À titre
d'information
La coopération États-Unis-Canada sur les minéraux critiques
Dans le cadre du décret présidentiel 14017 sur les chaînes
d'approvisionnement de l'Amérique, publié le 23 février, la
Maison-Blanche a publié en juin un « Examen sur 100 jours de la chaîne
d'approvisionnement ». Cela a conduit à la formation du groupe de
travail États-Unis-Canada sur les
minéraux critiques, qui a tenu sa troisième réunion le 28 juillet,
coprésidée par la sous-secrétaire d'État adjointe par intérim des
États-Unis pour les affaires de l'hémisphère occidental, Laura Lochman,
et le sous-ministre adjoint du Secteur des terres et des minéraux du
ministère des Ressources
naturelles du Canada, Jeff Labonté.
Un communiqué de presse publié le 31 juillet sur le site web du
Département d'État des États-Unis, intitulé « Les États-Unis et le
Canada vont de l'avant sur la coopération sur les minéraux critiques »,
indique ce qui suit :
« Le groupe de travail a discuté de la mise en oeuvre de l'engagement
du président Biden et du premier ministre Trudeau à renforcer la
coopération sur les chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques,
tel que décrit dans la Feuille de route pour un partenariat renouvelé
entre les États-Unis
et le Canada. ... Ils ont également échangé leurs points de vue sur le
renforcement des chaînes d'approvisionnement qui utilisent des minéraux
critiques et ont examiné le décret du président Biden sur les chaînes
d'approvisionnement de l'Amérique et l'examen connexe sur 100 jours des
chaînes
d'approvisionnement des minéraux et matériaux critiques et d'autres
secteurs clés publié en juin[1]. »
Lorsque le département d'État américain fait référence au «
renforcement des chaînes d'approvisionnement », il a à l'esprit, entre
autres, ce que Marc D. Gietter, ingénieur industriel retraité de la
branche des abris tactiques du Commandement des communications et de
l'électronique de l'armée
américaine (CECOM), appelle « amorcer la pompe ». Dans un article
intitulé « Viewpoint : Offshore Battery Production Poses Problems for
Military » (Point de vue : la production à l'étranger de batteries est
un problème pour les forces armées), publié dans le numéro du 8 novembre
2018 du magazine
américain National Defense, il écrit :
« Les batteries au lithium, qu'elles soient rechargeables ou non,
sont devenues omniprésentes dans presque tous les systèmes d'armes
utilisés par le ministère de la Défense. Bien qu'il soit un consommateur
relativement faible de technologies de batteries au lithium par rapport
au marché
commercial, l'importance de ces technologies ne peut être sous-estimée.
« Presque toutes les pièces d'équipement électronique portatif
essentielles au succès des combattants américains sur le champ de
bataille sont alimentées par une forme de pile au lithium. La dépendance
à leur égard devrait croître de manière exponentielle à mesure que la
prochaine génération
d'armes — comme les nouveaux véhicules terrestres tactiques, les
systèmes sans pilote et les armes à énergie dirigée — est conçue autour
de la haute densité énergétique et du faible poids d'une technologie de
pile au lithium. »
[...]
« Le marché des batteries au lithium-ion, à lui seul, devrait
atteindre 26 milliards de dollars en moins de 10 ans. Les véhicules
électriques, le stockage d'énergie propre et l'électronique mobile
nécessitent des batteries de plus en plus perfectionnées; le marché
mondial des batteries ne fait
qu'émerger et devrait atteindre 150 milliards de dollars dans les deux
prochaines années seulement.
« Avec un investissement relativement minime, le ministère de la
Défense peut non seulement garantir des sources nationales pour les
technologies essentielles, mais aussi ‘amorcer la pompe' pour permettre à
ces mêmes fournisseurs de s'emparer et conserver d'importantes parts du
marché
international. Par exemple, la Defense Logistics Agency a acheté des
batteries d'une valeur totale de plus de 1,1 milliard de dollars pour
soutenir la chaîne d'approvisionnement en sources d'énergie pour les
forces armées.
« Cela n'inclut pas les batteries que chacun des services achète
directement auprès des vendeurs et des fabricants, ni les batteries
achetées par les maîtres d'oeuvre contractuels pour les intégrer dans
divers systèmes d'armes »[2].
En d'autres termes, le rôle du ministère de la Défense des États-Unis
est de permettre à ces mêmes fournisseurs privés de minéraux critiques «
de s'emparer et conserver d'importantes parts du marché international »
en développant des installations de traitement et de fabrication
avancée ici en
Amérique du Nord, pour contrer ce que le ministère de la Défense des
États-Unis appelle le « rôle décroissant de la défense dans l'évolution
des marchés commerciaux de batteries au lithium ».
C'est pourquoi, dans le cas des aimants permanents en terres rares
utilisés pour des applications civiles et militaires, il existe
actuellement un projet de loi devant la Chambre des représentants des
États-Unis (projet de loi HR 5033 – Rare Earth Magnet Manufacturing Tax Credit Act of
2021) qui accorderait aux entreprises privées des crédits d'impôt
de 20 $ par kilogramme pour les aimants fabriqués aux États-Unis ou de
30 $ par kilogramme pour les aimants qui sont à la fois fabriqués aux
États-Unis et pour lesquels tous les composants constitués de matériaux
en terres rares
sont produits et recyclés ou récupérés entièrement aux États-Unis. Cela
signifie également que pour être éligibles à ces subventions, les
aimants en terres rares ne doivent pas inclure un « composant en terres
rares » qui a été « produit dans un pays étranger non allié »,
c'est-à-dire des pays
opposés à la domination impérialiste du monde par les États-Unis, tels
que « la Fédération de Russie, la République populaire de Chine, la
République populaire démocratique de Corée et la République islamique
d'Iran »[3].
Le « composant en terres rares » fait référence à six éléments de
terres rares (ETR) connus sous le nom de néodyme, praséodyme,
dysprosium, terbium, samarium et gadolinium, ainsi qu'au cobalt. Ce sont
les principaux ETR utilisés pour fabriquer les deux aimants permanents
les plus puissants du
monde, appelés aimants en samarium-cobalt et aimants en
néodyme-fer-bore. Leurs applications sont nombreuses et diverses, des
véhicules électriques aux radars, en passant par les missiles guidés
avec précision et les « bombes intelligentes »[4].
Notes
1. « United States and Canada Forge Ahead on Critical Minerals Cooperation », Département d'État américain, 31 juillet 2021.
2. « Viewpoint : Offshore Battery Production Poses Problems for Military », dans National
Defense, 8 novembre 2018.
3. «
Bill HR 5033, Rare Earth Magnet Manufacturing Production Tax Credit Act
of 2021 », Chambre des représentants du Congrès des États-Unis,
Washington, DC, 2021.
4.
« Rare Earth Elements in National Defense : Background, Oversight
Issues, and Options for Congress », Valerie Bailey Grasso, Congressional
Research Service, Washington, DC, 23 décembre 2013.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 14 - 13 novembre 2021
Lien de l'article:
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