Élections générales en Grande-Bretagne le
12 décembre
L'absurdité des propos de Boris Johnson au sujet du peuple et du parlement
- Workers' Weekly -
Grande manifestation contre le gouvernement à Parliament Square, à
Londres, 9 septembre 2019
Dans son appel aux élections générales, Boris Johnson a
déclaré que le problème auquel est confronté le peuple britannique est
qu'il n'est pas représenté par le parlement, ce qui est tout à fait
véridique. Selon la logique qui sous-tend la tradition parlementaire
britannique, l'élection de membres du parlement fait d'eux des
représentants de la personne d'État, la reine d'Angleterre. La personne
d'État règne sur le peuple. En d'autres mots, la démocratie est divisée
entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés. Le rôle du
citoyen est simplement de mettre un « X » sur le bulletin de vote
lors d'une élection et d'indiquer qu'il autorise quelqu'un d'autre à
parler en son nom, bien qu'il n'exerce aucun contrôle sur cette
personne.
Mais, bien sûr, ce n'est pas là le problème auquel se
réfère Boris Johnson lorsqu'il déclare que ces élections opposent « le
peuple au parlement ». Loin de proposer comment le peuple peut
être investi du pouvoir décisionnel pour qu'il puisse parler en son
propre nom, Johnson prétend que la coalition de Theresa May et du DUP
et, par la suite, son propre gouvernement minoritaire, sont «
résolument du côté du peuple ». Le seul fait de prétendre que le
recours de son gouvernement à la prérogative royale pour se débarrasser
de voix dissidentes représente « le peuple » est d'un tel ridicule
qu'il ne mérite pas qu'on s'y attarde. C'est un secret de polichinelle
que le gouvernement de Boris Johnson est au service des nantis et
qu'il est incapable de résoudre les contradictions dans les rangs
des nantis pour que ceux-ci puissent avoir le beurre et l'argent
du beurre. Nous sommes loin des besoins d'une économie britannique qui
sert le peuple britannique.
Non seulement l'assertion de Boris Johnson que son
gouvernement représente le peuple est-elle fausse, mais elle est une
parodie de ce que devraient être les relations parlementaires. Le
gouvernement en tant que tel est en relation avec l'ensemble du
parlement qui est le lieu où les décisions sont sensées se prendre
puisque la Chambre des communes est sa principale composante. Le
parlement est un ensemble - toutes ses parties forment un tout et
chaque partie ne peut être isolée de sa relation avec l'ensemble. À
quelle fin opposer une composante de la relation à une autre, selon M.
Johnson ?
Comment est-il possible que le gouvernement puisse
prétendre être séparé du parlement qui doit représenter « les
communes » ? Le gouvernement n'est-il pas une composante
intégrale des « communes » ? De toute évidence, M. Johnson
dit n'importe quoi. Son discours manque de cohérence, ce qui est normal
dans son cas. Mais le fait d'avouer qu'à la Chambre des communes on
refuse d'y admettre « les gens du peuple » met en relief le fond
de l'histoire - le gouvernement ne gouverne pas avec le consentement
des gouvernés. Il s'agit là d'un grave problème qui mérite une
attention du premier ordre. Imaginons pour un instant que le parlement
actuel est un ensemble musical et que l'harmonie de l'ensemble a fait
place à une rivalité entre les instruments. Les sons produits sont
stridents et dissonants et la cacophonie est telle que personne ne veut
les entendre.
Évidemment, le fait que le parlement est un ensemble et
qu'il doit être traité comme tel ne signifie pas que nous appuyons
l'ensemble tel qu'il existe. Le parlement ne cherche aucunement à
résoudre les graves problèmes auxquels le corps politique est confronté
en ce moment. Aussi, en dépit du manque d'harmonie et de la discorde,
les commentateurs médiatiques et les partis cartels agissent comme si
la situation était « normale », et que le peuple n'a qu'à
l'accepter comme telle. Plutôt que d'activer le peuple pour qu'il
prenne contrôle de la situation, on tente par tous les moyens de le
détourner des vrais problèmes auxquels il fait face afin qu'il ne
puisse leur trouver des solutions viables. L'avenir est dépeint comme
étant très sombre, et c'est ce qui se produit lorsque l'imagination
politique ne s'attarde pas à ce qui se passe au moment présent.
Tant que ce qu'on appelle les soi-disant institutions
démocratiques ne peuvent répondre aux exigences des conditions
d'aujourd'hui, les besoins du peuple et les sérieux problèmes auxquels
lui et la société sont confrontés iront en s'intensifiant. La question
fondamentale de qui cette démocratie représente continuera d'empêcher
de trouver une issue à l'impasse qui existe aujourd'hui puisque le rôle
du peuple en est réduit à un de spectateur et à autoriser d'autres à
parler en son nom. L'appel au changement doit avoir comme cible un
changement dans cette relation entre le peuple et le parlement.
Workers' Weekly est une publication du Parti
communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste).
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 34 - 7 décembre 2019
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