Le Mouvement des non-alignés appelle à la réaffirmation des principes fondamentaux du droit international et à mettre un terme aux mesures coercitives unilatérales

Les 24 et 25 avril, l'Assemblée générale des Nations unies a tenu une session plénière de haut niveau pour souligner la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix. Le 24 avril a été choisi pour coïncider avec la date de la Conférence de Bandung tenue en 1955 qui a jeté les fondements de ce qui allait devenir le Mouvement des non-alignés. Dans son discours d'ouverture, Fernanda Espinoza, la présidente de l'Assemblée générale, a dit que le monde est de plus en plus polarisé et fragmenté et que la célébration de la Journée internationale du Multilatéralisme et de la Diplomatie pour la Paix offrait l'occasion d'évaluer la contribution de l'ONU à l'humanité.

Jorge Arreaza, le ministre du Pouvoir populaire des Affaires étrangères du Venezuela, au nom du Mouvement des non-alignés (MNA), dont la présidence par intérim est assumée par le Venezuela, a dit que le monde est confronté à de nouvelles et nombreuses menaces à la paix et à la sécurité internationales et que, pour en traiter, la communauté internationale doit avoir recours aux structures du multilatéralisme et du droit international. Il a affirmé qu'il ne pouvait y avoir deux poids deux mesures dans les relations internationales et s'est dit très préoccupé par la tendance croissante aux mesures unilatérales et arbitraires qui minent la charte de l'ONU et le droit international. Il a exhorté la communauté internationale « au sein de cette maison du multilatéralisme » à réaliser la paix, le développement durable et les droits humains et à protéger les futures générations du fléau de la guerre.

Puis, au nom du Venezuela, Arreaza a dit que le rôle de l'ONU avait été souligné parce que celle-ci est l'expression ultime du multilatéralisme puisque, comme le dit le préambule de sa charte fondatrice, elle rassemble « tous les peuples des Nations unies ». Il ne s'agit pas d'un club d'amis, a-t-il dit, mais d'un forum pour tous. « C'est pourquoi nous ne pouvons rater cette occasion, nous devons réaffirmer l'entière validité des principes fondamentaux du droit international, tous contenus dans la charte de l'ONU : l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples, le non-recours aux menaces ou à la force et la non-ingérence dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence des États », a affirmé Arreaza.

Il a poursuivi en dénonçant le fait que le président des États-Unis s'était servi de la tribune de l'ONU en septembre dernier pour annoncer des mesures coercitives unilatérales contre le Venezuela et d'autres pays, en violation des principes et des objectifs de la charte. Il a souligné que plus récemment Mike Pence, s'adressant au Conseil de sécurité, s'était non seulement donné le droit d'imposer des sièges de façon unilatérale dans le but de plonger les peuples dans la souffrance, mais d'imposer la dictature des États-Unis aux Nations unies et d'ordonner de façon éhontée aux pays membres de ne pas tenir compte de la légitimité des autres membres et de leurs pleins droits, comme ceux du Venezuela. Il a dit que le Venezuela appuyait des pays comme Cuba et l'Iran qui sont assujettis à des mesures unilatérales et arbitraires qui visent à plonger les peuples de ces pays dans la souffrance et ainsi faire plier la volonté de leurs gouvernements.

Selon certains reportages, quelques dizaines de délégués de pays du Groupe de Lima quitté la salle pendant qu'Arreaza livrait son discours — pour montrer leur appui honteux à la tentative de coup d'État des États-Unis.

Le ministre des Affaires étrangères de l'Iran Mohammad Javad Zarif a dit qu'il venait affirmer que les efforts diplomatiques collectifs ne sont pas qu'une option de prudence, mais bien l'unique solution.

Il a dénoncé qu'en dépit de quatorze rapports de l'Agence internationale de l'énergie atomique validant l'engagement de l'Iran envers le Plan d'action global commun — une entente multilatérale enchâssée dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU — les États-Unis s'en étaient illégalement retirés. Il a ensuite mentionné seulement quelques-unes, selon lui, des politiques unilatérales illégales de l'administration actuelle des États-Unis envers son pays et la région : l'imposition extraterritoriale de législations de leur pays, le non-respect d'accords internationaux et d'ordres de la Cour internationale de justice, l'attribution du nom de « terroriste » aux forces armées iraniennes, l'incitation à la radicalisation par le biais de guerres futiles et dangereuses, la protection de clients parrainant le terrorisme, la non-reddition de comptes pour leurs crimes de guerre et la reconnaissance d'annexions illégales et racistes.

Comme si cela ne suffisait pas, a dit Zarif, les États-Unis sanctionnent aussi ceux qui ne cherchent qu'à respecter leurs obligations en vertu de la résolution 2231 du Conseil de sécurité, qui appelle à la normalisation des relations économiques avec l'Iran.

Il a dit que pour défendre le multilatéralisme il était impératif de nier aux États-Unis tout avantage tiré de leurs mesures illégales et de rejeter avec force toute pression exercée sur les autres pays pour qu'ils violent le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité. En rejetant l'unilatéralisme, a-t-il dit, les pays membres de l'ONU ont la responsabilité de collectivement obliger tout pays à être redevable pour les conséquences de tout acte illégal.

Au nom de Cuba et s'associant à la déclaration du Mouvement des non-alignés, Ana Silvia Rodriguez a vivement dénoncé la consolidation du blocus des États-Unis qui perdure depuis soixante ans contre Cuba et l'imposition de nouvelles mesures coercitives unilatérales. Elle a dit que celles-ci étaient en violation ouverte du droit international et de la Charte des Nations unies. Elle a aussi dit que la solidarité avec le Venezuela était un droit appartenant à Cuba en tant que pays souverain, mais aussi un devoir, et qu'aucune menace de représailles, d'ultimatums ou de chantage par les États-Unis n'allait empêcher Cuba de défendre sa position internationaliste.

Madame Rodriguez a demandé que la journée nouvellement proclamée ne soit pas qu'une simple célébration, mais une réaffirmation du devoir et de la responsabilité collectifs de préserver la paix.

Wael Al Khalil, au nom de la Syrie, s'est aussi associé à la déclaration du MNA et a dit qu'une culture de la paix ne pouvait qu'être le résultat du respect du droit international et de la Charte des Nations unies. Il a dit que, d'autre part, il existe de puissants pays qui tentent de dominer l'organisation afin de l'exploiter à leurs propres fins, créant ainsi des défis à la fois colossaux et tragiques pour l'humanité, semblables à ceux auxquels l'ONU était confrontée lors de sa fondation. Il a souligné le manque de respect envers les résolutions du Conseil de sécurité et a dit que le multilatéralisme était ciblé comme jamais auparavant depuis la création des Nations unies, prenant la forme de pressions exercées sur les relations internationales et l'application de résolutions illégales, dans le but d'empêcher la réalisation de la paix. Il a dit que le peuple syrien continue de payer par le sang en raison d'ingérences et d'agressions militaires, de guerres terroristes et de guerres par procuration. Il a aussi dénoncé l'imposition de mesures coercitives unilatérales et illégales et la création de coalitions illégitimes visant à détruire l'infrastructure et les biens de plusieurs pays en développement.

Riyad Mansour, observateur permanent de l'État de la Palestine, s'associant au Mouvement des non-alignés, a dit que le multilatéralisme a toujours fait l'objet d'attaques de la part de ceux qui croient que la force devrait primer le droit, qui sont prêts à sacrifier les intérêts à long terme pour des gains à court terme, qui oublient les leçons de l'histoire et cherchent à miner la règle de droit. Le consensus international sur la question de la Palestine demeure la seule base de la paix, a-t-il dit, et pourtant aucune mesure n'a été prise pour faire en sorte que les résolutions des Nations unies soient appliquées et que ceux qui les violent rendent des comptes. Malgré les faiblesses du système multilatéral qu'il ressent jusque dans sa chair, le peuple palestinien continue de croire au multilatéralisme et maintient son engagement envers le droit international dans sa lutte pour la liberté, la dignité et la fin de l'occupation, a-t-il dit.

Plus de 70 délégations ont participé au débat. Les États-Unis n'en faisaient pas partie.

Après la fin de la session de deux jours, le ministre Arreaza a donné une conférence de presse à l'ONU pour expliquer en détail la guerre multiforme que les États-Unis mènent contre le peuple du Venezuela. Il a dit qu'il était temps de lancer une campagne pour dénoncer les effets dévastateurs du blocus unilatéral, illégal et arbitraire que les États-Unis ont imposé au Venezuela. Entre autres choses, a-t-il déclaré, « connaissez-vous le coût de payer les salaires de notre personnel aux Nations unies, au Canada ou en Europe? Nous leur devons cinq ou six mois de salaire ». Il a expliqué que ce n’est pas que le gouvernement n’ait pas l’argent, mais que ses fonds ont été bloqués et conservés par la banque correspondante utilisée pour de telles transactions.

Arreaza a aussi annoncé qu'une réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés devrait se tenir en juillet au Venezuela pour faire progresser leur projet de soutenir le droit international et la Charte de l'ONU et que des discussions avaient aussi lieu avec un autre groupe de pays sujets à des sanctions sur la façon de les surmonter.

Le 25 avril également, les quelque 60 pays qui se sont réunis pour la première fois en février à l’initiative du Venezuela et de plusieurs autres pays, comme le Groupe de pays pour la défense de la Charte des Nations unies, du droit international et de la paix, ont tenu une réunion à l’ONU.

Pendant la soirée, Arreaza et Samuel Moncada, l'ambassadeur permanent du Venezuela à l'ONU, on pris la parole à une réunion diffusée en direct organisée par des activistes de la ville de New York où ils ont discuté de comment les Vénézuéliens font face à la guerre économique d'attrition que leur livrent les États-Unis. Ils ont souligné l'importance de prendre des mesures pratiques pour contrer la guerre de l'information que les États-Unis mènent contre le Venezuela, d'utiliser la diplomatie pour s'assurer que les États-Unis ne soient pas en mesure d'expulser le Venezuela de l'ONU afin de le qualifier d'État « voyou » qui mérite d'être bombardé, et de continuer le travail pour empêcher les États-Unis de déclencher la guerre « chaude » à laquelle ils se préparent.

Le jour suivant, dans un geste manifestement vindicatif, le Bureau des États-Unis de contrôle des avoirs étrangers, une agence du renseignement et d'application des lois du département du Trésor, a ajouté Jorge Arreaza et un juge du Venezuela sur sa liste de sanctions.

(MPPRE, UN.org, PressTV, Prensa Latina)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 16 - 27 avril 2019

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