À
titre d'information
Remarques du ministre de
la
Sécurité
publique
sur la sécurité nationale et la
cybersécurité
Manifestation à
Montréal le 5 juillet
2017,
immédiatement après le dépôt du projet
de
loi C-59
Le 15 janvier, le ministre de la
Sécurité
publique, Ralph Goodale, a prononcé un discours devant le
Johnson Shoyama Graduate School of Public Policy, en
Saskatchewan,
où il a parlé de « l'architecture de
sécurité nationale » du Canada. Il a dit que
son
premier thème était le « projet de loi C-59,
notre
nouvelle loi conçue pour renouveler
l'architecture de la sécurité nationale du Canada
afin de
refléter les réalités de notre monde
difficile et
tumultueux ; le second est le problème des voyageurs
terroristes
à risque élevé et la façon dont nous
traitons les menaces qu'ils posent ; le troisième est la
nouvelle politique du Canada sur la cybersécurité
et les
mesures prises pour nous protéger
des attaques malveillantes ; le quatrième, enfin, est
l'ingérence étrangère dans les affaires
canadiennes par des acteurs étatiques, y compris ceux qui
exercent une influence malveillante pour susciter la confusion,
la peur
et la haine et pour nuire à notre démocratie.
»
Il a commencé par donner un cadre de
référence des objectifs du Canada :
« Un pays sûr et sécuritaire
où la primauté du droit est respectée et
où
les lois sont appliquées comme il se doit est un
prérequis essentiel d'une économie prospère.
La
sécurité fournit la stabilité dont
dépendent les marchés libres, et la
prévisibilité et la confiance sur lesquelles les
investisseurs comptent.
« Ce qui est tout aussi important —-
tandis que
la sûreté et la sécurité sont
assurées et que la loi est appliquée et
administrée -, c'est que les Canadiens doivent avoir
l'assurance
absolue que leurs droits et libertés sont
entièrement
respectés et protégés.
« Nous avons le privilège de vivre
dans
une démocratie libre, ouverte, diversifiée et
inclusive
—- probablement le meilleur exemple de pluralisme que le
monde ait
jamais
connu. Et nous devons travailler tous les jours pour que notre
pays
demeure ainsi, particulièrement dans un monde complexe, en
constante évolution et parfois dangereux.
»
En donnant le contexte, Goodale a expliqué
que
« le portefeuille de la Sécurité publique
existe
depuis 2003. Il inclut le ministère lui-même, qui
s'occupe
de l'élaboration des politiques, de la recherche, de la
coordination des enjeux et de la prestation des programmes (dans
des
secteurs aussi diversifiés que la planification des
interventions en
cas d'urgence, la lutte à la radicalisation, le maintien
de
l'ordre pour les Premières Nations, les services de lutte
contre
les gangs, le nouveau régime juridique pour le cannabis,
la
lutte contre les blessures de stress posttraumatique parmi les
premiers répondants, et bien plus encore).
« Cependant, la plus grande partie du
travail
lié à mon portefeuille s'effectue par
l'intermédiaire d'un ensemble d'organismes essentiels et
indépendants, qui ont des pouvoirs et des
responsabilités
extraordinaires, comme la Gendarmerie royale du Canada, l'Agence
des
services frontaliers du Canada, le Service canadien du
renseignement de
sécurité, le Service correctionnel du Canada, la
Commission des libérations conditionnelles du Canada...
pour ne
nommer que les principaux.
« Dans son ensemble, ce portefeuille
comprend
plus de 60 000 employés dévoués et un budget
annuel de 10 milliards de dollars —- tout cela pour faire
en sorte que
le Canada demeure sûr, pour veiller à ce que les
Canadiens
soient en sécurité, et pour sauvegarder nos droits
et
libertés et notre mode de vie ouvert, inclusif et
démocratique. »
Sur le projet de loi C-59
« Premièrement, le projet de loi
C-59, Loi
concernant des questions de sécurité
nationale. Ce
projet
de loi a été adopté à la Chambre des
communes et est maintenant à l'étude au
Sénat. Le
résultat des consultations publiques sur la
sécurité nationale les plus ouvertes et exhaustives
de
l'histoire canadienne, la nouvelle loi, lorsqu'elle sera en
vigueur, accomplira trois objectifs importants.
« Tout d'abord, elle corrigera plusieurs
erreurs
dans la loi, comme des formulations trop vagues rendant certaines
dispositions difficiles à utiliser, une liste
d'interdiction de
vol défectueuse qui victimisait des enfants, des
contournements
implicites de la Charte et ainsi de suite. Tous ces
problèmes
sont réglés dans le projet de loi C-59.
« Deuxièmement, le projet de loi
renforce
et clarifie l'autorité constitutionnelle et juridique en
vertu
de laquelle nos organismes de sécurité et de
renseignement fonctionnent, et il crée de nouveaux outils
à leur intention. Plusieurs décisions de tribunaux
et
rapports d'experts ont soulevé des questions à cet
égard au cours des dernières années, et
il est essentiel qu'il n'y ait aucun doute concernant les
pouvoirs de
ces organismes et la façon dont ils peuvent les mettre en
pratique, et où se situent les barrières. La
clarté est essentielle à l'efficacité.
« Enfin, le projet de loi C-59 marque
l'arrivée d'une toute nouvelle ère de transparence
et de
reddition de comptes. Il crée un nouvel organisme global,
l'Office de surveillance des activités en matière
de
sécurité nationale et de renseignement, qui a le
mandat
pangouvernemental d'examiner chaque ministère et organisme
fédéral qui a une
fonction de sécurité ou de renseignement. Finis les
examens fragmentés réalisés en vases clos.
Le
nouvel organisme aura l'autorité nécessaire pour
faire le
suivi de toute question dans l'ensemble de l'appareil
gouvernemental.
Son travail et son expertise viendront s'ajouter aux examens
distincts
et indépendants de notre nouveau Comité des
parlementaires sur la sécurité nationale et le
renseignement.
« Nous créons également un
nouveau
poste de commissaire du renseignement, qui aura des pouvoirs de
surveillance afin d'examiner et approuver —- ou interdire
—- certaines
activités de sécurité et de renseignement
qui
seraient proposées avant qu'elles n'aient lieu. Si le
commissaire dit « non », l'activité n'aura pas
lieu.
« Le SCRS (le Service canadien du
renseignement
de sécurité) est l'organisme de collecte de
renseignements d'origine humaine du Canada. Le projet de loi C-59
prévoit à cet égard un ensemble de
règles
claires pour la gestion et l'utilisation d'ensemble de
données
à grande échelle sur lesquels le SCRS s'appuie pour
bon
nombre de ses
analyses.
« Le CST (le Centre de la
sécurité
des télécommunications) est l'organisme de collecte
de
renseignements d'origine électromagnétique du
Canada. Le
projet de loi C-59 dote le CST de sa propre loi et du pouvoir
d'entreprendre des activités d'opérations
cybernétiques actives (pas seulement défensives)
pour
démanteler les menaces
cybernétiques envers le Canada avant qu'elles ne se
concrétisent.
« D'autres changements améliorent le
partage d'information entre les organismes du gouvernement
fédéral. De solides règles ont
été
établies contre tout comportement qui pourrait contribuer
à la torture. Et le tout sera réexaminé
à
fond dans cinq ans.
« Nous avons deux objectifs très
importants dans le projet de loi C-59 : garantir que les droits
et
libertés des Canadiens soient respectés comme il se
doit,
et, également, veiller à ce que nos services de
police et
nos organismes de sécurité et de renseignement
fassent
véritablement tout ce que nous attendons d'eux pour que
les
Canadiens soient en
sécurité. »
Sur la nouvelle stratégie de
cybersécurité
« [...] Au cours des deux dernières
décennies, les technologies de l'information ont
transformé radicalement nos vies. Le monde est devenu un
endroit
plus petit, plus rapide, plus complexe et interrelié. Les
gens
sont plus connectés qu'avant, entre eux et avec ce qui les
entoure. Et ils sont plus dépendants de ces connexions. Et
plus
vulnérables.
« Internet et les téléphones
intelligents font dorénavant partie intégrante de
qui
nous sommes. Nous passons une bonne partie de notre temps en
ligne —-
en fait, à 43,5 heures par mois, les Canadiens passent le
plus
de temps en ligne au monde.
C'est comme cela que nous travaillons, jouons,
magasinons, faisons nos transactions bancaires, brassons des
affaires,
menons des recherches scientifiques, nous divertissons, demeurons
informés et gardons le contact avec parents et amis. Les
technologies numériques enrichissent nos vies de
manières
innombrables. Ces technologies reposent sur
une infrastructure complexe dont dépendent notre
économie
et notre société moderne. Et cela fait que nos
renseignements personnels et financiers les plus sensibles
flottent
dans un nuage.
« Et des millions de fois chaque jour, des
pirates informatiques, chez nous et partout dans le monde,
essaient d'y
accéder. Les responsables de ces attaques peuvent
être des
États étrangers, des agences militaires ou
d'espionnage,
des groupes terroristes, des organisations criminelles, de
simples
voleurs, des personnes voulant se venger
d'entreprises ou d'autres particuliers, ou parfois c'est le
voisin
maniaque d'informatique qui essaie simplement de voir
jusqu'où
il peut aller.
« Les pirates informatiques ont des
objectifs
divers, allant du vol et de l'extorsion au sabotage, à
l'intimidation, à la vengeance, à la perturbation
et au
chaos, en passant par la simple nuisance. Les outils qui sont
à
leur disposition sont sophistiqués, faciles à
obtenir et
peu coûteux. Ils cherchent à exploiter les failles
et les
faiblesses dans les
systèmes et à profiter des mauvaises habitudes
numériques. Et étant donné notre
interconnexion
généralisée, nous sommes tous seulement
aussi
forts que notre maillon le plus faible.
« Imaginez les dommages qui s'ensuivraient
si une
infrastructure numérique majeure était compromise -
dans
le secteur des télécommunications, par exemple, ou
des
banques, de la santé, des transports (comme le
contrôle de
la circulation aérienne) ou de la transmission
d'énergie.
Ce n'est pas un scénario hypothétique. Des pirates
informatiques étrangers ont deux fois mis hors fonction le
système électrique en Ukraine, ce qui a eu
d'énormes répercussions. Et ce n'est qu'un petit
exemple.
« Selon l'information la plus
récente de
Statistique Canada, le cybercrime au Canada cause plus de 3
milliards
de dollars en pertes économiques chaque année.
Mondialement, les pertes en 2018 sont évaluées
à
plus de 600 milliards de dollars. Lorsqu'on lui a demandé
ce qui
l'empêche de dormir la nuit, le gouverneur de la Banque du
Canada
a répondu il n'y a pas si longtemps de cela, que ce sont
les
menaces de cyberattaques.
« C'est donc une énorme
préoccupation qui est bien réelle, mais nous ne
pouvons
nous permettre d'être motivés par la peur. Tandis
que nous
déployons la nouvelle Stratégie de
cybersécurité du Canada, nous mettons
également
l'accent sur les possibilités qu'elle crée en
matière de recherche de fine pointe, de découvertes
scientifiques,
d'innovation, de techniques d'ingénierie et de fabrication
avancées, de création de nouvelles entreprises,
d'exportations mondiales, de création d'emplois, de
prospérité et de croissance économique.
« En effet, la cybersécurité
est
une industrie en croissance. Elle contribue déjà
pour 1,7
milliard de dollars à notre produit intérieur brut
et
représente plus de 20 000 excellents emplois. Le
marché
mondial pour des produits et services de
cybersécurité de
haute qualité vaut près de 100 milliards de dollars
aujourd'hui, et va probablement plus
que doubler d'ici moins de trois ans.
« L'appétit mondial pour l'expertise
cybernétique dans toutes les industries à
l'échelle de tous les secteurs est immense. Chaque pays
lutte
pour développer les talents et les compétences
nécessaires. En ce moment, le Canada est au
quatrième
rang mondial des pôles d'innovation en matière de
cybersécurité, mais notre capacité de faire
encore
mieux est énorme. Avec l'aide de l'industrie et des
universités, nous devrions viser le sommet. Et pour y
arriver,
nous devons tirer parti de toutes les ressources qui sont
à
notre disposition.
« À cet égard, je souligne
que
notre dernier budget fédéral a financé les
plus
grands investissements en sciences et en innovation de toute
l'histoire
canadienne. Les besoins en matière d'expertise
cybernétique ne doivent pas être en reste. Est-ce
que
Johnson-Shoyama ou d'autres à l'Université de
Regina ou
à l'Université de la Saskatchewan
devraient faire de ce domaine une priorité ?
« Dans le dernier budget
fédéral,
le gouvernement a également accordé plus de 750
millions
de dollars sur cinq ans pour notre nouveau plan
fédéral
de cybersécurité.
« Le tiers de ce montant, soit 250 millions
de
dollars, ira à Services partagés Canada pour
renforcer et
protéger les systèmes cybernétiques du
gouvernement du Canada. À mon avis, le plus grand avantage
de
Services partagés Canada est de veiller à ce qu'il
y ait
une cohérence et des normes élevées de
cybersécurité dans l'ensemble des
systèmes fédéraux de TI.
« Cependant, il demeure également
essentiel de protéger les systèmes du secteur
privé —- nous investissons donc 155 millions de
dollars pour
créer le nouveau Centre canadien pour la
cybersécurité. Ce dernier est devenu notre
autorité opérationnelle nationale, rassemblant
toute
l'expertise cybernétique fédérale sous un
même toit pour analyser,
donner des conseils et fournir des services aux gouvernements et
au
secteur privé, à grande et à petite
échelle, y compris aux exploitants de l'infrastructure
essentielle. Le Centre a également pour mandat de
sensibiliser
et d'éduquer le public et de faire la promotion de saines
habitudes numériques.
« La GRC reçoit 200 millions de
dollars
pour renforcer ses capacités d'enquête sur les
cybercrimes
et pour mettre sur pied la nouvelle Unité nationale de
coordination de la lutte contre la cybercriminalité afin
d'appuyer et de coordonner les opérations d'application de
la
loi menées dans ce domaine partout au pays.
« Le CST, le SCRS et les ministères
de la
Sécurité publique, des Affaires mondiales, des
Ressources
naturelles, de l'Innovation et de l'Emploi reçoivent des
ressources —- y compris pour un service de certification
volontaire
visant à évaluer les capacités
cybernétiques dans le secteur privé et pour
l'administration d'un programme intégré
d'apprentissage en milieu de travail pour 1000 étudiants.
Et ce
n'est qu'un tout petit début.
« Un autre élément de notre
stratégie sera présenté dans les prochaines
semaines. À la suite de consultations exhaustives, nous
planifions mettre en place un cadre législatif pour que
nous
comprenions tous les obligations que nous avons les uns envers
les
autres dans le monde cybernétique aussi
profondément
interconnecté et interdépendant
dans lequel nous vivons. Quels sont les secteurs les plus
sensibles et
les plus vulnérables ? Quelles sont les normes
appropriées et les pratiques exemplaires qui doivent
être
appliquées dans ces secteurs ? Quelle
responsabilité une
victime de cyberattaque a-t-elle de signaler qu'elle a
été attaquée, de prendre des mesures
correctives,
d'aviser ses clients
et d'aider à protéger les autres ?
« On l'a dit plus tôt, le maillon le
plus
faible est le point critique. Il peut faire s'effondrer le
château de cartes en entier et causer des dommages
irréparables. Ces maillons doivent être
évités autant que possible. [...] »
(Pour la partie du discours du ministre Goodale
portant
sur l'ingérence étrangère, voir « Ce que les
ministres avaient à dire pour contrer
l’ingérence
étrangère et les fausses nouvelles (Extraits)
», LML, 2
février 2019)
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 4 - 9 février
2019
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la
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sur la sécurité nationale et la
cybersécurité
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