Le Marxiste-Léniniste

Numéro 4 - 9 février 2019

Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Le discours sur la protection des élections contre l'ingérence étrangère lance les Canadiens sur une fausse piste


Les gardiens du secret d'État

- Pauline Easton -
Concurrence inter-monopole et inter-impérialiste et allégations d'«ingérence étrangère»
- Nick Lin -

À titre d'information

Remarques du ministre de la Sécurité publique sur la sécurité nationale et la cybersécurité


Le discours sur l'état de l'Union de Donald Trump

Des appels à l'unité sur fond de guerre civile et
de gouvernement dysfonctionnel


Réunion du Groupe de Lima à Ottawa et développements
en ce qui concerne le Venezuela

L'approche «canadienne unique» de la promotion de la démocratie du gouvernement Trudeau
- Margaret Villamizar -

Le mécanisme de Montevideo en quatre étapes pour
la paix et le dialogue

Le Comité international de la Croix-Rouge dit que l'aide
humanitaire doit passer par les canaux officiels


Points de vue
Notre démocratie est de protéger

- Nicolás Maduro, président du Venezuela -


Reportage photo
Des actions aux États-Unis et au Canada dénoncent
l'ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela


Brésil

Les travailleurs brésiliens manifestent contre la sentence
sans fondement contre Lula

Réclamer justice pour Lula est une lutte de principes

- Parti communiste du Brésil -

Six failles dans la nouvelle guerre judiciaire menée contre Lula

- Brian Mier -

L'élection présidentielle au Salvador

La nécessité de tirer les conclusions qui s'imposent

- Hillary LeBlanc -

Les résultats de l'élection


Guatemala

Le gouvernement s'apprête à adopter une loi
pardonnant les crimes de guerre


Cuba

Le référendum augmente la participation citoyenne
dans la Constitution

- Vivian Bustamante Molina -


Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Le discours sur la protection des élections
contre l'ingérence étrangère lance les Canadiens
sur une fausse piste

« Pour la première fois, nos agences de sécurité canadiennes vont donc prodiguer des conseils aux membres clés des campagnes politiques nationales », a déclaré à la presse le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale, le 30 janvier, lorsque le gouvernement libéral a annoncé son « Protocole public en cas d'incident électoral majeur ». Le même jour, dans une entrevue diffusée sur CPAC, la ministre des Institutions démocratiques, Karina Gould, a déclaré : « L'autre chose que je tiens à souligner, car je pense qu'il est important que les Canadiens le sachent [...] est que chaque chef de parti politique recevra une cote de sécurité de niveau secret et pourra également désigner deux ou trois hauts fonctionnaires de son parti qui la recevront également. Cela est en discussion. »

Le site Web du ministère des Institutions démocratiques, qui est sous la coupe du Bureau du Conseil privé, indique clairement que ce n'est pas « tous les chefs de parti » qui obtiendront une autorisation de sécurité élevée, contrairement à ce que la ministre a laissé entendre. On lit : « Le Bureau du Conseil privé parrainera les demandes d'autorisation de sécurité pour certains membres des partis politiques représentés à la Chambre des communes. » Il explique en outre que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) et la GRC « fourniront des séances d'information classifiées et approfondies sur les menaces aux principaux responsables des partis politiques afin de les aider à renforcer leurs pratiques de sécurité internes et de les sensibiliser davantage aux activités influencées par l'étranger au Canada ».

Les libéraux prétendent qu'ils veulent confier le processus électoral à la police et aux services de renseignement pour protéger l'élection fédérale de 2019 contre l'ingérence étrangère. Dans son entretien avec CPAC, on a demandé à Karina Gould : « Êtes-vous convaincue qu'il y aura des tentatives de saper le processus électoral [en 2019] ? ». Ce à quoi elle a répondu : « Écoutez, nous sommes membres de l'OTAN, nous sommes membres du G7, nous sommes membres des Cinq yeux. Il serait naïf de supposer que nous ne sommes pas en danger. Nous prenons ces risques au sérieux [...] nous sommes prêts à faire face aux menaces qui pourraient survenir et nous avons mis en place un plan à l'échelle du gouvernement [...] pour rassurer les Canadiens que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger nos élections. »

Tout ce discours sur les dangers d'ingérence étrangère amène la discussion sur la démocratie canadienne qui est sur une voie sans issue. Il entrave la redevabilité et sape l'état de droit en justifiant des mesures d'exception et en empêchant le corps politique d'intervenir sur les questions qui le concernent. Mais surtout, cela détourne l'attention de la nécessité d'un renouveau démocratique, d'un renouvellement du processus politique pour que les citoyens puissent contrôler les décisions qui affectent leur vie. De plus, cette intervention de la police politique dans les affaires du corps politique fait en sorte que certaines activités entreprises pour répondre au besoin de nouveaux arrangements deviennent potentiellement illégales, malgré les prétentions de ne pas nuire à l'expression d'opinions « légitimes » et à la dissidence « légitime », car c'est la police politique qui décide ce qui est légitime ou pas et non les citoyens.

Cette démocratie dite représentative a un besoin urgent de renouveau - un acte que le peuple doit accomplir pour relever les défis de notre temps où ce sont les producteurs qui doivent être en mesure de contrôler les produits de leur propre travail. Quant aux cercles dirigeants, ils n’ont aucun argument pour justifier ce qui ne peut être justifié. Ils reprennent la méthode de «la peur rouge» de la guerre froide qui visait à mobiliser les peuples des États-Unis, de l'Europe, du Canada, de l'Australie et des anciennes colonies pour défendre leur démocratie « civilisée » contre des régimes totalitaires présumés. Les peuples sont supposés oublier leurs propres revendications et aspirations, ainsi que leur propre façon de garantir la paix, la démocratie et la liberté pour eux-mêmes et pour les peuples du monde entier.

Les soi-disant briefings sur la sécurité accordés à une poignée de personnes à la tête des campagnes politiques montrent également à quel point les partis politiques qui forment un système de cartels ont été intégrés à l'appareil d'État. Les quelques privilégiés considèrent bien sûr comme un privilège de « servir » et s'engagent à être loyaux envers une cause aussi digne. Cela n'a certainement rien à voir avec la démocratie!

Les Canadiens et le corps politique exigent l'élimination du rôle du privilège dans les élections afin de créer une véritable « égalité des chances ». Ils décrient depuis des décennies le processus politique actuel en raison de son incapacité à leur permettre de contrôler le processus de prise de décisions qui affecte leur vie. Leur demande de renouveau politique pour avoir un meilleur système de représentation a plutôt conduit à une myriade de réformes qui ne font que renforcer le rôle du privilège dans le processus politique. Les libéraux de Justin Trudeau sont arrivés au pouvoir avec la promesse de changer le mode de scrutin, mais après des « consultations » bidons, ils ont déclaré que les Canadiens ne souhaitaient rien changer. Ils ont allègrement abandonné toute prétention à cet égard. Au lieu de cela, tout le système est maintenant ouvertement confié à la police politique à l'instigation de l'OTAN, de son Conseil de l'Atlantique et du réseau des Cinq Yeux. Cela montre que ce ne sont pas les Canadiens qu'ils écoutaient, mais la police politique!

Ce gouvernement libéral passera à l'histoire comme auteur de crimes contre le corps politique du pays et les peuples à l'étranger au nom de la « protection de la démocratie » et de la « défense de l'état de droit ».

Haut de page


Les gardiens du secret d'État

Soumettre les dirigeants de partis politiques et les « hauts fonctionnaires désignés » à une évaluation de sécurité représente une direction dangereuse pour le corps politique. Pour se qualifier, l'individu censé représenter un parti politique doit accepter de garder ce qu'on appelle des secrets d'État. Cela signifie qu'il est redevable à l'État et non aux membres de son parti. S'il révèle ce qui est considéré comme un secret d'État aux membres de son parti ou au corps politique, il sera réputé avoir commis un acte de trahison.

Bien qu'il ne soit pas étonnant que dans un pays comme le Canada, les services de renseignement de sécurité de l'État veuillent enquêter tout chef de parti ou tout haut responsable désigné avant de partager des renseignements secrets avec eux, cela pose effectivement problème. Ce nouveau processus de partage des renseignements de sécurité avec certains chefs de parti pendant la période électorale représente un élargissement du rôle des agences de renseignement de l'État dans le déroulement des campagnes électorales et les informations mises à la disposition des citoyens au cours du processus de sélection de leurs représentants. Cela évoque la création d'un corps d'opinion officiellement sanctionné par la police et de partis politiques défendant des opinions politiques conformes à la conception de l'État en matière de sécurité nationale.[1] Bref, c'est un pas en avant vers la création d'un État policier, au nom de la sécurité nationale mais dans l'intérêt d'un régime de classe bien défini et d'une rivalité inter-monopole et inter-impérialiste pour les zones d'exportation de capitaux, les ressources et la main-d'oeuvre bon marché.

Accepter de compromettre sa conscience de cette manière et qualifier cela de démocratique dépasse l'entendement. La conception d'une attestation de loyauté est enracinée dans un système de représentation censé représenter le peuple, mais qui en réalité représente un État. Au Canada, la personne d'État s'appelle « la Couronne » et elle est synonyme d'intérêt public. La destruction des organisations et des arrangements de la société civile comprend la cartellisation des partis politiques, qui n'ont plus pour fonction d'agir comme organisations politiques primaires liant le peuple à la gouvernance. De plus, pendant la guerre froide les impérialistes anglo-américains ont créé une catégorie d'individus et d'organisations appelés « ennemis de l'État » et, depuis le 11 septembre, le pouvoir d'exception de l'exécutif est devenu la nouvelle normalité.

Dans ses évaluations de la menace pesant sur le processus électoral et politique, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) parle d'« acteurs étatiques » et mentionne « les profiteurs, les personnes en quête d'un statut, les entreprises du spectacle et les vrais croyants » en tant qu'ennemis potentiels. Il n'y aurait pas de citoyens et résidents du Canada qui exercent leur droit à la liberté de parole, d'expression et de pensée. Les « acteurs indépendants » et les « vrais croyants » sont ceux qui représentent un danger pour l'État, car ils deviendraient les dupes d'« acteurs étatiques ». Le SCRS décrit les communications dans les médias sociaux et sur Internet comme un « système complexe » dans lequel « il est difficile de savoir dans quelle mesure et par qui les activités sont orchestrées ».[2] La ministre des Institutions démocratiques, Karina Gould, a repris le même thème dans son entrevue avec CPAC lorsqu'elle a dit que l'ingérence étrangère est difficile à détecter, car « ce qui semble être des acteurs nationaux légitimes est en fait des acteurs étrangers se faisant passer pour des acteurs nationaux" »[3]

Tout cela vise à justifier la soumission des partis politiques et l'opinion politique à des contrôles de sécurité et à des évaluations. C'est un anathème pour une société qui défend la liberté de conviction et de conscience politiques. L'expérience des autorisations de sécurité du SCRS depuis les attentats du 11 septembre a exposé l'injustice du régime de preuve secrète dans le cas des certificats de sécurité. Le droit de connaître les accusations portées contre soi a été violé impunément et cela a eu des conséquences graves desquelles les responsables n'ont jamais été forcés de répondre.

On veut maintenant reprendre cette approche pour décider quelle opinion est légitime et laquelle ne l'est pas dans une campagne électorale, c'est-à-dire sur la base du secret d'État, et quels partis politiques sont légitimes et lesquels ne le sont pas. Cela rappelle le refus du gouvernement Trudeau d'appliquer la réforme électorale suivant les recommandations du Comité parlementaire pour un scrutin de représentation proportionnelle. Trudeau a dit que cela ne ferait qu'amplifier les voix extrémistes.[4]

Et maintenant il impose ce contrôle des pouvoirs de police. L'ensemble du processus est de plus en plus circonscrit par un ordre émanant de l'OTAN et subordonné à celle-ci, et supervisé par les agences de sécurité de l'État et la police politique au Canada. Les raisons invoquées par la ministre des Institutions démocratiques, Katrina Gould, pour justifier l'application de ces dernières mesures sont des raisons intéressées. Elles ne sont pas un argument démocratique sérieux. Rien de tout cela n'est décidé par le peuple, pendant que tout favorise de la façon la plus intéressée qui soit des intérêts privés qui rivalisent pour la domination. On dit que les critères utilisés sont dépourvus d'idéologie, mais ce n'est bien sûr pas le cas. C'est l'idéologie d'une caste dirigeante dirigée par l'OTAN et les agences de renseignement des impérialistes anglo-américains, au service de leur rivalité interimpérialiste pour la domination du monde. Appeler cela démocratie et état de droit équivaut à une duperie criminelle.[5]

Faire accepter un État policier au nom de la démocratie est la fraude du XXIe siècle. La classe dirigeante manipule et déforme en toute impunité le sens de concepts tels que consultation, respect, démocratie, adhésion aux traités, état de droit, paix et protection. Dire que, puisque nous n'avons pas accès au secret d'État, nous devons faire confiance à ceux qui l'ont mène droit au gouffre dans lequel les libéraux et les autres qui font la promotion de cette approche veulent nous faire sombrer à jamais. Voilà le fond de cette affaire et c'est un sujet qui doit préoccuper le corps politique.

Notes

1. L'article 2 de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité définit les « menaces envers la sécurité du Canada » comme suite :

« a) l'espionnage ou le sabotage visant le Canada ou préjudiciables à ses intérêts, ainsi que les activités tendant à favoriser ce genre d'espionnage ou de sabotage ;

« b) les activités influencées par l'étranger qui touchent le Canada ou s'y déroulent et sont préjudiciables à ses intérêts, et qui sont d'une nature clandestine ou trompeuse ou comportent des menaces envers quiconque ;

« c) les activités qui touchent le Canada ou s'y déroulent et visent à favoriser l'usage de la violence grave ou de menaces de violence contre des personnes ou des biens dans le but d'atteindre un objectif politique, religieux ou idéologique au Canada ou dans un État étranger ;

« d) les activités qui, par des actions cachées et illicites, visent à saper le régime de gouvernement constitutionnellement établi au Canada ou dont le but immédiat ou ultime est sa destruction ou son renversement, par la violence.

« La présente définition ne vise toutefois pas les activités licites de défense d'une cause, de protestation ou de manifestation d'un désaccord qui n'ont aucun lien avec les activités mentionnées aux alinéas a) à d). » (Notre souligné) 

2. « Qui dit quoi ? Défis sécuritaires découlant de la désinformation aujourd'hui », Service canadien du renseignement de sécurité, Publication no. 2018-02-01 de la série Regards sur le monde : avis d'experts.

3. Entrevue avec CPAC, 30 janvier 2019

4. Le 1er février 2017, répondant à une question de la chef du Parti vert Elizabeth May, le premier ministre Justin Trudeau a justifié la décision de son parti de renoncer à sa promesse électorale en disant : « Je comprends avec quelle passion et intensité la députée d'en face croit à cela, et bien des Canadiens sont tout aussi passionnés à ce sujet, mais il n'y a pas de consensus. Il ne se dégage aucun moyen de faire les choses de la meilleure façon possible et, bien franchement, un référendum qui diviserait la population et ferait s'élever les opinions extrémistes à la Chambre serait bien malvenu en ce moment et ne servirait pas les intérêts du Canada. » (Journal des débats)

5. La Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité définit l'« évaluation de sécurité » comme étant « l'évaluation de la loyauté d'un individu envers le Canada et, à cet égard, de sa fiabilité ».

Il y a plusieurs types de « cotes de sécurité », dont quatre qui nécessitent une évaluation de sécurité du SCRS :

- Accès à un site
- Secret (niveau II)
- Très secret (niveau III)
- Très secret avec filtrage approfondi (niveau III)

Le site Web du SCRS nous informe que « la Loi fédérale sur la responsabilité confère aux ministères et à des organismes le pouvoir exclusif de demander, d'accorder, de révoquer et de suspendre les cotes de sécurité et les autorisations d'accès à un site. Ainsi, l'évaluation du SCRS n'est qu'un des éléments du processus de filtrage de sécurité. Pour connaître l'avancement d'une demande de cote de sécurité, il convient donc de s'adresser au ministère ou à l'organisme qui parraine la demande. »

La « loyauté envers le Canada » permet de déterminer qu'« un particulier n'a pas participé, ne participe pas, ni ne participera vraisemblablement à des activités qui constituent une menace à la sécurité du Canada au sens de l'article 2 de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité . »

Le SCRS utilise différents mécanismes pour évaluer la loyauté d'un individu. Une « entrevue de sécurité » par exemple peut servir à « évaluer l'honnêteté et la fiabilité d'un particulier » en posant des questions sur « le comportement, les idéologies ou les associations passés et actuels pouvant être vérifiés ». (Notre souligné)

Haut de page


Concurrence inter-monopole et inter-impérialiste
et allégations d'«ingérence étrangère»

Les libéraux ont noyé leur engagement de promulguer des réformes démocratiques dans un discours sur l'ingérence étrangère. Mis à part tout le reste, cela n'a rien à voir avec la démocratie et tout à voir avec les cyberattaques menées par des gangs rivales qui cherchent à dominer et à contrôler les produits de l'intelligence artificielle telle que la technologie sans fil G5.

Radio-Canada rapportait le 24 janvier que le ministre de l'Innovation, Navdeep Bains, à Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial, a finalisé un accord de 40 millions de dollars avec la société de haute technologie finlandaise Nokia pour des recherches sur la technologie sans fil de classe 5G au Canada. C'est l'un des événements en cours qui coïncide avec l'arrestation de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, la plus importante société 5G au monde, que les États-Unis tentent d'interdire sur le marché canadien. L'arrestation de Meng sur mandat d'extradition a eu lieu sur ordre des États-Unis et dans le contexte où le réseau d'agences de renseignement des Cinq Yeux exerçait des pressions sur le Canada pour qu'il ne permette pas à Huawei de pénétrer le marché canadien. Tout cela indiquerait que là où les intérêts nationaux se terminent et commencent les intérêts internationaux, la démarcation n'est pas claire. Mais surtout, cela indique que les rivalités entre monopoles et entre impérialistes pour les sphères d'influence sont très vives. Les tentatives de l'OTAN et d'agences internationales d'espionnage, telles que les Cinq Yeux, d'inciter le gouvernement du Canada et ses propres services de sécurité à contrôler cette rivalité en faveur d'une partie au lieu d'une autre ne peuvent que provoquer plus de ravages. Cependant, intervenir dans cette rivalité au nom de la protection de la démocratie est pour le moins inapproprié.

L'analyse de sécurité contre l'« ingérence étrangère », dans laquelle la Russie et la Chine seraient les principaux coupables, est le mantra d'une démocratie prise dans une compétition inter-impérialiste et inter-monopole. Que ceux au pouvoir qui sont redevables à la demande de l'OTAN et de l'impérialisme américain de demander impérativement au public canadien de consentir à confier à la police le pouvoir d'intervenir dans les campagnes politiques et de remettre les fonds du trésor public au « bon côté », c'est fomenter des guerres civiles, comme celle que nous voyons aux États-Unis. Maintenant que l'économie canadienne est intégrée à l'économie américaine et à la machine de guerre, elle est entraînée ipso facto dans la guerre civile.

Qu'est-ce qui, selon les agences de sécurité, ne devrait pas être révélé publiquement lorsqu'ils découvrent qu'un « acteur étatique » étranger s'immisce dans les élections au Canada ? S'il s'agit de la concurrence inter-impérialiste sur la technologie dans le domaine de l'intelligence artificielle, fournir cette information uniquement aux « privilégiés » dans le contexte d'une campagne politique constitue une intervention injustifiée dans les affaires du corps politique. Étant donné la concurrence entre monopoles dans le secteur de la haute technologie, où est la responsabilité lorsqu'un côté de la concurrence est privilégié par rapport à un autre ? La politique devrait-elle suivre un scénario de guerre civile en fonction de tels intérêts concurrents au nom de la protection de la démocratie ? Aujourd'hui, ce qui est national et ce qui est international est difficile à séparer. Cela ne favorise en rien le peuple que le corps politique soit amené à prendre parti dans cette concurrence entre monopoles et entre impérialistes.

Haut de page


À titre d'information

Remarques du ministre de la Sécurité publique
sur la sécurité nationale et la cybersécurité


Manifestation à Montréal le 5 juillet 2017, immédiatement après le dépôt du projet de loi C-59

Le 15 janvier, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a prononcé un discours devant le Johnson Shoyama Graduate School of Public Policy, en Saskatchewan, où il a parlé de « l'architecture de sécurité nationale » du Canada. Il a dit que son premier thème était le « projet de loi C-59, notre nouvelle loi conçue pour renouveler l'architecture de la sécurité nationale du Canada afin de refléter les réalités de notre monde difficile et tumultueux ; le second est le problème des voyageurs terroristes à risque élevé et la façon dont nous traitons les menaces qu'ils posent ; le troisième est la nouvelle politique du Canada sur la cybersécurité et les mesures prises pour nous protéger des attaques malveillantes ; le quatrième, enfin, est l'ingérence étrangère dans les affaires canadiennes par des acteurs étatiques, y compris ceux qui exercent une influence malveillante pour susciter la confusion, la peur et la haine et pour nuire à notre démocratie. »

Il a commencé par donner un cadre de référence des objectifs du Canada :

« Un pays sûr et sécuritaire où la primauté du droit est respectée et où les lois sont appliquées comme il se doit est un prérequis essentiel d'une économie prospère. La sécurité fournit la stabilité dont dépendent les marchés libres, et la prévisibilité et la confiance sur lesquelles les investisseurs comptent.

« Ce qui est tout aussi important —- tandis que la sûreté et la sécurité sont assurées et que la loi est appliquée et administrée -, c'est que les Canadiens doivent avoir l'assurance absolue que leurs droits et libertés sont entièrement respectés et protégés.

« Nous avons le privilège de vivre dans une démocratie libre, ouverte, diversifiée et inclusive —- probablement le meilleur exemple de pluralisme que le monde ait jamais connu. Et nous devons travailler tous les jours pour que notre pays demeure ainsi, particulièrement dans un monde complexe, en constante évolution et parfois dangereux. »

En donnant le contexte, Goodale a expliqué que « le portefeuille de la Sécurité publique existe depuis 2003. Il inclut le ministère lui-même, qui s'occupe de l'élaboration des politiques, de la recherche, de la coordination des enjeux et de la prestation des programmes (dans des secteurs aussi diversifiés que la planification des interventions en cas d'urgence, la lutte à la radicalisation, le maintien de l'ordre pour les Premières Nations, les services de lutte contre les gangs, le nouveau régime juridique pour le cannabis, la lutte contre les blessures de stress posttraumatique parmi les premiers répondants, et bien plus encore).

« Cependant, la plus grande partie du travail lié à mon portefeuille s'effectue par l'intermédiaire d'un ensemble d'organismes essentiels et indépendants, qui ont des pouvoirs et des responsabilités extraordinaires, comme la Gendarmerie royale du Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité, le Service correctionnel du Canada, la Commission des libérations conditionnelles du Canada... pour ne nommer que les principaux.

« Dans son ensemble, ce portefeuille comprend plus de 60 000 employés dévoués et un budget annuel de 10 milliards de dollars —- tout cela pour faire en sorte que le Canada demeure sûr, pour veiller à ce que les Canadiens soient en sécurité, et pour sauvegarder nos droits et libertés et notre mode de vie ouvert, inclusif et démocratique. »

Sur le projet de loi C-59

« Premièrement, le projet de loi C-59, Loi concernant des questions de sécurité nationale. Ce projet de loi a été adopté à la Chambre des communes et est maintenant à l'étude au Sénat. Le résultat des consultations publiques sur la sécurité nationale les plus ouvertes et exhaustives de l'histoire canadienne, la nouvelle loi, lorsqu'elle sera en vigueur, accomplira trois objectifs importants.

« Tout d'abord, elle corrigera plusieurs erreurs dans la loi, comme des formulations trop vagues rendant certaines dispositions difficiles à utiliser, une liste d'interdiction de vol défectueuse qui victimisait des enfants, des contournements implicites de la Charte et ainsi de suite. Tous ces problèmes sont réglés dans le projet de loi C-59.

« Deuxièmement, le projet de loi renforce et clarifie l'autorité constitutionnelle et juridique en vertu de laquelle nos organismes de sécurité et de renseignement fonctionnent, et il crée de nouveaux outils à leur intention. Plusieurs décisions de tribunaux et rapports d'experts ont soulevé des questions à cet égard au cours des dernières années, et il est essentiel qu'il n'y ait aucun doute concernant les pouvoirs de ces organismes et la façon dont ils peuvent les mettre en pratique, et où se situent les barrières. La clarté est essentielle à l'efficacité.

« Enfin, le projet de loi C-59 marque l'arrivée d'une toute nouvelle ère de transparence et de reddition de comptes. Il crée un nouvel organisme global, l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, qui a le mandat pangouvernemental d'examiner chaque ministère et organisme fédéral qui a une fonction de sécurité ou de renseignement. Finis les examens fragmentés réalisés en vases clos. Le nouvel organisme aura l'autorité nécessaire pour faire le suivi de toute question dans l'ensemble de l'appareil gouvernemental. Son travail et son expertise viendront s'ajouter aux examens distincts et indépendants de notre nouveau Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.

« Nous créons également un nouveau poste de commissaire du renseignement, qui aura des pouvoirs de surveillance afin d'examiner et approuver —- ou interdire —- certaines activités de sécurité et de renseignement qui seraient proposées avant qu'elles n'aient lieu. Si le commissaire dit « non », l'activité n'aura pas lieu.

« Le SCRS (le Service canadien du renseignement de sécurité) est l'organisme de collecte de renseignements d'origine humaine du Canada. Le projet de loi C-59 prévoit à cet égard un ensemble de règles claires pour la gestion et l'utilisation d'ensemble de données à grande échelle sur lesquels le SCRS s'appuie pour bon nombre de ses analyses.

« Le CST (le Centre de la sécurité des télécommunications) est l'organisme de collecte de renseignements d'origine électromagnétique du Canada. Le projet de loi C-59 dote le CST de sa propre loi et du pouvoir d'entreprendre des activités d'opérations cybernétiques actives (pas seulement défensives) pour démanteler les menaces cybernétiques envers le Canada avant qu'elles ne se concrétisent.

« D'autres changements améliorent le partage d'information entre les organismes du gouvernement fédéral. De solides règles ont été établies contre tout comportement qui pourrait contribuer à la torture. Et le tout sera réexaminé à fond dans cinq ans.

« Nous avons deux objectifs très importants dans le projet de loi C-59 : garantir que les droits et libertés des Canadiens soient respectés comme il se doit, et, également, veiller à ce que nos services de police et nos organismes de sécurité et de renseignement fassent véritablement tout ce que nous attendons d'eux pour que les Canadiens soient en sécurité. »

Sur la nouvelle stratégie de cybersécurité

« [...] Au cours des deux dernières décennies, les technologies de l'information ont transformé radicalement nos vies. Le monde est devenu un endroit plus petit, plus rapide, plus complexe et interrelié. Les gens sont plus connectés qu'avant, entre eux et avec ce qui les entoure. Et ils sont plus dépendants de ces connexions. Et plus vulnérables.

« Internet et les téléphones intelligents font dorénavant partie intégrante de qui nous sommes. Nous passons une bonne partie de notre temps en ligne —- en fait, à 43,5 heures par mois, les Canadiens passent le plus de temps en ligne au monde.

C'est comme cela que nous travaillons, jouons, magasinons, faisons nos transactions bancaires, brassons des affaires, menons des recherches scientifiques, nous divertissons, demeurons informés et gardons le contact avec parents et amis. Les technologies numériques enrichissent nos vies de manières innombrables. Ces technologies reposent sur une infrastructure complexe dont dépendent notre économie et notre société moderne. Et cela fait que nos renseignements personnels et financiers les plus sensibles flottent dans un nuage.

« Et des millions de fois chaque jour, des pirates informatiques, chez nous et partout dans le monde, essaient d'y accéder. Les responsables de ces attaques peuvent être des États étrangers, des agences militaires ou d'espionnage, des groupes terroristes, des organisations criminelles, de simples voleurs, des personnes voulant se venger d'entreprises ou d'autres particuliers, ou parfois c'est le voisin maniaque d'informatique qui essaie simplement de voir jusqu'où il peut aller.

« Les pirates informatiques ont des objectifs divers, allant du vol et de l'extorsion au sabotage, à l'intimidation, à la vengeance, à la perturbation et au chaos, en passant par la simple nuisance. Les outils qui sont à leur disposition sont sophistiqués, faciles à obtenir et peu coûteux. Ils cherchent à exploiter les failles et les faiblesses dans les systèmes et à profiter des mauvaises habitudes numériques. Et étant donné notre interconnexion généralisée, nous sommes tous seulement aussi forts que notre maillon le plus faible.

« Imaginez les dommages qui s'ensuivraient si une infrastructure numérique majeure était compromise - dans le secteur des télécommunications, par exemple, ou des banques, de la santé, des transports (comme le contrôle de la circulation aérienne) ou de la transmission d'énergie. Ce n'est pas un scénario hypothétique. Des pirates informatiques étrangers ont deux fois mis hors fonction le système électrique en Ukraine, ce qui a eu d'énormes répercussions. Et ce n'est qu'un petit exemple.

« Selon l'information la plus récente de Statistique Canada, le cybercrime au Canada cause plus de 3 milliards de dollars en pertes économiques chaque année. Mondialement, les pertes en 2018 sont évaluées à plus de 600 milliards de dollars. Lorsqu'on lui a demandé ce qui l'empêche de dormir la nuit, le gouverneur de la Banque du Canada a répondu il n'y a pas si longtemps de cela, que ce sont les menaces de cyberattaques.

« C'est donc une énorme préoccupation qui est bien réelle, mais nous ne pouvons nous permettre d'être motivés par la peur. Tandis que nous déployons la nouvelle Stratégie de cybersécurité du Canada, nous mettons également l'accent sur les possibilités qu'elle crée en matière de recherche de fine pointe, de découvertes scientifiques, d'innovation, de techniques d'ingénierie et de fabrication avancées, de création de nouvelles entreprises, d'exportations mondiales, de création d'emplois, de prospérité et de croissance économique.

« En effet, la cybersécurité est une industrie en croissance. Elle contribue déjà pour 1,7 milliard de dollars à notre produit intérieur brut et représente plus de 20 000 excellents emplois. Le marché mondial pour des produits et services de cybersécurité de haute qualité vaut près de 100 milliards de dollars aujourd'hui, et va probablement plus que doubler d'ici moins de trois ans.

« L'appétit mondial pour l'expertise cybernétique dans toutes les industries à l'échelle de tous les secteurs est immense. Chaque pays lutte pour développer les talents et les compétences nécessaires. En ce moment, le Canada est au quatrième rang mondial des pôles d'innovation en matière de cybersécurité, mais notre capacité de faire encore mieux est énorme. Avec l'aide de l'industrie et des universités, nous devrions viser le sommet. Et pour y arriver, nous devons tirer parti de toutes les ressources qui sont à notre disposition.

« À cet égard, je souligne que notre dernier budget fédéral a financé les plus grands investissements en sciences et en innovation de toute l'histoire canadienne. Les besoins en matière d'expertise cybernétique ne doivent pas être en reste. Est-ce que Johnson-Shoyama ou d'autres à l'Université de Regina ou à l'Université de la Saskatchewan devraient faire de ce domaine une priorité ?

« Dans le dernier budget fédéral, le gouvernement a également accordé plus de 750 millions de dollars sur cinq ans pour notre nouveau plan fédéral de cybersécurité.

« Le tiers de ce montant, soit 250 millions de dollars, ira à Services partagés Canada pour renforcer et protéger les systèmes cybernétiques du gouvernement du Canada. À mon avis, le plus grand avantage de Services partagés Canada est de veiller à ce qu'il y ait une cohérence et des normes élevées de cybersécurité dans l'ensemble des systèmes fédéraux de TI.

« Cependant, il demeure également essentiel de protéger les systèmes du secteur privé —- nous investissons donc 155 millions de dollars pour créer le nouveau Centre canadien pour la cybersécurité. Ce dernier est devenu notre autorité opérationnelle nationale, rassemblant toute l'expertise cybernétique fédérale sous un même toit pour analyser, donner des conseils et fournir des services aux gouvernements et au secteur privé, à grande et à petite échelle, y compris aux exploitants de l'infrastructure essentielle. Le Centre a également pour mandat de sensibiliser et d'éduquer le public et de faire la promotion de saines habitudes numériques.

« La GRC reçoit 200 millions de dollars pour renforcer ses capacités d'enquête sur les cybercrimes et pour mettre sur pied la nouvelle Unité nationale de coordination de la lutte contre la cybercriminalité afin d'appuyer et de coordonner les opérations d'application de la loi menées dans ce domaine partout au pays.

« Le CST, le SCRS et les ministères de la Sécurité publique, des Affaires mondiales, des Ressources naturelles, de l'Innovation et de l'Emploi reçoivent des ressources —- y compris pour un service de certification volontaire visant à évaluer les capacités cybernétiques dans le secteur privé et pour l'administration d'un programme intégré d'apprentissage en milieu de travail pour 1000 étudiants. Et ce n'est qu'un tout petit début.

« Un autre élément de notre stratégie sera présenté dans les prochaines semaines. À la suite de consultations exhaustives, nous planifions mettre en place un cadre législatif pour que nous comprenions tous les obligations que nous avons les uns envers les autres dans le monde cybernétique aussi profondément interconnecté et interdépendant dans lequel nous vivons. Quels sont les secteurs les plus sensibles et les plus vulnérables ? Quelles sont les normes appropriées et les pratiques exemplaires qui doivent être appliquées dans ces secteurs ? Quelle responsabilité une victime de cyberattaque a-t-elle de signaler qu'elle a été attaquée, de prendre des mesures correctives, d'aviser ses clients et d'aider à protéger les autres ?

« On l'a dit plus tôt, le maillon le plus faible est le point critique. Il peut faire s'effondrer le château de cartes en entier et causer des dommages irréparables. Ces maillons doivent être évités autant que possible. [...] »

(Pour la partie du discours du ministre Goodale portant sur l'ingérence étrangère, voir « Ce que les ministres avaient à dire pour contrer l’ingérence étrangère et les fausses nouvelles (Extraits) »,  LML, 2 février 2019)

Haut de page


Le discours sur l'état de l'Union de Donald Trump devant le Congrès

Des appels à l'unité sur fond de guerre civile et de gouvernement dysfonctionnel

« Unité, Unité, Unité », tel était le thème du discours sur l'état de l'Union que le président Donald Trump a prononcé devant les deux chambres du Congrès dans la soirée du 4 février. Trump a déclaré que l'état de l'union est fort. En même temps qu'il le déclarait, il appelait les factions rivales au sein de la classe dirigeante à se rallier à lui pour le bien de l'Union. Il l'a fait en mettant l'accent sur la puissance militaire américaine qu'il tire de ses pouvoirs de prérogative. Le tout était accompagné de déclarations chauvines, applaudies par la vaste majorité des gens dans la salle et de cris de « USA ! USA ! ».

Tout ce que dit le président Trump est devenu le summum de l'irrationalité. Pendant que le président Trump prononçait son discours sur l'état de l'Union, tous avaient en tête la coercition et le contrôle par le gouvernement exercés à la frontière, dans les prisons et dans les rues contre la dissidence, le diktat qui a fermé le gouvernement et provoqué la mise à pied de milliers de travailleurs, de travailleurs contractuels, et a mis sens dessus dessous la vie des membres les plus vulnérables de la société ; les menaces d'invasion du Venezuela, l'annonce que les États-Unis se retirent des traités sur les armes nucléaires et tant d'autres choses encore.

Cela n'a pas empêché Trump de dire : « Les États-Unis ont été fondés sur la base de la liberté et de l'indépendance, et non de la coercition, de la domination et du contrôle de la part du gouvernement. Nous venons au monde libres et nous allons demeurer libres. » La fermeture du gouvernement, les fermetures d'usines, les écoles publiques décimées, les énormes dettes de toutes sortes imposées aux Américains sont la réalité, mais il existe néanmoins un « nous » qui est « né libre ».

Rien de tout cela ne pouvait cacher « le caractère profondément dysfonctionnel du gouvernement, la guerre civile en gestation et le manque croissant de confiance parmi le peuple que les gens au pouvoir sont aptes à gouverner », écrit le journal Voice of Revolution de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis. « Trump a même refusé de parler de la fermeture du gouvernement qui a touché plus de 800 000 employés du gouvernement, des dizaines de milliers d'entrepreneurs et des millions de personnes qui avaient besoin des services [qui ont été fermés] et qui sont encore affectées. Il n'a pas parlé du caractère dysfonctionnel du Congrès que ces fermetures illustrent, bien qu'on en attende une autre dans quelques jours, le 15 février. Il n'a pas expliqué comment la puissance militaire des États-Unis va résoudre quelque problème que ce soit alors que les longues années de guerre agressives des États-Unis en Irak et en Afghanistan n'ont rien résolu, pas plus que les nouvelles guerres et les nouveaux crimes contre la Syrie et le Yémen. Les guerres à l'étranger et l'économie de guerre des États-Unis ne font qu'intensifier les luttes factionnelles marquées par les rivalités entre différentes forces sur comment maintenir le diktat américain. Ces guerres servent aussi à détruire les forces productives humaines de tous les pays qui y participent, notamment celles des États-Unis, car l'économie de guerre cause des dommages à tous. »

La réalité de la guerre civile est ressortie une nouvelle fois de cette menace que Trump a proférée : « Un miracle économique se produit en ce moment aux États-Unis, et la seule chose qui puisse l'arrêter ce sont les guerres absurdes, la politique et les enquêtes partisanes ridicules. Si on veut la paix et la loi, il ne peut pas y avoir de guerre et d'enquête. On ne peut pas y arriver comme cela. »

Voice of Revolution explique : « Alors que plusieurs pensent que la référence à la guerre dans le discours vise les guerres à l'étranger, ce qui est aussi le cas, il parle également de la guerre civile dans le pays. Il lie la paix à la loi et à la gouvernance, et la guerre aux enquêtes. Les factions que Trump représente considèrent les enquêtes actuelles comme un danger pour le pouvoir des États-Unis, tandis que celles qui les mènent les voient comme la façon d'arriver au pouvoir. Aucune ne se préoccupe des intérêts du peuple et toutes sont inquiètes qu'une guerre civile ouverte puisse éclater entre elles. Elles cherchent toutes à rallier le peuple en ayant recours au chauvinisme et aux meneurs de claque tout en cherchant à rallier le peuple derrière l'une ou l'autre des factions de l'élite dirigeante. Elles ne veulent surtout pas travailler à unir la faction la plus nombreuse, celle du peuple, pour qu'elle défende ses propres intérêts et lutte pour sa propre démocratie, une démocratie du peuple où C'est nous qui décidons ! »

Voice of Revolution poursuit : « Aujourd'hui, le pouvoir politique appartient au peuple lui-même. Pour s'organiser afin de réaliser ce pouvoir, il faut considérer le monde à partir de notre propre point de vue et non de celui de ceux qui gouvernent. La question n'est pas de débattre de tel ou tel fait ou de révéler les mensonges ou de mieux décrire la situation. Il faut commencer à partir d'un point de vue qui favorise le peuple, qui est à notre avantage. On ne peut pas le faire à partir de la pensée et de la vision des riches. Nous avons besoin de notre propre pensée, de notre propre vision, qui traite des divers intérêts du peuple - individuels, collectifs et les intérêts de la société - et cherche à les harmoniser. Prendre en main cette vision n'est pas un projet pour l'avenir. Il faut faire le travail qui est requis dans l'ici et le maintenant afin de réaliser les changements qui favorisent le peuple. »

(Voice of Revolution, 8 février 2019. Traduction LML)

Haut de page


Réunion du Groupe de Lima à Ottawa et développements
en ce qui concerne le Venezuela

L'approche « canadienne unique » de la promotion de la démocratie par le gouvernement Trudeau

Le 4 février, le Canada a été l'hôte d'une réunion ministérielle d'urgence du Groupe de Lima, une bande pays avec lequel il collabore pour tenter d'imposer un changement de régime au Venezuela. Tenue à Ottawa, c'était la première réunion du groupe depuis que le « président par intérim » autoproclamé du Venezuela, Juan Guaidó, s'est lui-même assermenté. Les États-Unis, à qui il doit son nouveau poste, ne sont pas officiellement membres du Groupe de Lima mais ils ont immédiatement reconnu leur marionnette et le Canada et d'autres membres du Groupe de Lima l'ont fait peu après. Les États-Unis ont participé à la réunion, de même que plusieurs pays de l'Union européenne, et Julio Borges, présenté comme la personne nommée par Guaidó pour « représenter le Venezuela » au Groupe de Lima, et son représentant désigné au Canada, Orlando Viera-Blanco. [1]

Le thème de la réunion était l'appui de la communauté internationale à la transition pacifique vers la démocratie par des moyens politiques et diplomatiques, sans recourir à la force, et l'acheminement d'une aide humanitaire immédiate au peuple vénézuélien. Le fait que cela enfreigne toutes les normes et tous les principes du droit international, tels qu'ils sont énoncés dans la Charte des Nations unies, a été passé sous silence. Au lieu de cela, le Canada applique ce que son ancien ambassadeur au Venezuela, Ben Rowswell, appelle une « approche canadienne unique de la promotion de la démocratie ». Il parle en connaissance de cause puisqu'il est un des architectes et un des acteurs de cette politique au titre trompeur qui viole de manière flagrante les principes démocratiques et le droit international. [2]

Les remarques liminaires de Chrystia Freeland et de Justin Trudeau ont donné le message à l'intention du public, répétant des mots choisis pour suggérer que le Canada et les autres participants sont honorables et dignes de respect, alors qu'en fait ils interviennent de manière flagrante dans les affaires du peuple du Venezuela.

Tout ce tapage au sujet d'une « communauté internationale » qui appuie Guaidó, la marionnette américaine triée sur le volet qui aurait l'appui « du peuple vénézuélien - pas d'une partie, mais de tout le peuple - est faux et vise à détourner l'attention de l'essence de la question : le non-respect des droits des nations de décider elles-mêmes de leurs affaires intérieures sans ingérence étrangère.

La réunion du groupe de Lima a eu l'effronterie de garantir aux Vénézuéliens qu'ils ont désormais avec Guaidó un « président légitime » et une « voie constitutionnelle » vers des élections libres et équitables, et qu'ils peuvent compter sur les gouvernements qui forment le groupe de Lima pour les soutenir dans le processus de « restauration de leur démocratie ».

Les partisans de cette « approche canadienne unique de la promotion de la démocratie » se réfèrent d'ailleurs toujours au président vénézuélien, Nicolás Maduro, comme à un « dictateur », pour qui la règle de droit ne veut rien dire et qui cherche simplement à « s'accrocher au pouvoir ». Ils qualifient l'élection présidentielle de mai 2018 d'« illégitime » et d'« anti-démocratique » pour étayer leur affirmation que Nicolás Maduro est lui-même un président « illégitime ».

Freeland et Trudeau ont répété à satiété que le Canada et tous les autres membres du groupe de Lima reconnaissent la règle de droit, la constitution du Venezuela et le libre arbitre des peuples. Freeland a félicité Trudeau pour avoir « travaillé incroyablement fort pour la démocratie et les droits de l'homme au Venezuela » ces derniers temps. Trudeau a déclaré que le Canada défendra toujours les droits des peuples dans le monde. Il a conclu en appelant à un coup d'État de manière à peine voilée en disant que « la communauté internationale » doit immédiatement s'unir derrière le peuple vénézuélien, qui est entrain de tracer sa voie vers l'avant, car « le moment de la transition démocratique est maintenant ».

La déclaration du Groupe de Lima

La réunion s'est terminée par une déclaration en 17 points signée par les gouvernements d'Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de la Colombie, du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Panama, du Paraguay et du Pérou, dans laquelle ces 11 signataires :

- incorporent le « président par intérim » autoproclamé, Juan Guaidó, dans les rangs du groupe de Lima, représentant le gouvernement « légitime » du Venezuela ;

- conviennent de reconnaître et de travailler avec les représentants désignés par le « gouvernement » de Juan Guaidó dans leur pays respectif ;

- considèrent que toute initiative politique ou diplomatique doit « viser à soutenir la feuille de route constitutionnelle présentée par l'Assemblée nationale et par le président intérimaire Juan Guaidó », ce qui « entraînera la sortie » du président Maduro et permettra la tenue d'élections ; - demandent le renvoi de tous les membres actuels du Conseil national électoral et la création d'un nouveau Conseil ;

- exigent la libération immédiate de tous ceux que le Groupe de Lima qualifie de prisonniers politiques ;

- demandent aux Forces armées nationales bolivariennes du Venezuela d'abandonner Nicolás Maduro et de transférer leur loyauté au « président intérimaire » Juan Guaidó ;

- exhortent les Forces armées nationales à ne pas entraver l'entrée et le transit d'aide humanitaire aux Vénézuéliens, en omettant de mentionner le fait que cela est censé avoir lieu sans demander le consentement des autorités de ce pays, conformément à la politique de la Croix-Rouge internationale et des Nations unies. Cette autorité officielle est le gouvernement Maduro, mais le Canada, comme les États-Unis, est déterminé à livrer la cargaison humanitaire partout où le gouvernement parallèle et son « président en charge », Juan Guaidó, décident qu'elle doit se rendre, une véritable provocation.

- appellent la « communauté internationale » à mettre en place un blocus économique, financier et commercial complet contre le Venezuela et à s'emparer de ses avoirs internationaux, comme les États-Unis, le Canada et l'UE l'ont déjà fait pour essayer d'étrangler le Venezuela économiquement. Cette violation flagrante du droit international est une tentative délibérée de tourner le peuple contre son gouvernement. L'intensification du blocus est destinée à accroître cette pression en punissant le peuple encore plus. Une campagne massive dans les médias sociaux présente des photographies de ce qui semble être des camions pleins de cargaisons d' « aide » américaine ou d'autres choses qui pénètrent dans le pays, et que le gouvernement de Maduro bloquerait. Ces photos diffusées partout dans le monde sont celles d'un pont situé à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, qui n'a jamais été officiellement ouvert depuis qu'il a été complété en 2016 et qui ne possède pas de postes de douanes, d'immigration ou d'inspection sanitaire. Il existe deux ponts fonctionnels dans la région. Cette information ne fait jamais partie de la « nouvelle ».

Créer une crise humanitaire puis blâmer les autorités officielles d'un gouvernement souverain pour avoir bloqué l'aide humanitaire est la méthode qui a été utilisée pour justifier le bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN il y a vingt ans, pour démembrer le pays puis en Libye, avec des conséquences désastreuses. On a tenté d'appliquer la même méthode en Syrie mais sans succès. Le gouvernement Maduro a le droit de sécuriser et de contrôler les entrées de personnes et de biens sur son territoire.

- finalement, dans ce qui constitue une blague sinistre compte tenu de tout ce qui précède, la Déclaration se termine sur ces mots : « Enfin, ils [ les signataires] réitèrent leur soutien à un processus de transition pacifique par des moyens politiques et diplomatiques sans recours à la force ». [3]

Réclamer des moyens diplomatiques pour obtenir un changement de régime par opposition à l'usage de la force serait ce qui distingue la façon de faire canadienne de celle des États-Unis. Le fait que ces prétendus moyens diplomatiques précèdent l'emploi de la force en lui fournissant une justification humanitaire n'est pas censé être discuté. Loin de représenter une approche unique de promotion de la démocratie, le Canada est un adepte de l'apaisement face au recours à la force pour obtenir un changement de régime. Qualifier cela de « promotion de la démocratie » est une farce.

L'architecte de cette politique, Ben Rowswell, dit que « l'approche unique » du Canada repose sur trois principes fondamentaux, que l'on retrouve dans la politique du Canada à l'égard du Venezuela. Le premier d'entre eux, a-t-il dit, a été révélé dans l'appel lancé par Chrystia Freeland au gouvernement de Nicolás Maduro « de respecter la souveraineté du peuple ». Selon Rowswell, ces principes sont les suivants :

1. La souveraineté repose sur les citoyens d'un pays et non sur les gouvernements qui les dirigent
2. L'initiative visant à restaurer la démocratie doit provenir du peuple de ce pays
3. Il est préférable de fournir de manière collective l'appui international aux aspirations démocratiques

Le Canada invoque ces « principes » depuis la fin de la division bipolaire du monde pour violer la règle de droit et apaiser les impérialistes américains dans leur quête de domination. En appuyant des méthodes dites de sécurité collective qui contournent l'ONU et le droit international, ils a concocté d'autres soi-disant principes tels que le « Programme de sécurité humaine du Canada » et l' « intervention humanitaire » qui prétendaient également que la souveraineté des États était supplantée par celle des citoyens. C'est ce qui a été utilisé pour justifier la guerre d'agression illégale de l'OTAN contre la Yougoslavie. Puis est venue « la responsabilité de protéger » du Canada, utilisée pour effectuer un coup d'État en Haïti en 2004 contre le gouvernement du président Jean-Bertrand Aristide et pour lancer la guerre de destruction de l'OTAN en Libye en 2011.

Il est clair qu'une logique semblable est à l'oeuvre dans la tentative du Canada de s'ériger en gardien de la constitution du Venezuela pour justifier l'installation d'une « présidence » et d'un « gouvernement » parallèles illégaux sous tutelle étrangère. En usurpant les pouvoirs du gouvernement constitutionnel du Venezuela au nom de la défense de « la souveraineté du peuple », le Canada montre à tous ce qui en est de sa prétention d'être un « pays régi par la règle de droit ».

La « promotion de la démocratie » par le Canada
versus celle des États-Unis

Selon Rowswell, la promotion de la démocratie par les États-Unis sous Donald Trump est très différente de celle du Canada, car Trump ne cesse de déclarer de façon irresponsable qu'il est prêt à avoir recours à la force militaire pour obtenir ce qu'il veut au Venezuela. Il dit que l'approche des États-Unis enfreint la souveraineté populaire parce qu'elle ne « permet pas aux citoyens de diriger leur retour à la démocratie », tandis que le Canada le ferait avec son « approche unique de promotion de la démocratie ». Il donne l'exemple du vice-président américain Mike Pence qui a « volé la vedette » en appelant les Vénézuéliens à prendre la rue le 23 janvier, l'anniversaire de leur révolution démocratique de 1958, ce qu'ils s'apprêtaient à faire de toute façon. Cette « déclaration unilatérale injustifiée » a-t-il dit, « visait à faire en sorte que les médias internationaux ne saisissent pas qui a pris l'initiative de ces protestions de masse qui ont été organisées »

Rowswell dit que ce n'est pas le moment propice pour les États-Unis de promouvoir la démocratie au-delà de leurs frontières. Il dit que c'est le temps de reconnaître que le Canada a sa façon unique de promouvoir la démocratie et que « nous ne devons pas hésiter à nous distinguer des États-Unis dont l'attachement à la démocratie s'est affaibli ». [4] Le fait que le Canada déploie sa « promotion de la démocratie » dans le monde entier, en particulier au Venezuela depuis la présidence d'Hugo Chávez, jette un certain éclairage sur cette histoire.

Le point de référence qui détermine si la politique du Canada est démocratique ou non en ce qui concerne l'adhésion aux principes démocratiques et au droit international est déterminé par rapport aux principes et aux normes énoncés dans la Charte des Nations unies et les résolutions et déclarations qui en découlent, que tous les pays ont le devoir d'appliquer. Lorsqu'on fait cet examen, on constate que l'approche « canadienne unique de la promotion de la démocratie » équivaut au numéro du bon flic canadien et du mauvais flic américain sur comment faire un changement de régime.

Notes

 1. Orlando Viera-Blanco a été nommé ambassadeur du Venezuela au Canada par Juan Guaidó. Viera-Blanco est un avocat et un résident canadien que l'Assemblée nationale du Venezuela, contrôlée par l'opposition, avait désigné « conseiller externe » de son Comité des Affaires étrangères et de la Souveraineté. Il est l'ancien président de la Fondation de l'engagement canadien vénézuélien, un groupe qui prétend représenter les « Vénézuéliens en exil » et dont la mission serait de défendre, par le biais de ses relations avec le gouvernement du Canada, les droits humains des Vénézuéliens qui vivent toujours au pays. Le Venezuela n'a pas d'ambassadeur au Canada depuis le 25 décembre 2017, quand la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland avait déclaré que Wilmer Barrientos « n'était plus le bienvenu au Canada ». Il s'agissait d'un geste de représailles du Canada suite à l'expulsion par le Venezuela de l'ambassadeur canadien Craig Kovalik à cause de son ingérence continuelle dans les affaires intérieures du Venezuela. C'est le chargé d'affaires Luis Acuna qui dirige présentement la mission diplomatique du Venezuela au Canada.

Viera-Blanco a pris la parole devant le sous-comité des droits internationaux de la personne le 6 avril 2017, où il a prétendu qu'il y avait un « coup d'État continuel » au Venezuela, et où il a affirmé que « C'est pourquoi tout le monde parle aujourd'hui d'une rupture de l'ordre constitutionnel et d'un coup d'État ». Il a aussi prétendu que « l'altération de l'ordre constitutionnel du Venezuela » étaient la cause de la souffrance du peuple vénézuélien « depuis les 18 dernières années », en d'autres mots, depuis l'élection de Hugo Chavez à la présidence du Venezuela qui a contribué à des améliorations monumentales indiscutables aux conditions de vie et sociales du peuple vénézuélien. Son « témoignage » a été une litanie de demi-vérités, d'accusations diffamatoires et de mensonges purs et simples dans le but de « prouver » que le peuple vénézuélien est dans le besoin et vit une crise humanitaire et souffre d'abus si massifs des droits humains que la « communauté internationale » doit intervenir de façon urgente contre le gouvernement du pays. L'objectif était aussi de cacher les nombreuses réalisations de la Révolution bolivarienne en fait de droits humains et dans un grand nombre de domaines au cours des dernières 18 années pendant lesquelles ont été rejetées les soi-disant « solutions » néolibérales.

2. Rowswell est le président du Conseil international du Canada (CIC), qui se fait appeler le Conseil canadien des relations étrangères. On lit dans son curriculum vitae qu'il a été l'envoyé du Canada en Irak au début de l'occupation américaine en 2003 et a dirigé l'équipe de reconstruction provinciale de l'OTAN à Kandahar, à l'apogée de l'engagement militaire du Canada en Afghanistan occupé.

Il a également travaillé avec le US National Democratic Institute (NDI), qui relève du National Endowment for Democracy (NED), une organisation créée pour prendre en charge le travail précédemment effectué par la CIA lié au recrutement et au financement d'agents au sein de pays pour mener des activités déstabilisatrices dans les pays ciblés par les États-Unis pour un changement de régime. Dans l'article sur Rowswell paru en 2017 dans le Ottawa Citizen , il y déclare qu'une des plus grandes satisfactions de sa carrière a été de créer une unité aux Affaires étrangères pour « favoriser la démocratie à l'étranger ».

Parmi ses autres emplois, il a été conseiller en « stratégie internationale » auprès du Conseil privé des gouvernements de Jean Chrétien et de Stephen Harper, ainsi qu'au Centre américain d'études stratégiques et internationales, un groupe de réflexion basé à Washington. Rowswell a fait la plus grande partie de sa formation professionnelle aux États-Unis, à la School of Foreign Service de l'Université de Georgetown à Washington, (1989-1993), et il a fait des études et d'autres projets liés à la promotion de la démocratie et à la recherche sur les « révolutions des couleurs » à l'Université de Stanford en Californie. Il a également fait des études supérieures à l'Université d'Oxford à Londres.

Rowswell est un des principaux partisans de la « diplomatie numérique », spécialisée dans l'utilisation des médias sociaux pour nouer directement le dialogue avec la « société civile » en contournant leurs gouvernements - ce qu'il a mis en pratique avec des opposants au gouvernement et des « activistes des droits de l'homme » en Égypte et en Iran avant d'atterrir au Venezuela en tant qu'ambassadeur du Canada de 2014 à 2017. Un des principaux projets de l'ambassade du Canada au moment où il était ambassadeur au Venezuela a été de nouer des liens avec les « défenseurs des droits de l'homme » et de leur décerner des prix lors des concours annuels parrainés par l'ambassade. Rowswell a dit à ce sujet : « Nous sommes devenus l'une des ambassades les plus actives en prenant position sur la question des droits de l'homme et en encourageant les Vénézuéliens à s'exprimer ». Un examen des lauréats révèle qu'un bon nombre d'ONG et d'individus honorés et récompensés par des voyages aller-retour, toutes dépenses payées, au Venezuela et au Canada, pour rencontrer des organisations de « défense des droits de l'homme » et d'autres acteurs, ont généralement critiqué le gouvernement de Nicolás Maduro.

 3. « Déclaration du Groupe de Lima », Affaires mondiales Canada, le 4 février 2019.

 4. « In Venezuela, Canada Promotes Democracy. The U.S. Does Not », Ben Rowswell, Globe and Mail, 28 janvier, 2019.

Haut de page


Le mécanisme de Montevideo en quatre étapes pour
la paix et le dialogue


Délégations du Mexique, de l'Uruguay et de la CARICOM à Montevideo le 6 février 2019

Le 6 février, le président du Venezuela Nicolás Maduro a donné son « appui total » au plan en quatre étapes conçu par les pays des Caraïbes qui font partie de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et par le Mexique et l'Uruguay, le plan pour la paix et la démocratie au Venezuela. Le lendemain, une réunion a eu lieu à Montevideo, en Uruguay, à l'initiative de l'Uruguay et de l'Union européenne (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni et Suède) et avec la participation de représentants du Costa Rica, de la Bolivie et de l'Équateur, qui se sont appelés le Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela initié par l'UE. Le but de la réunion était d'explorer les moyens de favoriser un règlement politique négocié de la crise au Venezuela sans recourir à la force.

Le ministre des Affaires étrangères de Bolivie Diego Pary (deuxième de la gauche) et le secrétaire aux Affaires étrangères du Mexique Marcelo Ebrard,  Montevideo, 7 février 2019

Alors que la plupart des pays membres du GCI ont reconnu Juan Guaidó comme « président par intérim » du Venezuela, le Mexique, l'Uruguay et la CARICOM ont présenté une proposition intitulée « Mécanisme de Montevideo », qui, selon eux, est axée sur les principes de la non-intervention, de l'égalité juridique des États, de la résolution pacifique des conflits, du respect des droits humains et de l'autodétermination.

Comme on pouvait s'y attendre, la réunion n'a pas pu aboutir à un consensus. Le groupe de pays dirigé par l'Union européenne (UE) a publié une déclaration au nom du GCI mettant comme condition au règlement de la crise la tenue d'élections, l'envoi d'une aide humanitaire et d'une mission technique sans le consentement du gouvernement du Venezuela, ce qui est une violation du droit international. Le Mexique et la CARICOM ont maintenu leur position de principe, tout comme la Bolivie, et ne se sont pas ralliés à la tentative de l'UE de créer des conditions préalables à toute négociation et à sa volonté de dicter des questions qui relèvent uniquement du peuple vénézuélien, telles que la tenue d'élections. L'Uruguay a cependant signé la déclaration du GCI. Lors de la réunion, le ministre des Affaires étrangères de la Bolivie, Diego Pary, a officiellement adhéré au Mécanisme de Montevideo au nom du gouvernement et a exhorté ceux qui avaient imposé des sanctions illégales au Venezuela, y compris à l'UE, à les lever, affirmant que le blocus imposé au Venezuela affectait l'économie.

Une autre réunion est prévue au début de mars.


Réunion sur le Venezuela, Montevideo, Uruguay, 7 février 2019 (@EmbaMexUruguay)

Le texte du Mécanisme de Montevideo

Les gouvernements du Mexique, de l'Uruguay et de la CARICOM, en réponse à l'appel du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sont d'accord que la meilleure façon de traiter de la situation complexe qui prévaut au Venezuela est le dialogue en vue d'une négociation, à partir d'une position de respect du droit international et des droits humains. La position historique prise par nos pays est et sera toujours de privilégier la diplomatie par rapport aux autres alternatives car elle est le seul moyen de réaliser une paix et une stabilité qui soient durables, légitimes et effectives.

En conséquence, nous proposons le Mécanisme de Montevideo, basé sur notre intérêt et notre volonté légitimes d'aider le peuple vénézuélien et les parties prenantes à trouver une solution à leurs différends. Cette initiative est offerte aux acteurs vénézuéliens en tant qu'alternative pacifique et démocratique qui privilégie le dialogue et la paix et vise à créer toutes les conditions nécessaires à une solution inclusive, globale et durable.

Ce mécanisme, expression d'une diplomatie active, proactive et conciliante visant à rapprocher les parties en conflit, à éviter le conflit et la violence, est guidé par les principes de non-intervention, de respect pour les droits humains et d'autodétermination.

En nous basant sur l'expérience des pays signataires des processus de médiation et de résolution pacifique de conflits, nous proposons un processus en quatre étapes qui va se dérouler sur une période de temps raisonnable sur laquelle les parties vont s'entendre au préalable :

1. Phase du dialogue : création des conditions de contacts directs entre les acteurs, dans un environnement de sécurité.

2. Phase de négociation : présentation stratégique des résultats de la phase précédente aux parties, dans un effort pour trouver des points communs et des points d'opportunité permettant l'assouplissement des positions et l'identification de points d'entente potentiels.

3. Phase des engagements : élaboration et signature d'accords reposant sur les résultats de la phase de négociation, selon les caractéristiques et l'échéancier préalablement acceptés.

4. Phase de la mise en oeuvre : matérialisation des engagements conclus dans la phase précédente et accompagnement international.

Les parties qui adhèrent à cette déclaration sont d'accord que la complexité des circonstances ne doit pas être une raison pour écarter les canaux diplomatiques de règlement de différends, et réitèrent leur décision d'aider à restaurer la tranquillité du peuple vénézuélien par le dialogue et la paix, de réduire les tensions entre les forces politiques et d'éviter la menace ou le recours à la force.

Nos gouvernements réitèrent également leur préoccupation face à la sérieuse situation humanitaire et exhortent respectueusement toutes les parties à garantir l'application des droits humains et des libertés prescrites dans la Charte de l'ONU, à laquelle le Venezuela a souscrit.

Nous proposons ce mécanisme pour garantir une solution pacifique et démocratique qui évite une escalade de la violence. Advenant que les parties décident de communiquer entre elles, nous inviterions madame Rebecca Grynspan, ex-vice-présidente du Costa Rica et actuelle secrétaire générale ibéro-américaine, et messieurs Enrique Iglesias et Bernardo Sepúlveda, ex-ministres des Affaires étrangères de l'Uruguay et du Mexique, de même que Sir David Simmons, ex-juge en chef de la Barbade et haut représentant de la CARICOM, en tant que personnalités d'une expérience internationale et d'une qualité morale reconnues, à accompagner ce mécanisme.

(Montevideo, le 6 février 2019)

Haut de page


Le Comité international de la Croix-Rouge dit que l'aide humanitaire doit passer par les canaux officiels

Le 1er février, le conseiller à la Sécurité nationale John Bolton a annoncé par un gazouillis que les États-Unis vont donner suite à leur plan d'envoyer de l'aide humanitaire au Venezuela.

« À la suite de la requête du président intérimaire Juan Guaidó, et en consultation avec ses représentants, les États-Unis vont mobiliser et transporter de l'aide humanitaire - médicaments, fournitures chirurgicales et suppléments nutritifs - pour le peuple du Venezuela. Il est temps que Maduro cède la place », a gazouillé Bolton.

Le Comité international de la Croix-Rouge [CICR] a dit avoir discuté avec les États-Unis des risques de faire parvenir l'aide humanitaire au Venezuela sans l'approbation des forces de sécurité loyales au président Maduro. Le directeur des opérations mondiales du CICR, Dominik Stillhart, a dit que le comité va prendre part à ces efforts coordonnés seulement s'ils sont organisés « avec l'accord des autorités, quelles que soient ces autorités ».

Haut de page


Points de vue

Notre démocratie est de protéger


Les gains sociaux réalisés avec la Révolution bolivarienne lancée il y a 17 ans demeurent malgré les difficultés causées par les sanctions étasuniennes et la destruction économique provoquée par les riches élites.

L'article qui suit est un texte d'opinion de Nicolás Maduro publié dans le quotidien espagnol El Pais lors de l'élection présidentielle le 20 mai 2018. Il y représentait le Grand Front de la patrie (Frente Amplio de la Patra), qui regroupait le Parti socialiste unifié, le Parti communiste, le Parti Patrie pour tous, le Parti Tupamoro, le Parti Nous sommes le Venezuela et plusieurs autres.

***

Notre démocratie est différente des autres. Parce que toutes les autres — dans pratiquement tous les pays du monde — sont des démocraties formées par et pour les élites. Ce sont des démocraties où la justice est ce qu'il y a de mieux pour quelques-uns. Ce sont des démocraties de classe où beaucoup sont considérées plutôt comme une quantité, mais en tout cas pas de qualité.

Au Venezuela, non. Au Venezuela, la démocratie est pour le plus grand nombre et l'équité est ce qui est bon pour tout le monde. Et à mesure que les besoins des gens changent, s'articulent et se renouvellent, notre projet est un projet révolutionnaire en constante évolution.

Par exemple, il y a 20 ans, il était normal de naître au Venezuela au milieu de la violence obstétrique. Et il était loin de nous tous d'imaginer que la santé d'un nouveau-né n'est pas le seul enjeu, mais aussi la santé et les droits d'une mère et de sa famille. Mais la révolution a changé et est devenue féministe. Ensemble, nous avons décidé d'éliminer la violence masculine de notre système de santé et d'autonomiser les femmes par le biais du programme national d'accouchement humanisé, en respectant leur projet et leurs décisions concernant l'accouchement et l'éducation.

Sous les gouvernements chavistes nous avons
promu une politique de plein emploi.

Il y a vingt ans, avant notre révolution bolivarienne, il était normal de blâmer le chômage des jeunes sur les jeunes eux-mêmes et l'idée que les pauvres étaient pauvres parce qu'ils étaient paresseux. Et que, parce qu'ils étaient paresseux, ils méritaient une mauvaise santé, des salaires de misère et d'être des sans-abris. Mais avec nous au gouvernement, les choses ont changé. Et nous avons pu dire avec force qu'il n'est pas juste qu'une personne reste pauvre si elle travaille toute la journée. C'est pourquoi, sous les gouvernements chavistes, nous avons promu une politique de plein emploi et que dans mon gouvernement nous avons lancé, grâce au « Carnet de la Patria » (qui est un système qui intègre numériquement tous les hommes et les femmes vénézuéliens) et le plan « Chamba Juvenil », pour garantir à nos jeunes l'accès au travail et à leur avenir.

Nous avons également dit il y a 20 ans qu'il était injuste que l'accession à la propriété soit un rêve pour le peuple, mais réalisable seulement pour les élites. Nous avons donc créé la « Gran Misión Vivienda » avec laquelle nous avons construit et livré plus de deux millions de logements de qualité et gratuits aux familles. Et nous prévoyons atteindre, dans quelques années, les cinq millions de logements construits.

À partir de cette année, je vais également mettre en oeuvre un nouveau plan de sécurité sociale pour que le Venezuela puisse revenir à l'éducation et à la santé qu'il avait avant les assauts et la guerre économique et qui a servi d'exemple de qualité pour l'Amérique latine. Une sécurité sociale qui sera soutenue par une économie productive stable, souveraine et prospère et qui ne subira pas les hauts et les bas des prix du pétrole.

La révolution économique de cette nouvelle période bolivarienne doit être innovante et créative. Parce que nous avons décidé de répondre au blocus commercial inhumain auquel les gouvernements des États-Unis et de l'Europe nous ont soumis et qui a fait tant de mal à notre peuple, avec l'invention de la première cryptomonnaie soutenue par la richesse mondiale, le pétrole, dont les profits sont déjà immédiatement investis dans le peuple, comme nous l'avons toujours fait.

Parce que pour nous, il est essentiel dans notre démocratie que l'économie serve la population et non que la population serve l'économie. Une économie qui n'est que spéculation et qui ne considère pas la prospérité et la souveraineté du peuple comme une priorité, c'est la faim pour aujourd'hui et demain, du pain pour l'empire. L'économie est au coeur de notre projet révolutionnaire. Mais c'est d'abord et avant tout dans mon coeur. L'économie est soit pour les gens, soit pour les abus. Pour nous, Bolivariens, l'économie c'est la justice et la démocratie, c'est la protection.

Je comprends le désespoir des élites qui se sont dévouées pour convertir le peuple en populisme

Au Venezuela, nous utilisons une belle expression pour appeler nos amis : « Mi pana ». Il y a plusieurs explications, mais pour moi c'est parce qu'ici un ami est un petit morceau de vous-même. Et c'est aussi, pour nous Bolivariens, la coexistence démocratique. Notre démocratie est une démocratie de « panas », parce que pour nous la Patrie est « la panana » et l'autre est en moi. Parce que pour nous, il n'y a de liberté et de démocratie que lorsqu'il y a une autre personne qui pense différemment ait aussi un espace où cette personne peut exprimer son identité et ses différences. C'est pourquoi nous nous sommes passionnément engagés en faveur de la transparence, du respect des lois électorales pour les élections du 20 mai prochain. Nous sommes en concurrence avec quatre autres candidats, tous différents, mais tous respectueux de l'accord de garanties démocratiques signé par 14 des 18 partis politiques du Venezuela. Et ce processus sera propre et exemplaire, autant et plus que les dizaines d'élections auxquelles les Vénézuéliens ont participé au cours des deux dernières décennies.

Ce qui se passe, c'est que nous en avons assez de vivre polarisés. Nous avons décidé de transformer la violence politique des « guarimbas » en pouvoir constituant et de nous retrouver dans une Constitution faite par le peuple et pour le peuple. C'est pourquoi je comprends le désespoir des élites qui, pendant des décennies, se sont consacrées à transformer le peuple en populisme, insulte, tyrannie et barbarie. La nôtre, par contre, est une démocratie fièrement populaire, sans aucun doute. C'est une démocratie populaire.

Une démocratie qui est aussi latino-américaine, africaine et indigène. Parce qu'au Venezuela, nous avons un rite et un mythe fondateur. Nous avons Bolivar et Chavez. Ce n'est pas du passé, mais c'est de l'histoire. Et en tant qu'histoire, ils sont aussi notre présent, parce qu'ils sont le sens à partir duquel nous guidons notre avenir. Nous sommes une démocratie unique parce que nous sommes une démocratie de « panas », juste, latino-américaine, populaire, bolivarienne. Et là où l'autre est la Patrie, alors nous avancerons tous ensemble, ici et maintenant. Parce que, comme l'a dit Neruda :

Creo que no nos juntaremos en la altura
creo que bajo la tierra nada nos espera
pero sobre la tierra vamos juntos
Nuestra unidad está sobre la tierra

(Nous n'allons pas nous réunir là-haut
rien ne nous attend sous terre
mais sur terre, nous marchons ensemble
sur terre nous attends notre unité)

(Publié dans le quotidien espagnol EL PAIS / Traduction Bernard Tornare)

Haut de page


Reportage photo

Des actions aux États-Unis et au Canada
dénoncent l'ingérence dans les affaires
intérieures du Venezuela

De militantes manifestations ont eu lieu le 4 février à Montréal, Ottawa, Hamilton et à Vancouver pour dénoncer la réunion du Groupe de Lima à Ottawa et toute ingérence étrangère, en particulier celle du Canada, dans les affaires du Venezuela. Par leurs actions, les Canadiens ont clairement exprimé qu'ils n'acceptent pas que le Canada viole la souveraineté d'autres pays, que ce soit au moyen d'interventions militaires ou prétendument diplomatiques, et que le Groupe de Lima, avec son objectif de changement de régime qui est fondamentalement en violation du droit international, n'est pas le bienvenu au Canada.

Ottawa









Montréal




Toronto




Hamilton



Vancouver


Halifax - Forum sur le Venezuela

Forum sur le Venezuela à Halifax

Une réunion animée a été organisée à Halifax le 2 février pour dénoncer la tentative de coup d'État au Venezuela. Parmi les orateurs, il y avait Charles Spurr (No Harbour for War), Isaac Saney (Réseau canadien pour Cuba), Tim Bood (observateur électoral international au Venezuela) et Afua Cooper (poète officielle de Halifax et professeure de la chaire Robinson Johnston des Études sur les Noirs du Canada de l'Université Dalhousie). Un membre de la Voix des femmes pour la Paix a lu la lettre ouverte de cette organisation au premier ministre Justin Trudeau et à la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland. Les participants ont souligné la légitimité de la Révolution bolivarienne et du gouvernement Maduro à représenter le peuple vénézuélien.

États-Unis

Des actions urgentes se sont tenues partout aux États-Unis du 24 au 26 janvier, notamment à Washington, DC, à Boston, à Chicago, à Los Angeles, à San Francisco, ainsi qu'à Seattle, dans l'État de Washington, à Boise, en Idaho, à Salt Lake City en Utah, à Minneapolis, au Minnesota, à Springfield, au Missouri, à Indianapolis, au Indiana, à Dallas, au Texas, à Columbia, en Caroline du Sud, à Miami, à Pensacola, à Sarasota et à Tallahassee, en Floride, à Pittsburgh et à Philadelphie, en Pennsylvanie. Des manifestations ont eu lieu partout dans le monde et d'autres sont prévues le 23 février, un mois après l'autoproclamation de Guaid ó en tant que président, et aussi en mars. Ce vaste et vigoureux mouvement d'opposition contre les sanctions, les coups et une possible intervention militaire des États-Unis est important pour bloquer les efforts continus des États-Unis de dominer et d'imposer leur diktat.

Washington

New York


Chicago, Illinois
Miami, Floride

San Francisco, Californie

Los Angeles, Californie

(Photos : LML, Coalition de Hamilton contre les sanctions et la guerre, Frente Hugo Chavez, No Harbour for War, B. Patterson, ANSWER)

Haut de page


Brésil

Les travailleurs brésiliens manifestent contre la sentence sans fondement contre Lula


Fernando Haddad s'adresse aux manifestants en appui à Lula, à Sao Paulo, le 7 février 2019.

Le Parti des travailleurs du Brésil (PT) a organisé des manifestations le 7 février - à Sao Paulo, Porto Alegre, Cuiaba et dans d'autres villes du pays - en appui à l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, condamné sans motif à une peine de 12 ans et 11 mois de prison par la juge Gabriela Hardt.

« Une fois de plus, Lula est condamné sans preuve. Le président qui a fait le plus pour le peuple brésilien est maintenant un prisonnier politique », a affirmé le PT dans un manifeste publié sur les réseaux sociaux.

Le PT a également appelé ses membres à concentrer leurs efforts à Curitiba où Lula purge depuis avril 2018 une peine de 12 ans et un mois de prison pour une autre affaire.

Fernando Haddad, qui a remplacé Lula lors de la course à la présidence d'octobre 2018, a souligné que la lutte pour la libération de Lula et la lutte des travailleurs contre les revers de la démocratie au Brésil faisaient partie du même processus politique.

« Nous voulons l'équité, nous voulons la justice. Nous voulons que chaque décision d'un juge soit fondée sur des preuves, et non sur une condamnation », a déclaré Haddad devant le siège du PT à São Paulo, ajoutant que « je parle ici, non en tant qu'ami de Lula ou de membre du PT, mais en tant que citoyen préoccupé par le destin de notre pays et par le manque d'impartialité de la justice ».

Selon le PT, la nouvelle peine prononcée contre l'ancien président brésilien de gauche est « pleine d'erreurs » et représente « un autre épisode d'un complot de persécution judiciaire qui vise à dissoudre le leadership politique de Lula ».

Eugenio Aragao, ancien ministre de la Justice qui coopère à la défense du chef du PT, a déclaré que les causes de Lula devant les tribunaux ne seront pas réglées favorablement par le système judiciaire car toutes les poursuites judiciaires contre lui ont été élaborées de manière politique.

« Une issue favorable à l'affaire Lula sera politique, et non judiciaire. Les accusations et la condamnation à son encontre sont politiques... elles font partie d'un projet corporatif du ministère public et du pouvoir judiciaire », a expliqué Aragao, confirmant que la nouvelle peine manque de preuves, tout en soulignant que l'objectif véritable est de maintenir Lula en prison.


Curitiba, 8 février 2019

(teleSUR, le 8 février 2019. Photos : CUT)

Haut de page


Réclamer justice pour Lula est une lutte
de principes

Au nom du Parti communiste du Brésil (PCdoB), le vice-président national du Parti, Walter Sorrentino a envoyé un message d'appui au président Luiz Inácio Lula da Silva, qui a été victime de nouvelles injustices, le mercredi 6 février dernier. Lula a été condamné à une autre peine d'emprisonnement de 12 ans et 11 mois dans le cadre d'un autre procès sans fondement dont la peine est aussi controversée que la précédente qui l'a forcé de rester derrière les barreaux six mois avant l'élection présidentielle de 2018.

***

Chers et estimés camarades du Comité pour la libération de Lula,

Aujourd'hui est un autre jour de lutte et de protestation pour que justice soit faite face à la condamnation de Lula.

La nouvelle sentence est la poursuite de la lutte des ennemis du peuple et de la nation pour tenter d'éradiquer les forces politiques et sociales qui ont permis de grandes réalisations pour les Brésiliens dans le cours de l'histoire du Brésil. C'est la cruauté sans précédent des secteurs dominants qui n'ont jamais hésité à piétiner la Constitution et l'État de droit lorsqu'il s'agit d'étouffer les dirigeants populaires. C'est une pure expression de racisme politique.

Nous savons qui sont ceux qui en font la promotion, nous savons ce qu'ils représentent ; nous les avons affrontés à plusieurs reprises au cours du XXe siècle, ils ne nous font pas peur. Nous devrons le faire une fois de plus et les vaincre, au nom de la justice et de la liberté.

Lula deviendra encore plus grand dans l'histoire des luttes brésiliennes. Sa peine d'emprisonnement représente toute une situation historique vécue par le Brésil et le monde. La lutte pour sa liberté représente le combat contre les nouvelles formes de domination autoritaire qui ont vu le jour, étayées par une guerre sur le front juridique qui attaque l'État de droit démocratique.

Par conséquent, obtenir justice pour Lula n'est pas un combat momentané ni un mouvement à court terme, mais une lutte pour des positions et des principes qui représentent un engagement historique à lutter contre les bourreaux du peuple. Le moral élevé de Lula nourrit notre lutte et notre lutte renforce la résistance de Lula et de vastes secteurs du peuple brésilien contre l'arbitraire.

Salutations chaleureuses à tous. Nous sommes prêts et exprimons notre profonde solidarité avec les dirigeants nationaux et les membres du PT et du comité national et international pour la libération de Lula,

Walter Sorrentino
Vice-président national, PCdoB

(Le 6 février 2019. Traduction LML)

Haut de page


Six failles dans la nouvelle guerre
judiciaire menée contre Lula

Le 6 février, la juge par intérim Gabriela Schmidt, qui a récemment remplacé Sergio Moro dans l'enquête Opération Lave-Auto, a reconnu Luiz Inacio Lula da Silva coupable de corruption à la suite d'accusations liées à de présumées réformes illégales liées à une propriété de villégiature à Atibaia, une petite ville rurale de Sao Paolo. Elle l'a condamné à une peine d'emprisonnement de 12 ans et 11 mois. Il s'agissait du deuxième de trois procès pour corruption qui ont été entamés par Sergio Moro, le nouveau ministre de la Justice du président de l'extrême droite Jair Bolsonaro. Moro fait présentement des pieds et des mains pour protéger le fils de son patron, Flavio, contre qui pèsent des allégations de blanchiment d'argent et de liens avec une escouade de la mort paramilitaire qui fait présentement l'objet d'une enquête relativement à l'assassinat de la conseillère municipale Marielle Franco. Tout comme le jugement par lequel Lula a été tenu à l'écart des élections présidentielles, ce procès a plus de failles qu'il y a de trous dans un fromage suisse. En voici quelques exemples :

1) Comme dans le cas de l'appartement au bord de mer de Guaruja qui a servi de prétexte pour arrêter Lula au début de la saison électorale de 2018, les enquêteurs n'ont pu prouver que la propriété en question appartenait à Lula. En fait, la propriété est légalement enregistrée au nom de Fernando Bittar. Bittar est un homme d'affaires et le fils de l'un des plus anciens amis de Lula, Jaco Bittar, un ancien dirigeant syndical et l'ancien maire de Campinas, qui a une population d'un million d'habitants et est la onzième ville la plus riche du Brésil en termes de PIB. Les familles Bittar et Da Silva passent leurs vacances ensemble depuis les années 1970. L'équipe d'enquêteurs prétend que la famille Bittar a été impliquée malgré elle dans une opération répréhensible mais n'a pas pu présenter des preuves à cet effet. Aussi la valeur de la relativement modeste propriété en question n'a rien d'inabordable pour Fernando Bittar.

2) Comme dans le cas des rénovations liées à l'appartement de Guaruja, ce n'est pas clair, en termes juridiques, pourquoi un tribunal local de Curitiba a compétence sur l'État voisin de Sao Paolo, qui a ses propres tribunaux de district et son propre ministère public. Ce facteur à lui seul est en violation de l'article 70 du Code criminel du Brésil et constituerait une raison suffisante pour qu'un juge impartial mette fin au procès une fois pour toutes. Cependant, en 2018, la procureure générale fédérale, Rachel Dodge, contre qui pèsent les accusations de la Police fédérale de protéger l'ex-président Michel Temer, dans un geste de pure partisanerie politique, a rejeté la requête des avocats de la défense de Lula qui demandaient que le procès ait lieu dans le district compétent, le système judiciaire de Sao Paulo.

3) L'accusation de corruption qui pèse contre Lula repose sur un abus d'autorité en échange de services. Comme dans le cas précédent de l'Opération Lave-Auto et des accusations portées contre Lula, l'enquêteur Sergio Moro n'a pas pu prouver quelles étaient les faveurs en question, puisque dans les deux cas les rénovations ont été mises en oeuvre après que Lula ait quitté son poste de président et alors qu'il n'exerçait aucune fonction publique.

4) En vertu d'une échappatoire dans la loi brésilienne qui date de l'époque de l'Inquisition, un juge peut parfois entreprendre sa propre enquête et la présider sans jury. Le juge Sergio Moro a mené une enquête sur Lula pendant plusieurs années et sa carrière dépendait de la condamnation de Lula. C'est pourquoi il a rejeté toutes les preuves présentées par la défense et déclaré la suprématie de sa propre enquête. Il fut autorisé à statuer sur un procès dont il était lui-même l'instigateur, bien que la Cour suprême ait mis fin à des procès de cette nature en raison de problèmes d'impartialité.

Après qu'il eut été présenté pendant des années dans les médias de l'Amérique du Nord comme le héros impartial de la lutte contre la corruption, Moro a laissé tomber son masque et a agi ouvertement en tant que partisan politique de la droite lorsqu'il s'est joint au gouvernement néofasciste de Bolsonaro en tant que ministre de la Justice. Il a alors annoncé des mesures visant à attaquer les syndicats et faciliter les assassinats extrajudiciaires perpétrés par les policiers. Lorsque Moro a quitté l'Opération Lave-Auto et s'est joint au cabinet de Bolsonaro, il a confié l'opération à sa protégée locale, Gabriela Schmidt. Suivant les traces de son mentor, celle-ci a rejeté du revers de la main les 1 643 pages de preuves colligées par les avocats de la défense pour prouver l'innocence de Lula.

5) Comme dans le cas de l'accusation antérieure de Lula, celle-ci repose entièrement sur le résultat d'une négociation de plaidoyer avec un homme d'affaires corrompu qui, en échange de son témoignage, a pu conserver une partie de ses actifs et bénéficier d'une réduction de sa peine d'emprisonnement.

6) L'Opération Lave-Auto est une enquête issue d'un partenariat entre le département de la Justice des États-Unis, une cour du district fédéral et le Bureau du ministère public de Curitiba, à Parana. Le département de la Justice est intervenu dans l'opération en vertu de la Loi sur la corruption dans les transactions à l'étranger qui ne s'applique pas relativement aux accusations portées contre Lula puisqu'il n'a jamais été confirmé qu'il possédait des comptes bancaires américains ou qu'il participait à des pots-de-vin versés en dollars. Néanmoins, pas moins de quatre fois, les fonctionnaires du département de la Justice des États-Unis se sont vantés publiquement de la condamnation de Lula.

Si Lula est présentement incarcéré, c'est en raison d'une décision exceptionnelle de la Cour suprême qui a permis son arrestation avant que son processus des appels ne se mettent en marche, mais aussi des menaces publiques proférées par le général Vilas Boas contre les ministres, et ce, au début d'une période électorale qui voyait Lula à la tête des sondages et jouissant d'une popularité deux fois plus importante que celle de Bolsonaro. En fait, il devrait être en toute liberté en attendant l'issu de son processus des appels. Ces processus des appels peuvent durer plusieurs années et l'aboutissement de celui-ci peut tirer en longueur. Pendant ce temps, Lula continue de croupir en isolement cellulaire - en violation des Règles Nelson Mandela - suite à une condamnation obtenue par une guerre judiciaire appuyée par les États-Unis qui avait comme objectif, comme l'a fait valoir Glen Greenwald l'année dernière, de tenir Lula à l'écart des élections. Cette action a ouvert la porte à la mise en place d'un État-client fasciste qui appuie les interventions des États-Unis au Venezuela, remet les ressources naturelles entre les mains du capital du Nord et attaque brutalement les droits humains et syndicaux. En collaboration avec ses maîtres capitalistes internationaux, il tente maintenant de détruire le legs du président le plus populaire de l'histoire du Brésil.

(Brasil Wire, 7 février 2019. Traduction LML)

Haut de page


L'élection présidentielle au Salvador

La nécessité de tirer les conclusions qui s'imposent


Le vote à San Vicente, une municipalité proche de San Salvador, le 3 février 2019.

Le peuple du Salvador ressent la nécessité urgente de tirer les conclusions qui s'imposent des résultats de l'élection présidentielle du 3 février 2019. L'élection a été remportée au premier tour par Nayib Bukele, un indépendant qui met de l'avant une plate-forme appelée « nouvelles idées ». Pendant la campagne électorale, il aurait rejoint le parti de la Grande Alliance pour l'unité nationale (GANA) à la dernière minute, après qu'il ait été incapable d'enregistrer son propre parti Nouvelles Idées à temps pour que son nom soit inscrit sur le bulletin de vote en tant que candidat.

Cette élection est la sixième élection présidentielle depuis la fin de la guerre sale de 1980-1992 lancée par les impérialistes américains pour consolider leur emprise sur les ressources et le travail du pays. Compte tenu du faible taux de participation (51.8 %) et du rejet catégorique du Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN), qui s'oppose ouvertement au néolibéralisme et protège le peuple contre ses conséquences néfastes, il est important de tirer des conclusions qui s'imposent des résultats des élections.

Nayib Bukele a-t-il été élu parce qu'il a de « nouvelles idées » ? Ou est-il la créature d'agences de marketing qui apparaissent un peu partout dans le monde pour s'assurer que les efforts du peuple pour se donner le pouvoir soient écrasés au profit de soi-disant indépendants sans affiliation à une organisation politique à laquelle ils devraient rendre des comptes ? Quelle voie doit prendre le Salvador à partir de maintenant ?

Nayib Bukele, âgé de 37 ans, est maintenant le plus jeune président d'Amérique latine. On ne parle pas beaucoup de ce que pourraient être ses « nouvelles idées » et des raisons pour lesquelles elles sont favorables au corps politique salvadorien. Quoi qu'il en soit, l'appui qu'il a reçu des impérialistes américains et des gouvernements alliés comme le Canada depuis qu'il a remporté sa victoire en dit long. La première personne à le féliciter pour sa victoire a été le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaidó pour qui Nayib Bukele n'avait que des louanges.

En même temps, beaucoup de choses sont écrites sur les causes de la défaite humiliante du FMLN. Ces histoires comprennent l'échec de deux présidences, l'une marquée par la corruption et l'autre par l'inefficacité, ainsi que des alliances douteuses et intéressées avec le parti de l'oligarchie salvadorienne, l'ARENA. La principale caractéristique de toutes ces histoires est de masquer les conditions difficiles au Salvador, un petit pays qui subit d'énormes pressions à cause du pillage impérialiste de ses ressources par les États-Unis, de l'exploitation de son peuple comme une source de main-d'oeuvre bon marché et du soutien à l'oligarchie, à son pillage et ses violations des droits humains. Quel devrait être le programme et le rôle d'un parti politique est devenu la question la plus importante, mais aussi la plus oubliée. Réduire la discussion à une simple question de politique et de concurrence électorales ne permet pas d'examiner et de discuter les véritables sujets de préoccupation. L'euphorie des médias internationaux après l'élection de Nayib Bukele ne laisse aucune place à une discussion sur la manière dont il s'attaquera aux problèmes auxquels le peuple du Salvador fait face.

Jusqu'à présent, le FMLN n'a pas encore répondu aux besoins du corps politique du Salvador. Dans sa déclaration reconnaissant sa défaite du 3 février, le FMLN assume toute la responsabilité et déclaré qu'il assumera son rôle d'opposition à l'Assemblée législative en luttant pour tout ce qui profite au peuple comme la défense des programmes sociaux, la sécurité des citoyens et en s'opposant à tout ce qui touche négativement la population comme « les privatisations et les licenciements des travailleurs, entre autres ». C'est un programme réactif à un moment où le peuple a besoin de sa propre politique et de son propre ordre du jour indépendants.

Deux jours plus tard, le FMLN a publié un communiqué dans lequel il déclare être conscient de la nécessité d'entreprendre « un examen détaillé des nouvelles réalités politiques et sociales, de ses méthodes et de sa stratégie, et de la nécessité d'apporter des changements dans ses organes de direction afin de continuer à être un parti de gauche capable de lutter avec notre peuple pour une société fondée sur la justice sociale, l'égalité et la liberté. » Il dit qu'il le fera en incorporant davantage de femmes et de jeunes au sein du parti et devançant au début de l'année ses élections internes. Dans son communiqué, la commission politique demande nommément à tous les membres de la commission politique de ne pas se présenter à un poste de direction du parti lors de ces élections.

Le Conseil exécutif national de l’ARENA est lui aussi tombé sur son épée, et a annoncé le 5 février qu’il demandait au conseil électoral national du parti de procéder à ses élections internes le plus tôt possible, et a annoncé qu’aucun de ses membres actuels ne chercherait à être réélu, mais qu’ils céderaient leur fonctions aux personnes élue par le parti.

Quant à Nayib Bukele, il est présenté comme un ancien membre du FMLN qui a été expulsé en 2017 pour des raisons d'éthique. Avant d'être élu, il aurait indiqué que s'il devenait président, il gouvernerait indépendamment de la GANA avec laquelle il aurait conclu une entente quelconque. Selon les médias, les modalités de l'entente qui a amené la GANA à accepter que Bukele soit son candidat n'ont pas été révélées.

Toutefois, un peu plus d'une semaine avant le jour du scrutin, il a tenu à dénoncer les « dictateurs de droite et de gauche », en citant Nicolás Maduro au Venezuela, Daniel Ortega au Nicaragua et Juan Orlando Hernández au Honduras, qui, selon lui, « n'auront jamais de légitimité parce qu'ils se maintiennent au pouvoir par la force et ne respectent pas la volonté de leur peuple ». De quelle manière il entend jauger la volonté du peuple, et sans parler de le représenter sans parti politique qui lie le peuple au pouvoir politique est une question qui exige une réponse. L'autre président qui avait promis de le faire, c'est Emmanuel Macron en France, qui aussi a été présenté comme le plus jeune président de l'histoire de ce pays. Cependant, il n'a pas très bien réussi à établir sa crédibilité démocratique ou à résoudre la crise dans laquelle la France est embourbée.

La campagne de Nayib Bukele était basée sur sa prétention d'être un candidat anti-establishment et une alternative à l'ARENA et au FMLN, qui sont les deux seuls partis à avoir occupé la présidence depuis la fin de la guerre civile de 1980-1992. Pendant la guerre, les États-Unis sont intervenus militairement contre les forces populaires dirigées par le FMLN et d'autres forces insurgées qui luttaient pour la libération nationale contre l'élite dirigeante mafieuse du pays et leurs escadrons de la mort formés par les États-Unis. L'ARENA a été fondée en 1981 par une figure militaire qui commandait les escadrons de la mort. Le FMLN, qui est devenu un parti politique après la signature des accords de paix qui ont mis fin à la guerre, a occupé la présidence depuis 2009, sans une majorité de sièges à l'Assemblée législative. L'ARENA a occupé la présidence pendant 20 ans auparavant, régnant en toute impunité. La GANA a été formée en 2010 suite à une scission au sein de l'ARENA.

La campagne de Nayib Bukele aurait largement compté sur les médias sociaux au lieu de communiquer directement avec les électeurs dans le pays ou de participer aux débats publics. Ceci est devenu le modèle familier des oligopoles de marketing qui fournissent des campagnes électorales. Ils remplacent le rôle d'organisation et de politisation des partis politiques, qui n'existent plus, par des campagnes sur les médias sociaux. Ils inventent des milliers de « j'aime » et déclarent que cela représente « la volonté populaire ». C'est une fraude.

Un élément central de la plate-forme de cet homme d'affaires âgé de 37 ans et ancien maire de San Salvador est la promesse de lutter contre la corruption. Il a annoncé son intention de créer une agence internationale de lutte contre la corruption, semblable à celle du Guatemala, qui reste à ce jour l'un des gouvernements les plus corrompus de la planète.

L'un des défis auxquels le nouveau président devra faire face pour faire adopter des lois à l'Assemblée législative est qu'il faut 43 voix pour qu'une loi soit adoptée. La GANA ne détient que 10 des 84 sièges de l'assemblée, l'ARENA a 37 sièges et le FMLN 23 et les prochaines élections ne se tiendront que dans deux ans. Les tractations et les marchandages qui auront lieu engendreront inévitablement plus de corruption et à cela s'ajoute le fait que le gouvernement de ce président n'a pas en fait le consentement des gouvernés. Toute alliance s'avérera difficile et un gouvernement par décret provoquera une forte opposition.

Dans cette situation, il est urgent que les Canadiens appuient le peuple du Salvador, y compris les Salvadoriens qui résident au Canada, face aux défis qui les attendent. Les impérialistes américains et le gouvernement du Canada sont déterminés à détruire tout ordre du jour qui défend le droit souverain des peuples d'établir leur propre ordre du jour et de se donner des gouvernements qui placent leurs intérêts en premier, et non ceux des États-Unis et de sa machine de guerre.

LML appelle les travailleurs de ce pays à s'opposer aux conclusions faciles à tirer de ce que montrent ces résultats électoraux. Il appartient au peuple du Salvador de délibérer sur cette question et de voir comment il va aller de l'avant. S'écarter des principes démocratiques fondamentaux ne peut l'aider. Cela implique de s'opposer à toute tentative d'interférer avec le droit du peuple salvadorien de prendre des positions indépendantes et d'établir un ordre du jour qui lui permette de défendre ce qui lui appartient de droit.

Les revers électoraux peuvent être surmontés. Les contradictions entre ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force et la fraude et le peuple qui veut se donner le pouvoir s'accentuent. En s'attaquant aux problèmes auxquels ils sont confrontés, les peuples sont forcés de trouver des solutions qui les favorisent.

Le peuple du Salvador possède une grande expérience de la lutte pour la justice sociale et pour s'investir du pouvoir. Il s'est engagé dans cette lutte avant la guerre sale lancée par les États-Unis contre lui, l'a poursuivi pendant la guerre sale et après celle-ci. Les problèmes actuels liés aux niveaux élevés d'insécurité et de criminalité sociale, aux pressions exercées pour migrer vers le nord en dépit des risques, et aux pressions continues exercées par l'impérialisme américain par les nombreux enchevêtrements économiques et militaires qui existent exigent des mesures pratiques, et non des serments de loyauté envers une cause ou des récriminations. Plus important encore, ils révèlent la nécessité de créer des organisations politiques qui permettent aux citoyens de prendre des décisions qui touchent leur vie, de défendre leurs décisions et de réaliser leurs efforts pour se donner le pouvoir. Nous sommes convaincus que le courage révolutionnaire du peuple est tel qu'il s'assurera que ses nombreuses années de lutte et de sacrifices donneront les résultats escomptés.

Haut de page


Les résultats de l'élection

Selon les résultats de l'élection présidentielle qui s'est tenue le 3 février au Salvador, Nayib Bukele a remporté la présidence avec 53,10 % des suffrages exprimés. Compte tenu du faible taux de participation de 51,8 % des 5,2 millions d'électeurs inscrits dans le pays, il ne s'agit pas de l'appui retentissant dont parlent les médias.

Carlos Calleja, candidat à la présidence d'une coalition de quatre partis, l'Alliance pour un nouveau pays, dirigée par l'Alliance républicaine nationaliste (ARENA), a fini deuxième avec 31,72 % des suffrages exprimés, suivi par Hugo Martinez du Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN) avec 14,42 % et de Josue Alvarado de Vamos avec 0,78 %. Bukele a remporté les 14 départements du pays et débutera son mandat de cinq ans le 1er juin.

En annonçant les résultats préliminaires, le président du Tribunal électoral suprême (TSE), Julio Olivo, a dit que les élections précédentes avaient connu en moyenne un taux de participation d'environ 61 %. En tenant compte du taux de participation, on voit que Bukele n'a été élu que par 26 % des électeurs admissibles. Un des magistrats du TSE aurait appelé les acteurs politiques à examiner sérieusement le message qu'une partie importante de la population a exprimé en ne participant pas à l'élection.

Les observateurs internationaux ont généralement indiqué que le scrutin s'est déroulé sans heurts et que les Salvadoriens ont pu voter librement et facilement. Cependant, le Comité de solidarité avec le peuple du Salvador (CISPES), qui dit avoir observé toutes les élections au Salvador depuis la signature des accords de paix de 1992, a déclaré avoir trouvé « préoccupant » que Bukele ait envoyé « des messages très forts au public mettant en garde contre une fraude électorale supposée », le déclarant « hautement irresponsable d'avoir semé les germes du doute dans la population sans aucune preuve ». Il a ajouté que Bukele s'est lui-même tourné vers les médias sociaux la veille et le jour des élections, appelant à voter en sa faveur, ce qui selon le comité enfreint de façon flagrante l'interdiction de faire campagne au Salvador dans les jours précédant l'élection.

En plus de recevoir les félicitations de Juan Guaidó, le soi-disant « président en charge » du Venezuela, parmi les premiers à féliciter Bukele le soir de sa victoire, on compte les ambassadeurs des États-Unis au Salvador et au Guatemala, ainsi que la secrétaire adjointe d'État pour les Affaires de l'Hémisphère occidental Kimberly Beier, le conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, et Luis Almagro, le secrétaire général de l'Organisation des États américains, qui a pris l'habitude de présenter ses propres opinions réactionnaires comme étant celles de l'organisation bien que ces opinions aient été rejetées à maintes reprises par une majorité d'États membres.

Dans son communiqué, le département d'État a écrit : « Les États-Unis et le Salvador partagent un partenariat solide fondé sur nos efforts communs pour améliorer la sécurité et notre engagement mutuel en faveur de l'État de droit et du développement économique inclusif. » Il continue en indiquant qu'il apprécie la coopération entre les deux pays et attend avec impatience de « travailler avec le président élu Bukele pour développer les opportunités économiques, renforcer les institutions démocratiques et redoubler d'efforts pour rendre le Salvador plus sûr et plus prospère pour tous les Salvadoriens ». Ce sont précisément les États-Unis qui ont été et continuent d'être le principal contributeur à tous les maux qu'ils prétendent être intéressés à traiter dans le pays. Ce problème représentera le plus grand défi pour les habitants du Salvador, qui auront besoin d'un parti politique pour représenter de façon effective leur volonté collective.

(El Salvador.com, EFE-EPA)

Haut de page


Guatemala

Le gouvernement s'apprête à adopter une loi pardonnant les crimes de guerre


Marche pour les disparus

Le Congrès guatémaltèque étudie un projet de loi visant à réformer la Loi de 1996 sur la réconciliation nationale afin de garantir l'impunité absolue pour les crimes commis durant la guerre civile au Guatemala de 1960 à 1996. Au moins 33 officiers et membres de milices ont été reconnus coupables de crimes de guerre depuis 2008. Si la réforme est approuvée, toutes les personnes reconnues coupables et tous les prévenus en attente de leur procès seront libérés dans les 24 heures. Tout procès et toute enquête seraient annulés.

Le Congrès nord-américain sur l'Amérique latine, basé aux États-Unis, a déclaré : « Cette législation violerait le droit international, qui prescrit que les violations graves des droits humains ne doivent pas faire l'objet d'amnisties, de délais de prescription ou d'autres mécanismes couvrant leurs auteurs d'impunité. » Le 31 janvier, le projet de loi était en première lecture. Les amendements peuvent être introduits en troisième lecture puis un vote final est pris. S'il est approuvé à la majorité simple, il est soumis au pouvoir exécutif pour approbation et promulgation.

Photos des disparus brandies devant le ministère de la Défense en 1999

L'amnistie proposée s'inscrit dans le cadre des efforts concertés du président Jimmy Morales et d'autres élites dirigeantes pour se donner l'impunité pour les crimes commis pendant la guerre civile et la corruption actuelle. Cela comprend notamment le blocage des travaux de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG), soutenue par les Nations unies, et l'affaiblissement de la Cour constitutionnelle qui s'est prononcée pour que la CICIG puisse mener ses travaux face aux ingérences du gouvernement.

La guerre civile guatémaltèque a été le résultat du coup d'État soutenu par les États-Unis en 1954 contre le président démocratiquement élu Jacobo Árbenz, à la suite duquel une série de dictatures militaires ont été au pouvoir. Les États-Unis ont aidé ces dictatures à faire la guerre à la guérilla et à réprimer brutalement les autres forces progressistes. Les crimes contre la population ont compris le génocide, les exécutions extrajudiciaires, la torture et l'esclavage sexuel, et 200 000 personnes ont été tuées ou sont disparues, dont 5 000 enfants. Quatre-vingt-treize pour cent des violations des droits de la personne ont été perpétrées par les forces gouvernementales soutenues par les États-Unis, contre 3 % par des groupes de guérilla, selon la Commission de clarification historique de l'après-guerre.

Parmi les criminels de guerre condamnés figurent l'ancien chef des forces armées Benedicto Lucas García et l'ancien chef des services de renseignement Manuel Callejas y Callejas, qui purgent une peine de 58 ans pour crimes contre l'humanité, la disparition forcée en 1981 de Marco Antonio Molina Theissen alors âgé de 14 ans et l'agression sexuelle grave contre sa soeur aînée Emma Guadalupe. García est également l'un des huit officiers supérieurs de l'armée accusés de crimes contre l'humanité commis à la base militaire de Creompaz, où 550 corps ont été exhumés des fosses communes. Parmi les autres criminels figurent deux officiers de l'armée condamnés en 2016 pour avoir asservi sexuellement 15 femmes Mayas Q'eqchi dans le village de Sepur Zarco après la disparition de leurs maris. Heriberto Valdez Asij, ancien commissaire militaire, a été condamné à 240 ans de prison pour crimes contre l'humanité et la disparition forcée de sept des maris de ces femmes. Le lieutenant-colonel Esteelmer Reyes Girón a été condamné à 120 ans de prison pour crimes contre l'humanité et pour le meurtre de Dominga Cuc Cocand, âgée de 20 ans, et de ses deux filles.

La possibilité que tous ces criminels soient libérés si l'amnistie est promulguée a été décriée par les survivants et les familles des victimes. « L'amnistie totale viole notre droit et celui du peuple guatémaltèque à la justice et à la vérité. Elle détruirait l'espoir des victimes de retrouver un peu de paix dans nos âmes », a déclaré Lucrecia Molina Theissen, la soeur aînée de Marco Antonio Molina Theissen au Guardian. Michelle Bachelet, la commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, a qualifié cette mesure de « régression radicale pour l'État de droit et les droits des victimes ».

L'esprit revanchard envers le peuple du Guatemala qu'exprime la réforme proposée est exacerbé par la clause du projet de loi qui permet une poursuite judiciaire contre les militants des droits humains considérés comme une menace à la loi et à l'ordre public, ce qui selon les militants pourrait mener à des représailles contre ceux qui ont témoigné lors des procès de crimes de guerre de haut niveau. La commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Michelle Bachelet, s'est dite « très inquiète que l'adoption de l'amendement ne mène à des représailles contre toutes les victimes et tous les témoins, juges, procureurs publics, avocats et organisations pleins de courage qui ont promu la justice pour les crimes du passé au Guatemala. »

(Sources : Centre de presse de l'ONU, AFP, NACLA, Guardian, thehill.com)

Haut de page


Cuba

Le référendum augmente la participation
citoyenne dans la Constitution


Des résidents de Pinar del Rio établissent leur commission électorale le 24 janvier 2019.

L'une des étapes importantes de la préparation au référendum du 24 février sur la nouvelle Constitution de Cuba s'est déroulée ces derniers jours : la formation des Commissions électorales provinciales, municipales, de circonscription et spéciales.

Au cours de cérémonies solennelles, les personnes désignées pour en faire partie signent l'acte de création de ces commissions, le serment et le code d'éthique, conformément à la responsabilité qu'elles assumeront d'organiser, de diriger et de valider le scrutin, auquel devraient participer quelque huit millions de citoyens cubains disposant du droit de vote.

Cette étape est indispensable pour l'entrée en vigueur de la Constitution, approuvée par un vote à l'appel nominal des 583 députés présents à la 2e Période de sessions ordinaires de la 9e législature de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire (ANPP), le 22 décembre dernier.

Ces cérémonies, qui ont commencé le 4 janvier, ont été précédées à la fin de 2018 par la création de la Commission électorale nationale (CEN), composée de 17 membres. Celle-ci sera chargée de l'organisation du référendum, en réponse à l'appel de l'ANPP, conformément aux dispositions de la loi n• 72, la Loi électorale.

Parallèlement, dans l'ensemble du pays, tous ceux qui travailleront à la mise en place du scrutin et à garantir toutes les conditions pour son bon déroulement ont suivi une formation.

Selon la présidente de la CNE, Alina Balseiro Gutiérrez, un travail est également mené sur le plan de la communication et l'impression des bulletins de vote, la préparation des urnes et des listes électorales.

La protection juridique du référendum

La loi no 72, la Loi électorale, est le document juridique qui régit le Système électoral cubain et ses procédures, approuvé par l'ANPP lors de sa session du 29 octobre 1992.

Son Chapitre 3 stipule, entre autres aspects, que les Commissions électorales, depuis le niveau national jusqu'au provincial, municipal, de district, de circonscription et spéciales, sont créées pour organiser, diriger et valider les processus électoraux qui sont mis en place, ainsi que la tenue des référendums. À ce dernier point, il accorde une rubrique entière, la no 10.

Qu'est-ce qu'un référendum populaire ?

L'article 162 de la Constitution stipule que, « par le biais du référendum convoqué par l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, les citoyens disposant du droit de vote indiquent s'ils ratifient ou non les projets de lois de Réforme constitutionnelle », afin qu'ils puissent entrer en vigueur.

Pour le mettre en oeuvre, on utilise des bulletins qui expriment, de façon claire et concrète, la question à consulter. Dans le cas du référendum du 24 février, la question sera : « Ratifiez-vous la nouvelle Constitution de la République ? » Le bulletin aura deux espaces : un pour le Oui et un pour le Non, conformément à la loi.

Étapes vers le référendum populaire


Cuba a imprimé 3,1 millions d'exemplaires du projet de constitution soumis
au référendum le 24 février 2019.

L'ANPP met à la disposition du peuple la Constitution qui sera soumise au référendum populaire et dispose d'une journée pour ce faire.

Le Conseil d'État désigne les membres de la Commission électorale nationale (CEN).

Des commissions électorales provinciales, municipales et de district, de circonscription et spéciales sont établies.

La CEN, en coordination avec le ministère des Relations extérieures (Minrex), prend les dispositions nécessaires pour garantir l'exercice du droit de vote des électeurs qui se trouvent hors du territoire national le jour du référendum.

La Commission électorale municipale effectue le décompte des voix exprimées dans la municipalité et transmet le résultat à la Commission électorale provinciale.

La Commission électorale provinciale effectue le décompte des voix exprimées dans toutes les municipalités de la province et envoie le résultat à la CEN, qui effectue le calcul national.

Les bureaux de vote qui se trouvent en dehors du territoire national, une fois le scrutin effectué, communiquent le résultat du référendum à leurs ambassades respectives, qui le transmettent au ministère des Relations extérieures, qui le fait parvenir à la CEN.

Une fois le décompte complet du scrutin effectué, la CNE en informe l'ANPP à toutes fins utiles.

La Constitution du peuple

L'adoption de la nouvelle Constitution a été précédée d'un processus de consultation populaire qui a duré 3 mois, que l'on peut considérer comme une expression authentique du caractère démocratique et participatif de notre électoral.

Le texte a été enrichi par les opinions exprimées lors des 133 681 réunions tenues dans les quartiers, sur les lieux de travail et dans les établissements secondaires et universitaires, si bien que les interventions, dûment analysées, ont provoqué des changements dans près de 60 % des articles du Projet, concernant, entre autres aspects pertinents, les bases politiques et économiques, les droits et les devoirs et la structure de l'État.

Le saviez-vous ?

Au triomphe de la Révolution cubaine, des transformations ont été amorcées en vue d'assurer la transparence des processus électoraux et de les rendre de plus en plus participatifs.

En 1976, par référendum national, la nouvelle Constitution de la République et la Loi de transition constitutionnelle ont été adoptées.

En octobre 1992, le Parlement a voté à l'unanimité une nouvelle Loi électorale qui établit pour la première fois le vote direct et secret aux élections provinciales et nationales.

Les membres de la CNE proviennent d'organes et d'organismes de l'État, y compris des institutions armées.

Il leur appartient d'approuver les normes visant à organiser, diriger et valider le processus de référendum et à en assurer sa mise en oeuvre. À cette fin, ils exigent et assurent l'impartialité et la transparence de chacune des étapes électorales.

Selon la Constitution en vigueur, tous les Cubains de plus de 16 ans ont le droit de vote, à l'exception des handicapés mentaux, dont l'inaptitude aura été déclarée préalablement par la justice, et les personnes emprisonnées que la justice a privées du droit de vote en raison d'un délit. Par conséquent, l'inscription sur la liste électorale est automatique et gratuite dès 16 ans.

Membres de la Commission électorale nationale


Les 17 membres de la Commission électorale nationale sont assermentés, le 28 décembre 2018.

- Alina Balseiro Gutiérrez, présidente
- Tomas Amaran Diaz, vice-président
- Maria Esther Bacallao Martinez, secrétaire

Conseillers
- Marina Capo Ribalta, du ministère de l'Intérieur
- Caridad Alvarez Rivero, de l'ANPP
- Lidia Montes de Oca Fernandez, de l'Organisation nationale des cabinets d'avocats collectifs
- Manuel Félix Roig, Organisation nationale des cabinets d'avocats collectifs
- Cecilia Valdés Milian, du ministère des Communications
- Luisa Marquez Echevarria, de l'Institut cubain de radio et télévision
- Joselyn Sanchez Hidalgo, de la Cour suprême du peuple
- Yanio Hernández Heredia, de l'Université des sciences informatiques
- Minerva Valdés Temprana, du Secrétariat du Conseil d'État
- Eralia Rodriguez Rodriguez, du Bureau du ministère public de la République
- Eugenio Gonzalez Pérez, du ministère de l'Éducation
- Marcelo Pérez Pérez Pérez, du ministère des Forces armées révolutionnaires
- Marcos Rodriguez Costa, du ministère des Relations extérieures
- José Alexis Ginarte Gato, de l'Union nationale des juristes de Cuba.

(Granma, 24 janvier 2019. Photos : CubaTV, Trabajadores, Cubadebate)

Haut de page


Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web:  www.pccml.ca   Courriel: redaction@cpcml.ca