L'accord fiscal de l'OCDE est un simulacre d'équité – Oxfam
En réponse à l'accord fiscal de l'OCDE annoncé le 8 octobre 2021,
Susana Ruiz, responsable de la politique fiscale d'Oxfam, a déclaré : «
L'accord fiscal d'aujourd'hui était censé mettre fin aux paradis fiscaux
pour de bon. Au lieu de cela, il a été écrit par eux. »
Dans
un communiqué, Oxfam souligne : « Cet accord est une capitulation
honteuse et dangereuse devant le modèle de faible imposition de pays
comme l'Irlande. C'est un simulacre d'équité qui prive les pays en
développement ravagés par la pandémie de revenus dont ils ont
cruellement besoin pour
financer des hôpitaux, l'éducation et de meilleurs emplois. Le monde
connaît la plus forte augmentation de la pauvreté depuis des décennies
et une explosion massive des inégalités, mais cet accord ne fera rien ou
presque pour les enrayer. Au contraire, il est déjà considéré par
certaines nations
riches comme une excuse pour réduire les taux d'imposition des sociétés,
risquant ainsi de provoquer une nouvelle course vers le bas.
« Qualifier cet accord d'historique est hypocrite et ne résiste
pas à l'examen le plus minutieux. Le diable fiscal est dans les détails,
y compris un réseau complexe d'exemptions qui pourrait permettre à de
gros contrevenants comme Amazon de s'en sortir. À la dernière minute,
une période de
grâce colossale de 10 ans a été ajoutée à l'impôt mondial de 15 % sur
les sociétés, et des échappatoires supplémentaires font qu'il n'a
pratiquement aucun mordant.
« Cet accord est une injustice inacceptable. Il doit être
complètement revu. L'OCDE et le G20 doivent ramener l'équité, remettre
de l'ambition dans les négociations et proposer un plan fiscal qui ne
laissera pas le reste du monde ramasser leurs miettes et leurs détritus.
»
Notes d'Oxfam
Cent quarante pays négocient un accord articulé autour de deux
piliers au sein du cadre inclusif de l'OCDE, sous mandat du G20. Le
premier « pilier » vise à faire en sorte que les multinationales paient
des impôts là où elles ont des activités économiques réelles. Selon les
estimations d'Oxfam,
l'accord, qui ne s'appliquera qu'aux entreprises faisant des «
superprofits » supérieurs à 10 %, devrait concerner moins de 70
entreprises. Des failles pourraient permettre à des entreprises comme
Amazon et à des juridictions secrètes « onshore » comme la City de
Londres de s'en tirer à bon compte.
Les industries extractives et les services financiers réglementés sont
exclus de l'accord.
Une nouvelle analyse réalisée par Oxfam montre que 52 pays en
développement devraient recevoir à peine 0,025 % de leur PIB en recettes
fiscales annuelles supplémentaires grâce à ce « pilier Un » approuvé
aujourd'hui.
Le second « pilier » vise à mettre en place un impôt minimum mondial
d'imposition effectif sur les multinationales. L'accord final a abaissé
le taux « d'au moins 15 % » à « 15 % » et a encore reporté sa mise en
oeuvre complète de cinq à dix ans, comme prévu précédemment.
Il s'agit d'un taux largement inférieur à celui proposé par le Groupe
de haut niveau sur la responsabilité, la transparence et l'intégrité
financières internationales (FACTI Panel), qui appelait à un taux
compris entre 20 et 30 %. La Commission d'expert de l'ICRICT (La
Commission indépendante
pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises)
recommandait un taux de 25 %.
Un taux d'imposition minimum mondial des sociétés de 25 %
rapporterait près de 17 milliards de dollars de plus aux 38 pays les
plus pauvres du monde (pour lesquels des données sont disponibles) qu'un
taux de 15 %. Ces pays abritent 38,6 % de la population mondiale.
Les pays en développement sont plus fortement dépendant des recettes
fiscales issues des multinationales. En 2018, 19 % des recettes fiscales
des pays africains étaient issues de la taxation des entreprises,
contre seulement 10 % pour les pays de l'OCDE.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 14 - 13 novembre 2021
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