4 décembre 2019
Les Albertains
se mobilisent vigoureusement contre l'offensive antisociale accrue du
gouvernement Kenney
Les bâtisseurs de
communautés s'opposent à la démolition Kenney
- Peggy Askin -
Les
éducateurs
de
l'Ontario disent Non! au diktat du gouvernement
• Grève provinciale d'un jour - Mira Katz
• Première phase de la grève du zèle des
enseignants du primaire
Colombie-Britannique
• Les Travailleurs unis de l'alimentation et du
commerce et les associations de taxis entament une poursuite judiciaire
contre Uber et Lyft - Anne Jamieson
Les travailleurs
rendent le gouvernement du Québec redevable de ses mesures antiouvrières
• La position inacceptable du gouvernement sur
les normes de formation des grutiers - Pierre Chénier
• Changer la réalité sur le terrain - Entrevue avec François Patry, président de
la Fraternité nationale des charpentiers-menuisiers, Section locale 9
de la FTQ-Construction
Les Albertains se mobilisent
vigoureusement contre l'offensive antisociale
accrue du gouvernement Kenney
- Peggy Askin -
Un rassemblement militant organisé par
Alberta Foward in a Progressive Canada (Alberta va de l'avant dans un
Canada progressiste), le SCFP-Alberta et Support Our Students a
eu lieu devant l'hôtel Westin Airport à Calgary, où le Parti
conservateur unifié (PCU) tenait son assemblée générale annuelle.
Environ 1 500 personnes y ont assisté malgré le froid et
l'emplacement isolé. Des enseignants, des élèves, des parents, des
infirmières et autres professionnels de la santé, des aînés et des
personnes de tous les horizons et de tous les secteurs de l'économie
étaient présents. Comme l'a dit un orateur, ils sont venus en tant que
bâtisseurs de communautés pour s'opposer à la destruction. Ils sont
venus parler en leur propre nom de l'impact de l'offensive antisociale
du gouvernement Kenney et demander l'abrogation de toutes les mesures
antisociales. Avec des pancartes et des bannières, des chants et des
discours, ils ont exprimé leur détermination à changer les choses. Le
rassemblement a montré que le peuple n'accepte pas l'affirmation du
gouvernement Kenney selon laquelle il a un « mandat », qu'il n'est
pas désorienté par les tactiques de choc et stupeur du gouvernement et
qu'il défend vigoureusement ses droits et les droits de tous. Pour
beaucoup, c'était la première participation à un tel événement, et de
la journée a transpiré l'esprit qu'il n'en tient qu'à nous tous de
construire ensemble la résistance.
Selon une approche très réussie et innovatrice, le
rassemblement a été organisé avec alternance de sessions de micros
ouverts et de marches autour de l'hôtel. Le premier orateur était un
enseignant qui a donné le ton pour le reste de la journée en soulignant
l'importance de travailler ensemble. Un grand nombre d'enseignants ont
pris la parole pour dire non ! aux licenciements prévus
dans toute la province, dont celui de 300 enseignants de Calgary ayant
des contrats de durée déterminée qui perdront leur emploi, et pour
affirmer leur combat pour des conditions de travail qui sont les
conditions d'apprentissage des étudiants.
Les infirmières étaient également
présentes en grand nombre. La veille du rassemblement, les Services de
santé de l'Alberta ont annoncé lors d'une réunion avec la direction du
Syndicat des infirmières unies de l'Alberta qu'au moins 750
infirmières seraient licenciées sur plusieurs années dans le cadre
d'une réduction des effectifs qui verra l'élimination de plus d'un
million d'heures de soins. Les travailleurs de la santé, de l'éducation
et d'autres secteurs publics du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP) et du Syndicat des employés provinciaux de l'Alberta
(AUPE) ont marché ensemble. Eux aussi avaient reçu une lettre indiquant
que jusqu'à 6 000 emplois seraient supprimés ou donnés en
sous-traitance dans le secteur de la santé.
Des infirmières, des enseignants, des travailleurs de la
santé et d'autres travailleurs du secteur public, des étudiants, des
récipiendaires vivant du revenu pour personnes gravement handicapées
(AISH) et de nombreux citoyens concernés ont expliqué comment ils
avaient été touchés par cette offensive anti-peuple et qu'il n'en tient
qu'à eux de bâtir la résistance.
Stephanie Quesnel, enseignante et organisatrice du
rassemblement, a expliqué l'impact des coupures à l'éducation,
notamment sur la taille des classes et les soins spécialisés, alors que
les coupures à la santé vont se traduire par une réduction des
effectifs, une augmentation des temps d'attente et une baisse de la
qualité des soins. « J'espère que [Kenney] se rendra compte que ce
n'est pas une minorité, a-t-elle dit, c'est une énorme majorité, qui
est contre ces coupures et nous n'avons pas voté pour cela. Si
les gens ont voté pour le PCU, cela ne figurait pas dans sa plateforme,
une surprise pour beaucoup de gens. Nous avons été très bruyants. S'il
n'écoute pas, alors ça veut dire qu'il n'écoute pas la voix d'un très
grand nombre d'Albertains, parce qu'un changement est en train de se
produire et il doit écouter. »
Le vice-président de la section locale 71 de
l'AUPE, Bobby-Jo Borodey, a déclaré : « Peu importe le syndicat
auquel vous appartenez, le groupe auquel vous êtes associé, tout ce qui
compte est que vous soyez un Albertain et que ce gouvernement mène une
guerre contre les gens de cette province. Votre combat est notre
combat. Notre combat est votre combat et, ensemble, nous serons plus
forts. Ensemble, nous gagnerons. »
Gil McGowan, président de la Fédération du travail de
l'Alberta, n'a pas mâché ses mots : « Les gens perdent leur
emploi. Au lieu d'emplois, ils nous offrent la destruction des emplois.
Tout le monde devrait être prêt à se joindre à nous sur les lignes de
piquetage. C'est le moment de se lever et de se battre, c'est
exactement ce que nous avons l'intention de faire. ».
Barb Silva, représentante de l'organisation Appuyons nos
étudiants de l'Alberta, a déclaré avec force conviction : « C'est
une question d'équité en matière d'éducation. Ne nous demande pas de
faire des compromis, Jason Kenney. Ne nous demande pas de négocier sur
le dos des enfants de l'Alberta. Nous voyons votre plan. Nous savons où
vous menez l'Alberta. Nous savons que Kenney veut briser les syndicats,
affaiblir l'éducation publique et diviser les communautés ... Kenney
veut que vous voyiez l'éducation comme une marchandise à consommer
individuellement, nous savons que c'est un bien commun public. Il veut
attaquer l'éducation publique à chaque fois qu'il en a l'occasion. Nous
serons là à chaque fois pour la défendre. Nous sommes ici aujourd'hui,
fiers de l'éducation publique. Nous sommes des bâtisseurs de
communautés, pas des démolisseurs. Nous ne resterons pas les bras
croisés à laisser le gouvernement la vendre au plus offrant. »
Peggy Askin, vice-présidente de la section du Congrès
des syndiqués retraités de Calgary et ancienne présidente du Conseil du
travail et du district de Calgary, a dit : « Le gouvernement
Kenney n'a pas le mandat de mener cette offensive antisociale brutale.
Il n'agit pas en notre nom lorsqu'il agite son entreprise de
démolition. Nous nous retrouvons tous ensemble pour défendre nos
droits, pour que les besoins de l'être humain soient au premier plan.
Ce n'est pas un hasard si les travailleurs écrivent sur leurs pancartes
'United Corporate Puppets' (fantoches corporatifs unis, en référence à
l'acronyme du Parti conservateur uni en anglais), car ce sont les
intérêts que le gouvernement sert. Nous sommes tous ici pour défendre
ensemble l'Alberta que nous représentons. Ce sont les enseignants, les
travailleurs de la santé, les employés du secteur public, c'est tout
ceux qui travaillent, nous tous, qui faisons fonctionner cette province.
« Nous disons : arrêtez de payer les riches et
augmentez les investissements dans les programmes sociaux !
« Nous disons non ! à ce diktat. Nous voulons être
entendus et nous nous donnons les moyens de le faire. »
Voir également l'article « Les attaques méprisables du
gouvernement Kenney contre les enseignants » -de Kevan Hunter qui
paraîtra dans Le Marxiste-Léniniste
du 7 décembre 2019.
Les éducateurs de l'Ontario disent Non!
au diktat du gouvernement
- Mira Katz -
Les enseignants et les travailleurs en éducation disent au ministre de
l'Éducation « Non aux coupures à l'éducation ! », à Toronto,
le 27 novembre 2019.
Le mercredi 4 décembre, les membres
de la Fédération des enseignantes et des enseignants des écoles
secondaires de l'Ontario (FEESO) qui travaillent en Ontario de la
maternelle à la 12e année et à l'éducation aux adultes tiennent
une grève d'une journée à l'échelle de la province. Dans un geste de
solidarité, les membres du Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP) qui travaillent également dans le système ont annoncé qu'ils ne
franchiront pas les lignes de piquetage.
La FEESO représente les enseignants du secondaire dans
les écoles secondaires publiques de tout l'Ontario ainsi que le
personnel de soutien à l'éducation dans de nombreuses écoles primaires
et secondaires et les conseils scolaires de la province. Cela signifie
qu'en plus des écoles secondaires fermées par la grève, de nombreuses
écoles primaires le seront aussi, faute de pouvoir travailler sans le
personnel de soutien à l'éducation qui empêche, à bien des égards, le
système de complètement s'effondrer. Le SCFP représente les concierges,
le personnel de secrétariat et d'autres membres du personnel de soutien
à l'éducation dans de nombreuses écoles de la province et leur refus de
franchir les lignes de piquetage étend la grève à d'autres écoles, dont
celles du réseau public des écoles catholiques et françaises.
Après huit mois d'efforts pour faire reculer le
gouvernement Ford dans ses attaques contre l'éducation, en particulier
son changement arbitraire de la taille moyenne des classes et
l'obligation pour les étudiants de suivre des cours en ligne pour
obtenir leur diplôme, la FEESO a décidé de faire savoir au gouvernement
que non veut dire non ! Entre-temps, le gouvernement, par
l'intermédiaire de son ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, tente de
présenter ses modifications à son diktat précédent - dans lesquelles il
propose de relever la taille moyenne des classes de 22 à 25
au lieu de 28, et d'exiger deux cours d'apprentissage en ligne au
lieu des quatre précédents pour être diplômé - comme preuve de sa
flexibilité. Les syndicats et les travailleurs de l'Ontario ne s'y
laissent pas prendre.
Depuis le début, le gouvernement et le ministre
Lecce ont tenté de désinformer le public au sujet des justes demandes
et revendications des enseignants afin de miner le vaste appui que les
enseignants et les travailleurs de l'éducation ont parmi le peuple.
Néanmoins, plus de 75 % des parents qui ont répondu aux
consultations du gouvernement Ford se sont opposés à l'augmentation du
nombre d'élèves par classe et à la réduction de l'attention
individuelle accordée aux élèves.
Des groupes de parents se sont joints à la lutte et ont
demandé aux parents d'amener leurs enfants à l'hôtel Sheraton au
centre-ville de Toronto le soir précédant le début de la grève. Ils
voulaient démontrer qu'en l'absence d'un accord entre les parties, ils
appuieraient les éducateurs.
Laura Chesnik, porte-parole du Parti marxiste-léniniste
du Canada en matière d'éducation et d'affaires connexes et enseignante
au primaire de l'Ontario, a déclaré dans une entrevue au Forum
ouvrier : « Tous ceux qui en sont capables devraient se
joindre aux lignes de piquetage. Les éducateurs de l'Ontario disent
clairement qu'ils n'accepteront pas le diktat du gouvernement et que
Non, c'est non !
« À l'instar des éducateurs de tout le Canada, ceux qui
travaillent à éduquer la jeune génération n'accepteront pas d'être
relégués au rang de robots ou de policiers dans les classes, sans aucun
mot à dire sur la direction du système, leurs salaires et leurs
conditions de travail. Les changements arbitraires effectués par le
gouvernement à la taille des classes et à l'apprentissage en ligne,
ainsi que les tentatives de miner le jugement professionnel des
éducateurs dans les classes sont destructeurs. Ils visent à cacher que
ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, utilise son contrôle du
trésor public pour payer les riches et considère l'éducation comme un
coût plutôt que comme une valeur essentielle d'une économie prospère et
durable. La lutte qui se mène est la lutte de tous ceux qui fournissent
des services publics essentiels pour prendre en main leurs affaires,
pour affirmer qu'ils ont le droit d'avoir leur mot à dire sur
l'éducation et l'économie dans son ensemble. C'est pourquoi les parents
et les élèves se tiennent aux côtés des éducateurs en Ontario, car ils
veulent eux aussi avoir leur mot à dire.
« La seule option du gouvernement
à ce stade est de reculer et d'abandonner ces changements ou de doubler
la mise et d'essayer de criminaliser les éducateurs qui refusent de se
soumettre. Si le gouvernement choisit la deuxième voie, il va
simplement placer les institutions démocratiques du Canada dans une
crise de légitimité plus profonde et cela pourrait se retourner contre
lui si les travailleurs de l'éducation refusent de reculer. L'ancien
adjoint de Dalton McGuinty à son bureau de circonscription lors de la
débâcle de la loi 115, John Fraser, actuellement chef intérimaire
du Parti libéral de l'Ontario, l'a déclaré lors d'un témoignage devant
un comité de l'assemblée législative. Il a exhorté le gouvernement à
apprendre de l'expérience passée de l'ancien gouvernement libéral et à
reculer sur l'usage du diktat pour arriver à ses fins. Fraser parle
pour cette section de la classe dirigeante qui veut un gouvernement qui
amène les travailleurs de l'éducation à accepter volontairement les
attaques contre l'éducation et considère que Ford se comporte trop
comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Chose certaine, les
travailleurs de l'éducation parlent de plus en plus pour eux-mêmes et
montrent clairement qu'ils n'accepteront pas de ne pas être respectés
et veulent avoir leur mot à dire. »
Le 14 novembre 2019, la FEEO annonce une série de rencontres
pour préparer la grève du zèle qui a commencé le 26
novembre 2019.
Le 26 novembre, la Fédération des enseignantes et
des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (FEEO) a amorcé la
phase 1 de sa grève du zèle en opposition au refus du gouvernement
Ford de négocier de bonne foi. La FEEO représente 83 000
enseignants, enseignants suppléants et autres professionnels de
l'éducation qui travaillent dans les écoles primaires de l'Ontario. Les
enseignants sont depuis trois mois sans convention collective.
Sam Hammond, le président de la FEEO, a déclaré que les
enseignants du primaire avaient été contraints d'user de moyens de
pression parce que le gouvernement Ford a refusé de répondre aux
préoccupations des enseignants et s'est engagé dans une campagne de
désinformation visant à briser leur unité et le vaste appui que leur
donnent les Ontariens.
Hammond a souligné que le ministre de l'Éducation,
Stephen Lecce, avait induit le public en erreur en affirmant qu'il ne
restait que quelques problèmes de négociation non résolus, ce qui n'est
pas le cas. La taille des classes, le manque de soutien pour les élèves
ayant des besoins spéciaux, la montée de la violence en milieu scolaire
et la tentative du gouvernement de contourner le règlement de 2012
prévoyant l'engagement d'enseignants sur la base de leurs
qualifications et de leur expérience sont toutes des questions non
résolues dans ces négociations.
Hammond a ajouté que le gouvernement Ford a gaspillé
plus de 230 millions de dollars en pénalités pour annuler des
projets d'énergie renouvelable tout en exigeant en même temps des
réductions allant jusqu'à 150 millions de dollars dans
l'enseignement primaire. C'est inacceptable, a dit Hammond.
Dans la première phase de la grève du zèle, les
enseignants enseigneront à leurs élèves mais ne participeront à aucune
activité liée au conseil scolaire, notamment la préparation des
bulletins, la participation à des réunions mandatées par le conseil
scolaire et d'autres fonctions administratives, notamment les réunions
de comités de programme. Ils continueront toutefois de participer à des
activités parascolaires telles que la supervision de clubs d'étudiants.
Selon la FEEO, la grève du zèle se poursuivra jusqu'à ce
que le conflit de travail soit résolu de manière satisfaisante ou que
le Bureau exécutif provincial de la FEEO estime que des actions
supplémentaires sont nécessaires. Forum ouvrier se tient aux
côtés des enseignants et des travailleurs de l'éducation de l'Ontario.
Colombie-Britannique
- Anne Jamieson -
Uber et Lyft sont de gigantesques sociétés
multinationales de transport de personnes par covoiturage qui ont
demandé des permis du Conseil de transport de passagers (PTB) afin
d'exercer leurs activités en Colombie-Britannique. Uber, fondé
en 2009 aux États-Unis, a déployé ses activités partout dans le
monde. Son modèle d'affaire, tel que décrit dans Le
Marxiste-Léniniste, vise à « détruire l'industrie du taxi et non à
coexister avec elle. Il est conçu pour s'attaquer aux travailleurs sans
emploi ou sous-employés, pour abaisser le niveau de vie de tous les
chauffeurs et les normes de services d'une industrie réglementée et
pour s'accaparer la valeur et la retirer de l'économie locale. »[1]
Dans le but de mettre un frein aux pratiques
d'exploitation de ces deux sociétés, les Travailleurs unis de
l'alimentation et du commerce (TUAC) et l'Association de taxis de
Vancouver (ATV) ont déposé des requêtes juridiques auprès de la
Commission des relations de travail et du Conseil de transport de
passagers (PTB) pour forcer Uber et Lyft à respecter les mêmes
règlements que les autres compagnies de taxis en Colombie-Britannique
doivent respecter. Des associations de taxis dans d'autres régions de
la province ont entrepris des actions semblables.
Poursuite judiciaire des TUAC
Le 27 novembre, la section locale 1518 des
TUAC a soumis une requête à la Commission des relations de travail à
Vancouver pour que celle-ci décrète que les chauffeurs de Lyft et
d'Uber sont des employés en vertu du Code des relations de travail
de la Colombie-Britannique et qu'en vertu de ces règlements ils ont
droit à des protections au même titre que les autres travailleurs de la
Colombie-Britannique. (Uber et Lyft prétendent que leurs chauffeurs ne
sont pas des employés mais des travailleurs autonomes). Les TUAC
affirment aussi que Lyft et Uber contreviennent à des articles du code
en exigeant de leurs chauffeurs qu'ils concluent un accord selon lequel
ils ne seraient pas des employés et en exigeant d'eux qu'ils acceptent
que « toute allégation d'une relation employeur-employé entre la
compagnie et le chauffeur soit réglée par voie d'arbitrage
commercial ». Ceci, soulignent les TUAC, n'est qu'une tentative de
contourner les protections prévues par le code ».
Poursuite judiciaire par l'Association des taxis de
Vancouver
L'Association des taxis de Vancouver (ATV) a entamé une
poursuite judiciaire le 28 novembre auprès du Conseil de transport de
passagers à Victoria, déclarant qu'en raison des conditions illégales
imposées par Uber et Lyft à leurs chauffeurs potentiels, le Conseil ne
devrait pas traiter les demandes de ces compagnies de transport de
personnes par covoiturage jusqu'à ce que la question soit résolue.
Entretemps, écrit l'ATV, celle-ci ne s'oppose pas à ce que le PTB
émette des permis de transport de personnes par covoiturage à
d'autres demandeurs en décembre, car « aucun d'entre eux ne tente
d'imposer des conditions à leurs chauffeurs qui entraveraient leur
capacité de se protéger collectivement de modalités et de conditions
d'emploi abusives ».
En septembre, l'ATV a demandé un contrôle judiciaire de
la décision du PTB de soustraire les compagnies de transport de
personnes par covoiturage aux règlements que sont tenues de respecter
les compagnies de taxis actuelles : les décisions du Conseil ont
fait en sorte que le nombre d'automobiles de ces compagnies est
illimité, que les tarifs de ces compagnies ne sont pas plafonnés, et
que leurs zones de transport régionaux sont plus étendues que celles
des compagnies de taxi existantes.
La situation à laquelle font face les chauffeurs de taxi
va aller en se dégradant si rien n'est fait pour arrêter Uber et Lyft.
Forum ouvrier a interviewé Kulwant Sahota, un
porte-parole de l'Association des taxis de Vancouver. Il a dit que la
Société d'assurance de la Colombie-Britannique a une entente avec Uber
et Lyft selon laquelle ces dernières ne paient qu'une fraction de ce
que paient les compagnies comme Yellow Cab pour assurer leurs
véhicules. Uber et Lyft ne paieraient que 19 cents le kilomètre,
tandis qu'un chauffeur de taxi standard doit payer 40 000
dollars par année pour ses assurances. Il a dit que l'ATV ne s'oppose
pas aux autres compagnies locales de transport de personnes par
covoiturage car celles-ci pourraient prêter main forte aux compagnies
de taxi actuelles en étant sur la route aux heures de pointe. Cela
serait avantageux pour tout le monde dans la vallée du Bas-Fraser,
a-t-il ajouté, les passagers autant que les chauffeurs, en autant que
les mêmes règlements s'appliquent à tout le monde pour ce qui est des
tarifs, du nombre de véhicules sur la route et du coût des assurances.
Sahota a dit qu'il conduit des taxis pour Yellow Cab
depuis 25 ans, et qu'il a passé 17 de ces années sur le quart
de nuit. Il a dit qu'il était heureux de la récente lutte victorieuse
des travailleurs du transport en commun et souligné que certains
travailleurs du transport en commun étaient aussi des chauffeurs de
taxi à temps partiel.
Il a expliqué que si Uber et Lyft bénéficient de permis
en Colombie-Britannique auxquels ils imposent leurs propres termes, les
conditions des chauffeurs de taxi de Vancouver et des chauffeurs de
compagnies de transport de personnes par covoiturage vont devenir
intenables. Les permis octroyés à ces compagnies, a-t-il dit, doivent
être basés sur les mêmes modalités qui sont imposées aux compagnies de
taxi actuelles. D'autres compagnies de covoiturage qui ont demandé des
permis du Conseil ont accepté de se plier aux mêmes conditions. «
Pourquoi en serait-il autrement pour Uber et Lyft ? » a-t-il
demandé. Il a souligné qu'Uber « fait des affaires partout dans le
monde et a des milliards de dollars à sa disposition. Si Uber n'est pas
limité par un plafonnement des prix, il peut offrir un tarif beaucoup
plus bas, ce qui mènera à l'élimination de toutes les compagnies de
taxi existantes de la ville. À ce moment-là, il pourra exiger le tarif
qu'il voudra et rémunérer les chauffeurs selon son bon vouloir. »
Tel que mentionné dans Le Marxiste-Léniniste, le
modèle
Uber
se résume à s'accaparer la valeur des travailleurs qui la
produisent et de leurs communautés. Partout où Uber est actif, le
travail est à temps partiel et précaire, les salaires sont bien
inférieurs à ce qui a été établi comme standard canadien, les revenus
ne sont pas garantis, les heures de travail sont irrégulières, les
avantages sociaux, les régimes de retraite et la protection par la
commission d'indemnisation des travailleurs inexistants. Il s'agit de
la façon néolibérale, à laquelle on attribue l'expression trompeuse d'
« économie de partage ».
La nécessité de restreindre le droit de monopole
et de défendre les droits de tous !
Un grand nombre d'organisations de la
Colombie-Britannique s'opposent à l'invasion, par ces sociétés géantes
de transport de personnes par covoiturage, de l'économie de la
province. On doit rappeler au gouvernement provincial et aux conseils
municipaux qu'ils ont le devoir de protéger les travailleurs et le
peuple des pratiques destructrices de ces monopoles et ne doivent pas
collaborer avec eux. La classe ouvrière et ses alliés dans tous les
secteurs doivent appuyer la démarche juridique du TUAC et des
associations de taxis afin de limiter le droit d'Uber et de Lyft d'agir
illégalement pour perturber l'industrie du taxi en
Colombie-Britannique. Une attaque contre un est une attaque contre
tous ! Appuyons les poursuites judiciaires contre Uber et Lyft, et
mettons tout en oeuvre pour développer le mouvement des travailleurs
pour qu'il se dresse en opposition solide à la destruction néolibérale
de sociétés comme celles-là !
Note
1. « Des
restrictions pour le monopole Uber ! Défendons les droits de tous
les travailleurs ! Notre sécurité est dans la défense des droits
de tous ! », Le Marxiste-Léniniste, 12
février 2016
Les travailleurs rendent le gouvernement
du Québec
redevable de ses mesures antiouvrières
- Pierre Chénier -
Lors d'une rencontre récente avec la direction de
l'Union des opérateurs grutiers, le ministre du Travail du gouvernement
Legault, Jean Boulet, a dit qu'il est « à l'aise » avec les
recommandations du Comité d'experts mis sur pied par son gouvernement,
qui entérine la décision du gouvernement et de la Commission de la
construction du Québec (CCQ) d'abaisser la formation requise pour
devenir grutier.[1]
Le ministre est à l'aise mais les
grutiers et les travailleurs de la construction, qui effectuent le
travail dans des conditions difficiles et dangereuses, ne sont pas à
l'aise, et c'est le moins qu'on puisse dire, avec la position du
gouvernement. Ils mènent une lutte rangée depuis près d'un an contre
l'abaissement du niveau de leur formation. Les chiffres ne concordent
pas non plus avec la position du ministre. Le Diplôme d'études
professionnelles (DEP) a été institué en 1997 à cause du grand
nombre d'accidents, dont plusieurs accidents mortels, avec des grues.
Les chiffres ont démontré que depuis la création du DEP en tant que
formation obligatoire, les accidents mortels impliquant la conduite de
grues ont chuté de 66 %.
Les grutiers rapportent qu'en septembre dernier
seulement, il y a eu trois accidents au Québec impliquant le
renversement de grues, dont un qui aurait pu faire des morts et à la
suite duquel quatre travailleurs ont dû être soignés pour choc nerveux.
Dans les trois cas, selon les grutiers qui ont fait leur enquête sur
les accidents, l'opérateur de grue n'avait pas suivi la formation
professionnelle de 870 heures.
La position du ministre du Travail est irrationnelle et
arrogante. C'est une position marquée par le préjugé, à la défense de
l'intérêt privé étroit, et c'est aussi une position politique
irresponsable qui poursuit les efforts des gouvernements successifs
pour briser le syndicat des grutiers et les syndicats de la
construction en général. Selon le gouvernement et la CCQ, la présence
d'un syndicat des grutiers fort et combatif n'est pas quelque chose de
positif pour les travailleurs et le public. Ce serait un problème, une
situation de « contrôle » d'un groupe particulier qui empêche
l'accès des travailleurs aux métiers de la construction en s'opposant à
la déréglementation du secteur. La Commission Charbonneau a été très
claire à ce sujet quand elle a associé la lutte organisée collective
des travailleurs de la construction à des activités de type mafieux qui
nuisent à la libre concurrence entre les travailleurs sur les chantiers
et à la réalisation du profit privé par les employeurs.
Qu'est-ce qui doit primer ici, la santé
et la sécurité des travailleurs de la construction et du public, ou les
manigances des partis politiques cartels et d'agences de l'État comme
la CCQ au service de l'intérêt privé étroit et d'un fanatisme
anti-travailleur ? Le fait d'avoir des grutiers qui sont formés de
façon adéquate et qui possèdent une organisation qui défend l'intérêt
et les droits des travailleurs et du public et qui peut dire avec
autorité que Non, c'est Non ! est un atout pour les travailleurs
et la société.
Forum ouvrier s'est entretenu récemment avec le
directeur de l'Union des opérateurs grutiers, Evans Dupuis, qui parle
de manière éloquente du rôle du métier de grutier dans le secteur de la
construction.
Il a dit entre autre choses : « Le métier de
grutier est vital pour la sécurité des autres travailleurs de la
construction. Tous les grutiers travaillent avec d'autres travailleurs.
Il y a toujours quelqu'un en avant de la grue et d'autres travailleurs
dans les alentours. Le moindre mauvais mouvement, un mouvement brusque,
peut mettre en danger les travailleurs et le public. C'est une job de
précision, c'est une job de stress, le grutier doit vivre avec cette
situation. Il doit être compétent et bien formé. L'autre travailleur
doit avoir confiance dans le grutier. S'il demande au grutier de lui
apporter une charge à un pouce de lui et que l'opération n'est pas
faite minutieusement et de façon sécuritaire, le travailleur ne voudra
plus travailler avec le grutier parce que c'est trop dangereux pour sa
sécurité. Le lien de confiance va être brisé et le lien de confiance
est vital pour la sécurité de tous. Abaisser les standards de sécurité
est absolument contre-indiqué. »
Le ministre du Travail et le gouvernement du Québec
doivent retirer la nouvelle réglementation qui abaisse les standards de
formation et de sécurité sur les chantiers de construction.
Note
1. En avril 2018, le
gouvernement du Québec a décrété de façon unilatérale une nouvelle
réglementation qui gouverne la formation des grutiers du Québec. Cette
décision a renversé les normes et la formation établies que les
nouveaux grutiers doivent suivre pour garantir leur sécurité et celle
des autres travailleurs de la construction et du public. Cette nouvelle
réglementation a aboli le caractère obligatoire du Diplôme d'études
professionnelles (DEP) de 870 heures de formation en institution
professionnelle pour devenir grutier. Le DEP est maintenant facultatif.
Une nouvelle formation de 150 heures fournie directement sur les
chantiers et sous la responsabilité des entreprises a été introduite.
Le gouvernement a aussi remplacé le diplôme par un cours de 80
heures pour les camions-flèches d'une capacité maximale de 30
tonnes, à la suite de quoi le travailleur devient un grutier qualifié.
C'est pourtant ce type de grues qui basculent le plus et qui causent le
plus de dommages.
Les grutiers et leur syndicat ont mené et mènent une
lutte acharnée contre cette attaque à la sécurité des travailleurs de
la construction et du public. C'est dans ce contexte que le
gouvernement a établi le Comité d'experts indépendants en
septembre 2018, avec comme mandat d'évaluer l'aspect sécuritaire
de la nouvelle réglementation. Dans son rapport émis en mars 2019,
le comité dit que le DEP demeure la norme de référence pour la
formation des grutiers mais il accepte qu'il devienne facultatif. Le
Comité propose comme alternative une période de trois semaines de
formation initiale et propose le maintien de la formation en entreprise.
- Entrevue avec François Patry, président
de la Fraternité nationale des charpentiers-menuisiers, Section locale
9 de la FTQ-Construction -
Manifestation à l'Assemblée nationale du Québec, le 27
novembre 2019, pour réclamer une réforme pro-ouvrière de la Loi
sur
la
santé et la sécurité du travail
Forum ouvrier : Le gouvernement du
Québec a annoncé une réforme de la Loi sur la santé et la sécurité
du travail pour l'hiver 2020.[1]
Comment se pose le problème de la réforme de la loi par rapport aux
conditions de santé et de sécurité aux endroits de travail, qui
affectent aussi la santé et la sécurité du public ?
François Patry : On va être
très vigilant là-dessus quand ils vont déposer le projet de loi. La
question qu'on va se poser c'est si on peut le faire vivre sur les
chantiers pour améliorer la santé et la sécurité. La prévention est une
chose clé pour contrer les accidents et les décès sur les chantiers. On
a besoin d'une prévention qui est une prise en charge par les
organisations sur le terrain. La question qui se pose est la
suivante : est-ce que moi, comme organisme, j'ai un rôle à jouer
qui est important, et pas juste une présence sur un comité ?
La prévention, cela veut dire identifier les dangers
pour les éliminer. Cela veut dire prévoir les équipements, les méthodes
de travail, et s'asseoir ensemble, les travailleurs et les employeurs
pour examiner comment on va faire le travail pour éliminer le danger.
La prévention doit être intégrée à l'organisation du travail sur les
chantiers.
Le secteur de la construction est un secteur très
dangereux. Nous avons beaucoup d'accidents. Nous
représentons 5 % de la main-d'oeuvre au Québec et nous
avons 25 % des accidents mortels bon an mal an. C'est
inacceptable. Si nous vivons cette situation, ce n'est pas parce que
c'est une fatalité, que les choses sont comme ça et vont toujours être
comme ça dans la construction. Il y a des raisons pour lesquelles ces
accidents se produisent.
Pour qu'on puisse éliminer ces raisons-là, il faut qu'on
ait les mécanismes de prise en charge pour les travailleurs. Un des
mécanismes importants c'est le représentant en prévention. Nous avons,
sur les chantiers de construction, des programmes de prévention. Nous
avons un Code de sécurité pour les travaux de construction qui nous
amène des solutions aux problèmes que nous avons identifiés, des façons
de faire pour s'assurer que les employeurs ont des méthodes de travail
et des équipements sécuritaires qui doivent éliminer les dangers qui
existent sur les chantiers.
Le problème, c'est que les employeurs font tout le temps
le minimum en ce qui concerne la prévention. Ils s'accrochent à des
minimums même si on sait que cela ne va pas résoudre le problème et
plutôt donner l'illusion qu'on résout des problèmes. Alors s'il y a un
accident, c'est le travailleur qui est blâmé.
Pour changer cela, il faut avoir un représentant en
prévention sur les chantiers, un représentant des travailleurs, nommé
par les travailleurs, formé par les associations syndicales, protégé
par la loi pour qu'il ne perde pas son emploi, payé par les employeurs
et qui fait appliquer les programmes qui existent. Les programmes de
prévention, lorsqu'on les examine, sont souvent de bons programmes sur
papier, mais cela demeure une prévention de papier, ils ne sont pas
appliqués sur les chantiers. Souvent, même les contremaîtres et les
surintendants des employeurs et des maîtres-d'oeuvre ne connaissent pas
le programme de prévention.
Il y a une sorte de pattern qui s'est installé où les
employeurs font le minimum, laissent aller des méthodes qui ont été
établies parce que le travail se fait plus vite, que c'est plus
rentable mais ces méthodes créent beaucoup de problèmes. Les employeurs
comptent sur le fait qu'ils ne vont pas se faire prendre par
l'inspecteur de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail (CNESST). Or la CNESST réduit de plus en plus
le nombre d'inspecteurs. Elle dit aux inspecteurs de faire de plus en
plus de paperasse ce qui fait que les inspecteurs passent plus de temps
dans les bureaux et moins de temps sur les chantiers de construction.
Un représentant en prévention sur les chantiers aurait à
rendre compte aux travailleurs. S'il ne fait pas son travail il serait
remplacé par le syndicat. L'employeur n'a pas un mot à dire à son
sujet. Le représentant en prévention est indépendant de l'employeur. La
seule chose que ferait l'employeur c'est de le payer.
C'est pour cela que quand bien même on nous accorderait
d'autres programmes, d'autres comités de chantier, bien que ces
choses-là ont leur place, si on n'a pas le représentant en prévention
qui les fait vivre, la situation ne va pas changer.
En plus, ce ne sont pas tous les employeurs qui sont
visés par le mécanisme qui prévoit des comités conjoints de
santé-sécurité, parce qu'un tel comité requiert un employeur qui a au
moins 10 travailleurs sur le chantier. Or 90 % des
employeurs de la construction n'ont pas 10 travailleurs. Alors ce
sont des comités-bidon en fin de compte. C'est comme une belle vitrine
qu'on crée pour dire que vous voyez, nous avons des comités de
chantier, nous avons des programmes de prévention, mais nous avons
quand même des accidents, alors les accidents sont donc une fatalité
qu'il faut accepter.
C'est vrai qu'il faut revendiquer tous les mécanismes de
la loi. On les a mais ils ne sont pas appliqués. Il faut revendiquer
tous les mécanismes de prévention. Personne ne les fait appliquer. Le
représentant en prévention est capital pour les faire appliquer.
En plus, il faut que les représentants en prévention
soient nommés à l'année parce que les chantiers de construction sont
souvent très petits, les travailleurs vont de contrat en contrat.
On devrait avoir des équipes volantes de représentants
en prévention qui ne changent pas au gré des contrats et qui vont de
chantier en chantier dans une région donnée.
Les représentants en prévention font appliquer la loi et
les règlements. Ils font le tour des chantiers, parlent aux
travailleurs. Ils participent aux enquêtes sur les accidents. À l'heure
actuelle, nous ne sommes pas capables de faire des enquêtes, on ne nous
informe même pas qu'il y a eu un accident, nous l'apprenons parfois
quelques jours plus tard, surtout sur les gros chantiers. Si on a un
représentant en prévention, il va participer aux enquêtes et à ses
conclusions. S'il est en désaccord avec les conclusions du rapport, il
peut inscrire sa dissidence, cela va rester et peut être utilisé pour
prévenir d'autres accidents.
FO :
Comment vous organisez-vous pour défendre les travailleurs sur les
chantiers ?
FP : Nous
avons des représentants dans chacune des régions. Au Local 9 nous
avons 23 représentants qui vont sur les chantiers, s'occupent de
relations de travail et font de la prévention. Mais il y a beaucoup de
chantiers à couvrir. S'ils critiquent un employeur pour manquement à la
santé et la sécurité, c'est facile pour celui-ci de dire qu'il va
régler le problème dans les prochains jours, mais à ce moment-là le
représentant est ailleurs. Tandis que le représentant en prévention
peut faire un suivi. Il faut changer la façon de penser, que les
employeurs ne puissent pas jouer à l'innocence, penser qu'ils peuvent
agir sans rendre des comptes. Il faut réaliser un changement qui va
s'appliquer à l'ensemble des chantiers.
En plus, avec des choses comme la loi 152 qui a été
adoptée en 2018 par le gouvernement du Québec, c'est de plus en
plus difficile pour nos représentants d'intervenir sur les chantiers.[2] Aujourd'hui, dès qu'on intervient pour
faire changer les choses, même en santé et sécurité, qu'on dénonce
quelque chose, les employeurs disent que nous faisons des menaces. Ils
menacent eux-mêmes de faire venir la Commission de la construction du
Québec pour nous dire qu'on a fait un ralentissement de travail et que
cela est une infraction à la loi. Oui on a fait un ralentissement de
travail mais c'est prévu par la Loi sur la santé et la sécurité du
travail. Notre travail est plus difficile au niveau des employeurs.
Il est aussi plus difficile au niveau de la CNESST et on a de la
difficulté à les faire venir pour un droit de refus. L'organisme de la
CNESST embarque dans une philosophie qui dit que ce n'est pas grave,
qu'ils ne peuvent pas se rendre sur les chantiers, ils vont simplement
téléphoner à l'employeur. Ce n'est pas ce que dit la loi. La loi dit
que si on ne s'est pas entendu avec l'employeur et qu'on téléphone à la
CNESST, il faut qu'ils se rendent sur le chantier, qu'ils prennent le
nom de chacun des travailleurs, leur demandent pourquoi ils ont arrêté
de travailler. Il faut aussi qu'ils se prononcent sur le danger et
qu'ils parlent avec l'employeur et le syndicat pour évaluer s'ils
acceptent la mesure correctrice prise par l'employeur afin que le
travail puisse reprendre.
Nous continuons notre travail, nous nous battons, nous
nous encourageons, mais c'est plus difficile.
Notes
1. Adoptée en 1979, la Loi
sur
la
santé et la sécurité du travail prévoit notamment quatre
mécanismes de prévention. On estime que ces mécanismes ne sont
appliqués qu'à environ 12 % des travailleurs. Ces mécanismes sont
le programme de prévention, le programme de santé, le comité de
santé/sécurité paritaire employeur-travailleur et le représentant à la
prévention.
2. La loi 152, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine du
travail afin principalement de donner suite à certaines recommandations
de la Commission Charbonneau a été adoptée en mai 2018 par le
gouvernement du Québec. Elle criminalise les travailleurs de la
construction qui défendent leurs droits, en particulier sur les
chantiers, en les accusant d'user d'intimidation ou de menace «
raisonnablement susceptible de provoquer une entrave, un ralentissement
ou un arrêt des activités sur un chantier ».
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
PDF
NUMÉROS
PRÉCÉDENTS | ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|