Le mécanisme de
Montevideo en quatre
étapes pour
la paix et le dialogue
Délégations du Mexique, de l'Uruguay et de la
CARICOM
à Montevideo le 6 février 2019
Le 6 février, le président du
Venezuela
Nicolás Maduro a donné son « appui total
» au
plan en quatre étapes conçu par les pays des
Caraïbes qui font partie de la Communauté des
Caraïbes
(CARICOM) et par le Mexique et l'Uruguay, le plan pour la paix et
la
démocratie au Venezuela. Le lendemain, une réunion
a eu
lieu à Montevideo, en
Uruguay, à l'initiative de l'Uruguay et de l'Union
européenne (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas,
Portugal, Royaume-Uni et Suède) et avec la participation
de
représentants du Costa Rica, de la
Bolivie et de l'Équateur, qui se sont
appelés
le Groupe de contact international
(GCI) sur le Venezuela initié par l'UE. Le but de la
réunion était d'explorer les moyens
de favoriser un règlement politique négocié
de la
crise au Venezuela sans recourir à la force.
Le ministre des Affaires
étrangères de Bolivie Diego Pary (deuxième
de la
gauche) et le secrétaire aux Affaires
étrangères
du Mexique Marcelo Ebrard, Montevideo,
7 février 2019
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Alors que la plupart des pays membres du GCI ont
reconnu Juan Guaidó comme « président par
intérim » du Venezuela, le Mexique, l'Uruguay et la
CARICOM ont présenté une proposition
intitulée
« Mécanisme de Montevideo », qui, selon eux,
est
axée sur les principes de la non-intervention, de
l'égalité juridique des États, de la
résolution
pacifique des conflits, du respect des droits humains et de
l'autodétermination.
Comme on pouvait s'y attendre, la réunion
n'a
pas pu aboutir à un consensus. Le groupe de pays
dirigé
par l'Union européenne (UE) a publié une
déclaration au nom du GCI
mettant comme condition au règlement de la crise la tenue
d'élections, l'envoi d'une aide humanitaire et d'une
mission
technique sans le consentement du gouvernement du Venezuela,
ce
qui est une violation du droit international. Le Mexique et la
CARICOM
ont maintenu leur position de principe, tout comme la Bolivie, et
ne se
sont pas ralliés à la tentative de l'UE de
créer
des conditions préalables
à toute négociation et à sa volonté
de
dicter des questions qui relèvent uniquement du peuple
vénézuélien, telles que
la tenue d'élections. L'Uruguay a cependant signé
la
déclaration du GCI. Lors de la réunion, le ministre
des
Affaires étrangères de la Bolivie, Diego Pary, a
officiellement adhéré au Mécanisme de
Montevideo
au nom du gouvernement et a exhorté ceux qui avaient
imposé des sanctions
illégales au Venezuela, y compris à l'UE, à
les
lever, affirmant que le blocus imposé au
Venezuela affectait l'économie.
Une autre réunion est prévue au
début de mars.
Réunion sur le Venezuela, Montevideo, Uruguay, 7
février
2019 (@EmbaMexUruguay)
Le texte du Mécanisme de Montevideo
Les gouvernements du Mexique, de l'Uruguay et de
la
CARICOM, en réponse à l'appel du secrétaire
général des Nations unies, Antonio Guterres, sont
d'accord que la meilleure façon de traiter de la situation
complexe qui prévaut au Venezuela est le dialogue en vue
d'une
négociation, à partir d'une position de respect du
droit
international et des droits humains. La position historique prise
par
nos pays est et sera toujours de privilégier la diplomatie
par
rapport aux autres alternatives car elle est le seul moyen de
réaliser une paix et une stabilité qui soient
durables,
légitimes et effectives.
En conséquence, nous proposons le
Mécanisme de Montevideo, basé sur notre
intérêt et notre volonté légitimes
d'aider
le peuple vénézuélien et les parties
prenantes
à trouver une solution à leurs différends.
Cette
initiative est offerte aux acteurs
vénézuéliens en
tant qu'alternative pacifique et démocratique qui
privilégie le dialogue et la paix et
vise à créer toutes les conditions
nécessaires
à une solution inclusive, globale et durable.
Ce mécanisme, expression d'une diplomatie
active, proactive et conciliante visant à rapprocher les
parties
en conflit, à éviter le conflit et la violence, est
guidé par les principes de non-intervention, de respect
pour les
droits humains et d'autodétermination.
En nous basant sur l'expérience des pays
signataires des processus de médiation et de
résolution
pacifique de conflits, nous proposons un processus en quatre
étapes qui va se dérouler sur une période de
temps
raisonnable sur laquelle les parties vont s'entendre au
préalable :
1. Phase du dialogue : création des
conditions de contacts directs entre les acteurs, dans un
environnement
de sécurité.
2. Phase de négociation :
présentation stratégique des résultats de la
phase
précédente aux parties, dans un effort pour trouver
des
points communs et des points d'opportunité permettant
l'assouplissement des positions et l'identification de points
d'entente
potentiels.
3. Phase des engagements :
élaboration
et signature d'accords reposant sur les résultats de la
phase de
négociation, selon les caractéristiques et
l'échéancier préalablement
acceptés.
4. Phase de la mise en oeuvre :
matérialisation des engagements conclus dans la phase
précédente et accompagnement international.
Les parties qui adhèrent à cette
déclaration sont d'accord que la complexité des
circonstances ne doit pas être une raison pour
écarter les
canaux diplomatiques de règlement de différends, et
réitèrent leur décision d'aider à
restaurer
la tranquillité du peuple vénézuélien
par
le dialogue et la paix, de réduire les tensions entre les
forces
politiques
et d'éviter la menace ou le recours à la force.
Nos gouvernements réitèrent
également leur préoccupation face à la
sérieuse situation humanitaire et exhortent
respectueusement
toutes les parties à garantir l'application des droits
humains
et des libertés prescrites dans la Charte de l'ONU,
à
laquelle le Venezuela a souscrit.
Nous proposons ce mécanisme pour garantir
une
solution pacifique et démocratique qui évite une
escalade
de la violence. Advenant que les parties décident de
communiquer
entre elles, nous inviterions madame Rebecca Grynspan,
ex-vice-présidente du Costa Rica et actuelle
secrétaire
générale ibéro-américaine, et
messieurs
Enrique Iglesias et
Bernardo Sepúlveda, ex-ministres des Affaires
étrangères de l'Uruguay et du Mexique, de
même que
Sir David Simmons, ex-juge en chef de la Barbade et haut
représentant de la CARICOM, en tant que
personnalités
d'une expérience internationale et d'une qualité
morale
reconnues, à accompagner ce mécanisme.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 4 - 9 février
2019
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Le mécanisme de
Montevideo en quatre
étapes pour
la paix et le dialogue
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