Numéro 1

Octobre 2022

La nécessité de faire place au renouveau

Les êtres humains ne sont pas des choses à traiter
avec des pouvoirs de police

– Rolf Gerstenberger –

Un survol de l'emprise des firmes de consultation et des gestionnaires de fonds d'investissement sur la gouvernance

– Pierre Soublière –

Ce que révèle le financement des partis politiques par
les fonds publics au Québec

Un processus électoral antidémocratique de A à Z

– Christine Dandenault –

L'essence antidémocratique d'exclusion du processus
électoral dit représentatif

Le programme du gouvernement Legault pour le Québec

Le choix du premier ministre des ministres de son cabinet ne fait que confirmer un ordre du jour pour payer les riches

– Fernand Deschamps –

Renforcement de la chaîne d'approvisionnement pour satisfaire les objectifs bellicistes des États-Unis

Visite du secrétaire d'État américain à Montréal

Le Canada se fait dire de rentrer dans le rang face aux tentatives des États-Unis d'isoler encore plus la Chine et la Russie

L'usine pilote de Recyclage Lithion à Montréal

Mettre l'approvisionnement en matériel de défense
du Canada sur le pied de guerre

Une conférence à Ottawa demande l'augmentation de la production de matériel de guerre

L'extradition de Julian Assange aux États-Unis

Le silence du Canada en dit long

– Hilary LeBlanc –

La crise européenne continue de s'approfondir

La «Communauté politique européenne» – une nouvelle tentative ratée de contrôler l'Europe

Le Conseil européen ne répond pas aux
préoccupations des peuples

La lutte de classe s'intensifie en France

Les manifestations de masse se poursuivent pour exiger la stabilité économique et l'abolition des sanctions contre la Russie



La nécessité de faire place au renouveau

Les êtres humains ne sont pas des choses à traiter avec des pouvoirs de police

– Rolf Gerstenberger –


Ce qui suit est basé sur la présentation faite par Rolf Gerstenberger à une réunion tenue par le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) à Gatineau les 27 et 28 juillet 2022. Rolf est président du Parti.

Les travailleurs du monde entier sont confrontés à la détérioration de leurs conditions de vie et de travail. Ils sont également conscients de l'attaque généralisée contre les droits et contre l'environnement humain et naturel. Alors que des intérêts privés étroits ont récolté des milliards de dollars des richesses produites par les travailleurs, ces derniers sont confrontés à l'appauvrissement, à l'insécurité et aux attaques incessantes contre ce qui leur appartient de droit.

Le recours à la force contre les luttes de résistance du peuple est une tendance croissante. Elle est notamment utilisée à maintes occasions contre les luttes menées par les peuples autochtones, les migrants, les travailleurs de la santé, les travailleurs de l'éducation et d'autres dans tous les secteurs de l'économie. Néanmoins, ce qui ressort, ce sont d'une part les réclamations que tous sont en droit de faire à la société, exprimées sous forme de demandes et de solutions et, d'autre part, le fait qu'ils ne sont pas écoutés parce qu'ils n'ont pas le pouvoir de s'assurer que les problèmes sont résolus dans leur intérêt.

L'absence de pouvoir politique est immédiate et de plus en plus perçue par les travailleurs comme un problème urgent. Pour toutes les grandes questions, des personnes, quelque part sur la planète, ont proposé des solutions. Ce qu'il faut faire pour la plupart des problèmes est connu ou connaissable. C'est le cas des questions liées à la guerre et à la paix, ou de la manière de protéger la Terre Mère, ou encore comment remédier à l'appauvrissement croissant, à la diminution des salaires due à l'inflation, aux inégalités et à la discrimination, aux attaques de l'État et à la négation des droits humains. Aujourd'hui, au XXIe siècle, le principal défi de l'humanité n'est pas de trouver des solutions à ces problèmes. Or, les élites dirigeantes dépensent des sommes considérables pour des conférences, des réunions, des rapports et des consultations de toutes sortes pour détourner toute cette volonté vers des stratagèmes pour payer les riches et faire taire ceux qui proposent les solutions requises. Bref, le peuple est écarté de la recherche de solutions et c'est le problème posé et à résoudre aujourd'hui.

Aujourd'hui, au Canada et dans de nombreux autres pays, les assemblées législatives sont devenues dysfonctionnelles. Si nous pouvions dire auparavant qu'elles abordaient les problèmes du peuple dans une mesure ou une autre, ce n'est plus le cas. Les travailleurs ont leur propre expérience d'être réduits au silence, leurs préoccupations ignorées, voire carrément rejetées, et ils en voient la preuve à tous les jours. Dans tout le pays, le Parti encourage les travailleurs à s'exprimer en leur nom propre sur les problèmes auxquels ils sont confrontés et sur ce qu'ils font pour les résoudre ou sur ce qu'ils pensent qu'on peut faire pour les résoudre.

Les travailleurs savent ce qu'il faut faire, mais il leur manque les mécanismes pour y donner suite, que ce soit sur les lieux de travail ou dans les espaces publics, pour délibérer sur les questions qui les préoccupent, eux, leurs communautés, les secteurs de l'économie et la société elle-même, ainsi que le monde qui nous entoure. Tout le monde est confronté à la difficulté de travailler ensemble pour délibérer sur les questions qui nous préoccupent et apporter des solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés.

Il est également vrai que, où que l'on regarde, pour les élites dirigeantes les êtres humains sont des choses dont il faut traiter en utilisant les pouvoirs de la police. Nous avons dépassé le stade où l'on traite les êtres humains comme des choses. Aujourd'hui, les êtres humains sont sans droits ni considération. La conception moderne qui favorise les peuples du monde est que les êtres humains ont des droits du seul fait qu'ils sont humains. L'élite dirigeante s'efforce d'éliminer cette vision moderne, quel qu'en soit le prix. Alors le point de vue qui domine est que les êtres humains sont des choses, dont on peut disposer selon le bon vouloir de ceux qui ont le pouvoir de le faire.

La récente décision de la Cour suprême des États-Unis qui attaque les droits des femmes en est un excellent exemple. Elle considère que les femmes sont des choses et que si elles s'y opposent, on peut en disposer en les criminalisant ou, dans certains cas, en les tuant. Si nous acceptons que les femmes puissent être éliminées de cette manière, n'importe qui peut l'être aussi.

Et que cette décision ait été prise de façon éhontée aussi  reflète également la réalité que, en général, les dirigeants consolident des gouvernements de pouvoirs de police. Ces gouvernements ne sont pas fondés sur le droit et ne se préoccupent pas de la légitimité, ils se préoccupent uniquement du maintien du pouvoir pour les élites dirigeantes.

Dans une situation où les dirigeants sont de plus en plus désespérés, incapables de résoudre un quelconque problème et confrontés à un échec après l'autre, tandis que les peuples sont de plus en plus en colère et de plus en plus conscients de la nécessité d'un changement favorable qui soit dans leur intérêt, cette réalité des êtres humains considérés comme des choses et traités en utilisant les pouvoirs de police devient de plus en plus dévastatrice.

Considérer les êtres humains comme des choses signifie également qu'ils peuvent être déplacés, remplacés et mis au rebut, comme des machines, comme des biens. Les États-Unis et des pays comme la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres ont une histoire d'esclavage, des centaines d'années où les êtres humains étaient des biens, possédés, tués, leurs enfants enlevés, les femmes violées et utilisées comme des machines produisant plus de « choses » humaines, et ainsi de suite. Cette volonté des dirigeants de faire des êtres humains des choses n'est pas nouvelle, c'est un retour à l'ancien. Les dirigeants de ces pays sont incapables d'avancer parce qu'ils refusent de répondre aux besoins des temps modernes où les êtres humains, les peuples, doivent être investis du pouvoir de décider de leurs affaires. Revenir en arrière, s'efforcer de garder le contrôle en recourant à ces moyens qui viennent d'une époque révolue et détruire tout ce qui ne peut être contrôlé, voilà ce qui caractérise les élites dirigeantes aujourd'hui. Comme beaucoup l'ont conclu, elles ne sont pas aptes à gouverner et n'ont plus la légitimité pour le faire. La conscience collective qui émerge au sein du peuple est que le peuple lui-même doit devenir le dirigeant, qu'il doit détenir le pouvoir politique et qu'il est la force décisive pour atteindre cet objectif.

S'en remettre aux constitutions, aux gouvernements dysfonctionnels ou aux exécutifs comme les premiers ministres ou les présidents – qui sont les principaux à imposer des pouvoirs de police – ne résoudra pas les problèmes et ne fera que les exacerber. On peut le constater en partie avec leurs manoeuvres actuelles. En Grande-Bretagne, les conditions sont telles qu'un chef de parti peut démissionner de son poste de chef de parti, tout en restant premier ministre, comme l'a fait Boris Johnson. Cela est contraire aux normes établies en matière de gouvernance parlementaire, où c'est le chef du parti au pouvoir qui est premier ministre. Mais, dans le soi-disant « ordre international fondé sur des règles » que les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres pays imposent, les règles sont inventées et changées au besoin.

Le taux de participation aux élections en Ontario cet été a été très faible. C'est l'expression du rejet de la gouvernance existante, et pourtant Ford peut revendiquer une majorité de sièges et dire qu'il a un mandat incontesté. Ou encore, aux États-Unis, bien que les gens considèrent la Cour suprême et le Congrès comme illégitimes et biaisés, les pouvoirs de police utilisés contre les femmes et les dispensateurs des soins de santé sont maintenus.

Tous ces agissements des gouvernements ont accru les conflits entre les factions au pouvoir, mais aussi la colère des citoyens. Ce n'est pas un hasard si les nombreuses manifestations qui ont lieu partout aux États-Unis contre l'attaque contre les soins de santé des femmes incluent des mères, des filles et des petites-filles, les mères s'étant battues pour les droits qui sont maintenant attaqués. Il y a une prise de conscience que le recours aux anciennes méthodes ne suffira pas. On peut dire la même chose des nombreuses luttes menées ici au Canada, par les cheminots, les travailleurs de la santé et de l'éducation et bien d'autres.

Aux États-Unis, les démocrates ont eu pendant des années l'occasion d'inscrire le droit à l'avortement dans la loi, comme lorsque Obama a fait passer sa loi Obamacare sur les soins de santé. Ils ne l'ont pas fait. Les efforts déployés aujourd'hui pour que certains politiciens fassent bonne figure face à leurs adversaires lors des élections de mi-mandat de novembre 2022 sont vus comme de simples manoeuvres. Cela montre qu'aux yeux du peuple, les élections ne servent plus à régler les conflits ni à maintenir les illusions de la démocratie. En effet, beaucoup craignent que les élections, surtout aux États-Unis, n'aggravent davantage les conditions de guerre civile et les efforts pour diviser le peuple, dresser les Américains les uns contre les autres pour les empêcher de faire avancer leurs luttes pour la paix, la justice et la démocratie. Cela se répercute ensuite au Canada, où les mêmes factions sont à l'oeuvre. De même, en Grande-Bretagne, en France et dans d'autres pays, les élections ne servent plus à préserver des ordres constitutionnels qui ne sont plus en phase avec les besoins de l'époque.

Lorsqu'il s'agit de délibérer et d'apporter des solutions aux problèmes qui se posent, il est important de considérer les conditions et les conflits de notre propre point de vue, un point de vue qui nous est favorable. Il est nécessaire de prendre le monde tel qu'il est et de regarder ce que révèle l'ensemble des relations humaines dans leur état actuel. C'est-à-dire que nous examinons l'ensemble des relations entre humains et entre les humains et la nature, toutes les institutions, toutes les relations nombreuses, variées et enchevêtrées, tout ce qui concerne les humains et la nature.

Actuellement, comme les gens en font déjà l'expérience, ces relations révèlent l'absence de pouvoir politique pour la classe ouvrière et le peuple et la nécessité de résoudre ce problème en faveur du peuple qui doit s'organiser pour s'approprier le pouvoir politique. Des guides généraux existent déjà à ce sujet. Par exemple, Marx a reconnu que les êtres humains naissent en société et entrent dans des relations indispensables indépendamment de leur volonté individuelle. Qu'ils soient maîtres d'esclaves ou esclaves, ils naissent en société. Les règles, les institutions et les arrangements se développent ensuite sur cette base. Il a également souligné que les relations sociales ne sont qu'un aspect des relations qui existent. L'ensemble des relations dans lesquelles les êtres humains entrent est constitué de toutes les relations, fonctions, institutions et arrangements, y compris ceux qui dépassent les relations de classe. C'est l'ensemble dans sa totalité.

Les relations qui existent proviennent des énormes forces productives qui existent et sont indépendantes de la volonté de quiconque. En d'autres termes, les conditions et les circonstances existent indépendamment de chacun d'entre nous. Elles sont nécessaires, ce qui signifie qu'il y a nécessité et aussi qu'elles incorporent toutes les possibilités de ce que nous, en tant qu'individus et collectifs, allons faire de cette situation – avec notre volonté, nos intérêts qui constituent la base du pouvoir politique.

Lorsque les capitalistes prétendent contrôler ces relations, cela signifie qu'ils prétendent également pouvoir contrôler ce qui est indépendant de leur volonté et nous empêcher d'exercer notre volonté. Notre réalité est donc que nous existons tous dans des conditions d'esclavage, bloqués dans l'exercice de notre volonté, ce qui est une contradiction fondamentale dans la société.

En parlant du pouvoir, il faut souligner que le pouvoir doit être entier et intégral, ce qui signifie qu'il ne peut y avoir de séparation des pouvoirs. Être intégral signifie que chaque aspect est essentiel, nécessaire pour compléter le tout. Contrairement aux gouvernants qui prétendent qu'il existe une séparation des pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire – il s'agit en fait d'une division du travail; c'est le pouvoir unique qui autorise les différentes fonctions. La notion de séparation est destinée à faire croire que l'un ou l'autre « pouvoir » peut aider, si seulement il y avait de meilleures personnes aux commandes. Comme les conditions le montrent clairement, ce n'est pas le cas.

Aux États-Unis, on ne peut compter ni sur le Congrès, ni sur le bureau du président, ni sur les tribunaux pour bloquer la concentration croissante du pouvoir dans l'exécutif et l'utilisation des pouvoirs de police contre le peuple. Il en va de même au Canada. Les tribunaux sont un pouvoir de police à eux seuls, tout comme le premier ministre, son bureau et son cabinet, tandis que les parlements sont de plus en plus dysfonctionnels en matière de prise de décision. Loin de la séparation des pouvoirs, le pouvoir politique des classes dirigeantes reste entier et indivisible et le problème auquel les dirigeants sont confrontés est celui des guerres de factions qui se mènent pour le contrôler.

Marx a mis en évidence l'histoire de la lutte des classes et de la propriété privée et a également souligné qu'un trait distinctif de la société bourgeoise est que l'ensemble de la société se divise de plus en plus en deux. Dans le Manifeste du parti communiste, Marx et Engels soulignent : « La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. »

Plusieurs points sont significatifs ici. Il est important de garder à l'esprit que la société ici est prise dans son ensemble au départ, qu'elle forme un tout intégral. Il n'y a pas une force extérieure à l'oeuvre qui engendre cette division dont parlent Marx et Engels. La contradiction se développe au sein de l'ensemble. Il y a une simplicité qui se développe. Marx ne fait pas référence aux relations sociales qui existent, et il ne dit pas que c'est un problème de complexification de la société, qui détourne notre attention de l'ensemble de la société et qu'elle se divise en deux.

En reconnaissant que le problème et les solutions font partie intégrante de l'ensemble lui-même et que c'est cet ensemble qu'il faut aborder, on peut lutter contre toutes sortes de fraudes qui sont promues aujourd'hui. L'une de ces fraudes concerne les élections, comme celle qui consiste à dire que le problème n'est pas dû aux institutions non démocratiques existantes, mais à l'ingérence d'une puissance étrangère pour obtenir un certain résultat électoral. Il en va de même pour la propagande concernant la source du danger pour la sécurité nationale, l'instabilité économique, les changements climatiques, la violence, la discrimination, l'inégalité, etc.

Lorsqu'on parle de pouvoir, il faut reconnaître que le pouvoir suprême est également entier et intégral et que l'on ne peut en parler sans voir qu'il se fonde sur la contradiction antagoniste au sein de la société dans son ensemble.

Qu'est-ce qui se divise ? Ce ne sont pas les travailleurs et les capitalistes en tant que tels qui se séparent, car ils n'ont jamais été ensemble, mais deux classes qui restent enchevêtrées dans le tout. Ce ne sont pas deux mondes différents ou deux camps qui se font directement face, pour la même raison – ils restent enchevêtrés dans le tout. Ce sont les forces productives extérieures créées par les humains qui échappent à leur contrôle. Notre problème aujourd'hui n'est pas l'existence de ces énormes forces, mais plutôt le fait que la classe ouvrière et le peuple ne les contrôlent pas au profit de l'humanité.

L'attention doit être portée à l'ensemble de la société, qui doit être transformé en un nouvel ensemble, un ensemble de société humaine digne de l'espèce humaine. Tel est le problème qui se pose à nous, un nouveau tout, pas un tout ancien recyclé, pas une autre société civile avec de « meilleures personnes » et de « meilleures politiques », mais un tout de société humaine adapté à l'espèce humaine.

Les travailleurs, leur politique indépendante, leur conception du monde, sont décisifs dans la création de ce nouveau tout. Ils ne sont pas seulement les producteurs et les plus nombreux, ils sont aussi les plus proches des vastes forces productives humaines. Leur devoir est de se révolter contre le fait d'être de simples producteurs, pour devenir les détenteurs du pouvoir politique. Ils doivent utiliser leur pouvoir pour se donner les moyens d'agir et donner le pouvoir au peuple, pour gouverner et prendre les décisions qui affectent sa vie.

Dans ces conditions, il est nécessaire de poursuivre les efforts pour défendre les droits – comme avec les manifestations, les grèves, les campagnes syndicales, les pétitions, les protestations, la propagande et l'agitation qui présentent des revendications aux gouvernements à tous les niveaux. Il est également nécessaire d'aller plus loin dans ces luttes et de s'organiser pour investir le peuple du pouvoir de décider. Il est essentiel de résoudre ce problème de manque de pouvoir politique en créant nous-mêmes des mécanismes et des institutions pour les délibérations politiques nécessaires et pour diffuser largement nos propres points de vue, expériences et solutions.

Les rassemblements politiques pour échanger des points de vue sont une forme d'échange, tout comme les réunions virtuelles et autres pour échanger des expériences. L'extension de l'utilisation et de la dissémination de notre presse, la presse du Parti et la presse sans parti, nos programmes radio, nos podcasts, nos vidéos et d'autres moyens de ce type, ainsi que la participation au renforcement des projets que nous développons, sont autant de moyens de s'engager dans la création de définitions modernes et de nouvelles formes qui activent le facteur humain/conscience sociale nécessaire à cette conjoncture historique pour investir le peuple du pouvoir de décider de ses affaires.

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Un survol de l'emprise des firmes de consultation
et des gestionnaires de fonds d'investissement
sur la gouvernance

– Pierre Soublière –

Un reportage de Radio-Canada le 30 septembre indiquait que le gouvernement de la Coalition avenir Québec a embauché les services du cabinet-conseil McKinsey au coût de 6,6 millions de dollars pour jouer un rôle dans les stratégies de gestion de la pandémie de la COVID-19. La firme aurait organisé des rencontres stratégiques et conseillé le gouvernement sur l'achat d'équipements de protection personnelle. Aux partis d'opposition à l'Assemblée nationale qui demandaient que le gouvernement rende publics tous les documents relatifs au rôle de la société McKinsey dans la gestion de la pandémie au Québec, François Legault a répondu que McKinsey avait aidé à « sauver des vies ». Cela ne dit rien de l'ampleur des problèmes qui existent en ce qui concerne ces soi-disant firmes de consultants.

Un article paru dans le Harvard Business News au début des années 1980, intitulé « Consulting Is More than Giving Advice » (Consulter c'est plus que donner un conseil) indique que le travail de conseil en gestion comporte plusieurs étapes, outre la fourniture d'informations, l'établissement d'un diagnostic pour résoudre le problème du client et la formulation de recommandations. Il y a l'étape de l'assistance à la mise en oeuvre des solutions recommandées. À l'époque, on s'est inquiété du fait que la mise en oeuvre des recommandations revenait en fait à assumer le rôle de gestionnaire, ce qui dépasse les limites légitimes du conseil. Dans l'offensive antisociale qui s'en est suivie, les sociétés de conseil et les gestionnaires de fonds spéculatifs se sont transformés en puissants oligopoles supranationaux, s'emparant de domaines de gouvernance où ils agissent en seigneur et maître sans avoir à rendre de comptes.

En France, par exemple, les firmes de consultants ont littéralement pris le contrôle et prennent les décisions à tous les niveaux gouvernementaux. L'administration française a rendu publics au moins 575 contrats avec des firmes de consultants privées depuis octobre 2018 seulement, touchant à la reprise économique, à la neutralité carbone et à la pandémie. La France n'est pas le seul pays à se tourner vers le secteur privé pour gérer les affaires de l'État. Le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne et la Suisse y ont recours depuis plusieurs années, sinon des décennies.

En France, le processus a pris de l'ampleur avec l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, quand il a annoncé l'élimination d'un poste sur deux dans la fonction publique, incitant les fonctionnaires à prendre une retraite anticipée, tout en ayant recours secrètement à des firmes comme McKinsey, Deloitte, Cap Gemini et Accenture pour des contrats d'une valeur de 250 millions d'euros pendant son mandat. Au fil des années, ces firmes ont même été appelées à élaborer des projets de loi. Lorsqu'Emmanuel Macron s'est présenté à la présidence, il avait comme principaux soutiens deux associés du bureau de McKinsey à Paris.

McKinsey a, depuis, obtenu des contrats liés au plan de reprise économique, aux investissements technologiques en France ainsi qu'à la défense. Récemment, Roland Lescure, qui a été pendant sept ans et jusqu'à tout récemment responsable des Placements à la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ), a été nommé ministre délégué chargé de l'Industrie au sein du gouvernement d'Emmanuel Macron. Lescure, un gestionnaire de fonds français, avait lui-même été recruté par une firme étrangère de « chasseurs de têtes » embauchée par le gouvernement du Québec à l'époque pour trouver des dirigeants compétents pour la CDPQ.

En novembre 2021, le Sénat français a créé une commission d'enquête sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques et a produit un rapport intitulé « Un phénomène tentaculaire : l'influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques ». On y souligne que les dépenses par l'État en 2021 d'un milliard d'euros en prestations de conseil interrogeait « notre vision de l'État et de sa souveraineté face à des cabinets privés », alors que des pans entiers des politiques publiques ont été sous-traités à des cabinets privés : crise sanitaire, réforme de l'aide juridictionnelle, radars routiers, évaluation de la stratégie nationale de santé, etc. L'influence de cabinets de conseil sur les politiques publiques s'est avérée évidente. Les consultants proposent des solutions « clés en main » aux décideurs, que les agents publics sont sommés de mettre en oeuvre.

Au Canada, plusieurs parlent d'une fonction publique fantôme, dont le rôle de McKinsey en Ontario et au Québec dans la gestion de la pandémie n'est qu'un exemple. En mars 2021, le gouvernement fédéral estimait que les coûts liés aux firmes de consultants atteindraient 16,4 milliards de dollars en 2022, et deux mois plus tard, ce chiffre avait atteint 17,7 milliards de dollars. Des gouvernements dans tout le Canada ont eu recours à ces firmes dans des contrats liés à l'impact de la pandémie sur l'industrie canadienne, aux capacités du secteur de bio-fabrication ainsi qu'à la gestion des résidences de soins de longue durée. Les cinq ministères fédéraux qui dépensent le plus en sous-traitance pour les services de ces firmes sont l'Agence du revenu du Canada; Emploi et développement social Canada; l'Agence des Services frontaliers du Canada; Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et le ministère de la Défense nationale.

L'institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) souligne que l'exemple le plus scandaleux a été le recours aux consultants en informatique IBM et la débâcle du système de paie Phénix. Si celui-ci devait d'abord coûter 309 millions de dollars quand il a commencé en 2011, il a éventuellement coûté 2,2 milliards de dollars pour un projet qui a transformé le jour de la paie en cauchemar sans fin pour des dizaines de milliers de travailleurs. Ces derniers continuent d'en subir les conséquences. En plus, le gouvernement a accordé à IBM, la même compagnie qui était initialement responsable de la mise en oeuvre désastreuse du système Phénix, un autre contrat pour gérer les opérations au jour le jour du même système.

Le problème n'était pas la décision de numériser un système de rémunération, mais que le travail n'ait pas été confié au service public. Les vastes sommes versées à IBM étaient destinées à enrichir une minorité. Le système n'était pas prêt et les fonctionnaires en ont payé le prix. Le facteur antihumain/anti-conscience sociale a prévalu.

Le fait que des contrats de vaccination ont été accordés à Deloitte confirme que plusieurs de ces firmes ne sont pas que des vérificateurs mais aussi des compagnies technologiques. Ces firmes ont pu accroître leur influence grâce à leur ampleur qui est le résultat de leurs fusions et acquisitions. Selon un rapport de l'IPFPC, elles forment une fonction publique fantôme qui opère sans supervision et sans rendre de comptes, puisque les gouvernements déclarent que le contenu de ces contrats est sujet au pouvoir discrétionnaire du Cabinet. McKinsey elle-même a un fonds d'investissement, le McKinsey Investment Office, dans un arrangement sans précédent où clients, partenaires actuels et anciens, et fonds spéculatifs s'enchevêtrent. La firme est notoire pour son implication dans un grand nombre de poursuites et de contestations judiciaires.

En tant que puissance mondiale, McKinsey compte 2 000 entités, a comme clients des entreprises et des gouvernements, et ses anciens partenaires siègent sur les conseils d'administration de ses entreprises clientes ou dans des positions de pouvoir gouvernemental. Son pouvoir au niveau de l'entreprise et du gouvernement montre comment les oligopoles forment des cartels et des coalitions pour déformer le processus décisionnel et accaparer les pouvoirs de police des gouvernements. Le groupe de services financiers de McKinsey compte des clients tels que Barclays, BlackRock, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Citigroup, Crédit Suisse, Wells Fargo et UBS, qui sont aussi les gestionnaires du McKinsey Investment Office.

Au Québec, le recours à ces firmes n'a pas commencé avec la pandémie. Par exemple, en 2009, McKinsey, qui aurait même joué un rôle significatif dans la crise financière de 2008, a été une des firmes qui a été invitée à travailler de près avec la CDPQ suite à ses pertes de près de 40 milliards de dollars. Lors d'un débat de la Commission des finances publiques en mai 2010, un député de l'Assemblée nationale (François Bonnardel) avait posé des questions à Michael Sabia, qui avait été nouvellement nommé à la tête de la CDPQ. Trouvant les réponses de Sabia insatisfaisantes, Bonnardel a dit : « M. Sabia, vous êtes en train de nous dire que [...]c'est la McKinsey qui règle le jeu. [...] Selon les règles de McKinsey, vous ne pouvez pas nous dire combien ça a coûté, si c'est un contrat de gré à gré, ni combien de gens de McKinsey ont été à la CDPQ pendant la dernière année. » Sabia a fini par dire que le recours à McKinsey avait été une décision interne du conseil d'administration de la CDPQ, et ses propos sont conformes à des lois québécoises adoptées dans les années 2000, telles la Loi sur la Caisse de dépôt et de placement du Québec (2004), la Loi sur l'administration publique (2000) et la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État (2006).

Ces lois autorisent de convertir les pratiques des organismes aux principes de logique managériale, d'établir des principes de gouvernance d'entreprise, prônant une nouvelle gestion publique qui rend la CDPQ indépendante du pouvoir politique. Cela a mis fin à la mission partielle de la CDPQ en tant qu'institution financière qui devait être à l'origine de répondre à un ensemble d'attentes sociales et politiques émanant de la société québécoise, ce qui avait fait dire à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) en 1960 : « Cette Caisse pourrait en quelques années constituer le plus bel instrument de planification économique dont une collectivité puisse rêver. »

Michael Sabia, pour sa part, a été le PDG de la CDPQ de 2009 à 2020. Il est sous-ministre des Finances du gouvernement Trudeau depuis décembre 2020. Il a été nommé président du conseil d'administration de la Banque de l'infrastructure du Canada en avril 2020 et est actuellement directeur de la Munk School of Global Affairs and Public Policy. Avant de se joindre à la CDPQ, Sabia a été président-directeur général des Entreprises Bell Canada et chef de la direction financière de la compagnie de chemins de fer Canadien National. Il a été nommé Officier de l'Ordre du Canada en 2017, pour sa contribution exceptionnelle à rebâtir la CDPQ et à en faire une institution financière mondiale, chef de file pour les investisseurs qui travaillent pour « lutter contre le changement climatique » et pour renforcer les infrastructures urbaines.

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Ce que révèle le financement des partis politiques
par les fonds publics au Québec

Un processus électoral antidémocratique de A à Z

– Christine Dandenault –

L'objectif de ce qu'on appelle le processus électoral démocratique est de porter des partis politiques au pouvoir. Le processus favorise les partis que la classe dirigeante estime dignes de confiance pour former un gouvernement de parti qui servira ses intérêts. Elle souhaite idéalement avoir un parti au pouvoir et un parti dans l'opposition qui, ensemble, sont censés représenter l'électorat. Elle espère que ceux qui n'ont pas voté pour le parti au pouvoir vont voter pour le parti de l'opposition. Ainsi, tout le monde est « représenté » au gouvernement.

Bien entendu, ce n'est pas ce qui se passe, car les électeurs ne choisissent pas leurs candidats parmi leurs pairs et ne fixent pas non plus le programme des gouvernements. Le nombre de personnes qui appartiennent à des partis politiques est inférieur à un pour cent des électeurs éligibles et la non-participation d'un grand nombre d'électeurs éligibles aux élections est en augmentation. C'est pourquoi l'État subventionne les partis politiques, en particulier les partis cartellisés qui ne pourraient pas s'en sortir sans cet argent. Ils deviennent ainsi des appendices de l'État, ce qui est antidémocratique, bafouant ainsi toute notion de liberté d'association et d'expression.

La corruption de ce régime qui paie les partis politiques avec des fonds publics est particulièrement évidente lors des campagnes électorales. Au nom du renforcement de la démocratie, le financement public des partis privilégie les partis cartellisés en leur fournissant toutes les ressources et en les plaçant au pouvoir à toutes fins pratiques. Ce système transforme les citoyens en « tiers » qui sont pénalisés s'ils font quelques dépenses pour intervenir dans une élection sur une base partisane. Si ce coût dépasse 300 dollars, ils feront la une des journaux et seront traduits en justice.

Il n'y a donc absolument aucune possibilité de discours politique basé sur les demandes du peuple lors d'une élection. Seules les promesses électorales intéressées des partis cartellisés sont mises de l'avant, certaines plus que d'autres, et il n'y a aucune possibilité de participation significative pour les électeurs. Le rôle des électeurs est de choisir un parti, lequel peut ensuite déclarer avoir un « mandat » de l'électorat.

Le régime de financement des partis par des fonds publics n'inclut pas dans ses calculs l'énorme quantité de promotion gratuite que les partis cartellisés reçoivent par le biais de la couverture médiatique. La valeur de la promotion gratuite fournie tout au long de l'année, et encore plus à la veille des élections et pendant les élections par les radiodiffuseurs et télévisions, les câblo-opérateurs, les journaux, les périodiques, les instituts de sondage et autres médias, qui ne parlent que de ces partis, est pratiquement incalculable.

Il faut savoir que la Loi électorale garantit ce qu'elle appelle la « liberté médiatique ». Élections Québec écrit : « La Loi électorale assure la liberté des médias tant dans le traitement de l'information que dans la couverture accordée aux partis et aux personnes candidates. Ainsi, en tout temps au cours de la période électorale, y compris le jour de l'élection, les médias peuvent traiter des enjeux politiques, des personnes candidates et des partis politiques. »

Le Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ) s'est opposé dès le départ au régime de financement des partis politiques par l'État, qu'il juge antidémocratique à bien des égards. La Loi électorale est prétendument conçue pour garantir qu'il n'y ait pas de corruption lorsqu'il s'agit de collecter des fonds, comme lorsque le Parti libéral a été pris en train de recevoir des sacs en papier brun remplis d'argent liquide sous la table et autres. Loin d'éliminer la corruption, elle soumet les partis politiques et leurs donateurs au contrôle de l'État, violant ainsi la liberté d'association, le droit à la conscience et le droit à la vie privée.

La liberté d'association, qui est une question de conscience individuelle, est devenue une affaire contrôlée par l'État. Au nom de la transparence, Élections Québec exige le nom des donateurs des partis et toute l'information à leur sujet afin de déterminer si c'est vraiment eux qui ont donné l'argent ou quelqu'un d'autre.

Lorsqu'un électeur veut contribuer à un parti, il envoie sa contribution à Élections Québec et c'est Élections Québec qui décide si le parti en question recevra ou non la contribution en vérifiant l'authenticité du donateur. Si le parti ne veut pas recevoir la contribution de ce donateur pour des raisons qui lui sont propres, tant pis. Tout le pouvoir de décision est usurpé par l'agence de l'État au nom de grands idéaux.

Le facteur intimidation pèse énormément quand Élections Québec vérifie les donateurs par le biais de sources telles que Revenu Québec et même l'employeur de la personne. Leur nom, leur affiliation politique et leur code postal sont rendus publics. À une certaine époque, même les adresses étaient publiées, mais en raison de l'opposition du PMLQ et d'autres, cette divulgation de renseignements privés a été abolie. Si le donateur n'accepte pas ces conditions, il ne peut pas soutenir financièrement le parti de son choix.

Le droit à la vie privée, le droit de conscience et le droit d'association sont complètement bafoués et il n'y a censément aucun mal à cela. En échange, les partis reçoivent désormais beaucoup plus d'argent de l'État qu'ils n'en recevaient sous le régime précédent, lorsque les plafonds de contribution individuelle étaient plus élevés et les subventions de l'État plus faibles. En d'autres termes, les partis ne sont plus financés par leurs membres et ces derniers ne sont plus ceux qui décident de la politique ou de la ligne de conduite du parti. C'est l'État qui décide. Comme on dit, qui paie les musiciens commande la danse.

Le droit de conscience des électeurs de réfléchir, de parler en leur nom, d'avoir l'information même de base pour un vote informé, est tout simplement étouffé par la loi électorale, car l'espace public est inondé par la couverture unilatérale des partis cartels. Les « enjeux » de l'élection sont décidés par les partis cartellisés et les médias et les électeurs sont réduits au statut de consommateurs.

L'État reconnaît le droit d'exister aux « petits partis », mais les affuble d'une étiquette intéressée pour marginaliser leur programme, leurs candidats et leur présence. Le droit à la vie privée est violé par l'utilisation de bases de données contenant noms, âge, revenus, emplois, pour contacter les électeurs sans leur consentement. L'élite dirigeante corrompt tous les organes du pouvoir d'État et les institutions gouvernementales, de sorte qu'il ne reste que l'intimidation, les poursuites, les amendes et les pouvoirs de police.

Le système électoral du Québec est dit « représentatif », mais de quoi est-il représentatif exactement ?

Il est représentatif d'une élite dirigeante qui a atteint un tel niveau de corruption que les partis sont devenus des appendices de l'État, tandis que l'électorat est bâillonné, pour que le pouvoir reste entre ses mains. Ce processus doit être renouvelé totalement.

Le PMLQ réitère que les fonds publics, cette richesse créée par le travail, doivent servir le corps politique et non des intérêts privés. C'est pourquoi c'est le processus politique qui doit être financé, pas les partis.

Christine Dandenault est une des directrices du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ).

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L'essence antidémocratique d'exclusion du processus électoral dit représentatif

Le 21 octobre dernier, les partis politiques du Québec ont été informés par Élections Québec (ÉQ) des allocations qui leur seront versées pour la période du 4 octobre 2022 au 3 octobre 2023.

Comment cela est-il calculé ? ÉQ alloue 1,71 $ par électeur, conformément à l'article 82 de la Loi électorale. ÉQ multiplie ce 1,71 $ par le nombre total d'électeurs inscrits 6 302 789 pour un total de 10 777 769,19 $. Cette somme est distribuée proportionnellement au pourcentage de votes valides obtenus par chaque parti. Ce n'est pas 1,71 $ pour chaque vote reçu par un parti politique, mais 1,71 $ par électeur.

À l'élection, il y avait 6 302 789 électeurs inscrits; 4 110 700 ont exercés leur droit de vote et 2 192 089 électeurs n'ont pas voté. Cela signifie que même si un électeur ne vote pas, par rejet, par désintéressement, impossibilité ou toute autre raison, ÉQ donne quand même une valeur financière au non-votant, 1,71 $ à chacun, répartie entre les partis. Même si un électeur n'appuie aucun des partis et ne vote pas, le refus de voter est récupéré par les partis. Autrement dit, même si un électeur ne vote pas, il est quand même un contribuable pour les partis, en particulier pour les partis à l'Assemblée nationale qui reçoivent la plus grosse part du gâteau.

Selon le tableau ci-dessous, 10 777 769,19 $ ont donc été répartis entre les partis. Les 4 partis politiques à l'Assemblée nationale recevront un total de 9 207 768,05 $ ce qui représente 85,43 % du montant total distribué.


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En plus de ces allocations, en septembre 2022, 10 jours suivant la prise du décret déclenchant les élections, ÉQ a versé une allocation supplémentaire à chaque parti politique de 1 $ par vote d'électeur obtenu lors des élections de 2018 pour chaque parti. Un montant total de 6 169 722 $ a été émis aux partis politiques.

De ce montant, 2 314 265,58 $ (37,5 %) a été remis à la CAQ

- 1 534 835,80 $ (24,9 %) a été remis au PLQ,

- 1 054 865,46 $ (17,1 %) au PQ

- 995 847,76 $ (16,1 %) à Québec solidaire

Ces partis ont donc reçu pour l'élection 95,6 % de cette allocation supplémentaire.


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À ces montants versés par l'État, d'autres sommes s'ajoutent. Il y a les revenus d'appariement qui s'appliquent aux contributions des électeurs aux partis politiques. La contribution maximale permise par électeur à un parti politique est de 100 $. Pour chaque 1,00 $ versé, ÉQ verse 2,50 $ pour un maximum de 20 000 $. Par la suite, pour chaque 1,00 $ supplémentaire versé, ÉQ verse 1,00 $ jusqu'à concurrence de 200 000 $, pour un total d'un maximum de 250 000 $.

De plus, durant l'année électorale, un électeur peut verser 100 $ de plus. Ce qui fait que, en sus des montants établis précédemment, un revenu d'appariement supplémentaire est également prévu et permet le versement d'une somme additionnelle pouvant atteindre 250 000 $. Autrement dit, en année électorale, un parti peut recevoir jusqu'à 500 000 $ d'ÉQ, ce qui favorise les 4 partis cartels de l'Assemblée nationale.

En 2021, des revenus d'appariement totalisant 1 330 087,50 $ ont été versés aux partis politiques, aux députés indépendants et aux candidats indépendants provinciaux.

En allocations, du 1er janvier au 31 décembre 2021, 10 176 582,86 $ ont été versées aux partis politiques provinciaux.

L'État rembourse également la moitié des frais d'audit annuels des partis politiques, jusqu'à concurrence de 15 000 $. Il rembourse aussi les dépenses électorales pour les candidats et des partis. Après la réception et la vérification du rapport de dépenses électorales, ÉQ rembourse 50 % des dépenses électorales engagées et acquittées à toute personne candidate proclamée élue ou qui a obtenu au moins 15 % des votes valides et à tout parti qui a obtenu au moins 1 % des votes valides.

L'élection a démontré le besoin urgent de renouveau démocratique à tous les niveaux. Le financement des partis politiques fait partie du besoin de renouveau car, comme on peut le voir, il fait partie de l'emprise des partis cartels en tant que chasse-gardée du pouvoir, dont le peuple est totalement exclu. Même durant une élection, la Loi électorale stipule : Sauf exception, un individu ou une organisation qui n'agit pas pour le compte d'un parti politique ou d'une personne candidate ne peut pas faire d'intervention partisane si cette intervention a un coût.

Le Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ) demande l'abolition du financement public d'entités privées que sont les partis politiques devrait être aboli. L'État devrait financer à 100 % le processus politique pour assurer la pleine participation de l'électorat à la vie politique, plutôt qu'à financer des partis politiques dont moins de 3 % de la population en sont membres.

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Le programme du gouvernement Legault pour le Québec

Le choix du premier ministre des ministres
de son cabinet ne fait que confirmer un ordre du jour pour payer les riches

– Fernand Deschamps –

Le premier ministre François Legault a annoncé le 20 octobre la formation de son cabinet. Pierre Fitzgibbon qui fut le ministre de l'Économie et de l'Innovation dans le gouvernement précédent devient aussi ministre de l'Énergie dans le nouveau gouvernement.

L'argument présenté par ceux qui sont proches de Fitzgibbon est qu'en tant que ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie responsable d'Hydro-Québec, il pourrait intervenir plus facilement pour gérer la demande d'énergie des entreprises qui désirent s'établir au Québec et serait le mieux placé pour ce qui est de « définir quelle entreprise rapportera le plus de richesse avec les kilowattheures disponibles », comme l'a déclaré une source proche de Fitzgibbon.

Déjà, de grandes usines installées au Québec qui ont besoin de beaucoup d'énergie pour opérer, comme les alumineries, paient un tarif d'électricité d'environ 5 cents le kilowattheure pour l'énergie qu'elles utilisent, alors que le coût associé aux plus récents barrages hydroélectriques construits par Hydro-Québec est d'environ 11 cents le kilowattheure. Cette différence entre le coût de l'énergie et le tarif offert par Hydro-Québec à ces monopoles est une forme de stratagème déguisé pour payer les riches où, en fin de compte, ce sont les Québécois qui paient la facture sous forme de hausses des tarifs d'électricité résidentiels et commerciaux.

La PDG d'Hydro-Québec, Sophie Brochu, a dit le 12 octobre dernier durant une entrevue à la radio qu'elle ne veut pas que le Québec devienne « le magasin à une piastre de l'électricité dans le monde » pour ces grands intérêts privés dont les yeux sont rivés sur le Québec parce qu'Hydro-Québec peut aussi générer ce qu'on qualifie « d'énergie verte renouvelable ». Voici ce qu'elle avait à dire : « Ce qu'il ne faut faire présentement, c'est d'attirer un nombre indu de kilowatts-heure industriel qui veulent payer pas cher et après ça se dire : on est un peu pris, il faut qu'on bâtisse des barrages pour approvisionner ces gens-là. » Sophie Brochu avait déjà menacé de démissionner au printemps dernier après des échanges houleux entre elle et Pierre Fitzbibbon, ministre de l'Économie à l'époque.

Face aux manoeuvres du gouvernement de se saisir des terres et des ressources des Autochtones, l'Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL) a publié le 18 octobre un communiqué dans lequel on peut lire qu'« après plus de 4 ans à entretenir des relations difficiles, voire conflictuelles, avec les divers ministres à vocation économique, l'APNQL ne peut donc qu'être inquiète face à la possibilité de la nomination d'un superministre de l'Économie ». Le communiqué ajoute que « les Premières Nations sont des Nations de plein droit, qui ont établi, au cours des millénaires de leur existence et de leur présence sur le territoire, leurs propres gouvernements, leurs lois et pratiques au bénéfice de leurs populations, du développement durable de leurs territoires et ressources, et dont les droits sont confirmés par la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones ».

Dans un discours prononcé après l'assermentation de son cabinet, François Legault a tenté de minimiser toutes les critiques autour de ce nouveau mégaministère de l'Économie et de l'Énergie. C'est pourquoi Legault a annoncé qu'il mettait en place un « Comité de transition énergétique » qu'il présidera et qui sera composé des ministres de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, des Finances, de l'Environnement, des Relations avec les Premières Nations et les Inuits, de représentants des peuples autochtones et Inuit, et de la PDG d'Hydro-Québec.


Subventions de l'État pour « l'énergie verte durable »

Une partie de cette « transition énergétique » dont fait allusion le premier ministre François Legault a tout à voir avec ce que le gouvernement Legault appelle une « pôle mondial pour toute la filière batterie », prévu dans la zone industrielle et portuaire de Bécancour, dans le centre du Québec.

De nombreux monopoles des secteurs minier et manufacturier liés à la production de piles rechargeables au lithium-ion ont fait connaître en 2022 leur intention de s'installer dans la région de Bécancour, le long du fleuve St-Laurent, pour y effectuer le traitement du lithium, du nickel et du graphite, des minéraux que les États-Unis prétendent qu'ils sont critiques à leur sécurité nationale. Tout en voulant se prétendre pour une économie verte, ils exigent d'obtenir des tarifs d'hydroélectricité qu'eux jugent favorables à leurs intérêts étroits privés.

Par exemple, en juin dernier l'oligopole minier brésilien Vale a annoncé son intention d'installer à Bécancour une usine avec une capacité annuelle de traitement de 25 000 tonnes de sulfure de nickel pour les transformer en sulfate de nickel, le composé chimique utilisé dans la production de matériaux actifs précathodiques pour les batteries lithium-ion à base de nickel. Le nickel proviendrait des opérations minières de Vale à Voisey Bay, au Labrador, ou de celles de Sudbury, Ontario. Le parc industriel de Bécancour doit aussi accueillir deux autres projets d'envergure : celui de la firme allemande BASF et celui de l'alliance entre l'aciérie sud-coréenne POSCO et le constructeur automobile américain General Motors pour la fabrication de matériaux pour les cathodes — élément principal de la batterie au lithium-ion. Le nickel entre aussi dans la fabrication de la cathode de ces mêmes batteries, ce qui explique l'intérêt de Vale pour Bécancour.

Le graphite utilisé pour la fabrication des composants d'anode des batteries au lithium-ion est actuellement extrait à 120 km au nord de Montréal dans la mine à ciel ouvert de Nouveau Monde Graphite (NMG). Ce projet minier a été approuvé par le gouvernement du Québec, sans que toutes les études environnementales demandées par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) aient été réalisées. NMG est détenue en partie par le groupe britannique Pallinghurst et Investissement Québec et maintenant par les entreprises japonaises Mitsui et Panasonic, qui ont annoncé le 20 octobre dernier qu'ils investissaient 25 millions de dollars US avec une contrepartie de Pallinghurst et Investissement Québec de 12,5 millions de dollars US chacun. Le graphite de haute pureté qui y est extrait pourrait également être utilisé pour la production d'armes; il sera traité dans une future usine de raffinage qui sera construite à Bécancour, dans le cadre d'une « toute nouvelle production intégrée d'anodes au Canada » [1]. En avril déjà, les gouvernements fédéral et ontarien ont annoncé l'octroi de centaines de millions de dollars non spécifiés à la société européenne Stellantis et à LG Energy Solution de Corée du Sud « pour construire une usine de batteries pour véhicules électriques de 5 milliards de dollars à Windsor ».

À Sorel, à moins de 100 km en amont de Bécancour, l'usine appartenant à la compagnie minière anglo-australienne Rio Tinto transforme le minerai de titane de Havre St-Pierre pour en extraire du dioxyde de titane et de l'oxyde de scandium, deux autres minéraux stratégiques qui ont aussi des applications militaires. Le 11 octobre dernier lors d'une visite de l'usine à Sorel, le premier ministre Justin Trudeau et François-Philippe Champagne, ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie ont annoncé des subventions par le gouvernement fédéral de 222 millions de dollars à Rio Tinto pour procéder « à l'électrification des fournaises et au remplacement du charbon » pour la « décarbonation » de l'usine. Rio Tinto a déjà annoncé qu'elle va aussi procéder à cette même usine au raffinage du lithium qui proviendrait de plusieurs sources à l'échelle internationale si « les conditions y sont favorables ».

Il va de soi que pour ces riches intérêts privés la question d'obtenir du gouvernement du Québec un tarif pour l'hydroélectricité qu'eux jugent favorable va être un facteur déterminant dans leurs décisions d'aller de l'avant avec ces projets à Bécancour et à Sorel. Guy Leblanc, PDG d'Investissement Québec, le pourvoyeur de subventions du ministère de l'Économie et de l'Innovation du Québec dont Fitzgibbon en est le ministre, a abondé dans le même sens :

« Nous sommes en discussion avec plusieurs groupes. Ça se confirme : l'ensemble de la chaîne va s'établir au Québec. Pour la première fois dans l'histoire du Québec, on va faire de la transformation de nos minéraux sur place. »

Même si cette transformation se fait sur place, rien n'indique que le gouvernement Legault sera en mesure de contrôler où ces minéraux transformés aboutiront. En d'autres mots, cette chaîne d'approvisionnement en minéraux critiques qui débute avec leur extraction, puis leur transformation n'est pas sous le contrôle du gouvernement Legault mais bien de grands intérêts privés anglo-américains, européens et japonais qui rivalisent avec la Chine et la Russie.

Note

1. Bien que présenté comme uniquement utile aux batteries de véhicules électriques, le graphite est aussi une composante d'instruments et d'armes militaires, telles les bombes au graphite comme celles utilisées par l'OTAN dans les bombardements de la Yougoslavie en 1995. La bombe au graphite est une des armes développées par l'armée américaine destinées à paralyser les équipements électriques sans les détruire définitivement. En explosant à proximité du sol, cette bombe libère des milliers de fibres de carbones microscopiques qui s'infiltrent dans tous les systèmes électriques – centrales électriques, transformateurs et postes haute tension ou systèmes de télécommunications – afin d'y créer de gigantesques courts-circuits. Voir « Des plans verts d'électrification et d'extraction minière qui se heurtent aux désirs de la population – Pierre Soublière », LML du numéro 33, 30 septembre 2022)

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Renforcement de la chaîne d'approvisionnement pour satisfaire les objectifs bellicistes
des États-Unis

Un document du département de la Défense des États-Unis intitulé « Évaluation et renforcement de la base industrielle des secteurs manufacturiers et de la défense, et de la résilience de la chaîne d'approvisionnement des États-Unis » a été publié en septembre 2018 par le Groupe de travail interministériel responsable de réaliser le décret présidentiel 13806 émis par Donald Trump. Dans ce document, il est dit très clairement aux pays avec lesquels les États-Unis ont des ententes pour assurer leur sécurité en approvisionnement de toutes sortes, dont ceux des minéraux critiques, ce qu'ils doivent accepter comme diktat :

« Tout accord international entre les États-Unis et une autre nation constitue un engagement contraignant en droit international de la part des États-Unis et du gouvernement étranger. Les accords obligent les deux gouvernements à engager des ressources – fonds, équipement, main d'oeuvre, information ou action – et décrivent le processus d'autorisation et d'approbation afin de garantir que les États-Unis ne s'engagent que dans une action réalisable et dans le meilleur de leurs intérêts[1]. » (emphase ajoutée)

En d'autres mots, les États-Unis se voient comme la nation indispensable auxquels tous les pays qui sont dans sa sphère d'influence doivent se soumettre. Les exemples donnés sont les Accords sur le partage de la production de défense signés avec 27 pays dont le Canada et plus récemment en juin dernier le « Partenariat pour la sécurité des minéraux » (MSP) qui regroupe l'Australie, le Canada, la Finlande, la France, l'Allemagne, le Japon, la République de Corée, la Suède, le Royaume-Uni et l'UE.

C'est une voie dangereuse que le Québec comme le Canada ne doit pas emprunter et qui entraînera des conséquences désastreuses pour des millions de personnes. Les Québécois et les Canadiens épris de paix doivent dénoncer haut et fort tous ses plans qui visent à intégrer encore plus l'économie du Québec et du Canada à la machine de guerre des États-Unis, sous le prétexte de développer une économie verte.

Note

1. « Assessing and Strengthening the Manufacturing and Defense Industrial Base and Supply Chain Resiliency of the United States », Report to President Donald J. Trump by the Interagency Task Force in Fulfillment of Executive Order 13806, September 2018

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Visite du secrétaire d'État américain à Montréal

Le Canada se fait dire de rentrer dans
le rang face aux tentatives des États-Unis d'isoler encore plus la Chine et la Russie

Le vendredi 28 octobre, François-Philippe Champagne, ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, et Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, ont publié un communiqué de presse intitulé « Le Canada durcit les lignes directrices pour protéger les secteurs des minéraux critiques contre les entreprises étrangères d'État[1] ».

L'annonce a été faite dans le cadre de la visite officielle de 2 jours du secrétaire d'État américain, Antony Blinken, au Canada. Sa visite de deux jours au Canada a servi à promouvoir, entre autres, l'intégration de la chaîne d'approvisionnement en minéraux critiques du Canada à l'économie des États-Unis. Lors de sa deuxième journée de visite, il était à Montréal, en compagnie de la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, pour visiter une usine pilote de recyclage de batteries au lithium-ion provenant de véhicules électriques.

Le 11 octobre, la vice-première ministre Chrystia Freeland avait déjà déclaré lors d'une réunion au Brookings Institution, à Washington, DC, que l'approfondissement des liens commerciaux entre les pays qui épousent la « démocratie libérale » est nécessaire pour lutter contre les « puissants régimes autoritaires » tels que la Russie et la Chine qui « nous sont fondamentalement hostiles ». Elle a ajouté que cela « nous oblige à être vigilants dans nos relations avec les dictateurs mondiaux et leurs élites [...] Nous devrions poursuivre nos échanges commerciaux tout en veillant à ce qu'ils n'atteignent aucune vulnérabilité stratégique de nos chaînes d'approvisionnement et de nos économies en général[2] ».

Dans le même ordre d'idées, le communiqué de presse du 28 octobre indiquait qu'à « compter d'aujourd'hui, les transactions majeures proposées par des entreprises étrangères d'État touchant les secteurs des minéraux critiques du Canada seront approuvées comme étant à l'avantage net du Canada qu'à titre exceptionnel. De plus, si une entreprise étrangère d'État participait à ce type de transaction, cela pourrait constituer un motif raisonnable de croire que l'investissement est susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale du Canada, quelle que soit la valeur de la transaction[3]. »

Quant à l'importance et à la valeur de ces transactions, le gouvernement Trudeau indique ce qui suit dans la mise à jour de la Politique concernant les investissements étrangers des entreprises d'État dans les minéraux critiques, dans le cadre de la Loi sur Investissement Canada :

« Les minéraux critiques sont aussi des actifs stratégiques qui contribuent à la sécurité nationale du Canada en tant qu'intrants indispensables pour les secteurs de la défense et de la haute technologie. Dans ce contexte, certains investissements au Canada par des entreprises d'État « peuvent être motivés par des impératifs non commerciaux qui sont contraires aux intérêts du Canada » , ce qui comprendrait également « les investissements d'investisseurs privés évalués comme étant étroitement liés à des gouvernements étrangers, en particulier des gouvernements non favorables, ou soumis à leur influence, ou qui pourraient être contraints de se conformer à des directives extrajudiciaires de ces gouvernements[4]. »

Le gouvernement Trudeau définit une société d'État (SE) comme suit : « Pour les fins de ces lignes directrices, une SE est une société possédée, contrôlée ou influencée directement ou indirectement, par un gouvernement étranger[5]. »

Le document poursuit en disant que « En vertu de la Loi sur Investissement Canada, le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie doit approuver les acquisitions de contrôle proposées auprès d'investisseurs étrangers, y compris les entreprises d'État, lorsque la valeur de l'entreprise canadienne est supérieure au seuil déclencheur défini. »

Pour 2022, les seuils sont les suivants : « 1,141 milliard de dollars au titre de la valeur d'affaire pour les investissements visant l'acquisition directe du contrôle d'une entreprise canadienne » par des investisseurs OMC ou non OMC qui ne sont pas des entreprises d'État, « 1,711 milliard de dollars au titre de la valeur d'affaire pour les investissements visant l'acquisition d'une entreprise canadienne par des investisseurs aux termes de l'accord commercial qui ne sont pas des entreprises d'État; des investisseurs aux termes de l'accord non commercial qui ne sont pas des entreprises d'État[...] » et « 454 millions de dollars en valeur des actifs pour les investissements visant l'acquisition directe du contrôle d'une entreprise canadienne par des investisseurs OMC qui sont des entreprises d'État et des investisseurs non OMC qui sont des entreprises d'État, lorsque l'entreprise canadienne visée par l'investissement est [...] contrôlée par un investisseur OMC[6] ».

Dans le cadre des changements apportés à la Loi sur Investissement Canada, des directives sont données quant aux critères à suivre lorsqu'il s'agit de sociétés d'État, appelés évaluation des avantages nets. Certains de ces critères comprendront un examen visant à déterminer « si le non-Canadien respecte les normes canadiennes de gouvernance (p. ex. des engagements en matière de transparence et de divulgation, l'indépendance des membres du conseil d'administration, l'indépendance des comités de vérification et le traitement équitable des actionnaires), et les lois et pratiques du Canada, notamment le respect des principes de marché libre ». L'examen « visera également à déterminer comment et la mesure dans laquelle un État possède ou contrôle la société non-canadienne, ou sa conduite et ses activités sont influencées par un État ».

Tout ce charabia sur l'examen des « investisseurs privés influencés » par des États étrangers et « le respect des principes de marché libre » sert à dissimuler le fait que l'administration américaine dicte la ligne de marche au gouvernement Trudeau lorsqu'il s'agit d'intégrer l'économie du Canada à l'économie de guerre des États-Unis. La souveraineté du Canada est traînée dans la boue au nom de grands idéaux.

Voici un extrait de la déclaration du vendredi 28 octobre, de François-Philippe Champagne, ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, et de Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, intitulée « Le Canada durcit les lignes directrices pour protéger les secteurs des minéraux critiques contre les entreprises étrangères.d'État » :

« Les minéraux critiques sont essentiels à l'économie verte et numérique de demain. La demande croissante et l'offre limitée de ces minéraux de première importance représentent une occasion économique générationnelle pour le Canada. Le gouvernement du Canada est déterminé à saisir cette occasion tout en progressant vers l'atteinte de ses ambitieux objectifs climatiques.

« C'est pourquoi le Canada doit renforcer la résilience stratégique des chaînes d'approvisionnement nord-américaines en minéraux critiques en s'associant à des partenaires partageant des valeurs similaires, notamment au pays, en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde.

« Alors que nous continuerons d'accueillir les investissements étrangers directs qui appuient cet objectif, le Canada agira de manière décisive lorsque des investissements constituent une menace pour notre sécurité nationale et nos chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques. À cette fin, le ministre Champagne apporte des orientations supplémentaires quant à l'application de la Loi sur Investissement Canada pour les cas relatifs aux minéraux critiques et leurs chaînes d'approvisionnement. »

Notes

1. « Le Canada durcit les lignes directrices pour protéger les secteurs des minéraux critiques contre les entreprises étrangères d'État », Innovation, Sciences et Développement économique Canada, 28 octobre 2022

2. « Allocution de la vice-première ministre à la Brookings Institution à Washington DC », 11octobre 2022

3. « Le Canada durcit les lignes directrices pour protéger les secteurs des minéraux critiques contre les entreprises étrangères d'État », Innovation, Sciences et Développement économique Canada, 28 octobre 2022

4. « Politique concernant les investissements étrangers par des entreprises d'État dans les minéraux critiques dans le cadre de la Loi sur Investissement Canada », Énoncés du ministre, 28 octobre 2022

5. « Lignes directrices sur les investissements au Canada par des entreprises d'état étrangères – évaluation des avantages nets », Loi sur Investissement Canada

6. « Seuils déclencheurs d'examen », Loi sur Investissement Canada, Gouvernement du Canada

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L'usine pilote de Recyclage Lithion à Montréal

Le jour même où François-Philippe Champagne, ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, et Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, ont publié leur communiqué de presse sur la façon de « protéger les secteurs des minéraux critiques contre les sociétés d'État étrangères », le secrétaire d'État des États-Unis, Antony Blinken, a visité une usine pilote à Montréal pour le recyclage des batteries au lithium-ion des véhicules électriques. Il était accompagné de la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly.

L'usine pilote, Recyclage Lithion, est détenue conjointement par les intérêts privés étrangers General Motors (GM), la société sud-coréenne IMM Global Battery Limited et les gouvernements canadien et québécois. En avril, le gouvernement Legault a investi 15 millions de dollars en actions dans Recyclage Lithion et lui a accordé 7,5 millions de dollars en subventions. Dans une déclaration commune publiée en septembre dernier, GM et Lithion ont annoncé leur partenariat conjoint « pour poursuivre un écosystème circulaire de batteries en utilisant la technologie avancée de recyclage de batteries de Lithion », avec « un taux de récupération de plus de 95 % et en utilisant l'énergie verte du Québec[1] ».

L'emplacement envisagé pour la première de ces usines de recyclage n'a pas encore été déterminé, mais si GM obtient ce qu'elle veut du gouvernement Legault en ce qui concerne les tarifs d'hydroélectricité, il y a de fortes chances qu'elle installe une usine de 500 millions de dollars dans la région de Bécancour, dans le centre du Québec, le long du fleuve Saint-Laurent. Un tel emplacement s'accorde bien avec les corridors de commerce qui alimentent le secteur manufacturier américain.

Avant d'effectuer la visite de l'usine de recyclage, Blinken a accordé une entrevue de douze minutes dans les studios francophones de TVA, sur la politique étrangère des États-Unis dans un scénario où il a soulevé sa visite à Recyclage Lithion, affirmant que : « C'est l'avenir. C'est l'avenir pour les questions de l'énergie, et c'est l'avenir pour les questions du climat. C'est l'avenir entre le Canada et les États-Unis parce que nous faisons ça ensemble avec des investissements venant de General Motors dans ce cas, et une chaîne d'approvisionnement qui sera sûr pour nos deux pays. Pour nous, ça représente l'avenir qui non seulement, nous lie ensemble, mais qui nous donne la capacité de vraiment faire le nécessaire sur ces questions de climat, sur ces questions d'énergie... et pour déployer de nouvelles alliances[2]. » Ce à quoi Blinken faisait référence, ce sont les arrangements qui sont en train d'être mis en place pour intégrer l'approvisionnement en minéraux critiques du Canada à l'économie américaine en fournissant également de l'électricité à rabais.

Aux États-Unis, en vertu du Inflation Reduction Act (Loi sur la réduction de l'inflation de 2022) adoptée en août dernier par le Congrès américain et signé cette année en une loi par le président Joe Biden, les véhicules électriques équipés de batteries fabriquées à base de minéraux recyclés « en Amérique du Nord » tels que le lithium sont admissibles à un crédit d'impôt total de 7500 dollars US. Déterminée à ne plus dépendre de la Chine, l'administration américaine vise à placer l'extraction et/ou le traitement des minéraux critiques dans sa propre cour arrière.

L'administration Biden a annoncé le 19 octobre qu'elle accordait 2,8 milliards de dollars de subventions pour stimuler la production américaine de batteries pour véhicules électriques (VE) et des minéraux utilisés pour leur fabrication, dans le cadre d'un effort visant à sevrer le pays de fournitures provenant de la Chine[3].

« Les États-Unis et leurs alliés ne produisent actuellement pas suffisamment de minéraux et de matériaux de batterie essentiels pour alimenter les technologies d'énergie propre. La Chine contrôle actuellement une grande partie de la chaîne d'approvisionnement en minéraux critiques et le manque de capacités d'exploitation minière, de traitement et de recyclage aux États-Unis pourrait entraver le développement et l'adoption des véhicules électriques, laissant les États-Unis dépendants de chaînes d'approvisionnement étrangères peu fiables », indique la Maison Blanche dans un communiqué annonçant les subventions.

« Les fabricants américains se voient surcotés face aux subventions et pratiques commerciales déloyales de la Chine qui s'est emparée d'une part importante du marché, a déclaré le président Joe Biden en annonçant les subventions. Aujourd'hui, nous faisons un pas en avant... pour le reprendre, pas en totalité, mais avec des objectifs audacieux ».

En mars, Joe Biden a invoqué le Defense Production Act (Loi sur la production de la défense) pour soutenir la production et le traitement des minéraux et des matériaux utilisés pour les batteries des VE.

Les 2,8 milliards de dollars de subventions permettront à 20 entreprises de fabrication et de transformation dans 12 États d'extraire et de traiter davantage de lithium, de graphite, de nickel et d'autres matériaux pour batteries. Ces États sont l'Alabama, la Géorgie, le Kentucky, la Louisiane, le Missouri, le Nevada, New York, la Caroline du Nord, le Dakota du Nord, l'Ohio, le Tennessee et Washington. Il s'agit de la première série de projets financés par le Bipartisan Infrastructure Law (loi bipartisane sur l'infrastructure) du président, qui vise à développer la production nationale de batteries pour les véhicules électriques et le réseau électrique, selon le communiqué. Cela fait partie de l'objectif déclaré de l'administration Biden de rendre électrique la moitié des nouveaux véhicules vendus d'ici 2030.

Le financement des projets sélectionnés permettra, entre autres, de développer suffisamment de lithium pour alimenter plus de 2 millions de véhicules électriques par an et d'établir une production nationale significative de graphite et de nickel.

On s'attend à ce que les entreprises privées qui recevront ces subventions vont y mettre des fonds équivalents.

Le président Biden a également annoncé, dans le même communiqué, le lancement de l'initiative « American Battery Materials », qui vise à « renforcer les chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques ». La déclaration dit : « Aujourd'hui, la Maison Blanche lance un nouvel effort par l'ensemble du gouvernement pour assurer un approvisionnement fiable et durable des minéraux critiques qui alimentent tout, des véhicules électriques aux maisons en passant par les systèmes de défense. L'initiative 'American Battery Materials' sera dirigée par un comité de direction de la Maison Blanche et coordonnée par le département de l'Énergie avec le soutien du département de l'Intérieur. »

Selon la Maison Blanche, l'initiative implique « de travailler avec des partenaires et des alliés pour diversifier les chaînes d'approvisionnement internationales, en reconnaissant que la sécurité nationale et économique de l'Amérique est soutenue par des alliances solides, et que les coalitions internationales de partenaires fiables renforcent la sécurité de nos chaînes d'approvisionnement ».

Toujours sur la même longueur d'onde que les impérialistes américains, la vice-première ministre Chrystia Freeland a parlé en octobre dernier des minéraux critiques provenant de pays considérés comme « amicaux » aux ambitions américaines d'hégémonie mondiale, lors d'un discours prononcé au Brookings Institution, à Washington, DC. Elle a fait référence à ce que la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen a décrit comme du « friendshoring », en d'autres termes, la construction de chaînes d'approvisionnement dans les économies de pays que les États-Unis considèrent des amis.

« Le Canada doit et va faire preuve de la même générosité en accélérant, par exemple, la réalisation des projets énergétiques et miniers dont nos alliés ont besoin pour chauffer leurs maisons et fabriquer des véhicules électriques. », a déclaré Chrystia Freeland. « J'évoque ces exemples parce que le système d'approvisionnement auprès de pays amis se doit d'être écologique. La malédiction du pétrole est bien réelle, tout comme la dépendance d'un grand nombre de démocraties aux pétrotyrans du monde. L'amilocalisation peut protéger à la fois les démocraties libérales et la planète, si la collaboration pour accélérer la transition verte figure parmi nos premiers objectifs », a dit Freeland [4].

Cela montre comment des termes tels que « friendshoring » et ce que l'on appelle l'« économie verte » sont utilisés non pas pour améliorer le bien-être des peuples dans le pays et à l'étranger, mais pour soutenir la désespérance des États-Unis de rivaliser avec la Chine et d'humilier la Russie, ainsi que pour échapper à la crise profonde dans laquelle leurs institutions démocratiques libérales sont embourbées.

La direction prise par l'économie, qui consiste à créer une économie de guerre liée à la volonté de domination mondiale des États-Unis, n'apportera rien de bon. C'est un objectif indigne qui entraînera des conséquences indésirables alors que les travailleurs du Québec et du Canada seront réduits à des « objets » dont les salaires et les conditions de travail sont considérés comme un coût à réduire constamment, tandis que des entreprises comme GM recevront l'électricité du Québec pour une bouchée de pain et que les contribuables québécois et canadiens devront payer pour construire l'infrastructure pour sécuriser les corridors commerciaux et les nouvelles technologies que la soi-disant économie de guerre verte exige.

Notes

1. « General Motors et Lithion annoncent un investissement ainsi qu'un accord de partenariat stratégique pour établir un écosystème circulaire de batteries de véhicules électriques », Lithion, 22 septembre 2022

2. Le secrétaire d'État des États-Unis, Antony Blinken, en entrevue à l'émission de TVA, Salut Bonjour, le 28 octobre 2022

3. Communiqué de presse de la Maison Blanche et reportages des agences de presse.

4.. « Allocution de la vice-première ministre à la Brookings Institution à Washington D.C. », bureau de la vice-première ministre du Canada, 11 octobre 2022

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Mettre l'approvisionnement en matériel de défense
du Canada sur le pied de guerre

Une conférence à Ottawa demande l'augmentation de la production de matériel de guerre

Une conférence a eu lieu à l'hôtel Westin à Ottawa le mardi 25 octobre intitulée « Conférence annuelle d'approvisionnement en matière de défense : mettre l'approvisionnement en matière de défense du Canada sur le pied de guerre ». La conférence a été parrainée par l'Institut canadien des affaires mondiales, un groupe d'experts associé de près aux Forces armées canadiennes et à l'industrie de la défense.

Parmi les commanditaires, il y avait Mobilisation des idées nouvelles en matière de la défense et de la sécurité (MINDS) du ministère de la Défense nationale (MDN), Lockheed Martin Canada, General Dynamics Canada, Irving Shipbuilding Inc., Chantier Davie, l'ambassade de Norvège à Ottawa et Innovation Norvège, ATCO Frontec, BAE Systems, The Boeing Company, Bombardier, Babcock Canada et General Atomics – Aeronautics Systems et Laboratoires nucléaires canadiens. Le ministère de la Défense nationale a versé 50 000 dollars au financement de la conférence.

Des hauts fonctionnaires de la défense, y compris le chef d'état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, et le sous-ministre adjoint (Materiel) au MDN, Troy Crosby, étaient annoncés comme conférenciers d'honneur. Dans les semaines menant à la conférence, Wayne Eyre aurait incité les entreprises à passer à ce qu'il a qualifié de « pied de guerre » pour que la production d'armes puisse être augmentée pour l'Ukraine et pour renouveler les approvisionnements militaires canadiens.

Selon un article du Ottawa Citizen, Wayne Eyre, agissant sans scrupule comme porte-parole des marchands d'armes et de la politique belliciste des États-Unis et de l'OTAN, prétend que la guerre entre l'Ukraine et la Russie doit agir comme catalyseur d'un changement de cap majeur dans la capacité industrielle de la défense. « En raison de la situation mondiale qui se détériore, il faut que l'industrie de la défense se mette sur un pied de guerre et accroisse ses lignes de production afin d'être en mesure d'appuyer la demande qui existe, qu'il s'agisse de munitions, d'artillerie, de missiles, etc. La demande dans le monde est énorme. » Wayne Eyre aurait aussi déclaré que la Chine « est en guerre contre les nations occidentales, y compris le Canada ».

Le but de la conférence était de mettre en lumière le fait que le gouvernement libéral doit acheter plus d'armes pour l'Ukraine et pour les Forces armées canadiennes. Il est aussi mentionné dans l'article du Ottawa Citizen que le gouvernement libéral n'a pas « annoncé » que les entreprises doivent se mettre sur le pied de guerre ou que le processus d'approvisionnement militaire du Canada doit passer en mode d'acquisition d'urgence comme ce fut le cas pendant la guerre en Afghanistan.

L'élite politique et économique qui domine au parlement aime prétendre qu'en quelque sorte le gouvernement est toujours au poste de commande, du moins jusqu'à un certain point, et qu'il n'est pas totalement sous le contrôle et au service des politiques bellicistes des États-Unis et de l'OTAN. Des conférences comme celle-ci, les foires d'armements comme CANSEC, le fait que le Canada suit au pas la politique de l'OTAN envers la Russie et joue un rôle de plus en plus actif en tant que porte-parole des États-Unis pour promouvoir l'ingérence étrangère et l'agression en Haïti et au Venezuela montre amplement que ce gouvernement pro-guerre agit contre les intérêts du peuple canadien et des peuples du monde et qu'il faut s'y opposer et lutter activement et sans tarder pour un gouvernement antiguerre.

Note

À titre d'information, voici le programme de la « Conférence annuelle d'approvisionnement en matière de défense : mettre l'approvisionnement en matière de défense sur un pied de guerre »
9 h 05 – 9 h 35 – La politique de défense : un survol
- Stefanie Beck, sous-ministre adjointe de la Défense
9 h 40 – 10 h 40 – Évaluer les considérations socio-économiques de l'approvisionnement en matière de défense
- Stephanie Batstone, NyRad
- Jody Langelier, Nassituq
- Sean Willy, Des Nedhe Group
- Marcel Poulin, Chantier Davie
Modératrice : Sarah Goldfeder, Institut canadien des affaires mondiales
11 h – midi – Capacité, coordination et résilience de l'industrie
- La docteure Cynthia Cook, Centre d'études internationales et stratégiques
- Giles Ahern, ministère de la Défense du Royaume-Uni
- Major Général Odd-Harald Hagen, Forces armées norvégiennes
- Matthew Zolnowski, Département de la défense des États-Unis
Modérateur : le docteur James Fergusson, Université du Manitoba et Institut canadien des affaires mondiales
12 h 30 – 13 h 15 – L'approvisionnement en matière de défense au Canada : Vu de l'intérieur
- Troy Crosby, ministère de la Défense nationale
- Simon Page, Services publics et approvisionnement Canada
- Demetrios Xenos, Innovation, Science et Développement économique Canada
Modérateur : le docteur David Perry, Institut canadien des affaires mondiales
13 h 30 – 15 h – Mettre en oeuvre la modernisation du NORAD : Collaboration et priorisation
- Général de brigade Chris McKenna, Forces armées canadiennes
- Général de brigade Patrice Sabourin, Forces armées canadiennes
- Cheri Crosby, ministère de la Défense nationale
- le docteur Martin Tomkin, ministère de la Défense nationale
Modératrice : la docteure Andrea Charron, Université du Manitoba et Institut canadien des affaires mondiales
15 h 30 – 16 h – L'approvisionnement de l'Alliance : Defense Security Cooperation Agency
- James Hursch, Defense Security Cooperation Agency
16 h 05 – 17 h 05 – Surmonter les problèmes de main-d'oeuvre
- Jeff Tasseron, CAE
- Bill Ferreira, BuildForce
- Christine Clarkson, Thales
Modératrice : Kathleen Monk, Institut canadien des affaires mondiales
17 h 10 – 17 h 40 – L'Avenir du développement des forces de l'armée canadienne
- Général Wayne Eyre, Forces armées canadiennes
Modérateur : Lieutenant Général (à la retraite) D. Michael Day, Institut canadien des affaires mondiales

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L'extradition de Julian Assange aux États-Unis

Le silence du Canada en dit long

– Hilary LeBlanc –


Manifestation du 29 octobre 2022 devant la prison de Belmarsh, à Londres,
en Angleterre, où Julian Assange est détenu

La tentative d'extrader l'éditeur de Wikileaks Julian Assange de la Grande-Bretagne aux les États-Unis viole de nombreux principes démocratiques fondamentaux. Il s'agit d'un citoyen australien que la Grande-Bretagne extrade vers les États-Unis où il fait face à 17 chefs d'accusation pour violation de la Loi sur l'espionnage. Les nouveaux développements dans cette affaire ont été pratiquement ignorés par la presse américaine, canadienne et européenne, qui se concentre sur l'Ukraine et fait fi de l'hypocrisie et de la complicité des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada lorsqu'il s'agit de violation des libertés démocratiques fondamentales.

« Comment [les États-Unis] peuvent-ils exiger l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis alors qu'il n'est pas un citoyen américain, qu'il n'a pas participé à des activités d'espionnage contre les États-Unis et que tout ce qu'il a fait a été, sans aucun doute, de rendre publics les crimes de guerre commis par les États-Unis ? », a demandé le philosophe slovène Slavoj Zizek, soulignant que Julian Assange risque 175 ans de prison « pour avoir simplement exposé des crimes américains de manière irréprochable ».

Le cas d'Assange met en lumière le problème auquel sont confrontés les peuples du monde lorsque des gouvernements qui se présentent comme des défenseurs de la démocratie et de la liberté de la presse ne ménagent aucun effort pour enfermer un homme dont le seul « crime » a été de publier des documents ayant fait l'objet d'une fuite et révélant des atrocités commises par ces gouvernements en temps de guerre, souligne Slavoj Zizek.

Il s'agit de la toute première mise en accusation d'un éditeur aux États-Unis en vertu de la Loi sur l'espionnage. L'utilisation de cette loi signifie également que Julian Assange ne peut pas faire état des raisons pour lesquelles il a publié ce qu'il a publié, ce qu'il a exposé et le fait que cela n'a entraîné aucun préjudice physique.

L'extradition, les accusations et les restrictions liées au procès sont une attaque brutale contre Julian Assange parce qu'il a exposé publiquement des documents militaires qui montrent que les États-Unis ont commis d'horribles crimes de guerre, notamment des actes de torture et des massacres d'hommes, de femmes et d'enfants innocents, en Irak et en Afghanistan.

Julian Assange est un citoyen australien, et non un citoyen britannique ou américain. Sur l'insistance des États-Unis, il a été kidnappé et emprisonné depuis avril 2018 dans la prison de haute sécurité de Belmarsh en Grande-Bretagne, sans aucune condamnation d'aucune sorte. Comme c'est souvent le cas pour les prisonniers politiques, il a été soumis à des conditions brutales en prison, à tel point qu'en 2019, 117 médecins du monde entier ont exigé qu'il soit mis fin à sa « torture et à sa privation de soins médicaux ».

Toute cette affaire est une vengeance et un chantage des États-Unis contre Julian Assange et tous les journalistes ou personnes dans les médias qui rendent publics les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité des États-Unis et ceux des pays qui sont complices avec eux. Les États-Unis ont poursuivi cette affaire avec acharnement sur la base que la force fait loi. Le président Obama a gracié l'ancienne analyste de renseignement militaire Chelsea Manning, qui a divulgué les dossiers à WikiLeaks. Elle a purgé sept ans de prison.

Les États-Unis ont persisté, déposant des accusations contre Assange en 2018 et exigeant son arrestation, ce que la Grande-Bretagne a fait. Puis l'extradition a été ordonnée, mais en janvier 2021, un juge britannique a bloqué l'extradition au motif que Julian Assange pouvait craindre à juste titre que sa santé et son bien-être ne soient pas assurés dans les prisons américaines. Les États-Unis ont fait appel, et ont donné l'assurance, sans aucun document légal à l'appui, qu'il obtiendrait les soins dont il a besoin.

La Haute Cour de justice britannique a ensuite approuvé l'extradition de Julian Assange en avril. La Cour a estimé que l'extradition ne serait pas « oppressive, injuste ou un abus de procédure ». Elle a également estimé que l'extradition n'était pas « incompatible avec ses droits fondamentaux, notamment son droit à un procès équitable et à la liberté d'expression, et que, pendant son séjour aux États-Unis, il sera traité de manière appropriée, notamment en ce qui concerne sa santé ». Tout magistrat soucieux de justice devrait savoir que ce n'est qu'un mensonge et que les assurances des États-Unis ne peuvent pas cacher le traitement horrible des prisonniers politiques aux États-Unis, y compris la torture des années d'isolement, les peines extra-longues et l'interdiction des visites de la famille et des avocats. Le système de justice pénale américain est connu pour être inéquitable et injuste : procès truqués, ajouts d'accusations de terrorisme, utilisation de Guantanamo, qui n'est pas un territoire américain, pour contourner la règle de droit, etc.

Quelle crédibilité peuvent avoir les États-Unis ou la Grande-Bretagne lorsqu'ils prétendent être des défenseurs de la démocratie ? À cet égard, le silence du Canada en dit long également sur sa prétendue défense de la liberté d'expression, de la presse et des journalistes. Les actions des États-Unis visent à réduire au silence, à intimider et à criminaliser la conscience, en commençant par la liberté d'expression et de la presse, deux droits vitaux nécessaires au discours humain et à la responsabilité. Des journalistes, des journaux, des avocats, des médecins, des universitaires et des personnes du monde entier ont soutenu Julian Assange et dénoncé les États-Unis et la Grande-Bretagne. Ils exigent que toutes les accusations soient abandonnées et que Julian Assange soit libéré. Il est grand temps que le Canada s'élève contre ce qui est fait à Julian Assange. L'Australie a également refusé de défendre les droits de ses propres citoyens contre l'impunité.

Les États-Unis ont fait pression sur le premier ministre australien Anthony Albanese pour qu'il garde le silence, même si Julian Assange est un citoyen australien. Anthony Albanese a déclaré qu'il n'interviendrait pas dans cette affaire. Le 20 juin, il aurait dit : « J'ai l'intention de diriger un gouvernement qui s'engage diplomatiquement et de manière appropriée avec nos partenaires. » De toute évidence, ce qui est « approprié » est de faire partie du réseau d'espionnage du Groupe des cinq dominé par les États-Unis (avec la Grande-Bretagne, le Canada et la Nouvelle-Zélande) et de participer aux jeux de guerre américains dans le Pacifique et aux réunions de l'OTAN.

Les États-Unis et tous ceux qui sont complices cherchent à détourner l'attention des crimes de guerre odieux qu'ils commettent au nom de la démocratie et de la désinformation contre leurs rivaux en les accusant de crimes de guerre. La presse et les médias doivent présenter et promouvoir la désinformation et ceux qui ne le font pas feraient mieux de tenir compte du précédent créé par l'extradition de Julian Assange.

Le message aux peuples est que toutes les notions de droits civils aux États-Unis et dans les États-nations qui en sont complices n'existent plus. Ils appartiennent au passé. La raison d'être de ces États n'est plus de maintenir une règle de droit qui préserve les droits civils tels que définis dans le passé. Il n'y a pas la moindre trace de droits civils, encore moins de principes démocratiques, dans toute l'affaire Assange, dans un procès futur, ou d'une condamnation. Seuls les peuples défendent la démocratie et la liberté de la presse et refusent de céder. Julian Assange a défendu avec fermeté, constance et sans compromis son droit démocratique de s'exprimer et de faire son devoir d'éditeur. Il est innocent du crime d'espionnage dont il est accusé. Il n'est pas citoyen américain et ne peut être jugé aux États-Unis, encore moins pour des crimes qu'il est clair qu'il n'a pas commis.

C'est de la persécution politique pure et simple et les pays comme le Canada qui en sont complices n'ont aucune crédibilité lorsqu'ils prétendent défendre les droits humains et la liberté de la presse dans n'importe quel pays du monde, y compris le leur. Ils cherchent à définir les menaces à la sécurité nationale à leur manière pour établir une domination incontestée sur le monde entier. Il est nécessaire de s'élever contre les méthodes qu'ils utilisent pour y parvenir, notamment les tentatives d'extradition de Julian Assange.

Opposons-nous à l'extradition de l'éditeur de Wikileaks Julian Assange aux États-Unis!

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La crise européenne continue de s'approfondir

La «Communauté politique européenne» – une nouvelle tentative ratée de contrôler l'Europe

Un nouvel organisme appelé « Communauté politique européenne » (CPE) a été créé dans une nouvelle tentative de contrôler ce qui se passe en Europe. Décrit comme un nouveau groupement politique européen informel qui se consacre à l'avancement de la sécurité et de la coopération énergétique à travers le continent, il vise à rassembler les pays qui ne sont pas nécessairement d'accord avec la position de l'UE sur l'Ukraine et d'autres questions, mais vise néanmoins à tendre la main pour « contrer les récits russes », comme l'ont dit certains dirigeants de l'UE. Il a été lancé par le président français Emmanuel Macron et a tenu sa première réunion à Prague, en République tchèque, le 6 octobre. Les dirigeants des pays membres de l'UE ont tenu une réunion informelle du Conseil européen à Prague le 7 octobre.

Emmanuel Macron a proposé ce nouveau groupement lors de la conférence de l'UE sur l'avenir de l'Europe, le 9 mai, et l'a ensuite promu lors d'une réunion du Conseil européen, l'organe exécutif de l'Union européenne, le 23 juin, dans le contexte où l'Ukraine cherchait à accélérer son adhésion à l'UE. Plus précisément, son objectif réel est maintenant révélé comme étant un organe qui rassemble des dirigeants de presque tous les pays européens, même ceux qui ne sont pas membres de l'UE, à l'exception de la Russie et de la Biélorussie. En d'autres termes, l'objectif est de cibler et d'isoler davantage la Russie et la Biélorussie pour s'être opposés à l'expansion de l'OTAN d'une manière qui met en danger leur sécurité en permettant de contourner les conditions d'adhésion à l'UE ou à l'OTAN.

Dès lors que certains pays d'Europe prennent sur eux de décider quels pays font partie de l'Europe, ils violent d'emblée l'esprit de la Charte des Nations unies et du droit international qui stipule que tous les pays, grands ou petits, sont égaux et interdit toute ingérence dans leurs affaires intérieures ou toute violation de leur souveraineté.

Selon les rapports, 27 États de l'UE et 17 pays européens ont participé à la CPE. Comme beaucoup s'y attendaient à la suite de cette réunion à Prague, l'UE a tenté d'affirmer que la CPE soutenait la position de l'UE et « ouvrait la voie au prochain Conseil européen formel à Bruxelles les 20 et 21 octobre, au cours duquel les dirigeants devraient prendre des décisions et adopter des conclusions sur les trois questions discutées à Prague ». Un rapport du Conseil européen indique que ces trois questions sont « la guerre de la Russie contre l'Ukraine », son impact sur la situation énergétique en Europe et ses ramifications économiques.

Les médias indiquent qu'à l'issue de la réunion, les participants se sont félicités de leur front uni contre la « guerre de la Russie contre l'Ukraine » et ont déclaré que cet organisme représente des « valeurs communes ».

La première ministre britannique de l'époque, Liz Truss, aurait déclaré : « Les dirigeants quittent ce sommet avec une plus grande détermination collective à s'opposer à l'agression russe. Ce que nous avons vu à Prague est une démonstration énergique de solidarité avec l'Ukraine, et pour les principes de liberté et de démocratie. »

Le premier ministre belge Alexander De Croo a déclaré que les pays participant à la réunion de la CPE montraient son importance : « L'ensemble du continent européen est ici, à l'exception de deux pays : la Biélorussie et la Russie. Cela montre donc à quel point ces deux pays sont isolés. »

Aucune déclaration commune n'a été publiée à l'issue de la réunion, ni même prévue, car aucune n'aurait été possible. Un communiqué publié sur le site du Parlement européen affirme qu'en raison de sa nature informelle, les participants n'ont pas publié de déclaration finale. La CPE a été comme « un coup d'épée dans l'eau », a estimé le commentateur Thierry Messan.

Il a été annoncé que la prochaine réunion de ce forum aurait lieu dans six mois en Moldavie, l'année prochaine en Espagne, puis au Royaume-Uni.

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Le Conseil européen ne répond pas aux préoccupations des peuples

Le Conseil européen, l'organe exécutif de l'Union européenne (UE), a tenu une réunion formelle à Bruxelles les 20 et 21 octobre, faisant suite à sa réunion informelle tenue à Prague le 7 octobre.

Dans sa lettre d'invitation à la réunion, le président du Conseil, Charles Michel, a déclaré : « Le point central de notre ordre du jour est la crise énergétique, sur laquelle nous devons agir de toute urgence. En particulier, nous devons impérativement intensifier nos trois lignes d'action : réduire la demande, assurer la sécurité de l'approvisionnement et contenir les prix. » Il a ajouté : « Nos perspectives économiques dépendront dans une large mesure de la manière dont nous gérerons notre crise énergétique. » Charles Michel a poursuivi en disant que le Conseil allait également revenir aussi « sur la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine ». Comme dernier point de l'ordre du jour, Charles Michel a déclaré : « Enfin, compte tenu du contexte géopolitique actuel, nous devons tenir un débat stratégique sur la Chine, en procédant à un échange de vues sur la manière dont nous voulons encadrer cette relation essentielle à l'avenir. »

L'ensemble de l'ordre du jour a été présenté comme si le conflit en Ukraine et la crise énergétique n'étaient pas inextricablement liés et ne résultaient pas des sanctions prises par les pays de l'UE contre la Russie. Ainsi, le Conseil européen, en basant son ordre du jour sur la désinformation selon laquelle la Russie, et non l'OTAN, est responsable en dernier ressort du conflit en Ukraine, a pour objectif d'isoler la Russie et non de trouver une solution pacifique au conflit. Selon cette interprétation de la situation, c'est comme si la Russie ne faisait pas historiquement, culturellement et économiquement partie intégrante de l'Europe et que ses peuples et leurs préoccupations en matière de paix et de sécurité peuvent tout simplement être exclus de l'Europe.

Lors de ses réunions, le Conseil a adopté plusieurs « conclusions sur l'énergie et l'économie ».

« 16. Face à l'utilisation par la Russie de l'énergie comme d'une arme, l'Union européenne demeurera unie pour protéger ses citoyens et ses entreprises, et elle prendra d'urgence les mesures nécessaires.

« 17. Le Conseil européen est convenu que, compte tenu de la crise actuelle, les efforts visant à réduire la demande, à assurer la sécurité de l'approvisionnement, à éviter le rationnement et à faire baisser les prix de l'énergie pour les ménages et les entreprises dans l'ensemble de l'Union doivent être accélérés et intensifiés, et que l'intégrité du marché unique doit être préservée. »

Les différentes mesures proposées visaient à plafonner les prix du gaz naturel, l'achat groupé de gaz, l'amélioration du fonctionnement des marchés de l'énergie, l'accélération de la simplification des procédures d'octroi de permis afin de stimuler le déploiement des énergies renouvelables, l'intensification des efforts d'économie d'énergie, des « mesures de solidarité énergétique en cas de rupture d'approvisionnement en gaz au niveau national, régional ou de l'Union, en l'absence d'accords de solidarité bilatéraux », et une réforme structurelle du marché de l'électricité.

En ce qui concerne « l'énergie et l'économie », le Conseil « est convenu que, compte tenu de la crise actuelle, les efforts visant à réduire la demande, à assurer la sécurité de l'approvisionnement, à éviter le rationnement et à faire baisser les prix de l'énergie pour les ménages et les entreprises dans l'ensemble de l'Union doivent être accélérés et intensifiés, et que l'intégrité du marché unique doit être préservée.

« Face à l'utilisation par la Russie de l'énergie comme d'une arme, l'Union européenne demeurera unie pour protéger ses citoyens et ses entreprises, et elle prendra d'urgence les mesures nécessaires. »

Le Conseil parle de « protéger les ménages et les entreprises » de la crise énergétique qu'il a créée, mais il n'a rien dit des mesures immédiates à prendre pour atténuer d'urgence la crise à laquelle la population est confrontée, non seulement en raison des coûts exorbitants de l'énergie, mais aussi de l'augmentation générale du coût de la vie qui a dépassé les niveaux insoutenables et a déclenché des manifestations de masse à la fin d'août et au début de septembre. Cela indique que les sanctions de l'UE et le bellicisme de l'UE dirigée contre la Russie se font au détriment des peuples et de leurs besoins.

En ce qui concerne la décision de l'UE de soutenir l'agression menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie via l'Ukraine, le Conseil, dans ses conclusions sur l'Ukraine/Russie adoptées lors de la réunion, a déclaré que « Le Conseil européen a débattu de l'escalade de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine, qui met en péril la paix et la sécurité en Europe et dans le monde. Le Conseil européen est déterminé à lutter contre la désinformation destinée à réduire à néant nos efforts collectifs visant à défendre la souveraineté de l'Ukraine et l'ordre international fondé sur des règles. Il réaffirme que la Russie est seule responsable des crises énergétique et économique actuelles. »

Les conclusions dépeignent ensuite la situation en Ukraine de la manière la plus unilatérale qui soit, pour affirmer non seulement que des représailles contre la Russie sont justifiées, mais aussi qu'il ne peut y avoir qu'une solution militaire à la crise, le travail de négociation n'étant pas mentionné une seule fois. Le Conseil déclare :

« L'Union européenne se tiendra aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra. Elle continuera d'apporter un soutien politique, militaire et financier solide à l'Ukraine, y compris pour couvrir ses besoins de liquidités, et de renforcer son action humanitaire, en particulier en vue de la préparation à l'hiver. La décision de mener une mission d'assistance militaire de l'UE en soutien à l'Ukraine a été adoptée par le Conseil, de même que la récente décision visant à renforcer encore les mesures d'assistance au titre de la facilité européenne pour la paix afin de soutenir les forces armées ukrainiennes. Le Conseil européen salue le travail accompli sur le terrain par la mission civile consultative de l'UE en Ukraine. »

La mission d'assistance militaire de l'UE mentionnée ci-dessus a été établie par le Conseil des affaires étrangères de l'UE, qui a créé la mission d'assistance militaire de l'UE (EUMAM Ukraine) le 17 octobre. L'explication de l'UE sur sa mission militaire en Ukraine révèle davantage ses objectifs en Ukraine :

« L'objectif de l'UE est de former sur le sol de l'UE un premier lot de 15 000 soldats ukrainiens par le biais d'une formation de base et spécialisée ainsi que d'une formation individuelle et collective afin de répondre aux besoins urgents à court terme exprimés par l'Ukraine. Le mandat de la mission est évolutif, flexible et modulaire afin de s'adapter rapidement à l'évolution des besoins ukrainiens. Il fournira une plate-forme à long terme et durable pour le soutien aux forces armées ukrainiennes.

« L'EUMAM Ukraine améliorera la coordination et l'ampleur de la formation, en s'appuyant sur le soutien à la formation que les États membres fournissent déjà de manière bilatérale aux forces armées ukrainiennes. La mission permet également aux États membres de l'UE qui n'offrent pas (encore) de formation bilatérale de contribuer à l'effort global.

« Le Conseil a adopté ce jour des mesures d'assistance supplémentaires au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de continuer à soutenir les capacités et la résilience des forces armées ukrainiennes. Par ces mesures, l'UE intensifie encore son soutien à l'Ukraine en vue de défendre la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays à l'intérieur de ses frontières reconnues au niveau international, ainsi que de protéger la population civile contre la guerre d'agression menée par la Russie. Avec la sixième tranche de 500 millions d'euros, la contribution totale de l'UE au titre de la FEP en faveur de l'Ukraine s'élève désormais à 3,1 milliards d'euros. Les équipements à fournir dans le cadre du nouvel ensemble de mesures de soutien correspondent aux priorités actuelles exprimées par le gouvernement ukrainien. »

Dans l'ensemble, les réunions du Conseil européen des 20 et 21 octobre indiquent que l'ordre du jour de l'UE est basé sur des calculs géopolitiques, dans lesquels les peuples de l'Europe sont une considération secondaire. Les peuples ont manifesté par dizaines de milliers pour exprimer leurs revendications de conditions de vie acceptables, de relations pacifiques avec la Russie et leur rejet de l'OTAN et de son bellicisme, auxquels l'UE et le Conseil européen ne sont pas en mesure de répondre.

(Avec des informations de l'Union européenne, du Conseil européen.)

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La lutte de classe s'intensifie en France

Des travailleurs en grève de la raffinerie ExxonMobil à Gravenchon-Port-Jérôme en France, octobre 2022.

Les élites impérialistes au pouvoir tentent de faire porter le poids de la crise économique et politique qui balaie l'Europe à la classe ouvrière et à la jeunesse. Le peuple ne se laisse pas faire et résiste par des grèves, des réunions de masse et des manifestations.

Des grèves réclamant des augmentations salariales immédiates pour contrer l'inflation galopante des prix sont en cours dans toute la France. Les travailleurs ont fermé six des sept raffineries de pétrole et dépôts d'énergie de France. En réponse, le gouvernement français a déclenché ses pouvoirs de police, ordonnant aux travailleurs de reprendre le travail au dépôt de carburant de TotalEnergies près de Dunkerque et à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme, tous deux situés dans le nord de la France. Le refus de travailler sous les ordres de la police pourrait entraîner des amendes et des peines de prison.

Assemblée générale des travailleurs de l'usine ExxonMobil, le 7 octobre 2022

La Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO), les syndicats représentant les travailleurs de l'énergie, ont réagi avec colère à l'intervention du gouvernement du côté des monopoles mondiaux de l'énergie contre les travailleurs qui tentent d'augmenter leurs salaires face à l'inflation des prix. Ils ont appelé les autres syndicats à organiser des grèves, des réunions de masse et des manifestations contre l'utilisation des pouvoirs de police et pour des augmentations salariales immédiates.

Benjamin Tange, un responsable de la CGT sur le chantier de Dunkerque, a dénoncé l'ordonnance du gouvernement comme une « dictature de Macron ». Décrivant la recrudescence des luttes grévistes à travers la France, Benjamin Tange a déclaré : « Ce que nous voyons, c'est la colère accumulée depuis plusieurs mois et années, et la rupture de tout dialogue social. »

Les dirigeants de la CGT et de FO rencontrent d'autres syndicats pour discuter de l'élargissement du mouvement de masse pour les droits des travailleurs et les augmentations de salaire. Lors des réunions de masse des travailleurs de l'énergie organisés pendant leur grève, ils ont voté à une écrasante majorité pour poursuivre leur lutte jusqu'à ce que leurs revendications salariales soient satisfaites. Les travailleurs ont exprimé leur dégoût envers le gouvernement qui leur impose ses pouvoirs de police. Ils ont également dénoncé les monopoles de l'énergie, qui ne cessent de se vanter auprès de leurs investisseurs mondiaux des énormes profits qu'ils réalisent pendant la crise, tout en refusant d'augmenter les salaires.


Le 29 septembre, 250 000 manifestants sont descendus dans les rues en France pour réclamer une augmentation des salaires et des pensions et une réduction du temps de travail.

La résistance à l'inflation des prix en France s'intensifie, les grèves s'étendant à des secteurs et à des entreprises qui ne sont pas encore engagés dans des débrayages. L'élite dirigeante s'inquiète de cette évolution, qualifiant les grèves de « contagieuses ». Le journal Le Parisien s'inquiète de « la 'contagion' du mouvement à d'autres secteurs du pays ». Il cite notamment « les dockers, les agents portuaires, les cheminots ou encore les employés des centrales nucléaires et du secteur automobile ».

Les travailleurs de plusieurs centrales nucléaires françaises sont engagés dans des grèves partielles, notamment la centrale nucléaire de Gravelines et des centrales en Ardèche, en Moselle, dans la Drôme et dans le Tarn-et-Garonne.

Le Parisien poursuit : « La grève à la SNCF (Société nationale des chemins de fer) pourrait s'étendre à d'autres secteurs. La CGT-Cheminots, le principal syndicat des travailleurs de la SNCF, et Sud-Rail ont appelé à une grève mardi prochain [18 octobre] pour réclamer des augmentations de salaires et protester contre les réquisitions dans le secteur de l'énergie. ‘La colère gronde, y compris dans nos professions', prévient le syndicat, qui représente notamment les chauffeurs routiers. 'Nous demandons aux syndicats d'organiser des assemblées générales sur les lieux de travail le 18 et nous n'excluons aucun scénario pour le déroulement de l'action', a déclaré jeudi [13 octobre] le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun. »

La grève d'une journée des conducteurs de train organisée pour le 18 octobre mobilisera à la fois la SNCF et la RATP (Régie autonome des transports parisiens).

FranceInfo cite Vincent Gautheron, secrétaire général de la CGT RATP : « Nous nous mobilisons pour des revalorisations salariales, sur la question de la réforme des retraites et pour défendre le droit de grève, remis en cause par les décisions gouvernementales. »

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Les manifestations de masse se poursuivent pour exiger la stabilité économique et l'abolition des sanctions contre la Russie

Les peuples d'Europe poursuivent leurs manifestations de masse alors que les crises politique, économique et financière dans leurs pays et dans toute l'Europe continuent de s'exacerber. Ce sont les peuples qui font les frais de gouvernements au service des riches et qui sont forcés de succomber à l'hégémonie des États-Unis et au diktat États-Unis/OTAN ou qui se révoltent contre eux. Tout au long du mois d'octobre, des manifestations contre les prix de combustibles et le coût de la vie élevé ont eu lieu dans plus de 90 pays à l'échelle mondiale.

À Prague, dans la République tchèque, des actions de masse remplissant le square Wenceslas ont lieu depuis le début de septembre. Le 28 octobre, la Journée de l'État indépendant de la Tchécoslovaquie, une fête nationale célébrant le jour en 1918 où la Tchécoslovaquie a été formée, des dizaines de milliers de gens se sont rassemblés dans le square dans une action appelée par une organisation du nom de « République tchèque d'abord ! ». Les manifestants ont exigé que le gouvernement de coalition du premier ministre Petr Fiala démissionne et ont réitéré l'appel que la République tchèque sorte de l'UE et de l'OTAN, qu'elle mette fin à son implication dans le conflit en Ukraine (que la République tchèque a approvisionné en armes lourdes), ainsi qu'aux sanctions contre la Russie. « La Russie n'est pas notre ennemi, le gouvernement de fauteurs de guerre est notre ennemi », a dit l'un des orateurs.

Un rassemblement semblable a été organisé dans la deuxième ville d'importance, Brno.

Prague, Tchécoslovaquie, 28 octobre 2022. Sur la pancarte, on peut lire : « Amateurs, démissionnez ».

Avant cette action, le 8 octobre, des milliers de personnes se sont rassemblées au square Wenceslas, répondant à l'appel des principaux syndicats du pays. La revendication était que le gouvernement prenne des mesures immédiates pour mettre fin à l'appauvrissement du peuple. Les syndicats ont souligné : « En remettant à demain, le gouvernement a laissé la situation se détériorer au point que notre pays a le plus haut taux d'inflation de l'Union européenne, des familles perdent leur pouvoir d'achat et des compagnies perdent leur compétitivité. Nous avons de façon répétée demandé au gouvernement depuis son assermentation de commencer à trouver des solutions. Nous présentons des solutions et des mesures concrètes sur comment procéder, nous offrons notre aide. Le gouvernement reste muet depuis des mois, et plutôt que de concrètement aider les gens et les entreprises, les élus ne font que tout simplement ignorer la situation. »

L'époque ressemble à celle des années 1990, au moment de l'effondrement de l'URSS, où les principaux syndicats du pays ont fait confiance à la restauration du capitalisme classique, à l'exception que cette fois les conditions désastreuses sont nettement perçues comme étant un problème appartenant au capitalisme, et non au socialisme, tandis que la revendication pour la démocratie se poursuit dans un nouveau contexte de néolibéralisme.

Prague, République Tchèque, 8 octobre 2022

Avant même cette action, il y en a eu une autre au square le 28 septembre, organisée par La République tchèque d'abord ! Suite à l'action de 70 000 personnes le 3 septembre, l'organisation continue d'exiger que le gouvernement tchèque conclue des ententes avec la Russie pour se procurer leur gaz et qu'il soit militairement neutre » face au conflit en Ukraine instigué par les États-Unis et l'OTAN pour provoquer la Russie.

Prague, République tchèque, 28 septembre 2022

En France, le 18 octobre, une grève générale nationale a eu lieu pour exiger des augmentations de salaire et le rétablissement du pouvoir d'achat des gens touchés par la crise. La Confédération générale du travail (CGT) informe qu'il y a eu près de 180 manifestations avec la participation de près de 300 000 personnes partout en France, dont 450 à Gap, 2 500 à Pau, 7 000 à Bordeaux, 10 000 à Le Havre et 70 000 à Paris.

Angers, France, 18 octobre 2022

Laval, France, 18 octobre 2022
Versailles, France, 18 octobre 2022
Paris, 18 octobre 2022
Valenciennes, France, 18 octobre 2022
Tulle, France, 18 octobre 2022

À Paris, le 16 octobre, plus de 100 000 personnes ont marché pour dénoncer l'échec du gouvernement Macron à régler les crises du coût de la vie et climatique.

Paris, France, 16 octobre 2022

Les travailleurs des raffineries de pétrole et des dépôts de carburants de TotalEnergies et d'ExxonMobil étaient déjà en grève depuis plusieurs semaines jusqu'au 20 octobre, jusqu'à ce que les employeurs offrent des augmentations de salaire. À l'apogée des grèves, plus de 30 % des stations-services étaient touchées par des pénuries.

Les travailleurs de la centrale nucléaire Bugey de Électricité de France ont entamé une grève le 13 octobre. Hormis le coût de la vie élevé, les travailleurs sont outrés que les monopoles imposent des prix exorbitants tout en faisant des profits obscènes au frais du peuple alors qu'une crise énergétique fait rage. Au 20 octobre, les grèves avaient touché 20 des 56 centrales nucléaires du pays.

Le 9 octobre à Paris, des centaines de manifestants ont brandi des drapeaux français et d'énormes banderoles où on pouvait lire « Résistance » et « Frexit ». Les manifestants ont scandé « Sortez de l'OTAN » et ont dénoncé le « bellicisme » de l'OTAN et la crise économique, conséquence des sanctions de l'UE imposées à la Russie en raison du conflit ukrainien. Ils ont aussi appelé à la démission du président Macron, et exigé que son gouvernement cesse d'approvisionner l'Ukraine en armes.

Paris, France, 9 octobre 2022

En outre, le 16 octobre, des dizaines de milliers de personnes ont marché à Chisinau, en Moldavie, en opposition au coût de la vie élevé et pour exiger la démission du président Maia Sandhu et de son gouvernement.

En Italie, le 16 octobre, des manifestations ont eu lieu à Rome, en Bologne, à Palerme, à Ancône et dans d'autres endroits, contre le coût de la vie élevé, le mercantilisme des compagnies énergétiques et le bellicisme impérialiste. Lors des actions à Rome, les manifestants ont appelé le gouvernement à sortir de l'alliance militaire de l'OTAN et exigé une fin au conflit en Ukraine. La nouvelle première ministre a répondu en affirmant que l'Italie était engagée envers l'OTAN.

Rome, Italie, 16 octobre 2022

À Chypre, le 15 octobre, des travailleurs mobilisés par la Fédération du travail pan-cyprienne ont marché vers le ministère des Finances à Nicosie, exigeant des salaires convenables et la reconnaissance de leurs droits, des mesures pour consolider les conventions collectives et une réduction immédiate de la taxe à la valeur ajoutée sur le combustible, l'électricité et d'autres biens et services essentiels.

Nicosie, Chypre, 15 octobre 2022

Le 14 octobre, le Parti des travailleurs de Belgique (PTB/PVDA) a continué de tenir ses manifestations hebdomadaires « Vendredis de la colère ». Celle-ci a eu lieu à Bruxelles devant le siège social du monopole énergétique Engie. Des marches de protestation ont eu lieu à Charleroi et Gand.

Bruxelles, Belgique, 14 octobre 2022

Une manifestation de masse de même calibre a eu lieu à Bruxelles le 21 septembre, à laquelle ont participé 10 000 personnes. Les manifestants ont dit à Euronews qu'ils voulaient que les politiciens européens locaux et nationaux prennent des mesures immédiates pour les aider à surmonter le fardeau financier de la crise. Ils disent qu'il relève des politiciens de traiter de ces questions maintenant et ils ont dénoncé le fait que le gouvernement n'assume pas ses responsabilités en prétendant que les problèmes géopolitiques sont la cause de la crise et qu'ils sont hors de leur contrôle.

Les agences de nouvelles rapportent que les travailleurs et les organisations de défense préparent une grève générale pour le 8 novembre.

À Graz, en Autriche le 14 octobre, les gens ont marché pour exiger une baisse des prix et des augmentations de salaire.

Graz, Autrice, 14 octobre 2022

À Amsterdam, aux Pays-Bas, le 13 octobre, des groupes d'étudiants et de jeunes ont manifesté contre la maltraitance par l'Université d'Amsterdam des étudiants internationaux. L'université les exploite comme des vaches à lait, sans fournir des logements adéquats et d'autres facilités et services lorsqu'ils arrivent. L'action a eu lieu dans le cadre d'actions grandissantes par le peuple des Pays-Bas pour le droit au logement.

Amsterdam, Pays-Bas, 13 octobre 2022

En Grèce, la classe ouvrière manifeste contre la persécution des travailleurs travaillant pour des employeurs et pour l'État. Le 9 octobre, un concert par l'Association musicale panhellénique a été organisé au square Th. Malerdou dans la ville de Larymna, en Grèce, en solidarité avec les travailleurs de la société d'État minière et métallurgique LARCO, qui luttent contre la privatisation de la compagnie et exigent sa réouverture et de la rendre pleinement opérationnelle.

Le 7 octobre, les syndicats à Thessaloniki ont organisé des manifestations massives en solidarité avec les travailleurs persécutés du vignoble de Malamatima et des mines d'or Hellas.

Les travailleurs grecs ont dit qu'ils se préparaient à des grèves massives le 9 novembre en opposition au coût de la vie élevé.

Thessaloniki, Grèce, 7 octobre 2022

En Allemagne, des activistes rapportent que des dizaines de milliers de gens ont été réduits à la pauvreté. Plusieurs d'entre eux ne peuvent s'acquitter de leurs factures d'énergie, alors que les compagnies énergétiques, tels des prédateurs, et d'autres, profitent de la situation.

À Berlin, la fin de semaine du 15 octobre, des centaines de personnes touchées par la crise du coût de la vie en Allemagne se sont rassemblés devant la Chancellerie fédérale pour dénoncer la situation qui se détériore, exigeant des logements décents et plus d'aide aux familles à faible revenu. Sur certaines des pancartes, on pouvait lire : « De l'aide immédiate pour les pauvres », ou encore, « Nous avons besoin d'aliments sains. Abolissons la pauvreté ! »

Avant cela, à Cologne, le 1er octobre, des centaines de personnes ont manifesté contre l'inflation galopante, en particulier contre les prix de l'énergie, scandant : « Assez, c'est assez : les prix doivent chuter ». Les manifestants ont exigé que les hausses des prix de l'essence soient retirées et qu'un plafond soit fixé pour les augmentations de loyer. Ils ont aussi exigé une augmentation des régimes de retraite et des avantages sociaux, ainsi qu'une réduction du coût des systèmes de transport en commun. Les Allemands exigent aussi de leur gouvernement qu'il ouvre le gazoduc Nord Stream 2 avec la Russie pour réduire les prix de l'énergie et pour que les gens aient du chauffage pour passer l'hiver.

Cologne, Allemagne, 1er octobre 2022

(Sources : Anadolou Agency, People's Dispatch, BBC, Global Times, Euronews, CMKOS. Photos : Naprvnimmiste, CMKOS, 902.gr, PressTV, CJB, KPO, LFI, Jeunes Insoumises, UDCGT53, Sindica Estudian, G. Ledhuy, CGT)

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