L'amnistie proposée s'inscrit dans le cadre des efforts concertés du président Jimmy Morales et d'autres élites dirigeantes pour se donner l'impunité pour les crimes commis pendant la guerre civile et la corruption actuelle. Cela comprend notamment le blocage des travaux de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG), soutenue par les Nations unies, et l'affaiblissement de la Cour constitutionnelle qui s'est prononcée pour que la CICIG puisse mener ses travaux face aux ingérences du gouvernement. La guerre civile guatémaltèque a
été le résultat du coup d'État
soutenu par
les États-Unis en 1954 contre le président
démocratiquement élu Jacobo Árbenz, à
la
suite duquel une série de dictatures militaires ont
été au pouvoir. Les États-Unis ont
aidé ces
dictatures à faire la guerre à la guérilla
et
à réprimer brutalement les autres forces
progressistes. Les crimes contre la population ont compris le
génocide, les exécutions extrajudiciaires, la
torture et
l'esclavage sexuel, et 200 000 personnes ont été
tuées ou sont disparues, dont 5 000 enfants.
Quatre-vingt-treize
pour cent des violations des droits de la personne ont
été perpétrées par les forces
gouvernementales soutenues par les
États-Unis, contre 3 % par des groupes de guérilla,
selon
la Commission de clarification historique de
l'après-guerre. La possibilité que tous ces criminels soient libérés si l'amnistie est promulguée a été décriée par les survivants et les familles des victimes. « L'amnistie totale viole notre droit et celui du peuple guatémaltèque à la justice et à la vérité. Elle détruirait l'espoir des victimes de retrouver un peu de paix dans nos âmes », a déclaré Lucrecia Molina Theissen, la soeur aînée de Marco Antonio Molina Theissen au Guardian. Michelle Bachelet, la commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, a qualifié cette mesure de « régression radicale pour l'État de droit et les droits des victimes ». L'esprit revanchard envers le peuple du Guatemala
qu'exprime la réforme proposée est exacerbé
par la
clause du projet de loi qui permet une poursuite judiciaire
contre les
militants des droits humains considérés comme une
menace
à la loi et à l'ordre public, ce qui selon les
militants
pourrait mener à des représailles contre ceux qui
ont
témoigné lors des procès de crimes de guerre
de
haut niveau. La commissaire aux droits de l'homme des Nations
unies,
Michelle Bachelet, s'est dite « très inquiète
que
l'adoption de l'amendement ne mène à des
représailles contre toutes les victimes et tous les
témoins, juges, procureurs publics, avocats et
organisations
pleins de courage qui ont
promu la justice pour les crimes du passé au Guatemala.
» (Sources : Centre de presse de l'ONU, AFP, NACLA, Guardian, thehill.com)
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