Numéro 16 - 21 mars 2020
Notre sécurité est dans la lutte pour les
droits de tous
Gare au «débrouillez-vous» dans la réponse
du gouvernement canadien à la COVID-19
• Le
plan d'intervention économique du gouvernement
du Canada pour répondre à la COVID-19
Commentaires
• À
propos du plan de lutte contre la COVID-19
- K.C. Adams -
• À
quoi peut-on s'attendre ?
• Les
compagnies aériennes clouées au sol
Les travailleurs font connaître leurs
préoccupations
• Les
mesures sur l'assurance-emploi posent problème
- Pierre Chénier -
• Sérieuses
inquiétudes des travailleurs du secteur public
face à
un arrêté ministériel du gouvernement du Québec
- Geneviève Royer -
• Des
mesures d'urgence sont nécessaires pour gérer la
crise
des soins aux aînés en Colombie-Britannique
- Barbara Biley -
À titre d'information
• « Un milliard de raisons
pour s'en faire », dit le rapport
du Bureau pour la protection des aînés
La coopération internationale face à nos défis
communs
• L'aide
prêtée à point de Cuba à un navire de croisière
britannique
• Cuba,
symbole de solidarité internationale et
d'excellence médicale dans la lutte contre la
COVID-19
• La
Chine soutient les efforts mondiaux pour
combattre le coronavirus
Le mépris des impérialistes américains pour la vie
humaine
• L'Iran
est soumis à de nouvelles sanctions américaines
• Le
FMI refuse l'aide au Venezuela
À titre d'information
• Où
en est rendue la pandémie mondiale
Notre sécurité est dans la lutte
pour les droits de tous
Cette semaine, le gouvernement fédéral a annoncé
une série de mesures qui, selon lui, permettront
de faire face aux conséquences de la pandémie de
la COVID-19. Les ministres ont déclaré à plusieurs
reprises que leur objectif n'est pas la
perfection, mais la rapidité et ont demandé
l'indulgence du public si la mise en oeuvre ne se
déroule pas sans heurts. Dans l'ensemble, on a
l'impression que le gouvernement a tout sous
contrôle et que les Canadiens peuvent être assurés
qu'on s'occupe d'eux.
Mais quels critères utiliser pour juger des
mesures du gouvernement ? De toute évidence,
un gouvernement néolibéral ne changera pas sa
nature. Il ne se mettra pas soudainement à
résoudre les problèmes de manière à ne pas
avantager les intérêts privés étroits qui ont
depuis longtemps pris le contrôle de toutes les
institutions de l'État, dont les partis politiques
qui forment le système de partis cartellisés qui
prive de pouvoir les larges masses du peuple.
Le présent
numéro du LML est consacré à l'information
des Canadiens sur les mesures annoncées par le
gouvernement afin qu'ils puissent tirer des
conclusions fondées et ne soient pas amenés à
remettre l'initiative à d'autres qu'eux-mêmes pour
ce qui est de leur bien-être. Il est urgent que
cette crise soit résolue en leur faveur et non en
faveur des riches et des puissants. La réponse
économique du gouvernement fédéral à la COVID-19
entre dans deux grandes catégories : des
programmes sociaux provisoires destinés à la
classe ouvrière et aux petites et moyennes
entreprises qui, à première vue, semblent
inadéquats. C'est sans compter que tous et chacun
sont laissés à eux-mêmes pour ce qui est des
démarches pour y avoir accès. La deuxième
catégorie, ce sont les stratagèmes pour payer les
riches pour aider l'oligarchie financière à
traverser la tempête. Cela comprend les mesures
incitatives pour les entreprises capables de
fournir les biens et services nécessaires à la
lutte contre le virus.
Les mesures provisoires sont censées offrir aux
travailleurs couverts et non couverts par
l'assurance-emploi une certaine aide financière
pendant la crise. Elles fournissent également un
petit montant de fonds supplémentaires ponctuels
aux familles dans le cadre du programme de
remboursement de la TPS pour les travailleurs à
faible revenu et du programme d'allocation pour
enfants, un allégement fiscal temporaire pour les
particuliers et les entreprises, et un
remboursement plafonné de 10 % de la
rémunération des travailleurs pour les petites
entreprises.
Les mesures visant à étendre l'assurance-emploi
aux personnes qui ne sont pas normalement
couvertes ne sont ni permanentes ni adéquates.
Certains considèrent toutes ces mesures comme une
plaisanterie cruelle aux dépens de ceux qui ont
besoin de cette aide. Outre le fait que les
montants sont insuffisants pour répondre aux
besoins, ils sont loin d'être un moyen de
subsistance garanti pour beaucoup qui, même en
l'absence d'épidémie du coronavirus, sont déjà
dans le besoin.
Malgré l'apparence qui est donnée que le
gouvernement assume ses responsabilités, le refus
de l'élite dominante d'augmenter les
investissements dans les programmes sociaux pour
répondre aux besoins de la population dans toutes
les conditions est responsable d'une bonne partie
des problèmes auxquels les Canadiens sont
présentement confrontés, notamment dans les
secteurs de la santé et de la fonction publique
qui sont très mal équipés pour affronter les défis
actuels.
Les
stratagèmes pour payer les riches pour protéger
les grandes institutions financières contre les
pertes résultant des défaillances, des faillites
et d'autres problèmes pendant la pandémie sont
pareils à ceux qui ont été mis en place pendant la
crise économique de 2008. Ils visent à
préserver la richesse privée, les privilèges et le
pouvoir de l'élite impérialiste au pouvoir.
Le gouvernement fédéral ignore les deux plus
grandes forces de l'économie moderne de la grande
production industrielle : la classe ouvrière
moderne et instruite et le caractère socialisé et
interdépendant des forces productives.
Non seulement la production socialisée est-elle
un fait, mais la classe ouvrière moderne et
instruite est plus que disposée à être mobilisée à
grande échelle pour faire face à la crise. Les
ministres adressent des louanges aux travailleurs
de première ligne dans tous les secteurs de
l'économie, mais en l'absence d'un esprit et d'un
climat d'équilibre, de respect et de contrôle
mutuels, les souffrances inutiles sont la règle
plutôt que l'exception. La classe dominante n'est
évidemment pas encline à permettre le déchaînement
de la force de la classe ouvrière. Cette
conception du monde vient naturellement à la
classe dominante, crise sanitaire ou pas. Tout son
système est maintenu en place grâce au maintien
d'une armée de réserve de chômeurs et de
travailleurs sous-employés captifs du marché du
travail impérialiste. On ne s'attendrait pas
rationnellement à ce qu'elle résolve la crise du
coronavirus autrement que dans le sens de ses
intérêts privés étroits. Si cela protège également
la population, tant mieux. Sinon, tant pis. La
conception du monde et le mode de fonctionnement
de ceux qui détiennent et contrôlent les forces
productives sont d'acheter la capacité de travail
des travailleurs et de l'utiliser pour préserver
et accroître leur fortune privée, même en période
de crise. L'élite dominante ne voit aucune utilité
à mobiliser la classe ouvrière pour travailler si
ce travail ne maintient pas ou n'élargit pas sa
richesse et son pouvoir privés.
Une des conclusions qui ressortiront encore une
fois de cette crise, comme de toutes les crises
récurrentes du système impérialiste, est que la
propriété et le contrôle privés de l'économie
socialisée de la grande production industrielle
aux mains d'une poignée de plus en plus réduite
empêchent l'économie de libérer sa force latente
et sans limite de reproduction élargie à grande
échelle pour répondre aux besoins du peuple et
humaniser l'environnement social et naturel
Les stratagèmes pour payer les riches pour
canaliser les fonds de l'État dans les coffres des
institutions privées de l'oligarchie financière
montrent le refus de l'élite dirigeante de changer
la direction de l'économie en faveur des
travailleurs, de l'économie socialisée et
interdépendante et de la société.
Tout cela montre que le peuple doit s'affirmer et
s'investir lui-même de pouvoir. Une revendication
immédiate doit être que l'ensemble des fonds
publics de l'État qui ont été et sont distribués
aux grandes banques et aux autres monopoles des
impérialistes soient à la place utilisés pour
créer des entreprises financières et d'autres
entreprises publiques qui éliminent le service des
intérêts privés de leurs considérations et de
leurs objectifs. Les banques publiques devraient
devenir la principale source d'emprunt pour les
particuliers, les entreprises et même les
gouvernements du Canada, éliminant ainsi les
dettes publiques envers les prêteurs privés et
leurs intérêts exorbitants et parasitaires.
Les milliards de dollars pour répondre à la
COVID 19 devraient être utilisés pour
mobiliser la classe ouvrière afin d'augmenter
considérablement le service public, pour établir
des chaînes spécialisées d'approvisionnement de
biens et de services, pour développer le système
de santé et les soins de longue durée pour les
personnes âgées, et pour s'occuper des personnes
en quarantaine ou qui ont besoin d'aide, comme les
sans-abri. Des fonds devraient également être
versés aux nations autochtones pour favoriser leur
développement économique et améliorer les
programmes sociaux qu'elles contrôlent et
dirigent, et pour renforcer leur défense contre la
pandémie. La production d'équipements médicaux et
de fournitures, en particulier celles qui sont
nécessaires pendant l'urgence, ainsi que la
production de produits pharmaceutiques et les
recherches scientifiques connexes nécessaires
doivent être assignées à des entreprises publiques
et non privées. En apparence, mettre tous les
aspects de la production, de la fourniture et de
la prestation des soins de santé dans les mains
d'entreprises privées, y compris la mobilisation
de l'armée, semble être la chose responsable à
faire. Cela ne fait en réalité que servir des
intérêts privés et c'est socialement irresponsable
et irrationnel que d'utiliser les ressources de
l'État pour avancer des intérêts privés.
La crise actuelle révèle que l'économie
canadienne a besoin d'une force interne et d'un
contrôle intérieur pour ne pas dépendre du
commerce extérieur pour les produits de base
autres que ceux qui ne peuvent être produits au
Canada, comme certains aliments. Une économie sous
le contrôle des Canadiens gérerait également la
distribution des biens et des services au niveau
du commerce de gros et même au niveau du commerce
de détail, si les grandes entreprises d'épicerie
actuelles, par exemple, continuent à se montrer
incompétentes et souvent plus intéressées par la
spéculation immobilière et foncière et le
développement immobilier que par la distribution
des denrées alimentaires. Les prix de gros et de
détail devraient correspondre étroitement à leurs
prix de production et non à ceux dictés par
l'oligarchie financière mondiale.
Beaucoup peut être fait maintenant pour faire
face à l'urgence de manière à favoriser le peuple
et pour donner une nouvelle direction prosociale à
l'économie.
Le gouvernement fédéral a annoncé des paiements
de 27 milliards de dollars aux travailleurs
et aux entreprises du Canada. Le premier ministre
a rappelé le Parlement car la plupart de ces
mesures nécessitent l'approbation du Parlement et
la sanction royale.
D'autres mesures annoncées le 18 mars ou
avant comprennent des reports de paiement d'impôts
et un soutien direct aux plus grandes institutions
financières.
Voici des extraits du
site Web du gouvernement.
Soutien du revenu temporaire pour les
travailleurs et les parents
Pour les Canadiens qui ne bénéficient
pas de congés de maladie payés (ou d'un
mécanisme semblable en milieu de travail) et qui
sont malades, en quarantaine ou obligés de
rester à la maison pour s'occuper de leurs
enfants, le gouvernement a éliminé le délai de
carence obligatoire d'une semaine pour les
personnes en quarantaine qui demandent des
prestations de maladie de l'assurance-emploi
(AE).
Les travailleurs ne seront pas obligés de fournir
un certificat médical pour avoir accès aux
prestations de maladie de l'AE.
Allocation de soutien d'urgence
Pour les Canadiens qui perdent leur emploi ou
font face à des réductions d'heures de travail en
raison de l'impact de la COVID, le gouvernement
offre une allocation de soutien d'urgence offerte
par l'Agence de revenu du Canada qui fournira
jusqu'à 5 milliards de dollars en soutien aux
travailleurs qui ne sont pas admissibles à
l'assurance-emploi et qui sont confrontés au
chômage.
Allocation de soins d'urgence
L'Agence du revenu du Canada va fournir
jusqu'à 900 $ aux deux semaines, pour
une période maximale de 15 semaines. Ce
paiement va être donné aux travailleurs qui ne
sont pas admissibles aux prestations de maladie de
l'assurance-emploi, y inclus ceux qui sont
classifiés comme travailleurs autonomes.
Les critères pour être admissibles :
- mis en quarantaine en raison de la COVID-19
ou atteints de cette maladie ;
- qui prennent soin d'un membre de la famille
atteint de la COVID-19, par exemple un parent
âgé ;
- les parents qui ont des enfants ayant besoin
de soins ou de supervision à cause de la
fermeture de leur école et qui ne sont pas en
mesure de gagner un revenu d'emploi.
La demande de prestation sera disponible à
compter d'avril 2020, et les Canadiens
devront attester qu'ils répondent aux critères
d'admissibilité. Ils devront renouveler leur
attestation d'admissibilité toutes les deux
semaines.
Il y a trois moyens pour faire la demande de
prestation :
- à l'aide du portail sécurité Mon dossier de
l'Agence de revenu du Canada ;
- à l'aide de leur compte sécurisé Mon dossier
Service Canada ;
- en téléphonant à un numéro sans frais doté
d'un mécanisme de demande automatisé.
Mesures additionnelles
Le gouvernement va prolonger jusqu'à 76
semaines le programme Travail partagé de
l'assurance-emploi, qui offre des prestations aux
travailleurs qui acceptent de réduire leur horaire
de travail normal en raison de nouvelles
circonstances indépendantes de la volonté de leur
employeur. Aucune information supplémentaire est
disponible présentement.
Le gouvernement versera d'ici le début du mois de
mai 2020 un paiement ponctuel
de 400 $ en moyenne pour les personnes
seules et de 600 $ pour les couples par
l'intermédiaire du crédit pour la taxe sur les
produits et services (TPS). Environ 12
millions de familles recevront cette prestation
basée sur leur rapport d'impôt de 2018.
Pour plus de 3,5 millions de familles
admissibles qui ont des enfants, le gouvernement
va à partir de mai augmenter de 300 $
par enfant les prestations maximales de
l'Allocation canadienne pour enfants uniquement
pendant l'année de prestations 2019-2020.
Le gouvernement fournira un financement
de 305 millions de dollars pour la
constitution d'un nouveau fonds de soutien aux
communautés autochtones afin de répondre à des
besoins immédiats des communautés inuites, des
Premières Nations et de la Nation métisse.
Le gouvernement mettra en place un moratoire de
six mois lors duquel aucuns frais d'intérêt ne
seront imposés sur les prêts d'études canadiens
d'emprunteurs qui remboursent actuellement leurs
prêts.
Le gouvernement réduira de 25 % le
montant minimal requis des retraits des fonds
enregistrés de revenu de retraite (FERR)
pour 2020, compte tenu des conditions
volatiles du marché et de leur incidence sur
l'épargne-retraite de nombreux retraités. Des
règles semblables s'appliqueraient aux personnes
qui touchent des prestations variables en vertu
d'un régime de pension à cotisations déterminées.
L'initiative Vers un chez-soi qui traite de la
question des personnes sans-abri se verra octroyer
157,5 millions de dollars. Ce financement vise à
réduire la surpopulation dans les refuges et
permettre la distanciation sociale.
Les refuges et les centres d'aide aux femmes
victimes de violence sexuelle recevront jusqu'à 50
millions de dollars pour éviter l'éclosion du
COVID-19 dans leurs installations.
Paiement d'impôts et report des déclarations de
revenus
L'Agence de revenu du Canada (ARC) reportera la
date limite de production des déclarations de
revenus de 2019 des particuliers (autres que
les fiducies) au 1er juin 2020. Le fait
de reporter la production des déclarations de
revenus pourrait retarder les versements du crédit
pour la taxe sur les produits et services (TPS) ou
de l'Allocation canadienne pour enfants.
Dans le cas des fiducies dont l'année
d'imposition se termine le 31
décembre 2019, la date limite de production
de leur déclaration de revenus sera reportée
au 1er mai 2020.
L'ARC permettra à tous les contribuables
(particuliers et entreprises) de reporter après
le 31 juillet 2020 le paiement des
montants de l'impôt sur le revenu qui deviennent
exigibles à compter d'aujourd'hui (18 mars) et
avant le mois septembre 2020. Cet allégement
s'appliquerait au solde d'impôt à payer, ainsi
qu'aux acomptes provisionnels, en vertu de la
Partie I de la Loi de l'impôt sur le revenu.
Aucun intérêt ni aucune pénalité ne s'appliquera à
ces montants pendant cette période.
L'Agence du revenu du Canada reconnaît dès
maintenant que les signatures électroniques
satisfont aux exigences de signature de la Loi
de l'impôt sur le revenu, à titre de mesure
administrative temporaire. Cette disposition
s'applique aux formulaires d'autorisation T183 ou
T183CORP, qui sont des formulaires signés en
personne par des millions de Canadiens chaque
année pour autoriser les spécialistes en
déclarations de revenus à produire des
déclarations de revenus.
Le rôle des institutions financières
Les grandes banques
canadiennes ont confirmé que ce soutien
comprendra un report des paiements d'hypothèque
pouvant atteindre six mois, et la possibilité
d'un allègement sur d'autres produits de crédit.
[Ce soutien est donné cas par cas, imprécis
et conditionnel - note du LML]
Outils de gestion pour les cas de défaillance
des emprunteurs hypothécaires
Le gouvernement, par l'intermédiaire de
la Société canadienne d'hypothèques et de
logement (SCHL), offre aux propriétaires
d'habitations qui font face à des difficultés
financières davantage de latitude pour le report
des paiements de remboursement des prêts
hypothécaires assurés par la SCHL. La SCHL permet
dès maintenant aux prêteurs d'autoriser un report
de paiement. [Cette mesure est aussi à la fois
imprécise et conditionnelle - note du LML]
Soutien aux entreprises
Le gouvernement annonce
pour soutenir les entreprises des mesures
additionnelles à celles présentées le 13
mars par le ministre des Finances Bill Morneau,
le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen
Poloz, et le surintendant des institutions
financières, Jeremy Rudin.
Soutien aux entreprises canadiennes par
l'intermédiaire
du Compte du Canada
Le gouvernement apporte des changements au Compte
du Canada, ce qui permettrait au ministre des
Finances d'être en mesure d'en déterminer la
limite en vue de gérer des circonstances
exceptionnelles. Le Compte du Canada est
administré par Exportation et développement Canada
(EDC) et utilisé par le gouvernement pour soutenir
les exportateurs lorsqu'il est établi qu'il s'agit
d'une question d'intérêt national. Cette mesure
permettra au gouvernement d'offrir un soutien
supplémentaire aux entreprises canadiennes à
l'aide de prêts, de garanties ou de polices
d'assurance.
Aide aux entreprises pour qu'elles maintiennent
en poste leurs employés
Le gouvernement propose d'accorder aux employeurs
de petites entreprises admissibles une subvention
salariale temporaire pour une période de trois
mois. La subvention sera égale à 10 % de
la rémunération versée pendant cette période,
jusqu'à concurrence d'une subvention maximale
de 1 375 $ par employé et
de 25 000 $ par employeur. Les
entreprises pourront bénéficier immédiatement de
cette mesure de soutien en réduisant leurs
versements d'impôt sur le revenu retenus sur la
rémunération de leurs employés. Parmi les
employeurs qui bénéficient de cette mesure
figureront les sociétés admissibles à la déduction
pour petites entreprises ainsi que les organismes
à but non lucratif et les organismes de
bienfaisance.
Souplesse pour les entreprises qui produisent
des
déclarations de revenus
L'Agence du revenu du Canada (ARC) permettra à
toutes les entreprises de reporter jusqu'au-delà
du 31 août 2020 le paiement des montants
de l'impôt sur le revenu qui deviennent exigibles
à compter d'aujourd'hui et avant le mois
d'août 2020. Cet allégement s'appliquerait au
solde d'impôt à payer, ainsi qu'aux acomptes
provisionnels, en vertu de la Partie I de la Loi
de l'impôt sur le revenu. Aucun intérêt ni
aucune pénalité ne s'appliquera à ces montants
durant cette période.
L'ARC ne communiquera avec aucune petite ou
moyenne entreprise (PME) pour entamer des
vérifications postcotisations de la TPS/TVH ou de
l'impôt sur le revenu au cours des quatre
prochaines semaines. Pour la majorité des
entreprises, l'ARC suspendra temporairement
l'interaction de vérification entre les
contribuables et les représentants.
Accès au crédit pour les entreprises
Le Programme de crédit aux entreprises permettra
à la Banque de développement du Canada (BDC) et à
Exportation et développement Canada (EDC) d'offrir
plus de 10 milliards de dollars de soutien
supplémentaire.
Le Bureau du surintendant des institutions
financières (BSIF) a annoncé qu'il réduisait
immédiatement la réserve de fonds propres pour
stabilité intérieure d'un montant correspondant
à 1,25 % des actifs pondérés en fonction
des risques. Cette mesure permettra aux grandes
banques canadiennes d'injecter 300 milliards
de dollars de prêts supplémentaires dans
l'économie.
La Banque du Canada a réduit son taux d'intérêt
à 0,75 %.
Appui envers la liquidité du marché financier
Le gouvernement a lancé le Programme d'achat de
prêts hypothécaires assurés (PAPHA). Le
gouvernement achètera jusqu'à 50 milliards de
dollars de blocs de prêts hypothécaires assurés
par l'intermédiaire de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement (SCHL). Cela vise à
fournir un financement stable à long terme aux
banques et aux prêteurs hypothécaires.
La Banque du Canada élargira la garantie
admissible à l'égard de son mécanisme de pension à
plus d'un jour en vue d'inclure tout un éventail
de sûretés acceptées en garantie admissible en
vertu du mécanisme permanent d'octroi de
liquidités, à l'exception du portefeuille de prêts
non hypothécaires. Cet élargissement de l'éventail
des garanties admissibles permettra de soutenir
les conditions de financement des institutions
financières en offrant un filet de sécurité au
financement privé régulier.
La Banque a également annoncé qu'elle est prête à
appuyer le marché des Obligations hypothécaires du
Canada (OHC). Cette mesure comprendrait, au
besoin, l'achat d'OHC dans le marché secondaire.
Tout comme l'augmentation des rachats
d'obligations du gouvernement du Canada, cette
mesure fournira un appui à la liquidité du marché
et au processus d'établissement des prix.
Commentaires
- K.C. Adams -
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la
mise en place du « Plan canadien de mobilisation
du secteur industriel pour lutter contre la
COVID-19 ». Il a dit que le plan « va
permettre de créer des opportunités pour déployer
des ressources aux fabricants et aux entreprises
du pays pour qu'ils puissent nous aider à
traverser cette période difficile ». Selon le
communiqué émis à l'occasion, « le plan prévoit de
nouvelles mesures pour soutenir directement ces
entreprises afin d'augmenter rapidement leur
capacité de production ou en leur donnant les
outils nécessaires aux chaînes de production pour
concevoir des produits faits au Canada qui
aideront à lutter contre la COVID-19. Ces produits
pourraient comprendre des fournitures et de
l'équipement essentiels à la santé et à la
sécurité comme de l'équipement de protection
individuelle, des produits désinfectants, des
produits qui permettent de poser des diagnostics
et des tests ainsi que des technologies de suivi
de maladies. [...] Il met l'accent sur le
renforcement des capacités à l'échelle du pays,
des solutions innovatrices et de
l'approvisionnement en fournitures
essentielles. »
Le plan vise à « mettre en place la capacité
industrielle nécessaire à la fabrication à grande
échelle de fournitures essentielles au
Canada ».
Le plan « renforcera la capacité industrielle
nécessaire pour fabriquer des fournitures
essentielles à grande échelle au Canada ».
Les « ressources » que le gouvernement «
déploiera » sont principalement des fonds
publics d'État déjà disponibles dans le cadre des
programmes industriels et d'innovation du Canada.
Pour avoir droit à des fonds, une entreprise doit
accepter d'« accorder la priorité à la lutte
contre la COVID-19 ». Le Fonds stratégique
pour l'innovation « soutient directement »
des entreprises canadiennes » tandis que le
Conseil national de recherches du Canada «
accélère la recherche et le développement avec des
petites et moyennes entreprises ».
Le gouvernement veut utiliser ses supergrappes
d'innovation « qui mettent à contribution un
réseau national de 1 800 membres, et
Solutions innovatrices Canada qui aide les
entreprises à commercialiser plus rapidement leurs
produits ».
Commercialiser signifie mettre les « fournitures
essentielles » sur le marché pour les vendre
ou pour exécuter les commandes gouvernementales.
Le plan
apportera « un soutien direct à des entreprises
canadiennes de premier plan qui réalisent des
projets de recherche et de développement à grande
échelle et bien avancés visant, pour le moment, à
élaborer des mesures pour lutter contre la
COVID-19 ». Quelles sont les « entreprises
canadiennes » qui font une telle chose s'il
en est, la COVID-19 étant un phénomène
relativement récent ? Le plan « met les
entreprises innovatrices au défi de concevoir des
solutions, des technologies et des produits fondés
sur la recherche qui contribueront à répondre à
divers enjeux liés à la COVID-19 ».
Ce plan expose une faiblesse fondamentale du
système économique impérialiste. Le peuple n'a
aucun contrôle sur les entreprises, innovatricess
ou non. Les partis cartels au parlement se livrent
à des marchandages pour savoir lesquelles des
grandes entreprises et des sections de
l'oligarchie financière qu'ils représentent
obtiendra la plus grande part du gâteau.
L'objectif des entreprises privées est de faire de
l'argent. C'est cet objectif qui oriente leur
recherche et développement, mais elles sont aussi
contentes de recevoir des subventions du
gouvernement. Pour contrer ces objectifs étroits -
la recherche du profit aux dépens du facteur
humain/conscience sociale, le gouvernement doit
introduire des entreprises publiques sous son
contrôle et donner à la recherche et au
développement l'objectif de répondre aux besoins
de santé de la population et non au profit privé.
L'objectif actuel, le profit privé maximum, a
manifestement échoué à mettre en place une chaîne
d'approvisionnement sécurisée des produits de
santé nécessaires, car autrement ce ne serait pas
un sujet de discussion et de préoccupation
aujourd'hui. En revanche, des entreprises
publiques de fournitures de santé et de produits
pharmaceutiques auraient pour objectif à l'heure
actuelle de lutter contre le COVID-19, mais avec
l'objectif général de répondre aux besoins de
santé de la population en toutes circonstances en
créant une chaîne d'approvisionnement nationale
sous contrôle canadien allant de la recherche à la
production et à une distribution planifiée
continue basée sur une demande reconnue.
Le plan fédéral veut « acheter l'équipement dont
le Canada a besoin pour faire face à la COVID-19
ici au Canada. Le gouvernement du Canada aura
recours à des arrangements en matière
d'approvisionnement déjà en vigueur et à des
méthodes d'approvisionnement souples et
innovatrices ». Or, ces « arrangements déjà
en vigueur » sont à l'origine du problème.
Aucun des grands fournisseurs de soins de santé, y
compris les sociétés pharmaceutiques, n'est
canadien ni même très présent dans la recherche ou
la fabrication au Canada. La dernière entreprise
canadienne de recherche, de développement et de
production pharmaceutique véritablement
indépendante était Connaught Medical Research
Laboratories liée à l'Université de Toronto. Les
laboratoires Connaught étaient célèbres pour leur
production d'antitoxine diphtérique et la
découverte et la production en masse d'insuline au
XXe siècle, mais ils ont été victimes des
premières vagues de l'offensive antisociale. Le
gouvernement fédéral l'a privatisé en 1986 et
un monopole pharmaceutique mondial s'est approprié
ses installations, ses chercheurs et ses
scientifiques.
De plus, avec ce plan « le gouvernement fait
appel à des fournisseurs pour l'aider à cibler et
à acheter l'équipement, les fournitures et les
services dont le Canada a besoin pour faire face à
la COVID-19. En vue d'offrir un soutien à plus
long terme, le gouvernement du Canada assouplira
le processus d'approvisionnement afin de soutenir
l'innovation et renforcer la capacité de
fabrication nationale pour fournir aux Canadiens
des fournitures médicales essentielles. »
Le problème avec ce plan est l'absence de
contrôle du gouvernement, sans même parler d'un
contrôle par le peuple. Ces sociétés sont de
propriété et de contrôle privés et sont obsédées
par le profit maximum et la concurrence pour
établir la domination de l'empire auquel elles
appartiennent. Le secret entourant leurs
recherches est primordial. La propriété de la
plupart d'entre elles et le profit privé qu'elles
exproprient sont liés à des actions négociées sur
les marchés boursiers mondiaux. Le cours des
actions a pris un coup depuis que la gravité de la
pandémie est connue et que l'économie est entrée
en crise. Les propriétaires des actions veulent
que leurs sociétés soient remises sur la bonne
voie pour réaliser un profit maximum et accroître
la valeur marchande de leurs actions et la part de
marché de leurs entreprises en concurrence avec
les autres. C'est l'objectif qui dictera leurs
décisions et les beaux discours du gouvernement au
sujet de la capacité d'« offrir aux Canadiens des
fournitures médicales essentielles » sont en
contradiction avec la réalité du système
impérialiste, avec son objectif et ses exigences.
Tout « approvisionnement » sera à la
discrétion et aux prix dictés par les entreprises
pour assurer le profit privé et la domination de
leurs empires particuliers.
Aussi ambitieux que soit le plan du gouvernement,
il révèle l'absence d'un objectif et d'une
direction immédiats pour affronter les problèmes
du système de santé tels qu'ils se posent. Nous
avons besoin de certains produits de santé tout de
suite, notamment les trousses de dépistage pour
retracer la propagation du virus, sans parler des
vêtements protecteurs, des respirateurs, etc. Le
gouvernement a le pouvoir de réquisitionner les
usines et de fabriquer les produits nécessaires
dès maintenant et aux prix du marché tels que
déterminés par leurs prix de production et non par
les spéculateurs mondiaux. Il devrait utiliser son
pouvoir pour reprendre les installations de
fabrication et commencer immédiatement à produire
ce qui est nécessaire pour servir le bien public.
Les questions de propriété et de profit privé ne
doivent pas être un facteur dans la situation
actuelle.
En ce qui concerne la recherche, le manque de
contrôle canadien sur la recherche scientifique
est le résultat d'années de destruction de la
recherche publique, de la privatisation des
conseils de recherche qui existaient auparavant et
du manque total d'indépendance de la recherche
universitaire par rapport au diktat de
l'oligarchie financière mondiale.
Le Conseil national de recherches du
Canada (CNRC) n'est plus ce qu'il était autrefois,
mais ce qui reste pourrait être renforcé pour que
nous soyons en mesure de relever les défis
concrets que présente la pandémie de la COVID-19.
Le gouvernement a le pouvoir de réquisitionner des
scientifiques et des chercheurs du secteur privé.
Les scientifiques devraient être invités à se
joindre au CNRC pour des tâches spécifiques et à
apporter avec eux leurs recherches sur des
questions telles que des trousses de dépistage
plus efficaces et un vaccin.
L'Agence de la santé publique du Canada et Santé
Canada sont en mesure de déterminer dès maintenant
et de façon précise les mesures immédiates à
prendre et les produits à acquérir, notamment
l'équipement de protection individuelle, les
produits de désinfection, les produits de
diagnostic et d'analyse, les produits
thérapeutiques, les produits pharmaceutiques et la
technologie de suivi des maladies. Le gouvernement
doit réquisitionner les usines existantes pour
accomplir cette tâche essentielle. Croire que
l'oligarchie financière va le faire, c'est
commettre une erreur aux conséquences graves.
Le gouvernement affirme que le Programme d'aide à
la recherche industrielle du CNRC entretient des
relations avec des chercheurs de tout le Canada.
Ces chercheurs pourraient être unis et intégrés
dans une équipe chargée de répondre aux besoins de
santé les plus urgents du pays.
Les besoins immédiats en matière de soins de
santé ne doivent pas être considérés comme un
marché pour en enrichir quelques-uns au détriment
de la majorité et de la santé publique. Comme pour
toute grande entreprise, le diable est dans les
détails. Dans le cas de la COVID-19, nous avons
besoin de suffisamment de tests pour voir comment
le virus se propage et des mesures de confinement.
Une fois que tout a été dit et fait, tant qu'un
pourcentage indicatif suffisant de la population
n'aura pas développé une immunité, soit parce que
la personne a été malade et a survécu, soit parce
qu'il existe un vaccin, l'isolement social pour
freiner la propagation de la maladie doit être
maintenu.
(Source : Communiqué
de presse du Cabinet du premier
ministre, 20 mars 2020)
Jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a que peu
d'indications sur ce à quoi les Canadiens peuvent
s'attendre ensuite, une fois qu'ils auront terminé
leur auto-isolement de 14 jours et que les
enfants devront retourner à l'école. Le fait est
que la vie ne reviendra pas « à la normale »
après la période d'isolement volontaire et que
chacun devra commencer à faire le point sur la
suite des événements.
L'épidémiologiste américain, Larry Brilliant,
explique ce à quoi nous sommes confrontés en
termes de contrôle du coronavirus. La première
étape consiste à aplanir la courbe. Cela signifie
que nous voulons d'abord étaler la maladie dans le
temps. « En la ralentissant ou en l'aplanissant,
nous n'allons pas diminuer le nombre total de cas,
nous allons retarder de nombreux cas jusqu'à ce
que nous ayons un vaccin - ce que nous ferons, car
rien dans la virologie ne me fait craindre que
nous n'ayons pas de vaccin dans 12 à 18
mois. Nous finirons par atteindre l'anneau d'or de
l'épidémiologiste », explique Larry
Brilliant.
« Cela signifie A) qu'une assez grande quantité
d'entre nous a attrapé la maladie et est devenue
immunisée. Et B) que nous avons un vaccin. La
combinaison de A plus B est suffisante pour créer
une immunité collective, qui est d'environ 70
ou 80 % ». Il ajoute :
« J'espère que nous aurons un antiviral pour la
COVID-19 qui est curatif, mais en plus
prophylactique. C'est certainement non prouvé et
c'est certainement controversé, et certainement
beaucoup de gens ne seront pas d'accord avec moi,
mais j'offre comme preuve deux articles
en 2005, un dans Nature et l'autre
dans Science. Ils ont tous deux fait une
modélisation mathématique avec la grippe, pour
voir si la saturation avec seulement du Tamiflu
d'une zone autour d'un cas de grippe pourrait
arrêter l'épidémie. Et dans les deux cas, cela a
fonctionné. J'offre également comme preuve le fait
qu'à un moment donné, nous pensions que le VIH /
SIDA était incurable et l'équivalent de la peine
de mort. Ensuite, de merveilleux scientifiques ont
découvert des médicaments antiviraux, et nous
avons appris que certains de ces médicaments
peuvent être administrés avant l'exposition et
prévenir la maladie. En raison de l'intérêt
intense à conquérir [COVID-19], nous mettrons le
poids scientifique et l'argent et les ressources
derrière la recherche d'antiviraux qui ont des
caractéristiques prophylactiques ou préventives
qui peuvent être utilisées en plus des
[vaccins]. »
Larry Brilliant souligne qu'il est crucial
d'augmenter le nombre de tests. « Les tests
feraient une différence mesurable. Nous devrions
faire un échantillon de probabilité aléatoire du
processus stochastique du pays pour savoir où
diable est vraiment le virus. Parce que nous ne
savons pas. Peut-être que le Mississippi ne
rapporte aucun cas parce qu'il ne cherche pas.
Comment le saurait-il ? Le Zimbabwe ne
rapporte aucun cas parce qu'il n'a pas de capacité
de test, pas parce qu'il n'a pas le virus. Nous
avons besoin de quelque chose qui ressemble à un
test de grossesse à domicile, que vous pouvez
faire à la maison. »
Il souligne que « le monde ne commencera pas à
paraître normal tant que trois choses ne se seront
pas produites. Premièrement, nous déterminons si
la distribution de ce virus ressemble à un
iceberg, qui est un septième au-dessus de l'eau,
ou à une pyramide, où nous voyons tout. Si nous ne
voyons actuellement qu'un septième de la maladie
réelle parce que nous ne faisons pas assez de
tests et que nous sommes simplement aveugles,
alors nous sommes dans un monde de souffrance.
Deuxièmement, nous avons un traitement qui
fonctionne, un vaccin ou un antiviral. Et trois,
peut-être le plus important, nous commençons à
voir un grand nombre de personnes - en particulier
des infirmières, des prestataires de soins à
domicile, des médecins, des policiers, des
pompiers et des enseignants qui ont eu la maladie
- qui sont immunisées, et nous les avons testées
pour savoir qu'elles ne sont plus contagieuses. Et
nous avons un système qui les identifie, soit un
bracelet de concert ou une carte avec leur photo
et une sorte de tampon dessus. Ensuite, nous
pouvons être à l'aise de renvoyer nos enfants à
l'école, car nous savons que l'enseignant n'est
pas contagieux. Et au lieu de dire « non, vous ne
pouvez rendre visite à personne dans une maison de
soins infirmiers », nous avons un groupe de
personnes certifiées qui travaillent avec des
personnes âgées et vulnérables, et des infirmières
qui peuvent retourner dans les hôpitaux et des
dentistes qui peuvent ouvrir votre bouche et
regarder dans votre bouche et ne pas vous donner
le virus. Lorsque ces trois choses se produisent,
c'est à ce moment que la normalité revient. »
Les services de nouvelles rapportent qu'Air
Canada, WestJet et Porter ont toutes cloué au sol
une grande partie de leurs flottes. Toutefois, ils
ne font pas état du véritable impact de cette
immobilisation.
Plus de la moitié de l'activité mondiale de fret
aérien est réalisée sur des avions de passagers,
écrit un analyste WorldACD à Amsterdam. Ce volume
s'élève à plus de 60 % pour le fret
expédié par avion entre les États-Unis et
l'Europe.
Cela signifie que les interdictions de voyager
imposées des deux côtés de l'Atlantique «
entraîneront une forte baisse de l'offre de la
capacité de transport », indique l'analyste
dans une entrevue avec Morning Trade. Cela
met une pression accrue sur les entreprises de
livraison express comme UPS, FedEx et DHL, qui
doivent prendre le relais, tandis que les
importateurs d'articles de grande valeur comme les
médicaments ou les denrées périssables comme le
poisson et d'autres produits alimentaires doivent
se démener pour prendre de nouvelles dispositions,
explique John Drake, de la Chambre de commerce des
États-Unis.
« Vous parlez de médicaments pour les
diabétiques, de l'insuline par exemple, et
d'autres produits essentiels dont
l'approvisionnement peut être limité aux
États-Unis », précise-t-il. La capacité
d'expédier ces marchandises dans les cales de fret
des avions de passagers est réduite de beaucoup,
ajoute-t-il.
La gravité de la situation a été reflétée dans un
tweet du 18 mars de l'Organisation de
l'aviation civile internationale, un organisme de
normalisation de l'aviation auprès des Nations
unies, qui écrit : « Il est urgent d'assurer
la durabilité de la chaîne d'approvisionnement et
de maintenir la disponibilité des médicaments et
équipements essentiels tels que les ventilateurs,
les masques et autres articles de santé et
d'hygiène qui aideront à réduire la propagation de
la #COVID19. »
Cela signifie que le Canada pourrait
réquisitionner les avions et les équipages cloués
au sol pour transporter des marchandises à
l'intérieur du Canada et pour apporter au Canada
des aliments, des médicaments et des produits de
santé essentiels en provenance d'Asie, d'Europe,
du Mexique et d'ailleurs. La Chine offre des
fournitures médicales au monde maintenant que sa
demande intérieure diminue.
Dans son annonce du 21 mars, le gouvernement
Trudeau a dit qu'il travaillait avec les
compagnies aériennes canadiennes et les
gouvernements étrangers pour donner accès aux vols
commerciaux aux voyageurs canadiens qui souhaitent
rentrer chez eux. La priorité sera donnée aux
voyageurs qui sont citoyens canadiens, résidents
permanents canadiens ou membres de la famille
immédiate de citoyens canadiens. De plus, seuls
les voyageurs asymptomatiques seront autorisés à
monter à bord et tous les voyageurs devront se
soumettre à l'isolement volontaire pendant 14
jours à leur entrée. « Dans la première série de
vols destinés à aider les Canadiens à rentrer chez
eux, Air Canada assurera aujourd'hui un vol
spécial au départ du Maroc. Des vols sont
également prévus pour le Pérou, l'Espagne et
d'autres pays dès que possible. Des facteurs tels
que le nombre de Canadiens, les fermetures
d'espaces aériens et la situation locale sont pris
en considération afin d'identifier les
emplacements de ces vols. Nous travaillons
actuellement avec Air Canada et nous travaillons
avec d'autres compagnies aériennes pour évaluer
les besoins mondiaux », indique le communiqué
de presse du gouvernement.
Les travailleurs font connaître
leurs préoccupations
- Pierre Chénier -
Dans le cadre du plan d'aide de 82
milliards de dollars pour les Canadiens que le
gouvernement Trudeau a annoncé le 18 mars
pour faire face à la pandémie de la COVID-19, un
montant de 27 milliards est consacré
à l'aide directe aux Canadiens. Certaines des
mesures annoncées concernent l'assurance-emploi
(AE) et il est évident qu'elles sont inadéquates.
L'accès des chômeurs au
programme de l'AE est déjà un problème que les
gouvernements successifs ont refusé d'aborder.
Environ 40 % seulement des travailleurs
sans emploi sont admissibles à l'AE. Pendant cette
crise, ce dont on a besoin est un programme social
qui fournit un revenu garanti à tous ceux qui se
retrouvent sans emploi. Rien qu'en mars, le taux
de chômage projeté est censé dépasser
les 7 %, avec 300 000 nouveaux
chômeurs. Ce sont des travailleurs qui pourraient
être mobilisés pour travailler de manière
sécuritaire dans des entreprises publiques au
service du peuple et de l'économie, à des salaires
et des avantages sociaux de niveau canadien. Au
lieu de cela, le gouvernement a créé deux
programmes, l'Allocation de soins d'urgence et
l'Allocation de soutien d'urgence, qui sont
clairement présentées comme des programmes
temporaires et d'exception.
Le plan d'aide comprend trois mesures qui
concernent l'assurance-emploi :
1. Le gouvernement élimine le délai de carence [période
d'attente pendant laquelle aucune prestation
n'est versée au prestataire - Note du LML]
d'une semaine pour les personnes en quarantaine
qui demandent des prestations de maladie de
l'assurance-emploi. Cette mesure temporaire est
entrée en vigueur le 15 mars 2020.
2. Le gouvernement élimine l'obligation de
fournir un certificat médical pour avoir accès aux
prestations de maladie de l'assurance-emploi.
3. Le gouvernement modifie le programme de
Travail partagé de l'assurance-emploi, qui offre
des prestations d'AE aux travailleurs qui
acceptent de réduire leur horaire de travail
normal en raison de nouvelles circonstances
indépendantes de la volonté de leur employeur, en
faisant passer la durée d'admissibilité des
ententes de travail de 38 à 76 semaines,
en assouplissant les conditions d'admissibilité et
en simplifiant le processus de demande.
Par exemple, le gouvernement élimine
le délai de carence qui existe présentement avant
qu'une deuxième demande de travail partagé soit
faite lorsqu'une première entente est écoulée.
Cette annonce a été faite par le premier ministre
le 11 mars 2020 qu'il a répétée le 18
mars.
Ceux qui ont besoin d'accéder à ces mesures
disent qu'elles soulèvent des questions immédiates
qui demandent des réponses. Les activistes qui
travaillent avec les organisations de défense des
chômeurs essaient de démêler les choses, le fait
par exemple qu'aucune extension de la durée des
prestations que touchent les chômeurs n'a été
annoncée.
En 2018, en tant que mesure pour traiter du
problème du « trou noir » auquel font face
les travailleurs saisonniers alors qu'ils sont
sans revenu, ayant épuisé leurs prestations et
n'ayant pas encore repris le travail, le
gouvernement Trudeau a introduit un montant
supplémentaire disponible pour les travailleurs
qui vont suivre des formations pendant cette
période. Cette mesure n'était pas adéquate parce
que la formation ne peut pas régler le problème du
« trou noir » auquel font face les travailleurs
vivant dans des régions qui vivent principalement
ou exclusivement du travail saisonnier.
Que-va-t-il arriver à ces travailleurs maintenant
que les institutions qui fournissent de la
formation ont fermé leurs portes en raison de la
pandémie ?
Les travailleurs du pétrole de l'Ouest canadien
font aussi face à de sérieux problèmes. Le chômage
dans leurs rangs s'est accru à cause de la crise
de l'industrie pétrolière, laquelle est aggravée
par la pandémie de la COVID-19. Il faut que la
durée de leurs prestations et les montants des
prestations couvrent leurs besoins dans ces
circonstances de crise.
Pouvons-nous nous attendre à ce que ces
travailleurs soient protégés par la nouvelle
Allocation de soutien d'urgence qui est censée
répondre aux besoins de ceux qui ne sont pas
admissibles à l'assurance-chômage ? Aucun détail
n'a été donné à cet égard.
Alors qu'elles font de leur mieux pour savoir
exactement ce que l'Allocation de soins d'urgence
et l'Allocation de soutien d'urgence vont fournir
comme aide et comment on peut y accéder, les
organisations de défense des chômeurs maintiennent
que des réformes immédiates doivent être faites au
régime de l'AE pour faire en sorte que tous les
travailleurs sans emploi sont protégés.
Par exemple, ces organisations demandent que le
gouvernement canadien traite du problème des longs
délais qui existent (parfois de plusieurs mois)
avant que le dossier d'un demandeur de prestation
ne soit traité. Le problème est beaucoup plus
sérieux qu'une simple élimination de la période
officielle d'attente si l'on veut que les
prestataires reçoivent les prestations auxquelles
ils ont droit. Le personnel de Service Canada est
surchargé depuis un bon moment. C'est un problème
qui doit être résolu sur une base permanente.
Comment les nouvelles réclamations vont-elles être
traitées en temps requis quand le système est déjà
sérieusement engorgé ?
Les organisations de
défense demandent aussi que le seuil
d'admissibilité soit sérieusement abaissé afin que
plus de travailleurs aient accès aux prestations
de l'AE. En ce moment, un travailleur doit avoir
effectué 600 heures de travail assurables
avant d'être admissible aux prestations de maladie
de l'assurance-emploi. En ce qui concerne les
prestations régulières, le nombre d'heures de
travail assurables pour être admissible varie
entre 420 et 700 heures, selon le taux
de chômage régional officiel que le gouvernement
fournit. Cette exigence est très problématique
parce qu'elle repose sur un chiffre arbitraire
auquel le gouvernement arrive en grande partie en
fusionnant des régions en une région de
l'assurance-emploi, lesquelles peuvent avoir très
peu de choses en commun au point de vue industries
et développement économique. Un autre problème
tout aussi préoccupant est le fait que moins d'un
pour cent des travailleurs dits autonomes sont
admissibles à l'assurance-emploi, car ces
travailleurs sont considérés comme étant à
l'extérieur de la relation employeur-employé.
Qu'est-ce qui va arriver maintenant de tous ces
problèmes et comment les travailleurs individuels
sont-ils censés naviguer dans tout cela ?
Une de ces organisations de défense au Québec, le
Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi
(MASSE) demande que le seuil d'admissibilité soit
abaissé à 350 heures de travail, que les
prestations durent un minimum de 35 semaines
(elles durent présentement de 14 à 45
semaines) et que le taux de prestations soit d'au
moins 70 % du salaire moyen hebdomadaire
du prestataire (il est présentement
de 55 %). D'autres organisations de
défense ont des cibles spécifiques différents tout
en exigeant que le seuil d'accessibilité soit
considérablement réduit. Le Conseil national des
chômeurs, également basé au Québec, et le Comité
d'action sur l'assurance-emploi des travailleurs
saisonniers du Nouveau-Brunswick exigent un seuil
d'admissibilité immédiat de 420 heures de travail
pour 35 semaines de prestations pour les régions à
économie saisonnière. Le seuil est actuellement
souvent supérieur à 650 heures dans ces zones en
fonction du taux de chômage officiel déclaré par
le gouvernement fédéral.
Les mesures d'urgence prises par le gouvernement
ne vont pas régler miraculeusement ces problèmes
auxquels les travailleurs sans emploi font face à
cause du système d'abandon à leur sort que les
gouvernements ont mis en oeuvre avec les
compressions qui font partie intégrante des
mesures d'« austérité » néolibérale. Cela
veut dire que pendant cette crise, les
revendications des organisations de défense des
chômeurs et des travailleurs organisés doivent
être prises au sérieux. Des mesures appropriées
doivent être mises en oeuvre qui produisent des
changements favorables aux travailleurs. Ces
mesures doivent soutenir et garantir le moyen de
subsistance de tous en tant que droit, et
contribuer à bâtir des programmes sociaux modernes
qui permettent aux gens d'affirmer leur humanité.
Alors que les mesures ont l'air positives sur
papier, ceux qui font face à la crise de l'emploi
savent qu'ils sont abandonnés à leur sort et,
qu'en définitive, ils ne reçoivent pas une
allocation qui leur permet de vivre. Le problème
ne se pose pas comme la vice-première ministre ne
cessait de le dire, que ce sont là de petits
problèmes d'exécution des mesures avec lesquelles
il faut composer au nom du bien collectif.
Personne ne doit être
laissé à lui-même !
Tous les travailleurs sans emploi doivent
recevoir
une allocation qui leur permet de vivre !
Pierre Chénier est le secrétaire du Centre
ouvrier du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste).
(Photos: J. Poirier, CUPE)
- Geneviève Royer -
Les travailleurs et travailleuses du secteur
public expriment de sérieuses préoccupations quant
au contenu de l'arrêté ministériel 2020-04
publié le 15 mars par la ministre de la Santé
et des Services sociaux du Québec, Danielle
McCann, où il est question de suspendre certaines
clauses de leurs conventions collectives. Cet
arrêté a été publié en conformité avec le décret
émis par le gouvernement du Québec, le 13
mars, déclarant l'état d'urgence sanitaire sur
tout le territoire québécois et octroyant des
pouvoirs exceptionnels à sa ministre de la Santé
décrits dans l'article 123 de la Loi sur
la santé publique.
Au centre de cet arrêté est la question de
fournir des services de garde aux travailleurs
jugés essentiels. L'arrêt cite le décret qui
prévoit que « les centres de la petite enfance,
les garderies et les services de garde en milieu
familial de même que les services de garde en
milieu scolaire doivent suspendre leurs activités,
mais que des services doivent être organisés et
fournis aux enfants dont l'un des parents est à
l'emploi d'un établissement de santé ou de
services sociaux ou y exerce sa profession, ou est
policier, pompier, ambulancier, agent des services
correctionnels ou constable spécial. » Notons
que depuis la parution de l'arrêté, la liste de
travailleurs jugés essentiels, publiée sur le site
du gouvernement alloué aux informations sur la
COVID-19, s'est allongée.
Alors que
les travailleurs du secteur public sont
entièrement mobilisés pour contenir la maladie,
ils ont émis de sérieuses inquiétudes face au
passage de l'arrêté qui dit que « Malgré les
dispositions des conventions collectives
applicables aux employés de la fonction publique,
une personne peut être redéployée dans une autre
fonction ou dans un autre lieu, selon les besoins,
même si le niveau d'emploi applicable à celle-ci
n'est pas respecté ».
L'arrêté spécifie de plus que les contrats de
travail entre les commissions scolaires et tous
les syndicats sont modifiés pour permettre aussi
que les horaires de travail prescrits dans les
conventions collectives n'ont plus à être
respectées, « pour permettre à l'employeur de
répondre aux besoins » et que « les articles
relatifs à l'octroi d'une rémunération ou d'une
compensation additionnelle à celle versée pour la
rémunération des heures normales et du temps
supplémentaire lorsque des services doivent être
maintenus, notamment en raison d'un cas de force
majeure, sont inapplicables. »
Selon les syndicats, aucune consultation n'a été
faite auprès d'eux avant de déclarer que les
règles entourant l'exécution et la rémunération
d'une partie de leurs tâches étaient changées. Ils
l'ont appris en lisant ledit arrêté.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) qui
représente près de 200 000 travailleurs,
dont la majorité oeuvre dans le secteur public, a
immédiatement averti le gouvernement Legault que
la nécessité « de répondre rapidement à la crise
pour assurer la santé et la sécurité de la
population, [mais cela] ne doit pas se faire au
détriment des droits fondamentaux du personnel.
Nous réitérons qu'il est extrêmement important
d'assurer la mobilisation et l'engagement des
travailleuses et des travailleurs pour maintenir
les services essentiels et assurer une lutte
efficace contre la pandémie. Nous invitons donc le
gouvernement Legault à la prudence et à éviter
d'adopter des mesures extrêmes, sans consultation,
qui pourraient avoir l'effet contraire aux
objectifs recherchés. »
Le Syndicat national des employées et employés de
la commission scolaire de Montréal (SNEE-CSN) a
lui aussi réagi. L'organisation représente les
ouvriers des services d'entretien ménager et
d'entretien physique, du transport et des
cafétérias de la CSDM, ceux qui chaque jour
s'affairent à nettoyer et entretenir les maisons
d'éducation et qui ces jours-ci font un énorme
travail pour désinfecter chaque pièce de chaque
école pour les rendre sécuritaires et propices au
retour des élèves et du personnel de l'éducation.
Le SNEE dit que c'est avec fierté que tous ses
membres répondent présents ! à leurs devoirs
de citoyens. Il note aussi que « l'utilisation de
ces mesures ne peut être utilisée qu'en ultime
recours et après avoir tout fait ce qui était
possible pour l'éviter. Il ne s'agit pas ici d'un
outil de gestion pour faciliter le travail de nos
gestionnaires, mais bien d'une mesure d'exception
qui ne saurait être utilisée avec légèreté. »
L'opinion des travailleurs du secteur public doit
être respectée. Ils ne font pas référence à des
choses imaginaires quand ils parlent de décrets
qui imposent des conditions avec lesquelles les
travailleurs ne sont pas d'accord, et qui
deviennent des instruments de gestion néolibérale
des autorités. C'est ainsi que des conditions
dites exceptionnelles deviennent la norme, comme
le temps supplémentaire obligatoire parmi les
infirmières. L'argument du gouvernement du Québec
à l'effet qu'il possède déjà des pouvoirs
d'exception selon la loi et qu'il fait juste
adopter la réglementation qui met en oeuvre ces
pouvoirs n'est pas acceptable. L'opinion et la
voix des travailleurs, leur mot à dire sur les
conditions d'exercice de leur livraison des
services en situation d'urgence est non seulement
une question de droit, mais une question d'assurer
le succès des mesures d'urgence. Les travailleurs
du secteur public soutiennent les programmes
sociaux et les services publics à bout de bras
depuis plus de 30 ans contre l'offensive
antisociale des riches et de leurs gouvernements
et c'est eux encore qui sont aux premières lignes
de la défense des services publics dans cette
situation de pandémie. Leur voix, exprimée dans
leurs organisations, ne peut pas être bafouée.
L'urgence même de la situation requiert que
l'expérience et les solutions qui sont proposées
par les travailleurs de première ligne soient
respectées et mises en oeuvre.
- Barbara Biley -
Assemblée sur la crise dans les centres pour
personnes âgées à Comox Valley le 24 février 2020
Les mesures antisociales néolibérales prises par
les gouvernements successifs au cours des
dernières décennies ont engendré une crise dans
les soins aux aînés dans plusieurs régions du
pays. Ensemble, la prolifération de résidences
privées, dont plusieurs ont remplacé les centres
d'hébergement de longue durée publics et
l'actuelle pandémie de la COVID-19 ont créé une
tempête parfaite qui se déchaîne présentement avec
fureur.
Dans un rapport publié le 4 février par le
Bureau pour la protection des aînés intitulé « Un
milliard de raisons pour s'en faire », il est
confirmé, sur la base d'analyses des revenus et
des dépenses dans ces résidences, qu'une grande
part du financement public accordé aux
établissements privés à but lucratif pour répondre
spécifiquement aux besoins en soins se retrouve
plutôt dans les coffres des propriétaires en tant
que profit. Ce profit provient de l'insuffisance
des soins prodigués aux aînés, mais aussi de la
surcharge de travail et des bas salaires imposés
aux travailleurs. Le financement par la province
constitue 1,3 milliard de dollars
des 1,4 milliard en revenus générés
annuellement par les résidences contractuelles. Le
reste du financement vient de l'argent des aînés
qu'on soigne. Ceux-ci versent 80 % de
leur revenu après impôt -
jusqu'à 3 278,80 dollars par mois - sans
oublier les levées de fonds pour les cliniques
externes, comme les programmes de jour pour
adultes, des bains dans la communauté, etc. Les
auteurs du rapport ont analysé les résidences
gérées par le privé, celles qui sont gérés par des
compagnies à but non lucratif et celles dont la
gestion est privée à but lucratif, mais n'ont pas
analysé les résidences gérées par la province par
le biais des autorités régionales de la santé.
Une des observations du rapport est que le «
secteur à but non lucratif consacre 59 %
de ses revenus aux soins directs relativement
à 49 % dans le secteur à but
lucratif », et que « le secteur à but
lucratif ne s'acquitte pas de ses obligations de
fournir 207 000 heures en termes de
soins financés prodigués et que le secteur à but
non lucratif a prodigué 80 000 heures de
plus en soins directs au-delà du financement
alloué » et que « le secteur à but lucratif
dépense en moyenne 17 % de moins par
heure de travail, et les salaires du personnel
d'aide aux soins dans le secteur à but lucratif
peuvent être jusqu'à 28 % inférieurs aux
normes de l'industrie ».
Manifestation pour les services aux
aînés à Sechelt en 2016
|
Au cours des dernières décennies du XXe siècle,
dans un effort concerté, les syndicats du secteur
de la santé ont réussi à obtenir que tous les
travailleurs en soins de santé aient les mêmes
salaires et conditions de travail peu importe
qu'ils travaillent dans des hôpitaux ou dans des
résidences pour aînés, privés ou publics.
Jusqu'en 2002, la vaste majorité des
travailleurs dans les hôpitaux et dans presque
toutes les résidences pour aînés, qu'elles aient
été détenues et gérées par la province, le secteur
à but non lucratif y compris les églises et les
entreprises communautaires, et, à un moindre
degré, les résidences privées à but lucratif,
recevaient les mêmes salaires et avantages sociaux
et étaient protégés par une seule convention
collective. Les mesures législatives adoptées
en 2002 qui autorisent la sous-traitance aux
entrepreneurs privés des services de santé dans
les hôpitaux et les résidences d'aînés ont ouvert
le secteur de santé aux sociétés multinationales
telles que Compass, Aramark, Sodexho et Acciona
qui sont maintenant les principaux fournisseurs de
services alimentaires et d'entretien ménager dans
la plupart des hôpitaux. D'autres mesures
législatives ont permis aux entreprises privées
d'obtenir des contrats pour les centres de soins
aux aînés, et la plupart d'entre elles font
elles-mêmes de la sous-traitance auprès d'autres
compagnies. Les profits viennent directement des
fonds publics gouvernementaux, de la suppression
des salaires et des services insuffisants offerts
aux aînés.
Dans un grand nombre de communautés en
Colombie-Britannique, de graves problèmes de
manque de personnel et d'une baisse de la qualité
des soins, de l'entretien et des repas affligent
les résidences appartenant à ces compagnies. Le
plus important de ces gestionnaires est Retirement
Concepts, une compagnie appartenant à une firme
d'investissement multinationale basée en Chine.
L'achat des résidences a été approuvé par le
gouvernement fédéral en 2017 et les anciens
propriétaires gèrent et exploitent ces résidences
par le biais de West Coast Senior Housing
Management. Depuis septembre 2019, quatre de
ces résidences se sont vu imposer une mise en
tutelle administrative par les autorités de la
santé : trois par Island Health, à Comox
Valley, à Nanaimo et à Victoria, et une par
Interior Health, à Summerland.
Les familles des personnes confiées à ces
résidences se sont exprimées dans toutes les
communautés de la province, informant les
autorités de la santé publique et le ministère de
la Santé de la gravité des problèmes y compris le
manque de soins en raison d'un manque de
personnel, des locaux qui sont mal nettoyés, la
nourriture inadéquate et le manque d'activités
récréatives et de stimulation. Par exemple, ce
n'est qu'après plusieurs mois de plaintes des
familles et d'enquêtes des autorités que le
directeur de la santé publique local a ordonné à
Island Health de placer la résidence Comox Valley
Seniors Village sous tutelle administrative. Les
directeurs de la santé publique de Nanaimo et de
Victoria ont éventuellement émis de telles
ordonnances pour les résidences de Seniors Village
à Nanaimo et Selkirk Seniors Village à Victoria
qui, à leur tour, ont aussi été mises en tutelle.
Le 24 février, on a annoncé qu'un quatrième
établissement géré par Retirement Concepts,
Summerland Seniors Village, avait été mis en
tutelle par les Autorités de la santé publique de
l'Intérieur.
Sur une base quotidienne, plusieurs de résidences
privées à but lucratif fonctionnent sans le
personnel nécessaire pour livrer le niveau de
soins requis en vertu de leurs contrats avec la
province, ce qui a été confirmé dans le rapport du
Bureau pour la protection des aînés. De leur côté
les gestionnaires à but lucratif, par le biais de
leur organisation, l'Association des prestataires
de soins de la Colombie-Britannique, prétendent
que le problème vient plutôt des difficultés
d'embauche de personnel et d'un manque de
financement du gouvernement provincial.
La pandémie de la COVID-19 a transformé une
situation inacceptable en une véritable crise. Dès
que la pandémie s'est déclarée, il aurait fallu
prendre des mesures immédiates pour augmenter le
personnel afin d'assurer une hygiène élevée et
intervenir auprès des aînés, qui n'ont d'autre
choix que de rester dans leur chambre et éviter
les espaces collectifs comme les salles à manger
et les salles de repos, les programmes d'exercice
et de sorties. Mais c'est tout le contraire qui
s'est produit : le nombre de travailleurs a
baissé plutôt que d'augmenter. Certains
travailleurs qui sont occasionnels ont décidé de
refuser des quarts de travail. Les employeurs
exigent aussi que les travailleurs ne travaillent
que dans une seule résidence et plusieurs
employés, devant le choix de travailler à des
salaires et des conditions inférieurs dans les
résidences privés ou à des salaires selon des
normes de l'industrie dans des résidences gérées
par l'Autorité de la santé publique, choisissent
ces dernières. Au moment où les besoins des aînés
augmentent en raison des mesures requises pour
aplanir la courbe de l'épidémie et traiter ceux
qui tombent malades, le nombre de travailleurs est
en baisse.
La situation prend une tournure tragique, comme
en témoigne l'éclosion de la COVID-19 au Centre de
soins Lynn Valley à Vancouver Nord, un
établissement privé où, en raison de la
sous-traitance, trois employeurs différents s'y
sont succédés comme gestionnaires. Plusieurs
résidents y ont perdu la vie, d'autres aînés ainsi
que des membres du personnel ont été infectés, et
des membres de la famille affirment que le grave
manque de personnel engendre des conditions de vie
intenables pour les aînés et un risque accru pour
les résidents, le personnel et les membres de la
famille.
Il est temps que le gouvernement provincial
écoute ce que leur disent les communautés et les
familles — que c'est de sa responsabilité de
veiller à ce que les aînés en résidence reçoivent
les soins nécessaires et qu'ils soient traités
avec dignité. Aussi faut-il que les travailleurs
qui donnent les soins aient des salaires conformes
aux normes de l'industrie, qu'ils soient en nombre
suffisant et qu'ils aient la formation et
l'équipement nécessaires. En aucun temps est-il
acceptable que la province octroie des fonds tout
en refusant d'assumer ses responsabilités face aux
agissements des entrepreneurs. La pandémie de la
COVID-19 et ses répercussions sur les aînés
mettent en lumière l'urgence de cette situation.
Le gouvernement provincial doit se servir de sa
prérogative pour imposer une mise sous tutelle à
toutes les résidences qui ne respectent pas les
normes de soins, ce qui permettrait que les
employés de l'Autorité de la santé publique, les
travailleurs d'autres secteurs et de nouveaux
employés y soient redéployés selon les besoins.
À titre
d'information
Assemblée à Nanaimo sur les soins aux aînés, le 29
février 2020
Le 4 février, le Bureau pour la protection
des aînés de la Colombie-Britannique a publié un
rapport de 51 pages intitulé « Un milliard de
raisons pour s'en faire : un examen du
financement des soins de longue durée contractuels
en Colombie-Britannique ». Le rapport fournit
des informations factuelles très importantes sur
ce qui arrive aux fonds publics fournis par la
province aux prestataires de soins contractuels, à
la fois ceux qui sont des organismes sans but
lucratif et ceux qui sont des entreprises privées
dont le but est le profit et dont la plupart font
partie d'une chaîne comme Revera, Park Place ou
Retirement Concepts, chacune exploitant plusieurs
résidences en Colombie-Britannique.
Le gouvernement
provincial, par le biais de cinq Autorités de la
santé régionales, détient et gère 33 % des lits à
soins résidentiels de la province. Il confie des
contrats à des entrepreneurs privés sous-traitants
dans 174 résidences de soins de longue durée
comprenant 18 000 lits. Les résidences gérées par
des compagnies à but lucratif constituent 35 % de
l'ensemble des résidences et les compagnies à but
non lucratif, 32 %. La province subventionne tous
les établissements de soins de longue durée, pour
un total de près de 2 milliards de dollars par
année, dont 1,3 milliards vont aux gestionnaires
sous-traitants.
Le rapport sommaire note les « différences très
importantes dans plusieurs dépenses » (entre
les résidences à but non lucratif et à but
lucratif) :
- Le secteur sans but lucratif
consacre 59 % de ses revenus aux soins
directs, contre 49 % dans le secteur à
but lucratif. Cela équivaut à près
de 10 000 dollars, soit 24 %
de plus par résident, par année, pour les soins
dans le secteur sans but lucratif.
- Le secteur à but lucratif ne s'acquitte pas de
ses obligations de fournir 207 000
heures de soins financés et le secteur sans but
lucratif a fourni 80 000 heures de soins
directs de plus que ce qu'il devait fournir selon
le financement reçu.
- Le secteur à but lucratif a généré un montant
de profits/surplus 12 fois supérieur à celui
généré par le secteur à but non lucratif (34,4
millions de dollars contre 2,8 millions de
dollars).
- Le secteur à but lucratif avait des dépenses en
immobilisation élevées, soit 20 % des
revenus, par rapport au secteur à but non lucratif
qui en avait que 9 % par rapport aux
revenus.
- Il y avait 18 résidences avec un profit
annuel supérieur à 1 million de dollars et
tous sauf une étaient dans le secteur à but
lucratif. Ces 18 résidences ont également
dépensé 23 millions de dollars en coûts
d'immobilisations.
- Le secteur sans but lucratif peut ne pas
recevoir un dédommagement adéquat pour son
immobilisation étant donné son faible taux à la
fois de dépenses en immobilisation et de
profit/surplus.
- Le secteur à but
lucratif dépense en moyenne 17 % de
moins par heure travaillée, et les salaires versés
au personnel d'aide aux soins dans le secteur à
but lucratif peuvent être jusqu'à 28 %
inférieurs aux normes de l'industrie.
Le rapport détaille certaines des nombreuses
façons dont les opérateurs privés peuvent utiliser
les fonds publics pour augmenter leurs bénéfices
tout en ne respectant même pas leurs obligations
contractuelles de fournir un nombre convenu
d'heures de soins par résident. Le rapport cite
diverses manières dont les autorités publiques
n'ont pas réglementé et contrôlé les exploitants
privés à but lucratif et les manières dont les
exploitants privés n'ont pas répondu aux besoins
des personnes âgées dont ils ont la charge et ont
imposé une charge de travail impossible à des
travailleurs déjà en nombre insuffisant.
Les conclusions tirées par le Bureau pour la
protection des aînés dans le rapport sont
essentiellement qu'il y a des « incitatifs
financiers » dans les pratiques actuelles de
financement des soins de longue durée qui «
peuvent avoir des conséquences imprévues » et
que le financement et les rapports financiers sont
« décousus, injustes envers le secteur sans but
lucratif et non imputables au public ». Le
rapport recommande de prendre cinq mesures :
« 1) Le financement des soins directs doit
être alloué aux soins directs. Supprimer les
incitatifs financiers pour les opérations qui
n'ont rien à voir avec autre chose que de
fournir autant d'heures de soins que possible
avec l'argent public qui est reçu pour fournir
des soins directs. Si un exploitant peut trouver
du personnel qui travaillera pour des salaires
inférieurs à leur taux de financement, il
devrait utiliser ses fonds excédentaires pour
fournir plus d'heures de soins ou rembourser le
financement. Tout ce qui est inférieur à cela ne
fournira pas aux exploitants les incitatifs dont
nous avons besoin sur le marché du travail
d'aujourd'hui pour garantir aux résidents du
personnel soignant en nombre suffisant pour
répondre à leurs besoins.
« 2) La surveillance du respect des heures
de soins financées doit être plus précise. Nous
avons besoin de rapports standardisés plus
stricts pour les heures offertes en soins
directs. Tous les lits doivent être
comptabilisés pour une occupation
à 100 % et nous devons vérifier les
heures de travail qui sont déclarées. Il faut
prendre en considération les changements de
réglementation qui imposeront des permis pour
surveiller les niveaux d'affectation du
personnel similaires aux pratiques
réglementaires et de permis actuelles dans les
résidences dûment agréées.
« 3) Définir le profit. Il y a un certain
nombre de dépenses déclarées qui peuvent être ou
non justes et appropriées. Il doit y avoir une
décision sur la façon de traiter
l'immobilisation avec les frais de gestion, les
allocations allouées au siège social, les
dépenses administratives et les sous-contrats
avec des tiers. Les décisions prises doivent
être appliquées uniformément à toutes les
résidences pour aînés de la province et
démontrer de manière transparente aux
contribuables qu'ils en ont pour leur argent.
« 4) Normaliser la production des rapports
à l'ensemble des résidences. Nous devons
recueillir les mêmes informations, en utilisant
les mêmes calculs et les mêmes mesures, pour
toutes les résidences, quelle que soit
l'autorité de santé publique, et nous devrions
faire rapport au niveau provincial.
« 5) Les revenus et les dépenses des
résidences financées publiquement devraient être
accessibles au public. Le public a le droit de
savoir comment son argent est dépensé, en
détail, et les résidents et les familles ont le
droit de savoir combien d'heures de soins sont
dispensées par leur résidence. »
La coopération internationale face
à nos défis communs
Le 18 mars, alors que l'aube se pointait, le
navire à passagers britannique MS Braemar de la
ligne de croisières Fred Olsen avec plus
de 1 000 passagers et membres du
personnel à bord s'est amarré au port de Mariel, à
Cuba. Depuis le 12 mars, le navire s'était vu
refuser l'autorisation d'amarrer dans plusieurs
escales de son itinéraire dans les Caraïbes et aux
États-Unis par les autorités de ces pays parce
qu'un de ses passagers et quatre membres
d'équipage étaient atteins du virus, tandis
que 28 passagers et 27 membres de
l'équipage, y compris un médecin, étaient en
isolement en raison de l'apparition de symptômes
liés au coronavirus.
Dès l'amarrage le gouvernement cubain s'est
organisé pour que des autobus touristiques
puissent transférer tous les passagers vers
l'aéroport international José Marti de la Havane
où des avions affrétés de British Airways les
attendaient pour les ramener en Grande-Bretagne ce
soir-là. Ceux qui ne présentaient aucun symptôme
ont volé sur trois des avions à destination de
l'aéroport d'Heathrow à Londres. Ceux qui avaient
des symptômes pseudo-grippaux, ceux qui avaient
été testés positifs pour la COVID-19 et leurs
compagnons ont été embarqués à bord d'un vol
séparé vers une base aérienne en Angleterre. Les
personnes dont la santé ne leur permettait pas de
partir ont pu rester à Cuba pour des traitements.
Le ministère cubain des Relations extérieures a
émis un communiqué informant de sa décision
d'accueillir le Braemar à la suite d'une demande
du gouvernement britannique formulée le 16 mars.
Il a affirmé qu'en raison de la situation urgente
et des menaces à la vie des personnes malades, le
gouvernement cubain avait décidé d'autoriser le
navire à amarrer et à accueillir toutes les
personnes à bord suivant le protocole établi par
l'Organisation mondiale de la santé et le
ministère cubain de la Santé publique. Enfin, le
ministère a dit : « Les temps sont à la
solidarité, il nous faut considérer la santé comme
un droit humain, renforcer la coopération
internationale pour faire face à nos défis
communs, des valeurs qui sont inhérentes à la
pratique humaniste de la Révolution et de notre
peuple. »
Dans des
photos et des vidéos publiées sur internet, on
peut voir des passagers qui expriment leur joie à
l'annonce de la décision de Cuba de leur venir en
aide, par exemple les membres d'équipage qui
tiennent une banderole sur laquelle on peut lire «
Te Quiero Cuba » (Je t'aime Cuba) au moment
du débarquement.
Dans un communiqué, Peter Deer, le directeur
général de la ligne de croisière Fred Olsen, a
exprimé sa gratitude à Cuba en disant: « Je désire
faire part de mes sincères remerciements au nom de
Fred Olsen aux autorités cubaines, au port de
Mariel et au peuple cubain pour leur soutien.
D'autres pays n'ont pas voulu permettre au Braemar
d'accoster une fois que nous avions des cas
confirmés de coronavirus à bord. Grâce à leur
gentillesse, nous pouvons maintenant ramener les
gens chez eux. Nous n'oublierons jamais votre
appui. Du fond de notre coeur, nous vous
remercions. »
Le secrétaire d'État britannique des Affaires
étrangères et du Commonwealth, Dominic Raab,
s'adressant au parlement, a aussi remercié le
gouvernement cubain. Le 18 mars, il a
dit : « J'ai parlé avec le ministre cubain
des Relations extérieures deux fois au cours du
weekend et nous sommes extrêmement reconnaissants
envers le gouvernement cubain d'avoir autorisé cet
amarrage et de leur grande coopération qui a
assuré le succès de la démarche. »
Dans un article du quotidien mexicain La
Jornada, la journaliste cubaine Rosa Miriam
Elizalde décrit l'action humanitaire cubaine
auprès des personnes à bord du navire :
« Je suis très
reconnaissante envers le gouvernement cubain
d'avoir accepté de mener cette opération.
« L'odyssée a commencé lorsque le navire de la
croisière de la compagnie britannique Fred Olsen
est arrivé à Cartagena, où une femme américaine a
débarqué et quelque temps plus tard il a été
confirmé qu'elle avait contracté le coronavirus. À
partir de ce moment, cinq ports des Caraïbes ont
refusé l'entrée du navire. Les familles des
passagers de la croisière se sont alors tournées
vers les médias pour exprimer leurs craintes face
au sort de leurs êtres chers et de l'éventualité
que ceux-ci soient obligés d'entreprendre le long
trajet du retour vers l'Europe et d'être
grandement exposés à la contagion pouvant causer
un nombre élevé de mortalités avant que le navire
ne puisse atteindre les rives de la
Grande-Bretagne. »
Elizalde écrit au sujet d'un passager qui a
publié des vidéos et des rapports réguliers à
partir du navire avec l'hashtag DunkirkSpirit,
évoquant l'évacuation de 330 000 soldats
alliés de la côte française en mai 1940, au
début de la Deuxième Guerre mondiale, alors que
Hitler semblait invincible.
« Pour nous, Dunkerque évoque non seulement
l'héroïsme, mais aussi l'humanité. C'est la preuve
qu'il existe des solutions même dans la pire des
situations, et cette fois, c'est Cuba que nous
devons remercier pour cela », a dit le
passager.
Elizalde termine son article intitulé « Cuba
sauve » en soulignant le contraste entre le
fait que les navires ayant des contrats avec Cuba
pour apporter du pétrole et de la nourriture dans
l'île sont harcelés par les États-Unis et le fait
que des navires ayant à bord des gens malades sont
refusés dans les ports de certains pays, y compris
les États-Unis, qui ont refusé d'accueillir le
navire britannique dans leurs ports, mais sont
accueillis avec solidarité et respect par Cuba.
La solidarité internationale n'est pas quelque
chose d'exceptionnel mais une règle de base pour
Cuba.
Le commandant du MS Braemar reconnaît
l'héroïsme du pilote de la marine cubaine qui a
aider à amarrer le navire au port de Mariel.
Une équipe médicale de 50 personnes arrive au
Suriname le 20 mars 2020 pour aider à la lutte
contre la pandémie de la COVID-19.
Le 21 mars, 53 médecins et infirmières de la
célèbre brigade médicale internationale Henry
Reeve de Cuba, formés en interventions médicales
en cas de catastrophe et à la lutte contre les
maladies infectieuses, sont arrivés dans le nord
de la Lombardie en Italie à la demande des
autorités italiennes. Ils rejoindront une douzaine
de médecins chinois pour travailler dans un nouvel
hôpital de campagne en construction à Bergamo,
dans la zone la plus durement touchée d'Italie, où
se trouvent plus de 63 % des décès dus à la
COVID-19 et 42 % de ses cas actifs et où plus de 1
000 patients sont en traitement intensif. Il
s'agit du sixième contingent de la brigade
spécialisée à se rendre à l'étranger pour lutter
contre la pandémie de la COVID-19 et le premier
envoyé en Europe.
D'autres contingents de la brigade ont récemment
quitté Cuba pour aider un certain nombre de pays
des Amériques. Cent quarante-quatre médecins sont
arrivés ce week-end en Jamaïque et 136 au
Venezuela ; cinq infirmières en soins intensifs
sont récemment arrivées à la Grenade et 51
professionnels de la santé au Suriname. Ceux du
Venezuela feront partie d'un groupe de 2 000
médecins cubains travaillant avec les communautés
là-bas. D'autres encore travaillent déjà au
Nicaragua. À l'heure actuelle, Cuba compte 28 000
professionnels de la santé travaillant dans des
missions dans 59 pays, dont la plupart sont
touchés par la COVID-19.
La contribution de Cuba à la lutte contre la
pandémie mondiale s'étend également à l'enquête
scientifique qui se déroule dans son Centre de
génie génétique et de biotechnologie (CIGB) à La
Havane, où les chercheurs sont engagés dans de
nombreuses études sur le nouveau coronavirus
SARS-CoV-2 qui cause la COVID-19, et travaillent
au développement d'un vaccin pour cela. Dans
l'intervalle, de nombreux pays ont demandé à Cuba
de leur fournir le recombinant humain interféron
alfa-2b, le médicament antiviral développé au
centre qui s'est révélé prometteur dans le
traitement des patients atteints de la COVID-19 en
Chine, en Corée du Sud et en Allemagne..
Cliquer pour agrandir
|
Un récent rapport publié par Peoples'
Dispatch fait état de l'utilisation des
médicaments dans la lutte contre la COVID-19,
qualifiant Cuba de « symbole de solidarité
internationale et d'excellence médicale pour mener
la lutte contre le coronavirus » malgré le blocus
tous azimuts féroce que les États-Unis
maintiennent contre Cuba.[1] Il indique que
l'interféron alfa-2b a empêché des milliers de
décès dus au coronavirus en Corée du Sud et en
Allemagne, qui ont tous deux signalé de faibles
taux de mortalité - en particulier en Allemagne
avec une incidence élevée de la maladie au sein de
sa population. Compte tenu de sa promesse de
traiter la COVID-19, Cuba a déjà envoyé une équipe
de médecins et de fournitures d'interféron alfa-2b
en Italie pour travailler aux côtés d'experts
chinois. Le médicament est également utilisé au
Panama, au Venezuela et ailleurs, Cuba ayant
produit un approvisionnement suffisant pour
traiter également des milliers de patients à
domicile si nécessaire.
L'interféron alfa-2b développé par les Cubains
est produit en Chine depuis le 25 janvier dans le
cadre d'un partenariat commercial entre les deux
pays et est l'un des 30 médicaments choisis par la
Commission nationale de la santé de Chine pour
lutter contre la maladie respiratoire. Il a été
développé pour la première fois en 1986 par une
équipe de chercheurs du CIGB et a profité à des
milliers de patients cubains. Il est commercialisé
sous le nom Heberon® Alfa R. et a été utilisé
comme traitement pour le VIH-SIDA, les hépatites B
et C, l'herpès zoster (zona), la dengue et
différents types de cancers. Le médicament
augmente la production naturelle d'interféron dans
le corps humain et renforce le système immunitaire
des patients.
Le docteur Luis Herrera, l'un des créateurs de
l'interféron alfa-2b, a déclaré dans une entrevue
accordée à teleSUR que l'objectif principal du
médicament était d'éviter les complications chez
les patients, en particulier les personnes
vulnérables et les personnes âgées qui sont
sensibles ou ont une mauvaise réponse immunitaire.
Des membres de la brigade médicale cubaine Henry
Reeve arrivent au
Nicaragua, le 18 mars 2020.
Note
1. « Cuba leads global efforts against COVID-19 in
spite of blockade », Tanya Wadhwa, Peoples'
Dispatch, 16 mars 2020
(Sources : TeleSUR, Prensa
Latina, Agencia Cubana de Noticias, Radio Habana
Cuba. Photos: Telesur, J. Vidal)
L'aide apportée à l'Italie et aux autres pays
de l'Union européenne
Des médecins chinois et cubains arrivent en Italie
pour aider à combattre la pandémie.
Le 12 mars, un groupe de neuf professionnels
de l'aide chinois est arrivé à Rome avec des
tonnes de fournitures médicales, dont 700
ventilateurs, moniteurs et défibrillateurs, dans
le cadre des efforts de la Chine pour aider
l'Italie à contenir la nouvelle épidémie de
coronavirus.
« Ce soir, je voulais vous montrer que les
premiers secours sont arrivés de Chine », a
déclaré le ministre italien des Affaires
étrangères Luigi di Maio lors d'un discours
émotionnel à une émission en direct sur Facebook,
peu après le débarquement de l'équipe chinoise. Il
a montré son ordinateur portable qui montrait un
groupe de ressortissants chinois sortant de
l'avion.
« Ils font partie du personnel médical spécialisé
qui a fait face à l'urgence du coronavirus en
Chine et ils sont arrivés en ce moment à
Rome », a déclaré Di Maio. « C'est ce que
nous appelons la solidarité. »
Une équipe médicale chinoise à Padua, en Italie,
le 18 mars 2020
L'équipe d'experts a été organisée par la
Commission nationale de la santé de la Chine et la
société de la Croix-Rouge. Le groupe est le
troisième envoyé à l'étranger par la Chine après
ceux envoyés en Iran et en Irak.
Cette même semaine, des fournitures de protection
médicale données par la Fondation Fosun du groupe
Fosun basé à Shanghai, du Groupe Longfor et de la
Fondation Taikang Yicai de Beijing, y
compris 5500 combinaisons de protection
et 40 000 masques respiratoires N95,
sont arrivées à Milan, en Italie.
Le mercredi 17 mars, un avion-cargo chargé
de dons de fournitures a quitté Hangzhou, dans
l'est de la Chine, et est arrivé à l'aéroport de
Liège en Belgique. Les marchandises ont été
remises au ministère français de la Santé, ont
indiqué la fondation Alibaba et la fondation Jack
Ma dans un communiqué de presse. À bord de
l'avion, il y avait également des produits
médicaux destinés à d'autres pays européens, dont
la Belgique et la Slovénie.
Toujours le 17 mars, un autre lot de
fournitures médicales envoyées par la Chine est
arrivé à Paris, notamment des masques de
protection, des masques chirurgicaux, des
combinaisons de protection et des gants médicaux,
selon l'ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye.
« Au moment crucial où la Chine a mené la guerre
contre l'épidémie, la France nous a fourni un
soutien et une assistance précieux », a
déclaré Lu. « Maintenant que la France et
l'ensemble de l'Europe sont confrontés au grave
défi de la pandémie, la Chine est prête à fournir
toute l'aide possible. »
« C'est un geste qui doit être apprécié », a
déclaré le ministre français des Affaires
étrangères Jean-Yves Le Drian. « Nous avons montré
notre solidarité avec la Chine en livrant des
équipements de protection, notamment à Wuhan. Les
Chinois, qui commencent progressivement à sortir
de ces difficultés, nous ont retourné cette
solidarité », a expliqué Le Drian.
« Nous sommes reconnaissants du soutien de la
Chine », a tweeté la présidente de la
Commission européenne, Ursula von der Leyen,
le 17 mars. « Nous avons besoin de nous
soutenir mutuellement en cas de besoin. »
L'équipe médicale chinoise à Padua, en Italie, le
17 mars 2020
Une équipe envoyée en Irak
Une équipe médicale chinoise composée de sept
membres est en Irak et met tout en oeuvre pour
aider ce pays à lutter contre la pandémie de la
COVID-19. Leurs activités consistent notamment à
conseiller le gouvernement de prendre des mesures
de prévention plus strictes, à partager
l'expérience de traitement de la Chine avec leurs
homologues irakiens et à promouvoir le
savoir-faire en matière de lutte contre la
pandémie auprès des résidents.
L'Irak a un besoin urgent de trousses de test
d'acide nucléique, ont déclaré des membres de
l'équipe au Global Times. La pénurie de
trousses de dépistage a peut-être été la raison du
faible nombre de cas confirmés dans le pays. Par
conséquent, les experts chinois aident l'Irak à
construire un laboratoire de réaction en chaîne de
la polymérase à Bagdad et ont fait don
de 50 000 trousses de test d'acide
nucléique pour améliorer la capacité de diagnostic
de l'Irak.
L'équipe médicale volontaire chinoise a été
envoyée par la Société de la Croix-Rouge de Chine
à la demande de la Société du Croissant-Rouge
irakien et est arrivée à Bagdad le 9 mars.
La municipalité de Beijing
envoie 30 tonnes d'aide à l'Iran
Une délégation chinoise rencontre les équipes
médicales iraniennes à Téhéran le 2 mars 2020.
La municipalité de Beijing a envoyé en Iran 30
tonnes d'articles médicaux et de soins de santé pour
lutter contre la propagation du coronavirus
(COVID-19), a rapporté le 18 mars l'agence de
presse de la République islamique.
Le don a été envoyé à Téhéran, la capitale,
par 11 camions. Remerciant la Chine pour
cette mesure, le maire de Téhéran, Pirouz Hanachi,
a appelé à une coopération mutuelle dans divers
domaines.
Le vice-ministre iranien de la Santé, Alireza
Raisi, a déclaré le 18 mars qu'il y avait en
Iran 17 361 personnes infectées par la
COVID-19, dont 1 135 sont décédées.
Le drapeau de la Chine et les mots « Reste forte
Wuhan, reste forte Chine » sur la tour d'Azadi à
Téhéran le 18 février 2020
La Serbie demande l'aide de la Chine face au
manque de solidarité de l'Union européenne
L'ambassadeur de Chine en Serbie, Chen Bo, a
informé le 17 mars que le président serbe
Aleksandar Vucic que Beijing avait approuvé un don
et décidé d'envoyer des experts pour aider la
Serbie à combattre la pandémie du coronavirus.
Le président Vuci a déclaré que la Serbie n'était
pas encore dans la même crise que les pays de
l'Union européenne (UE) en ce qui concerne le
coronavirus, mais que cela arriverait bientôt. «
La Serbie tourne maintenant ses yeux vers la
Chine », a-t-il ajouté.
« Pour éviter le pire des scénarios, nous avons
besoin de votre aide et de votre soutien. C'est
pourquoi je vous demande de nous envoyer tout ce
que vous pouvez. L'argent n'est pas un problème,
nous avons besoin de tout, des masques, des gants
aux respirateurs, littéralement tout, et surtout
nous avons besoin de vos connaissances et de
personnes qui seraient disposées à venir ici et à
nous aider », a déclaré Vucic.
« Tous mes espoirs personnels sont concentrés et
dirigés vers la Chine et son président »,
a-t-il dit, soulignant que la Serbie ne demandait
pas d'argent.
« Nous attendons nos frères chinois ici. Sans
vous, il s'avère que l'Europe a du mal à se
défendre, nous ne cachons pas le fait que nous ne
pouvons pas [nous défendre]. Sans la Chine et nos
frères chinois, nous sommes incapables de le
faire », a dit Vucic.
L'ambassadeur chinois a déclaré que les «
citoyens ordinaires » en Chine avaient réagi
très positivement à l'appel à l'aide de Vucic, et
que plus de 300 millions de personnes avaient
regardé un enregistrement vidéo de sa déclaration.
Le premier lot d'aide chinoise dans la lutte
contre le nouveau virus est déjà arrivé en Serbie
et comprend des trousses de dépistage de la
COVID-19 données par la fondation Mammoth, une
organisation humanitaire basée à Shenzhen.
L'opération d'aide a été coordonnée par
l'ambassade de Chine à Belgrade en collaboration
avec le gouvernement serbe. Le nombre de trousses
de dépistage livrées n'a pas été précisé.
L'aide demandée à la Chine est devenue d'autant
plus urgente que la Commission européenne a décidé
de limiter les exportations de matériel médical en
dehors de l'Europe.
Vucic a en outre déclaré qu'il avait assuré au
président chinois « l'amitié puissante comme
l'acier » de la Serbie.
« La solidarité européenne n'existe pas. C'était
un conte de fées sur papier. J'ai envoyé une
lettre spéciale aux seuls qui peuvent aider, et
c'est la Chine ... », a déclaré Vucic
le 15 mars, le jour où la Serbie a déclaré un
état d'urgence dû au coronavirus. Il a déclaré à
l'époque que les gouvernements d'Europe
occidentale avaient pressé la Serbie de modifier
ses procédures d'appel d'offres pour réduire les
importations de produits chinois et importer
d'Europe à la place. Mais maintenant, les mêmes
gouvernements ne veulent pas aider la Serbie, même
en échange d'argent, a-t-il déclaré.
Le 17 mars, la porte-parole de la Commission
européenne, Ana Pisonero, a déclaré que l'UE
cherchait des moyens de relier l'ouest des Balkans
aux initiatives prises par l'UE pour lutter contre
la pandémie du coronavirus.
« Une coordination et une coopération étroites au
niveau régional et avec l'UE sont des facteurs
clés dans la réponse à cette situation d'urgence.
En ces temps difficiles, la solidarité est
nécessaire. Ce n'est pas le moment pour une
polémique ou des accusations non fondées », a
déclaré Pisonero.
Elle a ajouté que l'UE cherchait la meilleure
façon d'apporter un soutien pour atténuer les
conséquences sociales et économiques de la
pandémie, y compris la possibilité de réorienter
les fonds de préadhésion (IAP) de l'UE et la
flexibilité concernant les règles en matière
d'aides de l'État.
La ministre serbe de l'intégration européenne,
Jadranka Joksimovi, a déjà envoyé une lettre à la
Commission demandant à l'UE d'autoriser la
réaffectation de fonds IAP non dépensés, pour
lutter contre l'épidémie de coronavirus.
« Nous devons comprendre que nous sommes plutôt
seuls face à tout cela », a commenté le
ministre serbe de la Santé, Zlatibor Lon ar.
L'Alliance progressiste des socialistes et
démocrates du Parlement européen a également
publié une déclaration appelant les autorités de
l'UE à ne pas ignorer la région occidentale des
Balkans dans la lutte contre le coronavirus.
« [Nous devons] inclure les pays occidentaux des
Balkans dans notre réponse européenne commune et
par des mesures qui visent à prévenir et à
combattre les effets de l'épidémie », a
déclaré la vice-présidente des socialistes et
démocrates, Kati Piri.
Dans une entrevue accordée à Prva TV le 17
mars, le ministre Lon ar a déclaré que la Serbie
avait mis en place un système pour
recevoir 2 000 patients, et que des
préparatifs sont en cours pour en
accepter 5 000 autres dans les hôpitaux
du pays. Selon les données officielles, il y a
actuellement 65 cas confirmés de la COVID-19
en Serbie, sur une population de 6,96
millions d'habitants.
Une équipe médicale chinoise dans un hôpital
temporaire à Wuhan
Le mépris des impérialistes
américains pour la vie humaine
Le 17 mars, le secrétaire d'État des
États-Unis Mike Pompeo a annoncé de nouvelles
sanctions contre l'Iran en plein coeur de la
pandémie de la COVID-19. Les sanctions seraient en
réaction aux attaques par roquette du 12 mars
à Taji, en Irak, qui ont tué deux membres des
forces d'occupation des États-Unis, dont il tient
l'Iran responsable. Selon Pompeo, les sanctions
ciblent surtout les entités et les individus liés
à l'industrie pétrochimique de l'Iran qui « est
une source de revenu pour le régime dont celui-ci
pourrait se servir pour financer la terreur et
d'autres activités déstabilisantes ». Ces
mesures touchent cinq compagnies basées dans les
Émirats arabes unis, trois compagnies en Chine,
trois à Hong Kong et une en Afrique du Sud.
Le ministre iranien
des Affaires étrangères, Javad Zarif, a dit que
les nouvelles sanctions abaissent la politique
américaine de « pression optimale » exercée
sur l'Iran à « un niveau d'inhumanité sans
précédent ». Par gazouillis, il a dénoncé
l'administration Trump qui « jubile » de «
tuer des citoyens iraniens » à l'occasion du
Norouz, la Nouvelle année perse, célébrée
le 20 mars cette année. Il a aussi dénoncé la
politique américaine pour son « mépris total de la
vie humaine ».
« La pression accrue de Washington sur l'Iran est
un crime contre l'humanité [...] tout le monde
devrait s'entraider afin de surmonter cette
maladie », a dit le 20 mars un
représentant iranien tel que cité par Reuters. Les
sanctions américaines mettent en danger la vie non
seulement du peuple iranien mais aussi des peuples
du monde, car l'expérience montre que le
coronavirus ne respecte pas les frontières et la
pandémie ne peut être vaincue qui si tous les pays
et peuples s'unissent, partagent leurs ressources,
leurs expériences et travaillent collectivement
dans un esprit d'avantage réciproque et de
coopération.
Le secrétaire d'État Mike Pompeo a prétendu
le 20 mars que les sanctions américaines ne
ciblaient pas les médicaments ni l'assistance
humanitaire à l'Iran. Cependant, ce syllogisme ne
sert qu'à absoudre les impérialistes américains de
leurs actes criminels — les sanctions financières
des États-Unis ont empêché Téhéran d'acheter les
approvisionnements leur permettant de combattre la
pandémie et les sanctions imposées au transport
maritime ont empêché des livraisons humanitaires.
La Chine a appelé les États-Unis à offrir un
répit de sanctions à l'Iran. Le ministère des
Affaires étrangères de Pékin, dans un gazouillis
du 17 mars, affirme que les sanctions sont «
contraires à l'humanitarisme et entravent la
capacité de l'Iran à combattre l'épidémie »,
ainsi que les livraisons d'aide des Nations unies
et d'autres organisations. En contraste avec les
sanctions américaines, la Chine a envoyé une
équipe d'experts pour aider l'Iran à combattre la
COVID-19. Elle a également envoyé de l'aide
humanitaire, comme d'autres pays l'ont fait.
L'Iran est un des pays du monde où la COVID-19
fait le plus de ravages et le pays du Moyen-Orient
le plus touché. En date du 20 mars, il y a eu
en Iran 1 433 décès dus à la COVID-19
et 19 644 cas d'infection. Un
porte-parole de ministère de la Santé a dit
le 17 mars qu'en Iran une personne perd la
vie « à chaque minute » au virus et que de
nouvelles infections augmentent à un taux
de 50 par heure.
- Ana Maldonado, Paola Estrada,
Vijay Prashad, Zoe PC (extraits) -
Le Venezuela reçoit l'aide de la Chine le 19
mars 2020 pour combattre la pandémie.
Le 16 mars 2020, la chef du Fonds
monétaire international (FMI) Kristalina
Georgieva, a écrit un article sur le blog du site
Web du Fonds qui représente le genre de générosité
nécessaire dans les conditions d'une pandémie
mondiale. « Le FMI est prêt à mobiliser sa
capacité de prêt de 1 billion de dollars pour
aider nos membres », écrit-elle. Les pays «
ayant des besoins urgents en matière de balance
des paiements » pourraient être aidés à même
la « boîte à outils d'urgence flexible et à
décaissement rapide » du FMI. Grâce à ces
mécanismes, le FMI a déclaré qu'il pourrait
fournir 50 milliards de dollars aux pays en
développement et 10 milliards de dollars aux
pays à faible revenu à un taux d'intérêt nul.
La veille de cette
déclaration publique, le ministère des Affaires
étrangères du Venezuela a envoyé une lettre au FMI
demandant des fonds pour financer les « systèmes
de détection et de réponse » du gouvernement
dans ses efforts contre le coronavirus. Dans la
lettre, le président Nicolas Maduro écrit que son
gouvernement « prend différentes mesures
préventives et applique des contrôles stricts et
exhaustifs pour protéger les Vénézuéliens ».
Ces mesures nécessitent un financement et c'est
pourquoi le gouvernement « se tourne vers votre
honorable organisation pour demander son
évaluation de la possibilité d'autoriser pour le
Venezuela une ligne de crédit de 5 milliards
de dollars du fonds d'urgence de l'instrument de
financement rapide ».
La politique énoncée par Georgieva d'offrir une
assistance spéciale aux pays aurait dû suffire
pour que le FMI accorde cette aide demandée par le
gouvernement vénézuélien. Mais le Fonds a vite
décliné la demande du Venezuela.
Il est important de souligner que le FMI a
signifié ce refus à un moment où le coronavirus
commençait à se propager au Venezuela. Le 15
mars, lorsque le ministre a envoyé sa lettre au
FMI, Nicolas Maduro a rencontré de hauts
responsables du gouvernement à Caracas.
L'organisme pharmaceutique vénézuélien CIFAR et
les sociétés vénézuéliennes de matériel médical
ont déclaré qu'elles pourraient augmenter la
production de machines et de médicaments pour
endiguer la crise, mais, ont-ils dit, ils auraient
besoin de matières premières essentielles qui
doivent être importées. C'est pour payer ces
importations que le gouvernement vénézuélien s'est
adressé au FMI. Le refus du FMI punira directement
l'appareil de santé vénézuélien et empêchera le
Venezuela de s'attaquer à la pandémie de
coronavirus comme il faut.
« Il s'agit de la situation la plus grave que
nous ayons jamais connue », a déclaré le
président Maduro en annonçant la mise en place de
nouvelles mesures. Le gouvernement vénézuélien a
imposé une quarantaine nationale pour une période
indéfinie et a mis en place, en s'appuyant sur
l'autonomie locale des communes, un processus de
distribution de vivres et de fournitures
essentielles. Toutes les institutions de l'État
sont désormais engagées dans la bataille pour «
aplanir la courbe » et « briser la
chaîne » de la contagion. Mais, en raison du
refus du FMI, le pays aura plus de mal à produire
des trousses de dépistage, des respirateurs et des
médicaments clés pour les personnes infectées.
[...]
Réunion au Venezuela le 18 mars 2020 sur les
mesures à prendre pour combattre la COVID-19
Le FMI prend parti
En janvier 2019, le gouvernement américain a
tenté un coup d'État contre le gouvernement du
président Maduro. Il a choisi comme instrument
Juan Guaido, que les États-Unis ont proclamé
président du Venezuela. Les banques américaines
ont saisi à la hâte les actifs de l'État
vénézuélien qu'ils détenaient et les ont remis à
Guaido. Puis, dans une démarche surprenante, le
FMI a déclaré que le gouvernement vénézuélien ne
serait plus autorisé à utiliser ses 400
millions de dollars en droits de tirage spéciaux
(DTS), la monnaie du FMI. Il a déclaré qu'il avait
pris cette mesure en raison de l'incertitude
politique au Venezuela. En d'autres termes, en
raison de la tentative de coup d'État qui a
échoué, le FMI a déclaré qu'il « ne prendrait pas
parti » au Venezuela ; ne « prenant pas
parti », le FMI a refusé de permettre au
gouvernement du Venezuela d'accéder à ses propres
fonds. Étonnamment, le conseiller de Guaido,
Ricardo Hausmann, ancien président du comité de
développement du FMI et chef de la Banque
interaméricaine de développement, a déclaré à
l'époque qu'il s'attendait à ce que l'argent soit
à la disposition du nouveau gouvernement dans
l'éventualité d'un changement de régime. C'est le
FMI qui s'ingère directement dans les affaires
politiques vénézuéliennes.
Ni à l'époque ni aujourd'hui, le FMI n'a nié que
le gouvernement de Nicolas Maduro est le
gouvernement légitime du Venezuela. Le FMI
continue de reconnaître sur son site Web que le
représentant du Venezuela au FMI est Simon
Alejandro Zerpa Delgado, ministre des Finances du
gouvernement Maduro. C'est que Guaido n'a pas pu
prouver qu'il avait le soutien de la majorité des
États membres du FMI. Comme il n'a pas pu prouver
sa position, le FMI, encore une fois par mesure
extraordinaire, a refusé au gouvernement Maduro
son droit légitime à ses propres fonds et de faire
un emprunt aux sommes mises en commun par les
membres du FMI. [...]
Le ministre des Affaires étrangères du Venezuela
se trouve toujours sur la liste du site web du
FMI. Les Nations unies continuent de reconnaître
le gouvernement vénézuélien. C'est ce qui devrait
servir au FMI de standard officiel dans sa prise
de décision. Mais ce n'est pas le cas. Il suit les
directives du gouvernement des États-Unis. En
avril 2019, le vice-président américain Mike
Pence s'est rendu au Conseil de sécurité de l'ONU
où il a déclaré que celle-ci devait accepter Juan
Guaido comme président légitime du Venezuela. Il
s'est alors tourné vers l'ambassadeur du Venezuela
aux Nations unies, Samuel Moncada Acosta, et lui a
dit : « Tu ne devrais pas être là. » Ce
geste a une grande portée symbolique puisque les
États-Unis agissent comme si les Nations unies
étaient leur domicile et qu'ils pouvaient y
inviter qui bon leur semble.
Le refus du FMI face à la demande de 5
milliards de dollars de la part du Venezuela est
un reflet de ce que pense Pence. Il s'agit d'une
violation de l'esprit de coopération
internationale qui est au coeur de la Charte de
l'ONU.
À titre d'information
Le 20 mars, le directeur général de
l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros
Adhanom Ghebreyesus, a participé à une conférence
de presse virtuelle où il a souligné certains
aspects de la pandémie en ce moment. Il a mis en
lumière l'exemple de la Chine, où l'éclosion de la
COVID-19 a été arrêtée, faisant valoir que même
les situations les plus critiques peuvent être
renversées.
Le docteur Tedros a souligné que l'OMS a appelé
au dépistage de tous les cas suspects et qu'à
cette fin l'organisation travaille d'arrache-pied
pour augmenter l'approvisionnement mondial en
trousses de diagnostic, ainsi qu'en équipement de
protection personnelle (EPP). Dans son breffage
du 19 mars, il rapporte que l'OMS a expédié
de l'EPP à près de 70 pays, et que 120
nations avaient reçu 1,5 millions de trousses
de diagnostic. « Notre objectif est de bâtir un
réseau pour assurer la continuité de
l'approvisionnement », a-t-il dit. L'OMS met
au point un plan d'exportation avec des
producteurs en Chine pour que plus
d'approvisionnements puissent être expédiés aux
divers pays.
Tedros a aussi mis les jeunes en garde contre la
complaisance. « Les données provenant d'un grand
nombre de pays indiquent sans l'ombre d'un doute
que les moins de 50 ans constituent une
importante section de patients qui ont dû être
hospitalisés », a dit Tedros. Il a souligné
que la solidarité entre pays ainsi qu'entre
groupes d'âge est la clé pour vaincre la COVID-19.
Nombre de cas dans le monde
En date du 20 mars, 18 heures UTC, les
statistiques mondiales pour la pandémie de la
COVID-19 telles que rapportées par Worldmeter
sont :
Nombre total de cas
rapportés : 266 208
- 164 418 cas actifs
- 101 790 cas guéris
Décès : 11 187
Rétablis : 90 603
Nouveaux cas du 19 mars au 20
mars : 21 314
La maladie est maintenant présente dans 160
pays.
Comparativement aux chiffres de la semaine
dernière, en date du 13 mars, il y
avait 145 634 cas signalés (67 669
personnes infectées ; 77 965
réglés) ; 5 436
décès ; 70 931
rétablis ; 11 058 nouveaux cas de plus
que le jour précédent ; dans 138 pays.
Les cinq pays ayant le nombre le plus élevé de
cas en date du 20 mars sont :
Chine : 80 967
(comparativement à 80 815 en date
du 13 mars) ; 56 cas par million
Italie : 47 021
(comparativement à 17 660 en date
du 13 mars) ; 778 cas par million
Espagne : 20 412
(comparativement à 5 232 en date
du 13 mars) ; 437 cas par million
Iran : 19 644
(comparativement à 11 364 en date
du 13 mars) ; 234 cas par million
Allemagne : 18 784
Par rapport à la semaine précédente, ces chiffres
montrent que l'Europe demeure l'épicentre de la
pandémie et que la situation s'est rapidement
détériorée depuis une semaine. Des 20 pays
ayant le taux le plus élevé de cas
signalés, 14 sont en Europe, quatre en Asie
et deux en Amérique du Nord. La Corée du Sud, qui
en date du 13 mars était au quatrième rang
des pays ayant le nombre le plus élevé de cas
signalés, soit 7 979, en
avait 8 652 en date du 20 mars.
Les cas par région dans des pays sélectionnés
En Europe, en date du 20 mars, les cinq pays
ayant le nombre le plus élevé de cas signalés
étaient :
Italie : 47 021
(37 860 personnes
infectées ; 5 129
rétablis ; 4 032 décès)
Espagne : 18 794
(18 561 personnes
infectées ; 1 588
rétablis ; 1 043 décès)
Allemagne : 18 794
(18 561 personnes infectées ; 180
rétablis ; 53 décès)
France : 10 995 (9 328
personnes infectées ; 1 295
rétablis ; 372 décès)
Suisse : 5 369 (5 298
personnes infectées ; 15
rétablis ; 56 décès)
Parmi tous les pays où le coronavirus est actif,
l'Italie a maintenant le nombre de décès le plus
élevé, supérieur à la Chine en date du 19
mars. Son taux d'infection depuis une semaine
serait plus élevé que celui de la Chine au plus
fort de la pandémie. Globalement, en Europe depuis
une semaine, le taux de nouvelles infections est
de plus de 10 000 par jour.
La France, la Belgique, l'Italie et l'Espagne ont
pris des mesures de confinement pour que les gens
restent à la maison sauf lorsqu'il est nécessaire
d'acheter de la nourriture ou des médicaments,
aller au travail, dans les hôpitaux ou les
banques, ou pour des excursions avec les enfants
ou les aînés. Les rassemblements sont interdits.
En date du 17 mars, la France a
émis 4 000 contraventions pour le
non-respect de ces restrictions. L'Union
européenne a fermé ses frontières aux voyageurs à
l'extérieur de l'UE. Près de 250 millions de
personnes dans l'UE vivent présentement dans des
conditions restrictives telles que la
distanciation sociale en raison de la pandémie.
En Eurasie :
Turquie : 359 (355 personnes
infectées ; 4 décès)
Russie : 253 (240 personnes
infectées ; 12 rétablis ; 1
décès)
Arménie : 136
Kazakhstan : 52
Azerbaïdjan : 44 (36 personnes
infectées ; 7 rétablis ; 1
décès)
Le quotidien turque Daily Sabah
rapportait le 20 mars que « la Turquie est à
toutes fins pratiques dans un état
d'auto-quarantaine alors que les rues se vident
par crainte d'attraper le virus à mesure que le
pays annonce des nouveaux cas et de nouvelles
mesures préventives. » Selon le journal, «
même si aucun confinement global n'a été annoncé
[...] les mesures accrues et le respect du public
des conseils de santé » ont fait en sorte que
les rues sont désertes. Le 20 mars, la
présidence turque a émis un décret le vendredi,
annulant tout évènement scientifique, culturel et
artistique jusqu'à la fin d'avril. Plus tôt cette
semaine, le président Recep Tayyip Erdogan a
exhorté les citoyens à rester à la maison pour au
moins trois mois.
En Asie de l'Ouest :
Iran : 19 644 (11 466
personnes infectées ; 6 745
rétablis ; 1 433 décès)
Qatar : 460 (450 personnes
infectées ; 10 rétablis)
Arabie saoudite : 344 (336
personnes infectées ; 8 rétablis)
Bahreïn : 291 (178 personnes
infectées ; 112 rétablis ; 1
décès)
Les sanctions injustes des États-Unis contre
l'Iran sont le « principal obstacle » à une
lutte efficace contre la pandémie du coronavirus,
a dit le ministre des Affaires étrangères de
l'Iran Mohammad Javad Zarif le 20 mars lors
d'une conversation téléphonique avec son homologue
japonais Toshimitsu Moteg. Les interdictions
empêchent l'Iran d'avoir accès à des médicaments
et à de l'équipement médical, a-t-il dit. Il a
demandé au gouvernement du Japon d'intensifier ses
efforts pour lever les sanctions unilatérales et
illégales des États-Unis contre l'Iran et a
exprimé sa gratitude envers le Japon pour son aide
à combattre la pandémie. Le ministre des Affaires
étrangères japonais a souligné les liens d'amitié
entre les deux nations et a dit que son pays veut
envoyer en Iran le médicament Avigan, qui a servi
au Japon pour le traitement de nouvelles souches
d'influenza et qui donne de bons résultats chez
les patients atteints du coronavirus.
Le ministre Zarif a aussi fait parvenir une
lettre au secrétaire général de l'ONU Antonio
Gutteres pour exiger la levée des sanctions
américaines.
Le sous-ministre de la Santé iranien Alizera
Raisi a dit le 20 mars que des 31
provinces de l'Iran, les provinces de Tehran,
d'Isfahan et de Gilan ont signalé le taux le plus
élevé de cas d'infection et que dans 13
provinces il y avait eu une baisse du taux
d'infection.
En Asie du Sud :
Pakistan : 500 (484 personnes
infectées ; 13 rétablis ; 3
décès)
Inde : 249 (221 personnes
infectées ; 23 rétablis ; 5
décès)
Sri Lanka : 73 (70 personnes
infectées ; 3 rétablis)
Afghanistan : 24 (23 personnes
infectées ; 1 rétablis)
Bangladesh : 20 (16 personnes
infectées ; 3 rétablis ; 1
décès)
Le journal Pakistan Today a rapporté
le 20 mars que « Le gouvernement du Pakistan
a [...] décidé de fermer sa frontière avec l'Iran
pour deux semaines, et le gouvernement réexaminera
la situation après ces deux semaines. Pendant ce
temps, le dépistage de la COVID-19 sera renforcé.
Le ministère de l'Éducation a également décidé de
fermer toutes les écoles jusqu'au 14 avril.
« Le gouvernement n'a pas encore décidé de
déclarer l'urgence, car la déclaration de
l'urgence au Pakistan en raison de la menace
mortelle de COVID-19 aura pour conséquence de
créer davantage de panique parmi les masses. Cette
décision de ne pas imposer l'état d'urgence est
une bonne mesure nécessaire du gouvernement. Le
gouvernement a également décidé de mener une
campagne médiatique sur la question de la COVID-19
afin de sensibiliser les masses à la prévention de
cette maladie mortelle. L'assistant spécial du
premier ministre pour la santé a également déclaré
que le gouvernement demanderait au président de la
Cour suprême du Pakistan de fermer les tribunaux
civils et d'ajourner les affaires pendant au moins
trois semaines. »
En ce qui concerne le très faible nombre de cas
en Inde malgré sa population de 1,3 milliard
d'habitants, Ramanan Laxminarayan, directeur du
Center for Disease Dynamics de Washington et
professeur d'économie et de politique à
l'Université de Princeton, a déclaré dans une
récente interview avec The Wire, que
l'Inde pourrait être le prochain foyer de
coronavirus. The Wire écrit :
« En se basant sur les estimations des États-Unis
selon lesquelles 20 à 60 % de la
population pourrait être infectée, le Dr
Laxminarayan a déclaré que cela signifie que dans
le pire des cas, 60 % de la population
indienne pourrait être infectée, ce qui représente
quelque 700 ou 800 millions de
personnes. Toutefois, le Dr Laxminarayan a ajouté
que la grande majorité ne serait que légèrement
touchée. Un très faible pourcentage tomberait
gravement malade et un pourcentage encore plus
faible perdrait malheureusement la vie.
« [...] Le Dr Laxminarayan a déclaré qu'il avait
du mal à croire le chiffre officiel du ministère
de la Santé de l'Union qui, sur son site Web
à 12 heures mercredi [17 mars], a déclaré que
l'Inde comptait 130 personnes infectées par
le coronavirus en plus des 14 personnes qui
ont guéri et des trois personnes qui sont
décédées.
« Il dit que si le Royaume-Uni peut accepter
qu'il a sous-estimé le nombre de personnes
infectées par un facteur de 12, la situation
serait à tout le moins la même en Inde. Cela
signifie qu'il y a plus de 1 500 cas non
détectés. En fait, étant donné notre taille et la
densité de notre population, le Dr Laxminarayan
estime que l'Inde devrait compter au
moins 10 000 cas de coronavirus non
détectés.
« Le Dr Laxminarayan a également déclaré à The
Wire qu'il n'était pas d'accord avec la
position officielle de l'Indian Council of Medical
Research [ICMR] selon laquelle l'Inde est toujours
en phase 2 de l'épidémie [transmission
locale] et n'est pas entrée en phase 3
[transmission communautaire]. Le Dr Laxminarayan a
déclaré que l'Inde est probablement entrée en
phase 3 il y a deux ou trois semaines. Il a
déclaré qu'il disait cela sur la base de
l'expérience du reste du monde et des meilleures
projections de modélisation scientifique. Il a
également déclaré que si vous examinez les mesures
que le gouvernement a prises - la fermeture
d'écoles, de collèges, de théâtres et de cinémas -
cela suggère clairement que le gouvernement sait
que nous sommes à l'étape 3 même si, pour des
raisons sans doute valables, il ne veut pas
l'admettre publiquement.
« Le Dr Laxminarayan a déclaré à The Wire que
l'Inde doit accélérer ses tests de dépistage. Il a
dit que nous devrions tester 10 000
personnes par jour. Au lieu de cela, selon le
ICMR, en date du 17 mars à 17 heures,
l'Inde a testé seulement un total
de 11 500 personnes.
« Bien que le Dr Laxminarayan soit d'accord avec
la politique de l'ICMR de ne pas tester les
personnes asymptomatiques qui viennent de pays
touchés par le coronavirus ou qui ont été en
contact avec des personnes infectées par le
coronavirus, il a estimé qu'il était essentiel de
tester les personnes qui présentent des symptômes
tels que la toux, le rhume, la fièvre ou la
détresse respiratoire même si elles n'ont pas
d'antécédents de voyage ou n'ont pas été en
contact avec une personne infectée. Cette deuxième
catégorie doit être testée, sinon nous ne saurons
pas quel pourcentage de personnes présentant de
tels symptômes sont liées au coronavirus par
rapport aux personnes souffrant de rhumes, de toux
et de grippes saisonnières ordinaires.
« Interrogé par The Wire sur son
évaluation de la gestion de la crise du
coronavirus par le gouvernement indien, le Dr
Laxminarayan a déclaré que bien que celui-ci ait
agi rapidement pour contrôler les entrées dans le
pays et que des mesures raisonnables aient été
prises, comme la fermeture d'écoles, de collèges,
de théâtres et de cinémas, il a critiqué le niveau
de dépistage qu'il jugeait terriblement inadéquat
pour un pays qui compte 1,3 milliard
d'habitants.
Le Dr Laxminarayan a déclaré à The Wire que,
dans l'hypothèse où entre quatre et huit millions
de personnes pourraient avoir besoin d'un
traitement en unité de soins intensifs, l'Inde
doit importer d'urgence des équipements de soins
intensifs, des ventilateurs et une gamme
importante de médicaments. Il a déclaré que cela
était en tête des conseils qu'il a donnés au
gouvernement. »
En Asie du Sud-Est :
Malaisie : 1 030 (940
personnes infectées ; 87
rétablis ; 3 décès)
Singapour : 385 (254 personnes
infectées ; 131 rétablis)
Indonésie : 369 (320 personnes
infectées ; 17 rétablis ; 32
décès)
Thaïlande : 322 (279 personnes
infectées ; 42 rétablis ; 1
décès)
Philippines : 230 (204 personnes
infectées ; 8 rétablis ; 18
décès)
Le Jakarta Post du 19 mars a
rapporté que « L'Organisation mondiale de la santé
a appelé le 16 mars les pays de la région de
l'Asie du Sud-Est à prendre de toute urgence les
mesures énergiques pour lutter contre la COVID-19,
alors que le nombre de cas continue d'augmenter
dans le monde. Le virus, qui a été détecté pour la
première fois en Chine, s'est rapidement répandu
dans 152 pays et territoires, infectant près
de 175 000 personnes et en
tuant 7 019.
« La situation évolue rapidement. Nous devons
immédiatement intensifier tous les efforts pour
éviter que le virus n'infecte davantage de
personnes », a déclaré Poonam Khetrapal
Singh, directrice du Bureau régional de l'OMS pour
l'Asie du Sud-Est (SEARO)
« Des mesures urgentes et énergiques sont
nécessaires. Nous devons agir maintenant », a
déclaré le représentant de l'OMS dans un
communiqué.
« Huit des onze pays regroupés dans le cadre de
l'OMS-SEARO ont confirmé des cas de la COVID-19,
et les chiffres augmentent rapidement », a
déclaré Khetrapal Singh. [...]
« La Malaisie est devenue le premier pays [de la
région] à annoncer un confinement de deux semaines
dans le pays, quelques jours après que les
Philippines aient décidé de fermer leur capitale,
Manille, et plus tard toute l'île de Luçon. Le
Laos a fermé ses frontières avec la Chine et le
Myanmar, tandis que les habitants de Brunei, de
Singapour et de Thaïlande ont reçu l'ordre de
limiter leurs déplacements ».
En Asie de l'Est :
Chine : 80 967 (6 569
personnes infectées ; 71 150
rétablis ; 3 248 décès)
Corée du Sud : 8 652
(6 325 personnes
infectées ; 2 233
rétablis ; 94 décès)
Japon : 963 (715 personnes
infectées ; 215 rétablis ; 33
décès)
Taïwan : 135 (105 personnes
infectées ; 28 rétablis ; 2
décès)
Le 19 mars, la Chine a signalé qu'il n'y
avait pas de nouveaux cas transmis localement ou
de cas suspects à Wuhan pour la première fois
depuis le début de l'épidémie, un résultat qui a
été répété le 20 mars. Dr Michael Ryan,
directeur exécutif du Programme de gestion des
urgences sanitaires de l'OMS, a déclaré le 20
mars lors d'une conférence de presse que les
résultats en Chine montrent que le coronavirus
peut être supprimé et ses chaînes de transmission
brisées grâce à un effort sociétal massif, avec
coordination, solidarité, engagement et chaînes
d'approvisionnement viables, ainsi que
l'engagement des communautés mises en action et
des travailleurs de la santé courageux. « C'est un
message d'espoir pour de nombreux autres pays du
monde qui ont actuellement un très faible nombre
de cas », a déclaré Ryan.
En Corée du Sud, l'une des principales mesures
prises contre la pandémie a été la généralisation
des tests de dépistage. Hankyoreh a
rapporté le 19 mars : « Au 17 mars,
la Corée du Sud avait testé plus
de 270 000 personnes pour le nouveau
coronavirus au cours des deux derniers mois. Ce
nombre est sensiblement supérieur
aux 138 000 tests de dépistage effectués
au 16 mars en Italie, qui a connu une forte
augmentation des diagnostics. Le nombre cumulé de
patients qui avaient été testés positifs le même
jour était de 8 320 pour la Corée du Sud
et de plus de 28 000 pour l'Italie. En
effet, alors que d'autres pays se sont efforcés de
restreindre les arrivées de l'étranger, les
responsables sud-coréens de la prévention des
maladies se sont davantage concentrés sur le
dépistage rapide des personnes présentant des
symptômes apparents et des populations à haut
risque d'infections en grappes. Kwon Gye-cheol, le
président de la Société coréenne de médecine de
laboratoire (KSLM), a expliqué : « Une fois
que le virus s'est propagé dans une certaine
mesure, il n'est pas facile d'arrêter les
infections simplement en bloquant les arrivées de
l'étranger. »
En Amérique du Nord :
États-Unis : 16 517
(16 167 personnes infectées ; 125
rétablis ; 225 décès)
Canada : 924 (901 personnes
infectées ; 11 rétablis ; 12
décès)
Mexique : 164 (159 personnes
infectées ; 4 rétablis ; 1
décès)
Les nouvelles mesures annoncées dans la région
cette semaine comprennent des accords conclus pour
bloquer les voyages non essentiels (par exemple,
pour le tourisme ou les loisirs) par le biais des
frontières entre le Mexique et les États-Unis et
le Canada et les États-Unis. Le secrétaire par
intérim de la sécurité intérieure des États-Unis,
Chad Wolf, a déclaré le 20 mars aux
journalistes à la Maison-Blanche : « Nous
voulons nous assurer que le fret continue, les
échanges commerciaux se poursuivent, les
travailleurs de la santé continuent de pouvoir
traverser cette frontière. Mais le tourisme,
certaines activités récréatives et d'autres choses
doivent cesser pendant cette crise. » Dans le
cadre des nouvelles mesures, les pays ont convenu
de refouler immédiatement toute personne tentant
de franchir « illégalement » les frontières. Le
nombre de demandes irrégulières d'asyle d'entrer
au Canada en provenance des États-Unis ont
augmenté en raison d'attaques contre les migrants
sans-papiers et d'autres depuis que
l'administration Trump est en place.
En Amérique centrale et dans les Caraïbes :
Panama : 137 (135 personnes
infectées ; 1 rétabli ; 1
décès)
Costa Rica : 89 (87 personnes
infectées ; 2 décès)
République dominicaine : 72 (70
personnes infectées ; 2 décès)
Cuba : 16 (15 personnes
infectées ; 1 mort)
Jamaïque : 16 (13 personnes
infectées ; 2 rétablis ; 1
décès)
En Amérique du Sud :
Brésil : 654 (645 personnes
infectées ; 2 rétablis ; 7
décès)
Chili : 434 (428 personnes
infectées ; 6 rétablis)
Équateur : 367 (359 personnes
infectées ; 3 rétablis ; 5
décès)
Pérou : 234 (229 personnes
infectées ; 4 décès)
Colombie : 145 (144 personnes
infectées ; 1 rétabli)
En Afrique :
Égypte : 256 (207 personnes
infectées ; 42 rétablis ; 7
décès)
Afrique du Sud : 202 personnes
infectées
Algérie : 90 (47 personnes
infectées ; 32 rétablis ; 11
décès)
Maroc : 74 (69 personnes
infectées ; 2 rétablis ; 3
décès)
Sénégal : 38 (36 personnes
infectées ; 2 rétablis)
Les pays africains n'ont été que relativement peu
touchés à ce stade de la pandémie. Cependant,
l'OMS et d'autres soulignent que la possibilité
que la situation dégénère rapidement est réelle. «
Nous avons vu comment la propagation du virus
accélère réellement après un certain [...] point
de bascule. Le meilleur conseil pour l'Afrique est
donc de se préparer au pire et de se préparer
aujourd'hui », a déclaré le 17 mars le
Dr Tedros.
« Nous avons des barrières différentes et
importantes aux soins de santé en Afrique, ce qui
pourrait être un véritable défi, a déclaré la Dr
Ngozi Erondu, chercheuse principale au Chatham
House Center for Global Health Security. De
nombreux pays d'Afrique subsaharienne ne disposent
pas des services d'isolement ou d'un grand nombre
de travailleurs de la santé pour répondre à une
vague de patients de la COVID-19. »
Le Dr Bernard Olayo, fondateur du Centre pour la
santé publique et le développement basé au Kenya,
a déclaré que la plupart des pays africains ne
peuvent pas se permettre des respirateurs. Même si
des respirateurs étaient fournis par d'autres
pays, ce n'est pas suffisant en raison du manque
de personnes qualifiées pour les utiliser. « C'est
complexe, c'est très très complexe parce que les
patients qui se retrouvent sous ventilation
nécessitent des soins 24 heures sur 24
par des équipes plus importantes », a-t-il
déclaré.
De nombreux patients pourraient bien se contenter
de l'oxygène, a-t-il déclaré, mais près de la
moitié des établissements de santé des pays
africains ne disposent pas d'un approvisionnement
fiable en oxygène. Les concentrateurs d'oxygène
peuvent être utilisés, mais étant donné les
fréquentes coupures d'électricité dans de nombreux
pays, des générateurs d'oxygène et des cylindres
d'oxygène médical sous pression sont nécessaires
car ils peuvent fonctionner lorsque l'alimentation
est coupée.
La directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique,
la Dr Matshidiso Moeti, a déclaré que le manque
d'installations de soins intensifs et de
respirateurs est l'un des plus grands défis
auxquels le continent est confronté. « Nous avons
été en mesure d'identifier qu'une installation de
type hôpital de campagne qui peut être installée
et équipée de certains des éléments clés
nécessaires, tels que des respirateurs peut être
importée », a-t-elle déclaré. La formation a
commencé en République du Congo et au Sénégal, de
sorte que les travailleurs de la santé seront
prêts à le faire fonctionner et le financement de
la Banque mondiale est disponible, a-t-elle
déclaré.
Elsie Kanza, responsable de l'Afrique au Forum
économique mondial, a déclaré que de nombreux pays
déploient les enseignements tirés de l'épidémie
d'Ebola en 2014-2016 en Afrique de l'Ouest
qui a tué plus de 10 000 personnes. Les
Centres africains de contrôle et de prévention des
maladies ont été créés pour répondre à cette
épidémie de l'Ebola. Au 18 mars, 43 pays
africains pouvaient tester pour le coronavirus, a
indiqué l'organisation.
En Océanie :
Australie : 876 (823 personnes
infectées ; 7 décès)
Nouvelle-Zélande : 39 personnes
infectées
Guam : 14 personnes infectées
Polynésie française : 11
personnes infectées
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