Des sujets de préoccupation pour
le corps politique
La lutte pour les droits de tous et toutes sans division, hiérarchie ou privilège
En ce Premier Mai, un des moyens par lesquels les
travailleurs défendent les droits de tous et toutes partout au
pays est de
s'opposer au trafic des personnes sanctionné par les
gouvernements à tous les niveaux, que ce soit sous
prétexte d'une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée
ou d'un prétendu soutien à une cause humanitaire, comme
donner du travail aux réfugiés, aux
travailleurs migrants et à ceux qui se trouvent dans une
situation
semblable. L'élite dirigeante qui contrôle
l'économie socialisée et les affaires politiques a
créé une hiérarchie de droits organisée
par l'État dans toute la société. Cette
hiérarchie de droits est destinée à
perpétuer le pouvoir et les privilèges de l'oligarchie
financière et à affaiblir la
résistance de la classe ouvrière aux atteintes à
son bien-être et à sa sécurité et dans sa
lutte pour bâtir le Nouveau.
L'élite dirigeante a inventé des
catégories de personnes sur la base de critères
déterminés par l'État. Ces critères
divisent les personnes en citoyens, résidents permanents,
travailleurs temporaires en quête de statut de résident
permanent,
travailleurs temporaires sans droit de demander le statut de
résident permanent,
travailleurs étrangers invités, étudiants
étrangers avec
et sans droit de demander le statut de résident permanent qui
paient des sommes
considérables pour étudier au Canada et ont le droit de
travailler pendant leurs études, travailleurs sans papiers en
état de mort légale ou civile et ainsi de suite. La
division du peuple en ces catégories permet à
l'élite dirigeante de surexploiter ceux qui
ont moins de droits.
Cela prive le peuple d'une conscience de ce qui se passe, ce qui divise
et affaiblit la résistance de la classe ouvrière pour
défendre tous ses membres. C'est fait pour priver le peuple de
la conscience collective que la société est
divisée entre gouvernants et gouvernés dans l'espoir de
saper le mouvement du peuple pour ouvrir une voie au progrès de
la société. C'est en luttant pour les droits de tous et
pour humaniser l'environnement naturel et social que le peuple peut
avancer.
Alors que les gouvernements adoptent et appliquent des
politiques antipeuple et antitravailleurs, le peuple refuse
d'être blâmé et rejette l'accusation que c'est lui
qui entretient des sentiments anti-immigrants ou
antiréfugiés. Ce ne sont pas les immigrants et les
réfugiés qui exercent une pression à la baisse sur
les salaires et les conditions de travail et ce ne sont pas eux qui
foulent pas aux pieds les droits des autres. La division des
travailleurs en catégories est une tactique de l'État qui
traite les travailleurs comme des « choses » pouvant
être déshumanisées, et c'est fait pour affaiblir et
éliminer les organisations de défense des travailleurs,
surexploiter certaines sections et faire baisser les salaires et les
conditions de travail de l'ensemble de la classe ouvrière. Ce
sont des façons de payer les riches, tout comme la
dérèglementation du travail pour se soustraire à
toute responsabilité sociale envers la santé et la
sécurité au travail et pour fouler aux pieds leur droit
de former des organisations de défense indépendantes pour
activement défendre leurs conditions de travail. Pour changer la
situation en faveur des travailleurs, le mouvement ouvrier ne doit pas
perdre de vue l'importance de la lutte pour bâtir le Nouveau,
où les droits de tous en tant qu'êtres humains seront
reconnus et garantis par une nouvelle constitution et des formes
modernes de gouvernance.
L'élite dirigeante a acquis
beaucoup d'expérience à diviser le peuple et à
utiliser diverses catégories politiques et sociales à son
avantage. Même un examen rapide de l'immigration depuis le XIXe
siècle montre comment l'exploitation du marché du travail
international et le fait de faire venir des migrants au Canada avec des
droits variables sert
l'élite dirigeante, tant sur le plan économique que
politique.[1]
La mondialisation impérialiste a
créé un réservoir de centaines de millions de
migrants sans statut juridique ou civil dans de nombreux pays et
beaucoup
vivent dans des camps de réfugiés. À ce bassin
d'immigrants vulnérables au sein du marché mondial du
travail viennent s'ajouter des millions d'autres qui sont forcés
de parcourir le monde à la
recherche de travail et d'avenir à cause de la violence et de
l'anarchie que les grandes puissances déchaînent dans
leurs pays dévastés.
Le Canada, le Québec, les provinces et les
territoires ont mis au point un éventail de programmes pour
exploiter ce marché du travail international et faire venir des
travailleurs au pays avec une hiérarchie de droits variables.
Les différentes catégories ont en commun que les
travailleurs migrants et les membres de leur famille sont privés
de
leurs droits en tant que membres égaux de la
société et du corps politique après avoir
vécu et travaillé au pays.
Le nombre de personnes qui se retrouvent dans ces
catégories est imposant et les chiffrent montrent que
l'élite dominante est constituée d'exploiteurs non
démocratiques qui considèrent les travailleurs comme un
moyen de protéger et d'accroître la richesse sociale
privée de ceux qui possèdent et contrôlent
l'économie socialisée. La menace d'expulsion et de
déportation plane sur la tête de tous les migrants, que ce
soit des résidents permanents, des travailleurs
temporaires, des étudiants et des personnes classées
comme sans papiers.
Au cours d'une année donnée, plus
de 300 000 immigrants arrivent au Canada en tant que
résidents permanents potentiels ou réels qui pourraient
devenir citoyens. On dit que le nombre total de résidents
permanents à tout moment donné se situe dans les
millions. Ce
bassin de travailleurs et leur famille est entraîné
d'une manière ou
d'une autre dans l'économie socialisée. En une même
année, plus de 200 000 migrants sont acceptés
en tant que travailleurs temporaires classés dans la
catégorie des résidents non permanents dans le cadre de
divers programmes, avec peu ou pas de chances de devenir
résidents permanents et citoyens et qui doivent partir
après un
certain temps pour revenir ensuite s'ils sont choisis à nouveau
ou qui restent et deviennent sans-papiers. Statistique Canada estime
à un peu moins d'un million le nombre total de résidents
non permanents au cours d'une année donnée. Il n'existe
pas de nombre officiel de travailleurs sans papiers, mais on estime que
ce nombre se situe
entre 200 000 et un demi-million.[2]
À cela s'ajoutent des milliers
d'autres qui cherchent refuge contre la violence et l'anarchie et qui
peuvent ou non être acceptés comme immigrants.
En 2017, 44 000 réfugiés ont
été acceptés comme résidents permanents.
Des centaines de
milliers d'autres personnes arrivent au Canada en tant
qu'étudiants et paient très cher. Certains sont
autorisés à travailler au cours de leur période
d'études et un certain nombre d'entre eux sont autorisés
à demander la résidence permanente.
La négation des droits des migrants par
l'État ouvre la porte à la corruption et devient la base
du trafic d'êtres humains. Le Globe and Mail publie des
histoires d'horreur et verse des larmes de crocodile sur les
souffrances de nombreux migrants aux mains de trafiquants d'êtres
humains, mais ne s'intéresse pas à la base de cette
corruption, au fait que cette corruption est
basée sur la négation des droits par l'État et sur
l'ordre juridique et constitutionnel qui défend le
privilège et les prétendus droits de
propriété de la classe dirigeante.[3] De même que le trafic d'esclaves
africains n'aurait pas existé sans l'esclavage raciste
organisé aux États-Unis, la traite des êtres
humains au
Canada ne peut exister que grâce à la négation des
droits des travailleurs migrants par l'État, où une
grande partie du processus d'immigration lui-même a
été privatisée et où les abus restent
impunis.
La division entre ceux qui
possèdent et contrôlent les forces productives et ceux qui
vendent leur capacité de travail pour gagner leur vie est
à la base de la division des travailleurs suivant une
hiérarchie de droits au Canada. Les droits et privilèges
de ceux qui possèdent et contrôlent les forces productives
et ont accumulé une grande richesse
sociale sont garantis par le droit de propriété. Ce qu'on
appelle le droit de propriété existe en contradiction
avec les droits humains et confère aux détenteurs de la
richesse sociale et à ceux qui sont en position de
contrôler l'économie socialisée des droits et
privilèges dominants, comme le rappelle entre autres l'affaire
SNC-Lavalin. Le pouvoir du
droit de propriété et du privilège de classe est
démontré quotidiennement par des attaques
organisées de l'État contre les travailleurs et constitue
la théorie et la pratique constitutionnelles et fondamentales de
l'oligarchie financière au pouvoir.
La classe ouvrière assume la
responsabilité sociale envers elle-même et envers la
société de mettre pleinement à contribution son
pouvoir organisé pour défendre les droits de tous et
toutes dans le
présent et pour bâtir le Nouveau, où les droits et
le bien-être de tous seront garantis sans exception ni division.
À l'occasion du Premier Mai 2019, que
les travailleurs déclarent que tous les programmes qui limitent
les droits des migrants qui viennent au Canada pour vivre et travailler
soient déclarés nuls et non avenus. Si l'élite
dirigeante qui contrôle les forces productives veut que les
migrants viennent et travaillent pour elle, elle ne doit pas les priver
de leurs droits fondamentaux.
Notre
sécurité
est dans la lutte pour les droits de tous et toutes !
Blâmons les riches et non le peuple pour les politiques et lois
anti-immigrants et antitravailleurs !
Notes
1. « 150
ans
d'immigration
au
Canada », Statistique Canada,
modifié le 17 mai 2018
2. « Guest
Worker Programs : Canada », Law Library of
Congress, mise à jour le 30 juillet 2015
3. « False promises :
Foreign workers are falling prey to a sprawling web of labour
trafficking in Canada », Globe and Mail, 5
avril 2019
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 16 - 27 avril 2019
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