.
Le président Kim Jong Un présente la
délégation de la RPDC au président Poutine.
La réunion privée de plus de deux heures a
été suivie d'une réunion formelle entre la RPDC et
la Russie. Outre le président Kim, la RPDC était
représentée par Ri Yong Ho, ministre des Affaires
étrangères de la RPDC, et par Choe Son Hui, premier
vice-ministre aux Affaires étrangères. La partie russe
était représentée par le président Poutine,
le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov,
le vice-ministre des Affaires étrangères Yuri Troutnev,
le vice-premier ministre et envoyé spécial du
président dans la région fédérale de
l'Extrême-Orient, Dimitri Peskov, l'ambassadeur de Russie en RPDC
Alexander Matsegora et d'autres responsables.
Les médias ont rapporté que le besoin de
paix dans la péninsule coréenne était au centre
des discussions officielles.
Le président Kim a indiqué que les
relations entre la RPDC et les États-Unis s'étaient
dégradées à cause de la « mauvaise
foi » et de la position «
unilatérale » des États-Unis exprimées
au deuxième sommet RPDC-États-Unis tenu les 27
et 28 février 2019 à Hanoï. Il
s'inquiète de ce que, compte tenu de la
position autoritaire des États-Unis, les relations entre les
deux pays risquent de se détériorer davantage. Le
président Kim a assuré le président Poutine que la
RPDC prenait toutes les mesures nécessaires pour se
préparer à toute éventualité.
Les deux parties ont convenu d'intensifier les efforts
pour assurer la paix et la sécurité dans la
péninsule coréenne et pour les peuples de la
région. Ils ont convenu « d'améliorer et de
promouvoir la communication en temps utile et la collaboration tactique
entre toutes les parties concernées ». À
l'issue des discussions, « le président Kim
a cordialement invité le président Poutine à se
rendre en RPDC à un moment opportun, ce que le président
a chaleureusement accepté ».
Après la réunion entre la RPDC et la
Russie, le président Poutine a donné un banquet
d'État en l'honneur du président Kim. « Le
président Poutine et le président Kim ont levé
leurs verres et prononcé des discours pour
célébrer les relations de longue date entre les deux pays
et les deux peuples et pour le succès des travaux à venir
visant à
renforcer les liens. » Le banquet a été suivi
d'un spectacle culturel.
Le président Kim Jong Un est resté
à Vladivostok pour visiter divers sites d'intérêt
jusqu'au vendredi 26 avril, avant de rentrer au pays.
Les élections
présidentielles de 2019 en Ukraine
- Dougal MacDonald -
L'élection présidentielle ukrainienne
de 2019 s'est déroulée les 31 mars et 21
avril selon le mode de scrutin à deux tours. Un total surprenant
de 39 candidats se sont présentés. Puisque la mise
en candidature coûte 90 000 $ non remboursables,
les rumeurs ont circulé que certains candidats n'étaient
rien de plus que des hommes de paille mis de l'avant par diverses
factions de riches, simplement pour drainer les votes de leurs
adversaires.
Au premier tour du scrutin présidentiel, aucun
candidat n'a obtenu la majorité absolue des voix. L'acteur et
comédien Volodomyr Zelenskiy, dont la seule expérience
politique est une émission télévisée
populaire, a recueilli 30 % des suffrages et le
président sortant, Petro Porochenko, 16 %., suivi de
près par
l'ex-première ministre Ioulia Timochenko.
Un deuxième tour de scrutin a eu lieu le 21
avril entre les deux candidats ayant reçu le plus de votes,
Zelenskiy et Porochenko. Zelenskiy s'est présenté sous la
bannière du Parti du serviteur du peuple, du nom de
l'émission télévisée dont il est la
vedette, tandis que Porochenko s'est présenté comme
indépendant. Après le deuxième tour
de scrutin, la Commission électorale centrale pour l'Ukraine a
déclaré Zelenskiy le grand vainqueur avec
13 541 528 voix, soit 73,22 % des voix. Porochenko
a recueilli 4 522 320 votes, soit 24,45 % des
suffrages exprimés. Le taux de participation dans l'ensemble a
été
de 62,8 %.
Comparé aux autres pays européens, le
président ukrainien, qui est élu directement par le
peuple, dispose de beaucoup de pouvoir. Il ou elle peut opposer son
veto au Parlement, commander à l'armée, diriger la
sécurité nationale, nommer un tiers des juges,
représenter l'Ukraine sur le plan international et diriger la
politique étrangère. Le
président nomme le premier ministre avec l'accord du Rada
(parlement). Dans l'exercice de ses fonctions, le président est
à l'abri de poursuites.
Le rôle des oligarques
L'élection présidentielle a
révélé une fois de plus à quel point le
pouvoir réel en Ukraine est détenu non pas par le peuple,
mais par une dizaine d'hommes d'affaires ou d'«
oligarques » milliardaires. Les oligarques, qui
possèdent une richesse combinée qui représente un
cinquième du produit intérieur brut du pays, se disputent
sans cesse
pour accroître leurs profits et leur pouvoir politique, utilisant
le peuple ukrainien comme leur chair à canon. Certains d'entre
eux ont des liens étroits avec l'Union européenne alors
que d'autres sont plus étroitement liés à la
Russie.
Les oligarques sont devenus riches après la
prétendue chute du communisme en 1991 en pillant
grâce aux moyens « légaux » et
illégaux les biens précieux du gouvernement qui
appartiennent au peuple ukrainien et qu'ils ont transformés en
leur propre propriété privée. Porochenko est l'un
de ces oligarques qui a émergé de ces
batailles pour le butin. Ses principaux intérêts
financiers sont concentrés dans la société de
confiserie Roshen et dans la chaîne de télévision
d'actualités numéro 5. Il détient
également des participations dans les secteurs manufacturier, de
l'agriculture et des finances.
Zelenskiy n'est pas lui-même un oligarque, mais il
est fortement soutenu par le troisième homme le plus riche
d'Ukraine, Igor Kolomoisky, à qui appartient la chaîne de
télévision qui diffuse la série
télévisée Serviteur
du
peuple, dans laquelle Zelenskiy est la vedette. Kolomoisky
détient des participations
importantes dans les métaux, l'énergie,
l'aviation et les médias, y compris Burisma, la plus grande
entreprise gazière privée d'Ukraine. Hunter Biden, fils
de l'ancien vice-président américain Joe Biden, qui vient
d'annoncer qu'il se présente comme candidat à
l'investiture démocrate pour la présidentielle
américaine en 2020, siège au conseil
d'administration de Burisma.
Le duel entre les oligarques
Porochenko et Kolomoisky ont mené une longue
querelle qui a éclaté après que Porochenko est devenu président pour la
première fois en 2014 suite
au coup d'État soutenu par les États-Unis. À
l'élection de 2010, la plupart des oligarques ont soutenu
Victor Yanoukovitch qui est devenu le nouveau président.
À la fin du mois de novembre 2013,
Ianoukovitch a rejeté un accord commercial en suspens avec
l'Union européenne qui aurait permis aux monopoles
européens de s'emparer des marchés
énergétiques cruciaux de l'Ukraine. Il a plutôt
appelé à des liens plus étroits avec la Russie.
Ianoukovitch a ensuite signé le 17 décembre
plusieurs accords avec le président russe Vladimir Poutine, qui
auraient permis de réduire d'un tiers le coût du gaz russe
vendu à l'Ukraine. La Russie a également accepté
de prêter 15 milliards de dollars à l'Ukraine
à des conditions favorables.
Les accords avec la Russie ont mené au coup
d'État parlementaire soutenu par les États-Unis qui a
éliminé Ianoukovitch le 22 février 2014
et, finalement, à la nomination en juin de Petro Porochenko
favorable à l'UE. Entre novembre 2013 et
février 2014, Porochenko avait activement et
financièrement soutenu les
manifestations d'Euromaidan appuyées par les États-Unis,
contre le gouvernement de Ianoukovitch.
La querelle entre les oligarques Porochenko et
Kolomoisky a débuté par un différend sur le
contrôle exercé par Kolomoisky sur deux
sociétés énergétiques appartenant à
l'État, UkrTransNafta et Ukrnafta, qui n'a été
résolu que par les menaces américaines visant à
saper les intérêts à l'étranger de
Kolomoisky. Puis, en 2016, le
gouvernement Porochenko a nationalisé la Privatbank de
Kolomoisky, la plus grande banque d'Ukraine. Le gouvernement a
également persuadé le Royaume-Uni de geler plus
de 2,5 milliards de dollars des avoirs de Kolomoisky à
l'étranger. Kolomoisky vit maintenant en exil à
Genève et à Tel Aviv.
Les liens entre Zelenskiy et Kolomoisky sont nombreux,
bien que Zelenskiy insiste sur le fait qu'il est un « agent
libre ». Zelenskiy est l'employé de Kolomoisky et la
chaîne de télévision de Kolomoisky a donné
à Zelenskiy un temps d'antenne gratuit pour mener sa campagne
politique. Des journalistes d'enquête rapportent que Zelenskiy a
effectué au moins 13 visites à Kolomoisky en exil
avant l'élection présidentielle. Les deux hommes
partagent également le même avocat. Enfin, Kolomoisky a
déclaré à plusieurs reprises que si Zelenskiy
remportait les élections, il reviendrait en Ukraine après
son exil.
À quoi faut-il s'attendre ?
L'Ukraine est devenue un des pays les plus pauvres
d'Europe, même si des milliards de dollars occidentaux lui ont
permis de rester sous le contrôle de l'Occident. Les nombreux
problèmes de l'Ukraine comprennent l'instabilité
économique, la corruption, les compressions dans les services
sociaux, la multiplication par neuf du prix du chauffage
au gaz, les guerres intermittentes, les meurtres de civils innocents,
les manifestations dans les rues, les intrigues
étrangères et l'adoption de lois favorables à un
bloc ou l'autre. Depuis 2015, environ 1,3 million d'Ukrainiens ont
quitté le pays pour chercher du travail ailleurs.
Pour donner un exemple de corruption, Porochenko a
promis lors de son élection de mettre fin à la
corruption, mais il a été exposé non comme
opposant, mais comme participant à celle-ci. Les Panama Papers
publiés en avril 2016 montraient que, contrairement
à son engagement lorsqu'il avait pris le pouvoir en 2014 de
vendre
Roshen, Porochenko avait plutôt créé une
société offshore dans les îles Vierges et y avait
déménagé son entreprise juste après son
élection. Cette décision lui a potentiellement permis
d'économiser des millions de dollars en impôts ukrainiens.
Une autre révélation des Panama Papers est que, alors
qu'il était président, il avait dépensé un
demi-million de dollars pour des vacances familiales secrètes
aux Maldives en 2017.
Les forces réactionnaires ont donné un
certain nombre de fausses raisons pour expliquer les problèmes
auxquels l'Ukraine est actuellement confrontée : le
passé communiste, le présent russe, les échecs
personnels de quiconque se présente comme président, etc.
Mais ce sont toutes des diversions. La véritable cause
fondamentale des
nombreux problèmes en Ukraine reste la prise de contrôle
de l'État par les oligarques. Porochenko, Kolomoisky, d'autres
oligarques et leurs partisans en Europe, en Russie, aux
États-Unis et au Canada jouent tous leurs batailles
économiques privées en Ukraine au détriment du
peuple ukrainien.
S'ils se font passer pour des patriotes ukrainiens qui
n'ont que les intérêts du peuple à coeur, les
oligarques n'ont d'autre objectif que de s'enrichir davantage en
essayant de mobiliser l'appui populaire envers leurs hommes pour
défendre leurs intérêts personnels. Les oligarques
ont pillé les avoirs de l'État appartenant au peuple pour
s'enrichir
dans un premier temps et continuent sur la même voie maintenant
qu'ils ont accru leur pouvoir économique et politique. La
récente élection de Zelenskiy n'améliorera
absolument pas les conditions de vie du peuple, elle ne fera
qu'aiguiser la contradiction fondamentale qui continue de
déchirer l'Ukraine.
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