Numéro 34 - 7 décembre 2019
Le discours du
Trône ouvre la première session
de la 43e législature
Un échec à donner
au Canada
un but digne du nom
- Hilary LeBlanc -
• Le remède à
la dépolitisation est de parler en notre propre nom
- Yvon Breton -
• L'avilissement
du
discours politique et la destruction de la politique
- Anna Di Carlo -
Le gouvernement albertain intensifie son offensive
antisociale brutale
• Opposons-nous
à
la diffamation du Dr Dougal MacDonald,
chargé de cours de l'Université de l'Alberta
- Déclaration du Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) -
• Tout en
oeuvre pour vaincre les attaques du gouvernement Kenney
contre les travailleurs et le tissu social!
• Attaques
méprisables du gouvernement Kenney contre
les enseignants
- Kevan Hunter -
Rejet massif de l'offensive antisociale du gouvernement
de l'Ontario en éducation
• Enseignants
et travailleurs en éducation tiennent une
journée de grève à l'échelle de la province
Le sommet de l'OTAN à Londres
• La police
échoue à contrecarrer la manifestation
« Non à Trump, non à l'OTAN »
- Terina Hine, Stop the War
Coalition (Royaume-Uni) -
• Piquetage à
Toronto contre le sommet de l'OTAN à Londres
• Les
dépenses militaires et l'adhésion du Canada à l'OTAN
Élections générales en Grande-Bretagne le 12 décembre
• L'absurdité
des
propos de Boris Johnson sur le peuple et le parlement
- Workers' Weekly -
• L'appel à
un véritable changement
Le discours du Trône ouvre la première
session de la 43e législature
- Hilary LeBlanc -
Le gouvernement du Parti libéral au pouvoir a prononcé
le 5 décembre son discours du Trône ouvrant la 43e
législature du Canada. Comme c'est la coutume pour les partis cartels
au pouvoir, le discours du Trône parle en termes vagues de ce que le
gouvernement fera ou ne fera pas.
Une caractéristique du Parti libéral dans le système de
partis cartellisés est qu'il sert à démobiliser ceux qui se battent
pour affirmer leur droit de contrôler les décisions qui les affectent
et à les décourager de participer à la politique. Le Parti libéral
insiste pour que le peuple lui cède ses droits politiques, se
démobilise et se prive de toute organisation et participation
politiques actives.
Le discours du Trône parle de réconciliation avec les
peuples autochtones et du fait que le gouvernement fournira de l'eau
potable, conclura les enquêtes sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées et réglera d'autres problèmes urgents. Dans
toutes ces promesses, il refuse de reconnaître que le consentement, la
participation active et le contrôle des peuples autochtones sont
nécessaires pour enquêter et prendre des décisions sur les questions
qui affectent leur vie. Les peuples autochtones exigent le contrôle de
leur vie et de leur territoire, et ils veulent des relations de nation
à nation avec le Canada. Ils ne veulent pas l'oppression continue et le
paternalisme étouffant du colonialisme et de la Loi sur les Indiens
qui permettent à l'oligarchie financière mondiale de voler leurs
ressources, de ruiner leurs terres et de les priver du droit de
contrôler leurs affaires et d'ouvrir la voie à un avenir prospère.
Dans le même ordre d'idées, le discours promet certains
programmes sociaux et services publics aux Canadiens, mais il prend
garde de n'encourager personne, surtout en Ontario et en Alberta, à
s'engager activement dans la lutte contre l'offensive antisociale des
gouvernements provinciaux. Il n'énonce pas de mesures concrètes pour
établir le système national de garderies tant attendu, dont l'absence
est une honte dans une économie moderne. Il ne fait aucune mention des
graves inégalités, de la pauvreté et de l'insécurité qui s'aggravent au
Canada en raison de la dictature et du contrôle de l'oligarchie
financière mondiale sur toutes les affaires politiques et économiques
et de la tendance destructrice à l'enrichissement des riches et à
l'appauvrissement des pauvres. Le discours du Trône ne reconnaît pas
les priorités du peuple, qui demande que le gouvernement arrête de
payer les riches et augmente les investissements dans les programmes
sociaux et les services publics.
Le
discours
du Trône parle beaucoup des changements climatiques, mais
refuse encore de reconnaître que pour réaliser des mesures concrètes
sur ce front, le peuple doit avoir le pouvoir de prendre des décisions
qui humanisent l'environnement naturel et de restreindre le droit des
monopoles de polluer. Le discours du Trône transforme la lutte contre
les changements climatiques en stratagèmes pour payer les riches, en
cadeaux pour les monopoles mondiaux de l'automobile qui produisent et
vendent des « véhicules zéro émission », tandis que les «
entreprises de technologies propres » reçoivent des fonds publics
pour construire leurs empires privés.
Le discours du Trône fait fi du besoin urgent de faire
du Canada une zone de paix et de sortir le pays des alliances
militaires agressives dominées par l'impérialisme américain qui ont
empêtré le Canada dans son économie de guerre, dans ses guerres
constantes et dans sa quête de domination du monde.
Le peuple est de moins en moins dupe des énoncés de
politique du Parti libéral et des discours sans lendemain qui servent à
le démobiliser, à le décourager de s'organiser et d'entreprendre des
actions avec une analyse pour résoudre les problèmes économiques,
sociaux et politiques tels qu'ils apparaissent dans leur réalité
concrète. Le peuple veut être politique et habilité à réaliser un
renouveau démocratique et à donner une nouvelle orientation prosociale
à l'économie qui le favorise, à humaniser l'environnement social et
naturel et à faire du Canada une zone de paix.
- Yvon Breton -
Le discours du Trône rappelle à quel point les
institutions démocratiques du Canada sont dépassées et en mal de
renouveau. Il est lu à partir du trône d'un monarque condescendant
représenté par la gouverneure générale, un poste colonial anachronique
qui représente la reine d'Angleterre, qui est toujours officiellement
le chef de l'État au Canada. Bien sûr, tout cela est dans la forme,
mais la raison pour laquelle cette forme est conservée est qu'elle
permet de cacher qu'aujourd'hui la prérogative royale est exercée par
le biais des pouvoirs du premier ministre tandis que le véritable
pouvoir de décision appartient à l'oligarchie financière. Le peuple
n'est le décideur souverain ni dans la forme, ni dans le contenu.
La réalité de qui décide
se reflète dans le discours du Trône prononcé le 5 décembre au nom
du gouvernement minoritaire libéral issu de l'élection du 21
octobre. Le discours donne les grandes orientations du nouveau
gouvernement pour la session parlementaire qui s'amorce, mais il
n'exprime aucune conscience du fait que les Canadiens ont refusé de
donner à ce gouvernement le mandat de faire ce qu'il veut et surtout de
continuer de faire ce que les libéraux font depuis quatre ans. Pour
chaque mesure présentée, il est dit que « le gouvernement
continuera » de faire ceci et cela. L'expression « le gouvernement
continuera » est répétée 19 fois. La question de savoir
comment ce gouvernement minoritaire, dirigé par un parti qui a
recueilli moins de 35 % des suffrages exprimés, fera en sorte
que les mesures qu'il prend et l'orientation qu'il donne à l'économie
et au pays représentent ce que les Canadiens veulent n'est pas abordée
dans le discours.
Le gouvernement affirme que l'élection du 21
octobre a donné aux partis cartels « un mandat du peuple
canadien », qui est de « lutter contre les changements
climatiques, renforcer la classe moyenne, parcourir le chemin de la
réconciliation, assurer la santé et la sécurité des Canadiens et placer
le Canada en position favorable pour assurer sa réussite dans un monde
incertain ».
Aucune des mesures annoncées dans le discours ne répond
aux demandes que les travailleurs, les jeunes, les femmes et les
peuples autochtones formulent par milliers dans des manifestations et
autres actions à travers le Canada. Dans la tradition parlementaire
canadienne, le discours du Trône s'adresse en réalité aux autres partis
au Parlement et aux différentes sections de l'élite dirigeante qu'ils
représentent. Il les appelle à s'entendre pour assurer le maintien de
leur contrôle sur le pouvoir et les ressources au service des intérêts
privés qu'ils représentent. C'est la caractéristique principale du
discours du Trône du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau.
Le discours du Trône n'a pas besoin d'être voté, car il
ne fait qu'exprimer les intentions du gouvernement dans leurs grandes
lignes. Selon certaines sources, le gouvernement Trudeau pourrait
soumettre ce discours-ci à un vote afin de cimenter une sorte
d'alignement avec le NPD et le Bloc québécois pour empêcher une
élection qui favoriserait vraisemblablement les conservateurs. Quoi
qu'il en soit, un premier vote de confiance est attendu dans la
première semaine sur un projet de loi de financement qui permet la
poursuite des opérations du gouvernement.
Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a
immédiatement annoncé que s'il y a un vote, le Bloc votera du côté du
gouvernement parce que, dit-il, « les mots sont vagues sur les sujets
délicats », ce qui fait que « nous on va en faire ce qu'on
veut ». Plus précisément, il a noté que le discours du Trône ne
fait aucune mention de projets pétroliers ou d'oléoducs, ce qui aurait
peut-être empêché le Bloc de l'appuyer. « Le gouvernement sait très
bien sur quoi on va s'accrocher », a-t-il affirmé.
Le chef du NPD Jagmeet Singh a déclaré que bien que les
mesures annoncées dans le discours du Trône « soient
insuffisantes », le NPD ne ferme pas la porte à son soutien si le
gouvernement « promet plus ». « Nous devons parler, nous avons
besoin d'engagements plus fermes, nous avons besoin d'une action
concrète pour faire face aux problèmes urgents auxquels les Canadiens
sont confrontés », a-t-il déclaré.
Voici certains aspects spécifiques du discours pour
permettre au Bloc et au NPD d'appuyer le gouvernement minoritaire lors
des principaux votes de confiance :
- Aucune mention du pétrole et des pipelines. Le
scénario d'une grande opposition entre ceux qui sont « contre » et
ceux qui sont « pour » les oléoducs prend des proportions
absurdes, où même la mention du mot est une raison de voter pour ou
contre l'agenda du gouvernement. Cela est lié aux tentatives de diviser
le corps politique en présentant une caricature dans laquelle les
travailleurs des provinces de l'Ouest veulent des oléoducs et rien
d'autre tandis que ceux du reste du pays ne supportent pas l'idée.
- La mention de mesures spécifiques suggérées ou
précédemment défendues par les autres partis cartels, telles qu'« une
réduction d'impôt pour la classe moyenne et ceux qui en ont le plus
besoin » et un régime d'assurance-médicaments « afin que les
Canadiens puissent avoir accès aux médicaments dont ils ont
besoin », un élément que le NPD réclame déjà et au sujet duquel le
Québec est ouvert puisqu'il a déjà un régime d'assurance-médicaments.
- La mention de mesures très générales et vagues sur
lesquelles tout le monde s'accordera, telles que : « un plan
concret de lutte contre les changements climatiques » ; une «
réduction de la violence armée » en interdisant les armes d'assaut
de type militaire et en mettant sur pied un programme de rachats (« les
municipalités et les communautés qui veulent interdire les armes de
poing pourront le faire ») ; « le dialogue et la
coopération » avec toutes les régions du pays ; un engagement
à travailler avec les autres partis et gouvernements pour élaborer un
plan d'action nationale et une « stratégie contre la violence fondée
sur le sexe » ; et la réconciliation avec les peuples
autochtones comme « priorité essentielle de ce gouvernement » qui
« continuera d'avancer en tant que partenaire sur le chemin de la
réconciliation ».
Il est clair que les libéraux ont déjà déterminé ce que les
Canadiens veulent et n'ont donc pas besoin d'écouter les revendications
et demandes formulées par les travailleurs, les jeunes, les femmes, les
autochtones et d'autres qui se battent contre l'offensive antisociale
ou qui réclament leurs droits. Ils vont donc continuer de faire ce
qu'ils ont fait durant leur premier mandat. Ils vont continuer de payer
les riches et d'exécuter les budgets conçus par les plus hauts échelons
de l'oligarchie financière. Ils vont continuer de gouverner en toute
impunité tout en jurant défendre les peuples autochtones et les
travailleurs en leur promettant des réductions d'impôt. Le gouvernement
libéral a déjà clairement indiqué par ses déclarations irresponsables
saluant le coup d'État meurtrier en Bolivie qu'il continuerait de
s'ingérer dans les affaires intérieures des nations souveraines pour
parvenir à un changement de régime en faveur des intérêts impérialistes
américains.
En d'autres termes, le discours du Trône confirme que
les travailleurs et tous les Canadiens, Québécois et peuples
autochtones doivent continuer de s'organiser pour parler en leur propre
nom, exprimer leurs revendications et leurs préoccupations et indiquer
clairement que ni le gouvernement minoritaire ni une coalition de
partis cartels à la Chambre des communes n'a le mandat de parler et
d'agir en leur nom.
- Anna Di Carlo -
Selon le texte faisant autorité du sénateur Eugène
Forsey, le discours du Trône « expose les vues du gouvernement sur la
situation du pays, ainsi que les lignes directrices qu'il suivra et les
projets de loi qu'il déposera ». Le discours du Trône du 5
décembre n'a pas abordé la situation dans laquelle se trouve le pays,
en particulier la crise croissante des institutions politiques qui ont
perdu la capacité de donner naissance à un gouvernement considéré comme
fondé sur le consentement du peuple. Bien au contraire, le discours du
Trône proclame que « la pierre d'assise de notre stabilité est notre
système parlementaire ». S'adressant aux députés et aux sénateurs,
la gouverneure générale dit que leur rôle dans le processus
démocratique est à la fois un privilège et une responsabilité et se dit
confiante « que vous [les députés et les sénateurs] le comprenez et que
vous respecterez les choix et protégerez les droits de tous. Nous
sommes au service de tous les Canadiens et Canadiennes. »
Les libéraux prétendent pouvoir deviner
la « volonté du peuple » qui, selon le discours du Trône, était
d'envoyer un message clair par l'élection d'un gouvernement minoritaire
et que le peuple veut que ses parlementaires travaillent ensemble et «
mènent à bien un plan qui procure des résultats pour tous les
Canadiens ». Il est dit ensuite que les parlementaires ont reçu du
peuple canadien un mandat et que ce mandat est, pour reprendre la plus
récente interprétation qu'en font les libéraux, un mandat pour lutter
contre les changements climatiques, renforcer la classe moyenne,
parcourir le chemin de la réconciliation avec les autochtones, assurer
la santé et la sécurité des Canadiens.
Leur nouveau refrain pour excuser ce qu'ils ont fait ou
n'ont pas fait pendant leur premier mandat est « il reste encore
beaucoup à faire ».
Tout au long du discours du Trône revient le message que
le gouvernement poursuivra ses stratagèmes pour enrichir les
entreprises et continuera d'obéir au diktat des oligarques financiers
qui exigent qu'on les rendre concurrentielles, c'est-à-dire : «
placer le Canada en position favorable pour assurer sa réussite dans un
monde incertain ». Le Canada continuera d'être « à la recherche de
possibilités pour mettre à profit le commerce, l'ingéniosité et
l'esprit d'entreprise canadiens ». De plus, il est clairement
indiqué dans ce discours que le gouvernement entend continuer de miner
l'état de droit et la souveraineté d'autres pays parce que, dit-il, «
les Canadiens comptent sur leurs dirigeants pour défendre les valeurs
et les intérêts qui sont essentiels à la prospérité et à la sécurité du
Canada – la démocratie, les droits de la personne et le respect du
droit international ». Le gouvernement fait la promesse de renouveler
l'engagement du Canada à l'égard de l'OTAN, du maintien de la paix de
l'ONU et de l'ordre international fondé sur des règles et de continuer
à chercher à obtenir un siège pour le Canada au Conseil de sécurité de
l'ONU.
Le discours fait ensuite la promotion du
multilatéralisme qui serait la spécialité du Canada : « Le Canada
est un artisan de coalitions, et le gouvernement établira des
partenariats avec des pays aux vues similaires pour mettre à profit à
l'échelle internationale l'expertise du Canada, notamment dans des
domaines comme la promotion de la démocratie et des droits de la
personne, la lutte contre les changements climatiques et la protection
de l'environnement, ainsi que le développement et l'utilisation éthique
de l'intelligence artificielle. »
L'appel aux parlementaires de trouver le moyen de
travailler ensemble est réitéré dans la conclusion du discours : «
Au cours de cette 43e législature, vous serez en désaccord sur de
nombreux sujets. Mais, plus souvent encore, vous parviendrez à des
consensus. Concentrez-vous sur votre but commun : offrir une vie
meilleure aux personnes que vous servez. N'oubliez pas que c'est un
honneur de siéger au Parlement. Prouvez aux Canadiens que vous êtes
dignes de vos fonctions et que vous êtes des gardiens dignes du
Parlement. »
Malgré son insistance sur la collaboration des
parlementaires pour régler les problèmes auxquels les Canadiens font
face, le discours du Trône vient confirmer que le processus politique
n'est plus en mesure de résoudre les rapports entre les électeurs et
les élus ou entre les factions rivales de l'élite dominante qui luttent
pour le pouvoir. Après beaucoup de grandiloquence sur le Parlement du
Canada qui serait « l'une des institutions les plus tenaces et vitales
du monde démocratique », le discours du Trône se termine par une
formule reprise directement de l'époque médiévale qui a engendré le
processus avec lequel les Canadiens sont aux prises aujourd'hui :
« Puisse la Divine Providence vous guider dans l'accomplissement de vos
devoirs et l'exercice de vos responsabilités. »
Le besoin d'un nouveau processus politique
qui réponde aux besoins de notre l'époque
Le rôle du processus politique actuel est de détruire la
source même du pouvoir politique, le corps politique. Cela s'est
clairement vu pendant la campagne électorale de laquelle est issu ce
gouvernement. La rivalité des partis politiques cartellisés en lutte
pour former le gouvernement a abaissé le niveau du discours comme
jamais auparavant. Les préoccupations du peuple, les conditions réelles
de travail et de vie, n'ont été soulevées et discutées que par des
partis comme le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) qui
veulent donner à la société un but qui répond aux exigences de notre
époque. Ce bas niveau du discours des partis cartellisés n'était pas
seulement un facteur d'abrutissement qui contribue à la destruction de
la politique. Toute la « campagne » a servi à désorienter le corps
politique, ce que personne ne peut accepter.
De plus, au cours de la campagne électorale, la
diffamation et des opérations de salissage sans précédent ont été
utilisées pour attaquer le corps politique. Le PCC(M-L) n'est pas
d'accord avec les positions de Maxime Bernier et de son Parti
populaire, mais les attaques violentes gratuites lancées par une
entreprise de médias libérale payée par un tiers conservateur montrent
le niveau sordide auquel la politique du pays a été abaissée. De la
même façon, la méthode de la répétition incessante de commentaires pris
hors contexte d'Elizabeth May pour caricaturer sa personnalité, qui a
été utilisée par la campagne d'un autre parti pour saper le vote du
Parti vert, est totalement honteuse. L'hypocrisie et la corruption de
ces pratiques sont telles que le parti et le chef de parti qui ont mené
cette campagne prétendent défendre tous ceux qui sont victimes de
discrimination tout en n'hésitant pas à utiliser tous les moyens pour
diffamer leurs adversaires.
Le
PCC(M-L)
ne sera jamais d'accord avec cela. Par contraste, son propre
appel, qui est d'humaniser l'environnement naturel et social en
préservant la dignité du travail, en défendant les droits de tous et de
toutes et en faisant du Canada une zone de paix, donne un but au corps
politique et à la société. Cela est d'une importance cruciale parce que
de la façon dont les choses se passent au Canada, soit le diktat brutal
de l'oligarchie financière internationale continuera de faire des
ravages comme cela se produit partout au pays et de façon
particulièrement violente aujourd'hui en Alberta, en Ontario et au
Québec, soit le peuple répondra à l'appel d'un gouvernement antiguerre
qui donnera au Canada une nouvelle orientation de l'économie, de la
politique étrangère et de la politique intérieure. Cet appel donne un
but digne des peuples canadien, québécois et autochtones parce qu'il
rejette l'injustice coloniale, l'exploitation débridée du travail privé
de tout droits et les guerres d'agression et d'occupation à l'étranger,
tout cela au nom de grands idéaux de paix, de démocratie et de liberté.
La délibération ne peut avoir lieu tant qu'il y a un
exécutif qui détient le pouvoir de décision, comme au Canada, qui suit
une politique d'apaisement envers les États-Unis, la nation
indispensable qui possèdent des armes nucléaires et toute une
bureaucratie construite autour de cela, y compris les élections. Le
Canada est intégré à la machine de guerre des États-Unis. Le Conseil
atlantique de l'OTAN dicte la marche du gouvernement et du parlement et
a même pris le contrôle de la « sécurité » et de la surveillance
des élections. Cette situation exclut de facto l'idée de délibérations
politiques sur la guerre et la paix, le crime et la punition, le
commerce international et l'économie nationale. Tout est centré sur les
dirigeants et leur manière de voir le monde, et non sur la manière de
voir et les préoccupations du peuple.
Un gouvernement antiguerre a un but politique et est
soutenu par la politique, par l'information et la politisation du
peuple pour qu'il soit celui qui décide. Nous, le peuple, ne voulons
pas détruire ces immenses forces productives humaines que la classe
ouvrière a produites. Nous voulons que la classe ouvrière les contrôle,
afin de libérer cette personnalité démocratique du Nouveau. C'est là
l'exigence de notre époque pour ouvrir la voie du progrès et humaniser
l'environnement naturel et social.
Dans cet arrangement, le peuple est invité à faire autre
chose que d'essayer de se saisir lui-même du pouvoir. À l'ouverture de
la 43e législature, on lui demande d'examiner attentivement le
discours du Trône et de spéculer sur ce qu'il peut attendre du
gouvernement. À d'autres moments, on lui dit que l'« autre chose »
à faire est de s'assurer que les actions du gouvernement ne violent pas
la Charte des droits et libertés enchâssée dans la
Constitution. Au lieu de s'investir du pouvoir et de s'organiser pour
qu'il se saisisse lui-même du pouvoir politique, le rôle du peuple est
réduit à former des coalitions et à militer pour le meilleur « new deal
vert » surgi d'on ne sait où. Pour surmonter les problèmes
auxquels le pays est confronté il suffirait de faire un choix entre les
pipelines et l'environnement ou entre la croissance économique et la
protection de l'environnement ou d'approuver un nouvel accord avec les
États-Unis et le Mexique qui promet de défendre les « valeurs
canadiennes ». Et pour lutter pour ces « valeurs » à
l'échelle mondiale, le peuple est encouragé à appuyer la participation
croissante du Canada aux guerres d'agression dirigées par l'OTAN et les
États-Unis sous le prétexte que ces guerres, cette ingérence dans
les affaires souveraines d'autres pays et le changement de régime par
la violence ramèneront ces peuples à la raison et les convaincront
d'adopter les « valeurs canadiennes ».
Le discours du Trône fait partie d'un processus
politique en proie à une crise de légitimité. Son objectif est de
donner une légitimité à un processus politique qui n'en offre aucune
possibilité et qui a besoin d'un renouveau démocratique complet. Le
processus politique existant ne sert qu'à consolider un pouvoir absolu
sur le peuple qui est privé de pouvoir. L'époque exige que le peuple
s'investisse du pouvoir pour bâtir le Nouveau !
Le gouvernement albertain intensifie son
offensive antisociale brutale
- Déclaration du Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) -
Le Dr Dougal MacDonald n'est pas un négateur de l'Holocauste.
Mais que dire de ceux qui cherchent à le diffamer ?
Dans l'affaire des accusations diffamatoires et sans
fondement portées contre le Dr Dougal MacDonald, dans lesquelles on
insinue qu'il est un négateur de l'Holocauste, nous affirmons
catégoriquement que le Dr MacDonald n'est pas et n'a jamais été un
négateur de l'Holocauste. Dougal MacDonald a fait des recherches et,
s'appuyant sur ces recherches, il s'oppose comme beaucoup d'autres au
récit d'un génocide qui aurait été commis en Ukraine par l'État
soviétique. Assimiler cette position à la négation de l'Holocauste est
socialement irresponsable. Cela rabaisse le niveau de la culture et du
discours politiques et désinforme l'opinion publique sur les véritables
sujets de préoccupation de la société. Cette diffamation vise à
désarticuler la lutte qui se mène dans la société, en particulier en
Alberta, contre l'offensive antisociale du gouvernement Kenney. Honte à
ceux qui répètent ces propos diffamatoires sans se soucier des faits et
en tournant le dos à toute responsabilité sociale.
Quel est le but de ceux qui répètent ces déclarations
diffamatoires ? Pourquoi s'attaquent-ils à un professeur de
sciences connu pour son intégrité d'enseignant, de syndicaliste et de
défenseur des travailleurs, des peuples autochtones et de tous ceux qui
se battent pour leur dignité et leur liberté dans le monde entier ?
Le docteur MacDonald est né et a grandi en Alberta. Sa
famille a combattu le fascisme pendant la Deuxième Guerre mondiale,
contribuant à l'émergence de la personnalité démocratique qui a été
codifiée dans les verdicts des procès de Nuremberg et la règle de droit
internationale enchâssée dans la charte fondatrice des Nations unies.
S'appuyant sur ses traditions familiales et celles des travailleurs
albertains et canadiens, en plus d'être éducateur Dougal MacDonald est
devenu un chercheur et journaliste de plein droit dans la bataille pour
régler ses comptes à la vieille conscience de la société et ouvrir la
voie au progrès. Il a notamment développé des connaissances spécifiques
sur le fonctionnement de la machine de propagande nazie, dirigée contre
l'Union soviétique et les combattants de la résistance antifasciste
dirigés par les communistes, avant, durant et après la Deuxième Guerre
mondiale. Il montre comment ceux qui ont mené la guerre froide
anglo-américaine contre les peuples du monde dès les années trente se
sont approprié la propagande nazie et l'ont propagée.
Après l'effondrement de l'Union soviétique, le Dr
MacDonald a combattu la résurgence de la propagande nazie aux
États-Unis, au Canada, en Ukraine et dans toute l'Europe. Ceux qui ont
souffert aux mains des hitlériens sont à juste titre préoccupés par ces
choses, comme tous ceux qui défendent aujourd'hui la paix, la liberté
et la démocratie.
L'insinuation que le Dr MacDonald est un négateur de
l'Holocauste est une tentative de l'isoler en suscitant le mépris de
ceux qui ne le connaissent pas. Or, la diffamation des forces qui
luttent pour la liberté et le progrès est en soi une méthode
hitlérienne qu'il ne faut pas laisser passer. Cela importe pour les
Canadiens, les Québécois et les autochtones qui veulent s'attaquer à
leurs problèmes et à ceux de la société et sont confrontés à la
désinformation ou à des calomnies qui sapent leurs efforts.
Le propos diffamatoire « consiste en une matière publiée
sans justification ni excuse légitime et de nature à nuire à la
réputation de quelqu'un en l'exposant à la haine, au mépris ou au
ridicule, ou destinée à outrager la personne contre qui elle est
publiée ».
Les propos sans fondement diffusés par les médias
officiels et par d'autres canaux peuvent être préjudiciables, voire
irréparables pour les personnes diffamées. Mais les actes de ceux qui
propagent des propos diffamatoires sont également de notoriété
publique. Penser que les gens peuvent être réduits au silence face à
une diffamation aussi scandaleuse que celle faite contre le Dr
MacDonald, c'est penser que ces règles ne s'appliquent qu'aux autres.
Certaines personnes en position d'autorité ont appelé le
public à s'opposer au discours haineux des négateurs de l'Holocauste.
Elles le font au nom de la démocratie, des droits humains, de l'intérêt
national et de la sécurité du pays. Or, il y a un problème quand ces
mêmes autorités qui prétendent s'opposer au discours haineux suscitent
insidieusement la peur et la haine non seulement contre le Dr
MacDonald, mais aussi contre les syndicalistes, les enseignants et
toutes les forces combattant l'offensive antisociale que ces mêmes
autorités ont déclenchée contre le peuple et la société.
Nous avons l'intention de discuter de ces questions et
de questions connexes avec le public afin de susciter une opposition à
la diffamation de M. MacDonald et d'autres. Manifestement, lorsque
l'État, ses institutions, les médias et les autorités ne défendent pas
l'individu, l'individu n'a pas d'autre recours que d'en appeler à
l'opinion publique pour défendre non seulement son droit de conscience
et sa liberté de parole, mais aussi la collectivité des droits.
Joignez votre voix à ceux qui dénoncent la diffamation
du Dr MacDonald. Envoyez-lui des messages et des lettres de soutien à
DMD@cpcml.ca.
Au nom du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste),
Peggy Askin
Barbara Biley
Anna Di Carlo
Pierre Chénier
Keith Corkill
Louis Lang
Peggy Morton
Steve Rutchinski
Tony Seed
Margaret Villamizar
Manifestation organisée par le Syndicat des infirmières unies de
l'Alberta au Parlement provincial à Edmonton, le 20
novembre 2019, contre les attaques du gouvernement Kenney
Avec ce que beaucoup décrivent comme des tactiques
militaires de « choc et stupeur », le gouvernement de Kenney en
Alberta a lancé une vague d'attaques contre les travailleurs et le
tissu social de la province. Déclarant avoir reçu le mandat de détruire
les programmes sociaux et les services publics, de licencier en masse
les travailleurs du secteur public, de voler les pensions, de violer le
droit de négocier les conditions d'emploi et de déchirer les
conventions collectives déjà signées, le gouvernement du Parti
conservateur uni est déchaîné.
Les travailleurs albertains ont démontré
leur courage en refusant d'accepter ces attaques comme une nouvelle
norme et se sont mobilisés dans un mouvement de résistance qui grandit
de jour en jour. Ils refusent de se soumettre au diktat de l'oligarchie
financière et de ses larbins politiques sur les affaires qui affectent
leur vie. Le monde moderne ne peut être gouverné de manière unilatérale
et la classe ouvrière ne peut pas être empêchée d'avoir son mot à dire
concernant les importantes décisions économiques, politiques et
sociales qui touchent le peuple, la nature et la société. Le
consentement des gouvernés est requis sur toutes les questions
importantes. Les Albertains montrent qu'ils ne resteront pas les bras
croisés pendant que les représentants de l'oligarchie financière
bafouent leurs droits et les principes modernes et détruisent ce que le
peuple a bâti. Les travailleurs albertains sont déterminés à résoudre
en leur faveur les problèmes économiques, politiques et sociaux qui
sont apparus avec le développement des forces productives modernes.
Les travailleurs et le mouvement syndical ne sont pas
dupes des tentatives de Kenney de détourner leur opposition vers
d'autres cibles en parlant d'« idiots utiles » ou en essayant de
les engager dans des débats futiles sur des événements passés, peu
importe à quel point il a recours à la provocation. Les événements et
les personnalités qui comptent sont à l'oeuvre dans le présent et sont
jugés par les actions de ces personnalités dans l'ici et le présent. Ou
bien ils appuient la lutte du peuple à la défense de ses droits et de
son bien-être et sa détermination à se bâtir une vie meilleure ou alors
ils appuient les gens comme Kenney qui bafouent les droits de tous et
plongent la société dans la grande noirceur.
Kenney et ses acolytes réactionnaires au service de
l'oligarchie financière ne parviendront pas à retourner les
travailleurs contre eux-mêmes en les incitant contre ceux dont la
pensée, les intérêts, la conscience sociale et les organisations sont
en contradiction avec sa pensée, ses intérêts, sa conscience
antisociale et ses organisations.
Plus Kenney attaque les travailleurs, les programmes
sociaux et les services publics, plus les Albertains vont résister et
défendre leurs droits. Dans cette bataille, le peuple se donne une voix
et formule des plans pour le renouveau démocratique, pour s'investir du
pouvoir et pour donner une nouvelle direction prosociale à l'économie.
La personnalité démocratique moderne prend forme irrésistiblement dans
la défense des droits de tous.
Manifestation lors du Congrès d'orientation du Parti conservateur uni à
Calgary, le 30 novembre 2019, contre l'offensive antisociale
du gouvernement Kenney
- Kevan Hunter -
Rassemblement pour l'éducation à Calgary, le 29 novembre 2019
Pendant que les enseignants, les étudiants et les
parents de l'Alberta intensifient leur résistance aux attaques contre
l'éducation publique, le gouvernement albertain et ses alliés dans les
médias ont accéléré leur campagne d'insultes et de menaces contre les
éducateurs et leur désinformation sur ce qui se passe dans les salles
de classe de l'Alberta.
Lors d'une période de questions
le 27 novembre, le député du Parti conservateur uni (PCU) de
Calgary-Fish Creek, Richard Gotfried, a demandé à la ministre de
l'Éducation son opinion sur le test de 10e année en Études
sociales qu'un parent lui avait envoyé, qui faisait preuve d'une «
rhétorique anti-pétrole et anti-gaz troublante » et de ce qu'il a
qualifié d'« idéologie de gauche radicale ».
La ministre de l'Éducation Adriana LaGrange, qui était
visiblement préparée, a dit que c'était très troublant. « Nos
éducateurs ont le devoir de dire la vérité au sujet de notre industrie
énergétique responsable. Nous avons dit que nous allons exclure la
politique des salles de classes, et c'est exactement ce que nous allons
faire », a-t-elle dit à l'Assemblée législative.
Dans un article publié dans le Calgary Herald et
le Edmonton Journal, l'ancienne chef du Parti Wildrose Danielle
Smith a poussé plus loin le discours de LaGrange. Il semble que ce même
parent anonyme lui ait aussi envoyé une copie de ce test de 10e année
en Études sociales. Après une diatribe contre le communisme, l'Union
soviétique et « les enseignants en Études sociales de l'école publique
qui semblent avoir une propension au marxisme », Smith a
dit : « Ceci n'est pas de l'éducation. C'est de l'endoctrinement.
Et ça doit arrêter. » Elle a dit qu'au lieu de préserver les
emplois des 300 enseignants des écoles publiques de l'Alberta qui
doivent être mis à pied, les conseils scolaires devraient commencer à
congédier les enseignants dont les méthodes ne lui plaisent pas.
Ce ne sont pas les enseignants de l'Alberta le problème,
mais bien la ministre de l'Éducation qui est inapte à occuper sa
position. Le curriculum d'Études sociales de 10e année prévoit que
les étudiants doivent être capables de comprendre différents points de
vue à propos de la mondialisation, y compris les perspectives
environnementales.[1] C'est
précisément ce que les questions du test permettent d'évaluer. Les
étudiants devraient être capables d'associer un argument spécifique à
une position politique plus large, et de comprendre différentes
perspectives sur les enjeux, celles des travailleurs, des propriétaires
d'entreprises, des peuples autochtones, des gouvernements et des
groupes environnementaux.
Comme d'autres personnes l'ont fait remarquer sur des
médias sociaux, la suggestion de la ministre d'« exclure la
politique » d'un cours consacré à l'étude des questions politiques
est aussi absurde et risible que de vouloir « exclure la chimie de la
science » ou « exclure l'exercice de l'éducation physique ».
Si la ministre est incapable de faire la différence entre comprendre le
point de vue de quelqu'un et se faire dire quoi penser, peut-être
devrait-elle démissionner ou reprendre ses cours d'Études sociales au
secondaire.
On s'attendrait normalement à ce qu'une ministre de
l'Éducation connaisse le programme scolaire qui est enseigné aux
étudiants, puisque c'est là-dessus que porte la discussion. Mais nous
faisons face à une nouvelle normalité, où l'objectif est de fournir un
prétexte au saccage de l'éducation publique et de menacer et de faire
taire les enseignants et toute opposition.
Depuis sa création en 2017, le PCU,
les progressistes-conservateurs qui l'ont précédé et le Parti Wildrose
avant lui ont répandu la désinformation au sujet de l'éducation
publique, des enseignants et de leur organisation, l'Association des
enseignants de l'Alberta (ATA). En 2013, on a utilisé une faible baisse
des résultats dans un test standardisé de compétences en mathématiques
dans les pays de l'OCDE pour suggérer que l'enseignement des
mathématiques était en crise et que la faute en revenait à des méthodes
nouvelles d'enseignement basées sur l'« investigation scientifique » et
la « découverte » utilisées par les enseignants.[2][3] Cela
a servi également à détourner l'attention de
l'augmentation de la taille des classes à cause du sous-financement de
l'éducation.
En 2016, la députée du Wildrose Leela Aheer,
aujourd'hui ministre de la Culture, du Multiculturalisme et du Statut
de la femme, a commencé à demander qu'on révèle le nom des 400
enseignants qui ont été mobilisés dans le remaniement du programme
scolaire (dont certains aspects remontaient aux années 1980).
Cette demande et l'accusation sans fondement que l'examen du programme
scolaire avait été fait en secret ont été reprises par Jason Kenney
lorsqu'il était dans l'opposition comme chef du Parti
progressiste-conservateur et plus tard du PCU. Après l'élection
provinciale, le gouvernement a arbitrairement déchiré une entente qui
donnait un rôle prédominant aux enseignants de l'Alberta dans le
développement du programme scolaire et a créé un panel d'examen du
programme dominé par des partisans des écoles privées, des écoles à
charte et des écoles confessionnelles, tous sans aucune expérience
d'enseignement en ce siècle.[4]
La proposition d'exclure la politique des salles de
classe est une diversion. Ce que fait le PCU n'est pas de la politique.
Le pouvoir de l'oligarchie financière par le recours aux pouvoirs
arbitraires ou pouvoirs de police n'est pas de la politique. Dire, à
l'exemple de George Bush, qu'ou bien vous êtes avec le PCU et Jason
Kenney, ou bien vous êtes un ennemi de l'Alberta et tout ce que vous
dites est illégitime, ce n'est pas de la politique. C'est le diktat. La
ministre de l'Éducation utilise le pouvoir de l'État pour diviser le
corps politique sur la base de l'idéologie et pour forcer les
enseignants à accepter, par exemple, que la seule opinion qui peut être
discutée au sujet de l'environnement est que l'Alberta possède une «
industrie énergétique responsable ». Cela vise aussi à discréditer
la résistance qui grandit contre les coupures à l'éducation. Cela ne
passe pas.
Cette dernière attaque semble aussi avoir servi de
munition à l'ordre du jour du congrès d'orientation du PCU qui s'est
tenu du 29 novembre au 1er décembre. L'énoncé politique
numéro 15 stipule que le gouvernement albertain « doit mettre en place
un 'système de bons d'étude' qui garantira un financement égal par
étudiant, quel que soit le choix de l'école. » L'effet désastreux
du système de bons d'étude aux États-Unis a été amplement démontré et
cela ne doit pas passer. Il crée un système d'éducation à deux paliers,
un système pour ceux qui ont les moyens de fréquenter les écoles
privées et à charte et un système pour tous les autres.
En défendant l'honneur et la dignité de leur profession,
les enseignants défendent leurs droits, ceux de leurs étudiants et les
intérêts de notre société. En continuant d'intensifier notre
résistance, de parler en notre propre nom, de présenter nos points de
vue publiquement et de nous lier aux forces engagées dans la défense de
l'éducation publique, nous allons être une force incontournable.
Notes
1. On peut lire ici
le programme scolaire en Études sociales de 10e année, mis à jour
pour la dernière fois en 2005. Les sections les plus importantes
sont aux pages 21 à 25.
2. En 2013, les étudiants
canadiens étaient au 13e rang dans les pays de l'OCDE. Si on
compare les étudiants de l'Alberta à ceux des autres pays de l'OCDE,
ils étaient au 11e rang alors qu'ils avaient fini huitième
en 2009.
3. Pour une discussion sur les
méthodes d'enseignement reposant sur l'« investigation » et la
distinction importante entre la « découverte » et l'«
investigation », cliquer ici.
4. Pour en savoir plus sur les changements apportés par
le renouvellement du programme scolaire, cliquer ici.
Rejet massif de l'offensive antisociale
du gouvernement de l'Ontario en éducation
Ligne de piquetage devant les bureaux du Conseil du district scolaire
de Toronto,
le 4 décembre 2019
Le mercredi 4 décembre, des membres de la Fédération des
enseignantes et des enseignants des écoles secondaires de l'Ontario
(FEESO) de la maternelle à la 12e année et à l'éducation aux adultes
ont entamé une journée de grève à l'échelle de la province.[1] Des
lignes de piquetage ont été dressées à l'extérieur des écoles, des
bureaux administratifs des conseils scolaires et des bureaux de
circonscription du premier ministre Doug Ford, du ministre de
l'Éducation Stephen Lecce et de députés provinciaux
progressistes-conservateurs de la province.
Depuis le 26 novembre, les enseignants du
secondaire et le personnel de soutien représenté par la FEESO ont
procédé à un retrait limité de services n'affectant que les initiatives
du gouvernement ou des conseils scolaires, ont tenu des piquets
d'information en dehors des heures de travail, ont également parlé aux
gens et distribué des tracts dans leurs communautés pour expliquer leur
opposition aux coupures que le gouvernement veut instaurer et leurs
conséquences pour les étudiants.
En plus de fermer les écoles secondaires pour la
journée, de nombreux conseils scolaires publics ont fermé leurs écoles
primaires. Certains conseils catholiques ont également fermé leurs
écoles, car la FEESO représente le personnel de soutien dans un large
éventail de catégories d'emplois dans les écoles secondaires et
primaires dans tous les conseils scolaires. Là où leurs écoles étaient
fermées, les enseignants du primaire et les travailleurs de l'éducation
représentés par d'autres syndicats, notamment la Fédération des
enseignantes et des enseignants de primaire (FEEO), l'Association des
enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA), le
personnel de soutien représenté par le Syndicat canadien de la fonction
publique, le syndicat des employés des services publics de l'Ontario,
Unifor et d'autres organisations se sont fait dire de se présenter au
travail. Bien que le SCFP ait annoncé que ses membres ne franchiraient
pas les lignes de piquetage de la FEESO, le 2 décembre, la Commission
des relations de travail de l'Ontario a ordonné au SCFP d'informer ses
membres que le refus de franchir une ligne de piquetage pourrait
constituer une participation à une grève illégale et faire l'objet de
mesures disciplinaires, d'amendes, de sanctions et de poursuites, étant
donné que le SCFP a signé une convention collective en vigueur.
Cela n'a pas empêché le SCFP et d'autres syndicats de
montrer leur solidarité avec leurs confères en grève. Ils ont amené
leurs drapeaux et se sont joints aux lignes de piquetage avant de
commencer le travail ou durant la pause du midi.
L'exécutif de la FEEO en solidarité avec la grève de la FEESO
Les parents, les membres des syndicats de différents
secteurs et d'autres qui ont apprécié la position des enseignants et
des travailleurs de l'éducation sont également venus pour exprimer leur
voix à la demande que le gouvernement annule ses coupures néfastes dans
l'éducation. Ceux qui ont participé ou visité les lignes de piquetage
ont souvent fait remarquer la bonne humeur et la camaraderie qui
prévalaient. Cela a également été mis en évidence dans les nombreuses
photos et vidéos publiées sur les réseaux sociaux provenant des villes
et communautés de toute la province. Sans aucun doute, cette humeur
optimiste a contribué à la confiance des gens qui se sont battus pour
une cause juste et qui se sont mobilisés pour faire savoir au
gouvernement que non, c'est non ! était la bonne chose à faire.
Rassemblement du Réseau d'action des parents de l'Ontario en solidarité
avec les enseignants et les travailleurs de l'éducation à l'approche de
l'échéance pour la grève, le 3 décembre 2019
Depuis, l'OECTA a engagé un processus de conciliation
avec le gouvernement qui s'est avéré un échec, alors que le
conciliateur a déposé un rapport recommandant de ne pas instituer de
commission de conciliation le 5 décembre. Les enseignants catholiques
qui ont voté à plus de 97 % en faveur de la grève seront en mesure de
déclencher une grève légale à partir du 21 décembre.
Dans un communiqué, la présidente de l'OECTA, Liz
Stuart, affirme : « Comme il est devenu très clair cette semaine, les
Ontariens reconnaissent que le gouvernement Ford n'écoute pas leurs
préoccupations ou ne traite pas l'éducation financée par l'État avec le
respect qu'elle mérite. Ce non à la conciliation devrait servir de
nouvel appel au réveil pour le premier ministre Ford et le ministre
Lecce qu'il est temps de se mettre d'accord. Notre Association a prévu
deux jours de négociation cette semaine et deux autres la semaine
prochaine. Nous espérons sincèrement que l'équipe de négociation du
gouvernement viendra à la table avec le mandat d'abandonner les
coupures et de parvenir à un accord. »
L'Association des enseignants et des enseignants
franco-ontariens, qui représente les enseignants des écoles de langue
française de l'Ontario, tiendra un vote de grève plus tard ce mois-ci.
Pembroke
Kingston
Bancroft
Belleville
Pickering
North Bay
Espanola
Sudbury
Thunder Bay
Manitoulin
Keswick
Richmond Hill
Toronto, Jarvis Collegiate
Toronto, George Harvey, CI
Etobicoke, bureau de circonscription du premier ministre Doug Ford
Etobicoke, Lakeshore Collegiate
Mississauga, TL Kennedy
Mississauga, école secondaire parc Cawthra; Mississauga, école
secondaire John Fraser
Région de Peel
Woodbridge
Orangeville
Milton
Guelph
Waterloo
London
Tilbury
Kingsville
Windsor
Solidarité des enseignants du primaire à Windsor
Note
1. « Les éducateurs
de l'Ontario disent Non! au diktat du gouvernement: Grève provinciale
d'un jour », Forum ouvrier, 4 décembre 2019
Le sommet de l'OTAN à Londres
- Terina Hine, Stop the War Coalition
(Royaume-Uni) -
Londres, 3 décembre 2019
Des milliers de personnes se sont rassemblées mardi soir
[3 décembre] pour participer à la manifestation Non à l'OTAN alors que
les dirigeants de l'OTAN se réunissaient pour le 70e anniversaire
de l'organisation. La visite d'un président américain au Royaume-Uni au
milieu d'une campagne électorale générale est sans précédent et des
manifestants sont venus en force en cette froide soirée de décembre
pour faire connaître leurs sentiments. Non seulement les manifestants
antiguerre ont-ils bravé le froid, mais il y avait également un
important contingent de travailleurs du National Health Service ainsi
que des médecins et des infirmières, pour rappeler que les services de
santé publics ne sont pas à vendre.
Des discours galvanisants ont été
prononcés devant la foule en fin d'après-midi. Reiner Braun du Bureau
international de la paix et Medea Benjamin de Code Pink ont donné un
aperçu de la façon dont l'OTAN est perçue en Europe et aux
États-Unis ; des représentants des Kurdes à Londres ont protesté
contre les récentes atrocités [du président turc Recep Tayyip] Erdogan
contre les Kurdes, tandis que Tariq Ali et Lindsey German de Stop the
War ont parlé de Trump et de la soi-disant « relation spéciale »
entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Kate Hudson (Campagne pour
le désarmement nucléaire) a parlé de l'impact dévastateur et de
l'escalade du coût des armes nucléaires. Les uns après les autres, les
orateurs ont mis en évidence que l'OTAN est une force pour la guerre et
non pour la paix et que Trump et tout ce qu'il défend sont détestés du
public britannique.
La manifestation qui a commencé à Trafalgar Square et
devait se rendre au palais de Buckingham en passant par le centre
commercial à temps pour l'arrivée des dirigeants de l'OTAN qui
assistaient à une réception donnée par la reine. Mais l'intervention
policière a perturbé la marche et le rassemblement. En refusant de
fermer les routes au point de rassemblement de Trafalgar Square et en
bloquant deux fois la route alors que des milliers de personnes
avançaient dans les rues du centre commercial, la police a réussi à
empêcher les manifestants d'accueillir les invités de la reine à leur
arrivée.
Détenus pendant quarante minutes dans les rues du centre
commercial, les manifestants se sont fait dire par la police à cheval
qu'ils étaient retenus pour leur propre sécurité, mais il était
parfaitement clair que la sécurité de la foule était son dernier souci.
La foule a été entassée dans un petit espace étroit, se faisant dire à
plusieurs reprises de « cesser de pousser » bien qu'il n'était
guère possible de bouger, et lorsqu'une manifestante a paniqué, le
policier à qui elle demandait de l'aide s'est moqué d'elle. Une fois
passé le « danger » d'être dans la ligne de mire des dignitaires
de passage, les manifestants ont été autorisés à se rendre au Palais où
encore plus de policiers et une poignée de partisans de Trump ont été
autorisés à saluer leur héros.
Pour ne pas être découragés, les manifestants ont
continué et attendu la fin de la réception pour pouvoir faire entendre
leur voix. Ils n'ont peut-être pas vu ou entendu la manifestation à
leur arrivée au Palais, mais avec les tambours, les trompettes et les
sifflets des manifestants, les dirigeants de l'OTAN ne pouvaient
manquer de les remarquer lors de leur départ.
De retour à Trafalgar Square, l'événement organisé par
le groupe R3 Soundsystem sous le thème « Musique de danse contre
Trump » battait son plein. Des danseurs bloquaient la rue et la
musique réverbérait jusqu'à Whitehall au moment de la rencontre entre
Trump et Johnson à Downing Street. Des bâtons lumineux et des pancartes
avec les slogans Dump Trump et Non à l'OTAN étaient
bien visibles et projetés vers le haut au rythme de la musique. C'était
la troisième visite de Trump à Londres et son troisième accueil
londonien. Espérons que ce sera sa dernière.
Glasgow, Écosse
Édinbourg, Écosse
Un piquet d'information a eu lieu le 3 décembre
devant le siège de l'Association canadienne pour l'OTAN, au
centre-ville de Toronto, en solidarité avec les dizaines de milliers de
manifestants rassemblés à Londres pour s'opposer au sommet de l'OTAN
dans cette ville et réclamer l'abolition de l'OTAN. L'action de Toronto
a été organisée par Voix des femmes canadiennes pour la paix et
comprenait des activistes du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste), de Bayan Canada et d'autres. Ils ont crié des
slogans, diffusé de l'information et appelé à la fin de l'OTAN qui est
engagée depuis 70 ans dans des guerres et des agressions partout
au monde au service de l'impérialisme anglo-américain.
Les participants ont crié des slogans tels que Non à
l'OTAN !, Canada, hors de l'OTAN !, Pas un cent pour
l'OTAN !, Mettons fin aux guerres qui détruisent
l'environnement !, Le Canada a besoin d'un gouvernement
antiguerre !, Faisons du Canada une zone de paix, OTAN, hors
d'Amérique latine et d'autres qui appellent à interdire l'OTAN dans
différentes régions du monde. De nombreux passants ont exprimé leur
appui à l'action en levant le pouce ou le poing en signe d'appui.
À la fin de l'événement, Tamara Lorincz de Voix des
femmes canadiennes pour la paix a remercié toutes les personnes et les
organisations qui participent à cette ligne de piquetage mensuelle
depuis les douze derniers mois. Elle a dit qu'elle avait organisé ces
piquets mensuels à l'extérieur du bureau de l'Association canadienne
pour l'OTAN lors de son 70e anniversaire pour souligner le travail
que faisait cette organisation, financée par des fabricants d'armes
américains, pour justifier l'ordre du jour de l'OTAN au Canada et miner
la demande du peuple canadien d'exiger que le Canada défende la paix
dans le monde. Elle a souligné que le gouvernement canadien contribue
des dizaines de milliards de dollars à la promotion et la justification
du militarisme et de la guerre au Canada, notamment en contribuant au
budget de l'OTAN. Cet argent pourrait être utilisé pour répondre aux
besoins sociaux pressants des Canadiens et investir dans la protection
de l'environnement. Elle a appelé chacun à intensifier son travail au
début de l'année pour exiger la fin de l'OTAN, comme le faisaient les
manifestants lors du sommet de Londres à ce moment précis. Tamara a
appelé le gouvernement Trudeau à cesser de s'immiscer dans les affaires
des autres pays et à nouer des relations pacifiques avec eux.
Les participants ont exprimé leur détermination à
intensifier leurs efforts pour s'opposer à l'OTAN et contribuer à faire
du Canada une zone de paix.
Le Canada est membre d'une alliance militaire agressive
appelée Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Les
États-Unis sont le membre dominant de l'OTAN et exigent que l'alliance
militaire serve leur quête de domination mondiale et contribue à leur
économie de guerre.
Tous les membres de l'OTAN se sont engagés à
consacrer 2 % de leur produit intérieur brut annuel à leurs
forces armées. Le quartier général de l'OTAN estime que le gouvernement
canadien consacre 1,31 % de son PIB aux forces armées.
Pour 2018, cela s'est élevé à 29,206 milliards de dollars
canadiens. Le gouvernement canadien a déclaré que ses dépenses
militaires progressaient vers l'objectif de 2 %.
L'OTAN et en particulier les États-Unis souhaitent que
le Canada atteigne immédiatement l'objectif de 2 % du PIB.
Pour 2018, deux pour cent du PIB du Canada s'élevaient
à 44,589 milliards de dollars.
Outre l'augmentation de la capacité agressive de l'OTAN,
l'augmentation des montants alimenterait davantage l'économie de guerre
des États-Unis. Les équipements militaires, en particulier le matériel
coûteux tels que les avions de chasse, les missiles, les chars
d'assaut, etc. sont nécessaires pour répondre aux normes de l'OTAN. Les
États-Unis établissent ces normes et, dans une large mesure, celles-ci
ne peuvent être respectées que par l'achat d'équipement militaire
américain.
L'écart entre les dépenses militaires annuelles réelles
du Canada (1,31 % du PIB) et le pourcentage demandé (2 % du
PIB) était de 15,383 milliards de dollars en 2018. L'économie
de guerre impérialiste américaine veut que ce montant accru soit
dépensé pour du matériel aussi coûteux que l'avion de chasse F-35
fabriqué aux États-Unis par Lockheed Martin et que le Canada n'a pas
encore acheté.
Le fait que le Canada n'a pas atteint l'objectif convenu
de 2 % de dépenses militaires explique en partie la colère du
président américain envers les membres de l'OTAN, qu'il dénonce comme «
des délinquants » ou, dans le cas du Canada, « légèrement
délinquant ». Le président américain représente les intérêts d'une
partie dominante de l'oligarchie financière américaine, de l'économie
de guerre de ce pays et de sa quête de domination mondiale.
L'adhésion à l'alliance militaire agressive n'est pas
dans l'intérêt du peuple ou de l'économie du Canada, des États-Unis ou
du monde. Le Canada devrait se retirer immédiatement de l'OTAN et de
toutes les alliances militaires qu'il a avec l'impérialisme américain,
cesser tout achat d'équipement militaire américain, prendre des mesures
pour soustraire son économie de l'économie de guerre des États-Unis et
faire du Canada une zone de paix.
Élections générales en Grande-Bretagne le
12 décembre
- Workers' Weekly -
Grande manifestation contre le gouvernement à Parliament Square, à
Londres, 9 septembre 2019
Dans son appel aux élections générales, Boris Johnson a
déclaré que le problème auquel est confronté le peuple britannique est
qu'il n'est pas représenté par le parlement, ce qui est tout à fait
véridique. Selon la logique qui sous-tend la tradition parlementaire
britannique, l'élection de membres du parlement fait d'eux des
représentants de la personne d'État, la reine d'Angleterre. La personne
d'État règne sur le peuple. En d'autres mots, la démocratie est divisée
entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés. Le rôle du
citoyen est simplement de mettre un « X » sur le bulletin de vote
lors d'une élection et d'indiquer qu'il autorise quelqu'un d'autre à
parler en son nom, bien qu'il n'exerce aucun contrôle sur cette
personne.
Mais, bien sûr, ce n'est pas là le problème auquel se
réfère Boris Johnson lorsqu'il déclare que ces élections opposent « le
peuple au parlement ». Loin de proposer comment le peuple peut
être investi du pouvoir décisionnel pour qu'il puisse parler en son
propre nom, Johnson prétend que la coalition de Theresa May et du DUP
et, par la suite, son propre gouvernement minoritaire, sont «
résolument du côté du peuple ». Le seul fait de prétendre que le
recours de son gouvernement à la prérogative royale pour se débarrasser
de voix dissidentes représente « le peuple » est d'un tel ridicule
qu'il ne mérite pas qu'on s'y attarde. C'est un secret de polichinelle
que le gouvernement de Boris Johnson est au service des nantis et
qu'il est incapable de résoudre les contradictions dans les rangs
des nantis pour que ceux-ci puissent avoir le beurre et l'argent
du beurre. Nous sommes loin des besoins d'une économie britannique qui
sert le peuple britannique.
Non seulement l'assertion de Boris Johnson que son
gouvernement représente le peuple est-elle fausse, mais elle est une
parodie de ce que devraient être les relations parlementaires. Le
gouvernement en tant que tel est en relation avec l'ensemble du
parlement qui est le lieu où les décisions sont sensées se prendre
puisque la Chambre des communes est sa principale composante. Le
parlement est un ensemble - toutes ses parties forment un tout et
chaque partie ne peut être isolée de sa relation avec l'ensemble. À
quelle fin opposer une composante de la relation à une autre, selon M.
Johnson ?
Comment est-il possible que le gouvernement puisse
prétendre être séparé du parlement qui doit représenter « les
communes » ? Le gouvernement n'est-il pas une composante
intégrale des « communes » ? De toute évidence, M. Johnson
dit n'importe quoi. Son discours manque de cohérence, ce qui est normal
dans son cas. Mais le fait d'avouer qu'à la Chambre des communes on
refuse d'y admettre « les gens du peuple » met en relief le fond
de l'histoire - le gouvernement ne gouverne pas avec le consentement
des gouvernés. Il s'agit là d'un grave problème qui mérite une
attention du premier ordre. Imaginons pour un instant que le parlement
actuel est un ensemble musical et que l'harmonie de l'ensemble a fait
place à une rivalité entre les instruments. Les sons produits sont
stridents et dissonants et la cacophonie est telle que personne ne veut
les entendre.
Évidemment, le fait que le parlement est un ensemble et
qu'il doit être traité comme tel ne signifie pas que nous appuyons
l'ensemble tel qu'il existe. Le parlement ne cherche aucunement à
résoudre les graves problèmes auxquels le corps politique est confronté
en ce moment. Aussi, en dépit du manque d'harmonie et de la discorde,
les commentateurs médiatiques et les partis cartels agissent comme si
la situation était « normale », et que le peuple n'a qu'à
l'accepter comme telle. Plutôt que d'activer le peuple pour qu'il
prenne contrôle de la situation, on tente par tous les moyens de le
détourner des vrais problèmes auxquels il fait face afin qu'il ne
puisse leur trouver des solutions viables. L'avenir est dépeint comme
étant très sombre, et c'est ce qui se produit lorsque l'imagination
politique ne s'attarde pas à ce qui se passe au moment présent.
Tant que ce qu'on appelle les soi-disant institutions
démocratiques ne peuvent répondre aux exigences des conditions
d'aujourd'hui, les besoins du peuple et les sérieux problèmes auxquels
lui et la société sont confrontés iront en s'intensifiant. La question
fondamentale de qui cette démocratie représente continuera d'empêcher
de trouver une issue à l'impasse qui existe aujourd'hui puisque le rôle
du peuple en est réduit à un de spectateur et à autoriser d'autres à
parler en son nom. L'appel au changement doit avoir comme cible un
changement dans cette relation entre le peuple et le parlement.
Workers' Weekly est une publication du Parti
communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste).
Les efforts du peuple vont dans le sens d'un véritable
changement, comme l'affirme le manifeste du Parti travailliste.
Cependant, comment la question d'engendrer un réel changement se
pose-t-elle alors que les conditions exigent un tel changement, mais
que le peuple continue d'être divisé entre différentes factions de la
classe dominante qui rivalisent pour le pouvoir ? Aussi longtemps
qu'il en sera ainsi, le véritable changement tant désiré par le peuple
demeurera vague et insaisissable.
La volonté de la classe ouvrière britannique est d'avoir
un Parti travailliste qui ne fait pas partie du statu quo, ce qui
nécessite de mettre fin aux factions au sein du Parti travailliste
lui-même et d'autres partis qui appuient un ordre du jour néolibéral et
le statu quo du pouvoir et des privilèges, ce que représente le
parlement aujourd'hui. C'est cet ordre du jour de payer les riches dont
les factions veulent tirer avantage qui est la source des ravages dans
l'économie britannique en ce moment. La classe dirigeante a privatisé
les systèmes de santé, d'éducation et des services publics, ainsi que
le transport, et cédé d'autres secteurs de l'économie à la production
de guerre et aux oligopoles qui maraudent dans tous les pays du monde
pour redorer le blason de la Grande-Bretagne, des États-Unis ou d'une
autre grande puissance.
Le changement que les conditions requièrent nécessite le
remplacement des formes actuelles qui servent à maintenir le peuple à
l'écart du pouvoir décisionnel. Ce changement doit commencer par la
défaite de Boris Johnson et de sa clique et en envoyant un message
clair à quiconque formera le prochain gouvernement que le peuple
condamne les rivalités factionnelles au sein des partis et entre les
partis.
Dans cette élection, empêchons les conservateurs de
former un gouvernement, seul ou en alliance avec le Parti unioniste
démocrate (DUP), ou en formant une coalition avec un autre parti.
Aussi, tous ceux qui sont en mesure de le faire doivent tout mettre en
oeuvre pour défaire le DUP et lutter pour une nouvelle cohérence. Que
les élections servent à sortir de l'impasse en ne permettant pas que
puisse se perpétuer le statu quo de factions qui s'entredéchirent. Ces
rivalités intéressées montrent clairement que ces factions ne
représentent pas les intérêts du peuple. Il faut les rejeter !
Voilà le premier pas dans la lutte pour un réel changement, un
changement dont la perspective est vaste et dans l'intérêt du bien de
toute la société.
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