Tribunal international sur les violations des
droits humains commises contre les populations noires, brunes et
autochtones, New York, 22-25 octobre
• Cérémonie d'ouverture
Tout en oeuvre pour faire du Canada une zone de
paix!
• L'intégration du Canada à l'économie de
guerre des États-Unis
• L'approvisionnement de l'économie de
guerre des États-Unis
en minéraux critiques
- Fernand Deschamps -
• L'essence de la «feuille de route pour
un partenariat renouvelé»
avec les États-Unis
À titre
d'information
• La coopération
États-Unis-Canada sur les minéraux critiques
• Projet de l'Université Brown : le coût
de la guerre
• Un état d'insécurité : le coût de la
militarisation
depuis le 11 septembre 2001
Le rôle du Canada dans le nouveau système
international d'impôt sur les sociétés pour payer les
riches
• Les oligopoles organisent une attaque directe
contre la souveraineté des pays
- K.C.
Adams -
• Les peuples et
les nations ont le droit et la responsabilité sociale
de décider de leurs propres
affaires
• Les forces
derrière le plan à deux piliers de la réforme fiscale internationale et ses
bénéficiaires
• L'accord fiscal
de l'OCDE est un simulacre d'équité – Oxfam
• Les États-Unis
en tant que paradis fiscal
Le projet de loi «Reconstruire mieux» de Joe Biden
arrive au Congrès
• Une affaire alléchante pour l'oligarchie
financière
Tribunal international sur les violations des
droits humains commises contre les populations noires, brunes et
autochtones, New York, 22-25 octobre
À New York du 22 au 25 octobre s'est tenu l'important Tribunal
international sur les violations des droits humains par les États-Unis,
réunissant les forces les plus aguerries de la lutte pour la justice aux
États-Unis. C'est un esprit positif et tourné vers l'avenir qui s'est
dégagé de cette
rencontre. Des témoignages instructifs et émouvants ont permis de tirer
des conclusions fondées, qui seront maintenant portées devant les
Nations unies où les États-Unis seront accusés de génocide encore une
fois.
La
cérémonie d'ouverture a commencé avec la présentation des membres du
comité de coordination du programme et les représentants du Malcolm X and Dr. Betty Shabazz Memorial and Educational Center,
le lieu principal des échanges. Les organisateurs ont parlé du rôle du
Tribunal comme outil
de travail pour unir les forces et développer de nouvelles institutions
du peuple, comme le « Sénat du peuple » qui sera créé comme suivi du
Tribunal. La tenue de l'événement à cet endroit a permis d'honorer la
vie et l'oeuvre de Malcolm X qui, comme Paul Robeson, William L.
Patterson et W.E.B. Du
Bois, a également porté l'accusation de génocide contre les États-Unis.
La bannière du Tribunal se lisait : « Nous maintenons l'accusation de
génocide ».
Il y a eu présentation de poèmes et de musique, tous sur le thème de
la résistance et de la libération des Noirs, des Bruns, des Autochtones
et de tous les opprimés. Un joueur de tambour autochtone a fait une
prestation et parlé de l'incarcération brutale de Leonard Peltier qui,
maintenant âgé de
77 ans, est toujours en prison après plus de 44 ans. Comme d'autres
prisonniers politiques, Leonard Peltier refuse de renoncer à la position
qu'il a prise à la défense des droits des peuples autochtones et de tous
ceux qui luttent pour la justice.
La bande-annonce du documentaire Radical Conversations a été
présentée par le réalisateur Edwin Stokes. Le film sera diffusé en
ligne lors du Festival international du film de la diaspora africaine du
26 novembre au 12 décembre. Il comprend des conversations avec
d'anciens prisonniers
politiques dont certains étaient présents dans la salle. Un message
vidéo de Pete et Charlotte O'Neal, d'anciens Black Panthers exilés en
Tanzanie depuis les années 1970, a été diffusé avec une chanson et un
hommage à tous les prisonniers politiques. Il y a ensuite eu la lecture
de textes puissants
de prisonniers politiques américains sous le thème « Par-delà les murs
».
Plusieurs intervenants, dont deux des animateurs, Dequi Kioni-Sadiki
et Matt Meyer, ont mis l'accent sur la lutte pour la libération de tous
les prisonniers politiques et pour mettre fin à la brutalité policière, à
l'oppression de l'État et au génocide contre les Noirs, les Bruns et
les
Autochtones. Ils ont également parlé des crimes internationaux commis
contre Cuba et le Venezuela en particulier.
Oscar Lopez Rivera a parlé de l'histoire de la colonisation et de la
répression américaines à Porto Rico et de son expérience dans les
prisons de haute sécurité aux États-Unis en compagnie de prisonniers
portoricains et noirs. Il a expliqué qu'en dépit de l'isolement
cellulaire et des efforts
faits pour le démoraliser, comme ce fut le cas pour d'autres prisonniers
politiques, il a su persister parce qu'il était convaincu que l'État ne
pourrait jamais lui voler son esprit et son âme. Il a parlé de son
travail à Porto Rico et aux États-Unis aux côtés des combattants
américains pour la
justice pour un Porto Rico libre, indépendant et souverain.
Pam Africa, avocate de Mumia Abu-Jamal et d'autres prisonniers
politiques, a parlé de l'impact qu'ont les gens à l'extérieur des
prisons pour changer les conditions et faire connaître au public les
conditions et les brutalités dont sont victimes les prisonniers. Elle a
donné l'exemple d'un
prisonnier qui a obtenu d'être traité pour l'hépatite C grâce à des
appels provenant des États-Unis et du monde entier. Elle a souligné que
souvent les prisonniers politiques se consacrent à l'éducation des
autres prisonniers et sont punis par l'isolement cellulaire. Elle et
Dequi Kioni-Sadiki ont
vivement dénoncé l'État américain, les gouvernements des États comme
celui de New York et le système pénitentiaire à tous les niveaux qui
protègent les policiers tueurs et les tortionnaires mais criminalisent
et emprisonnent les combattants de la liberté.
Dans un message audio, Mumia Abu-Jamal, toujours en prison, a dit
applaudir la tenue du Tribunal. Il a parlé de la poigne de fer de
la slavocratie, qui veille à ce que les batailles juridiques contre les
lynchages et l'impunité policière meurent au Congrès. La suprématie
blanche du gouvernement
américain porte aujourd'hui le visage du néolibéralisme, dit-il : il
fait la guerre aux pauvres et aux communautés noires. Le néolibéralisme a
donné un nouveau souffle à l'industrie de l'oppression et c'est durant
la présidence de Bill Clinton que la construction de prisons pour les
jeunes a connu
sa plus grande expansion. Mumia a lancé l'appel à intensifier la
résistance à l'intérieur et à l'extérieur des prisons.
Tous ont parlé du Tribunal comme d'une occasion de dénoncer la
répression de l'État et d'appeler à la liberté des Noirs, des Bruns et
des Autochtones, à la fin de l'incarcération de masse et à l'abolition
du système carcéral.
L'orateur principal était Jihad Abdulmumit du National Jericho
Movement (pour la libération de tous les prisonniers politiques) et de
la coalition Spirit of Mandela, en hommage à Nelson Mandela qui
a été prisonnier politique pendant 23 ans. Il a déclaré que le Tribunal
allait faire ce
que Paul Robeson et William L. Patterson ont fait en portant une
pétition contre le génocide par les États-Unis à l'ONU. Son thème
principal était « Nous sommes nos propres libérateurs ». Le colonialisme
est réel et l'oppression est normalisée jusqu'à ce que, de temps en
temps, comme dans le cas du
meurtre de George Floyd, « cela pique notre conscience morte » et nous
descendons dans la rue, a-t-il dit.
Dans le cas d'autres génocides, comme l'Holocauste, il y a eu un
début et une fin, a souligné Jihad, mais le génocide américain se
poursuit depuis 400 ans, aujourd'hui sous la forme de répression
politique, d'incarcérations massives, de manque de soins de santé et de
services sociaux. Il a dit
que les impérialistes « nous ont appris à nous haïr » et que, malgré les
changements apportés à diverses lois, le système est toujours le même.
Nous tenons des réunions et des rassemblements, ce que nous devons
continuer, mais nous devons aussi faire les choses différemment, en
partant du principe
que nous sommes nos propres libérateurs. Nous ne nous battons pas pour
que les maîtres d'esclaves nous traitent mieux mais pour faire ce que
Malcolm a dit, pour nettoyer notre propre maison.
Jihad a dit que ce Tribunal qui a pris deux ans à préparer est
l'occasion d'engager ce combat parce qu'il offre l'organisation et un
processus discipliné. Dans l'esprit de « Oser lutter, oser vaincre », il
a lancé : « Je vous mets au défi » de participer à la création du Sénat
du peuple et de
vous joindre au travail pour bâtir de nouvelles institutions en
construisant ce mouvement avec les familles, les voisins et les
communautés. Il a appelé à rejeter les institutions des maîtres
d'esclaves et leur constitution, car ce dont nous avons besoin, c'est de
notre propre constitution.
Les maîtres de cérémonie, artistes et intervenants du Tribunal ont
donné un ton militant au programme de la fin de semaine et ont affirmé
de diverses manières qu'il n'existe aucun doute sur le génocide commis
par les États-Unis, confirmé encore une fois par les témoignages
entendus. Les
participants au Tribunal ont insisté sur la nécessité de continuer à
lutter ensemble.
Tout en oeuvre pour faire du Canada une zone de
paix!
Événements contre la guerre 19 et 20 novembre 2021
Tous contre le 13e Forum d'Halifax sur la sécurité internationale!
Webinaire: vendredi,
19 novembre – 20 h HA
Rassemblement: samedi,
20 novembre – 13 h HA
Pour plus de détails cliquer ici
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La militarisation de l'économie américaine a dépassé les bornes, tout
comme l'activité du gouvernement du Canada visant à intégrer le Canada à
l'économie de guerre des États-Unis tout en prétendant que c'est une
contribution à la cause de la paix. L'acheminement de billions de
dollars vers la militarisation de l'économie et de la société, et sa
culture de servir les riches, est bien documenté et a augmenté de façon
considérable depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001. Cela
met en lumière à quel point les États-Unis ont sombré dans une économie
de guerre et sont devenus une société militarisée.
Aux
États-Unis, le recours à la violence est hors de contrôle et cela est
attribuable à l'usurpation du pouvoir décisionnel par des intérêts
privés étroits qui s'en servent à leur profit.
Il en résulte une économie de guerre qui, en plus de dominer la
politique américaine, resserre son emprise sur le Canada et d'autres.
Par la perfidie et la supercherie, peu importe quel parti du cartel forme
le gouvernement, la militarisation a intégré le Canada à la machine et à
l'économie de
guerre des États-Unis et contribué à l'expansion des alliances
militaires que sont l'OTAN et NORAD et à la multiplication des guerres
d'agression menées par les États-Unis à des fins d'hégémonie mondiale.
Le danger d'une conflagration d'ordre mondial est réel.
Dans ce numéro, LML expose le rôle du Canada dans
l'approvisionnement de la machine de guerre des États-Unis en minéraux
critiques. Des extraits de rapports de l'Institut des études politiques
et du projet « Cost of War » (Le coût de la guerre) de l'Université
Brown permettent de voir le
degré de militarisation et de dégénérescence de la vie sociale par la
violence et la corruption. Ces rapports soulignent l'importance et
l'urgence du mouvement contre la guerre et des mouvements pour les
droits dans la création du Nouveau sur la base de définitions modernes,
en opposition aux
limites imposées par l'oligarchie dirigeante.
L'opposition au recours à la force dans la résolution des problèmes
et la détermination à réaliser les changements nécessaires comme le
réclament les peuples des États-Unis et du monde sont cruciales.
- Fernand Deschamps -
Le Canada augmente son approvisionnement en minerais essentiels au
profit de l'économie de guerre américaine. Les Canadiens ne sont pas
consultés lorsque des accords sont conclus entre les États-Unis et le
Canada et ils s'opposent à l'exploitation et au pillage des ressources
naturelles au profit
de la production de guerre. Tout cela est fait au nom d'une économie
verte et de grands idéaux de création d'emplois et de développement
économique qui favorisent les régions, mais la vérité est tout autre.
Les
provinces et territoires du Canada et le Québec sont déjà les sites
d'extraction de plusieurs minéraux critiques pour l'industrie de guerre
des États-Unis tels que le nickel, le cobalt, le scandium et l'uranium,
ou seront bientôt les sites du lancement de la production d'autres
minéraux
critiques tels que le lithium, les éléments de terres rares (ETR) et le
graphite, à des endroits situés au Yukon, en Saskatchewan, en Ontario,
au Québec et à Terre-Neuve.
Les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que le
gouvernement fédéral, se plient déjà en quatre pour fournir aux
oligopoles miniers l'infrastructure et les types de subventions et
d'allégements fiscaux que ces intérêts privés réclament, et ils en
réclament toujours plus. C'est à cela
que faisait référence le PDG de Benchmark Mineral Intelligence, Simon
Moores, en février dernier, quand il témoignait devant le Comité
permanent de la Chambre des Communes sur les ressources naturelles :
« Le prix varie carrément en fonction de l'offre et de la demande. Il
importe peu que la taille du marché décuple ou demeure la même. À titre
d'exemple, on connaît actuellement une pénurie de lithium, ce qui en
fait grimper le prix. Au cours des quatre dernières années, la demande
de lithium a
augmenté de 30 % pour les véhicules électriques et le prix était à la
baisse.
« Qu'advient-il si le prix du lithium demeure bas, une question qui
pourrait se poser également pour le cobalt ? S'il demeure trop bas
pendant trop longtemps, il n'y a tout simplement plus d'investissements
dans de nouvelles mines. Il y a toujours un prix d'incitation à
l'origine d'une nouvelle
offre sur le marché. Dans le contexte actuel où l'on s'en remet aux
marchés des capitaux, il en résulte donc qu'il n'y a pas d'argent
investi dans ces nouvelles mines, et c'est précisément à ce titre que le
gouvernement pourrait jouer un rôle important[1]. »
En d'autres termes, ce sera à l'État canadien et aux différents
paliers de gouvernement de prendre tous les risques et de subventionner
ces sociétés minières par le biais de stratagèmes pour payer les riches.
Voici ce que Liz Lappin, présidente de la Battery Metals Association of
Canada (BMAC),
avait à dire devant le Comité permanent des ressources naturelles le
même jour :
« Le premier domaine d'intérêt est le soutien au développement de
projets pour les minéraux critiques. La Banque mondiale et une série de
prévisionnistes prévoient une forte augmentation de la demande mondiale
en minéraux critiques dans les années à venir. Même si le Canada dispose
de ressources
abondantes, leur mise en valeur a été lente en raison de divers défis.
Par exemple, on peut citer la forte volatilité des prix émergents, la
concurrence pour les capitaux avec les exploitations de minéraux
critiques établies dans d'autres pays, la nature complexe de la
production de métaux pour
batteries et les retards dans l'élaboration des règlements et des
politiques. Le Canada doit agir rapidement pour répondre aux besoins de
son économie nationale.
« La BMAC a formulé plusieurs recommandations pour soutenir la mise
en valeur des minéraux critiques. Tout d'abord, il faut fournir un
soutien financier aux entreprises canadiennes qualifiées dans le domaine
des métaux pour batteries qui sont en mesure de présenter des projets
potentiels viables.
Ensuite, il faut promouvoir l'exploration et l'identification des
ressources en modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu, afin
de garantir que les ressources en saumures de lithium sont admissibles
aux actions accréditives. Il faut aussi encourager les provinces à
élaborer rapidement des
politiques et des règlements responsables, mais favorables à
l'industrie, afin d'accélérer la mise en valeur des ressources en
minéraux critiques. De plus, il faut promouvoir l'uniformité des durées
d'exploitation et des cadres réglementaires, afin d'encourager le
développement responsable. Enfin,
nous recommandons de donner la priorité au financement de l'innovation
pour les applications des grappes industrielles, ce qui inciterait les
collaborations canadiennes et renforcerait les liens tout au long de la
chaîne d'approvisionnement[2]. »
Dans son rapport de juin 2021 intitulé De
l'exploration minérale à la fabrication de pointe : développer les chaînes de valeur pour les minéraux critiques au Canada, le Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes avait ceci à dire :
« Les minéraux critiques sont des composantes essentielles au
fonctionnement de plusieurs technologies récentes, que ce soient les
énergies à faible émission de gaz à effet de serre, les véhicules
électriques ou les secteurs de pointe tels que la médecine,
l'électronique, l'aérospatiale et la
défense. »
Le comité souligne dans son rapport l'importance de « sécuriser
l'approvisionnement en minéraux critiques [qui] est particulièrement
important dans un contexte où l'accès à ces ressources peut être
instable et la production concentrée dans quelques pays, en particulier
la Chine ». Il mentionne
aussi que « le Canada pourrait également favoriser une approche
'continentale' pour assurer l'approvisionnement en minéraux critiques en
collaboration entre les provinces et les territoires du Canada ainsi
qu'avec les États-Unis »[3].
Le même comité a présenté d'importantes recommandations qui sont un
appel à plus de stratagèmes pour payer les riches et à une intégration «
continentale » plus poussée du Canada à l'économie de guerre des
États-Unis. Parmi ces recommandations, il y a les deux premières :
« Que le gouvernement du Canada, en partenariat avec les
gouvernements provinciaux et territoriaux, les communautés et les
gouvernements autochtones, l'industrie minière ainsi que les
établissements de recherche et de formation, se dote d'une vision
stratégique pour le développement de
l'industrie des minéraux critiques au Canada. »
et
« Que le gouvernement du Canada renouvelle son soutien au secteur
minier canadien pour que celui-ci tire parti des nombreuses possibilités
offertes par la mise en valeur des minéraux critiques et reconnaisse sa
contribution unique aux technologies de pointe d'avenir et à la
transition énergétique
en :
« - augmentant sa capacité à effectuer des travaux géoscientifiques
[...]; « - élargissant la portée de mesures financières et fiscales
[...];
« - investissant dans les infrastructures de transport et de communication dans les régions éloignées et nordiques [...]. »
L'environnement naturel et l'environnement social ne peuvent être
harmonisés sans s'opposer aux stratagèmes des gouvernements pour payer
les riches qui sont mis en oeuvre partout au Canada. En comptant sur
eux-mêmes, les Canadiennes et Canadiens peuvent réaliser une économie
durable qui subvient
aux besoins de toutes et tous, respecte leurs droits et est centrée sur
l'être humain.
Non aux stratagèmes pour payer les riches au nom d'une « économie plus verte » ! Non à l'intégration du Canada à l'économie de guerre des États-Unis !
Notes
1. Simon
Moores, PDG, Benchmark Mineral Intelligence, présentation faite devant
le Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes, le 22 février 2021.
2. Liz
Lappin, présidente, Battery Metals Association of Canada, présentation
faite devant le comité permanent des ressources naturelles de la Chambre
des Communes, le 22 février 2021.
3. De l'exploration minérale à la fabrication de pointe : développer les chaînes de valeur pour les minéraux critiques au Canada,
Rapport du Comité permanent des ressources naturelles, juin 2021.
Cinq mois après que le premier ministre canadien Justin Trudeau et le
président américain Joe Biden ont convenu de la mise en oeuvre de la «
Feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis-Canada
(Feuille de route) », le Woodrow Wilson International Centre for
Scholars a convoqué un
webinaire le 23 juillet pour faire le point.
Les deux invités du webinaire d'une heure étaient le nouvel
ambassadeur des États-Unis au Canada, Arnold Chacon, et l'ambassadrice
du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, qui sont tous deux, pour
citer le modérateur, « au coeur de la mise en oeuvre du programme [de la
Feuille de route] ». Il
leur a été demandé « d'expliquer comment la feuille de route s'inscrit
dans les relations entre les États-Unis et le Canada » et « d'expliquer
comment nous allons procéder ».
Comme l'a décrit l'ambassadeur Chacon, la Feuille de route « touche à
presque tous les aspects de nos relations bilatérales et de nos
relations multilatérales également ». Faisant état des « progrès
réalisés au cours des cinq derniers mois », Chacon a rappelé les
échanges qui ont eu lieu entre le
Canada, les États-Unis et le Mexique sur le plan commercial depuis la
signature de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), qui s'inscrit
dans le cadre de la « construction d'une économie robuste et durable »,
les chaînes d'approvisionnement étant un aspect important de cet accord
commercial.
Chacon a déclaré que « l'accélération des ambitions en matière de
climat » et « la lutte contre la crise climatique » sont « une priorité
absolue pour nos deux pays », ajoutant que « la mesure de notre ambition
et de notre réussite sera sans aucun doute liée à la mesure de notre
collaboration
transfrontalière ». Dans le même ordre d'idées, il a ajouté que « les
États-Unis ont fixé un objectif à l'échelle de l'économie pour 2030 afin
de réduire nos émissions nettes de gaz à effet de serre de 50 à 52 %
par rapport aux niveaux de 2005 ».
Dans
le cadre de leur « collaboration transfrontalière », l'administration
américaine travaille en étroite collaboration avec le gouvernement
canadien pour atteindre trois objectifs : dans les mots de l'ambassadeur
des États-Unis au Canada, ces objectifs sont « d'accroître l'ambition
climatique à
l'échelle mondiale », « d'innover et de déployer des technologies à
émissions faibles et nulles et de créer des emplois » et « d'améliorer
l'adaptation et la résilience aux impacts climatiques ». Il a poursuivi
en disant qu'« un élément essentiel de notre transition vers une
économie nette zéro est
l'adoption de véhicules électriques ». Chacon a ensuite ajouté que «
nous allons avoir besoin de matières premières pour les batteries, comme
le cobalt et le lithium. Nous devrons également établir en Amérique du
Nord les chaînes d'approvisionnement nécessaires et construire des
installations de
production ». Il a rappelé à l'auditoire que le groupe de travail
États-Unis-Canada sur les minéraux critique devait se réunir le 28
juillet, réitérant que « nos deux gouvernements doivent s'aligner sur
les priorités et les politiques relatives aux minéraux critique afin
de stimuler la
recherche, le développement et l'innovation nécessaires pour rendre
l'Amérique du Nord compétitive et sûre dans ce secteur crucial »[1].
Écouter l'ambassadeur Chacon était comme entendre un script tiré de
la Feuille de route elle-même, qui a été convenue par l'administration
Biden et le gouvernement Trudeau le 23 février. Dans le cadre de cette
feuille de route, différentes mesures sont prises par les gouvernements
canadien et
américain pour établir ce que l'on appelle désormais une « stratégie des
minéraux critiques à valeur ajoutée ».
Le jour même de l'annonce de la Feuille de route, l'administration
Biden a publié le décret 14017 sur les chaînes d'approvisionnement de
l'Amérique, qui stipule entre autres choses :
« Le secrétaire à la Défense (en tant que gestionnaire du National
Defense Stockpile), en consultation avec les chefs des agences
appropriées, doit soumettre un rapport identifiant les risques dans la
chaîne d'approvisionnement pour les minéraux critiques et autres
matériaux stratégiques
identifiés, y compris les éléments de terres rares (tels que déterminés
par le secrétaire à la Défense), et les recommandations politiques pour
traiter ces risques. Le rapport doit également décrire et mettre à jour
le travail effectué conformément au décret exécutif 13953 du 30
septembre 2020
Addressing the Threat to the Domestic Supply Chain From Reliance on
Critical Minerals From Foreign Adversaries and Supporting the Domestic
Mining and Processing Industries (Décret exécutif sur la lutte contre la menace à la chaîne d'approvisionnement nationale du recours aux minéraux
critiques provenant d'adversaires étrangers)[2]. »
Le rapport du secrétaire à la Défense devait faire partie de ce qui
est décrit dans ce décret comme les « bilans à 100 jours des chaînes
d'approvisionnement » (100-Day Supply Chain Review). Pour
entreprendre cet examen complet, l'administration Biden a créé un groupe
de travail interne
regroupant plus d'une douzaine de ministères et d'organismes fédéraux,
dont les secrétaires d'État au commerce, à l'énergie, à la défense et à
la santé et aux services sociaux.
Dans son rapport de suivi de 250 pages intitulé Building
Resilient Supply Chains, Revitalizing American Manufacturing, and
Fostering Broad-based Growth, 100-Day Reviews under Executive Order
14017 (Mettre en place des chaînes d'approvisionnement résilientes,
revitaliser l'industrie
manufacturière américaine et favoriser une croissance généralisée,
bilans à 100 jours dans le cadre du décret exécutif 14017), la
Maison-Blanche aborde la question des minéraux critiques :
« Compte tenu de l'importance des batteries au lithium pour le
combattant, les sources assurées de minéraux et de matériaux critiques
et les capacités nationales et alliées de fabrication de piles et de
batteries au lithium sont essentielles à la sécurité nationale des
États-Unis. La sécurité de
la chaîne d'approvisionnement en minéraux, matériaux, cellules et
composants de batteries est aujourd'hui un sujet de préoccupation.
« Pourtant, la demande croissante et la diversité des applications
des technologies de batteries au lithium au sein du ministère de la
Défense, le rôle décroissant de la défense dans la conduite des marchés
commerciaux de batteries au lithium et la proéminence de l'influence
des adversaires sur
l'approvisionnement rendent la future préoccupation stratégique encore
plus grave. Pour répondre aux exigences opérationnelles de surface,
sous-marines, spatiales, aériennes et terrestres, le ministère de la
Défense aura besoin de technologies de stockage avancées fiables et
sûres »[3].
Cette question de « l'influence des adversaires sur
l'approvisionnement » de la technologie des batteries au lithium dans le
cadre de l'appareil militaire américain, ainsi que des « technologies
de stockage avancées fiables et sûres », n'est pas nouvelle. Elle fait
partie intégrante des efforts de
l'impérialisme américain pour dominer le monde, en conflit avec la
Chine, la Russie et d'autres pays qui refusent de se soumettre à son
diktat. Le Canada fait partie intégrante de ce plan[4].
Cette utilisation militaire des ressources naturelles inquiète les
Canadiens qui aspirent à mettre fin à la crise climatique et qui
désirent voir une nouvelle direction pour l'économie. Le pillage des
ressources naturelles au profit de la production de guerre est
inacceptable et insoutenable.
Notes
1. Roadmap for a Renewed U.S.-Canada Partnership », Woodrow Wilson International Centre for Scholars, 23 juillet 2021.
2. Executive Order 14017 on America's Supply Chains, Presidential Actions, Maison-Blanche, 24 février 2021.
3. Building
Resilient Supply Chains, Revitalizing American Manufacturing, and
Fostering Broad-based Growth, 100-Day Reviews under Executive Order
14017, un rapport publié par la Maison-Blanche, juin 2021, page 129.
4. Voir aussi : «
Le Sommet entre le premier ministre du Canada et le président des
États-Unis — La poursuite de l'intégration à l'économie et à la machine
de guerre américaines ne résoudra pas l'absence de projet d'édification
nationale du Canada », de K.C. Adams, LML 7 mars 2021.
À titre
d'information
Dans le cadre du décret présidentiel 14017 sur les chaînes
d'approvisionnement de l'Amérique, publié le 23 février, la
Maison-Blanche a publié en juin un « Examen sur 100 jours de la chaîne
d'approvisionnement ». Cela a conduit à la formation du groupe de
travail États-Unis-Canada sur les
minéraux critiques, qui a tenu sa troisième réunion le 28 juillet,
coprésidée par la sous-secrétaire d'État adjointe par intérim des
États-Unis pour les affaires de l'hémisphère occidental, Laura Lochman,
et le sous-ministre adjoint du Secteur des terres et des minéraux du
ministère des Ressources
naturelles du Canada, Jeff Labonté.
Un communiqué de presse publié le 31 juillet sur le site web du
Département d'État des États-Unis, intitulé « Les États-Unis et le
Canada vont de l'avant sur la coopération sur les minéraux critiques »,
indique ce qui suit :
« Le groupe de travail a discuté de la mise en oeuvre de l'engagement
du président Biden et du premier ministre Trudeau à renforcer la
coopération sur les chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques,
tel que décrit dans la Feuille de route pour un partenariat renouvelé
entre les États-Unis
et le Canada. ... Ils ont également échangé leurs points de vue sur le
renforcement des chaînes d'approvisionnement qui utilisent des minéraux
critiques et ont examiné le décret du président Biden sur les chaînes
d'approvisionnement de l'Amérique et l'examen connexe sur 100 jours des
chaînes
d'approvisionnement des minéraux et matériaux critiques et d'autres
secteurs clés publié en juin[1]. »
Lorsque le département d'État américain fait référence au «
renforcement des chaînes d'approvisionnement », il a à l'esprit, entre
autres, ce que Marc D. Gietter, ingénieur industriel retraité de la
branche des abris tactiques du Commandement des communications et de
l'électronique de l'armée
américaine (CECOM), appelle « amorcer la pompe ». Dans un article
intitulé « Viewpoint : Offshore Battery Production Poses Problems for
Military » (Point de vue : la production à l'étranger de batteries est
un problème pour les forces armées), publié dans le numéro du 8 novembre
2018 du magazine
américain National Defense, il écrit :
« Les batteries au lithium, qu'elles soient rechargeables ou non,
sont devenues omniprésentes dans presque tous les systèmes d'armes
utilisés par le ministère de la Défense. Bien qu'il soit un consommateur
relativement faible de technologies de batteries au lithium par rapport
au marché
commercial, l'importance de ces technologies ne peut être sous-estimée.
« Presque toutes les pièces d'équipement électronique portatif
essentielles au succès des combattants américains sur le champ de
bataille sont alimentées par une forme de pile au lithium. La dépendance
à leur égard devrait croître de manière exponentielle à mesure que la
prochaine génération
d'armes — comme les nouveaux véhicules terrestres tactiques, les
systèmes sans pilote et les armes à énergie dirigée — est conçue autour
de la haute densité énergétique et du faible poids d'une technologie de
pile au lithium. »
[...]
« Le marché des batteries au lithium-ion, à lui seul, devrait
atteindre 26 milliards de dollars en moins de 10 ans. Les véhicules
électriques, le stockage d'énergie propre et l'électronique mobile
nécessitent des batteries de plus en plus perfectionnées; le marché
mondial des batteries ne fait
qu'émerger et devrait atteindre 150 milliards de dollars dans les deux
prochaines années seulement.
« Avec un investissement relativement minime, le ministère de la
Défense peut non seulement garantir des sources nationales pour les
technologies essentielles, mais aussi ‘amorcer la pompe' pour permettre à
ces mêmes fournisseurs de s'emparer et conserver d'importantes parts du
marché
international. Par exemple, la Defense Logistics Agency a acheté des
batteries d'une valeur totale de plus de 1,1 milliard de dollars pour
soutenir la chaîne d'approvisionnement en sources d'énergie pour les
forces armées.
« Cela n'inclut pas les batteries que chacun des services achète
directement auprès des vendeurs et des fabricants, ni les batteries
achetées par les maîtres d'oeuvre contractuels pour les intégrer dans
divers systèmes d'armes »[2].
En d'autres termes, le rôle du ministère de la Défense des États-Unis
est de permettre à ces mêmes fournisseurs privés de minéraux critiques «
de s'emparer et conserver d'importantes parts du marché international »
en développant des installations de traitement et de fabrication
avancée ici en
Amérique du Nord, pour contrer ce que le ministère de la Défense des
États-Unis appelle le « rôle décroissant de la défense dans l'évolution
des marchés commerciaux de batteries au lithium ».
C'est pourquoi, dans le cas des aimants permanents en terres rares
utilisés pour des applications civiles et militaires, il existe
actuellement un projet de loi devant la Chambre des représentants des
États-Unis (projet de loi HR 5033 – Rare Earth Magnet Manufacturing Tax Credit Act of
2021) qui accorderait aux entreprises privées des crédits d'impôt
de 20 $ par kilogramme pour les aimants fabriqués aux États-Unis ou de
30 $ par kilogramme pour les aimants qui sont à la fois fabriqués aux
États-Unis et pour lesquels tous les composants constitués de matériaux
en terres rares
sont produits et recyclés ou récupérés entièrement aux États-Unis. Cela
signifie également que pour être éligibles à ces subventions, les
aimants en terres rares ne doivent pas inclure un « composant en terres
rares » qui a été « produit dans un pays étranger non allié »,
c'est-à-dire des pays
opposés à la domination impérialiste du monde par les États-Unis, tels
que « la Fédération de Russie, la République populaire de Chine, la
République populaire démocratique de Corée et la République islamique
d'Iran »[3].
Le « composant en terres rares » fait référence à six éléments de
terres rares (ETR) connus sous le nom de néodyme, praséodyme,
dysprosium, terbium, samarium et gadolinium, ainsi qu'au cobalt. Ce sont
les principaux ETR utilisés pour fabriquer les deux aimants permanents
les plus puissants du
monde, appelés aimants en samarium-cobalt et aimants en
néodyme-fer-bore. Leurs applications sont nombreuses et diverses, des
véhicules électriques aux radars, en passant par les missiles guidés
avec précision et les « bombes intelligentes »[4].
Notes
1. « United States and Canada Forge Ahead on Critical Minerals Cooperation », Département d'État américain, 31 juillet 2021.
2. « Viewpoint : Offshore Battery Production Poses Problems for Military », dans National
Defense, 8 novembre 2018.
3. «
Bill HR 5033, Rare Earth Magnet Manufacturing Production Tax Credit Act
of 2021 », Chambre des représentants du Congrès des États-Unis,
Washington, DC, 2021.
4.
« Rare Earth Elements in National Defense : Background, Oversight
Issues, and Options for Congress », Valerie Bailey Grasso, Congressional
Research Service, Washington, DC, 23 décembre 2013.
(Extraits du résumé)
Plus de 929 000 personnes sont mortes dans les guerres de l'après-11
septembre en raison de la violence directe de la guerre. Un nombre bien
plus important encore de personnes sont mortes indirectement dans ces
guerres, par les effets d'entraînement tels que la malnutrition, les
infrastructures
endommagées et la dégradation de l'environnement.
Plus de 387 000 civils ont été tués par la violence directe de toutes les parties à ces conflits.
Plus de 7 050 soldats américains sont morts dans ces guerres.
Nous ne savons pas combien de membres des services américains
revenant de ces guerres sont tombés malades ou ont été blessés pendant
leur déploiement.
De nombreux décès et blessures parmi les sous-traitants américains
n'ont pas été signalés comme l'exige la loi, mais il est probable
qu'environ 8 000 d'entre eux ont été tués.
Trente-huit millions de personnes ont été déplacées par les guerres
de l'après-11 septembre en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Syrie,
en Libye, au Yémen, en Somalie et aux Philippines.
Le coût fédéral américain des guerres de l'après-11 septembre en
Irak, en Afghanistan, au Pakistan, en Syrie et ailleurs s'élève à
environ 8 000 milliards de dollars. Ce chiffre n'inclut pas les futurs
coûts liés à l'intérêt sur les emprunts pour les guerres.
Le gouvernement des États-Unis mène des activités de lutte contre le
terrorisme dans 85 pays, avec pour conséquence d'étendre cette guerre au
monde entier.
Ces guerres se sont accompagnées de violations des droits humains et des libertés civiles aux États-Unis et à l'étranger.
Les guerres de l'après-11 septembre ont contribué de manière
significative aux changements climatiques. Le ministère de la Défense
est l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre au monde.
Les coûts humains et économiques de ces guerres se poursuivront
pendant des décennies; certains coûts, tels que les coûts financiers
des soins aux anciens combattants américains, ne culmineront pas avant
le milieu du siècle.
La plupart des fonds alloués par le gouvernement américain aux
efforts de reconstruction en Irak et en Afghanistan ont servi à armer
les forces de sécurité des deux pays. Une grande partie de l'argent
alloué à l'aide humanitaire et à la reconstruction de la société civile a
été perdue à cause de
la fraude, du gaspillage et des abus.
Les répercussions sur l'économie des États-Unis ont également été
importantes, notamment des pertes d'emplois et des hausses de taux
d'intérêt.
Les dépenses du Pentagone ont totalisé plus de 14 000 milliards de
dollars depuis le début de la guerre en Afghanistan, un tiers à la
moitié de ce total allant à des entrepreneurs militaires.
Une grande partie de ces contrats – entre un quart et un tiers de
tous les contrats du Pentagone ces dernières années – a été attribuée à
seulement cinq grandes entreprises :
Lockheed Martin,
Boeing,
General Dynamics,
Raytheon,
et Northrop Grumman.
Les 75 milliards de dollars de contrats du Pentagone reçus par
Lockheed Martin au cours de l'année fiscale 2020 représentent bien plus
qu'une fois et demie le budget total du département d'État et de
l'Agence pour le développement international pour cette année, qui
s'élevait à 44 milliards de
dollars.
Les fabricants d'armes ont dépensé 2,5 milliards de dollars en
lobbying au cours des deux dernières décennies, employant, en moyenne,
plus de 700 lobbyistes par an au cours des cinq dernières années. Cela
représente plus d'un pour chaque membre du Congrès.
De nombreuses entreprises ont profité des conditions de guerre – qui
exigent une livraison rapide et impliquent souvent une surveillance
moins rigoureuse – pour surfacturer le gouvernement ou se livrer à une
fraude pure et simple. En 2011, la Commission sur les contrats en temps
de guerre en Irak
et en Afghanistan a estimé que le gaspillage, la fraude et les abus
avaient totalisé entre 31 et 60 milliards de dollars.
Alors que les États-Unis réduisent la taille de leur empreinte
militaire en Irak et en Afghanistan, les estimations exagérées des défis
militaires posés par la Chine sont devenues la nouvelle justification
de choix dans les arguments visant à maintenir le budget du Pentagone à
des niveaux
historiquement élevés. Les entrepreneurs militaires continueront à
profiter de ces dépenses exagérées.
Le rapport Cost of Militarization est disponible ici.
Voici des extraits du rapport produit par l'Institute for Policy Studies.
Le budget du Pentagone est plus élevé qu'au plus fort de la guerre du
Vietnam ou de la Guerre froide, et va en augmentant, représentant plus
de la moitié du budget discrétionnaire fédéral au cours d'une année
donnée.
Le département de la Homeland Security (DHS) créé en 2003 est devenu
une nouvelle agence gouvernementale aux proportions démesurées.
La création du DHS a aussi vu la création de la tristement célèbre Immigration and Customs Enforcement (ICE) et de la Customs and Border Protection (CBP), qui se sont fait connaître par la terreur qu'elles ont infligée aux communautés immigrantes, la répression des
manifestations et la séparation forcée des enfants des parents.
Au moment où la sensibilisation à la brutalité policière et à la
militarisation grandit rapidement, le militarisme a atteint de nouveaux
sommets en ce qui concerne deux autres guerres qui perdurent : la guerre
contre la criminalité et la guerre contre la drogue.
Au nom de la sécurité, les États-Unis ont dépensé plus de 21 billions
de dollars sur la militarisation, la surveillance et la répression en
l'espace de vingt ans.
Mais la pandémie de la COVID-19, l'insurrection de janvier au
Capitol, les feux de forêt qui sévissent dans l'Ouest et même la chute
de l'Afghanistan ont montré que même avec de tels investissements, la
sécurité ne s'achète pas.
Vingt ans après le 11 septembre, la réponse a contribué à
complètement militariser les politiques étrangères et domestiques au
coût de 21 billions de dollars au cours des deux dernières décennies.
Des 21 billions de dollars que les États-Unis ont dépensés pour la
militarisation à l'étranger et au pays depuis le 11 septembre, 16
billions de dollars ont été attribués aux forces militaires (y compris
7,2 billions de dollars à des entrepreneurs militaires), 3 billions aux
programmes de
vétérans, 949 milliards de dollars au Homeland Security et 732
milliards de dollars aux forces de l'ordre fédérales.
Les dépenses liées à la militarisation des États-Unis sur vingt ans (Exercice financier 2002-Exercice financier 2021)
Militaire : 16,26 billions de dollars
Vétérans : 3,07 billions de dollars
Homeland Security : 949 milliards de dollars
Forces de l'ordre fédérales : 732 milliards de dollars
Total : 21,02 billions de dollars
Le volet militaire est une des fonctions gouvernementales les plus
onéreuses. Pour les fins de notre étude, les dépenses militaires
comprennent le département de la Défense (DoD) et tous les coûts directs
de la guerre, les activités liées aux armes nucléaires au département
de l'Énergie et
ailleurs, les dépenses en renseignements, comprenant la Central Intelligence Agency
(CIA), l'aide militaire internationale, les prestations des militaires
retraités et du système de service sélectif, et les autres dépenses de
nature militaire à la Fondation des Sciences naturelles, à
l'Administration maritime et à d'autres agences fédérales.
Nous incluons les coûts des prestations aux vétérans parce que c'est
du service militaire et des activités militaires que vient la nécessité
de ces prestations.
Nous incluons la plupart des programmes du département de la Homeland
Security (DHS) parce qu'ils sont le résultat de la réponse post 11
septembre. [...] Bien que la Federal Emergency Management Agency (FEMA) fasse partie de DHS, nous l'excluons de cette analyse.
Les programmes des forces de l'ordre fédérales sont compris parce que
la lutte contre le terrorisme et la sécurité frontalière font partie de
leur mission de base, et parce que la militarisation de la police et la
prolifération des incarcérations de masse sont en grande partie dues
aux activités
et aux influences des forces de l'ordre fédérales. Les agences des
forces de l'ordre fédérales comme le Federal Bureau of Investigation (FBI), le Drug Enforcement Agency et les U.S. Marshals opèrent à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des États-Unis, coopérant
fréquemment avec le département de la Défense (DoD).
Sauf indication contraire, tous les chiffres de ce rapport sont basés sur les données de l'autorité budgétaire de l'Office of Management and Budget (OMB) et sont ajustés en fonction de l'inflation jusqu'à l'exercice financier 2021.
Selon le département de la Justice (DoJ), 88 % de son budget est
alloué à des objectifs de lutte contre le terrorisme, de sécurité
frontalière et de crimes violents, tandis que 12 % est alloué à son
objectif de promouvoir l'État de droit et le bon gouvernement.
Au cours de ces vingt ans, la guerre contre le terrorisme s'est
étendue dans des douzaines de pays, a coûté la vie à 900 000 personnes
et a coûté des billions de dollars.
En plus des guerres sans fin, les forces militaires américaines ont
plus de 750 avant-postes dans près de 80 pays, et près de 220 000
troupes américaines stationnées de façon permanente à l'étranger en date
de juin 2021. Les opérations militaires dépassent de loin les limites
de la guerre contre
le terrorisme, et dans certains cas, des actions passant pour des
exercices militaires étaient en fait de réelles opérations militaires.
Conformément à leur soi-disant transition de la guerre contre le
terrorisme à la « concurrence des grandes puissances », les forces
militaires cherchent à réinvestir dans les armes nucléaires. [...] Les
États-Unis ont bien plus d'armes nucléaires que quelque autre pays, et
beaucoup plus que ce
qui est nécessaire pour justifier des théories telles que la dissuasion
nucléaire. Les États-Unis se démarquent aussi en tant que le seul pays à
avoir utilisé une arme nucléaire contre des êtres humains – ce qu'il a
fait deux fois. Le danger de ces armes dépasse énormément le cadre de la
logique
donnée pour justifier leur déploiement continu. Pourtant, les forces
militaires envisagent un programme de renouvellement de 1,5 billions de
dollars pour maintenir opérationnelles les armes nucléaires américaines.
Récemment, les forces militaires des États-Unis ont aussi été actives
le long des frontières américaines, déployant des troupes à la
frontière du sud, où 3 000 troupes y jouent toujours un rôle de
surveillance. Certains États ont aussi envoyé des troupes de la Garde
nationale à la frontière.
De 2016 à 2017, les soldats de la Garde nationale ont été déployés pour
supprimer les manifestations menées par les Autochtones contre le
pipeline Dakota Access près de la réserve sioux de Standing Rock, et en
juin 2020, ils ont été envoyés à Washington pour mater les
manifestations de Black Lives
Matter. Les troupes de la Garde nationale sont aussi intervenues suite à
l'insurrection du Capitol le 6 janvier 2021.
Dans l'ensemble, le total des dépenses militaires au cours des vingt
dernières années se monte à plus de 16 billions de dollars, y compris le
budget pour le département de la Défense, les armes nucléaires et les
activités connexes, et certains coûts liés aux retraites au sein des
forces de renseignement et militaires.
Nous incluons aussi l'aide aux forces armées étrangères, ainsi que
des dépenses de défense civile moins élevée, par exemple pour le service
sélectif, les cimetières militaires et d'autres.
Dépenses militaires, exercice financier 2002-exercice financier 2021
Département de la Défense : 14,14 billions de dollars
Personnel militaire retraité et autres programmes : 1,27 billions de dollars
Programmes d'armes nucléaires : 460 milliards de dollars
Aide aux forces armées étrangères : 267 milliards de dollars
CIA et renseignements* : 28 milliards de dollars
Total : 16,26 billions de dollars
Note* : Les dépenses liées à la CIA et au renseignement ici sont
loin d'être exhaustives. Le total alloué au renseignement national et
militaire uniquement pour l'exercice financier 2020 était de 85,8
milliards. Ces dépenses sont probablement enfouies quelque part dans le
budget militaire
mais ne sont pas repérables dans les documents publics.
Le calcul en fonction du 11 septembre a engendré une croissance de
dépenses militaires. De l'exercice financier 2001 à l'exercice financier
2002 (l'exercice financier qui a débuté le 1 octobre 2001), les
dépenses militaires ont augmenté de 5,8 %. L'année suivante, pour
l'exercice financier 2003,
les dépenses militaires ont augmenté de 30 % de plus que les niveaux de
l'exercice financier 2001. Elles atteindraient éventuellement un sommet
de près d'un billion de dollars en 2010, avant de baisser modérément en
raison de la séquestration budgétaire, pour ensuite augmenter de
nouveau.
Aujourd'hui, les dépenses militaires sont plus élevées qu'au plus fort
de la guerre du Vietnam, de la Guerre froide, de la guerre de Corée et de la
première guerre du Golfe.
Les guerres sans fin
Les États-Unis ont envahi l'Afghanistan en 2001, suivi de l'Irak
en 2003. Ces occupations représentent les occupations actives les plus
longues de l'histoire des États-Unis – les guerres sans fin. Au moment
même où les troupes américaines quittent l'Afghanistan, la guerre contre
le terrorisme se
poursuit dans de nombreux pays, sous différentes formes.
Les coûts de la guerre mondiale contre le terrorisme sont alarmants :
près de 900 000 vies perdues par la violence, et plusieurs autres vies
perdues en raison de la destruction d'infrastructures critiques telle
que les hôpitaux, et 37 millions de personnes déplacées, selon le projet
« Cost of War
» de l'Université Brown.
En 2010, les frappes progouvernementales (y compris les frappes
américaines) ont tué le plus grand nombre de civils afghans qu'en aucun
temps depuis le début de la guerre. Seulement en Afghanistan, 47 000
civils ont été tués depuis le début de la guerre contre le terrorisme.
Selon une étude issue du projet de l'Université Brown sur les coûts
de la guerre, il est estimé que le total des coûts de la guerre contre
le terrorisme est de l'ordre de 8 billions de dollars au cours de 2021, y
compris 800 milliards d'augmentation de dépenses du département de la
Défense non
liées à la guerre de 2001 à 2020, attribuables à la guerre contre le
terrorisme. De 2002 à 2019, près de 127 milliards de dollars en aide aux
forces militaires étrangères ont été attribués à deux principales
cibles de l'occupation américaine : l'Afghanistan (91 milliards de
dollars) et l'Irak (36
milliards de dollars).
De 2018 à 2020, les États-Unis ont mené des opérations contre le
terrorisme dans 85 pays, ce qui comprend des opérations de combat dans
12 pays et des frappes aériennes et de drones dans 7 pays, ce qui
représente plus de la moitié des pays du monde.
Le Pentagone et l'aide militaire
Les dépenses consacrées au département de la Défense ont atteint
14 billions de dollars au cours des 20 dernières années, y compris 1,9
billions en fonds alloués spécifiquement aux guerres par le biais des
fonds du Overseas Contingency Operations. Même si au cours des
dernières années
ces fonds ont servi de plus en plus à des dépenses militaires
routinières (ou « besoins de base »), ce montant ne reflète pas les
coûts réels de la guerre contre le terrorisme.
Plus de 70 % des dépenses de 14 billions de dollars du Pentagone au
cours des 20 dernières années ont été consacrées à des opérations, des
achats et la recherche et le développement. Les opérations et
l'entretien (5,7 billions de dollars) comprennent les coûts pour
l'opération, le déploiement et
l'entretien des systèmes d'armement, y compris les près de 300 navires
et plus de 13 000 aéronefs et installations des forces armées, sans
oublier la formation et d'autres coûts.
L'approvisionnement (2,8 billions de dollars) comprend l'acquisition
et la modernisation des principaux systèmes d'armement tels que les
navires et les aéronefs, ainsi que les véhicules de transport terrestre,
les missiles et les munitions.
Seulement 3,3 billions de dollars, ou 23 % du total, ont été
attribués en rémunération au personnel militaire. En 2021, la
rémunération d'un membre enrôlé des services de niveau débutant était à
peine supérieure à 20 000 dollars, l'équivalent d'un salaire de 10,30
dollars de l'heure. Les membres
des forces armées bénéficient d'un logement ou d'une indemnité de
logement, mais celles-ci ne couvrent pas tous les coûts liés au logement.
Les trois plus grands bénéficiaires de l'aide militaire étrangère,
l'Afghanistan (91 milliards de dollars), Israël (57 milliards de
dollars) et l'Irak (36 milliards de dollars) représentaient près de 70 %
de l'ensemble de l'aide militaire. Mais les États-Unis ont donné de
l'aide militaire à la
majorité des pays de la terre au cours des années 2002-2019.
Les contrats militaires
Au cours d'une année donnée, près de la moitié du budget du
département de la Défense est alloué aux entrepreneurs. Au cours des 20
dernières années, les entrepreneurs ont reçu plus de 7,2 billions de
dollars en fonds du DoD, comparativement à seulement 4,7 billions de
dollars dans les 20 années
précédentes, incluant les années les plus intenses de la Guerre froide
et de la course aux armements nucléaires. Pour l'exercice financier
2020, si le budget total du DoD était de 753 milliards de dollars, 422
milliards ont été attribués aux entrepreneurs militaires.
Les principaux entrepreneurs du Pentagone empochent plus en un an que
plusieurs agences gouvernementales. Seulement pour l'exercice financier
2020, Lockheed Martin a empoché plus de 75 milliards de dollars en
contrats du DoD. Par comparaison, le budget du Centre pour le contrôle
des maladies
(CDC) n'était que de 16 milliards de dollars en 2020, ce qui comprenait
les fonds d'urgence pour la COVID.
La guerre contre le terrorisme a généré d'énormes profits pour ces
entreprises. Les actions des cinq principales compagnies de défense, qui
valaient 10 000 dollars lorsque la guerre contre le terrorisme a
débuté, valent 100 000 dollars aujourd'hui, alors qu'elles ne sont que
de 61 000 dollars
pour le marché boursier dans son ensemble.
L'équipement militaire et la police
Le Pentagone fournit de l'équipement militaire aux agences des
forces de l'ordre d'États et locales par le biais de son programme 1033.
Aujourd'hui, les agences des forces de l'ordre des États et locaux
possèdent 1,83 milliards de dollars d'équipement militaire transféré
depuis le 11 septembre, y
compris des véhicules résistants aux mines, des aéronefs, des drones,
des armes militaires et des munitions. Le DoD a aussi cédé de
l'équipement aux agences fédérales, dont au département de la Homeland
Security (DHS) et au département de la Justice (DoJ).
Le transfert d'équipement militaire a monté en flèche (en 2012),
culminant à 386 millions de dollars en 2014. Aujourd'hui, les transferts
sont encore plus nombreux qu'ils ne l'étaient pendant la guerre contre
le terrorisme, une somme de 152 millions de dollars en 2020 et de 101
millions pour le
premier semestre de 2021.
Cet équipement est utilisé par les agences de police locales pour les
descentes effectuées par l'escouade des armes et tactiques spéciales
(SWAT), qui sont souvent menées sans discernement, le plus souvent pour
des crimes allégués liés à la drogue et ciblent de façon
disproportionnée les gens de
couleurs. Lors d'un incident, un enfant de la Géorgie a été gravement
blessé lorsque la grenade assourdissante lancée par l'équipe SWAT est
tombée dans son parc. L'équipement militaire a aussi été utilisé dans
les réponses policières lors des manifestations, notamment lors des
soulèvements contre les
morts aux mains de la police à l'été 2020 et précédemment. Les peuples
autochtones sont le groupe racialisé le plus à risque d'être tués dans
des confrontations avec la police.
Les anciens combattants
Les services accordés par les États-Unis aux anciens combattants
des forces armées atteignent 3 billions de dollars au cours des 20
dernières années. Évidemment, ces services sont offerts aux anciens
combattants de plusieurs guerres, et pas seulement des guerres contre le
terrorisme. Il y a 19
millions d'anciens combattants aux États-Unis, dont 14 millions ont
servi en temps de guerre, et 3,5 millions dans la guerre mondiale contre
le terrorisme.
Les anciens combattants de la guerre contre le terrorisme ont été
appelés à participer sans arrêt à des déploiements au cours des 20
dernières années, avec de graves répercussions sur leur santé mentale et
physique, la stabilité familiale et les possibilités d'amorcer une
carrière au civil. Les
anciens combattants souffrent grandement des risques du suicide, de
l'itinérance et de la violence familiale, parmi les autres conséquences à
long terme d'avoir servi dans les guerres des États-Unis.
Selon le projet « Les coûts de la guerre » de l'Université Brown, il
est estimé que les futurs coûts pour venir en aide aux anciens
combattants de la guerre contre le terrorisme, à eux seuls, atteindront 1
billion de dollars d'ici l'exercice financier 2059.
Les programmes pour les anciens combattants, exercice financier 2002-exercice financier 2021
Sécurité du revenu : 1,26 billions de dollars
Santé des vétérans : 1, 26 billions de dollars
Autres : 254 milliards de dollars
Prestations de réintégration : 196 milliards de dollars
Pensions :103 milliards de dollars
Total : 3,07 billions de dollars
Homeland Security
On dit de la création du département de la Homeland Security
(DHS) qu'elle est « la restructuration la plus vaste et la plus
importante du gouvernement fédéral depuis la fin de la Deuxième Guerre
mondiale ». Avec la création du DHS en 2003, on a amalgamé en totalité
ou en partie les 22
différents départements et les agences fédéraux en un seul département.
La Federal Emergency Management Agency (FEMA), l'administration
de la sécurité du transport (TSA), la garde côtière, les services
secrets, les agences de l'immigration et d'autres ont été amenés sous le
contrôle du
DHS.
Bien que le DHS ait été créé pour répondre au terrorisme et le
prévenir, il est plutôt devenu un agent de répression. Le DHS a
surveillé des groupes politiques et infiltré des communautés, violemment
supprimé des manifestations et mené la guerre contre l'immigration,
souvent en coordination
directe avec les forces militaires et les autres agences des forces de
l'ordre.
Transformant l'appareil d'intervention policière aux frontières et
pour l'immigration, le département a aussi assimilé le Service
d'Immigration et de Naturalisation (INS), qui faisait anciennement
partie du département de la Justice, et a transféré ses fonctions à
trois nouvelles agences au sein
du DHS :
Les Services à la Citoyenneté et à l'Immigration (USCIS), Immigration and Customs Enforcement (ICE) et Protection des douanes et des frontières (CBP).
Les agences d'immigration du DHS ont militarisé la frontière et
perturbé les communautés immigrantes même lorsqu'il n'y avait aucun
soupçon de menace terroriste, dans ce qu'on a surnommé la « guerre
contre les immigrants », qui a débuté dès 2003. De 2002 à 2019 (l'année
la plus récente de données
complètes), 5,8 millions de personnes ont été déportées. Les
déportations annuelles en 2019 ont été deux fois plus élevées que le
nombre de déportations en 2002.
La militarisation de l'ICE et de CBP a été bien documentée, avec ses
recours à la force excessive et au profilage racial. ICE a un « Bureau
des programmes tactiques et d'armes à feu » qui approvisionne ses agents
en équipement et en formation, tandis que les agents de CBP reçoivent
des armes de
guerre, dont des fusils M4 avec silencieux et des lunettes de vision de
nuit ainsi que des véhicules tactiques, et les frontières sont
patrouillées par des drones « Predator ». Dans des cas extrêmes, lors de
déportations à outrance, même des citoyens américains ont été ciblés.
De récents rapports
indiquent que des drones du CBP ont été utilisés pour surveiller les
activistes autochtones. La guerre contre le terrorisme est devenue un
catalyseur pour la suprématie blanche et la violence, encourageant des
mouvements de suprémacistes blancs, y compris ceux qui ont mené
l'insurrection du 6
janvier 2021 au Capitol américain. Et, comme pour les forces de l'ordre
locales, des suprémacistes blancs ont accédé à des postes de pouvoir au
sein des agences d'immigration fédérales.
Sécurité intérieure et programmes sélectionnés, exercices financiers 2002-2021
U.S. Customs and Border Protection : 267 milliards de dollars
Garde côtière américaine : 232 milliards de dollars
U.S. Immigration and Customs Enforcement : 125 milliards de dollars
Transportation Security Administration : 109 milliards de dollars
Services de citoyenneté et d'immigration des États-Unis : 64 milliards de dollars
Secret Service : 43 milliards de dollars
Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures : 33 milliards de dollars
Bureau de lutte contre les armes de destruction massive : 6,5 milliards de dollars
Federal Law Enforcement Training Center : 6,2 milliards de dollars
Total : 949 milliards de dollars (à l'exclusion de la FEMA)
Depuis 2002, les dépenses du DHS ont totalisé 949 milliards de
dollars, principalement pour les opérations de militarisation des
frontières et de l'immigration : le CBP, la garde côtière américaine et
l'ICE représentent ensemble 65 % du total.
Dépenses pour la sécurité intérieure, exercices financiers 2002-2021 : 392 milliards de dollars
ICE, douanes et protection des frontières
Le Customs and Border Protection (CBP), l'agence chargée du
contrôle des frontières et des douanes, comprend la Border Patrol, et
l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), l'agence chargée de
l'application de la loi punitive sur
l'immigration, comme les opérations de détention et d'expulsion des
immigrants. Ensemble, ils ont représenté plus de 392 milliards de
dollars au cours des 20 dernières années, soit près de la moitié des
dépenses du DHS (à l'exclusion de la FEMA).
Presque chaque année, le Congrès approuve des augmentations massives
du financement de ces agences qui profilent, emprisonnent et expulsent
les immigrants. Les dépenses combinées de l'ICE et de la CBP sont plus
de six fois supérieures aux 64 milliards de dollars consacrés aux
services de
citoyenneté et de naturalisation depuis l'exercice financier 2002.
En 20 ans, les dépenses pour l'ICE et la CBP ont plus que doublé,
passant de 12 milliards de dollars pour l'exercice financier 2002 à plus
de 25 milliards de dollars pour l'exercice financier 2021. Au cours de
cette période, les dépenses consacrées à l'ICE et au CBP ont représenté
plus du double
du financement des Centres de contrôle et de prévention des maladies
(CDC) (même en tenant compte des dépenses liées aux pandémies en 2020 et
2021), et quatre fois le financement de l'Administration des services
de toxicomanie et de santé mentale, alors même que la crise des opioïdes
est devenue un
sujet de préoccupation nationale, causant plus de 49 000 décès en 2019.
Le CBP, qui comprend la Border Patrol, fait partie des plus grandes
organisations d'application de la loi au monde. Même si le nombre de
migrants traversant la frontière sud a diminué, le nombre d'agents de la
patrouille frontalière a augmenté parallèlement au gonflement du budget
de la CBP.
Alors qu'elle comptait un peu plus de 10 000 agents au cours de
l'exercice 2002, la patrouille frontalière en comptait plus de 19 000 au
cours de l'exercice 2020. Près d'un tiers des agents de la CBP sont des
vétérans de l'armée, ce qui contribue à l'éthique militarisée de la
police des
frontières.
Il y a eu au moins 177 affrontements mortels avec la CBP
depuis 2010. Malgré cette histoire violente d'inconduite, peu ou pas de
mesures de surveillance ou de responsabilité ont été mises en place pour
tenir l'agence responsable de l'usage excessif et mortel de la force et
de l'abus de
pouvoir.
Les États-Unis disposent du plus grand système de détention
d'immigrants au monde, qui a atteint des proportions gigantesques au
cours des dernières décennies. Chaque année, des centaines de milliers
d'immigrants sont enfermés dans plus de 200 centres de détention de
l'ICE, où ils sont souvent
soumis à des conditions abusives en attendant que leur statut
d'immigrant soit déterminé. La majorité de ces centres de détention sont
gérés par des sociétés privées à but lucratif. La détention des
immigrants s'est développée au cours des dernières décennies
parallèlement à l'incarcération massive
des communautés noires et brunes non immigrées aux États-Unis. En fait,
la police locale, étatique et fédérale coordonne souvent son action avec
celle de l'ICE et de la CBP, créant ainsi des passerelles entre les
systèmes de répression pénale et d'application des lois sur
l'immigration.
Malgré les protestations massives et l'importance de cette question
dans la campagne présidentielle, le nombre d'immigrants placés en
détention a plus que doublé sous l'administration Biden depuis la fin
février 2021.
Le mur à la frontière
Ces dernières années, le fameux mur à la frontière est devenu
emblématique de la militarisation de la région frontalière du sud des
États-Unis. Sous l'administration Trump, les contribuables ont dépensé
la somme énorme de 16,3 milliards de dollars pour la construction du mur
à la frontière, dont
près de 10 milliards de dollars que l'administration a détournés du
budget militaire.
L'administration Biden s'est engagée à ne pas construire « un autre
centimètre de mur » et a présenté son soutien à la surveillance des
frontières et au financement des technologies comme une alternative plus
douce au mur frontalier de Trump. Mais les systèmes de surveillance de
haute
technologie, connus sous le nom de « frontières intelligentes » ou «
murs virtuels », ne représentent pas l'approche plus douce que leurs
partisans prétendent. Les technologies de surveillance sont
destructrices pour l'environnement, menacent la vie privée et les
libertés civiles, et peuvent
entraîner la mort d'un plus grand nombre de migrants, car les individus
sont dirigés vers des itinéraires plus dangereux. Loin d'être « humaines
», ces technologies ne font que perpétuer la militarisation et la
surveillance de masse dans les zones frontalières et au-delà.
Les forces de l'ordre fédérales
L'approche militarisée de la frontière adoptée par le département
de la Sécurité intérieure (DHS) trouve un écho interne dans les
activités des forces de l'ordre fédérales dans le cadre de la guerre
contre les immigrants, de la guerre contre la drogue et de la guerre
contre la criminalité. Les
activités des forces de l'ordre fédérales ont conduit à des tactiques
policières violentes, à des pratiques de surveillance sans discernement,
à un profilage racial et à des résultats racistes, ainsi qu'aux
incarcérations de masse.
Selon un rapport de 2018 de la Commission américaine sur la
détermination des peines, 34 % des peines fédérales ont été prononcées
pour des infractions liées à l'immigration, ce qui fait ressortir le
système de poursuites fédérales comme un élément clé de la guerre contre
les immigrants. Un autre
28 % des peines étaient pour des crimes liés à la drogue. Les
arrestations fédérales ont également été dominées par les infractions
liées à l'immigration, qui représentaient 56 % de toutes les
arrestations fédérales au cours de l'exercice 2018. Seulement 1,9 % des
arrestations fédérales concernaient
des infractions violentes.
Les Noirs et les Latinos font les frais de l'application des lois
fédérales. Les Hispaniques ont fait l'objet de 54 % des condamnations
fédérales en 2018, et les Noirs un autre 20 %. Les Noirs représentent 38
% des détenus des prisons fédérales, soit bien plus que leur part dans
la
population.
Les récents soulèvements en réponse aux morts au main de la police de
George Floyd, Breonna Taylor et d'autres ont amené les forces de police
du pays à être examinées de près. Alors que la police locale a reçu la
part du lion de l'examen pour ses tactiques violentes, des enquêtes
récentes ont
révélé que les U.S. Marshals sont plus susceptibles d'utiliser leurs
armes que la police locale. Pourtant, le département de la Justice (DoJ)
a refusé de publier des informations sur les fusillades impliquant des
marshals, alors que les principaux services de police sont tenus de le
faire.
Les forces de l'ordre fédérales transmettent également leurs
tactiques à la police locale. Le FBI forme les directeurs généraux des
services de police locaux et élabore un programme de formation aux armes
à feu pour les agents de police.
La plupart des activités fédérales d'application de la loi sont
supervisées par le département de la Justice, dont les quatre objectifs
stratégiques sont les suivants : 1) « renforcer la sécurité nationale et
contrer la menace terroriste »; 2) « sécuriser les frontières et
améliorer
l'application des lois sur l'immigration et le règlement des litiges »;
3) « réduire les crimes violents et promouvoir la sécurité publique »;
et 4) « promouvoir la règle de droit, l'intégrité et le bon
gouvernement ». Selon le département de la Justice, 88 % de son budget
est consacré aux trois
premiers objectifs : la lutte contre le terrorisme, la sécurité des
frontières et les crimes violents.
Des agences telles que le Federal Bureau of Investigation (FBI), la
Drug Enforcement Agency (DEA), le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms
and Explosives (ATF) et les U.S. Marshals sont depuis longtemps à
l'avant-garde de la guerre contre le crime et la drogue, et jouent un
rôle de plus en plus
important dans la guerre contre les immigrants.
Les procureurs fédéraux (U.S. Attorneys) et les prisons fédérales
mènent des poursuites agressives et prononcent des peines de prison
sévères. Ces agences n'opèrent pas seulement à l'intérieur des
États-Unis. Le FBI a plus de 90 bureaux à l'étranger, et près de la
moitié de ses dépenses (84
milliards de dollars) au cours des 20 dernières années ont été
considérées comme liées à la défense. De même, la DEA a 91 bureaux à
l'étranger dans 68 pays, les U.S. Marshals ont trois bureaux de terrain à
l'étranger et l'ATF a au moins huit bureaux à l'étranger.
Les exploits à l'étranger des forces de l'ordre fédérales ont souvent
été associés à la violence locale. En 2012, des agents de la DEA au
Honduras ont été impliqués dans un incident au cours duquel quatre
civils ont été tués, dont deux femmes enceintes et un enfant. Les agents
de la DEA ont
quitté les lieux sans venir en aide aux civils tués et blessés. Ils ont
ensuite tenté de dissimuler leur rôle au Congrès. En Haïti, un ancien
informateur de la DEA était l'un des suspects arrêtés dans l'assassinat
du président Jovenel Moïse.
Dépenses des forces de l'ordre fédérales, exercices financiers 2002-2022
Application de la loi fédérale et litiges : 445,4 milliards de dollars
Federal Bureau of Investigation : 174 milliards de dollars
Drug Enforcement Administration : 53 milliards de dollars
Procureurs des États-Unis : 44 milliards de dollars
Confiscation d'actifs : 35 milliards de dollars
Bureau des alcools, du tabac, des armes à feu et des explosifs : 26 milliards de dollars
U.S. Marshals : 24 milliards de dollars
Détention des prisonniers fédéraux : 15 milliards de dollars
Executive Office for Immigration Review : 8 milliards de dollars
Autres : 66 milliards de dollars
Système pénitentiaire fédéral : 146 milliards de dollars
Aide à l'application de la loi au niveau des États et des collectivités locales : 138 milliards de dollars
Autres, liés à la défense : 2 milliards
Total : 732 milliards de dollars
La guerre contre le terrorisme
Avec l'expansion majeure d'un certain nombre de bureaux à la suite de l'adoption du Patriot Act et du Protect America Act
sous l'administration Bush, le département de la Justice a revendiqué
un mandat de « concentration implacable et de coopération sans précédent
» au service
de la lutte contre le terrorisme – prétendant protéger les libertés
civiles tout en les violant en réalité par des tactiques agressives
d'application de la loi et l'expansion des pouvoirs de surveillance.
Même avant le 11 septembre, les organismes fédéraux chargés de
l'application de la loi, comme la DEA, recueillaient depuis des
décennies des informations sur tous les appels téléphoniques des
États-Unis vers 116 pays. Après le 11 septembre, la surveillance des
citoyens ordinaires a explosé,
donnant aux forces de l'ordre l'accès aux enregistrements téléphoniques
de dizaines de millions d'Américains. Le FBI a surveillé des groupes
politiques et religieux qui exercent leurs droits au titre du premier
amendement, y compris les Quakers contre la guerre. À la suite de la
tentative
d'insurrection du 6 janvier 2021, le DoJ cherche maintenant à obtenir de
nouveaux pouvoirs au nom de la lutte contre le terrorisme intérieur, ce
qui suscite des inquiétudes quant à l'expansion de l'État de
surveillance et de sécurité qui cible encore plus de secteurs de la
population – sans pour
autant réduire de manière significative les attaques terroristes.
Entre-temps, un certain nombre de complots terroristes prétendument
déjoués se sont révélés être des cas de piégeage, ce qui eu pour effet
de détourner les ressources des forces de l'ordre de la poursuite de
menaces réelles et amadouer au contraire des individus vulnérables pour
qu'ils
participent à des plans mis au point par des agents du FBI.
Certains analystes ont conclu que la nature des stratégies
antiterroristes du FBI semble créer des « terroristes » à partir de
citoyens ordinaires, ce qui n'est certainement pas le but pour lequel
les fonds ont été légiférés.
Une enquête menée par The Intercept a révélé que sur les
quelque 1 000 personnes poursuivies pour des infractions liées au
terrorisme depuis 2001, dont beaucoup ont été arrêtées lors d'opérations
d'infiltration du FBI, la majorité n'avait jamais commis de crime
violent, n'avait pas les
moyens ou l'occasion de commettre des actes de violence et n'avait pas
de liens directs avec des organisations terroristes.
La guerre contre les immigrants
Ces dernières années, plus de la moitié des arrestations
fédérales et plus d'un tiers des condamnations fédérales ont été
prononcées pour des infractions liées à l'immigration. Les cinq
districts qui ont prononcé le plus de peines fédérales se trouvent tous
dans des États frontaliers : deux au
Texas, un en Arizona, un au Nouveau-Mexique et un au sud de la
Californie. Plus de 40 % des peines prononcées concernaient des
non-citoyens, presque tous condamnés pour des infractions liées à
l'immigration.
Si l'ICE et la CBP procèdent à des rafles d'immigrants, c'est le
département de la Justice qui poursuit les affaires d'immigration. Les
organismes fédéraux chargés de l'application de la loi, notamment le
FBI, la DEA, l'ATF et le service des U.S. Marshals, collaborent tous
officiellement avec
l'ICE et le CBP.
L'approche initiale des forces de l'ordre fédérales dans la guerre
contre le terrorisme a servi de prétexte dans la guerre contre les
immigrants. Dans l'année qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001,
l'administration Bush a créé un programme administré par le département
de la Justice
appelé « National Security Entry-Exit Registration System » (NSEERS),
qui enregistrait les détenteurs de visas non citoyens et ciblait de
manière disproportionnée les personnes arabes et musulmanes. Le
programme a été largement considéré comme un échec pour ce qui est de
conduire à des condamnations
pour terrorisme et a été suspendu sous l'administration Obama. En 2017,
l'administration Trump a relancé une politique ouverte de ciblage des
musulmans avec une interdiction de voyage de sept pays à majorité
musulmane, une décision défendue par le département de la Justice de
Trump.
Profilage racial et ethnique
Le ciblage des musulmans ne s'est pas limité à l'immigration, et
les musulmans n'ont pas été le seul groupe ciblé. Un rapport de l'ACLU a
révélé qu'un bureau du FBI du Michigan a lancé un effort pour collecter
des informations sur tous les musulmans et les personnes originaires du
Moyen-Orient
vivant au Michigan, sans aucune preuve de criminalité de la part des
individus ou des groupes. Ces tactiques du FBI ont pour effet d'aliéner
de nombreux Américains musulmans du gouvernement et de nourrir des
opinions négatives systématiques sur les musulmans, qui ont contribué à
la xénophobie et aux
restrictions actuelles en matière d'immigration.
Le même rapport fait état d'un effort du bureau du FBI de Knoxville,
dans le Tennessee, pour cartographier les mosquées; d'un effort du FBI à
Atlanta, en Géorgie, pour suivre la croissance globale de la population
noire à la recherche de groupes « séparatistes noirs »; et de plans
pour
surveiller des communautés chinoises entières à San Francisco à la
recherche de crime organisé. Aucun de ces efforts n'était lié à des
preuves ou à des crimes spécifiques. Ils étaient plutôt fondés
principalement sur la race, l'ethnicité ou la religion.
Les modèles racistes de surveillance et de harcèlement se reflètent
également dans les arrestations et les peines de prison. Au cours des 10
années précédant 2019, 179 personnes ont été arrêtées dans le cadre
d'incidents dits de « reverse-sting » (souvent considérés comme des
pièges) par le
district sud de New York de la DEA. Pas une seule d'entre elles n'était
blanche.
Incarcération de masse
La guerre contre la drogue est l'un des principaux moteurs de
l'incarcération de masse. Dans les prisons fédérales, plus de 67 000
personnes, soit près de la moitié de la population carcérale fédérale,
purgent une peine pour des accusations liées à la drogue. La politique
et les dépenses
fédérales sont également à l'origine de l'incarcération de masse aux
niveaux local et étatique. En 1986, l'Anti-Drug Abuse Act (Loi sur la lutte contre l'abus de drogues)
a consacré l'imposition désormais célèbre de peines minimales
obligatoires sévères pour le crack. L'adoption de
la loi sur la criminalité de 1994 a créé de nouveaux flux de financement
fédéraux qui ont encouragé les États à adopter des lois sur les peines
sévères et à construire davantage de prisons. Nombre de ces programmes
sont toujours en vigueur aujourd'hui.
Le financement des prisons fédérales a été multiplié par plus de 11
depuis 1976, passant de 901 millions de dollars en 1976 à 10 milliards
de dollars en 2021. Au cours de cette période, le nombre de personnes
incarcérées dans les prisons fédérales a été multiplié par neuf, passant
de 24 000 en
1980 à plus de 219 000 en 2013, bien que ce nombre n'ait cessé de
diminuer depuis. Au cours des 20 dernières années, le système
pénitentiaire fédéral a coûté 146 milliards de dollars, et le
financement des prisons fédérales a augmenté de 23 %, malgré la récente
baisse du nombre de prisonniers
fédéraux.
Le rapport « Cost of Militarization » est disponible ici.
Le rôle du Canada dans le nouveau système
international d'impôt
sur les sociétés pour payer les
riches
- K.C.
Adams -
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a
annoncé au début d'octobre que 136 pays, dont le Canada, avaient
convenu d'un « plan à deux piliers sur la réforme fiscale internationale
».
La vice-première ministre et ministre des Finances du Canada,
Chrystia Freeland, s'est réjouie de cette nouvelle. Proférant des
inepties sur l'équité, elle a déclaré : « Le Canada appuie fermement les
efforts déployés à l'échelle internationale pour mettre fin à la course
au moins-disant fiscal
et pour faire en sorte que toutes les sociétés, y compris les plus
grandes sociétés du monde, paient leur juste part. L'entente
d'aujourd'hui assurera des conditions équitables pour les entreprises et
les travailleurs du pays dans l'économie mondiale.
« C'est pourquoi ceux qui font des affaires au Canada doivent payer
leur juste part. Le Canada a un intérêt national évident à l'égard de
cet accord multilatéral qui protège contre l'érosion de l'assiette
fiscale et qui générera des revenus supplémentaires pour le Canada. »
Au sujet du plan fiscal à deux piliers, le ministère des Finances du Canada écrit :
« Le Pillier Un de l'accord de l'OCDE permettra d'assurer que les
entreprises les plus importantes et les plus rentables, y compris les
grandes entreprises numériques, paient leur juste part d'impôts aux pays
où se trouvent leurs utilisateurs et leurs clients. »
« Le Pillier Deux garantira que les multinationales sont assujetties à
un niveau d'imposition minimum de 15 %, peu importe où les profits sont
générés. Cette mesure aidera à mettre un terme à la course au
moins-disant fiscal des sociétés. »
Montrant comment tous ces représentants des riches chantent la même
chanson écrite par les riches, selon un communiqué du ministère des
Finances, la vice-première ministre Freeland et la secrétaire au Trésor
des États-Unis, Janet Yellen, lors d'une réunion à Washington, DC, le 12
octobre, « ont
accueilli favorablement l'accord sur l'approche unique à deux piliers
concernant la réforme de la fiscalité internationale autour de laquelle
136 pays se sont entendus le 8 octobre dernier, accord qui figure dans
le Cadre inclusif sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert
de bénéfices de
l'OCDE et du G20.
« La vice-première ministre et la secrétaire au Trésor ont souligné
comment cet accord historique mettra fin au nivellement vers le bas en
matière de fiscalité internationale et le gain qu'il représente pour les
travailleurs de la classe moyenne et les entreprises du Canada et des
États-Unis.
« La vice-première ministre a souligné l'étroite collaboration du
Canada avec les États-Unis qui a permis d'en arriver à cet accord
international. Le Canada a une nette préférence pour une approche
multilatérale, et la vice-première ministre a fait connaître le plan du
Canada concernant la
transition de la taxe sur les services numériques (TSN) à l'entente
conclue avec l'OCDE. »
Avec ces paroles enthousiastes et de félicitations, l'élite politique
tente de dissimuler un ordre du jour impérialiste pour empêcher les
pays souverains d'élaborer leurs propres arrangements et régimes fiscaux
avec les entreprises mondiales qui souhaitent exercer leurs activités
dans leur économie. L'accord de l'OCDE permet en effet aux entreprises
multinationales d'accéder librement à 136 économies sans se soucier des
besoins des économies, des peuples et des pays concernés. La
comptabilité et la détermination de la créance des gouvernements sur la
valeur produite restent entre les
mains des oligopoles mondiaux privés.
Le rôle des oligopoles dans la proposition et la rédaction du régime
fiscal mondial des entreprises de l'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) a suscité un débat sur leur influence
politique dans les affaires souveraines des peuples du monde. Les seuls
pays qui
s'opposent ou ne sont pas inclus dans le régime fiscal mondial sont ceux
qui sont en première ligne pour défendre leur souveraineté nationale et
leur dignité, comme Cuba, la République populaire démocratique de
Corée, le Venezuela et le Nicaragua. Ces pays défendent courageusement
leur droit
souverain de contrôler les affaires qui affectent leur pays et leur
peuple, et s'opposent à l'ingérence et aux attaques du système
impérialiste des États et des oligopoles mondiaux dirigé par les
États-Unis.
L'impôt mondial des sociétés de l'OCDE sur les oligopoles, à un taux
minimum de 15 %, est conçu pour supplanter toute taxe individuelle sur
les services numériques que les pays appliquent déjà ou envisageaient
d'introduire.
L'impôt mondial sur les sociétés de l'OCDE n'interfère pas avec le
droit de monopole des oligopoles de déterminer leurs profits sur
lesquels l'impôt serait appliqué. Les grandes entreprises sont
généralement connues pour leur secret et leur capacité à manipuler leur
revenu brut et les profits qui
en résultent, quelle que soit leur importance, pour faire disparaître
comme par magie leur bénéfice net imposable.
La façon dont le bénéfice est déterminé est liée à la détermination
d'un prix de production pour les biens et les services. Cependant, tant
que la fixation du prix de production est sous le contrôle des
oligarques et de leur motif d'expropriation du profit maximum, ce ne
sera pas un rendu
scientifique de la nouvelle valeur que les travailleurs produisent et de
sa répartition. Le prix de production selon les oligopoles et le profit
qui en découle qu'ils déclarent sont entièrement intéressés, pour
soutenir leur objectif de profit maximum et de pillage des pays où ils
exercent leurs
activités.
L'impôt mondial sur les sociétés de l'OCDE est une nouvelle attaque
contre la souveraineté des nations et leur droit de contrôler leurs
affaires et leur direction. L'objectif est de poursuivre le pillage
impérialiste des peuples et des nations du monde. Embellir cette attaque
avec des mots
fleuris et auto-congratulatoires est la pratique néolibérale courante
qui consiste à tout chambouler afin de paraître bénéfique pour le peuple
plutôt qu'une attaque contre ses droits et ses revendications.
Les peuples et les nations du monde ont le droit et la responsabilité
sociale de déterminer leurs propres affaires. Si une entreprise
multinationale veut faire des affaires dans un pays, elle doit se
soumettre au contrôle et aux règlements établis par le peuple souverain
de la nation. Sinon,
aucun accord ne peut ou ne doit être conclu. L'application de règles
internationales comme le régime d'imposition mondial des sociétés de
l'OCDE, écrites et établies par les oligopoles et leurs gouvernements
impérialistes, doit être combattue par tous. Tout accord sur le commerce
international doit
se faire de nation à nation, pour l'avantage et le développement
réciproques des peuples concernés, et non pour les intérêts privés de
l'oligarchie mondiale.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
est un forum de 38 pays qui englobe le système impérialiste des États
dirigé par les États-Unis. L'OCDE déclare que ses membres sont attachés à
la démocratie de style américain et britannique contrôlée par les
partis et à une
économie de marché dominée et contrôlée par de puissants intérêts privés
et leurs immenses richesses et propriétés.
Le nouvel impôt remplace tout impôt national des sociétés sur les
oligopoles qui sont actuellement en place ou qui sont envisagés.
Les critères pour qu'une société soit soumise au régime fiscal
mondial de l'OCDE sont un revenu brut annuel de 20 milliards d'euros
(23,2 milliards de dollars US) et un certain seuil de bénéfices
d'entreprise auto-déclarés. Les sociétés minières, les services
financiers réglementés et les fonds
de pension sont exclus du régime fiscal, quels que soient leur portée
mondiale et leurs revenus.
L'accord fiscal mondial de l'OCDE toucherait entre 69 et 78 «
entreprises multinationales » ou oligopoles mondiaux, en fonction de
leur revenu brut annuel et de leurs bénéfices auto-déclarés. Les
oligopoles sont impliqués dans de multiples activités, principalement
axées sur les entreprises
numérisées comme Amazon, Google et Facebook (Meta).
Le revenu brut annuel combiné de ces 78 oligopoles s'élèverait à 1,8
billion de dollars au minimum, ce qui est supérieur au produit intérieur
brut total du Canada. Les entreprises multinationales qui participent
au régime fiscal mondial de l'OCDE sont moins nombreuses que les 136
pays qui ont été
intégrés au plan fiscal international. Ces pays renonceront à tout impôt
national sur les sociétés de ces oligopoles et recevront une partie de
l'impôt mondial de l'OCDE selon une formule prescrite qui échappe à leur
contrôle.
Le taux mondial d'imposition des sociétés de l'OCDE sur les bénéfices
déclarés est fixé à 15 %, ce qui est inférieur au taux actuel dans
presque tous les pays du monde. Seule une poignée de pays sous contrôle
impérialiste direct – les soi-disant paradis fiscaux où les
multinationales peuvent
enregistrer leurs affaires, comme les îles Caïmans, les Bahamas, le
Bahreïn et le Kosovo – ont des taux d'imposition des sociétés plus bas,
bien que certaines juridictions aux États-Unis soient en train de
dépasser rapidement ces endroits comme paradis fiscaux privilégiés.
En réponse à l'accord fiscal de l'OCDE annoncé le 8 octobre 2021,
Susana Ruiz, responsable de la politique fiscale d'Oxfam, a déclaré : «
L'accord fiscal d'aujourd'hui était censé mettre fin aux paradis fiscaux
pour de bon. Au lieu de cela, il a été écrit par eux. »
Dans
un communiqué, Oxfam souligne : « Cet accord est une capitulation
honteuse et dangereuse devant le modèle de faible imposition de pays
comme l'Irlande. C'est un simulacre d'équité qui prive les pays en
développement ravagés par la pandémie de revenus dont ils ont
cruellement besoin pour
financer des hôpitaux, l'éducation et de meilleurs emplois. Le monde
connaît la plus forte augmentation de la pauvreté depuis des décennies
et une explosion massive des inégalités, mais cet accord ne fera rien ou
presque pour les enrayer. Au contraire, il est déjà considéré par
certaines nations
riches comme une excuse pour réduire les taux d'imposition des sociétés,
risquant ainsi de provoquer une nouvelle course vers le bas.
« Qualifier cet accord d'historique est hypocrite et ne résiste
pas à l'examen le plus minutieux. Le diable fiscal est dans les détails,
y compris un réseau complexe d'exemptions qui pourrait permettre à de
gros contrevenants comme Amazon de s'en sortir. À la dernière minute,
une période de
grâce colossale de 10 ans a été ajoutée à l'impôt mondial de 15 % sur
les sociétés, et des échappatoires supplémentaires font qu'il n'a
pratiquement aucun mordant.
« Cet accord est une injustice inacceptable. Il doit être
complètement revu. L'OCDE et le G20 doivent ramener l'équité, remettre
de l'ambition dans les négociations et proposer un plan fiscal qui ne
laissera pas le reste du monde ramasser leurs miettes et leurs détritus.
»
Notes d'Oxfam
Cent quarante pays négocient un accord articulé autour de deux
piliers au sein du cadre inclusif de l'OCDE, sous mandat du G20. Le
premier « pilier » vise à faire en sorte que les multinationales paient
des impôts là où elles ont des activités économiques réelles. Selon les
estimations d'Oxfam,
l'accord, qui ne s'appliquera qu'aux entreprises faisant des «
superprofits » supérieurs à 10 %, devrait concerner moins de 70
entreprises. Des failles pourraient permettre à des entreprises comme
Amazon et à des juridictions secrètes « onshore » comme la City de
Londres de s'en tirer à bon compte.
Les industries extractives et les services financiers réglementés sont
exclus de l'accord.
Une nouvelle analyse réalisée par Oxfam montre que 52 pays en
développement devraient recevoir à peine 0,025 % de leur PIB en recettes
fiscales annuelles supplémentaires grâce à ce « pilier Un » approuvé
aujourd'hui.
Le second « pilier » vise à mettre en place un impôt minimum mondial
d'imposition effectif sur les multinationales. L'accord final a abaissé
le taux « d'au moins 15 % » à « 15 % » et a encore reporté sa mise en
oeuvre complète de cinq à dix ans, comme prévu précédemment.
Il s'agit d'un taux largement inférieur à celui proposé par le Groupe
de haut niveau sur la responsabilité, la transparence et l'intégrité
financières internationales (FACTI Panel), qui appelait à un taux
compris entre 20 et 30 %. La Commission d'expert de l'ICRICT (La
Commission indépendante
pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises)
recommandait un taux de 25 %.
Un taux d'imposition minimum mondial des sociétés de 25 %
rapporterait près de 17 milliards de dollars de plus aux 38 pays les
plus pauvres du monde (pour lesquels des données sont disponibles) qu'un
taux de 15 %. Ces pays abritent 38,6 % de la population mondiale.
Les pays en développement sont plus fortement dépendant des recettes
fiscales issues des multinationales. En 2018, 19 % des recettes fiscales
des pays africains étaient issues de la taxation des entreprises,
contre seulement 10 % pour les pays de l'OCDE.
Il est remarquable que l'impôt mondial sur les sociétés proposé par
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne
traite pas des paradis fiscaux où des sociétés et des particuliers
fortunés qui dissimulent leur argent dans des trusts et d'autres
arrangements. Un article de
Wikipedia (version en anglais) sur les paradis fiscaux principalement
situés aux États-Unis, souligne :
« Les États-Unis reçoivent des informations fiscales et patrimoniales
concernant les actifs et les revenus américains à l'étranger, mais ne
partagent pas d'informations sur ce qui se passe aux États-Unis avec
d'autres pays. En d'autres termes, le pays est devenu attrayant en tant
que paradis
fiscal.
« Le Tax Justice Network classe les États-Unis au troisième rang au
niveau du secret et de l'ampleur de son industrie financière offshore,
derrière la Suisse et Hong Kong mais devant les îles Caïmans et le
Luxembourg.
« Andrew Penney, de Rothschild & Co, a décrit les États-Unis
comme étant 'effectivement le plus grand paradis fiscal du monde' et
Trident Trust Co, l'un des plus grands fournisseurs mondiaux de trusts
offshore, a transféré des dizaines de comptes de la Suisse et de Grand
Cayman vers Sioux Falls,
déclarant : 'Les Caïmans ont été frappées en décembre, fermant des
choses que les gens retiraient.... J'ai été surpris par le nombre de
ceux qui arrivaient, qui étaient auparavant des comptes bancaires
suisses, mais qui veulent sortir de la Suisse.'
« Une étude réalisée en 2012 par différentes universités américaines a
montré que les États-Unis ont la réglementation la plus clémente du
monde entier concernant la création de sociétés écrans, en dehors du
Kenya. Les paradis fiscaux comme les îles Caïmans, Jersey et les Bahamas
étaient bien
moins permissifs, ont constaté les chercheurs, que des États comme le
Nevada, le Delaware, le Montana, le Dakota du Sud, le Wyoming et New
York. Les Américains ont découvert qu'ils n'avaient pas vraiment besoin
d'aller au Panama, a déclaré James Henry du Tax Justice Network. Par
exemple, une seule
adresse à Wilmington (1209 North Orange Street) est répertoriée comme
étant le siège d'au moins 285 000 entreprises distinctes en raison de la
fiscalité et de la loi sur les sociétés attrayantes du Delaware, et on
estime que 9 milliards de dollars d'impôts potentiels ont été perdus au
cours de la
dernière décennie, en raison des échappatoires du Delaware. Hillary
Clinton et Donald Trump ont tous deux des cabinets enregistrés à North
Orange Street, et des avocats, des sociétés fiduciaires et des sociétés
financières, dont Rothschild & Co, transfèrent des comptes offshore
d'endroits comme la
Suisse et les îles Caïmans vers les États-Unis pour profiter des
réglementations souples du pays, qu'ils appellent la ' nouvelle Suisse '
« Mark Hays, de Global Witness, a déclaré que les États-Unis étaient
l'un des endroits les plus faciles pour créer des sociétés fictives
anonymes, et Stefanie Ostfeld, du même organisme, a déclaré que les
États-Unis étaient une juridiction secrète aussi importante que nombre
de pays des Caraïbes
et du Panama. Plus de 1,1 million d'entités juridiques vivantes étaient
constituées au Delaware à la fin de 2014. Un nombre croissant – plus de
70 % – d'entre elles étaient des SARL (sociétés à responsabilité
limitée). La division des sociétés du Delaware a déclaré en août 2015
qu'une SARL
séduit tous les types de personnes car elle est facile à gérer et à
superviser', et le Delaware est actuellement l'un des rares États sans
taxe de vente. Le Delaware ne taxe pas les entreprises qui y exercent
ses activités, ni leurs revenus provenant de redevances. Cependant, la
SARL est plus
populaire et souvent moins chère dans des États comme le Wyoming, le
Nevada et l'Oregon. Environ 668 000 SARL anonymes sont enregistrées rien
que dans ces trois États. »
Les évitements fiscaux à l'étranger
L'article de Wikipedia poursuit : « Malgré cela, le groupe de
recherche d'intérêt public américain (PIRG) a déclaré en 2014 que les
États-Unis perdent environ 184 milliards de dollars par an en raison de
sociétés comme Pfizer, Microsoft et Citigroup qui utilisent des paradis
fiscaux offshore pour
éviter de payer des impôts américains. »
Selon le PIRG :
« - Pfizer n'a payé aucun impôt sur le revenu américain de 2010 à
2012, malgré des revenus de 43 milliards de dollars. La société a reçu
plus de 2 milliards de dollars en remboursements d'impôts fédéraux. En
2013, Pfizer exploitait 128 filiales dans des paradis fiscaux et
disposait de 69
milliards de dollars à l'étranger qui ne pouvaient pas être perçus par
l'Internal Revenue Service (IRS);
« - Microsoft a cinq filiales dans des paradis fiscaux et détenait
76,4 milliards de dollars à l'étranger en 2013, permettant ainsi à la
société d'économiser 24,4 milliards de dollars d'impôts;
« - Citigroup a maintenu 21 filiales dans des paradis fiscaux en
2013, et a conservé 43,8 milliards de dollars dans des juridictions
offshore, économisant ainsi 11,7 milliards de dollars d'impôts
supplémentaires à la société. »
Un article du Guardian indique : « De nombreux super-riches
choisissent le Dakota du Sud, qui a créé le champ d'attraction le plus
puissant que l'argent puisse acheter : un trust au Dakota du Sud. Si une
personne ordinaire place de l'argent à la banque, le gouvernement taxe
le peu
d'intérêts qu'il rapporte. Même si cet argent est protégé des impôts par
un compte d'épargne individuel (ISA), vous pouvez toujours le perdre en
cas de divorce ou de procédure judiciaire. Un trust au Dakota du Sud
change tout cela : il protège les actifs contre les réclamations des
ex-conjoints, des
partenaires commerciaux mécontents, des créanciers, des clients
litigieux et de presque tout le monde. Il ne vous protège pas contre les
poursuites pénales mais il empêche la fuite d'informations sur vos
biens d'une manière qui pourrait susciter l'intérêt de la police. Et il
protège votre patrimoine
financier du gouvernement, puisque le Dakota du Sud n'a pas d'impôt sur
le revenu, ni d'impôt sur les successions, ni d'impôt sur les
plus-values.
« Il y a dix ans, les sociétés fiduciaires du Dakota du Sud
détenaient 57,3 milliards de dollars d'actifs. D'ici à la fin de 2020,
ce total sera passé à 355,2 milliards de dollars. Ces centaines de
milliards de dollars sont réglementés par un État dont la population est
inférieure à celle de
Norfolk [Angleterre], un corps législatif à temps partiel soumis à un
lobbying intense de la part des avocats spécialisés dans les fiducies,
et une administration déterminée à accueillir autant d'argent que
possible dans le monde. Les politiciens américains aiment se vanter que
leur pays est le
meilleur endroit au monde pour s'enrichir mais le Dakota du Sud est
devenu autre chose : le meilleur endroit au monde pour rester riche.
[...]
« En trois ans seulement, le montant des fonds détenus via des
structures secrètes aux États-Unis a augmenté de 14 %, a déclaré le Tax
Justice Network. C'est cet argent qui se déverse à Sioux Falls et dans
la South Dakota Trust Company. »
Pour plus de détails, voir l'article d'Americans for Tax Fairness sur les paradis fiscaux ici.
Voir également le rapport sur les paradis fiscaux aux États-Unis ici pour connaître les taux d'impôt actuels des sociétés dans le monde.
Le projet de loi «Reconstruire mieux» de Joe Biden
arrive au Congrès
Le président des États-Unis Joe Biden et son Parti démocrate
négocient présentement l'adoption du projet de loi « Build Back Better »
(Reconstruire mieux) par le Congrès américain. Tout porte sur le
partage du butin : quelles sections de l'élite dirigeante obtiendront
quoi; quels oligopoles
réussiront à imposer leurs intérêts dans le pillage du trésor public.
Tout cela se fait sous le couvert des grands idéaux de l'emploi, du
logement, de la santé, de l'éducation, etc.
On rapporte que près de 2 000 milliards de dollars de dépenses ont
jusqu'à présent été convenues par les partis au Congrès. Les banques sont
très heureuses. Elles pourront prêter 20 000 milliards de dollars sur
les marchés mondiaux contre cet argent gratuit, à des taux d'intérêt
allant de 2 à 30
%, pour le simple acte d'acheminer un courriel à un compte bancaire. Ce
n'est pas une mauvaise affaire pour l'oligarchie financière. Tels sont
les avantages du contrôle de l'appareil d'État. Quel que soit le parti
au pouvoir, l'oligarchie financière s'assure que les méthodes de vol
sont affinées et
c'est ensuite la lutte sans merci pour le butin.
Ces voleurs ne se soucient pas le moins du monde de la sécurité des
citoyens. La sécurité de ces derniers est dans l'organisation du
mouvement pour affirmer les droits fondamentaux à la subsistance, à la
santé, à l'éducation, au logement, à la nourriture, à la liberté de la
violence, de la
discrimination et de la guerre, à la liberté de parole et d'expression.
Partout dans le monde, les peuples se battent pour leur droit d'être,
tel qu'ils l'ont identifié eux-mêmes, en revendiquant ce qu'ils doivent
revendiquer auprès des sociétés, dont ils dépendent pour leur existence
même.
(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
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