L'extradition de Julian Assange aux États-Unis
Le silence du Canada en dit long
Manifestation du 29 octobre 2022 devant la prison de Belmarsh, à
Londres,
en Angleterre, où Julian Assange est détenu
La tentative d'extrader l'éditeur de Wikileaks Julian Assange de la Grande-Bretagne aux les États-Unis viole de nombreux principes démocratiques fondamentaux. Il s'agit d'un citoyen australien que la Grande-Bretagne extrade vers les États-Unis où il fait face à 17 chefs d'accusation pour violation de la Loi sur l'espionnage. Les nouveaux développements dans cette affaire ont été pratiquement ignorés par la presse américaine, canadienne et européenne, qui se concentre sur l'Ukraine et fait fi de l'hypocrisie et de la complicité des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada lorsqu'il s'agit de violation des libertés démocratiques fondamentales.
« Comment [les États-Unis] peuvent-ils exiger l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis alors qu'il n'est pas un citoyen américain, qu'il n'a pas participé à des activités d'espionnage contre les États-Unis et que tout ce qu'il a fait a été, sans aucun doute, de rendre publics les crimes de guerre commis par les États-Unis ? », a demandé le philosophe slovène Slavoj Zizek, soulignant que Julian Assange risque 175 ans de prison « pour avoir simplement exposé des crimes américains de manière irréprochable ».
Le cas d'Assange met en lumière le problème auquel sont confrontés les peuples du monde lorsque des gouvernements qui se présentent comme des défenseurs de la démocratie et de la liberté de la presse ne ménagent aucun effort pour enfermer un homme dont le seul « crime » a été de publier des documents ayant fait l'objet d'une fuite et révélant des atrocités commises par ces gouvernements en temps de guerre, souligne Slavoj Zizek.
Il s'agit de la toute première mise en accusation d'un éditeur aux États-Unis en vertu de la Loi sur l'espionnage. L'utilisation de cette loi signifie également que Julian Assange ne peut pas faire état des raisons pour lesquelles il a publié ce qu'il a publié, ce qu'il a exposé et le fait que cela n'a entraîné aucun préjudice physique.
L'extradition, les accusations et les restrictions liées au procès sont une attaque brutale contre Julian Assange parce qu'il a exposé publiquement des documents militaires qui montrent que les États-Unis ont commis d'horribles crimes de guerre, notamment des actes de torture et des massacres d'hommes, de femmes et d'enfants innocents, en Irak et en Afghanistan.
Julian Assange est un citoyen australien, et non un citoyen britannique ou américain. Sur l'insistance des États-Unis, il a été kidnappé et emprisonné depuis avril 2018 dans la prison de haute sécurité de Belmarsh en Grande-Bretagne, sans aucune condamnation d'aucune sorte. Comme c'est souvent le cas pour les prisonniers politiques, il a été soumis à des conditions brutales en prison, à tel point qu'en 2019, 117 médecins du monde entier ont exigé qu'il soit mis fin à sa « torture et à sa privation de soins médicaux ».
Toute cette affaire est une vengeance et un chantage des États-Unis contre Julian Assange et tous les journalistes ou personnes dans les médias qui rendent publics les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité des États-Unis et ceux des pays qui sont complices avec eux. Les États-Unis ont poursuivi cette affaire avec acharnement sur la base que la force fait loi. Le président Obama a gracié l'ancienne analyste de renseignement militaire Chelsea Manning, qui a divulgué les dossiers à WikiLeaks. Elle a purgé sept ans de prison.
Les États-Unis ont persisté, déposant des accusations contre Assange en 2018 et exigeant son arrestation, ce que la Grande-Bretagne a fait. Puis l'extradition a été ordonnée, mais en janvier 2021, un juge britannique a bloqué l'extradition au motif que Julian Assange pouvait craindre à juste titre que sa santé et son bien-être ne soient pas assurés dans les prisons américaines. Les États-Unis ont fait appel, et ont donné l'assurance, sans aucun document légal à l'appui, qu'il obtiendrait les soins dont il a besoin.
La Haute Cour de justice britannique a ensuite approuvé l'extradition de Julian Assange en avril. La Cour a estimé que l'extradition ne serait pas « oppressive, injuste ou un abus de procédure ». Elle a également estimé que l'extradition n'était pas « incompatible avec ses droits fondamentaux, notamment son droit à un procès équitable et à la liberté d'expression, et que, pendant son séjour aux États-Unis, il sera traité de manière appropriée, notamment en ce qui concerne sa santé ». Tout magistrat soucieux de justice devrait savoir que ce n'est qu'un mensonge et que les assurances des États-Unis ne peuvent pas cacher le traitement horrible des prisonniers politiques aux États-Unis, y compris la torture des années d'isolement, les peines extra-longues et l'interdiction des visites de la famille et des avocats. Le système de justice pénale américain est connu pour être inéquitable et injuste : procès truqués, ajouts d'accusations de terrorisme, utilisation de Guantanamo, qui n'est pas un territoire américain, pour contourner la règle de droit, etc.
Quelle crédibilité peuvent avoir les États-Unis ou la Grande-Bretagne lorsqu'ils prétendent être des défenseurs de la démocratie ? À cet égard, le silence du Canada en dit long également sur sa prétendue défense de la liberté d'expression, de la presse et des journalistes. Les actions des États-Unis visent à réduire au silence, à intimider et à criminaliser la conscience, en commençant par la liberté d'expression et de la presse, deux droits vitaux nécessaires au discours humain et à la responsabilité. Des journalistes, des journaux, des avocats, des médecins, des universitaires et des personnes du monde entier ont soutenu Julian Assange et dénoncé les États-Unis et la Grande-Bretagne. Ils exigent que toutes les accusations soient abandonnées et que Julian Assange soit libéré. Il est grand temps que le Canada s'élève contre ce qui est fait à Julian Assange. L'Australie a également refusé de défendre les droits de ses propres citoyens contre l'impunité.
Les États-Unis ont fait pression sur le premier ministre australien Anthony Albanese pour qu'il garde le silence, même si Julian Assange est un citoyen australien. Anthony Albanese a déclaré qu'il n'interviendrait pas dans cette affaire. Le 20 juin, il aurait dit : « J'ai l'intention de diriger un gouvernement qui s'engage diplomatiquement et de manière appropriée avec nos partenaires. » De toute évidence, ce qui est « approprié » est de faire partie du réseau d'espionnage du Groupe des cinq dominé par les États-Unis (avec la Grande-Bretagne, le Canada et la Nouvelle-Zélande) et de participer aux jeux de guerre américains dans le Pacifique et aux réunions de l'OTAN.
Les États-Unis et tous ceux qui sont complices cherchent à détourner l'attention des crimes de guerre odieux qu'ils commettent au nom de la démocratie et de la désinformation contre leurs rivaux en les accusant de crimes de guerre. La presse et les médias doivent présenter et promouvoir la désinformation et ceux qui ne le font pas feraient mieux de tenir compte du précédent créé par l'extradition de Julian Assange.
Le message aux peuples est que toutes les notions de droits civils aux États-Unis et dans les États-nations qui en sont complices n'existent plus. Ils appartiennent au passé. La raison d'être de ces États n'est plus de maintenir une règle de droit qui préserve les droits civils tels que définis dans le passé. Il n'y a pas la moindre trace de droits civils, encore moins de principes démocratiques, dans toute l'affaire Assange, dans un procès futur, ou d'une condamnation. Seuls les peuples défendent la démocratie et la liberté de la presse et refusent de céder. Julian Assange a défendu avec fermeté, constance et sans compromis son droit démocratique de s'exprimer et de faire son devoir d'éditeur. Il est innocent du crime d'espionnage dont il est accusé. Il n'est pas citoyen américain et ne peut être jugé aux États-Unis, encore moins pour des crimes qu'il est clair qu'il n'a pas commis.
C'est de la persécution politique pure et simple et les pays
comme le Canada qui en sont complices n'ont aucune crédibilité
lorsqu'ils prétendent défendre les droits humains et la liberté
de la presse dans n'importe quel pays du monde, y compris le
leur. Ils cherchent à définir les menaces à la sécurité
nationale à leur manière pour établir une domination incontestée
sur le monde entier. Il est nécessaire de s'élever contre les
méthodes qu'ils utilisent pour y parvenir, notamment les
tentatives d'extradition de Julian Assange.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 1 - Octobre 2022
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2022/Articles/LM520110.HTM
Site web : www.pccml.ca Courriel : redaction@cpcml.ca