Le Conseil européen ne répond pas aux préoccupations des peuples
Le Conseil européen, l'organe exécutif de l'Union européenne (UE), a tenu une réunion formelle à Bruxelles les 20 et 21 octobre, faisant suite à sa réunion informelle tenue à Prague le 7 octobre.
Dans sa lettre d'invitation à la réunion, le président du Conseil, Charles Michel, a déclaré : « Le point central de notre ordre du jour est la crise énergétique, sur laquelle nous devons agir de toute urgence. En particulier, nous devons impérativement intensifier nos trois lignes d'action : réduire la demande, assurer la sécurité de l'approvisionnement et contenir les prix. » Il a ajouté : « Nos perspectives économiques dépendront dans une large mesure de la manière dont nous gérerons notre crise énergétique. » Charles Michel a poursuivi en disant que le Conseil allait également revenir aussi « sur la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine ». Comme dernier point de l'ordre du jour, Charles Michel a déclaré : « Enfin, compte tenu du contexte géopolitique actuel, nous devons tenir un débat stratégique sur la Chine, en procédant à un échange de vues sur la manière dont nous voulons encadrer cette relation essentielle à l'avenir. »
L'ensemble de l'ordre du jour a été présenté comme si le conflit en Ukraine et la crise énergétique n'étaient pas inextricablement liés et ne résultaient pas des sanctions prises par les pays de l'UE contre la Russie. Ainsi, le Conseil européen, en basant son ordre du jour sur la désinformation selon laquelle la Russie, et non l'OTAN, est responsable en dernier ressort du conflit en Ukraine, a pour objectif d'isoler la Russie et non de trouver une solution pacifique au conflit. Selon cette interprétation de la situation, c'est comme si la Russie ne faisait pas historiquement, culturellement et économiquement partie intégrante de l'Europe et que ses peuples et leurs préoccupations en matière de paix et de sécurité peuvent tout simplement être exclus de l'Europe.
Lors de ses réunions, le Conseil a adopté plusieurs « conclusions sur l'énergie et l'économie ».
« 16. Face à l'utilisation par la Russie de l'énergie comme d'une arme, l'Union européenne demeurera unie pour protéger ses citoyens et ses entreprises, et elle prendra d'urgence les mesures nécessaires.
« 17. Le Conseil européen est convenu que, compte tenu de la crise actuelle, les efforts visant à réduire la demande, à assurer la sécurité de l'approvisionnement, à éviter le rationnement et à faire baisser les prix de l'énergie pour les ménages et les entreprises dans l'ensemble de l'Union doivent être accélérés et intensifiés, et que l'intégrité du marché unique doit être préservée. »
Les différentes mesures proposées visaient à plafonner les prix du gaz naturel, l'achat groupé de gaz, l'amélioration du fonctionnement des marchés de l'énergie, l'accélération de la simplification des procédures d'octroi de permis afin de stimuler le déploiement des énergies renouvelables, l'intensification des efforts d'économie d'énergie, des « mesures de solidarité énergétique en cas de rupture d'approvisionnement en gaz au niveau national, régional ou de l'Union, en l'absence d'accords de solidarité bilatéraux », et une réforme structurelle du marché de l'électricité.
En ce qui concerne « l'énergie et l'économie », le Conseil « est convenu que, compte tenu de la crise actuelle, les efforts visant à réduire la demande, à assurer la sécurité de l'approvisionnement, à éviter le rationnement et à faire baisser les prix de l'énergie pour les ménages et les entreprises dans l'ensemble de l'Union doivent être accélérés et intensifiés, et que l'intégrité du marché unique doit être préservée.
« Face à l'utilisation par la Russie de l'énergie comme d'une arme, l'Union européenne demeurera unie pour protéger ses citoyens et ses entreprises, et elle prendra d'urgence les mesures nécessaires. »
Le Conseil parle de « protéger les ménages et les entreprises » de la crise énergétique qu'il a créée, mais il n'a rien dit des mesures immédiates à prendre pour atténuer d'urgence la crise à laquelle la population est confrontée, non seulement en raison des coûts exorbitants de l'énergie, mais aussi de l'augmentation générale du coût de la vie qui a dépassé les niveaux insoutenables et a déclenché des manifestations de masse à la fin d'août et au début de septembre. Cela indique que les sanctions de l'UE et le bellicisme de l'UE dirigée contre la Russie se font au détriment des peuples et de leurs besoins.
En ce qui concerne la décision de l'UE de soutenir l'agression menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie via l'Ukraine, le Conseil, dans ses conclusions sur l'Ukraine/Russie adoptées lors de la réunion, a déclaré que « Le Conseil européen a débattu de l'escalade de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine, qui met en péril la paix et la sécurité en Europe et dans le monde. Le Conseil européen est déterminé à lutter contre la désinformation destinée à réduire à néant nos efforts collectifs visant à défendre la souveraineté de l'Ukraine et l'ordre international fondé sur des règles. Il réaffirme que la Russie est seule responsable des crises énergétique et économique actuelles. »
Les conclusions dépeignent ensuite la situation en Ukraine de la manière la plus unilatérale qui soit, pour affirmer non seulement que des représailles contre la Russie sont justifiées, mais aussi qu'il ne peut y avoir qu'une solution militaire à la crise, le travail de négociation n'étant pas mentionné une seule fois. Le Conseil déclare :
« L'Union européenne se tiendra aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra. Elle continuera d'apporter un soutien politique, militaire et financier solide à l'Ukraine, y compris pour couvrir ses besoins de liquidités, et de renforcer son action humanitaire, en particulier en vue de la préparation à l'hiver. La décision de mener une mission d'assistance militaire de l'UE en soutien à l'Ukraine a été adoptée par le Conseil, de même que la récente décision visant à renforcer encore les mesures d'assistance au titre de la facilité européenne pour la paix afin de soutenir les forces armées ukrainiennes. Le Conseil européen salue le travail accompli sur le terrain par la mission civile consultative de l'UE en Ukraine. »
La mission d'assistance militaire de l'UE mentionnée ci-dessus a été établie par le Conseil des affaires étrangères de l'UE, qui a créé la mission d'assistance militaire de l'UE (EUMAM Ukraine) le 17 octobre. L'explication de l'UE sur sa mission militaire en Ukraine révèle davantage ses objectifs en Ukraine :
« L'objectif de l'UE est de former sur le sol de l'UE un premier lot de 15 000 soldats ukrainiens par le biais d'une formation de base et spécialisée ainsi que d'une formation individuelle et collective afin de répondre aux besoins urgents à court terme exprimés par l'Ukraine. Le mandat de la mission est évolutif, flexible et modulaire afin de s'adapter rapidement à l'évolution des besoins ukrainiens. Il fournira une plate-forme à long terme et durable pour le soutien aux forces armées ukrainiennes.
« L'EUMAM Ukraine améliorera la coordination et l'ampleur de la formation, en s'appuyant sur le soutien à la formation que les États membres fournissent déjà de manière bilatérale aux forces armées ukrainiennes. La mission permet également aux États membres de l'UE qui n'offrent pas (encore) de formation bilatérale de contribuer à l'effort global.
« Le Conseil a adopté ce jour des mesures d'assistance supplémentaires au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de continuer à soutenir les capacités et la résilience des forces armées ukrainiennes. Par ces mesures, l'UE intensifie encore son soutien à l'Ukraine en vue de défendre la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays à l'intérieur de ses frontières reconnues au niveau international, ainsi que de protéger la population civile contre la guerre d'agression menée par la Russie. Avec la sixième tranche de 500 millions d'euros, la contribution totale de l'UE au titre de la FEP en faveur de l'Ukraine s'élève désormais à 3,1 milliards d'euros. Les équipements à fournir dans le cadre du nouvel ensemble de mesures de soutien correspondent aux priorités actuelles exprimées par le gouvernement ukrainien. »
Dans l'ensemble, les réunions du Conseil européen des 20 et 21 octobre indiquent que l'ordre du jour de l'UE est basé sur des calculs géopolitiques, dans lesquels les peuples de l'Europe sont une considération secondaire. Les peuples ont manifesté par dizaines de milliers pour exprimer leurs revendications de conditions de vie acceptables, de relations pacifiques avec la Russie et leur rejet de l'OTAN et de son bellicisme, auxquels l'UE et le Conseil européen ne sont pas en mesure de répondre.
(Avec des informations de l'Union européenne, du Conseil européen.)
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 1 - Octobre 2022
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