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Gare au «débrouillez-vous» dans la réponse du gouvernement canadien à la COVID-19

Cette semaine, le gouvernement fédéral a annoncé une série de mesures qui, selon lui, permettront de faire face aux conséquences de la pandémie de la COVID-19. Les ministres ont déclaré à plusieurs reprises que leur objectif n'est pas la perfection, mais la rapidité et ont demandé l'indulgence du public si la mise en oeuvre ne se déroule pas sans heurts. Dans l'ensemble, on a l'impression que le gouvernement a tout sous contrôle et que les Canadiens peuvent être assurés qu'on s'occupe d'eux. Mais quels critères utiliser pour juger des mesures du gouvernement ? De toute évidence, un gouvernement néolibéral ne changera pas sa nature. Il ne se mettra pas soudainement à résoudre les problèmes de manière à ne pas avantager les intérêts privés étroits qui ont depuis longtemps pris le contrôle de toutes les institutions de l'État dont les partis politiques qui forment le système de partis cartellisés qui prive de pouvoir les larges masses du peuple.

Le présent numéro du LML est consacré à l'information des Canadiens sur les mesures annoncées par le gouvernement afin qu'ils puissent tirer des conclusions fondées et ne soient pas amenés à remettre l'initiative à d'autres qu'eux-mêmes pour ce qui est de leur bien-être. Il est urgent que cette crise soit résolue en leur faveur et non en faveur des riches et des puissants. La réponse économique du gouvernement fédéral à la COVID-19 entre dans deux grandes catégories : des programmes sociaux provisoires destinés à la classe ouvrière et aux petites et moyennes entreprises qui, à première vue, semblent inadéquats. C'est sans compter que tous et chacun sont laissés à eux-mêmes pour ce qui est des démarches pour y avoir accès. La deuxième catégorie, ce sont les stratagèmes pour payer les riches pour aider l'oligarchie financière à traverser la tempête. Cela comprend les mesures incitatives pour les entreprises capables de fournir les biens et services nécessaires à la lutte contre le virus.

Les mesures provisoires sont censées offrir aux travailleurs couverts et non couverts par l'assurance-emploi une certaine aide financière pendant la crise. Elles fournissent également un petit montant de fonds supplémentaires ponctuels aux familles dans le cadre du programme de remboursement de la TPS pour les travailleurs à faible revenu et du programme d'allocation pour enfants, un allégement fiscal temporaire pour les particuliers et les entreprises, et un remboursement plafonné de 10 % de la rémunération des travailleurs pour les petites entreprises.

Les mesures visant à étendre l'assurance-emploi aux personnes qui ne sont pas normalement couvertes ne sont ni permanentes ni adéquates. Certains considèrent toutes ces mesures comme une plaisanterie cruelle aux dépens de ceux qui ont besoin de cette aide. Outre le fait que les montants sont insuffisants pour répondre aux besoins, ils sont loin d'être un moyen de subsistance garanti pour beaucoup qui, même en l'absence d'épidémie du coronavirus, sont déjà dans le besoin.

Malgré l'apparence qui est donnée que le gouvernement assume ses responsabilités, le refus de l'élite dominante d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux pour répondre aux besoins de la population dans toutes les conditions est responsable d'une bonne partie des problèmes auxquels les Canadiens sont présentement confrontés, notamment dans les secteurs de la santé et de la fonction publique qui sont très mal équipés pour affronter les défis actuels.

Les stratagèmes pour payer les riches pour protéger les grandes institutions financières contre les pertes résultant des défaillances, des faillites et d'autres problèmes pendant la pandémie sont pareils à ceux qui ont été mis en place pendant la crise économique de 2008. Ils visent à préserver la richesse privée, les privilèges et le pouvoir de l'élite impérialiste au pouvoir.

Le gouvernement fédéral ignore les deux plus grandes forces de l'économie moderne de la grande production industrielle : la classe ouvrière moderne et instruite et le caractère socialisé et interdépendant des forces productives.

Non seulement la production socialisée est-elle un fait, mais la classe ouvrière moderne et instruite est plus que disposée à être mobilisée à grande échelle pour faire face à la crise. Les ministres adressent des louanges aux travailleurs de première ligne dans tous les secteurs de l'économie, mais en l'absence d'un esprit et d'un climat d'équilibre, de respect et de contrôle mutuels, les souffrances inutiles sont la règle plutôt que l'exception. La classe dominante n'est évidemment pas encline à permettre le déchaînement de la force de la classe ouvrière. Cette conception du monde vient naturellement à la classe dominante, crise sanitaire ou pas. Tout son système est maintenu en place grâce au maintien d'une armée de réserve de chômeurs et de travailleurs sous-employés captifs du marché du travail impérialiste. On ne s'attendrait pas rationnellement à ce qu'elle résolve la crise du coronavirus autrement que dans le sens de ses intérêts privés étroits. Si cela protège également la population, tant mieux. Sinon, tant pis. La conception du monde et le mode de fonctionnement de ceux qui détiennent et contrôlent les forces productives sont d'acheter la capacité de travail des travailleurs et de l'utiliser pour préserver et accroître leur fortune privée, même en période de crise. L'élite dominante ne voit aucune utilité à mobiliser la classe ouvrière pour travailler si ce travail ne maintient pas ou n'élargit pas sa richesse et son pouvoir privés.

Une des conclusions qui ressortiront encore une fois de cette crise, comme de toutes les crises récurrentes du système impérialiste, est que la propriété et le contrôle privés de l'économie socialisée de la grande production industrielle aux mains d'une poignée de plus en plus réduite empêchent l'économie de libérer sa force latente et sans limite de reproduction élargie à grande échelle pour répondre aux besoins du peuple et humaniser l'environnement social et naturel

Les stratagèmes pour payer les riches pour canaliser les fonds de l'État dans les coffres des institutions privées de l'oligarchie financière montrent le refus de l'élite dirigeante de changer la direction de l'économie en faveur des travailleurs, de l'économie socialisée et interdépendante et de la société.

Tout cela montre que le peuple doit s'affirmer et s'investir lui-même de pouvoir. Une revendication immédiate doit être que l'ensemble des fonds publics de l'État qui ont été et sont distribués aux grandes banques et aux autres monopoles des impérialistes soient à la place utilisés pour créer des entreprises financières et d'autres entreprises publiques qui éliminent le service des intérêts privés de leurs considérations et de leurs objectifs. Les banques publiques devraient devenir la principale source d'emprunt pour les particuliers, les entreprises et même les gouvernements du Canada, éliminant ainsi les dettes publiques envers les prêteurs privés et leurs intérêts exorbitants et parasitaires.

Les milliards de dollars pour répondre à la COVID 19 devraient être utilisés pour mobiliser la classe ouvrière afin d'augmenter considérablement le service public, pour établir des chaînes spécialisées d'approvisionnement de biens et de services, pour développer le système de santé et les soins de longue durée pour les personnes âgées, et pour s'occuper des personnes en quarantaine ou qui ont besoin d'aide, comme les sans-abri. Des fonds devraient également être versés aux nations autochtones pour favoriser leur développement économique et améliorer les programmes sociaux qu'elles contrôlent et dirigent, et pour renforcer leur défense contre la pandémie. La production d'équipements médicaux et de fournitures, en particulier celles qui sont nécessaires pendant l'urgence, ainsi que la production de produits pharmaceutiques et les recherches scientifiques connexes nécessaires doivent être assignées à des entreprises publiques et non privées. En apparence, mettre tous les aspects de la production, de la fourniture et de la prestation des soins de santé dans les mains d'entreprises privées, y compris la mobilisation de l'armée, semble être la chose responsable à faire. Cela ne fait en réalité que servir des intérêts privés et c'est socialement irresponsable et irrationnel que d'utiliser les ressources de l'État pour avancer des intérêts privés.

La crise actuelle révèle que l'économie canadienne a besoin d'une force interne et d'un contrôle intérieur pour ne pas dépendre du commerce extérieur pour les produits de base autres que ceux qui ne peuvent être produits au Canada, comme certains aliments. Une économie sous le contrôle des Canadiens gérerait également la distribution des biens et des services au niveau du commerce de gros et même au niveau du commerce de détail, si les grandes entreprises d'épicerie actuelles, par exemple, continuent à se montrer incompétentes et souvent plus intéressées par la spéculation immobilière et foncière et le développement immobilier que par la distribution des denrées alimentaires. Les prix de gros et de détail devraient correspondre étroitement à leurs prix de production et non à ceux dictés par l'oligarchie financière mondiale.

Beaucoup peut être fait maintenant pour faire face à l'urgence de manière à favoriser le peuple et pour donner une nouvelle direction prosociale à l'économie.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 16 - 21 mars 2020

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