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              du Marxiste-Léniniste

Numéro 4

7 mars 2021

TABLE DES MATIÈRES

8 mars, Journée internationale des femmes

Les travailleuses doivent diriger la lutte pour le renouveau politique et le pouvoir de décider


Le Sommet entre le premier ministre du Canada
et le président des États-Unis

La poursuite de l'intégration à l'économie et à la machine de guerre américaines ne résoudra pas l'absence de projet d'édification nationale du Canada

- K.C. Adams -


La politique étrangère du Canada, une extension du bellicisme américain au nom de grands idéaux

Défendons le droit de Cuba à l'autodétermination! Non aux politiques coloniales et impériales!

- Isaac Saney -

Le Canada doit revoir sa politique envers Haïti


Au Parlement

Un procédé odieux pour légitimer la criminalisation
de la parole et de l'opinion

- Anna Di Carlo -

L'inflation de la menace compromet la liberté d'expression

- Peter Ewart -


Des crimes commis au nom du bien commun

Les révélations de l'enquête Mitting sur l'étendue de l'infiltration policière en Grande-Bretagne
- Michael Chant -


États-Unis : c'est le peuple qui décidera de ce qui est juste

Aucune accalmie dans les manifestations populaires

L'impunité policière est une conséquence de l'arrêt Dred Scott

- Kathleen Chandler -

Ouverture du procès du policier qui a tué George Floyd à Minneapolis

Vidéo chanson: Rome brûle


Anniversaire de la déclaration de la pandémie de COVID-19

La réponse mondiale requise pour surmonter la pandémie mondiale et ses effets sur la santé et l'économie

La situation au Canada



8 mars, Journée internationale des femmes

Les travailleuses doivent diriger la lutte pour le renouveau politique et le pouvoir de décider



Le 8 mars 2020, Journée internationale des femmes, à Montréal

CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) salue le 8 mars, Journée internationale des femmes, avec la ferme conviction que les travailleuses continueront d'être aux premiers rangs dans la bataille pour le renouveau du processus politique et de la société, lequel exige que le peuple soit investi du pouvoir de décider. Les femmes communistes ont montré au cours de cette période, comme par le passé, qu'elles voient la discrimination fondée sur le sexe comme une question d'émancipation de la classe ouvrière. La mobilisation des femmes travailleuses pour le renouveau du processus politique est un pas dans cette direction.

La période actuelle est une période de repli de la révolution caractérisée par une offensive antisociale brutale, la destruction de la nation et la poursuite de plans d'agression et de guerre des gouvernements et des intérêts impérialistes qui les dominent. Loin de perdre son rôle dirigeant, c'est la classe ouvrière qui doit offrir une alternative à la régression imposée à la société. Les travailleuses jouent un rôle crucial à cet égard, avant tout en veillant à ne pas se laisser détourner ou leurs forces dissipées par des questions qui ne les placent pas au centre des développements. Elles doivent, comme tous les travailleurs, être politiques, élaborer leur programme et l'appliquer à tous les secteurs de la société.

La Journée internationale des femmes est une occasion appropriée cette année, en pleine pandémie de COVID-19, pour les travailleuses de s'engager envers la cause de leur propre émancipation qui est liée à l'émancipation de l'ensemble de la classe ouvrière. Dans le cours des événements durant cette dernière période, les femmes occupant des postes de pouvoir et de privilège ont dit qu'elles protégeraient les femmes, mais elles restent insensibles à la situation critique des travailleuses à la maison et des femmes dans le monde entier qui portent le poids des attaques menées pour enrichir les riches. Elles ne proposent pas les réformes nécessaires pour améliorer les conditions de vie et de travail des femmes plutôt que de les laisser s'aggraver.

L'imposition des institutions dites de démocratie libérale aux pays dont les ressources sont convoitées par les impérialistes a accru leur asservissement. Les travailleuses ne confient pas leur sort à celles et ceux qui occupent des positions de pouvoir et de privilège et qui disent exercer le pouvoir en leur nom parce que c'est un gaspillage de leur énergie.

Au contraire, elles formulent leurs propres revendications, parlent en leur propre nom et luttent pour leurs droits dans le cadre de la lutte pour les droits de toutes et tous. Ce n'est qu'ainsi que toutes les femmes peuvent être émancipées. Les travailleuses avancées doivent adhérer au Parti, bâtir des organisations de base pour l'émancipation des femmes sur leur lieu de travail, ouvertes à tous les travailleurs, sans distinction de sexe, et doivent exceller en politique sous la bannière du renouveau démocratique du processus politique.

Le PCC(M-L) saisit cette occasion pour exprimer son soutien entier à toutes les femmes qui luttent pour l'émancipation à l'échelle mondiale et pour saluer la participation croissante des femmes aux affaires politiques. Le Parti condamne toutes les attaques racistes et les actes d'impunité policière et autres actes d'oppression et d'humiliation des femmes, condamne les enlèvements et les viols et autres formes de brutalité et de terreur pratiquées par les cercles dirigeants à leur encontre, exige la libération de tous celles et ceux qui sont emprisonnés pour leurs actions politiques et exige que tous ceux qui commettent des crimes contre les femmes soient punis.

Avec optimisme et confiance dans les capacités des femmes communistes et de toutes les travailleuses combattantes, nous rendons hommage aux femmes combattantes partout et leur adressons nos salutations militantes.

(Photos : LML)

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Le Sommet entre le premier ministre du Canada et
le président des États-Unis

La poursuite de l'intégration à l'économie
et à la machine de guerre américaines ne résoudra pas l'absence de projet d'édification
nationale du Canada

Le 23 février, le premier ministre Justin Trudeau et le président américain Joe Biden ont tenu une rencontre bilatérale virtuelle. Justin Trudeau a résumé la rencontre en ces mots : « Le président et moi avons discuté de la nouvelle et ambitieuse Feuille de route du partenariat. Cette feuille de route, qui est fondée sur des valeurs et des priorités communes, orientera la collaboration entre nos pays au cours des prochaines années. »

Les « valeurs et les priorités communes » auxquelles il est fait référence sont tirées d'un manuel néolibéral. On peut le constater dans les documents qu'ils ont publiés après la réunion et dans leurs actes, dont aucun ne rend l'économie durable et ne contribue à l'édification nationale. Au contraire, ces mesures s'inscrivent dans le cadre de la destruction de la nation, tant au niveau national qu'international, et contribuent à la quête d'hégémonie mondiale, à l'agression et à la guerre des impérialistes américains.

Justin Trudeau a déclaré : « Face à des défis comme la COVID-19, les changements climatiques et l'augmentation des inégalités, le moment d'agir, c'est maintenant. Notre plus grande priorité : assurer la sécurité des gens et mettre fin à cette pandémie. Cet après-midi, le président et moi avons discuté du travail qu'il faut faire ensemble pour vaincre la COVID-19. On doit notamment assurer la circulation des fournitures essentielles, soutenir la science et la recherche, et unir nos efforts au sein d'institutions internationales. Nous sommes unis dans ce combat. »

Depuis le début, les élites gouvernantes ont refusé de mobiliser les ressources considérables de chaque pays pour défendre la population. Au contraire, les ressources sont utilisées comme moyens d'enrichir les riches. Cela a entraîné 512 312 décès liés à la COVID-19, et le nombre de décès continuent d'augmenter aux États-Unis, et 22 213 au Canada, ainsi que d'énormes difficultés pour les travailleurs des deux pays.

Deux jours après ces déclarations grandiloquentes faites lors du sommet, Joe Biden a démontré en pratique quelle est la méthode traditionnelle des États-Unis pour « assurer la sécurité des gens » en lançant la machine de guerre américaine pour bombarder la Syrie. Justin Trudeau n'a rien dit contre cette poursuite de l'agression et de la destruction des pays d'Asie occidentale et d'Afrique du Nord, dans lesquelles le Canada est impliqué par son appartenance à l'alliance belliciste de l'OTAN.

Au contraire, il a exprimé le même enthousiasme à « assurer la sécurité des gens » par la guerre, la destruction et le pillage. Le 26 février, une rencontre virtuelle a eu lieu entre le ministre des Affaires étrangères du Canada, Marc Garneau, et le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, au cours de laquelle tous deux ont réaffirmé « leur engagement à agir à l'égard des droits de la personne et des réformes nécessaires à Cuba ». La déclaration commune des deux dirigeants aurait tout aussi bien pu s'intituler : « Partagez nos valeurs néolibérales ou nous vous bombarderons ! » Ils exigent la soumission à la volonté d'hégémonie mondiale des États-Unis en présentant cette « valeur » comme un combat pour la liberté et la démocratie. Le Canada a été intégré à la machine de guerre américaine et la puissance du Pentagone soutient les administrations des deux pays, tandis que de plus en plus de lois et de règlements sont adoptés qui considèrent toute discussion qui remet en cause leurs motivations comme étant de la sédition, une trahison, une atteinte à l'intérêt national et une menace pour la sécurité nationale.

Se présentant comme porteur des solutions aux problèmes constitutionnels fondamentaux des sociétés américaine et canadienne, Justin Trudeau a déclaré : « La dernière année a révélé toutes sortes d'inégalités dans nos sociétés et, plus que jamais, il est temps d'agir. » En fait, au cours de l'année dernière, plus de 20 millions de personnes ont manifesté aux États-Unis pendant plus de 100 jours avant l'élection américaine, ainsi que des millions d'autres au Canada et dans le monde, contre la violence policière raciste organisée par l'État, l'impunité et l'augmentation du financement de la police, alors que les programmes sociaux destinés à la population continuent d'être privatisés et que de plus en plus les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent.

Le procès de l'ex-policier qui a tué George Floyd s'ouvre le 8 mars à Minneapolis. Le maire et le gouverneur du Minnesota ont déclaré leur version de « Il est temps d'agir » contre « les inégalités » en militarisant la ville et en l'occupant avec des milliers de policiers et de soldats lourdement armés, et en disant aux gens de ne pas s'en mêler. Leurs mesures sont similaires au confinement et à l'occupation militaire de Washington lors de l'investiture de Joe Biden avec ses menaces ouvertes de réprimer violemment les gens s'ils osent se montrer. La démonstration de force des forces armées envoie également un message brutal aux représentants politiques des riches, y compris Joe Biden, qu'ils ont intérêt à se montrer dociles en servant l'oligarchie dirigeante et l'économie de guerre, « sinon ! »

Justin Trudeau a également profité du Sommet pour dire clairement que le Canada veut faire partie du « Buy America » et être considéré comme faisant partie intégrante de l'économie américaine. C'est le contraire que demandent les Canadiens lorsqu'ils exigent que l'économie soit indépendante et qu'elle contribue à créer un environnement naturel et social sécuritaire sous le contrôle des travailleurs.

« Aujourd'hui, le président et moi avons discuté de la possibilité de mettre à profit les chaînes d'approvisionnement et de soutenir les entreprises », a déclaré Justin Trudeau. Soulignant la « valeur commune » de payer les riches en mobilisant les fonds publics pour soutenir les cartels privés et les monopoles des oligarques mondiaux, il a ajouté : « Ici au Canada, l'innovation et l'énergie propre occuperont une place cruciale dans notre plan pour rebâtir notre économie. Le président et moi avons discuté de l'importance d'une croissance propre afin de créer de nouvelles opportunités pour les Canadiens et les Américains, et aussi pour protéger l'environnement et lutter contre les changements climatiques. »


Manifestation à Vancouver le 8 septembre 2018 contre le pipeline Trans Mountain

À ce jour, la plus grande « innovation » du gouvernement Trudeau en matière d'« énergie propre » a été de retirer le projet de pipeline Trans Mountain, un projet déficitaire des plus coûteux, des mains de ses propriétaires privés américains qui voulaient désespérément s'en débarrasser et de leur payer une fortune en fonds publics. Le gouvernement a ensuite mobilisé les pouvoirs de police de l'État, y compris les tribunaux, pour imposer de force son agrandissement jusqu'à Vancouver, malgré les objections de nombreux Canadiens qui ont montré clairement qu'ils rejetaient totalement ce projet. Les arrestations, les emprisonnements et les violentes attaques policières contre les opposants au gazoduc se multiplient chaque jour. Les tentatives pour opposer les emplois et le développement durable, les travailleurs et les environnementalistes, et les placer dans des catégories irrationnelles distinctes pour justifier la criminalisation des deux ne peuvent créer une direction viable pour l'économie.

Sur la question de l'innovation, de l'énergie propre et de rebâtir notre économie, Justin Trudeau faisait peut-être aussi référence au stratagème désastreux pour payer les riches d'investissement de milliards de fonds publics du gouvernement albertain dans le pipeline Keystone XL vers la côte américaine du Golfe du Mexique que Joe Biden a annulé parce qu'il était en concurrence avec des projets similaires déjà en cours et avec les investissements verts de l'ancien vice-président Al Gore. La principale « valeur commune » de Justin Trudeau, réjoui et visiblement soulagé que son ami soit devenu président semble être le partage de stratagèmes pour payer les riches et un engagement profond à servir l'oligarchie.

Pour brouiller davantage les cartes, militariser les préoccupations des gens face au changement climatique et dans le but d'utiliser cet enjeu et les fonds publics pour permettre à certains oligarques mondiaux de gagner des milliards avec une économie « verte », Justin Trudeau a déclaré : « Il faut continuer de poser des gestes significatifs pour respecter l'Accord de Paris et atteindre nos objectifs en termes de carboneutralité. »

Il semble bien que la « carboneutralité » est atteinte lorsque le Canada construit des pipelines et que les États-Unis les annulent.

« Finalement, on a aussi parlé des différents moyens de bâtir un monde plus fort et plus pacifique. Pour protéger nos citoyens et nos communautés, on doit travailler ensemble » a dit Justin Trudeau. Il n'a pas révélé si Joe Biden avait discuté de son plan de bâtir « un monde plus pacifique », notamment en bombardant la Syrie deux jours plus tard.

Le langage néolibéral a cependant servi à couvrir les services de renseignements communs qui dictent les nouvelles lois et les mesures ministérielles pour proscrire tout discours que les pouvoirs de police, qui agissent en toute impunité, considèrent comme portant atteinte aux « principes communs et aux valeurs partagées » que les Canadiens et les Américains doivent soutenir « sinon ».  « Il faut notamment renforcer la défense continentale et combattre l'extrémisme violent. Et, partout dans le monde, on doit défendre les valeurs et les intérêts qu'on a en commun, par exemple en renouant des alliances et en soutenant les institutions multilatérales », a déclaré un Justin Trudeau réjoui, ajoutant : « Le Canada et les États-Unis sont l'un pour l'autre les plus proches alliés, les plus importants partenaires commerciaux et les plus anciens amis. »

Les Canadiens ont besoin d'un projet d'édification nationale qui leur appartient pour faire du Canada une zone de paix avec un gouvernement antiguerre et pour changer la direction de l'économie qui doit passer d'une économie intégrée à la machine de guerre des États-Unis et basée sur la recherche du profit privé maximum d'un petit nombre à une économie qui sert le peuple et travaille avec les autres dans un esprit de coopération et d'avantages réciproques pour toute l'humanité, et non de concurrence et de guerre.

Cela signifie qu'il faut en priorité sortir le Canada des alliances de guerre de l'OTAN et du NORAD et de toutes les autres intrications avec l'économie de guerre et l'appareil militaire des États-Unis. Il faut pour cela donner une nouvelle direction à l'économie. Cela reste une priorité.

Pour le communiqué conjoint du président Biden et du premier ministre Trudeau émis à la conclusion de leur rencontre, avec des commentaires de K.C. Adams cliquer ici.

(Photos : LML, D. Sprenger, A. Pike)

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La politique étrangère du Canada, une extension du bellicisme
américain au nom de grands idéaux

Défendons le droit de Cuba à l'autodétermination! Non aux politiques coloniales et impériales!


Caravane de voitures à Montréal en appui à Cuba, le 18 février 2021

Le Marxiste-Léniniste souscrit à la déclaration émise par le Réseau canadien pour Cuba et son porte-parole national et coprésident, Isaac Saney, à la suite du communiqué qui a été publié par Affaires mondiales Canada sur la rencontre tenue le 26 février entre le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, et le secrétaire d'État des États-Unis Antony Blinken. Le blocus criminel des États-Unis contre Cuba et leur campagne de désinformation et d'actions secrètes pour effectuer un changement de régime sont méprisables et doivent cesser. Le fait que le Canada ajuste sa politique pour adopter cet objectif des États-Unis en tant que prix à payer pour l'« amitié » et le « partenariat » avec les États-Unis révèle clairement qu'il a adopté les croyances idéologiques extrémistes qui causent et justifient la violence contre un peuple entier. On doit exiger que le gouvernement canadien change sa politique. Tenons le gouvernement responsable en intensifiant les actions de solidarité concrète avec le peuple cubain.

Le Réseau canadien pour Cuba est outragé par le communiqué d'Affaires mondiales Canada qui fait un compte-rendu de la réunion virtuelle du 26 février entre le ministre des Affaires étrangères du Canada, Marc Garneau, et le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken. Il s'agit d'une déclaration ouverte indiquant qu' Ottawa, de concert avec les États-Unis, s'arroge le droit de s'ingérer dans les affaires des pays du monde, en particulier les pays des Amériques. Dans la foulée de la soi-disant Feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis-Canada lancée par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le président des États-Unis, Joe Biden, lors de leur réunion virtuelle du 23 février, non seulement le communiqué viole-t-il le droit, les normes et les conventions internationaux mais il est empreint de la mentalité et de la pratique colonialistes discréditées d'imposer à des pays indépendants des arrangements impériaux qu'ils ne veulent pas et n'acceptent pas.

La déclaration du gouvernement Trudeau réaffirmant son « engagement à agir à l'égard des droits de la personne et des réformes nécessaires à Cuba » est non seulement une diffamation de Cuba mais une ingérence inacceptable dans ses affaires souveraines et une violation de son droit à l'autodétermination. Affaires mondiales Canada répète délibérément la désinformation du département d'État américain au sujet de Cuba. Nulle part dans le communiqué on ne trouve mention de qui est l'auteur véritable de la violation des droits humains à Cuba : la guerre économique continue des États-Unis et la campagne de subversion contre la nation insulaire héroïque. On n'y trouve même pas la moindre indication que Marc Garneau ait demandé des comptes à Anthony Blinken pour ne pas avoir abordé la question de la désignation trompeuse et hypocrite de Cuba de pays qui parraine le terrorisme par le régime Trump  : un acte flagrant d'opportunisme et de cynisme, contredit par la réalité que c'est Cuba qui a été la victime de toutes les formes d'attaques terroristes menées avec la complicité, la participation et le parrainage de Washington.

Si le gouvernement Trudeau s'intéresse vraiment à la cause de la démocratie, il doit sans équivoque ni ambiguïté exiger que cessent les sanctions économiques et les autres agressions des États-Unis contre Cuba. Depuis le triomphe de la Révolution cubaine il y a plus de soixante ans, l'objectif de la stratégie de Washington repose sur la négation et l'extinction du droit de Cuba à l'autodétermination, à la souveraineté et à l'indépendance. Cet effort visant à asphyxier Cuba est le principal obstacle au développement social et économique de cette fière nation insulaire et a coûté plus de 100 milliards de dollars américains.

L'alignement ouvert d'Ottawa avec la politique des États-Unis est profondément troublant et alarmant. Nous appelons les Canadiens à le rejeter avec tout le mépris qu'il mérite. Le communiqué du 26 février évoque une époque révolue, lorsque les grandes puissances agissaient avec impunité et un mépris total envers les nations des Amériques. Les peuples des Amériques et du monde n'ont cessé de rejeter avec force cette méthode et cette façon de penser. Les grandes luttes anticoloniales et anti-impérialistes du XIXe et du XXe siècle en témoignent.

Si le gouvernement canadien défend vraiment la démocratie et le bien-être des peuples des Amériques et du monde, il doit défendre et pratiquer une politique étrangère basée sur l'égalité et le respect de la souveraineté et du droit à l'autodétermination, et abandonner et renoncer aux mentalités et aux politiques colonialistes et impérialistes.


Caravane de voitures en appui à Cuba à Ottawa, le 28 février 2021

(2 mars 2021. Photos : LML)

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Le Canada doit revoir sa politique envers Haïti


Manifestation à Haïti contre la dictature de Jovenel Moïse, le 1er mars 2021

La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCCDH) – un regroupement d'une trentaine d'organisations et d'individus récemment formé à Montréal – au nom de la souveraineté d'Haïti et du droit de son peuple à l'autodétermination, a fait parvenir une lettre au premier ministre Justin Trudeau qui met de l'avant la revendication que le Canada révise sa politique envers Haïti[1].

La lettre se lit ainsi :

« La CHCCDH est hautement préoccupée par la situation politique d'Haïti et par l'appui inconditionnel qu'apporte le Canada au pouvoir illégitime et inconstitutionnel de monsieur Jovenel Moïse dont le mandat est arrivé à terme le 7 février 2021 selon l'article 134-2 de la constitution haïtienne amendée. Le gouvernement canadien appuie et finance la dictature au pouvoir ainsi que la police nationale d'Haïti qui a été transformée en milice du pouvoir. Ce faisant, il soutient des criminels en Haïti. Nous estimons que cela constitue un viol de l'éthique et des principes de non-ingérence qui doivent guider les relations du Canada avec Haïti.

« Rappelons que des massacres sont perpétrés quotidiennement sous la dictature de Moïse par des gangs armés qui s'en prennent à la population des quartiers populaires. Ces gangs opèrent en toute quiétude jusqu'à exiger et obtenir la révocation d'un ministre. Les kidnappings et les assassinats sont devenus le quotidien du peuple haïtien. L'ONU a recensé 234 cas d'enlèvements en 2020. La terreur se répand et s'installe. La police nationale, transformée en bras armé de l'État, réprime les protestations citoyennes, persécute les opposants politiques et cible les journalistes. Les exécutions sommaires, les arrestations arbitraires, l'usage de balles réelles dans les manifestations organisées par des opposant.e.s au gouvernement sont devenus la norme. Personne n'est épargné dans cette vague de répression. Le peuple haïtien rejette de toutes ses forces cette nouvelle dictature qui bafoue les droits les plus élémentaires des citoyen.ne.s.

« Pour assurer sa pérennité, Moïse a mis en place un conseil électoral provisoire non assermenté et inconstitutionnel qui a pour mission d'organiser les prochaines élections qu'il planifie avec la complicité du Canada, des Nations unies, de l'OÉA et d'autres pays de la communauté internationale. Au regard des principes fondamentaux de la démocratie et des droits de la personne, nous convions le Canada à se désolidariser du projet dictatorial de Jovenel Moïse qui a déjà commencé à piétiner tous les acquis démocratiques du peuple haïtien. »

Note

1. La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti est un regroupement de personnalités, d'organismes et d'associations évoluant dans divers secteurs de la société canadienne. Elle a pour objectif de :

1. dénoncer le non-respect de la Constitution haïtienne, le démantèlement des institutions, la violation systématique des droits et de la dignité des citoyen.ne.s haïtien.ne.s, l'installation d'un climat généralisé de terreur et de persécution politique, les pratiques arbitraires et dictatoriales du gouvernement de facto de Jovenel Moïse;

2. se mettre à l'écoute des revendications du peuple haïtien et exprimer notre solidarité avec sa lutte et son droit à l'autodétermination;

3. mobiliser la communauté haïtienne du Canada et créer des synergies avec la diaspora haïtienne à travers le monde.

Pour contacter la Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti, voir sa page Facebook ou écrire à coalitioncontredictature@gmail.com

(Photos : redfishstream)

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Au Parlement

Un procédé odieux pour légitimer la criminalisation de la parole et de l'opinion

Le 25 février, une motion a été déposée à la Chambre des communes pour « condamner l'Association canadienne pour les armes à feu (NFA) ainsi que les propos tenus par son président, Sheldon Clare, le 16 février 2021 dans une vidéo diffusée en ligne concernant la présentation du projet de loi C-21 », le projet de loi sur le contrôle des armes à feu[1].

La motion, proposée par la députée libérale Pam Damoff, a été adoptée par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Les conservateurs se sont abstenus. La motion cite des propos tenus dans une vidéo d'une heure et 12 minutes intitulée C-21 Attack on Firearms Owners qu'elle qualifie d'« extrêmement préoccupants ». La motion a été modifiée juste avant son adoption pour préciser que le Comité doit en faire rapport à la Chambre des communes, la présentant ainsi comme une question d’importance politique nationale.

La motion condamne ce que tout auditeur raisonnable considérerait comme un discours public légitime. Elle suit un procédé présentement très courant qui consiste à soulever des questions qui préoccupent la population - telles que le racisme, l'« extrémisme » et, dans ce cas-ci, les incidents de plus en plus fréquents de violence armée – à la fois pour détourner l'attention des atteintes croissantes à la liberté de parole et d'opinion et pour légitimer ces empiètements. Il semble que tout stéréotype de ce qui nous est cher, de la vertu à la tarte aux pommes, est exploité à outrance pour créer un État policier dans lequel tout propos peut être cause de criminalisation et de diffamation. La NFA est une cible facile à cause de l'étiquette de « défenseurs des armes à feu » qui lui est accolée.

La motion soulève également ce phénomène très grave que les propos et les activités politiques des Canadiens sont de plus en plus surveillés et contrôlés. Elle suscite des inquiétudes sur la manière dont les forces de sécurité invoquent la défense des « institutions démocratiques » contre de « mauvais acteurs », tant étrangers que nationaux. Qui a regardé une vidéo de 72 minutes pour dénicher ce que la députée Pam Damoff qualifie de « propos extrêmement préoccupants » ? Quand on sait que les députés sont généralement devenus de simples porte-parole très dirigés des échelons supérieurs de l'élite au pouvoir dans son ensemble et de leurs partis politiques en particulier, la motion présentée par Pam Damoff doit être vue comme faisant partie d'une campagne officielle et non pas comme un témoignage fortuit et une réaction spontanée d'une députée qui se dit scandalisée, comme on cherche à le prétendre.

Même dans ce cas, il est intéressant de noter comment la députée Damoff agit en tant que juge, jury et bourreau en rendant un verdict selon lequel le saccage du 6 janvier à Washington a été causé par le discours de Trump incitant à la violence (par opposition aux actions de, disons, la police secrète qui a conduit les Proud Boys et d'autres à faire ce qu'ils ont fait). Les lois canadiennes sont modifiées sur la base de ce genre de verdict fallacieux, bien que même le Sénat américain n'ait pas rendu ce verdict et que des opinions différentes continuent de circuler sur ce que signifie précisément le premier amendement de la Constitution américaine concernant le droit d'expression, le droit de réunion et la liberté de la presse.

La motion se lit comme suit : « Que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes condamne l'Association canadienne pour les armes à feu ainsi que les propos tenus par son président, Sheldon Clare, le 16 février 2021 dans une vidéo diffusée en ligne concernant la présentation du projet de loi C-21, dans laquelle il dit : '... nous remettre au travail du bois et des métaux et recommencer à construire des guillotines (rire). Ce serait vraiment la meilleure forme de comité de sécurité publique, de rétablir ça. S'ils veulent en faire une question de sécurité publique, c'est la voie à adopter. Le ton de voix de cette personne indiquait clairement qu'elle était sérieuse. Ce n'était pas une blague. Je ne crois pas qu'ils comprennent qu'ici, ce n'est pas la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni ou l'Australie. Le Canada est un pays composé de gens qui sont ici depuis des milliers d'années, les Autochtones, les immigrants qui ont fui l'Europe pour échapper à la tyrannie, qui ont combattu la tyrannie et [...] qui savent reconnaître la tyrannie. Et cela, mes amis, c'est de la tyrannie. »

En comité, la députée Pam Damoff a dit qu'« on recense maintenant près de 7 000 visionnements pour cette vidéo de la NFA » et que « les paroles sont importantes ». Elle a dit: « Nous avons pu voir le 6 janvier dernier aux États-Unis ce qui se produit lorsque des propos incendiaires déclenchent une insurrection et des actes de violence. Nous avons pu l'observer ici même au Canada avec cet individu qui a fait irruption sur le terrain de Rideau Hall et cet autre qui a suivi le chef du NPD Jagmeet Singh. J'ai froid dans le dos quand j'entends une tête dirigeante de la NFA parler de construire des guillotines en faisant référence au Comité de la sécurité publique. »

« Nous devons mettre un terme à de telles façons de s'exprimer et de penser qu'il est correct de parler de la construction de guillotines et d'en rire sur une tribune publique, a-t-elle ajouté. Je suis d'avis que notre Comité doit condamner ce genre de propos. »

Les propos en question apparaissent 45 minutes après le début de la vidéo qui montre quatre personnes de la NFA discutant du projet de loi C-21, de la manière dont les libéraux ont procédé à sa promulgation et des questions liées aux propriétaires d'armes à feu enregistrées qui utilisent leurs armes à des fins légitimes par rapport au problème de la violence liée aux armes à feu. Elle présente les plans de la NFA pour s'attaquer à ce qu'elle estime être un projet de loi injustifié qui porte atteinte aux droits de ses membres. Entre autres, la NFA estime que le projet de loi C-21 n'a rien à voir avec la lutte contre la violence criminelle, qu'il ne recevra pas la sanction royale avant la fin de la session actuelle de la Chambre et que les libéraux utilisent le projet de loi C-21 comme un stratagème de campagne préélectorale[2].

En réponse à cette motion, Sheldon Clare, de la NFA, a publié un communiqué de presse dans lequel il dit : « Je suis étonné que les parlementaires libéraux aient le temps de regarder notre populaire balado NFA Talk. Peut-être que le pays irait mieux si le gouvernement libéral commençait vraiment à travailler pour la population canadienne au lieu de travailler contre elle. Je suis étonné que n'importe quel Canadien soutienne toujours les libéraux après leurs nombreux scandales et leur attaque tyrannique contre le milieu des armes à feu, de l'airsoft et des armes à air comprimé – sans parler des dommages économiques causés par ce gouvernement libéral. Je ne m'excuse pour aucun des commentaires faits dans notre balado NFA Talk, que vous les aimiez ou non. Nous avons le droit de nous exprimer, du moins pour le moment. Rien de ce qui est dit ne défend la violence envers quiconque. Les permis d'armes à feu, leur enregistrement et le système de classification sont des mesures de contrôle inutiles des libéraux qui méritent d'être contestées. Le décret du 1er mai 2020 et le projet de loi C-21, qui proposent de dépouiller les gens de leur propriété obtenue en toute légalité, sont aussi inacceptables. La NFA soutient que nos solide patrimoine et culture canadiens d'utilisation d'armes à feu sont importants, et nous allons continuer à les défendre avec vigueur. »

Notes

1. Le projet de loi C-21, Loi modifiant certaines lois et apportant certaines modifications corrélatives (armes à feu), a été déposé à la Chambre des communes le 16 février. Il édicte des restrictions réglementaires sur les armes à feu précédemment instituées par un décret de mai 2020 prévoyant la saisie de plus de 1500 types d'armes différents et établissant un programme de rachat pour les particuliers qui possèdent ces armes. La NFA s'est opposée à la réglementation depuis, notamment par le biais d'une contestation judiciaire.

Le cabinet d'avocats Robichaud, spécialisé dans la défense pénale, a écrit au moment du décret : « Le gouvernement libéral a interdit plus de 1500 modèles d'armes à feu, soit environ 90 000 armes, dans le but d'interdire les 'armes d'assaut de type militaire. Historiquement, les 'armes d'assaut de type militaire', c'est-à-dire celles utilisées par les Forces armées canadiennes (FAC), en temps de guerre et dans le cadre d'activités de maintien de la paix, sont déjà inaccessibles (via le statut d'armes prohibées) depuis le 27 juin 1969, date à laquelle la loi modifiant le droit pénal a reçu la sanction royale. [...] Cette législation antérieure interdit déjà toutes les armes actuellement utilisées par les FAC, à l'exception peut-être de la C3A1, car elle ne figure pas dans le règlement sur les armes à feu prohibées du Code pénal ou dans le nouveau décret. Compte tenu de l'incapacité des Canadiens à accéder légalement à des armes à feu de qualité militaire (ou même à des armes automatiques de qualité inférieure) depuis plus de 40 ans, on ne sait toujours pas clairement quelles 'armes d'assaut de type militaire' ce décret cherche à interdire ou ce que ce terme indéfini signifie. »

Le gouvernement libéral déclare que l'objectif du projet de loi C-21 est de « lutter contre la violence entre partenaires intimes, la violence fondée sur le genre et l'automutilation, lutter contre la contrebande et le trafic d'armes à feu, aider les municipalités à créer des collectivités plus sûres, offrir des occasions et des ressources aux jeunes, protéger les Canadiens contre la violence liée aux armes à feu et assujettir les propriétaires d'armes à feu prohibées le 1er mai 2020 à des exigences d'entreposage sans permissions, s'ils choisissaient de ne pas participer au programme de rachat. »

2. Transcription donnant le contexte de la citation sur la construction de guillotines dans la motion de la députée Pam Damoff :

Sheldon Clare (président de la NFA) : « La chose que nous devons faire ici, c'est nous impliquer politiquement. Prenez vraiment cela au sérieux. Plus de ces absurdités sur la division du vote. Il s'agit de faire ou de mourir, les libéraux doivent être défaits aux prochaines élections fédérales. Guy Laverge travaille très fort pour nous pour que notre intervention soit couronnée de succès. Solomon Friedman mène l'affaire Parker c. Canada afin de nous défendre tous, mais les libéraux doivent être défaits. Voilà, c'est ça le fond du problème. Et puis nous devons faire en sorte que les conservateurs tiennent leurs promesses, leurs illusions et tout le reste et qu'ils comprennent que ce n'est pas une plaisanterie, que nous ne reculons pas, que tout doit être réglé. Ils ne peuvent pas nous jeter sous un bus. »

Charles Zach (directeur général de la NFA) : « J'aimerais aussi revenir sur ce point, car les gens sont vraiment en colère maintenant, nous ne sommes pas seulement déçus, mais ils sont furieux. Et ils veulent faire quelque chose et je reçois des courriels de gens qui me disent 'faisons une marche', 'prenons d'assaut la capitale', bla bla bla, et je leur dis 'ne perdez pas votre temps', d'accord ? 'J'ai déjà fait ça et vous savez, ça n'a eu aucun effet.' Alors ils disent 'qu'est-ce qu'on peut faire'. Et je leur dis : 'Voici ce que nous pouvons faire : nous devons rassembler les gens qui ne sont pas affiliés à nous, qui profitent du bon travail que nous faisons, et d'autres encore.' Ils doivent s'engager avec nous, ou du moins faire des dons, mais ils doivent se mettre à notre service et s'impliquer politiquement au niveau local. N'est-ce pas ? Et essayez d'élire des gens qui sont pour les armes à feu et qui s'engagent à se débarrasser de ces lois draconiennes et c'est ainsi que cela va se passer parce qu'en fin de compte, la seule façon de vaincre cela est de se débarrasser des libéraux et c'est tout, pas de marcher. »

Sheldon Clare : « J'ai eu un téléphone aujourd'hui d'une personne qui disait que nous devons nous remettre au travail du bois et des métaux et recommencer à construire des guillotines. [Rires.] Ce serait vraiment la meilleure forme de comité de sécurité publique, de rétablir ça. S'ils veulent en faire une question de sécurité publique, c'est la voie à adopter... Le ton de voix de cette personne indiquait clairement qu'elle était sérieuse. Ce n'était pas une blague. Je ne crois pas qu'ils comprennent qu'ici, ce n'est pas la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni ou l'Australie. Le Canada est un pays composé de gens qui sont ici depuis des milliers d'années, les Autochtones, les immigrants qui ont fui l'Europe pour échapper à la tyrannie, qui ont combattu la tyrannie et qui savent reconnaître la tyrannie. Et cela, mes amis, c'est de la tyrannie. »

Charles Zach : « Amen, mon frère. »

(Photos : LML, Anonymous Edmonton)

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L'inflation de la menace compromet
la liberté d'expression

Le 17 février, l'Association canadienne pour les armes à feu (NFA) a enregistré un podcast critiquant le projet de loi en cours d'adoption du gouvernement libéral du Canada sur le contrôle des armes à feu, auquel la NFA est fermement opposée. Au cours de ce podcast, le président de la NFA, Sheldon Clare, qui vit à Prince George, en Colombie-Britannique, a qualifié le projet de loi libéral de « tyrannique ».

De plus, Sheldon Clare a raconté en plaisantant une conversation qu'il avait eue précédemment avec un partisan anonyme de la NFA qui « a suggéré que nous devrions nous remettre à travailler le bois et les métaux et recommencer à construire des guillotines ». Il a ajouté que « Ce serait vraiment la meilleure forme de comité de sécurité publique, de rétablir ça ».

Depuis, les médias ont rapporté que le sergent d'armes de la Chambre des communes a été alerté à ces commentaires et pressé de « considérer ces propos dans le contexte où plusieurs menaces ont été faites contre des députés au cours de l'année dernière ». En outre, la Commission permanente de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes a adopté une motion condamnant les commentaires de Sheldon Clare, les qualifiant de propos « préoccupants » pouvant « conduire à la violence », en particulier à la lumière de la récente prise d'assaut du Capitole de Washington par les partisans de Donald Trump et des menaces contre certains députés.

En réponse à cette critique, le président de la NFA a nié que ses commentaires prônaient la violence. « J'ai simplement rapporté des commentaires de personnes en colère qui ont un vrai problème avec la tyrannie, a-t-il dit. Et je pense que la vertueuse gauche libérale a un problème avec le fait d'être traitée de tyrans. »

À mon avis, la question dans toute cette affaire n'est pas de savoir si nous soutenons la position de la NFA ou celle du Parti libéral sur le contrôle des armes. Il ne s'agit pas non plus de savoir si nous nous situons à gauche, à droite ou au centre du spectre politique. Ni si nous sommes d'accord ou non avec les propos de Sheldon Clare ou de la personne non nommée qu'il citait.

La question concerne plutôt la liberté d'expression qui, selon beaucoup, est aujourd'hui attaquée sur plusieurs fronts. Quelqu'un croit-il sérieusement que la personne non nommée préconise la construction d'une guillotine à l'extérieur du Parlement pour exécuter les députés ? Il s'agit clairement d'une exagération délibérée, d'une hyperbole comme en font souvent des électeurs en colère qui disent que tel ou tel politicien ou fonctionnaire devrait être « pendu », « fusillé » ou « goudronné et emplumé ».

Je dirais que de tels propos ne constituent pas un appel à commettre un acte criminel ou une menace pour la sécurité. Prétendre autrement, c'est placer le discours politique, avec ses propos souvent intempestifs et crus, sous la coupe des pouvoirs de police, menaçant les droits civils des individus, notamment la liberté d'expression.

Ce n'est pas un problème mineur de nos jours. En effet, l'appareil de sécurité de l'État de différents pays, dont le Canada et les États-Unis, a déjà introduit ou envisage d'introduire des mesures encore plus répressives et sévères pour restreindre ou attaquer les droits des personnes, tout cela au nom de la protection contre « l'extrémisme » qui se résume souvent à la simple critique du gouvernement et de ses institutions.

En outre, les grandes entreprises de technologie des médias sociaux, comme Facebook et Google, qui sont des organisations privées, censurent et bannissent arbitrairement des individus et des organisations de tout l'éventail politique en invoquant la « politique identitaire » ou l'« ingérence étrangère » comme prétexte.

Dans ce contexte, l'inflation de la menace devient elle-même une menace[1].

Note

1. « L'inflation de la menace repose généralement sur une déformation des faits, ou sur leur représentation de la manière la plus alarmante possible. » (The American Conservative, 20 juin 2016)

(Sources : Global News. Photos : LML)


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Des crimes commis au nom du bien commun

Les révélations de l'enquête Mitting
sur l'étendue de l'infiltration policière
en Grande-Bretagne

Le déroulement de l'« Enquête sur les activités clandestines de la police » (UCPI), présidée par le juge à la retraite Sir John Mitting, qui se déroule en ce moment en Grande-Bretagne, confirme les crimes nombreux qui ont été perpétrés par la police secrète de Grande-Bretagne contre les militants sociaux et politiques et pour lesquels la police n'a jamais eu à rendre de comptes. L'enquête a pour mandat d'examiner les crimes commis depuis la guerre du Vietnam. Comme les activités de la police secrète sont, par définition, considérées comme étant légitimes afin de préserver l'état de droit et l'empire, l'enquête Mitting se tient sous l'égide du matériel de pensée de l'empire britannique selon lequel tout a été fait pour le bien commun et, « tout bien considéré », tout a été « une bonne chose ».

L'enquête Mitting a commencé à entendre des témoins le 2 novembre 2020, mais elle a été en fait lancée en 2014 par la secrétaire d'État à l'Intérieur de l'époque, Theresa May. Elle a lancé l'enquête après qu'il a été révélé que la police avait surveillé de manière secrète la campagne pour la justice au sujet du meurtre à motivation raciste du jeune noir Stephen Lawrence en 1993. L'objectif de l'opération secrète était de discréditer la campagne et d'exonérer le Service de la police métropolitaine (MPS), la police de Londres, de toute responsabilité de « racisme institutionnel ».

Les révélations qui ont été mises en lumière en 2013 ont démontré que quatre policiers infiltrés avaient été chargés de fournir du « renseignement » sur les campagnes pour la justice en lien avec le décès de Stephen Lawrence. La fourniture de « renseignement » consistait à amasser de la « boue » et de la « désinformation » qui pourraient être utilisées pour discréditer les membres de la famille Lawrence et ses sympathisants.

Globalement, l'enquête doit examiner le déploiement d'environ 150 agents infiltrés qui ont espionné et infiltré plus de 1000 groupes politiques pendant environ quarante ans. La preuve remonte à la période de 1968, lorsque l'Escouade spéciale pour les manifestations (SDS) a été créée pour infiltrer et saper le mouvement contre la guerre du Vietnam.

Visiblement, la création de l'enquête publique a ouvert la voie à des révélations sur l'« entière étendue » de l'activité policière clandestine. Elle ne couvre pas, cependant, les actions des « policiers espions » menées à l'extérieur de l'Angleterre et du Pays de Galles bien que ces policiers aient été actifs dans près de 20 pays lorsqu'ils ont été déployés. En particulier, les activités perfides de l'État britannique en Irlande ne font pas partie du mandat de l'enquête, sans parler de l'Inde, de la Grèce, du Kenya et d'autres parties de l'empire britannique et du reste du monde.

Aucune date n'a été fixée pour la fin de l'enquête, mais on s'attend à ce qu'elle se termine vers 2026. Deux unités d'activités policières clandestines – le SDS et le National Public Order Intelligence Unit (NPOIU) – occupent une place prépondérante dans l'enquête dont le travail ne se limite pas à ces unités, lit-on sur le site Web de l'UCPI.

Entre 2014 et 2020, malgré les demandes de la famille Lawrence et des militants de la campagne pour la justice, le voile sur l'étendue de la responsabilité des plus hauts échelons du pouvoir en Grande-Bretagne a été une source continuelle de frustration. Voici ce qu'a dit l'avocat de la famille Lawrence lors de sa déclaration liminaire en novembre de l'année dernière :

« Il faut examiner dans quelle mesure Sir Paul Condon [le commissaire de la police métropolitaine à l'époque] était au courant et/ou a autorisé les activités d'espionnage. En fait, l'enquête ne doit pas s'arrêter au niveau du commissaire parce que l'activité policière était, jusqu'à récemment, la responsabilité du Secrétaire d'État à l'Intérieur, ce qui peut expliquer pourquoi, peu après que l'enquête a été annoncée, un ancien secrétaire d'État à l'intérieur ait rencontré la baronne Lawrence et nié toute connaissance et toute implication dans cette affaire. »

Effectivement, les procédures ont débuté par un déni général que « le personnel du SDS n'a pas infiltré ou ciblé les campagnes pour la justice (y compris celle des Lawrence) ».

Les activités des « policiers espions » n'en sont pas moins indéniables. Tout l'effort de l'enquête Mitting a donc été de garder secrètes le plus d'informations possibles. Malgré sa désignation d'« enquête publique », la diffusion en direct des procédures a été limitée sous prétexte que cela posait un « risque à la sécurité ». Alors que les procédures sont en cours, il devient de plus en plus clair que l'enquête risque d'aller à l'encontre de ses propres objectifs, soit de « découvrir la vérité sur l'activité policière clandestine en Angleterre et au Pays de Galles depuis 1968 et de faire des recommandations pour l'avenir ». Cet objectif provient du mandat originel de l'enquête, lorsque Theresa May a dit que l'enquête doit examiner « les défaillances historiques » et que « toute allégation que la police a fait un mauvais usage de son pouvoir [activité policière clandestine] doit être prise au sérieux ».

En d'autres termes, et cela n'est pas surprenant, l'enquête Mitting se limite à tracer la ligne entre une utilisation légitime et une utilisation abusive des pouvoirs de la police au lieu de lever le voile sur la vérité concernant la façon dont ces pouvoirs de police sont et ont été fondamentaux dans les tentatives de l'État de désorienter et d'écraser les mouvements populaires. Leur utilisation même est synonyme d'abus, ce que l'enquête cherche à dissimuler. En outre, l'enquête vise à faire en sorte que les personnes qui autorisent l'utilisation clandestine de ces pouvoirs de police soient encore moins obligées de rendre des comptes.

Comme l'a souligné l'avocat de la famille Lawrence, ce qui se passe ressemble plutôt à une enquête secrète dans laquelle un agent après l’autre se cache derrière un pseudonyme et un écran.

L'étendue de l'activité des espions est déjà de notoriété publique. L'avocat du tribunal, David Barr, l'a noté en énumérant ce que les agents ont fait pendant leur infiltration :

- ils ont séduit plus de 30 femmes pour entretenir avec elles des relations intimes à long terme;
- ils ont eu des enfants avec les militantes qu'ils espionnaient;
- ils ont volé l'identité d'enfants décédés pour créer une couverture convaincante;
- ils ont trompé les familles en deuil et ont tenté de les empêcher d'apprendre la vérité;
- ils ont sapé les campagnes antifascistes, antiracistes, environnementales et autres campagnes pour la justice sociale;
- ils ont été à l'origine de l'inscription sur une liste noire de milliers de travailleurs qui réclamaient des conditions de travail sécuritaires ou étaient politiquement actifs.

La première phase de l'enquête portant sur la période 1968-1972 s'est achevée en 2020. Les prochains témoignages seront entendus à partir d'avril ou de mai.

Équipe spéciale de manifestations

Après la manifestation contre la guerre du Vietnam en mars 1968 sur la place Grosvenor, où se trouvait alors l'ambassade des États-Unis, et au cours de laquelle la police à cheval a violemment attaqué les manifestants, la Branche spéciale a créé le SDS qui a profondément infiltré le mouvement, et dont les agents vivaient comme des militants parmi différents groupes contre la guerre. Le champ d'action du SDS s'est rapidement étendu et il a commencé à s'intéresser à tous les cas de soi-disant perturbations et menaces à l'ordre public. Il a également fourni des renseignements sur la « subversion » au MI5, le « service de sécurité » national du Royaume-Uni.

Le MI5 et le Home Office

Un des avocats de la police, Oliver Sanders, qui représente 114 agents infiltrés, a fourni les informations suivantes à la Commission d'enquête :

- Le MI5 et les policiers espions étaient si proches que le MI5 a envisagé de financer le SDS.
- Ils se sont concertés pour s'assurer qu'ils ne faisaient pas double emploi en matière d'espionnage, ce qui aurait pu entraîner qu'ils s'espionnent les uns et des autres.
- Le MI5 a conseillé les policiers espions du SDS et a demandé des informations spécifiques.
- Une copie de la plupart des rapports de renseignement du SDS a été envoyée au MI5 avec les numéros de référence des dossiers des personnes ou des groupes.
- Le SDS était « un rouage politiquement neutre faisant partie d'un appareil beaucoup plus vaste ».

Les revendications des avocats de la police

Richard Whittam, représentant un groupe de policiers infiltrés et leurs officiers traitants, a déclaré à propos de l'activité « abusive, trompeuse, manipulatrice et inadmissible » des agents infiltrés espions qui ont trompé des femmes dans leurs relations, que, néanmoins, les agents infiltrés qui commettent des crimes sont essentiels à la sécurité nationale et à la prévention d'autres crimes et à la détection de personnes pouvant commettre des crimes.

Ce raisonnement a actuellement force de loi en raison du projet de loi sur les sources de renseignement humain (comportement criminel) présenté au Parlement britannique, qui est en passe de recevoir la sanction royale. La nouvelle loi autorise les activités criminelles, y compris le meurtre, le viol, la torture, la perversion du cours de la justice et tous les autres crimes commis par des agents de police infiltrés et d'autres services de renseignement. Elle confirme que les pouvoirs de la police ne sont pas qu’une simple question de forces policières particulièrement zélées, mais qu'il s'agit en fait de pouvoirs arbitraires du pouvoir exécutif et du judiciaire dans les domaines de la guerre et de la paix, du crime et de la punition et de toute autre question qui relève de leur compétence. La conclusion de la Commission d'enquête est que même les « abus » de la loi sont acceptables parce qu'ils sont faits pour « le bien commun ».

La justification entendue lors de l'enquête concernant l'assassinat par la police de Kevin Gately et Blair Peach lors d'une manifestation dans les années 1970 était particulièrement choquante et atroce. Selon les policiers qui ont comparu à l'enquête, il y aurait eu plus de morts et de blessés si les policiers infiltrés n'avaient pas veillé à ce que les manifestations soient correctement contrôlées.

Le vol de l'identité d'enfants décédés aurait été « regrettable, mais nécessaire pour prévenir le risque d'exposition ». Cela fait écho aux justifications avancées à la Chambre des communes pour légaliser les actes criminels des agents infiltrés pour empêcher qu'ils ne soient démasqués.

Les arguments avancés lors de l'enquête reprennent le thème récurrent et sous-jacent que ce sont les tendances violentes des manifestants qui posent problème. Les preuves de la Campagne d'opposition à la surveillance policière (COPS) concernant le meurtre de Blair Peach ont montré que lorsque « l'unité de police responsable du meurtre de Peach a fait fouiller ses casiers, les armes trouvées comprenaient un pied-de-biche, une cosse en métal, un manche de fouet, une crosse, un manche en laiton, des couteaux, des matraques à l'américaine, un fouet de rhinocéros et un manche de pioche ». Ces preuves exposent les motifs de l'enquête qui sont de détourner les projecteurs des actions de la police et de blâmer leurs victimes.

Michael Chant est le secrétaire général du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste).

(Photos: Workers' Weekly)

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États-Unis : c'est le peuple qui décidera de ce qui est juste

Aucune accalmie dans
les manifestations populaires

La présence militaire massive à Washington lors de l'assermentation de Joe Biden en tant que président des États-Unis, l'accroissement du financement de la police et le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes des États-Unis n'ont pas empêché le peuple américain de parler en son propre nom pour réclamer l'affirmation de ses droits. Depuis l'assermentation, des activistes, organisations de défense et communautés ont organisé une foule d'activités, signe que le peuple rejette l'idée que ses droits seront garantis par l'administration Biden et la vice-présidente Kamala Harris, qui fait valoir qu'elle était procureure simplement pour réconcilier le peuple avec le pouvoir de ses oppresseurs. Les Américains persistent à soulever les problèmes auxquels ils sont confrontés à tous les jours, c'est-à-dire la protection contre le virus de la COVID-19, les impacts dévastateurs de l'offensive antisociale contre l'économie pour payer les riches, la dignité des migrants et de tous les travailleurs essentiels, le droit au logement pour tous, la revendication que cessent la brutalité et l'impunité policières et la discrimination raciale organisée et inspirée par l'État.

Alors que le procès de Derek Chauvin – un des ex-policiers accusés dans le décès de George Floyd le 25 mai 2020 – est imminent, le triste anniversaire du meurtre d'Ahmaud Arbery en Géorgie a été souligné par des vigiles et des manifestations partout au pays. Ahmaud a été poursuivi et tué alors qu'il faisait son jogging par un policier à la retraite et son fils dans un acte de profilage racial et de vigilantisme. Ce n'est qu'après 74 jours d'intenses pressions que les tueurs ont été arrêtés.


Manifestation à Portland, Oregon, le 23 février 201, à l'occasion du premier
anniversaire de la mort d'Ahmauda Arbery aux mains de la police. À droite : manifestation à Rochester, New York, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Daniel Prude aux mains de la police en mars 2020.

La ville de Rochester, dans l'État de New York, s'est à nouveau enflammée le 23 février à la suite de l'annonce qu'aucune accusation ne serait portée contre l'un des policiers qui ont participé à l'arrestation de Daniel Prude. Il y a environ un an, la police de Rochester a répondu à un appel de détresse concernant Daniel. Ils ont procédé à son arrestation, lui ont couvert la tête d'une cagoule « anti-crachats » et l'ont retenu au sol. Il a cessé de respirer pendant un moment durant l'arrestation et est décédé à l'hôpital une semaine plus tard.

Manifestation à Washington à l'occasion du premier anniversaire
de la mort d'Ahmauda Aubery

Aussi à Rochester, le 1er février, des manifestations ont immédiatement éclaté à la suite de la publication d'images captées par une caméra corporelle le 29 janvier d'une fillette de 9 ans passée aux menottes, forcée de s'asseoir dans une auto patrouille et arrosée de poivre de Cayenne. On rapporte qu'il y a eu un appel au 911 pour « troubles familiaux » et que la jeune fille était suicidaire. Une manifestation a été appelée immédiatement par le groupe Community Justice Initiative à 15 h 30 le même jour.


Manifestation à Rochester le 1er février 2021 après qu'une jeune fille de 9 ans ait été menottée, jetée dans une auto-patrouille et aspergée de poivre de Cayenne

Les manifestations contre le racisme et la brutalité policière se sont poursuivies sans relâche. New York City Protest Updates rapporte que le 21 janvier un recours collectif historique a été déposé contre la police de New York et tous les législateurs de la Ville de New York pour abus violent et violation systématique du Premier Amendement contre les manifestants de Black Lives Matter au cours de l'année passée. Le recours ajoute une demande d'injonction et de réparations collectives aux poursuites entamées par la procureure générale de New York Letitia James.



Action contre la brutalité policière à Los Angeles le 26 février 2021


Manifestation contre le racisme à New York le 20 février 2021


Une manifestation à Washington le 27 janvier 2021 marque le 4e anniversaire de
l'« interdiction des musulmans ».

Des actions en appui aux travailleurs migrants et immigrants, contre la détention et les expulsions et appelant à l'abrogation du U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE) se poursuivent dans plusieurs villes. Le 5 février, des actions ont eu lieu à El Paso, au Texas, contre le mur frontalier. Il y a eu plusieurs actions à New York à la défense de la dignité pour les travailleurs migrants essentiels. Le 1er mars, il y a eu une manifestation devant l'ambassade d'Haïti pour exiger la fin des expulsions et de l'ingérence américaine en Haïti.


Manifestation à l'ambassade d'Haïti à New York le 1er mars 2021

Manifestation contre les expulsions à New York le 15 février 2021

Manifestation contre l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) anti-immigrant
à New York le 6 février 2021


Manifestation à la frontière à El Paso, au Texas, le 5 février 2021

Des actions ont lieu le premier de chaque mois pour exiger que cessent les évictions et demander un moratoire sur les loyers ou leur annulation pure et simple alors que l'itinérance continue d'augmenter à cause de la mauvaise gestion de la pandémie et des graves conséquences de l'offensive antisociale. Les campements de sans-abris continuent d'être protégés par des activistes et la communauté alors que la police et les municipalités tentent de forcer les gens à quitter les lieux et de raser les campements au bulldozer. Plus de 300 repas ont été distribués aux victimes d'itinérance au parc Abolition, dans la ville de New York.


Manifestation contre les évictions à Kansas City le 1er janvier 2021 (à gauche) et campagne pour le logement à Dallas, au Texas, également le 1er janvier 2021


Plus de 300 repas sont distribués aux sans-abris dans le parc Abolition, à New York, le 19 février 2021

La revendication d'un changement de direction de l'économie revêt de nombreuses formes. Des actions partout au pays ont été organisées en appui aux travailleurs d'Amazon en Alabama qui luttent pour le droit de se syndiquer. Plusieurs communautés exigent un salaire minimum de 15 dollars l'heure et la dignité pour les travailleurs essentiels de l'alimentation. Une manifestation a eu lieu le 1er février sur Wall Street pour exiger que les riches soient taxés. Le 10 février, des chauffeurs de taxi ont bloqué le Brooklyn Bridge pour exiger des mesures d'aide pour les dettes encourues pour l'obtention d'un permis.



Photo du haut: rassemblement en appui aux travailleurs d'Amazon à Birmingham, en Alabama, le 6 février 2021. Photo du bas: rassemblement à New York le 20 février 2021



Les chauffeurs de taxi de la ville de New York ferment le pont de Brooklyn le 10 février 2021.

Des manifestants ont mené des actions contre la ligne 3 de l'oléoduc Enbridge. Des actions ont eu lieu devant la Chase Bank pour exiger de celle-ci qu'elle annule un prêt de 2,2 milliards de dollars destinés au projet. Les défenseurs de l'eau ont sans cesse entravé la production en occupant des chantiers de construction ou en s'enchaînant à de l'équipement. Le 3 mars 1991, le tout premier oléoduc de la ligne 3 d'Enbridge a été la cause du plus grand déversement terrestre en Amérique du Nord – 1,7 million de gallons de bitume brut ont pollué la rivière Prairie, un affluent de la rivière Mississippi. Pour commémorer cette tragédie et poursuivre leur résistance à la nouvelle ligne 3, les défenseurs de l'eau se sont rassemblés près des lieux du déversement.

Manifestations contre la ligne 3 du pipeline Enbridge au Minnesota en février et mars

(Photos: T. Longway, S. Dowd, B. Gutenschwage, S. Chun, A. Iwataki, J. Burns, A. Marinaccio, CPD Action, N. Aristizabal, theAfroLegalise, Black Alliance for Peace, The Indypendent, bbuuddii, BAmazon Union, NYC Protest Updates, NY Taxi Workers, Giniw Collective, Resist Line 3, Unicorn Riot)

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L'impunité policière est une conséquence
de l'arrêt Dred Scott

Avec le procès de Derek Chauvin, un de ceux responsables de la mort George Floyd, la question des morts aux mains des policiers sur une base raciste et leur impunité est présente dans l'esprit de plusieurs. Il est largement reconnu que même si dans ce cas il y a une condamnation, les problèmes du racisme d'État subsisteront, y compris la brutalité policière et les meurtres, l'incarcération de masse raciste, l'inégalité dans l'emploi, le logement, l'éducation et le manque de responsabilité.

La décision récente de ne pas porter d'accusation pour la mort de Daniel Prude aux mains de la police à Rochester, New York – un autre Afro-Américain retenu au sol et étouffé, cette fois avec un sac sur la tête, dont le décès a été déclaré un homicide – met en évidence que la grande majorité de ces morts aux mains de la police restent impunies. Même la procureure générale de New York a admis que les lois actuelles sur la force meurtrière, qui accordent l'immunité à la police, « ont créé un système qui a complètement et abjectement failli en ce qui concerne M. Prude et tant d'autres avant lui ». Elle a déclaré qu'une réforme sérieuse du « système de justice pénale dans son ensemble » était nécessaire.

Ce n'est pas un problème d'individus racistes, mais de tout un système raciste qui est inégal de haut en bas. Cette réalité fait partie des conséquences de l'arrêt Dred Scott, la décision de la Cour suprême du 6 mars 1857 rendue peu avant le déclenchement de la guerre civile en 1860. L'arrêt dit essentiellement que les Afro-Américains n'ont aucun droit et peuvent être sommairement réduits en esclavage et exécutés sans qu'ils aient droit à quelque recours devant les tribunaux.

Dred Scott était un esclave qui a été emmené par son propriétaire d'esclaves pour résider dans l'État non esclavagiste de l'Illinois et dans ce qui était alors le territoire du Wisconsin où le compromis du Missouri de 1820 interdisait l'esclavage. Scott a vécu au Wisconsin avec son propriétaire d'esclaves pendant plusieurs années, avant d'être contraint de retourner avec lui dans le Missouri, un État esclavagiste. Le propriétaire d'esclaves, le Dr John Emerson, est décédé. Scott a alors poursuivi sa veuve pour obtenir sa liberté au motif qu'il avait vécu en tant que résident d'un État et d'un territoire libres. Il a gagné son procès devant un tribunal inférieur, mais la Cour suprême du Missouri a infirmé la décision. Scott a fait appel de cette décision. À cette époque, son nouveau propriétaire, J.F.A. Sanford, était un résident de New York. Bien qu'il s'agissait d'un État non esclavagiste, Scott était toujours considéré comme sa propriété. L'affaire a finalement été portée devant la Cour suprême.

L'affaire s'est déroulée à un moment où une bataille acharnée se développait pour savoir si de nouveaux États qui entraient dans l'Union pourraient permettre au système de travail asservi d'exister. La lutte reflétait à la fois le compromis avec l'esclavage inscrit dans la Constitution et la bataille qui s'annonçait entre la puissance esclavagiste et tous ceux qui en faisaient partie, comme les expéditeurs du Nord, et le pouvoir et le règne de ceux qui faisaient appel au système du « travail libre ». Cette lutte a éclaté en guerre civile violente en 1860. La décision Dred Scott de 1857 avait pour but de prévenir la guerre tout en maintenant le statut des Afro-Américains en tant que non-personnes sujettes à la mort civile.

Scott a soutenu devant la Cour suprême qu'il devrait pouvoir intenter une action en justice pour sa liberté et la faire reconnaître légalement. Le tribunal a statué qu'en tant qu'Afro-Américain, il ne pouvait en aucun cas avoir son mot à dire devant le tribunal. Selon le tribunal, il n'avait aucun statut en tant qu'être humain et ne pourrait jamais en avoir - son statut était celui d'être civilement mort. Selon eux, sa cause ne pouvait même pas être entendue car il n'avait aucun statut, aucun recours juridique.

La base est la même en ce qui concerne les exécutions aux mains de la police – que votre cas ne sera jamais entendu. La mort civile aux États-Unis pour les Afro-Américains signifie littéralement la mort de centaines de personnes chaque année. Alors que plusieurs affirment que Dred Scott a été résolu pendant la guerre civile et les XIIIe et XVe amendements à la Constitution qui ont suivi, la réalité demeure que les exécutions sommaires par la police sont considérées comme légitimes et les victimes sont sujettes à la mort civile; elles sont considérées comme « en dehors de la loi », c'est-à-dire des « hors-la-loi », ce qui en fait des « proies faciles ».

Aujourd'hui, des arguments sont mis de l'avant selon lesquels le problème vient de quelques policiers ou groupes de suprémacistes blancs. Cela détourne l'attention du problème principal qui est que la sécurité nationale des États-Unis est basée sur le pouvoir de police, un gouvernement de pouvoirs de police. Ceux qui sont exécutés n'ont aucun statut. Quels que soient les droits civils qui étaient présumément les leurs à un moment donné ou qu'ils étaient censés avoir, et quels que soient les arguments en faveur des droits civils, ceux-ci sont en train d'être éliminés au nom de la sécurité nationale.

Un autre argument qui est mis de l'avant pour détourner l'attention du coeur de la question est l'affirmation selon laquelle la mort de George Floyd aux mains de la police est un enjeu particulier lié à la police et non à un arrangement constitutionnel fondamental soutenu par le cas Dred Scott et depuis, avec son compromis entre la démocratie et l'oligarchie financière aux dépens du peuple. Ou comme l'a dit James Madison dans ses arguments en faveur de la Constitution, qu'il a appelés la défense de l'oligarchie contre la « populace », la majorité, ceux qui sont sans propriété. De toute évidence, sur la base d'un précédent de la Cour suprême, les dirigeants peuvent prétendre qu'ils ne suivent plus l'arrêt Dred Scott, mais l'histoire et l'expérience du peuple disent quelque chose de différent. La conséquence de Dred Scott signifie qu'un grand nombre de personnes se voient refuser à perpétuité l'égalité devant la loi.

Comme les gens de Minneapolis, Rochester, Portland, Seattle, Louisville, Washington et partout aux États-Unis l'ont répété à maintes reprises, « Assez c'est assez ! » Nous avons atteint la limite et notre combat est pas de compromis avec l'oligarchie financière. Notre combat est pour la démocratie et pour investir le peuple du pouvoir, où tous les membres de la société sont égaux en vertu de leur appartenance, leurs droits sont garantis et ceux qui les violent sont tenus de rendre des comptes.

Pas d'accusations portées dans le cas de la mort de Daniel Prude aux mains de la police sur une base raciste

Aucune accusation ne sera portée pour la mort d'un homme de New York qui a été vu sur des images de la caméra du policier, retenu au sol et étouffé, avec un sac sur la tête.

La procureure générale de New York, Letitia James, a annoncé le 23 février qu'un grand jury avait voté pour ne mettre en accusation aucun des policiers de Rochester impliqués dans la mort aux mains de la police de l'Afro-américain Daniel Prude le 30 mars 2020. Comme dans le cas de plusieurs autres morts aux mains de la police, Prude était en proie à une crise de santé mentale. Il était dehors en hiver sans vêtements et clairement sans armes. Plutôt que de l'aider de manière non violente, la police l'a cloué au sol avec un sac sur la tête et l'a maintenu ainsi. Des images de la caméra corporelle, publiées non par des policiers, mais par la famille de Prude en septembre 2020, l'ont montré semblant perdre connaissance alors qu'il était épinglé au sol. Les policiers l'ont finalement étouffé, comme cela s'est produit avec Eric Garner, George Floyd et d'autres. La mort de Prude a été qualifiée d'homicide, mais, comme d'habitude, aucune accusation n'a été portée contre la police.

La procureure générale Letitia James a admis que la mort aux mains de la police n'était pas justifiée et que le système avait échoué en ce qui concerne Daniel Prude et plusieurs autres. Elle a déclaré : « Daniel Prude était en proie à une crise de santé mentale et ce dont il avait besoin, c'était de la compassion, des soins et de l'aide de professionnels qualifiés. Au lieu de cela, tragiquement, il n'a reçu aucune de ces choses ». Elle a ajouté que les lois actuelles sur la force meurtrière - qui accordent l'immunité aux policiers qui prétendent, sans preuve, que leur vie était menacée - « ont créé un système qui a complètement et abjectement échoué en ce qui concerne M. Prude et tant d'autres avant lui ». Elle a dit qu'une réforme sérieuse était nécessaire sur « le système de justice pénale dans son ensemble ».

Étant donné les morts continues aux mains de la police sans inculpation dans la grande majorité des cas et encore moins de condamnations, peu de gens pensent que les paroles de James se traduiront par des actes ou que le gouvernement à quelque niveau que ce soit soutiendra les changements exigés. Ceux-ci comprennent le contrôle communautaire de la police et des budgets, le définancement et la démilitarisation, la suppression des lois sur la force meurtrière et la responsabilité de haut en bas, la fin de la criminalisation des manifestations et de la pauvreté. La résistance a montré que la justice et l'égalité viendront du peuple qui aura le pouvoir de décider.

Kathleen Chandler est la secrétaire générale de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis.

(Photos : ShawnInArizona, S. Levine)

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Ouverture du procès du policier qui a tué George Floyd à Minneapolis


Manifestation à Minneapolis quelques jours après que George Floyd a été tué, le 28 mai 2020

Le procès de l'ancien officier de police de Minneapolis Derek Chauvin pour la mort de George Floyd aux mains de la police, le 25 mai 2020, doit débuter le 8 mars. Il est accusé de meurtre au deuxième degré et d'homicide involontaire, ce qui le rend passible d'une peine de 40 années de prison. Des vidéos et des photos montrent l'assaut brutal qui a causé la mort de George Floyd, alors que Derek Chauvin tient son genou sur le cou de George Floyd pendant neuf minutes et que celui-ci, en train d'agoniser, crie « je ne suis pas capable de respirer ».

Plusieurs considèrent qu'une accusation de meurtre au premier degré, qui requiert l'intention, serait appropriée étant donné que Chauvin a persisté même après que Floyd soit devenu silencieux et ait arrêté de respirer. Deux autres officiers ont aidé à le maintenir couché sur le ventre alors qu'un autre gardait à distance les gens qui demandaient que cesse cet assaut brutal. La Cour d'appel de Minnesota a statué le 6 mars qu'une cour inférieure doit reconsidérer l'ajout d'une accusation de meurtre au troisième degré contre Chauvin. Cela pourrait reporter le début du procès.

Dans le cadre du mouvement national actuel pour réclamer la justice et la responsabilité, des manifestations réclamant justice pour George Floyd ont été organisées dans au moins 17 États le samedi 6 mars, dont la Californie, la Floride, la Géorgie, le Massachusetts, New York, l'Ohio, l'Oregon, le Texas, Washington et le Wisconsin. Des dizaines d'organisations travaillent ensemble à Minneapolis pour organiser des rassemblements et des actions similaires devant le palais de justice du comté de Hennepin.

En dépit de la présence massive de la police, les manifestants planifient de mener des actions pendant le procès, qui pourrait durer jusqu'en avril. Leurs revendications, comme c'est le cas de celles mises de l'avant dans chaque ville, ne visent pas uniquement à ce que les procureurs plaident de façon à faire condamner Chauvin. Leurs revendications visent à ce que les gens aient un contrôle beaucoup plus grand sur les budgets et les départements de la police, ce qui comprend le définancement et la démilitarisation; l'élimination du racisme du gouvernement en ce qui concerne l'incarcération de masse et l'activité policière à tous les niveaux; la punition de toute violence et toute mort aux mains de la police et l'élimination de l'immunité policière pour ces morts, alors que les policiers déclarent souvent qu'ils « pensaient » que leur vie était en danger; et une entière responsabilité pour garantir l'égalité pour tous. Plusieurs débats ont lieu au sujet de ce qu'est la sécurité pour le peuple, laquelle comprend l'élimination de la pauvreté, les soins de santé, le logement et la défense des droits de tous.

Alors que les gens prennent position pour les droits et réclament justice, les représentants de Minneapolis ont transformé la ville en une zone de guerre encore plus militarisée que ne l'a été le Capitole à Washington, pendant et après la cérémonie d'investiture de Joe Biden comme président. Environ 3 000 membres de la Garde nationale, lourdement armés, occupent le centre-ville. Des véhicules militaires et des soldats armés surveillent les points de contrôle, restreignent l'entrée dans la ville et essaient d'empêcher par la force les gens de se rassembler et de manifester.

Les employés de bureau du centre-ville de Minneapolis ont reçu l'ordre de ne pas se rendre au travail pendant toute la durée du procès.

On rapporte que le gouverneur du Minnesota Tim Walz a mis de côté un montant de 4,2 millions de dollars à être dépensé immédiatement pour ajouter à la présence policière dans la ville de Minneapolis et un montant additionnel de 35 millions pour payer pour le renforcement de la présence militaire pendant le procès afin d'« étouffer l'agitation » selon les mots des médias américains.

Les accusations initiales ont provoqué une forte vague de protestation

Le lendemain de la mort de George Floyd, le département de la police de Minneapolis a congédié les quatre officiers impliqués. Le 29 mai, le procureur du comté de Hennepin, Mike Freeman, a accusé Chauvin uniquement de meurtre au troisième degré et d'homicide involontaire, ce qui a provoqué une forte vague de protestation. Dès ce moment-là, les gens ont réclamé des accusations de meurtre au premier degré et ils le demandent encore.

Face aux manifestations grandissantes à l'échelle des États-Unis contre le racisme policier et les morts aux mains de la police et pour la justice, le 3 juin, les procureurs du comté de Hennepin ont ajouté l'accusation plus sérieuse de meurtre au deuxième degré contre Derek Chauvin. Ils ont aussi porté des accusations contre les trois anciens officiers – Thomas Lane, J. Alexander Kueng et Tou Thao – mais seulement celles d'avoir aidé et encouragé un meurtre au deuxième degré.

Si une mort semblable s'était produite impliquant un groupe de civils, il est plus que probable que des accusations de meurtre au premier degré auraient été portées contre tous les officiers. C'est ce que réclame le peuple non seulement dans le cas de George Floyd, mais dans tous les cas semblables de morts aux mains de la police partout où cela se produit.

Alors qu'un juge avait accepté initialement de tenir un seul procès pour les quatre accusés, une décision récente a fait en sorte que Derek Chauvin subira son procès seul en mars et que les trois autres officiers impliqués dans la mort violente de George Floyd subiront leur procès en août. La raison qui a été donnée est l'espace restreint qui existe dans la salle d'audience en raison de la COVID-19. Compte tenu du fait que la même situation existait lors du jugement précédent, il semble que la décision représente une tentative de permettre une condamnation de Chauvin et de porter des accusations moins sérieuses ou pas d'accusation du tout contre les autres.

Le procureur général du Minnesota Keith Ellison, qui dirige la poursuite, a émis une déclaration dans laquelle il exprime son désaccord avec la décision de la cour de tenir des procès séparés :

« Nous exprimons respectueusement notre désaccord avec la décision de la cour de séparer les trois accusés de l'autre, et avec sa décision sur la date des procès.... », a dit Keith Ellison dans sa déclaration. « Comme nous l'avons fait valoir il y a plusieurs mois, et comme le juge l'a lui-même indiqué dans son jugement en novembre, nous croyons que les quatre accusés devraient subir un procès commun. La preuve contre chacun des accusés est similaire et les procès multiples pourraient renouveler le traumatisme des témoins oculaires et des membres de la famille et accroître de façon non nécessaire le fardeau sur l'État et la cour et faire courir le risque de porter préjudice aux équipes de jurés subséquentes. »

Ellison a réitéré que les procureurs « sont confiants d'obtenir un verdict de condamnation ».

Plusieurs doutent sérieusement que ce sera le cas car la poursuite dans des cas semblables laisse généralement de côté des faits essentiels et les jurés reçoivent l'instruction d'accepter les témoignages de la police et l'immunité qui est accordée à la police. Compte tenu de l'outrage mondial que cette affaire a suscité, et le travail d'organisation qui est fait sans relâche, de même que du désir du gouvernement de donner l'impression qu'il fait quelque chose en faveur de la « justice raciale », il est possible qu'une condamnation soit prononcée, au troisième degré par exemple. C'est ce que la poursuite a demandé d'inclure.

On rapporte qu'il existe une division en ce qui concerne les stratégies de défense parmi les anciens officiers de police. Le policier recrue Thomas Laine a eu recours à la vieille justification, rejetée depuis longtemps, qu'il avait juste obéi aux ordres. Lane et J.A. Alexander ont aidé à maintenir George Floyd immobilisé dans sa position, alors que Tou Thao observait la situation. Quiconque d'entre eux aurait pu prévenir le décès, mais ils ont refusé de le faire.

La défense qui est utilisée pour les quatre vise à justifier ce qui a été condamné par le vaste mouvement pour la justice et l'égalité depuis l'été dernier, soit que l'État et son pouvoir de police ont le droit juridique d'avoir recours à la force. Lorsque l'agent d'un État utilise la force, la violence, officiellement, n'est pas un crime et ne peut pas être considérée comme un crime. Selon cet argument, aucun agent de police ne peut être déclaré coupable d'un crime parce qu'aucun crime n'a été commis.

Les Afro-Américains sont particulièrement opposés à cela. Depuis les jours de l'esclavage, les Afro-Américains ne sont pas considérés comme des citoyens ou même comme des personnes et ils n'ont aucun droit, pas même de porter leur cas en cour tandis que la police peut les mettre à mort en toute impunité. George Floyd a été tué alors qu'il était uniquement soupçonné d'avoir utilisé un faux billet de vingt dollars.

Biden, les procureurs, la police présentent tous le problème comme un problème de pommes pourries et peut-être de quelques mauvais chefs de police, tandis que le caractère raciste et brutal de l'activité policière est considéré comme étant acceptable. Ces positions sont appuyées par des livres et des films hollywoodiens, comme To Kill a Mockingbird. Ceux-ci se déroulent tous selon un script défini : certains officiers de police sont mauvais alors que d'autres sont bons; certains administrateurs sont bons et essaient de se débarrasser des pommes pourries alors que d'autres leur barrent le chemin. Tout est utilisé pour détourner l'attention de la réalité de l'État raciste américain et de ses arrangements politiques et juridiques d'inégalité. La réalité des relations humaines qui existent révèle également ce qui est nécessaire : l'intensification de la lutte du peuple pour s'investir politiquement du pouvoir et pour des institutions démocratiques modernes et des formes sociales qui lui permettent de discuter et de décider comment résoudre les problèmes et les enjeux qui l'affectent et de contrôler les résultats.

Le peuple américain ne veut rien savoir de ce scénario usé à la corde de pommes pourries. Les Américains expriment leurs réclamations en tant qu'êtres humains, les réclamations que le peuple est en droit de faire à la société et pour des arrangements qui bâtissent un corps politique qui repose sur la reconnaissance du principe que tous ses membres sont égaux. Ce corps politique doit définir les droits sur une base nouvelle, des droits qui vous appartiennent parce que vous êtes des êtres humains et qui doivent être garantis. C'est au peuple à décider de ce qui constitue la justice, pas à ses oppresseurs et aux forces de l'ordre.

Justice pour George Floyd !
Non à la violence et à l'impunité policières !
Tous pour l'égalité et la justice !

(Photos : MN DOT, Venerans for Peace, D. Krauthammer)

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Rome brûle



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Anniversaire de la déclaration de la pandémie de COVID-19

La réponse mondiale requise pour
surmonter la pandémie mondiale et ses effets sur la santé et l'économie

Le 11 mars, cela fera un an que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié son évaluation selon laquelle l'épidémie mondiale croissante de la COVID-19 constituait une pandémie. Le terme pandémie fait référence à la propagation mondiale d'une nouvelle maladie. Depuis lors, le monde se bat pour essayer de maîtriser la maladie. À l'heure actuelle, les vaccins mis au point et administrés dans le monde entier constituent une évolution majeure, certains pays étant mieux lotis que d'autres. En date du 7 mars, il y a eu 117 202 151 cas de COVID-19 dans le monde et 2 601 840 décès. L'OMS prévient que la pandémie est loin d'être terminée et que la vigilance continue du maintien des mesures de sécurité qui se sont avérées efficaces, telles que le port du masque, le lavage des mains et la distanciation sociale, demeurent nécessaires pendant que la vaccination se répand.

L'OMS explique que « les vaccins sauvent des millions de vies chaque année. Leur mode d'action consiste à entraîner et à préparer le système immunitaire (défenses naturelles de l'organisme) à reconnaître et à combattre les virus et les bactéries qu'ils ciblent. Ainsi, si l'organisme se trouve par la suite exposé à ces mêmes agents pathogènes, il est immédiatement prêt à les détruire, ce qui permet de prévenir la maladie. »

Le programme de vaccination du Canada est en cours avec le nouveau vaccin à dose unique Johnson & Johnson approuvé pour utilisation par Santé Canada le 5 mars, en plus des vaccins Moderna, Pfizer BioNTech et AstraZeneca. Étant donné que l'économie canadienne n'est pas indépendante ou fondée sur l'auto-suffisance, l'achat de la plupart de ces vaccins se fait auprès des grands monopoles pharmaceutiques aux États-Unis et au Royaume-Uni, et les calendriers de vaccination sont basés sur l'approvisionnement en provenance de l'étranger. Néanmoins, l'empressement du gouvernement à soutenir les monopoles pharmaceutiques et sa capacité à emprunter des fonds privés pour payer signifie que la situation est bien meilleure dans ce pays que dans de nombreux pays du monde, malgré les difficultés auxquelles le peuple est confronté en raison de l'offensive antisociale. Pour vaincre une pandémie mondiale et ses effets sur la santé et l'économie, il faut une réponse mondiale et elle ne peut pas se fonder sur une bonne capacité financière, qu'il s'agisse de l'accès aux équipements de protection individuelle des travailleurs de la santé ou de l'accès aux vaccins.

La portée des vaccins en cours de développement et leur utilisation dans le monde n'est pas appréciée au Canada, car l'attention se concentre sur les vaccins fabriqués aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Dans le cas du vaccin russe Spoutnik V, par exemple, des tentatives sont faites pour semer le doute sur son évaluation clinique et son efficacité. Cependant, le journal médical britannique The Lancet a fait état le 2 février d'un essai rendu à la phase trois de Spoutnik V, déclarant : « Les résultats de l'essai montrent un effet protecteur fort et cohérent dans tous les groupes d'âge des participants ». L'article conclut en disant : « Le développement du vaccin Spoutnik V a été critiqué pour sa précipitation inconvenante, ses coupures de coin et son absence de transparence. Mais le résultat rapporté ici est clair et le principe scientifique de la vaccination est démontré, ce qui signifie qu'un autre vaccin peut se joindre maintenant au combat pour réduire l'incidence de la COVID-19. » L'Agence européenne des médicaments a annoncé le 4 mars qu'elle avait entamé un examen continu de Spoutnik V, un processus conçu pour accélérer une évaluation en période d'urgence.

Pendant ce temps, le 3 mars, le vaccin cubain Soberana 02 est devenu le premier vaccin d'Amérique latine et des Caraïbes à atteindre les essais de phase trois – en cours à Cuba, en Iran et au Venezuela – la dernière étape avant l'approbation d'un vaccin. Il s'agit d'un développement particulièrement important, étant donné que Cuba a connu une forte augmentation des infections, passant de 12 056 le 1er janvier à 53 308 le 4 mars en raison des conditions difficiles auxquelles Cuba est confronté en raison du blocus brutal de l'île par les États-Unis[1]. Soberana 02 est développé par l'Institut Finlay des vaccins à La Havane et est l'un des quatre vaccins candidats développés par Cuba. Soberana 02 nécessite deux doses administrées à deux semaines d'intervalle et Cuba prévoit de produire 100 millions de doses de son Soberana 02 cette année, en utilisant 20 à 30 millions de doses sur le marché intérieur, le reste devant être exporté à un coût légèrement supérieur à d'autres pays qui en ont cruellement besoin.

Le développement de vaccins en dehors des États-Unis et du Royaume-Uni est important pour surmonter la distribution inégale des vaccins dans le monde. L'Associated Press a rapporté le 2 mars que la Chine « a promis environ un demi-milliard de doses de ses vaccins à plus de 45 pays, selon un décompte pays par pays de l'Associated Press. Avec seulement quatre des nombreux fabricants de vaccins chinois affirmant qu'ils sont capables de produire au moins 2,6 milliards de doses cette année, une grande partie de la population mondiale finira par être inoculée non pas avec les vaccins occidentaux sophistiqués dont l'efficacité fait la une des journaux, mais avec les modestes injections faites de manière traditionnelle en Chine. »

Les vaccins présentement approuvés et distribués

Chaque vaccin est évalué et approuvé par chaque pays. The Regulatory Affairs Professional Society (Société des affaires réglementaires et professionnelles) rapporte qu'en date du 4 mars, il y a 13 vaccins approuvés et utilisés à l'échelle mondiale. :

1. Comirnaty : un vaccin à base d'ARNm créé par Pfizer (États-Unis) et BioNTech (Allemagne).

2. Vaccin de Moderna contre la COVID-19 : vaccin à base d'ARNm créé par Moderna aux États-Unis.

3. Vaccin d'AstraZeneca contre la COVID-19 et Covishield (fabriqué par Serum Institute of India) : vaccin dont les ingrédients médicinaux sont le vecteur viral à adénovirus développé par AstraZeneca et l'Université d'Oxford au Royaume-Uni.

4. Sputnik V : vaccin à base de vecteur adénoviral recombinant, développé par le Gamaleya Research Institute et Acellena Contract Drug Research and Development en Russie.

5. CoronaVac : vaccin viral inactivé développé par Sinovacin en Chine.

6. BBIBP-CorV : vaccin inactivé développé par l'Institut de produits biologiques de Pékin et le Groupe pharmaceutique national de la Chine (Sinopharm).

7. JNJ-78436735 (anciennement Ad26.COV2.S) : un vaccin à base de vecteur viral non répliquant développé par Janssen Vaccines (Johnson & Johnson) au Pays-Bas et aux États-Unis.

8. EpiVacCorona : un vaccin à base de sous-unités développé par le Centre de recherche budgétaire de l'État fédéral en virologie et en biotechnologie, en Russie.

9. Convidicea (Ad5-nCoV) : vaccin à base de vecteur adénoviral (de type 5) développé par CanSino Biologics en Chine.

10. Covaxin : vaccin inactivé développé par Bharat Biotech et ICMR en Inde.

11. Sans nouveau nom : vaccin inactivé, développé par l'institut Wuhan de produits biologiques et Sinopharm.

12. CoviVac : vaccin inactivé, développé par le Centre fédéral Chumakov de recherche et développement scientifique pour les produits immunitaires et biologiques en Russie.

13. ZF2001 : vaccin recombinant à base d'ADN, développé par Anhui Zhifei Longcom Biopharmaceutical et l'Institut de microbiologie de l'Académie chinoise des sciences, en Chine et en Ouzbekistan.

Les vaccins au stade des essais cliniques

Dans son rapport du 2 mars, l'OMS mentionne dans « Contexte du développement de nouveaux candidats vaccins à l'échelle mondiale » qu'il y a présentement 76 vaccins au stade de développement clinique, ce qui signifie qu'ils sont à différentes phases des essais sur des humains et 182 en développement préclinique, ce qui signifie qu'ils sont testés sur des animaux.

L'OMS explique : « En général, de nombreux vaccins candidats feront l'objet d'une évaluation avant d'être considérés comme sûrs et efficaces. Par exemple, sur l'ensemble des vaccins qui sont étudiés chez les animaux de laboratoire et en laboratoire, environ 7 sur 100 seront considérés comme suffisamment efficaces pour passer au stade des essais cliniques chez l'homme. Sur les vaccins qui parviennent à l'étape des essais cliniques, seul un sur cinq aboutit à un succès. Le fait d'avoir plusieurs vaccins différents en cours de développement augmente les chances de trouver un ou plusieurs vaccins efficaces et sûrs pour les populations prioritaires visées. »

Le contexte vaccinal de l'OMS note également que les 76 vaccins au stade clinique sont basés sur une gamme de 10 platesformes différentes, énumérées ci-dessous :

1. Sous-unité à protéine : « Un vaccin sous-unité n'utilise que les parties très spécifiques (les sous-unités) d'un virus ou d'une bactérie que le système immunitaire doit reconnaître. Il ne contient pas le microbe en entier et n'utilise pas un virus sûr comme vecteur. Les sous-unités peuvent être des protéines ou des sucres. La plupart des vaccins figurant dans le calendrier d'administration pendant l'enfance sont des vaccins sous-unité, protégeant les individus contre des maladies telles que la coqueluche, le tétanos, la diphtérie et la méningite à méningocoque. » (OMS)

2, 3. À vecteur viral (non répliquant et réplicant - Vvnr et VVr ) : « Ce type de vaccin utilise un virus sûr pour fournir des sous-parties spécifiques – appelées protéines – du germe voulu afin qu'il puisse déclencher une réponse immunitaire sans provoquer de maladie. Pour ce faire, les instructions pour la fabrication de ces fragments particuliers de l'agent pathogène voulu sont injectées dans un virus sûr. Le virus sûr sert alors de plateforme ou de vecteur pour relâcher la protéine dans l'organisme. La protéine déclenche la réponse immunitaire. Le vaccin contre Ebola est un vaccin à vecteur viral et ce type de vaccin peut être développé rapidement. » (OMS) « Les vaccins à vecteur viral répliquant produisent également de nouvelles particules virales dans les cellules qu'ils infectent, qui infectent ensuite de nouvelles cellules qui fabriquent également l'antigène du vaccin. » (Gavi, the Vaccine Alliance)

4, 5. VVr ou VVnr sur des cellules présentant un antigène : « Un antigène est une macromolécule naturelle ou synthétique qui, reconnue par des anticorps ou des cellules du système immunitaire d'un organisme, est capable de déclencher chez celui-ci une réponse immunitaire. » (Wikipedia) Dans le cas des vaccins contre la COVID-19, des cellules artificielles présentant l'antigène sont utilisées pour activer la réponse immunitaire du corps.

6. Virus inactivé : « La première façon de fabriquer un vaccin est de prendre le virus ou la bactérie porteur de la maladie, ou un très semblable à celui-ci, et de l'inactiver ou de le tuer à l'aide de produits chimiques, de chaleur ou de rayonnements. Cette méthode utilise une technologie qui a fait ses preuves chez l'homme – en effet, c'est ainsi que sont fabriqués les vaccins contre la grippe et la poliomyélite – et les vaccins peuvent être fabriqués à une échelle raisonnable » (OMS)

7. Virus vivant atténué : « Un vaccin vivant atténué utilise une version vivante mais affaiblie du virus ou une version très similaire. Le vaccin antirougeoleux-anti-ourlien-antirubéoleux (ROR) et le vaccin contre la varicelle et le zona sont des exemples de ce type de vaccin. Cette méthode utilise une technologie similaire au vaccin inactivé et peut être fabriquée à grande échelle. Cependant, ce type de vaccins ne convient pas aux personnes dont le système immunitaire est affaibli. » (OMS)

8, 9. ADN et ARN : « Contrairement aux méthodes qui utilisent un microbe en entier affaibli ou mort ou des parties d'un microbe, un vaccin à base d'acides nucléiques utilise simplement un fragment de matériel génétique qui fournit les instructions pour des protéines spécifiques, et non pas le microbe en entier. L'ADN et l'ARN sont les instructions que nos cellules utilisent pour fabriquer des protéines. Dans nos cellules, l'ADN est d'abord transformé en ARN messager, qui est ensuite utilisé comme modèle pour fabriquer des protéines spécifiques.

« Un vaccin à base d'acides nucléiques fournit un ensemble spécifique d'instructions à nos cellules, que ce soit sous forme d'ADN ou d'ARNm, pour que celles-ci fabriquent la protéine spécifique que nous souhaitons que notre système immunitaire puisse reconnaître et combattre. » (OMS)

10. Particules pseudo-virales : « [Les particules pseudo-virales] imitent la structure originale des virus, leur permettant d'être facilement reconnues par le système immunitaire. Par contre, elles sont exemptes de matériel génétique viral, elles sont donc non infectieuses et incapables de se reproduire. » (Medicago) Ces vaccins fonctionnent de la même manière que les vaccins sous-unité.

La monopolisation des vaccins par les pays les plus riches du monde

COVAX, une initiative internationale chargée d'assurer un accès plus équitable aux vaccins COVID-19, a réussi à faire son premier envoi de 600 000 injections le 24 février au Ghana. COVAX vise à corriger le déséquilibre de l'offre en concluant des accords qui envoient gratuitement des vaccins aux pays à faible revenu. Malgré les nouvelles promesses de soutien de certains pays, COVAX a encore besoin de près de 23 milliards de dollars pour atteindre son objectif de vacciner 20 % des pays participants d'ici la fin de l'année. Cependant, le directeur de l'OMS, le Dr Ghebreyesus, a déclaré lors d'un point de presse du 22 février que le manque de fonds n'était pas son seul défi. Les accords entre les pays riches et les sociétés pharmaceutiques menacent d'absorber l'approvisionnement mondial en vaccins, réduisant ainsi l'accès de COVAX, a-t-il déclaré. « S'il n'y a pas de vaccins à acheter, l'argent n'a aucune valeur », a-t-il dit.

Dans un article paru le 26 février dans Science News, Jonathan Lambert dénonce la monopolisation des vaccins :

« Des mois avant même que le premier vaccin contre la COVID-19 ne soit approuvé, les pays riches se sont efforcés d'obtenir des centaines de millions de doses anticipées pour leurs citoyens. À la fin de 2020, le Canada a acheté 338 millions de doses, suffisamment pour inoculer quatre fois leur population. Le Royaume-Uni a mis la main sur suffisamment de doses pour couvrir une population trois fois sa taille. Les États-Unis ont réservé plus de 1,2 milliard de doses et ont déjà vacciné environ 14 % de ses habitants.

« C'est une histoire radicalement différente pour les pays moins riches. Plus de 200 pays doivent encore administrer une seule dose. Seulement 55 doses au total ont été délivrées parmi les 29 pays aux revenus les plus faibles, tous en Guinée. Seuls quelques pays d'Afrique subsaharienne ont lancé des programmes de vaccination systématique.

L'article cite le directeur de l'OMS, le dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui dit : « Le monde est au bord d'un échec moral catastrophique – et le prix de cet échec se comptera en vies et en moyens de subsistance sacrifiés dans les pays les plus pauvres du monde. »

« De telles inégalités flagrantes ne soulèvent pas seulement des questions morales d'équité. La demande de vaccins dépassant toujours largement l'offre, une distribution déséquilibrée pourrait également prolonger la pandémie, alimenter l'évolution de nouvelles variantes qui potentiellement échappent aux vaccins et faire plomber autant les économies des pays riches.et pauvres - vaccinés et non vaccinés. [...]

(Source : Duke Global Health Innovation Center, World Bank)

« COVAX essaie de niveler les chances pour l'accès aux vaccins - mais avec un succès limité jusqu'à présent. Il y a beaucoup d'obstacles, allant de l'obtention de doses rares à l'assurance que les pays disposent de l'infrastructure pour les gérer. Cela pourrait signifier équiper certains pays de réfrigérateurs des plus ultra-froids pour entreposer les vaccins afin de réorganiser les programmes de vaccination de masse conçus pour les enfants afin qu'ils le soient également pour les adultes. « Une distribution équitable nécessitera beaucoup plus que la simple sécurisation des vaccins », déclare Angela Shen, experte en santé publique au Children's Hospital du Centre d'éducation sur les vaccins à Philadelphie.

« Trois puissances mondiales de la santé publique mènent l'initiative internationale : l'Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, l'Organisation mondiale de la santé et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies. COVAX utilise des fonds provenant de gouvernements et d'organisations caritatives pour acheter des doses aux sociétés pharmaceutiques et les distribuer gratuitement pour les pays à faible revenu.

« Pour commencer, COVAX prévoit distribuer 330 millions de doses aux pays à faible revenu au cours du premier semestre, suffisamment pour vacciner, en moyenne, 3,3 % de chaque population. Entre-temps, d'ici juin, de nombreux pays riches seront en bonne voie de vacciner la plupart de leurs populations.

« Au total, COVAX affirme avoir réservé 2,27 milliards de doses à ce jour, suffisamment pour vacciner 20 % des populations de 92 pays à faible revenu d'ici la fin de l'année. En fait, atteindre cet objectif dépend des levées de fonds de 37 milliards de dollars, et COVAX n'est même pas encore à mi-chemin. Le 19 février, plusieurs pays, dont les États-Unis et l'Allemagne, se sont engagés à contribuer 4,3 milliards de dollars supplémentaires à l'effort. Pourtant, COVAX est à court de près de 23 milliards de dollars. [...]

« Même si COVAX atteint son objectif cette année, ces pays seront loin d'atteindre l'immunité collective, le seuil auquel suffisamment de personnes sont immunisées contre un agent pathogène pour ralentir sa propagation au sein de la population. Les estimations pour atteindre cette immunité collective vont de 60 à 90 % d'une population.

« ‘De nombreux pays à faible revenu n'auront pas de vaccination généralisée avant 2023 ou 2024, car ils ne peuvent pas recevoir les doses, dit Yamey [Gavin Yamey, expert en matière de politique de santé publique mondiale à l'Université Duke]. Cette inégalité est due à la thésaurisation des doses par les pays riches, et que l'approche de moi-d'abord et seulement moi va finalement à l'encontre de leurs intérêts à long terme.' »

Un article publié en février dans Bureau of Investigative Journalism illustre l’obstacle inquiétant jeté sur le chemin des pays d'Amérique latine durement touchés par la pandémie et qui tentent d'acquérir les vaccins dont ils ont désespérément besoin[1]. Intitulé « ‘Pris en otages’ » : Pfizer exige des gouvernements de mettre en péril les actifs de l'État pour conclure un accord pour obtenir des vaccins », l'article raconte que le géant pharmaceutique américain demande aux gouvernements de mettre  les actifs souverains du pays – qui pourraient inclure les réserves de la  banque fédérale, les bases militaires – comme garantie contre le coût de toute  poursuite future en justice que les citoyens pourraient intenter contre l'entreprise. Cela s’appliquait non seulement aux poursuites civiles visant des effets indésirables du vaccin, mais à tout acte de négligence, de fraude ou de malveillance de la part de l’entreprise, indique l’article. « C'était une demande extrême que je n'avais entendue que lorsque la dette extérieure devait être négociée, mais à la fois dans ce premier et ce dernier cas, nous les avons immédiatement rejetées », a déclaré un responsable argentin. La même demande a été faite au Brésil, que le ministère de la Santé a qualifié d’« abusif ». Finalement, les deux gouvernements ont fait preuve de fermeté et ont dit non aux conditions à prendre ou à laisser de Pfizer. Le Brésil compte le troisième plus grand nombre de cas au monde et l'Argentine le douzième. 
 
D'autres pays qui ont accepté les conditions de Pfizer les ont gardées secrètes car ils étaient tenus de signer un accord de confidentialité. Un responsable d'un de ces pays dont le nom n’est pas mentionné  a qualifié les demandes de Pfizer de « harcèlement de haut niveau » et a déclaré que le gouvernement avait l'impression qu'il était « pris en otage ». Le responsable a déclaré que pendant les négociations, un vendeur de l'entreprise a dit des choses comme « Achetez plus, vous allez tuer des gens, des gens vont mourir à cause de vous. » Face au refus sans précédent « non négociable » de Pfizer d'être tenu responsable de quoi que ce soit, le responsable a ajouté un délai de trois mois pour parvenir à un accord, repoussant le pays encore plus loin dans la file d'attente pour l'approvisionnement limité de son vaccin.

Les auteurs de l'article notent qu'en plus de sa tentative de forcer les gouvernements à assumer les coûts de toute poursuite en justice intentée pour des questions qui relèvent clairement de sa propre responsabilité, Pfizer avait déjà une grande partie de ses travaux de recherche et développement couverts par un financement gouvernemental: son partenaire BioNTech a reçu 445 millions de dollars du gouvernement allemand et le gouvernement des États-Unis a accepté de pré-commander 100 millions de doses pour près de 2 milliards de dollars avant même que le vaccin n'entre dans les essais de phase trois - clairement une entreprise pour payer les riches  à toutes les étapes.

L'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique approuve le plan d'action contre la COVID-19

Dans une allocution à une réunion virtuelle du secteur de la santé du Conseil social de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique - Traité sur le commerce des peuples (ALBA-TCP) qui s'est tenue le 19 janvier, la secrétaire exécutif, Sacha Llorenti de Bolivie a déclaré que, bien que des institutions internationales telles que l'OMS ont averti que seule la solidarité garantira le succès de la lutte contre le COVID-19, le système néolibéral a tenté de faire face à la pandémie en suivant les règles du marché[2].

Les résultats de cette situation peuvent être clairement visibles, a-t-il dit, en ce qui concerne les vaccins jusqu'ici rendus disponibles au niveau international, 95 % d'entre eux étant entre les mains de dix pays seulement. Il a déclaré que les pays riches stockaient des vaccins et a demandé : « Qui décide où va le vaccin ? C'est le marché qui décide. Celui qui paie le plus se fait vacciner plus tôt. Les plus riches se font vacciner en premier. Ceux qui peuvent se le permettre se font vacciner. » Avec le marché aux commandes, même les travailleurs de la santé les plus vulnérables ne peuvent pas se faire vacciner en premier.

La réunion a approuvé un plan d'action conjoint fondé sur les principes de la solidarité internationale. Ce plan d'action montre ce qui peut être réalisé lorsque la solidarité internationale est le facteur de motivation.

L'un de ses éléments clés est l'institution d'un pont aérien humanitaire utilisant la compagnie aérienne nationale vénézuélienne CONVIASA pour le transfert de vaccins, de personnel médical, de médicaments et de fournitures médicales afin d'aider les pays membres de l'ALBA-TCP dans la lutte contre la COVID-19.

Une autre décision importante a été la création d'un Fonds humanitaire pour mettre en place une Banque de médicaments et de vaccins afin de contribuer à améliorer l'accès aux fournitures médicales, aux tests rapides et aux tests ACP, visant notamment à aider les membres de l'ALBA-TCP dans les Caraïbes orientales. Une première étape fournira un million de dollars pour aider ces petits États insulaires à conclure des négociations avec des entreprises et des pays tiers pour l'achat de vaccins. Dans un deuxième temps, un autre million de dollars sera mis à leur disposition pour leur permettre d'accéder aux fournitures médicales et aux tests de diagnostic.

Les autres accords conclus comprennent :

- accélérer l'échange des bonnes pratiques de lutte contre la COVID-19, relatives aux mesures et traitements mis en oeuvre par les systèmes de santé des pays membres;

- renforcer la participation des pays de l'ALBA-TCP dans les processus de négociation existants pour le développement d'un mécanisme plus efficace et plus efficient d'achat conjoint de vaccins et de médicaments;

- promouvoir la recherche de ressources financières et humaines accrues pour la lutte contre la pandémie, ainsi que le transfert de technologie et la diffusion d'informations scientifiques et techniques entre les pays membres;

- renforcer la coordination entre la santé et l'enseignement supérieur pour la gestion des programmes de formation des professionnels dans divers domaines cliniques et de santé publique;

- renforcer la capacité de réponse des services hospitaliers à travers la réhabilitation de leurs infrastructures et la réorganisation et l'augmentation des services liés à la COVID-19;

- faire progresser la couverture universelle et complète des services de soins pour les cas de COVID-19, en mettant l'accent sur la détection précoce, le diagnostic rapide, l'isolement immédiat et le traitement en temps opportun;

- s'assurer que les mécanismes de financement et d'allocation des ressources mettent en oeuvre des plans et des projets liés à la pandémie selon les principes du commerce équitable, de la complémentarité, de l'intégration et de la solidarité;

L'accent a également été mis sur la nécessité de soutenir l'OMS afin que les États membres de l'ALBA-TPC aient un accès équitable aux vaccins, et sur la constitution d'un inventaire des laboratoires publics et des producteurs biologiques en Amérique latine et dans les Caraïbes dotés de capacités techniques pour la recherche et la production de vaccins.

Note

1. Madlen Davies, Rosa Furneaux, Iván Ruiz, Jill Langlois, « 'Held to ransom': Pfizer demands governments gamble with state assets to secure vaccine deal ». Bureau of Investigative Journalism, 23 février 2021

2. Les pays membres de l’ALBA-TCP sont Antigua et Barbuda, la Bolivie, Cuba, Dominica,Grenade, Nicaragua, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Venezuela.

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La situation au Canada

Depuis de début de la pandémie, il y a eu 884 086 cas de COVID-19, y compris 22 213 décès rapportés au Canada en date du 6 mars. Le 4 mars, l'administratrice en chef de la santé publique du Canada a souligné que « ces chiffres cumulés nous renseignent sur le fardeau global de la COVID-19 à ce jour. De concert avec les études sérologiques, ces chiffres nous montrent également que la vaste majorité des Canadiens sont toujours vulnérables à la COVID-19 ».

La docteure Tam a dit : « Nous enregistrons actuellement 29 930 cas actifs à l'échelle du pays. Les dernières données nationales montrent 2 909 nouveaux cas en moyenne sur la période de sept jours (du 25 février au 3 mars). En raison de la diminution de la transmission de la COVID- 19 au cours de nombreuses semaines, le nombre de cas graves continue de baisser, comme l'indiquaient ces indicateurs tardifs. Les données des provinces et des territoires indiquent qu'en moyenne 2 136 personnes atteintes de la COVID-19 étaient traitées quotidiennement dans des hôpitaux canadiens, dont 562 étaient dans des unités de soins intensifs, au cours de la plus récente période de sept jours (du 25 février au 3 mars). Pendant la même période, nous avons enregistré quotidiennement 43 décès en moyenne liés à la COVID- 19.

« Les activités liées à la COVID-19 étaient à la baisse partout au pays depuis la mi- janvier jusqu'à la mi-février, le nombre quotidien de cas s'est stabilisé depuis. De plus, l'émergence et la propagation de certains variants du virus SRAS- CoV- 2 est une autre source de préoccupation. En date du 3 mars, nous avons enregistré un total de 1 474 cas des nouveaux variants préoccupants dans l'ensemble du pays, dont 1 367 cas du variant B.1.1.7, 104 cas du variant B.1.351 et 3 cas du variant P.1. L'augmentation du nombre de cas et d'éclosions de variants plus contagieux, notamment le variant B.1.1.7 dans les régions partout au Canada, nous devons rester totalement vigilants dans l'application de nos mesures de santé publique et de nos pratiques individuelles pour empêcher que ces variants se propagent au point de provoquer une épidémie, rendant ainsi cette dernière beaucoup plus difficile à contrôler.

« Toute une gamme de mesures de santé publique est déjà en place dans l'ensemble du pays tandis que nous poursuivons nos efforts collectifs pour interrompre la propagation du virus. Nous devons notamment limiter la propagation de variants plus contagieux pendant que nous gagnons le temps nécessaire pour exécuter plus rapidement les programmes de vaccination. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, il sera important de demeurer très prudent. Tout allègement des mesures de santé publique doit se faire lentement en réalisant plus de tests, de dépistage et d'analyse génomique pour détecter les variants préoccupants. Plus particulièrement, il doit y avoir une capacité suffisante de recherche des contacts ainsi que des mesures de soutien pour un isolement efficace, étant donné la transmissibilité accrue des variants préoccupants.

« Les Canadiens sont priés de demeurer vigilants et de continuer de suivre les conseils des autorités de santé publique locales et de toujours prendre des mesures de protection individuelles pour assurer leur sécurité et celle de leurs proches. Restez à la maison ou isolez-vous si vous avez des symptômes, réfléchissez aux risques, réduisez au minimum vos activités et vos sorties non essentielles, et évitez les voyages non essentiels. De plus, suivez les mesures de protection individuelle, à savoir la distanciation physique, une bonne hygiène des mains, une bonne étiquette respiratoire, la désinfection des surfaces et le port d'un masque bien conçu et bien ajusté (y compris dans les espaces partagés, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, avec des personnes qui ne font pas partie de votre ménage).

« Visez à avoir le moins d'interactions possible avec le moins de personnes possible, le moins longtemps possible, à la distance la plus grande possible. C'est une règle simple que nous pouvons tous suivre pour contribuer à ralentir la propagation de la COVID-19, tandis que nous poursuivons les programmes de vaccination pour protéger tous les Canadiens.

« Les Canadiens peuvent également en faire plus en diffusant des renseignements crédibles sur les risques de la COVID-19 et les pratiques de prévention et les mesures pour réduire la COVID-19 dans les communautés ainsi qu'en téléchargeant l'application Alerte COVID pour arrêter le cycle d'infection et aider à limiter la propagation de la maladie. Je vous invite à lire mon document d'information pour obtenir de plus amples renseignements et ressources sur la COVID-19 et sur les moyens de réduire les risques et de se protéger et de protéger les autres, y compris de l'information sur la vaccination contre la COVID-19. »

Les recommandations du Comité consultatif national sur l'allongement des intervalles entre les doses dans l'immunisation contre la COVID-19

Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) a aussi abordé les préoccupations du public au sujet de l'allongement des intervalles entre les doses des vaccins contre la COVID-19. Le CCNI est un organisme consultatif externe qui donne à l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) des conseils indépendants, continus et à jour dans le domaine de la médecine, des sciences et de la santé publique liés aux questions de l'ASPC concernant l'immunisation.

Le 3 mars, le CCNI a donné ses recommandations sur l'allongement des intervalles entre les doses de ces vaccins qui requièrent plus d'une injection. Le sommaire de ce rapport indique :

- Le CCNI a examiné les données probantes issues d'études scientifiques récentes sur l'efficacité des vaccins contre la COVID-19 dans la prévention de divers problèmes de santé tels que les infections, les maladies symptomatiques, les hospitalisations et les décès dus au COVID-19.

- Bien que les études n'aient pas encore recueilli de données sur l'efficacité des vaccins de la première dose pendant quatre mois, les deux premiers mois d'efficacité réelle montrent des niveaux de protection élevés et durables.

- La protection soutenue à court terme est conforme aux principes immunologiques et à la science des vaccins, où l'on ne s'attend pas à un déclin rapide d'un vaccin très efficace chez les adultes sur une période relativement courte. La modélisation a montré que l'allongement de l'intervalle entre les doses était une bonne stratégie, même dans les scénarios envisageant un intervalle plus long de six mois et dans les scénarios théoriques où la protection diminue.

- Le CCNI recommande que, dans le contexte de l'offre limitée de vaccins contre la COVID-19, les autorités compétentes maximisent le nombre de personnes recevant la première dose de vaccin en portant jusqu'à quatre mois l'intervalle pour la deuxième dose de vaccin contre la COVID-19.

- L'allongement de l'intervalle entre les doses jusqu'à quatre mois permet au CCNI de créer des possibilités de protection de l'ensemble de la population adulte dans un délai court. Cela permettra non seulement de protéger la population adulte, mais aussi de contribuer à l'équité en matière de santé.

- Le CCNI continuera à surveiller les données probantes sur l'efficacité de l'allongement de l'intervalle entre les doses et adaptera ses recommandations en conséquence.

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