La session de printemps de l'Assemblée
législative de l'Alberta a
débuté le 22 mai par le discours du trône
prononcé par la
lieutenante-gouverneure Lois Mitchell. Partant de l'affirmation
habituelle que le peuple a parlé et que le gouvernement a
maintenant le
mandat de payer les riches et d'imposer son programme antisocial, le
discours du trône déclare que l'élection «
est l'expression d'un
mouvement pour le renouveau démocratique et
économique ».
Il est vrai que les Albertains veulent un renouveau
démocratique et économique. C'est leur plus grand besoin
et désir. Mais ce que fait Jason Kenney ne satisfera pas ce
besoin. En fait, cela ne résoudra aucun des problèmes
auxquels sont confrontés l'économie et la politique de
l'Alberta et ne fera qu'aggraver les choses. À l'heure actuelle
le corps politique ne décide pas des politiques que suivent les
partis cartellisés et leurs candidats qui luttent pour le
pouvoir en Alberta ou ailleurs au Canada. Pour les travailleurs et le
peuple, le renouveau démocratique et économique vient de
leur lutte pour s'investir du pouvoir de décider et du pouvoir
de changer la direction de l'économie. Le changement du parti
cartellisé au pouvoir en Alberta maintient la domination, le
privilège de classe et le régime de l'oligarchie
financière et cela n'a rien à voir avec le renouveau de
quoi que ce soit.
La prise du pouvoir de Kenney dans le Parti
progressiste-conservateur de l'Alberta et la formation du Parti
conservateur uni était un coup d'État des
harpéristes de Calgary pour reprendre le contrôle de la
province des mains des conservateurs du Wildrose dans les zones rurales
et des mains du NDP à Edmonton. Le changement de régime
consolide et maintient le pouvoir de l'oligarchie financière de
payer les riches et la campagne du gouvernement précédent
pour permettre aux intérêts privés mondiaux
d'exploiter sans restriction les ressources naturelles , tout en
intensifiant la lutte acharnée qui se mène parmi les
couches rivales des cercles dirigeants. L'offensive antisociale et le
désinvestissement dans les programmes sociaux se poursuivent,
notamment par un assaut ouvert contre les systèmes publics
d'éducation et de santé et des mesures pour rendre la vie
plus difficile à la classe ouvrière et à ses
organisations.
Le discours du trône brosse le portrait d'une
Alberta « assaillie
par de graves contraintes politiques et économiques
extérieures et, par
conséquent, aux prises avec de graves problèmes
financiers internes
nécessitant une action urgente ». Il parle de «
graves contraintes »,
mais n'analyse pas les conditions matérielles de l'Alberta, du
Canada et du monde. Les « graves problèmes
budgétaires internes » qui
étaient jusqu'à tout récemment attribués au
gouvernement néodémocrate précédent sont
maintenant attribués à « des contraintes
politiques et économiques
extérieures ». Autrement dit, l'Alberta serait
maintenant la victime de
forces économiques indépendantes de sa volonté
et d'un complot visant à « enclaver son
pétrole ». Cette perspective
intéressée, qui était dans une grande mesure
partagée par le
gouvernement néodémocrate Notley lorsqu'il était
au pouvoir, place
l'Alberta dans une situation de devoir prendre parti dans le conflit
intermonopoliste qui prend la fausse apparence d'une opposition entre
l'environnement naturel et l'économie et qui divise les
Canadiens
avec des arguments irrationnels.
On ne saurait dire que la résurrection du slogan
« Ouvert aux
affaires » est un renouveau. Il est tout simplement ressorti
du
déshonneur de l'offensive antisociale de Mike Harris en Ontario
dans
les années 1990 et copié aujourd'hui par le
gouvernement Ford en
Ontario, le gouvernement Legault au Québec et maintenant Kenney
en
Alberta.
Le discours du trône promet de «
créer des emplois, la croissance
et la diversification économique » et de «
montrer au monde que nous
sommes ouverts aux entreprises pour rétablir la confiance des
investisseurs, tout en rétablissant l'équilibre des
finances de notre
province ». Kenney est-il sérieux ? Que peut-il
faire
quand une oligarchie financière mondiale possède et
contrôle les
principaux secteurs de l'économie albertaine et que son
gouvernement
n'a aucune intention de changer ces arrangements ? Les crises
économiques récurrentes reflètent cette domination
mondiale et le peu
de pouvoir, s'il en est, qu'ont l'assemblée législative
et les partis cartellisés de l'Alberta sur la situation au sein
du système
impérialiste d'États
dominé par les États-Unis.
Le programme législatif antisocial du
gouvernement Kenney réduit le
salaire minimum pour les jeunes de 15 dollars à 13
dollars l'heure. Il
cible le système public d'éducation et de santé et
les programmes
sociaux avec un programme pour poursuivre la privatisation et la
destruction. Il éliminera davantage les réglementations
qui
restreignent ceux qu'il appelle « les créateurs
d'emplois ». C'est ce
que Kenney appelle la création d'emplois et le renouveau
économique.
Les riches oligarques se voient débarrasser du lourd fardeau
de 2
dollars de l'heure, des programmes sociaux, de la réglementation
et de
la bureaucratie administrative et ils lèvent un verre à
«
l'ouverture de l'Alberta aux affaires ».
La soumission de l'État aux intérêts
privés pour offrir à
l'oligarchie financière tout ce dont elle a besoin pour
poursuivre son
pillage des ressources naturelles et l'expropriation de la valeur que
produisent les travailleurs ne contribue en rien à la solution
des
problèmes de l'économie ou de la démocratie. Le
renouveau économique de
Kenney et de
ses semblables revient à nier toute considération des
conséquences de
l'activité économique à l'exception de la seule
qui compte : le taux de
profit de la richesse privée investie. Rien ne doit
interférer avec le
motif de production de l'impérialisme, qui est le plus grand
profit le
plus rapidement possible.
Rassemblement à Edmonton le 30 avril 2017 pour exiger que cesse
la pratique des entreprises « à deux volets » dans
l'industrie de la construction..
À quel renouveau démocratique les
travailleurs peuvent-ils
s'attendre des dieux de la peste lorsque même les lois du travail
les
empêchent de constituer des organisations de défense sur
le lieu de
travail ? Dans le secteur de la construction, la loi autorise les
travaux « à deux volets » dans lesquels les
entreprises peuvent
transférer
une partie des travaux aux non-syndiqués et favorise la
reconnaissance
de l'Association chrétienne des travailleurs du Canada qui agit
aux
ordres des entreprises de même qu'à d'autres ruses pour
priver les travailleurs
de leur droit de s'organiser. Le gouvernement précédent
dit avoir
modifié les lois du travail en faveur de la classe
ouvrière, mais aucun
lieu de
travail n'a été en mesure de négocier un accord
sur les services
essentiels sans lequel les grèves sont illégales.
Pour le gouvernement
Kenney, le renouveau démocratique pour les
travailleurs est d'être traités comme des consommateurs
ayant un «
choix », celui d'appartenir à un syndicat ou non, de
verser des
cotisations syndicales ou non, et la possibilité de choisir
entre l'un
ou l'autre des partis cartellisés. Et tout le monde sait ce que
cela
signifie
dans un pays où la propagande antisyndicale est monnaie courante
et où
les travailleurs sont blâmés pour tous les maux de
l'économie quand
leur « choix » gêne la réalisation du
profit sans égard aux
conséquences pour l'environnement naturel et social.
Les partis cartellisés et les gouvernements sont
portés au pouvoir
et renvoyés à la demande de l'oligarchie
financière. Toute discussion
sur le renouveau démocratique doit donc commencer ailleurs que
dans
leurs coulisses et à partir d'autre chose que leurs
communiqués de
presse. Les travailleurs eux-mêmes doivent acquérir le
pouvoir par
leurs propres efforts et leur organisation, en parlant en leur propre
nom. Ce n'est qu'alors qu'ils pourront faire l'expérience d'un
véritable renouveau démocratique et s'engager sur la voie
du renouveau
économique avec un nouveau motif de production, celui de
garantir le
bien-être et les droits du peuple en priorité et
d'humaniser
l'environnement social et naturel.
Des jeunes de Calgary participent à la grève des jeunes
sur le climat,
le 15 mars 2019,
pour demander que les gouvernements prennent des
mesures pour protéger
l'environnement et leur avenir.
Permettre
à l'oligarchie financièrede tirer un
profit privé des travailleurs
et des ressources de l'Alberta
Dans son discours du trône
du 22 mai, le gouvernement conservateur albertain de Jason Kenney
a commencé à présenter son programme
législatif pour les sessions du printemps et de l'automne. Il a
clairement indiqué qu'il entend intensifier l'offensive
antisociale néolibérale. Quatre projets de loi ont
été présentés
rapidement.
Projet de loi 1, Loi
de
l'abolition
de
la
taxe
sur
le
carbone
Le projet de loi 1 éliminera la taxe sur le
carbone de l'Alberta. En agissant de la sorte, Kenney promet d'intenter
une poursuite en cour contre la taxe fédérale sur le
carbone, que le gouvernement Trudeau entend mettre en oeuvre en Alberta
tout de suite après que la loi provinciale aura
été
abrogée.
Kenney s'engage à contester la
constitutionnalité de la loi fédérale en
dépit de la décision de la Cour d'appel de la
Saskatchewan qui a soutenu le droit du gouvernement
fédéral d'imposer une telle taxe. Cela illustre
l'hostilité et l'animosité croissante qui existent entre
les sections rivales de l'élite dirigeante, qui vont devenir
encore plus
acrimonieuses avec Kenney à la barre en Alberta.
Projet de loi 2, Loi pour une Alberta ouverte
aux affaires
Le projet de loi 2, qui a été
déposé le 27 mai, réduit le salaire minimum
pour les jeunes travailleurs de 15 à 13 dollars
l'heure. Le projet de loi qualifie de manière cynique cette
compression salariale de mesure qui contribue à la
création
d'emplois pour les jeunes travailleurs.
Le projet de loi renverse également la loi du
gouvernement néodémocrate précédent qui
accordait la certification automatique à un syndicat
lorsque 65 % des travailleurs d'un endroit de travail
signaient une carte d'adhésion à un syndicat. Le discours
du trône annonce à ce sujet que d'autres mesures du
genre vont suivre, ce qui
poursuit le plan de l'ancien gouvernement fédéral de
Stephen Harper de faire obstacle au droit des travailleurs de
s'organiser dans leurs collectifs de défense de façon
à avoir un poids réel. On s'attend aussi à
l'octroi d'une autorisation
juridique aux employeurs de payer les heures supplémentaires
accumulées à temps simple.
Projet de loi 3, Loi de réduction des
impôts pour créer des emplois
Déposé le
lendemain, le projet de loi 3 réduit le taux nominal
d'imposition sur le bénéfice net des entreprises
de 12 à 8 %, ce qui en fait le taux provincial le
plus bas au Canada.
L'impôt sur les sociétés fixé
à 12 % représentait une petite fraction
seulement du revenu total amassé par le gouvernement de
l'Alberta. En 2017-2018, le revenu total du gouvernement a
atteint 47,295 milliards de dollars et seulement 3,448
milliards de dollars provenaient de l'impôt sur les
sociétés, soit
environ 7,2 % du budget total. Si le taux de 8 %
avait été en vigueur pendant cette année fiscale,
le revenu total aurait été amputé de 1,138
milliard de dollars et aurait été de 46,157
milliards de dollars. L'impôt sur les sociétés, qui
aurait été de 2,310 milliards, aurait
représenté seulement 5 % du
revenu provincial total amassé.
Le discours du trône suppose qu'un impôt des
sociétés réduit sur le bénéfice net
des entreprises « générera 55 000
nouveaux emplois à temps plein, et fera croître notre
économie de 12,7 milliards de dollars ». Comment
le lapin va sortir du chapeau semble un mystère de
l'économie impérialiste, doit-on croire.
Comment sera compensé ce manque de revenu n'est pas un
mystère.
Il proviendra d'investissements plus bas dans les programmes
sociaux et d'attaques contre les salaires et les conditions de
travail des travailleurs du secteur public, et de coupures dans les
emplois.
Projet de loi 4, Loi sur la réduction
des formalités administratives
Le dépôt du projet de la loi 4 a aussi
été fait le lendemain de celui du projet de loi
précédent. Le gouvernement veut que ce projet de loi
accélère l'approbation des projets relatifs aux
ressources, réduise les coûts des entreprises recherchant
l'approbation réglementaire, et fournisse le champ libre en
général aux monopoles de faire tout ce
qu'ils veulent sans restriction sur leurs actions, sans égard
aux conséquences sociales et naturelles.
Plusieurs diront que cela contribuera au désastre
compte tenu du fait que faire de l'argent le plus vite possible est le
mobile et le modus operandi des entreprises au sein de
l'économie impérialiste. Le mobile du profit pousse les
grandes compagnies à ignorer de façon routinière
leurs responsabilités sociales. Cela donne lieu à des
aventures
irresponsables et à des désastres tels
ces 300 000 puits de pétrole et de gaz orphelins en
Alberta, ou ces sites miniers abandonnés et à la
pollution de l'air, de l'eau et des sols, dont aucune entreprise ne
veut être redevable parce que cela nuit à ses profits.
Autres projets de loi
Le projet de loi Loi
sur
l'appropriation fournira des estimations provisoires qui seront
suivies d'un plein budget à la session d'automne. On lit dans le
discours du trône : « Ce budget profitera de
l'éclairage provenant du rapport du Panel d'évaluation
fiscale, dirigé par l'ancienne ministre des Finances de la
Saskatchewan, Janice MacKinnon,
qui fera des recommandations sur la façon de restaurer
l'équilibre dans les finances de la province pour que nous
cessions d'encombrer les générations futures avec des
dettes. Mon gouvernement va également tenir des consultations
publiques sur la meilleure façon de mettre fin au financement
déficitaire tout en protégeant les services publics de
première ligne. »
Le financement déficitaire et les dettes font
partie intégrante de l'économie impérialiste. Le
fait que les partis cartellisés utilisent l'existence de ces
phénomènes comme excuse pour ne pas s'acquitter de
leurs responsabilités sociales révèle leur
rôle de lèche-bottes de l'oligarchie financière et
leur inaptitude à gouverner. Les partis cartellisés
empêchent les travailleurs de trouver, de proposer et de mettre
en oeuvre une direction prosociale de l'économie qui garantit le
bien-être et les droits du peuple, humanise l'environnement
social et naturel et élimine le privilège de classe
destructeur des riches oligarques.
Parmi les autres projets de loi à venir figurent
celui de la Loi sur la modification des lois fiscales, qui
devrait
revenir à un régime d'imposition uniforme pour
l'impôt sur le revenu des particuliers, qui ne fait
qu'enchâsser son caractère rétrograde, et celui de
la Loi
sur
la garantie des redevances qui vise à « assurer
que la structure de redevances en
place lorsqu'un puits est foré demeure en place pour la vie du
puits ».
Le projet de loi Loi sur le choix en
éducation rétablira
et
élargira « les choix offerts aux parents et aux
enfants », une expression qui signifie la poursuite de la
privatisation et une tentative de porter atteinte au droit des
élèves à la vie privée et à la
responsabilité des enseignants de respecter cette vie
privée.
L'annonce la plus cynique de toutes est sans doute
l'engagement de promulguer la loi intitulée « Loi visant à sauver la fille
d'à côté » qui instaurerait des
mesures contre la traite des êtres humains. Cela vient de Jason
Kenney qui, lorsqu'il était ministre de l'immigration du
gouvernement Harper. a lancé des attaques
particulièrement brutales contre les travailleurs migrants,
notamment les aides familiaux résidants et les travailleurs
étrangers temporaires. Beaucoup considèrent le traitement
de ces travailleurs par le gouvernement canadien comme
l'équivalent de la traite des êtres
humains.
Le discours du trône a répété
que le gouvernement Kenney abrogerait la Réglementation pour
stimuler la compétitivité du carbone et la remplacerait
par un Fonds pour l'innovation technologique et la réduction des
émissions, afin de « garantir les investissements dans de
nouvelles technologies qui réduisent les émissions et
peuvent être
exportées dans le monde entier ».
Le gouvernement
néodémocrate précédent a également
mis à la disposition des riches des stratagèmes pour leur
payer des « technologies de réduction des
émissions ». Les entreprises des sables bitumineux
souhaitent vivement introduire cette technologie, car elle permet de
réduire la consommation de carburant et, par conséquent,
les coûts
de production de leurs produits. Elles souhaitent être
payées par le trésor public pour faire ce qui sert leur
intérêt étroit et pour attirer des investisseurs
étrangers. L'engagement de Kenney de réduire les
émissions doit être examiné dans le contexte du
retrait, par certaines sections de l'oligarchie financière,
d'investissements dans les produits issus du
carbone et leur utilisation, vers la croissance des investissements
privés et des stratagèmes publics pour payer les riches
dans les programmes d'énergies vertes et dans des actions
connexes, telles que le captage et le stockage du CO2.
Le gouvernement Kenney a également
proclamé la loi adoptée par l'ancien gouvernement
néodémocrate, mais qui n'a jamais reçu la sanction
royale, la Loi visant à préserver la
prospérité économique du Canada. Cette loi
donne le pouvoir au gouvernement d'obliger les entreprises à
obtenir une licence avant de transporter des produits
énergétiques de l'Alberta par pipeline, par train ou par
camion. La Loi est une menace adressée au gouvernement de la
Colombie-Britannique que les autorités de l'Alberta «
fermeront les robinets » si la Colombie-Britannique «
fait de l'obstruction » à la construction de
l'agrandissement du pipeline Trans Mountain.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique a
réagi en contestant devant les tribunaux le projet de loi, le
déclarant inconstitutionnel. L'ancienne première ministre
de l'Alberta Rachel Notley a dit que le geste de Kenney affaiblit la
lutte de l'Alberta contre la Colombie-Britannique et ajouté que
l'intention de son gouvernement, en adoptant
le projet de loi, était d'attendre qu'il soit «
nécessaire de fermer les robinets ». Ils auraient
alors rapidement proclamé la loi et utilisé ses
dispositions dans les trois heures qui ont suivi, avant que la
Colombie-Britannique puisse déposer une contestation judiciaire.
« Il (Kenney) ressemble un peu à un bandit armé qui
parcourt les rues en
fanfaronnant et en agitant son pistolet après en avoir
intentionnellement retiré les balles », a dit Notley.
Le discours du trône a indiqué
également que le gouvernement Kenney continuera l'opposition du
gouvernement Notley à deux projets de loi
fédéraux : le projet de loi C-48, qui, une fois
adopté, interdira le chargement et le déchargement des
pétroliers sur la côte ouest de la Colombie-Britannique,
au nord de l'île de Vancouver, et le
projet de loi C -69 qui révise le régime
réglementaire pour l'approbation de projets tels que les
pipelines et les mines. Le discours du trône déclare que
le projet de loi C-69, Loi sur l'évaluation d'impact
« menace la compétence exclusive de l'Alberta sur les
ressources naturelles non renouvelables et porte atteinte à la
confiance des
investisseurs ».
Jason Kenney, avant et maintenant
Jason Kenney a été un membre important du
gouvernement fédéral conservateur de Stephen Harper qui a
utilisé tous les moyens à sa disposition pour imposer la
volonté de puissants intérêts privés
à l'échelle du Canada pour mener à bien la
destruction
nationale, attaquer les droits des travailleurs et des nations
autochtones, et tenter de réprimer
toute opposition en déclarant que vous êtes avec nous ou
contre nous.
Kenney est maintenant devenu le fervent défenseur
d'intérêts privés particuliers de l'Alberta et des
pouvoirs de la province, bien que les intérêts
privés de l'oligarchie financière supranationale qui
possèdent et contrôlent l'énergie, la construction
et les autres secteurs principaux en Alberta ne s'arrêtent pas
à une frontière, et ne la reconnaissent
même pas, à moins qu'elle ne serve leurs
intérêts étroits.
Le discours du trône a également
répété la déclaration de guerre de Kenney
contre quiconque s'oppose aux exigences et à la direction de
l'élite dirigeante en ce qui a trait à la production de
bitume et d'autres produits dérivés du carbone en
Alberta. Une enquête publique sera menée sur « les
sources de fonds étrangères responsables de la
campagne visant à enclaver l'énergie de
l'Alberta ». Cela n'a évidemment rien à voir
avec les paroles, les gestes et les énormes sommes d'argent
dépensées par l'Association canadienne des producteurs
pétroliers, une organisation composée en grande partie
d'entités étrangères, d'autres organisations des
barons du pétrole ou de sociétés
principalement étrangères qui dominent le secteur de
l'énergie en Alberta, afin de promouvoir leurs
intérêts privés et bloquer toute discussion ou
réflexion sur une direction alternative de l'économie
pouvant extirper la province de sa dépendance envers une
économie unidimensionnelle, sujette aux crises et sous
contrôle étranger.
Les membres du comité de négociation du Syndicat des
infirmières unies
de l'Alberta étaient prêts à rencontrer le
comité de négociation des
employeurs pour un arbitrage de réouverture des salaires
le 13
mai 2019, mais le nouveau gouvernement a mis l'arbitrage en
attente.
Le gouvernement du Parti conservateur uni de Jason
Kenney en Alberta n'était pas encore assermenté qu'il
s'est montré inapte à gouverner en faisant outrage
à la loi. Le parti de Kenney a tourné le dos à ses
obligations envers les 30 000 infirmières et
infirmiers de l'Alberta, membres du Syndicat des infirmières
unies de
l'Alberta (UNA), et des dizaines de milliers de membres de l'Union des
employés provinciaux de l'Alberta (AUPE) en ordonnant à
Services de santé de l'Alberta de mettre en attente l'arbitrage
sur la réouverture des salaires. L'arbitre a acquiescé
à la demande illégale bien que le Code des relations de
travail de l'Alberta interdise spécifiquement à
un arbitre de modifier une convention collective en vigueur. L'UNA est
immédiatement intervenue pour bloquer les actions
illégales du gouvernement conservateur et la capitulation de
l'arbitre, qui violent la convention collective des infirmières
et de trois employeurs de la province.
Les délais de négociation et d'arbitrage
d'une réouverture de salaire figurent dans la convention
collective de l'UNA. L'entente prévoyait que les
négociations devaient commencer le 15 février et si
aucun accord n'était conclu avant le 31 mars, la question
serait soumise à un arbitrage avec une audience au plus tard
le 30 juin.
L'UNA n'est pas parvenue à un règlement
négocié avec le gouvernement néodémocrate
précédent, qui a proposé une augmentation de
salaire de zéro ; par conséquent, une date pour
l'arbitrage a été fixée. L'ingérence
illégale du gouvernement conservateur à ce stade
empêche la poursuite de l'arbitrage.
L'UNA a demandé
à la Commission des relations de travail de l'Alberta d'ordonner
la reprise immédiate du processus de négociation
collective et de l'arbitrage, comme l'exigent la loi et les conventions
collectives en vigueur. La Commission a réagi en
annonçant qu'une audience accélérée aurait
lieu le 30 mai.
L'UNA a également déposé une
plainte de négociation de mauvaise foi auprès de la
Commission. David Harrigan, directeur des relations de travail de
l'UNA, explique : « La mise en attente unilatérale de
l'arbitrage d'une réouverture de salaire correspond clairement
à la définition légale de la négociation de
mauvaise foi. Ce ne sont pas
les représentants des employeurs de nos membres qui prennent les
décisions dans la négociation, comme l'exige la loi,
c'est le gouvernement de l'Alberta. Les employeurs envoient des
personnes à la table de négociation qui nous disent
qu'elles n'ont aucune idée de ce qui se passe et qu'elles n'ont
en réalité aucun pouvoir de négocier. »
Le gouvernement conservateur a également
tenté d'imposer un deuxième arbitre pour suspendre
l'arbitrage de dizaines de milliers de membres de l'AUPE, dont la
convention collective prévoit une réouverture des
salaires. Cette fois-ci, l'arbitre a entendu les représentations
du gouvernement et du syndicat. Il a décidé de maintenir
les termes de
la convention collective et a rejeté la demande du gouvernement.
Les membres de l'AUPE travaillant dans les services
gouvernementaux provinciaux, les services de soutien
généraux dans la santé et les soins infirmiers ont
ratifié les conventions collectives en 2018 qui incluent un
arbitrage sur l'ajustement salarial qui doit se tenir au plus tard
le 30 juin 2019. Un retard de ce processus
d'arbitrage aurait constitué une négation des droits
légitimes et négociés de ces syndiqués,
souligne l'AUPE.
Le Edmonton Journal rapporte que le ministre des
Finances du gouvernement du Parti conservateur uni, Travis Toews, a
admis qu'il avait demandé à Services de santé de
l'Alberta de mettre l'arbitrage en attente pendant que le gouvernement
« consulte les partenaires ».
Les travailleurs organisés ont des années
d'amère expérience avec des manoeuvres similaires de
gouvernements qui cherchent à priver les travailleurs du secteur
public et d'autres travailleurs de leurs droits. C'est assez ! La
classe ouvrière n'acceptera aucune action arbitraire et
antiouvrière du gouvernement conservateur, quelles que soient
les demandes de ses puissants « partenaires »
privilégiés.
Le gouvernement du Parti conservateur uni de Jason
Kenney en Alberta serait en train de préparer une loi «
à l'épreuve de la Charte » sur la «
restriction des salaires » pour les travailleurs du secteur
public. Ce serait l'objectif derrière son obstruction
illégale de l'arbitrage sur la réouverture des salaires
pour les travailleurs des services publics. Kenney souhaite gagner du
temps d'ici à ce que son nouveau « comité d'experts
sur les finances de l'Alberta » dévoile le plan du
gouvernement pour couper dans les programmes sociaux et les services
publics et abaisser le niveau de vie et les conditions de travail de
tous les employés du secteur public.
Dans un article
publié en 2017 par l'École des politiques publiques de
l'Université de Calgary intitulé « Une nouvelle
trajectoire pour les budget de l'Alberta », les auteurs Janice
MacKinnon, qui est la présidente du « groupe d'experts
» de Kenney, et Jack Mintz, tristement célèbre pour
son dévouement servile à de puissants
intérêts privés, réclament des
réductions de salaire suivies de zéro augmentation pour
tous les travailleurs du secteur public de la province. Ils expliquent
le processus pour imposer les nouvelles conventions collectives et
disent qu'il résistera aux contestations en vertu de la Charte
selon lesquelles ces mesures et ces lois antiouvrières violent
le droit à la négociation collective.
Les travailleurs albertains ont le droit d'avoir leur
mot à dire et un contrôle sur leurs salaires, leurs
conditions de travail et leur niveau de vie en général,
tout au moins le droit de négocier leurs conditions de travail
dans un contexte d'équilibre. Aucun « groupe
d'experts », universitaire ou riche oligarque ni aucune loi
provinciale ne peuvent
écarter ou nier le droit des travailleurs de négocier
collectivement leurs conditions de travail sans s'attendre à des
conséquences graves dans un contexte de
déséquilibre.
L'usage de la force et du diktat pour imposer des
réductions de salaire, des conditions de travail insoutenables
et un travail de plus en plus précaire aux travailleurs du
secteur public et à d'autres travailleurs, tout en coupant dans
les programmes sociaux et les services publics indispensables à
une existence humaine moderne ne doit pas
passer !
Les travailleurs du secteur public de l'Alberta
créent une valeur immense qui bénéficie grandement
à ceux qui possèdent et contrôlent les entreprises
de l'énergie et les autres secteurs majeurs de
l'économie. Ceux qui possèdent et contrôlent les
entreprises qui bénéficient de la valeur que produisent
les travailleurs du secteur public refusent de
reconnaître et de réaliser (payer pour) cette valeur dans
un échange approprié où ils utilisent la valeur
que les travailleurs créent au sein de leurs entreprises. Il
faut venir à bout de ce
refus afin que la valeur des programmes sociaux et des services publics
puisse être réalisée et réinvestie dans ces
services pour en assurer la reproduction élargie. Si cela
était fait, on ne pourrait
pas utiliser la fraude du manque d'argent pour couper dans les
programmes sociaux et les services publics et attaquer les droits des
travailleurs du secteur public.
Le refus d'autres secteurs
et entreprises de payer pour la valeur du secteur public qu'ils
consomment par le biais d'un échange adéquat de valeur
provoque une crise constante de sous-financement des programmes sociaux
et des services publics. La fraude du manque de fonds est alors
utilisée pour couper dans les programmes sociaux et pour
s'attaquer au droit des travailleurs du secteur public de
négocier des salaires et des conditions de travail qui leur sont
acceptables.
Le gouvernement précédent du NPD n'a pas
abordé ce problème sérieux de l'économie et
des relations entre les travailleurs et leurs employeurs par ses
paroles ou par ses actes. Le gouvernement précédent a
plutôt utilisé la fraude du manque de fonds pour tenter de
justifier des attaques antiouvrières semblables, qu'on a dites
moins dures et plus
appropriées en un temps de crise. Ces expressions cachent le
fait qu'il faut donner une nouvelle direction à
l'économie et que les droits du peuple sont inaliénables
et ne peuvent être niés, peu importe l'excuse. La
porte-parole actuelle du NPD en matière de travail, Christina
Gray, qui était ministre du Travail sous le gouvernement du NPD,
a dit
que le gouvernement Kenney « joue un jeu dangereux. [...] Il est
extrêmement frustrant de voir l'approche de négociations
de bonne foi du gouvernement précédent jetée aux
rebuts alors qu'elle a mené à des augmentations de
salaire de 0 % et à un bon accord pour les
contribuables en temps de récession. Cette approche est
rejetée
d'emblée et les gestes du gouvernement expriment un manque de
respect pour ces travailleurs. »
Quelle est la grande différence entre les deux
gouvernements si ce n'est que les propos de Christina Gray sont
manifestement hypocrites et trompeurs tandis que ceux de Jason Kenney
sont grossièrement arriérés et frondeurs.
Kenny et Gray se trompent
lourdement s'ils croient que les Albertains vont avaler la propagande
de l'oligarchie financière à propos du « manque
d'argent » comme prétexte pour priver les
travailleurs de leurs droits, intensifier l'offensive antisociale et
continuer d'attaquer les services publics et les programmes sociaux de
l'Alberta et les
travailleurs qui les dispensent. Évidemment que l'argent manque
lorsque ceux qui contrôlent l'économie et ses entreprises
principales refusent de payer pour la valeur sociale que les
entreprises consomment par le biais d'un échange
équivalent et retirent plutôt la valeur nouvelle que
créent les travailleurs de l'économie et de la province.
L'Alberta a tout ce qu'il faut pour créer une
économie dynamique qui peut combler et garantir les besoins et
les droits de tous sans crises économiques récurrentes.
Le problème est qu'elle est contrôlée par une
poignée d'oligarques mondiaux et leurs représentants qui
ne peuvent pas échapper à leur être social
privilégié et refusent de céder la
place.
Les travailleurs veulent une nouvelle direction
prosociale de l'économie ; ils veulent que leurs
réclamations à l'économie et à la
société soient reconnues et que leurs droits soient
défendus à coup sûr. Le gouvernement et
l'opposition officielle se
plient aux demandes des oligarques, principalement étrangers,
qui
contrôlent l'énergie et les
autres industries et entreprises majeures en Alberta. Cet affrontement
entre intérêts conflictuels illustre qu'il est temps de
s'organiser et de préparer les conditions subjectives pour
bâtir le Nouveau.
Pour des relations de nation à
nation et la fin
du génocide des peuples autochtones
Le 3 juin, l'Enquête nationale sur les femmes et
les filles autochtones disparues et assassinées publiera son
rapport final. L'enquête a été menée
après des années de travail de mobilisation mené
par des femmes autochtones à la base qui ont exhorté
l'État canadien à s'attaquer aux causes profondes et
systémiques de la violence à laquelle sont
confrontées les femmes et filles autochtones. Pendant ce temps,
les violences se poursuivent à cause de l'incapacité du
gouvernement du Canada à mettre fin aux relations coloniales et
au traitement colonial des peuples autochtones une fois pour toutes,
d'établir des relations de nation à nation et de
réparer tous les crimes commis à leur encontre.
Le 27 mai, pour
protester contre les violences et les mauvais traitements continuels,
les
peuples autochtones et leurs partisans ont organisé des actions
à travers le pays, visant spécifiquement plusieurs
projets de loi qui leur étaient imposés. Ils n'ont pas
été sérieusement consultés sur ces projets
de loi, qui ne reconnaissent pas les relations de
nation à nation qui doivent guider les relations du Canada avec
les peuples autochtones.[1] Ces
projets de loi s'inscrivent dans le contexte du « Cadre en dix
points » des libéraux de Trudeau largement
rejeté et qui visait à mettre fin aux droits ancestraux
une fois pour toutes, et que le gouvernement a
été contraint d'abandonner en décembre 2018.[2] Au total, ils équivalent
à un nouveau Livre blanc 2.0 qui, à l'instar du
Livre blanc de 1969 déposé par le premier ministre
Pierre Trudeau et son ministre de la Justice, Jean Chrétien,
vise à éliminer une fois pour toutes les droits
ancestraux et issus de traités des peuples autochtones. Des
actions ont eu lieu à Vancouver, Edmonton, Calgary, Saskatoon,
Winnipeg, Sault-Ste-Marie, London et Ottawa.
Lors de l'action sur la colline du Parlement, le chef
Lee Crowchild, de la première nation Tsuut'ina, a appelé
tout le monde à s'éduquer sur le projet de loi. «
Je pense que cette journée d'action, cette réalité
qui se déroule partout au Canada, est un rappel aux
générations qu'elles ne peuvent pas rester les bras
croisés », a-t-il déclaré.
Les orateurs à l'action à Ottawa ont
également réitéré la nature
problématique du projet de loi sur la protection des enfants
autochtones, censé aider les communautés autochtones
à acquérir la compétence en matière de
protection de l'enfance, tandis que l'argent proviendra toujours des
gouvernements provinciaux. La nécessité pour les peuples
autochtones de créer leurs propres lois sur la protection de
l'enfance a également été soulignée.
« En tant que Premières Nations, nous sommes en voie de
mettre sur pied notre propre loi et de l'élaborer alors que ce
projet loi sur la garde des enfants approche à grands pas. Nous
savons donc en substance en quoi le problème consiste et nous
saurons
comment y remédier », a déclaré le chef
Henry Lewis, de la nation crie d'Onion Lake.
À partir de la colline parlementaire, les
manifestants se sont rendus au bureau du premier ministre et,
après un bref piquet, ont marché sur la rue
Wellington jusqu'à l'immeuble où se trouve le
Sénat du Canada.
Lors du rassemblement à Winnipeg, l'organisatrice
Elyssa McIvor a adressé ses remarques « au gouvernement
fédéral et à Justin Trudeau, ainsi qu'à
Carolyn Bennett et Seamus O'Regan » qui « doivent
savoir qu'ils n'ont pas notre consentement [pour ces projets de loi].
Ils ne nous ont jamais informés de ces changements et nous
allons
nous battre jusqu'à la fin. »
Elle a ajouté qu'avec
ces projets de loi, « on prétend nous donner plus
d'autonomie, plus d'autodétermination, plus de contrôle
sur nos services, plus de contrôle sur nos territoires. Mais en
réalité, ils atténuent et affaiblissent tout ce
que nous essayons d'accomplir. »
La marche à Winnipeg a débuté
devant le Musée canadien des droits de la personne pour se
terminer devant l'Assemblée législative du Manitoba.
McIvor a fait remarquer que parmi les participants à la marche,
il y avait des membres des territoires des
traités 1, 2 et 5, ainsi que des supporters.
À Calgary, une centaine de personnes se sont
rassemblées à Olympic Plaza, dans le centre-ville.
Pareillement aux slogans repris par les marcheurs, les orateurs ont
souligné que les peuples autochtones n'acceptent pas
l'assimilation et qu'ils sont déterminés à
défendre leur souveraineté et à exiger des
relations de nation à nation avec le Canada.
Tous les participants se sont dirigés vers le bâtiment
fédéral Harry Hays pour ensuite revenir à leur
point de départ où ils ont continué de faire
entendre leurs revendications.
Une autre manifestation a eu lieu à Calgary
le 30 mai, en marge de la réunion nationale des
Premières Nations sous le thème « Innovation et
réussite ». La réunion, qui s'est tenue à
l'hôtel Westin du 28 au 30 mai, était
organisée par les institutions financières des
Premières Nations (autorité financière des
Premières Nations, le
conseil de gestion financière des Premières Nations et la
commission de la fiscalité des Premières Nations) et le
conseil consultatif des terres des Premières Nations. Cela
inclut les Premières Nations qui participent à la Loi
sur la gestion financière des Premières Nations,
à l'Accord-cadre relatif à la gestion des terres des
Premières Nations
(AGTPN) et aux Premières Nations qui ont conclu une entente avec
le gouvernement fédéral pour des subventions sur une
période de 10 ans.
Selon APTN News, d'autres dirigeants et organisations
locales autochtones prévoient organiser d'autres
rassemblements tout au long de l'été.
Vancouver, Colombie-Britannique
Edmonton, Alberta
Calgary, Alberta
Saskatoon, Saskatchewan
Winnipeg, Manitoba
Sudbury, Ontario
London, Ontario
Ottawa, Ontario
Notes
1. Les projets de loi en question
sont : le projet de loi C-91, Loi sur les langues autochtones (à
l'étape
de
la
deuxième
lecture
au
Sénat) ;
le
projet
de
loi
C-92, Loi concernant les enfants, les adolescents et
les familles des Premières Nations, Inuits et Métis (à
l'étape
de
la
deuxième
lecture
et
renvoyé
au
Comité
permanent
des
affaires
autochtones et du Nord) ; le projet de loi C-97, loi
d'exécution du budget omnibus de 2019(à
l'étape de la deuxième lecture et renvoyé à
un comité à la Chambre des communes) créant le
ministère des Services aux Autochtones, les Relations
Couronne-Autochtones
et les Affaires du Nord pour remplacer Affaires autochtones et du Nord
Canada ; et le projet de loi C-86 d'exécution du
budget 2018 (a reçu la sanction royale en
décembre 2018), qui modifie la Loi sur la gestion des
terres des Premières Nations et la Loi sur la gestion
financière des Premières Nations. Les projets
de loi C-91 et C-92 devraient recevoir la sanction royale en juin,
selon CBC News.
La Chambre des communes doit cesser ses
activités le 21 juin pour les vacances d'été.
Le gouvernement Trudeau cherche à prolonger les heures de
séance pour faire adopter ces projets de loi et d'autres avant
l'ajournement,
ou sinon tenir une session d'été.
(Sources : CBC et APTN.
Photos : LML, Rally 4 Indigenous Rights, A. Nathan, M.
Clifton, A. Madison, C. Chantal, P. Quinn, M. Moran, B. Ballantyne, K.
Jones)
Piquetage à Terrace, le 18 avril 2019, à
l'extérieur des audiences du Sénat sur le projet de loi
C-48, Loi sur le moratoire relatif aux pétroliers,
qui interdirait aux navires-citernes transportant plus
de 12 500 tonnes
de pétrole de s'arrêter ou de décharger leur
cargaison sur la côte nord
de la
Colombie-Britannique.
Une décision de la Cour d'appel de la
Colombie-Britannique publiée le 24 mai indique que les
modifications proposées à l'EnvironmentManagement
Act
(EMA) de la Colombie-Britannique ne relèvent pas
de la
compétence provinciale. Cela « rend les
Britanno-Colombiens vulnérables aux risques pour la
santé, la
sécurité et l'environnement liés à
l'augmentation du transport de pétrole lourd dans la
province », indique un communiqué de presse
publié par West Coast Environmental Law.
« Les modifications
proposées par la Colombie-Britannique incluent un régime
de permis pour les entreprises qui transportent des substances
dangereuses, telles que le bitume dilué, dans toute la
province », a dit le communiqué de presse.
« Pour relever les défis environnementaux
de notre époque, toutes les administrations,
fédérales, provinciales et autochtones, devront prendre
des mesures réelles, a déclaré Jessica Clogg,
directrice générale et avocate principale. Avec cette
décision, la Cour d'appel de la Colombie-Britannique a fait
marche arrière en ce qui a trait au fédéralisme
coopératif, ce qui met en péril notre santé, notre
sécurité et notre environnement. »
L'avocat-conseil Eugene Kung souligne que la
décision est un pas en arrière, car « les
marées noires ne respectent pas les frontières, pas plus
que les changements climatiques ». « C'est aussi une
gifle pour les gouvernements autochtones dont la juridiction a
été ignorée », a-t-il
déclaré.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique a
annoncé son intention de faire appel de cette décision
devant la Cour suprême du Canada. Si celle-ci accepte l'appel,
elle se prononcera sur la constitutionnalité du projet de loi
qui, sans aucun doute, ne résout pas la question de fond, qui
est la justesse de la cause pour laquelle luttent le peuple de
la Colombie-Britannique et les peuples autochtones.
Les nations Haida et Heiltsuk ont condamné la
décision de la Cour d'appel dans un communiqué de presse
parce qu'elle « réduit le pouvoir des provinces de
protéger les terres et les eaux de projets d'infrastructure
interprovinciaux et ne reconnaît pas le rôle des peuples
autochtones dans la protection de l'environnement. La décision
augmentera
le risque de déversement de pétrole et de dommages
environnementaux liés à l'agrandissement proposé
du pipeline Trans Mountain. »
« La décision
d'aujourd'hui est décevante, car elle révèle le
manque de compréhension et/ou le refus des tribunaux de
reconnaître la juridiction autochtone sur nos territoires. Le
refus de reconnaître nos arguments dans cette décision est
une occasion manquée pour les tribunaux de démontrer par
un geste une véritable réconciliation »,
déclare Nang Kaadlljuus, président de la nation
Haïda Gaagwiis Jason Alsop.
« La décision de la Cour d'appel est
offensante et irresponsable. Il est inacceptable que, malgré le
statut de partie intéressée qui ait été
accordé, la Cour n'ait même pas reconnu nos arguments ou
ceux d'autres gouvernements autochtones. Elle nous a invités
à entrer dans la salle, mais elle nous a totalement
ignorés », ajoute Marilyn Slett,
conseillère en chef élue de la nation Heiltsuk. «
Malgré plus de 30 ans de litiges qui ont renforcé la
reconnaissance constitutionnelle des droits des peuples autochtones, la
Cour a adopté un point de vue très étroit. En
cette période de réconciliation et d'engagement de la
part de la Couronne à mettre en oeuvre la Déclaration des
Nations unies
sur les droits des peuples autochtones, la décision
d'aujourd'hui est un grand pas en arrière », a-t-elle
déclaré.
Dans le communiqué de presse publié par
les Heiltsuk et les Haïdas, il est mentionné qu'ils font
partie des quatre personnes intéressées autochtones qui
ont présenté des arguments pour appuyer la
Colombie-Britannique dans sa protection de l'environnement. Ils ont
présenté des arguments liés à leurs titres
et droits autochtones inhérents et ont
soulevé les lacunes du cadre actuel de lutte contre les
déversements que la législation proposée par la
Colombie-Britannique permettrait de corriger. « Cependant, le
raisonnement derrière la décision d'aujourd'hui ne
mentionne pas les arguments autochtones, mais plutôt les seules
compétences de juridiction fédérales et
provinciales. Ignorer les
compétences autochtones témoigne de la réticence
persistante à prendre des mesures concrètes en faveur de
la réconciliation et de la reconnaissance des titres et des
droits dans le monde réel », souligne le
communiqué.
Gaagwiis a rappelé au public que « les
gouvernements autochtones n'ont pas des pouvoirs équivalents
à ceux des municipalités, les tribunaux pouvant choisir
d'entendre ou d'ignorer les débats à leur convenance.
Nous parlons en tant que nations. Nos lois et nos juridictions sont le
premier ordre de gouvernement, car elles découlent des lois
naturelles de la Terre. Nous avons la responsabilité de faire
respecter ces lois et de protéger nos territoires pour les
générations à venir de notre peuple et des
Canadiens ».
Le communiqué de presse explique que, devant la
cour, s'exprimant en faveur du projet de loi de la
Colombie-Britannique, la nation Heiltsuk a présenté son
expérience de la marée noire du Nathan E Stewart,
qui « a mis en lumière les lacunes de la réponse
fédérale qui ont nui à ce que leur
communauté éloignée puisse se remettre de la
marée noire de 2016. Ces lacunes n'ont même pas
été abordées par le tribunal et, en
conséquence de la décision d'aujourd'hui, elles demeurent
en place ».
Manifestation organisée par la nation Heiltsuk lors de la visite
du
ministre des
Transports Marc Garneau en novembre 2016, peu après que le
remorqueur Nathan E. Stewart se soit échoué sur
leur territoire.
Les lacunes incluent le refus des dédommagements
pour
les pertes encourues par les autochtones. « Dans
l'éventualité d'un déversement d'hydrocarbures,
aucune indemnisation n'est actuellement pas disponible pour les
nombreuses
pertes encourues par les
autochtones, y compris les pertes encourues par la communauté.
Ceci s'explique par le fait que les indemnisations liées
à la définition des 'dommages dus à la pollution',
selon la Loi sur la responsabilité en matière maritime
du Canada, se concentrent exclusivement sur les 'pertes
de revenus' en ignorant les effets dévastateurs que des
déversements peuvent avoir sur les pertes alimentaires, sociales
et rituelles ».
Il n'existe pas non plus de nécessité
d'une évaluation approfondie de l'impact sur l'environnement,
ont souligné les Heiltsuk. « À l'heure actuelle,
les lois provinciales et fédérales n'imposent pas
l'obligation de mener une évaluation de l'impact sur
l'environnement, ni de fournir une forme de financement aux
gouvernements autochtones qui
leur permettraient de mener une telle évaluation. Une
évaluation de l'impact sur l'environnement est essentielle pour
comprendre les effets à court et à long terme d'un
déversement d'hydrocarbures sur l'environnement
naturel. »
« Tant que ces deux lacunes existeront, les
marées noires continueront de toucher de manière
disproportionnée les peuples autochtones », explique
le communiqué de presse.
Pour une copie de la décision, cliquez ici. Pour
une copie en format PDF du communiqué de presse, cliquez ici. Pour
obtenir le précédent communiqué de presse des
Heiltsuk sur cette cause devant les tribunaux, cliquez ici.
(heiltsuknation.ca, le 24
mai 2019. Traduit de l'anglais par LML.)
Cette carte fait partie de la soumission du gouvernement canadien
à la
Commission des limites du plateau continental des Nations unies.
En vertu de la Convention des Nations unies sur le
droit de la mer (CNUDM), tous les États côtiers ont un
plateau continental qui se prolonge sur 200 milles marins.
Cependant, cette longueur pourrait être supérieure
à 200 milles marins si le plateau est un «
prolongement naturel du territoire terrestre de cet
État ». Il
s'agirait d'un « prolongement » ou d'un « rebord
externe » de la marge continentale et
approximativement 85 pays auraient un tel prolongement.
À cet effet, le 23 mai, le gouvernement
canadien a déposé une demande de 2 100 pages
auprès de la Commission du plateau continental sur la question
des limites du plateau continental canadien dans l'océan
Arctique. L'article 76 de la Convention nationale «
établit un processus que doivent suivre les États pour
déterminer les limites de ce plateau continental
étendu » et ce processus consiste entre autres
à soumettre une demande à un groupe d'experts
créé en vertu de la Convention, et à la faire
examiner par cette dernière.
Le processus suivi par la CNUDM a pour but
d'établir « un équilibre entre la reconnaissance
des droits inhérents d'un État côtier sur son
plateau continental et l'intérêt de la communauté
internationale, en définissant les limites des fonds marins
au-delà du territoire national ».
Les limites extérieures du plateau sont
définies en
tenant
compte des attributs physiques du fond marin ainsi que de la distance
de
la côte. Ces attributs sont utilisés afin de
déterminer un ensemble de coordonnées (latitude et
longitude) définissant les limites extérieures.
Pour la préparation de la demande, le
gouvernement canadien a réuni une équipe de
scientifiques, de personnel technique et d'avocats de divers
ministères chargés de la collecte et de
l'interprétation de données bathymétriques,
gravimétriques, sismiques et autres sur des dizaines de
kilomètres.
D'autres ont également participé à
la collecte de données, notamment des peuples autochtones, des
gouvernements territoriaux du Canada et le ministère de la
Défense nationale. Le Canada a aussi réalisé des
travaux scientifiques et des relevés conjoints avec le Royaume
du Danemark, la Suède et les
États-Unis.
L'océan Arctique est riche en ressources
naturelles tels le pétrole, le gaz, les minéraux et la
pêche atteignant les billions de dollars. En vertu de la
Convention du droit de la mer, les États côtiers exercent
des droits souverains sur le plateau continental « aux fins de
son exploration et de l'exploitation de ses ressources
naturelles ».
Les limites extérieures du plateau et les autres
questions liées aux océans peuvent être une source
de discorde. Selon le préambule de la CNUDM, l'objectif
déclaré de cette dernière est « de
régler, dans un esprit de compréhension
et de coopération mutuelles, tous les problèmes
concernant le droit de la mer ». La plupart des pays du
monde
ont ratifié la CNUDM. Cependant, les États-Unis n'ont pas
encore ratifié la convention, bien qu'ils la reconnaissent
maintenant en tant que « codification du droit international
coutumier ».
La demande du Canada à la CNUDM touche
à 1,2 million de kilomètres carrés de fonds
marins et de son sous-sol dans l'océan Arctique, y compris le
pôle Nord. En tant que telle, sa demande chevauche à
certains endroits les demandes d'autres États arctiques.
Par exemple, le Canada, la Russie et le Danemark
(Groenland) prétendent respectivement que la vaste dorsale
sous-marine de Lomonossov qui s'étend sur 1 800
kilomètres entre les trois pays serait un prolongement de chacun
de leurs plateaux continentaux. La dorsale, dont fait partie le
pôle Nord, a d'abord été découverte
en 1948-1949 par des expéditions soviétiques qui ont
effectué des mesures hydrologiques et porte le nom d'un
naturaliste russe de renommée mondiale. En 2007, à
l'aide de véhicules submersibles qui sont descendus dans les
profondeurs de l'océan Arctique, on a planté le drapeau
russe sur la dorsale, ce qui a provoqué « un tollé
et une
indignation à l'échelle internationale ».
À l'époque, le ministre des Affaires
étrangères, Peter McKay, affirmait : « Ce
n'est plus le 15e siècle. On ne peut pas aller de par le
monde et planter des drapeaux où bon nous semble en
déclarant : 'Nous réclamons ce
territoire!' »
Ce conflit n'est pas le seul, puisque le Canada est
depuis longtemps en conflit avec les États-Unis relativement aux
frontières touchant à 21 000 kilomètres
carrés de la mer de Beaufort, et en conflit territorial avec les
États-Unis sur la question de la réclamation du Canada
sur le passage du Nord-Ouest.
Dans la prochaine étape du processus de la CNUDM,
celle-ci devra étudier la demande de 2 100 pages du Canada
et élaborer des recommandations sur les limites
extérieures du plateau continental du Canada. Cependant, le
processus pourrait prendre jusqu'à 10 ans ou plus avant
d'être complété, s'il faut plus de temps pour
délimiter les
frontières des pays voisins qui se chevauchent.
(Sources : Affaires mondiales
Canada, Wikipédia, The Guardian et la division de l'ONU des
affaires maritimes et du droit de la mer ; Photo :
Gouvernement du Canada)
Le matin du 28 avril, un symposium sur Cuba a
été organisé au parlement fédéral
canadien sous les auspices de la sénatrice, l'honorable
Pierrette Ringuette, et du député T.J. Harvey, les
coprésidents du Groupe parlementaire d´Amitié
Canada-Cuba, à l´initiative du Réseau canadien de
solidarité avec Cuba.
Le panel d'ouverture, composé des chercheurs
reconnus Isaac Saney, John Kirk et Julia Sagebien, de
l´Université Dalhousie à Halifax, et du professeur
Keith Ellis, de l´Université York à Toronto, a
examiné les rapports bilatéraux positifs de longue date
existant entre le Canada et Cuba, les défis actuels à
relever et les perspectives d'avenir ainsi
que l´économie, la société et la politique
extérieure cubaines.
Le deuxième et dernier panel a abordé la
nature des liens commerciaux entre le Canada et Cuba, leur importance
pour les deux pays et l'impact de l´escalade des sanctions
économiques des États-Unis contre Cuba sur les
entreprises canadiennes qui font affaire avec Cuba, en particulier
suite à l´activation du Titre III et la menace de
promulguer
le Titre IV de la Loi Helms-Burton. Parmi les membres du panel,
il y avait des représentants de compagnies et
d´organisations canadiennes qui maintiennent des liens avec Cuba
telles que Sherritt International Corporation, Acasta Capital, la
Banque Nationale du Canada, le cabinet d'avocats de droit international
Gowling WLG, Air Transat
et la Chambre de commerce et d´industrie Canada-Cuba.
Outre la sénatrice Pierrette Ringuette et le
député Harvey, les
honorables sénateurs Stan Kutcher, Beverley Busson et Diane
Giffin, et les députés Michel Picard, Anthony Rota et
Fayçal El-Khoury y ont aussi participé.
La partie cubaine, représentant l'ambassade de
Cuba à Ottawa, était représentée par
l´ambassadrice Josefina Vidal et d´autres membres du
personnel diplomatique cubain.
(Ambassade cubaine, le 28
mai 2019. Photos : ambassade cubaine)
Le 25 mai, l'Association cubano-canadienne
d'Ottawa-Gatineau a organisé un piquetage devant le Parlement
à Ottawa pour protester contre la fermeture des services
consulaires à l'ambassade du Canada à La Havane. Cette
action du gouvernement canadien signifie que le bureau canadien des
visas à La Havane ne traitera pas les données
biométriques (empreintes digitales et photos) requises pour les
demandes de visa permettant aux Cubains de voyager au Canada. Cela
crée de grandes difficultés pour les familles cubaines
qui n'auront d'autre choix que de se rendre à l'étranger
pour obtenir un visa. Cela implique des dépenses exorbitantes et
des voyages dans un pays tiers, ce qui
rend les visites familiales et les échanges culturels presque
impossibles. Les membres de l'Association cubano-canadienne
d'Ottawa-Gatineau, auxquels se sont joints des membres du Ottawa Cuba
Connections et du Mouvement social de l'ALBA, section d'Ottawa,
demandent au gouvernement canadien d'assumer ses responsabilités
et de fournir tous les services faisant partie des relations
diplomatiques entre le Canada et Cuba.
Également ce jour-là à
Montréal, des Cubains résidents de cette ville ainsi que
des amis de Cuba ont organisé une action similaire devant les
bureaux du gouvernement fédéral au Complexe Guy-Favreau.
- L'Association canadienne des
études latino-américaines et des Caraïbes -
Monsieur le premier
ministre Justin Trudeau,
Au nom de l'Association canadienne des études
latino-américaines et des Caraïbes (ACÉLAC), nous
vous écrivons afin de vous faire part de nos inquiétudes
concernant le processus canadien de demande de visas pour les
universitaires provenant de l'Amérique latine et des
Caraïbes qui visitent le Canada pour assister à des
réunions et
conférences scientifiques. Notre association a tenu, du 10
au 12 mai 2019, son 50e Congrès annuel à
l'Université York de Toronto, un événement
marquant pour les études latino-américaines et
caribéennes au Canada. Malheureusement, quatre éminents
chercheurs latino-américains – trois cubains et un
brésilien – n'ont
jamais reçu leur visa leur permettant de venir au Canada, et ce,
en dépit du fait qu'ils ont entrepris le processus trois mois
à l'avance tout en payant leurs frais de voyage et de
séjour.
Dans le cas des universitaires cubains, le traitement
reçu de la part de la section des visas de l'ambassade
canadienne à La Havane a été cavalier et
irrespectueux. Le gouvernement canadien les a informés que leurs
visas ne seraient pas traités et qu'ils devraient
présenter une nouvelle demande à l'extérieur de
Cuba seulement le 8
mai 2019, deux jours à peine avant le début du
Congrès. Cette ligne de conduite ne répond pas aux
standards auxquels nous nous attendons et que nous exigeons de la
fonction
publique canadienne.
Nous avons vivement ressenti l'absence de ces chercheurs
latino-américains et nous l'avons vivement débattue lors
de notre conférence. À l'ACÉLAC, nous estimons que
l'incapacité du Canada à délivrer
opportunément leurs visas nuit à notre mission qui
consiste à favoriser le développement continu d'une
communauté intellectuelle
internationale dynamique basée au Canada, à soutenir la
recherche et l'enseignement ainsi qu'à fournir l'infrastructure
et la capacité nécessaires pour faciliter la mobilisation
des connaissances et les engagements stratégiques au Canada et
ailleurs.
L'ACÉLAC travaille de
concert avec des communautés d'Amérique latine et des
Caraïbes, des ONG, des instituts de recherche et des
universitaires internationaux. De plus, notre association s'efforce
d'informer les décideurs et les organismes des secteurs public
et privé à travers ses événements, ses
publications, ses réseaux de communication et
ses ressources virtuelles. Ce faisant, nous contribuons au
développement de réseaux canadiens solides et durables en
Amérique latine et dans les Caraïbes et au rayonnement de
l'image et l'influence du Canada dans la région.
En ce sens, le fait que le Canada ne puisse pas accorder de visas aux
chercheur-e-s d'Amérique latine et des
Caraïbes en temps opportun et de façon respectueuse ne peut
être que compris comme un échec.
Nous vous exhortons à faire en sorte que le
processus de délivrance des visas canadiens ne fasse plus jamais
obstacle aux activités savantes, à la liberté de
pensée et au débat critique. La liberté
scientifique ne peut que promouvoir et développer les
intérêts canadiens au pays et à
l'étranger : elle est d'une importance cruciale pour le
maintien d'excellentes relations politiques, économiques et
culturelles avec les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
Cordialement,
Le Conseil d'administration
de l'Association canadienne des études latino-américaines
et des Caraïbes
Les Canadiens et les Québécois de tous
les milieux chérissent les relations cordiales qu'ils
entretiennent depuis longtemps avec le peuple cubain. Dans ce contexte,
le mouvement de solidarité avec Cuba joue un rôle vital
dans le développement de ces relations. Des
événements publics sont organisés avec comme
invités des orateurs cubains et
d'autres experts qui expliquent le projet d'édification
nationale révolutionnaire de Cuba et comment celui-ci favorise
l'épanouissement de la personne humaine, son profond
internationalisme et son amour social pour les peuples du monde qui
épousent toujours le droit international et la cause de la paix
dans les relations internationales. Un des
aspects les plus importants de la solidarité avec Cuba en ce
moment est de veiller à ce que Cuba ne soit pas isolé en
raison de l'intensification de la campagne des États-Unis contre
Cuba, avec comme pièce maîtresse le blocus
américain illégal visant à renverser la
révolution cubaine.
Le révérend Luis Barrios à
Montréal le 9 mai 2019
L'un des projets concrets pris en main par le mouvement
de solidarité au Canada pour vaincre le blocus est la
participation à la Caravane de la paix, une tournée
annuelle organisée par l'organisation américaine
Fondation interreligieuse pour l'organisation communautaire
(FIOC)/Pasteurs pour la paix. À tous les ans depuis trente ans,
la caravane
passe par le Canada, les États-Unis et le Mexique pour informer
les gens sur Cuba et recueillir d'importantes denrées
humanitaires à destination de Cuba, au mépris du blocus.
Cette année, lors des événements de
l'étape canadienne de la Caravane de la paix, on a accueilli le
révérend Luis Barrios de Pasteurs pour la paix. Le
premier événement a eu lieu le 9 mai à
Montréal au Patro Le Prévost, parrainé par la
Caravane d'amitié Québec-Cuba.
Le 10 mai, la Caravane de la paix s'est
arrêtée à Ottawa à l'église
presbytérienne de St-Giles. L'événement a
été parrainé par Connexions Ottawa-Cuba, les
mouvements sociaux d'ALBA d'Ottawa, le Frente Bolivariano Hugo Chavez,
l'Association d'amitié Outaouais-Cuba et le Comité des
affaires de paix et sociales des Quakers.
Connexions Ottawa-Cuba se distingue par sa participation à ces
caravanes depuis leur tout début il y a trente ans, et encore
cette année l'organisation envoie un participant.
Il y a eu ensuite des événements
le 11 mai, à Kingston à l'église
unifiée de la rue Sydenham et le 12 mai, à Toronto,
à l'église anglicane de San Lorenzo.
Lors de ces événements, le
révérend Barrios a réaffirmé l'engagement
du mouvement de solidarité envers la lutte contre le blocus en
dépit des énormes obstacles imposés par
l'administration américaine. Il a expliqué comment la
mise en oeuvre par l'administration Trump du Titre III de la Loi
Helms-Burton n'est pas seulement une
attaque contre le peuple cubain, mais également contre la
souveraineté de plusieurs autres pays, y compris le Canada,
ainsi qu'une attaque contre les intérêts commerciaux de
compagnies partout dans le monde, y compris au Canada. Il a aussi
expliqué comment ces mesures font partie de l'ordre du jour
américain plus large visant à recoloniser
l'Amérique latine et les Caraïbes. Par exemple, le
conseiller de la Sécurité nationale des
États-Unis, John Bolton, a parlé ouvertement de
l'intention des États-Unis de prendre le contrôle des
vastes réserves pétrolières du Venezuela.
L'ambassadrice cubaine
Josefina Vidal a aussi pris la parole à
l'événement d'Ottawa. Elle a exprimé sa gratitude
envers Pasteurs pour la paix pour leur appui et leur solidarité
avec le peuple cubain depuis toutes ces années, et
souligné que les Cubains n'oublieraient jamais les images
transmises à l'échelle mondiale montrant les Pasteurs
pour la
paix, dirigés par Lucius Walker, confrontant les
autorités lourdement armées à la frontière
entre les États-Unis et le Mexique. Aussi, au nom du peuple
cubain, la diplomate cubaine a remercié le mouvement de
solidarité canadien pour son appui continu à Cuba.
John Waller, le coordonnateur du programme de Pasteurs
pour la paix, a expliqué au LML que «
l'hostilité du gouvernement américain envers Cuba a
toujours engendré une myriade de problèmes logistiques
à notre projet. Ces problèmes ont pris des proportions
extrêmes lorsque l'administration Bush a harcelé nos
caravanistas et les a
menacés de harcèlement judiciaire et d'amendes. Ces
actions particulières ont cessé avec Obama et n'ont pas
encore été reprises par Trump, mais nous devons nous
préparer au cas où elles le seraient cette
année. »
Waller a aussi expliqué que « la caravane
américaine commencera sous peu. Elle débute le 8 juin
avec des événements publics dans 40 villes. Nous
amenons 37 personnes à Cuba sans l'autorisation du
gouvernement américain, dont plusieurs voyagent à Cuba
pour la première fois. La plupart sont des jeunes de moins de
trente
ans. Les caravanistas sont principalement des citoyens
américains, en particulier de Seattle, de New York, de
Minneapolis et Fresno, mais nous avons aussi une représentation
internationale du Canada, du Mexique et de l'Allemagne.
« Les événements canadiens au
début de mai ont été accueillis très
chaleureusement par les personnes qui y ont participé. Nous
anticipons que les résidents des États-Unis qui
participent à nos
événements de caravane seront indignés par les
agissements de Trump, puisque dans les dernières années
de la présidence Obama des pas limités mais
significatifs avaient été franchis dans la normalisation
des relations entre les États-Unis et Cuba.
La Caravane de la paix se rendra ensuite au Mexique
où un des programmes sera une session d'orientation pour les
participants à Mexico les 22 et 23 juin, avant qu'ils
ne se rendent à Cuba. La caravane prend fin le 5 juillet,
et
les participants retourneront chez eux via la ville de Mexico.
Toronto Vendredi 7 juin -
19 h
A Different Booklist, 779, rue Bathurst Parrainé
par le Réseau canadien pour Cuba et A Different Booklist
La consule cubaine Clemente Lopez et le professeur Isaac
Saney, spécialiste bien connu des affaires cubaines et
coprésident et porte-parole du Réseau canadien pour Cuba,
discuteront de la situation actuelle à Cuba et en
Amérique latine, et dans les Caraïbes dans l'ensemble.
C'est aussi le lancement de la 9e Convention biennale du Réseau
canadien pour Cuba les 8 et 9 juin.
Opposition à de nouvelles
tentatives d'imposer le diktat américain
Action de masse au Venezuela le 27 avril 2019 célébrant
le départ du Venezuela de l'OÉA
Sir Ronald Sanders est l'ambassadeur
d'Antigua-et-Barbuda aux
États-Unis et à l'OÉA. Il est également
agrégé supérieur de l'Institut
d'études du Commonwealth de l'Université de London et du
Collège Massey
de l'Université de Toronto.
Les lecteurs de ce commentaire, en particulier ceux des
petits pays, pourraient se demander pourquoi ils devraient
s'inquiéter de savoir qui est le directeur général
de toute organisation multilatérale ou internationale. On
pourrait affirmer que la disposition de la personne qui occupe ce poste
est très éloignée de l'existence des gens dont
l'attention est centrée sur les nécessités de la
vie et de l'amélioration de leur vie.
On aurait tort de ne pas tenir compte des
intérêts des titulaires de ces postes.
Les petits États des Caraïbes sont
déjà marginalisés dans le monde et on ne tient
guère compte des menaces importantes qui pèsent sur leur
bien-être. Parmi ces menaces figurent les changements
climatiques, le réchauffement de la planète, l'exclusion
de l'accès au financement à des conditions favorables
pour le développement, les termes
d'échange très médiocres, l'érosion
croissante de leurs droits souverains sur des questions telles que le
taux de taxation qu'elles imposent et les incitations qu'elles offrent
aux entreprises afin de rester compétitives au niveau mondial
dans les industries créatrices d'emplois et les
possibilités de propriété.
Dans ce contexte, il est extrêmement important
pour les habitants des pays petits et vulnérables que les
directeurs généraux d'organisations intergouvernementales
s'engagent à réduire la pauvreté, à faire
progresser le développement économique, à
améliorer l'accès à l'éducation et à
la formation, et à promouvoir les arrangements internationaux
permettant aux pays en développement de compétitionner
dans la communauté mondiale. Il est également important
que ces directeurs généraux soient réellement
intéressés par la défense des droits de l'homme,
la protection des citoyens contre les abus des gouvernements, le
respect de la démocratie et de la liberté d'expression.
Ce sont là les qualités que devraient
posséder les dirigeants d'organisations multilatérales et
internationales pour servir les intérêts de la
communauté mondiale, en particulier des populations de petits
pays vulnérables.
Inévitablement, cependant, les gouvernements des
pays plus grands et plus puissants dictent qui occupe ces postes. Ces
gouvernements sélectionnent des candidats qui servent leurs
intérêts et, en utilisant leurs ressources
financières plus importantes et leur capacité à
faire pression sur les autres, ils assurent leurs nominations.
Dans le cas du Fonds monétaire international et
de la Banque mondiale, l'Union européenne et les
États-Unis se sont depuis longtemps arrogé les postes de
dirigeants de ces organisations, car ils ont convenu que les
États-Unis assumeront la direction de la Banque et les
Européens la direction du Fonds. Invariablement, les titulaires
de ces
postes sont ensuite sous la coupe de leurs patrons et, au cours des
décennies d'existence des deux organisations, peu d'entre eux se
sont écartés des positions de leurs commanditaires.
Il n'existe que peu d'organisations dans lesquelles les
pays des Caraïbes ont une réelle possibilité
d'influencer qui est élu au poste de directeur
général. L'Organisation des États
américains (OÉA) en fait partie.
À plusieurs reprises, j'ai appelé
les 14 États membres de la Communauté des
Caraïbes (CARICOM), qui sont également membres de
l'OÉA, à désigner un candidat caribéen
qualifié pour le poste de secrétaire
général ou à choisir un candidat non
caribéen qui serait conscient de l'importance des
intérêts des Caraïbes.
« Non à l'ingérence de
Louis Almagro. Le Venezuela doit être respecté. »
Il est alarmant de constater que, contrairement à
tous les arrangements électoraux mis en place pour
l'élection du secrétaire général de
l'OÉA, certains gouvernements s'emploient activement à
promouvoir l'idée que, lors de l'Assemblée
générale en Colombie en juin, 18 pays devraient
forcer la réélection du titulaire, Luis Almagro, pour
un second mandat - un an avant la date prévue pour un tel
scrutin, et pour lequel aucun arrangement n'a été pris.
Ce processus est généralement appelé «
collusion ».
Une telle action serait aussi sans
précédent qu'incorrecte. La réélection
forcée de M. Almagro, un an avant la date prévue pour les
élections, serait extrêmement inappropriée. Mais
cela pourrait se produire. Les règles permettent la nomination
d'un candidat jusqu'au matin du jour où une élection est
organisée. Et si, comme nous l'avons vu
récemment, 18 pays votent en faveur de la tenue de telles
élections à l'Assemblée générale en
juin, cela peut se faire.
De cette manière, toute possibilité pour
une CARICOM non préparée de nommer un candidat des
Caraïbes ou de se regrouper derrière un candidat non
caribéen approuvé serait écartée. La
décision des 18 l'emporterait et les intérêts
des Caraïbes et de ses peuples seraient écartés.
C'est pourquoi les peuples des Caraïbes devraient
s'intéresser à cette question et à la position de
leur gouvernement.
Le comportement de M. Almagro en tant que
secrétaire général de l'OÉA laisse beaucoup
à désirer. C'est un homme très intelligent et
astucieux, et avec une attitude différente, il aurait
peut-être bien servi l'OÉA et tous ses États
membres. Mais au lieu de mettre fin aux divisions en construisant des
ponts entre les États et en s'efforçant de
dégager un consensus au sein de l'organisation, M. Almagro est
devenu un facteur de division.
En outre, son mépris pour le Conseil permanent,
composé des représentants des gouvernements, et sa
disposition à exprimer ses propres vues bien
arrêtées au nom de l'OÉA ont compromis
l'organisation en la privant d'un rôle dans la résolution
des conflits au sein des États membres et entre les États
membres de l'organisation. De plus, les
Caraïbes ont souffert sous sa tutelle en raison de l'absence de
plaidoyer de sa part pour maintenir le financement des programmes
caribéens.
Au-delà de la nécessité de le
contester, étant donné son bilan, sa
réélection forcée par tout processus imposé
laisserait l'OÉA en lambeaux. Cela pourrait même amener
certains États membres à réévaluer leur
appartenance à une organisation gouvernée par la
volonté d'une majorité simple et des dirigeants qu'elle
impose.
Pour les élections précédentes du
secrétaire général, y compris de M. Almagro, le
Conseil permanent de l'OÉA a mis en place des règles et
des procédures. Parmi ces règles figurait l'exigence que
le Conseil permanent fixe une date pour les élections et que les
États membres nomment des candidats qui présenteraient
publiquement à
l'organisation des exposés sur leurs propositions et leurs
initiatives avant les élections.
Il n'a jamais été envisagé, comme
certains gouvernements le font maintenant, de ne pas suivre les
règles établies pour l'élection du
secrétaire général et de ne pas suivre un
processus pleinement démocratique.
Les États de la CARICOM devront s'affirmer
immédiatement au sein de l'OÉA en insistant sur la pleine
solidarité et l'unité régionale pour insister sur
une réunion du Conseil permanent qui fixe les règles des
élections sur une base démocratique et par consensus.
Rien de moins que la pleine unité de la CARICOM est requise pour
empêcher
que des torts soient infligés aux intérêts de la
région.
(Caribbean News Now, 17
mai 2019. Traduit de l'anglais par LML. Photos : Cancilleria
Venezuela, AVN, periodico26.cu)
Manifestation dans la ville de Gaza contre l'« Accord du
siècle » de Donald Trump, le 6 mars 2019
Les groupes palestiniens, le Fatah, le Hamas et les
autres, ne devraient pas se limiter à simplement rejeter le
soi-disant « Accord du siècle » de
l'administration Trump. Ils devraient plutôt utiliser leur
résistance à ce nouveau complot
américano-israélien comme une occasion d'unir leurs rangs.
Les détails de l'« Accord du
siècle » qui ont été divulgués
confirment les pires craintes des Palestiniens : ce n'est rien
d'autre que l'assentiment américain complet à la
mentalité de droite qui règne en Israël depuis plus
de dix ans.
Selon le quotidien
israélien Israel Hayom, un État
démilitarisé, la « Nouvelle Palestine »,
sera établi sur des fragments territoriaux de la Cisjordanie
alors que les colonies juives illégales vont faire partie
d'Israël de façon permanente. Selon le rapport, si les
Palestiniens refusent d'accepter les diktats de Washington, ils seront
punis
par un isolement économique et politique.
De toute évidence, il ne s'agit pas d'un geste
d'ouverture à la paix de la part des Américains, mais
d'un acte ouvert d'intimidation. Ce n'est toutefois pas une
déviation par rapport aux rondes d'« initiatives de
paix » précédentes, dans lesquelles Washington
a toujours pris le parti d'Israël, blâmé les
Palestiniens et refusé de demander des
comptes à Israël. Washington a toujours appuyé
ouvertement les guerres israéliennes contre les Palestiniens et
n'a jamais rendu ses programmes d'aide ultra-généreux
conditionnels au démantèlement des colonies juives
illégales.
La différence entre le « processus de
paix » des États-Unis dans le passé et
l'« Accord du siècle » est dans le style et les
tactiques et non dans la substance et les détails.
L'« Accord » dont Jare Kushner, le
conseiller et gendre du président Trump, s'est fait le champion
va certainement échouer. Non seulement ne livrera-t-il pas la
paix - ce n'est pas son intention - mais il sera vraisemblablement
rejeté par Israël. La formation du gouvernement
israélien sous la direction de Benyamin Netanyahou repose sur
les partis religieux et d'extrême-droite. Il n'est plus
politiquement correct dans le nouveau lexique israélien de
même discuter de la possibilité d'un État
palestinien, sans parler de l'accepter.
Cependant, Netanyahou attendra vraisemblablement que les
Palestiniens rejettent l'accord, ce qu'ils doivent certainement faire.
Puis, avec l'aide des grands médias pro-Israël, un nouveau
discours va se développer, qui va reprocher aux
Palestiniens d'avoir manqué une autre occasion de paix tout en
absolvant Israël de tout méfait. La formule est
bien connue, illustrée de la manière la plus
spectaculaire par le Camp David II de Bill Clinton en 2000 et la
Feuille de route pour la paix de George W. Bush en 2003.
En 2000, le
regretté dirigeant palestinien, Yasser Arafat, avait
rejeté l'« offre généreuse » du
premier ministre israélien d'alors, Ehud Barak, une supercherie
politique fabriquée de toutes pièces qui, aujourd'hui
encore, définit la compréhension officielle et
académique de ce qui avait transpiré des pourparlers
secrets du moment.
Tous les Palestiniens doivent rejeter cet « Accord
du siècle » et tout accord qui provient d'un discours
politique qui ne met pas l'accent sur les droits des Palestiniens tels
qu'ils sont enchâssés dans le droit international, un
cadre politique de référence que tous les pays du monde
appuient, sauf les États-Unis et Israël. Des
décennies de «
rétablissement de la paix » ont
démontré que Washington ne méritera jamais le
titre dont il s'est affublé d'« honnête faiseur de
paix ».
Cependant, un rejet en soi, bien que cela nous
ramène au point de départ, n'est pas suffisant. Si le
peuple palestinien est uni sur le besoin de résister à
l'occupation israélienne, de défier l'apartheid
israélien et de recourir à la pression internationale
jusqu'à ce qu'Israël cède, les factions
palestiniennes sont dominées par d'autres priorités,
centrées
sur leurs intérêts à chacune. Chaque camp semble se
mouvoir dans la sphère politique de l'influence
étrangère, qu'elle soit arabe ou internationale.
Le Fatah, par exemple, à qui l'on reconnaît
d'avoir « allumé l'étincelle de la
révolution palestinienne » en 1965, a
été essentiellement préoccupé dans les
atours d'un faux pouvoir en dominant l'Autorité palestinienne,
laquelle fonctionne au sein de l'espace que lui a alloué
l'occupation militaire israélienne en Cisjordanie.
Le Hamas, qui a débuté comme un mouvement
organique en Palestine, est forcé de jouer la carte de la
politique régionale dans un effort
désespéré de se faire valider politiquement pour
échapper au siège suffocant de Gaza.
À chaque fois que les deux partis sont sur le
point de former une direction unie, dans l'espoir de ressusciter
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en grande
partie défunte, leurs bienfaiteurs manipulent l'argent et la
politique, relançant la désunion et la discorde.
L'« Accord du siècle »,
cependant, offre une occasion aux deux groupes, car ils sont unis dans
le rejet de l'accord et perçoivent tous deux tout engagement
palestinien en sa faveur comme un acte de trahison.
Chose très importante, les gestes que Washington
a posés pour isoler l'Administration palestinienne (AP), en
niant
aux Palestiniens des fonds dont ils ont un urgent besoin, en
révoquant le statut diplomatique de l'OLP à Washington et
en écartant l'AP comme alliée politique, fournissent
l'occasion d'ouvrir le dialogue politique requis qui
pourrait finalement mener à une réconciliation
Fatah-Hamas sérieuse.
Israël, en retenant l'argent des impôts
amassé au nom de l'AP, a lui aussi perdu sa dernière
carte pour faire pression sur Mahmoud Abbas et son gouvernement
à Ramallah.
À ce moment-ci, il reste peu de choses que les
États-Unis et Israël puissent faire pour exercer plus de
pression sur les Palestiniens.
Mais cet espace politique dont les Palestiniens
disposent pour créer une nouvelle réalité
politique sera de courte durée. Dès que l'« Accord
du siècle » sera écarté comme une autre
manoeuvre manquée pour forcer les Palestiniens à se
trahir, les cartes politiques, régionales et internationales,
seront brassées encore une fois, au-delà de la
capacité des factions palestiniennes d'en contrôler le
résultat.
Il est donc d'une importance critique que les groupes
palestiniens chez eux et dans la diaspora préconisent le
dialogue palestinien, pas seulement pour former un gouvernement
d'unité à Ramallah, mais pour revitaliser l'OLP en tant
qu'organisme véritablement représentatif et
démocratique qui comprend tous les courants politiques
palestiniens et
toutes les communautés.
C'est uniquement en ressuscitant l'OLP que les
Palestiniens vont enfin reprendre leur mission initiale
d'élaborer une stratégie de libération nationale
qui n'est pas manipulée par l'argent et qui n'est pas sujette
aux manoeuvres politiques régionales.
Si l'on se fie à ce que l'histoire nous enseigne,
cet «
Accord du siècle » est une nouvelle tentative
sinistre des États-Unis de gérer la situation en
Palestine afin d'asseoir leur domination politique dans la
région. Cet « Accord » est essentiel à
la réputation des États-Unis, surtout parmi leurs
alliés politiques mécontents qui se sentent
abandonnés par
le retrait militaire et politique progressif des États-Unis de
la région.
Il n'est pas forcé que cette plus récente
comédie se fasse au détriment des Palestiniens. Les
groupes palestiniens doivent reconnaître et saisir cette occasion
unique. L'« Accord du siècle » va
échouer, mais les efforts pour réaliser l'unité
palestinienne pourraient bien être finalement couronnés de
succès.
Ramzy Baroud est journaliste, auteur et
rédacteur au Palestine Chronicle. Son dernier livre est
The last earth : A Palestinian Story (Pluto
Press, Londres). Il possède un doctorat en Études
palestiniennes de l'Université d'Exeter et a été
chercheur non résident au Centre Orfalea d'études
mondiales et internationales à l'Université de la
Californie à Santa Barbara. Son site web est www.ramzybaroud.net.
(Palestine Chronicle, 29 mai 2019.
Traduit de l'anglais par LML. Photos : W. Hashlamoun, Middle East
Monitor, M. Hassona)
L'Akal Takht, la Darshani Deori et ses environs avant
l'opération Blue Star.
Du 3 au 8 juin 1984, il y a 35 ans,
le gouvernement d'Indira Gandhi perpétrait l'attaque
meurtrière contre le complexe du Temple d'Or d'Amritsar, au
Pendjab, et massacrait des milliers de sikhs innocents au cours de
cette agression militaire du nom d'Opération Blue Star.
L'objectif déclaré de l'opération
Blue Star était de « nettoyer » le Temple d'Or
des « terroristes religieux » dirigés par Sant
Jarnail Singh Bhindranwale. L'opération Blue Star a
été menée dans le cadre de l'action
concertée de l'État indien et de l'État canadien
pour criminaliser les revendications politiques des sikhs visant
à faire
du Pendjab un État à part entière - la
création du Khalistan.
Les défenseurs de cette revendication ont
été qualifiés d'« intégristes
sikhs ». En raison de cette association du sikhisme à
l'extrémisme, les Pendjabis ont été
criminalisés, y compris ceux qui n'étaient pas religieux,
et surtout les jeunes. Cela a servi de modèle pour cibler par la
suite toutes les personnes de confession musulmane et exiger
que les gens prouvent leur loyauté envers l'État en
démontrant qu'ils sont modérés. En même
temps, comme dans le cas des sikhs, tous les musulmans sont devenus la
cible de la violence et de l'impunité de l'État avec tous
les autres membres de la société sur la base des
divisions sectaires et de l'identité communautaire.
Les ruines incendiées de l'Akal Takht.
De gros impacts de balles sont visibles sur le côté droit
de l'édifice.
Le Temple d'Or est le site le plus sacré des
sikhs. Selon les normes modernes, l'État n'est pas
autorisé à interférer avec la conscience d'une
personne et la pratique de ses croyances ou le sanctuaire de son lieu
de culte. L'opération de l'armée indienne contre le
Temple d'Or a violé le caractère sacré d'un lieu
de culte et a établi le précédent que
désormais les lieux saints n'étaient plus
considérés comme un asile sûr contre la
persécution ou un refuge contre l'action de l'État.
L'opération militaire, qui a été
menée avec des chars, des hélicoptères, des
véhicules blindés, de l'artillerie et des armes
chimiques, a été planifiée pour avoir lieu le jour
anniversaire du martyre du guru Arjan Dev en 1606. Plus
de 70 000 soldats ont reçu l'ordre de capturer moins
de 50 hommes. L'attaque militaire
s'est déroulée sous le couvert d'une interdiction
médiatique totale. Des milliers de civils innocents ont
été tués en cinq jours.
L'assaut du centre de l'autorité spirituelle et
temporelle sikhe par l'armée indienne, sur les ordres d'Indira
Gandhi, a provoqué immédiatement des mutineries au sein
des unités sikhes de l'armée et mené, quatre mois
plus tard, le 31 octobre, à l'assassinat d'Indira Gandhi
par ses gardes du corps sikhs. Des pogroms sauvages antisikhs ont
été lancés par l'État indien dans un
déchaînement de vengeance. Des milliers de sikhs innocents
ont été battus et brûlés vifs au cours des
pogroms antisikhs des 1er, 2 et 3 novembre. Des
émeutiers antisikhs organisés par l'État ont
massacré plus de 8 000 sikhs innocents,
dont 3 000 à Delhi
seulement.
La police n'est pas intervenue et, dans certains cas,
des policiers ont participé activement aux attaques. On estime
que les opérations gouvernementales subséquentes
Woodrose, Blackthunder, Night Dominance, Rakshak I et II et Final
Assault ont entraîné la mort de 25 000
à 80 000 sikhs.
Les responsables du gouvernement connus pour avoir
initié, autorisé et organisé cette violence ont
par la suite bénéficié de promotions, y compris
à des postes au cabinet, et de décennies
d'impunité malgré les demandes
répétées de justice.
Un an plus tard, à Londres, en Angleterre,
Hardial Bains faisait remarquer :
«
Ce qui
a été prouvé au cours de cette année
d'occupation du Pendjab par l'armée —
année qui a commencé par l'invasion du Temple d'Or, le
siège de la religion
sikhe, et les massacres sans discernement qui ont été
commis au temple et dans
tout le Pendjab, ainsi que, peu après, à Delhi et
ailleurs dans la foulée de
l'assassinat d'Indira Gandhi - c'est que les classes dirigeantes
indiennes
veulent créer un problème religieux, un problème
sectaire, pour détourner
l'attention du peuple de sa véritable lutte pour la
libération nationale et
sociale.
En
même temps, par leur recours à la violence
sectaire et à la terreur
fasciste, elles veulent convaincre les masses en lutte que les classes
dirigeantes sont 'fortes' et écraseront impitoyablement les
luttes du peuple si
la situation l'exige. Toutefois, les classes dirigeantes indiennes et
leurs
partis politiques bourgeois ont été incapables
d'atteindre leurs objectifs.
L'amour pur et l'unité que les habitants de Delhi et d'autres
lieux ont montrés
les uns envers les autres, avec lesquels ils ont défendu et
protégé les sikhs,
ont condamné la haine bestiale et les viols, les pillages et les
meurtres
perpétrés par le Congrès de Rajiv sous l'oeil
attentif de la police - cette
expression de l'unité du peuple qui ne tient pas compte de la
religion, de la
caste ou de l'origine régionale - ont provoqué des larmes
de joie parmi les
gens, tandis que les affreuses nouvelles de violence sectaire et de
terreur
fasciste soulevaient la colère. Cette joie et cette
colère, toutes deux si
profondes, une colère qui explose comme un volcan en
éruption, cette réponse du
peuple, ont plongé les classes dirigeantes indiennes dans une
frénésie et un
désarroi encore plus profonds. Les gens ont exprimé leur
psychologie réelle,
leur amour et leur affection les uns pour les autres et pour leur
cause. Elle
est ancrée en eux, le résultat de leur lutte de plusieurs
siècles pour une
libération nationale et sociale véritable. Les classes
dirigeantes indiennes
ont échoué lamentablement dans leur dessein de faire de
la religion la question
et un point de division et de haine bestiale au sein du peuple.
Même si Rajiv
Gandhi a pris le rôle d'un hindou arrogant qui accuse les autres
d'être des
'fanatiques sikhs', des 'extrémistes naxalites', etc., les gens
en Inde et
ailleurs dans le monde, sans distinction de religion, caste ou
d'origine
régionale, ont condamné l'odieux de cet affront fait au
peuple indien. Ils ont
très bien vu que cela n'était qu'un stratagème,
une ruse, pour cacher les vrais
ennemis, les classes dirigeantes indiennes. Ils ont exprimé leur
colère
profonde face à cette tentative de blâmer le peuple pour
les crimes que
commettent les classes dirigeantes elles-mêmes pour provoquer des
conflits
sectaires. Rajiv Gandhi a essayé de détourner la
question, la question de la
juste lutte du peuple pour des moyens de subsistance, pour sa
liberté et pour
le progrès. Cela, affirme-t-il, accable le gouvernement. Il a
promulgué la loi
antiterroriste et, en vertu de cette loi, toute lutte, que ce soit
celles des
travailleurs pour leurs moyens de subsistance, des paysans pour leur
terre ou
du peuple pour l'indépendance, la prospérité et le
progrès véritables, risque
de détruire le gouvernement. Ainsi, tous ceux qui
défendent ces justes causes
doivent être tués ou enfermés dans des cachots et
des prisons. En promulguant
cette loi, Rajiv Gandhi veut tuer la révolution indienne et tuer
les Indiens ou
les emprisonner, car ce n'est que par la révolution qu'ils
pourront gagner
leurs droits.
Les corps de sikhs tués lors de l'assaut
gisent sur le parkarma en marbre couvert autrefois magnifique.
«
En plus
de ne pas avoir réussi à faire de la religion un
problème sur lequel les gens sont
incités à s'entredéchirer, les classes dirigeantes
indiennes n'ont pas réussi à
créer un régime de compromis et de soumission. Face
à cette situation
impossible, la loi draconienne de Rajiv Gandhi comprend
également, outre les
menaces de condamnation à mort ou à des années
d'emprisonnement, des clauses
qui interdisent aux Indiens de chanter leurs chants de
révolution, de bravoure
et d'héroïsme et de proclamer leur détermination
à mettre fin à ce pouvoir
barbare qui a causé tant de souffrances. Sous prétexte de
combattre le
terrorisme, avec cette loi le gouvernement se donne le droit de
commettre des
actes de terreur et, tout comme Aurangzeb qui avait banni les musiciens
et les
chanteurs, Rajiv Gandhi interdit de jouer certains instruments et de
chanter.
Aurangzeb a fait face à des révoltes populaires au sud,
au nord-ouest et au
nord-est et le sol lui glissait sous les pieds. Lui aussi, vêtu
de la robe d'un
musulman arrogant, pensait pouvoir assassiner la révolution et
emprisonner et
passer par l'épée toutes les forces
révolutionnaires. Aujourd'hui, les classes
dirigeantes indiennes et Rajiv Gandhi sentent le sol se dérober
sous leurs
pieds. La terreur s'est emparée d'eux. Loin de créer un
climat de peur, de
compromis et de soumission pour le peuple, ce sont les classes
dirigeantes
indiennes qui ont peur. Ce sont elles qui vont se diviser davantage,
ces
divisions aggraveront la crise et les contradictions éclateront
comme des
volcans. De son côté, le peuple indien ne fait pas de
compromis avec ses
ennemis, et la soumission aux exploiteurs nationaux et étrangers
ne fait pas
partie de ses traditions. Toute l'histoire de la lutte du peuple indien
pour la
libération nationale et sociale en témoigne.
«
Le
peuple
de l'Inde marchera sur la voie de la libération nationale et
sociale. Il
possède la sagesse et la force de ne jamais sacrifier son amour
pur et ses
traditions anciennes d'unité et de lutte commune et de
réaliser dans l'héroïsme
son désir séculaire d'être indépendant et
prospère. Il ne compromettra jamais
ses idéaux purs, ni ne se soumettra aux chars et aux balles de
l'ennemi. Quels
que soient les efforts des classes dirigeantes indiennes pour trouver
et
promouvoir ceux qui accepteront d'arranger un compromis et pour
instaurer un
climat de soumission au Pendjab, quelles que soient les pressions
qu'elles
exercent sur les gens de religion sikhe ou sur le peuple d'Assam, du
Cachemire
et d'ailleurs en imposant des tensions et des pressions sectaires,
quelle que
soit la force de la violence communautaire et de la terreur fasciste,
tout cela
est voué à l'échec. Le peuple qui a pu mettre fin
au règne des Abdali et
d'Aurangzeb et qui n'a jamais accepté les massacres du
Jalianwala Bagh et de
Dum Dum, le peuple héroïque de l'Inde qui s'est battu
à mains nues contre les
occupants étrangers et leurs collaborateurs indigènes, ce
peuple réussira
également à renverser les classes dirigeantes actuelles
et leurs soutiens
étrangers. Telle est la destinée historique de la
doctrine du sacrifice suprême
pour la liberté, l'unité et l'amour pour la cause des
peuples. Tel est
également le destin des oppresseurs et des traîtres dont
la chute et le
renversement seront le premier pas vers la pleine expression de
l'héroïsme réel
et des véritables idéaux et valeurs que le peuple de
l'Inde tient pour si
précieux et si cher.
«
La joie
de la lutte et l'amertume des tragédies et des souffrances
infligées au peuple
sont aujourd'hui son sort. La victoire de la révolution
populaire mettra fin à
cette amertume. Elle créera les conditions de
l'épanouissement de la
personnalité réelle de l'Inde, la terre des héros
et des combattants héroïques,
la terre où le peuple attache plus de valeur à ses
idéaux de liberté qu'à la
vie, où les millions de coeurs battent pour mettre fin à
la malédiction de la
division et de l'humiliation, de l'exploitation et de l'oppression, la
malédiction que le colonialisme britannique leur a
imposée et qui est
maintenant incarnée par ses collaborateurs et la réaction
mondiale. La victoire
du peuple dans cette lutte glorieuse est garantie par son
héroïsme et ses
idéaux. »
(Assemblée à Londres, en
Angleterre, à l'occasion du premier anniversaire du massacre du
Temple d'Or, connu sous le nom d'Opération Blue Star.
Photos : Sikhmuseum.com)
Cette année est le 75e anniversaire du
débarquement allié sur les côtes de la Normandie,
en France, le 6
juin 1944, durant la Deuxième Guerre mondiale. En cette
occasion, les Canadiens expriment leurs respects profonds pour tous les
hommes et femmes qui ont contribué à la défaite
des nazis en Europe. Près de 150 000 soldats
alliés ont
débarqué ou ont été parachutés dans
la zone de débarquement le jour J, y compris 14 000
Canadiens à la plage Juno. La Marine royale canadienne a
fourni 110 navires et 10 000 marins et l'Aviation royale
canadienne a fourni 15 escadrons de chasse et
chasseurs-bombardiers. Ce jour-là, les pertes alliées ont
été
de plus de 10 000 hommes. Il y a eu 1074 victimes
canadiennes, dont 359 morts.
La force d'invasion qui est débarquée en
Normandie le 6 juin 1944 était
composée d'Américains, de Britanniques et de Canadiens.
Cette date est
maintenant connue sous le nom de jour J qui renvoie au
débarquement dans le nord-ouest de l'Europe pour ouvrir un
second front contre les forces nazies d'Adolf Hitler qui occupaient
la France et la majeure partie de l'Europe et menaient une guerre
barbare contre l'Union soviétique. Jusqu'alors, l'Union
soviétique supportait l'essentiel de la lutte contre Hitler.
De 1941 à 1945, les peuples soviétiques ont
combattu plus de 75 % des forces allemandes et de l'Axe. Au
cours de la Deuxième Guerre
mondiale, les pertes de l'Union soviétique ont été
de plus de 20 millions de personnes.
Le débarquement en Normandie serait la plus
grande invasion amphibie de l'histoire. Dans le cadre de
l'opération Overlord, les alliés ont réussi
à établir une tête de pont. La 1re Division
d'infanterie des États-Unis a attaqué les plages portant
le
nom de code de Utah et Omaha. La 2e Armée britannique a
attaqué les plages portant le nom de code de Gold, Juno et
Sword ; les Canadiens ont débarqué à Juno au
centre du front britannique. L'entreprise était formidable parce
que les Allemands avaient transformé le littoral en une
forteresse ininterrompue munie de canons, de casemates,
de barbelés, de mines et d'obstacles de toutes sortes sur les
plages.
Des soldats de la 9e Brigade d'infanterie se déploient dans le
secteur « Nan » de la plage Juno.
Onze mois de combats allaient suivre le
débarquement de Normandie. En mai 1945, l'Armée
rouge a marché sur Berlin et les Allemands ont capitulé
le 9 mai 1945, qui est célébré comme le
Jour de la Victoire en Europe pour honorer tous ceux qui ont
donné leur vie pour vaincre le nazisme et le fascisme.
Historica Canada souligne :
« Pendant des années, le dirigeant
soviétique Joseph Staline demande aux Britanniques et aux
Américains d'ouvrir un nouveau front de guerre en envahissant la
France par l'ouest. Ce n'est qu'à l'été 1943
que les Alliés s'accordent enfin et prévoient l'invasion
pour l'année suivante. On nomme ainsi le général
américain Dwight
Eisenhower commandant suprême de l'opération Overlord, nom
de code de la plus grande invasion amphibie jamais
réalisée.
« Les Alliés ont besoin d'un port de
ravitaillement français pour soutenir adéquatement la
Force d'invasion. Toutefois, après le raid désastreux du
port de Dieppe, en 1942, durant lequel ont été
tués, blessés ou capturés plus de 3369
Canadiens, les stratèges militaires savent bien qu'une attaque
navale contre ce port bien défendu est
de la pure folie. En fait, la majorité de la rive
française de La Manche a été transformée en
ce qu'on appelle le ‘mur de l'Atlantique', constitué de
kilomètres de fortifications, de nids de mitrailleuses et de
bunkers allemands surplombant les estuaires et les plages,
eux-mêmes couverts de barbelés, de fossés antichars
et d'autres obstacles. [...]
« La campagne de Normandie arrive enfin à
sa conclusion le 21 août 1944. Au même moment, la
fermeture de la Poche de Falaise, en grande partie à cause des
Canadiens, permet la capture d'environ 150 000 soldats
allemands. La poursuite de l'ennemi en Hollande, en Belgique et en
Allemagne peut désormais
commencer. »
Aujourd'hui, il est courant d'entendre les
impérialistes anglo-américains et européens
rabaisser les exploits des peuples soviétiques pour vaincre
Hitler en affirmant que c'est le débarquement historique de
Normandie du 6 juin 1944 qui a brisé les reins
d'Hitler. Cela permet d'affirmer que les États-Unis ont
joué un rôle décisif pour
sauver le monde de l'hitlérisme et de qualifier les guerres
d'agression et d'occupation américaines de guerres de
libération. Toutes les interventions militaires
américaines depuis le débarquement de Normandie
viseraient à contrer des dictatures et des tyrannies semblables
à celles d'Hitler, s'inscrivant ainsi fidèlement dans la
tradition du
débarquement en Normandie.
Ce n'est pas le cas. C'est à Stalingrad que
l'Armée rouge a brisé les reins d'Hitler et a ensuite
chassé et refoulé ses forces nazies jusqu'à Berlin
où elles ont été forcées de capituler. Cela
n'enlève rien au fait que le deuxième front a
occupé au combat une bonne partie des troupes nazies. Les pertes
allemandes (tuées et blessées) dans la
campagne de Normandie sont estimées à plus
de 200 000, tandis que les Alliés ont
subi 209 000 pertes sur les plus de deux millions de soldats
débarqués en France depuis le jour J. On compte plus
de 18 700 Canadiens parmi les victimes, dont plus
de 5 000 soldats tués. Si les puissances
anglo-américaines s'étaient jointes au front antifasciste
appelé et créé par l'Union soviétique sous
Staline, les pertes causées par l'occupation hitlérienne
de l'Europe et l'invasion de l'Union soviétique n'auraient pas
été aussi grandes. Mais leur motif principal était
de sortir de la guerre avec un avantage sur l'Union soviétique.
À l'occasion de cet anniversaire, LML rend
hommage
à
tous
les
hommes
et
à
toutes
les
femmes
qui ont
contribué à la défaite du fascisme, du nazisme et
du militarisme japonais lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Leur cause pour la paix, la démocratie et la liberté
n'est pas la même que celle pour laquelle les
impérialistes américains
et les grandes puissances mènent des guerres aujourd'hui.
Aujourd'hui, la lutte pour la paix, la liberté et la justice
exige l'établissement de gouvernements antiguerre et la garantie
que les pays soient des zones de paix et non de guerre.
(Sources : Archives HBRS,
Historica Canada. Photos: Bibliothèques et Archives
Canada, Imperial War Museum)
Dans un article publié à l'occasion
du 70e anniversaire du jour J, l'historien militaire Benoît
Lemay, du Collège militaire royal de Kingston, en Ontario,
souligne : « Il y a plusieurs idées reçues
concernant le débarquement de Normandie. On pense que c'est ce
qui a permis aux Alliés de remporter la Deuxième Guerre
mondiale.
Il faut apporter des nuances. En fait, en juin 1944, l'Allemagne a
déjà perdu. Le débarquement permet seulement
d'accélérer la fin de la guerre. Ce sont les Russes, sur
le front de l'Est, qui ont fait le gros du travail. Pour des raisons de
propagande, dans les années de guerre froide qui ont suivi,
l'Ouest va tenter de minimiser l'effort apporté
par les Soviétiques. On va véhiculer que ce sont les
Alliés qui ont fait le gros du travail ».[1]
Benoît Lemay explique ainsi les motifs du
débarquement : « En réalité, les
Alliés ont débarqué en France non seulement pour
battre les Allemands, mais aussi pour que l'Europe de l'Ouest ne tombe
pas sous la coupe soviétique. Il y avait un aspect politique et
des intérêts économiques. »[2]
Lors de leur rencontre à Téhéran
fin-novembre 1943, les trois dirigeants, Staline, Churchill et
Roosevelt, s'entendent : un second front sera ouvert. C'est le
débarquement en Normandie le 6 juin 1944 qui ouvre ce
deuxième front dans ce contexte militaire créé par
l'Armée rouge où l'Allemagne, qui a déjà
perdu la guerre à
cause d'elle, doit dorénavant se battre sur deux fronts à
la fois.
Selon les plans d'invasion, la ville de Caen devait
être libérée le 6 juin au soir, mais les
combats sont si féroces qu'elle n'est libérée
que 40 jours plus tard, le 17 juillet. L'historien
français Claude Quétel explique : « Le 22
juin 1944, un peu plus de quinze jours après le
Débarquement en Normandie - et
trois ans jour pour jour après l'invasion de l'Union
soviétique par les armées nazies - Staline attaque, de
son côté, les troupes hitlériennes. Objectif :
maintenir un maximum de divisions allemandes à l'Est afin de
faciliter la progression des Alliés à l'Ouest. Staline
met le paquet. Pour cette opération, pas moins de 166
divisions, 1 300 000 hommes, 5 000
avions, 2 700 chars sont mobilisés. Le front principal
n'est pas celui qu'on croit en Normandie : il est à
l'Est. »[3]
Cependant, écrit Quétel : «
Cette offensive soviétique, la plus grande depuis le
début de la guerre, a été souvent occultée
dans le monde occidental pour cause de guerre froide et de
réécriture de l'Histoire. »[4]
Quétel nous dit : « Les victoires
russes à Stalingrad et surtout à Koursk changent la
donne. Le risque majeur pour les Anglo-Saxons n'est plus de voir
Staline signer une paix séparée avec Hitler, mais de le
voir remporter seul la victoire finale ! Il devient urgent de
discuter de stratégie... avec les Soviétiques. La
conférence de
Téhéran réunit pour la première fois dans
cette guerre Churchill, Roosevelt et Staline. »
L'historien Anthony Beevor résume ainsi ce qui se
passe quelques jours avant le débarquement de Normandie :
« Roosevelt tint à rappeler à ses
subordonnés que les Alliés ne libéraient pas la
France pour installer le général de Gaulle au
pouvoir ». Le but des États-Unis consistait à
« imposer un gouvernement militaire le temps que
des élections soient organisées », ce qui
prendrait un certain temps. Voilà pourquoi Roosevelt «
insista sur la création d'une monnaie d'occupation ».
Les désaccords furent sérieux dans l'entourage de
Roosevelt et « Churchill fit de son mieux pour le persuader qu'il
leur fallait travailler avec de Gaulle ». [5] Roosevelt céda. De Gaulle fut
alors mis au courant du débarquement planifié à
son insu dans son propre pays. Il l'apprend le 4 juin, soit... la
veille du débarquement tel que prévu à
l'origine ! L'« occupation » d'une partie de
l'Europe aura ainsi lieu quand même, mais sans « un
gouvernement
militaire » des États-Unis et sa « monnaie
d'occupation » en France.
Durant une entrevue, l'historien Beevor fit part de
l'inquiétude des alliés anglo-américains à
l'égard d'une capitulation de l'Allemagne seulement à
l'Union soviétique si le débarquement de leurs troupes
était retardé.
« La décision d'Eisenhower de lancer, en
dépit des avertissements des spécialistes de la
météo, les opérations le 6 juin, après
un premier report le 5, n'a pas seulement été une
décision courageuse, c'est une prise de position historique.
S'il avait dit : on repousse la date, la prochaine fenêtre
possible se situait exactement au
milieu de la grande tempête du 19 juin, une des pires qu'ait
connues la Manche. Il aurait donc fallu à nouveau suspendre les
opérations probablement jusqu'au printemps 1945. Cela
aurait eu des conséquences inimaginables non seulement pour le
secret des opérations et pour le maintien pendant une
très longue période de l'armada
rassemblée en Grande-Bretagne, mais surtout, pendant ce temps,
l'Armée rouge non seulement serait arrivée à
Berlin, mais elle aurait eu le temps de dépasser le Rhin et
d'aller, pourquoi pas ? jusqu'à La Rochelle...Vous imaginez
le tableau ! »[6]
Le rôle décisif de l'Union
soviétique dans la défaite militaire de l'Allemagne
fasciste était chose admise par tout le monde à
l'époque. En fait, chose admise avant même le
débarquement de Normandie par le président des
États-Unis, Franklin D. Roosevelt, qui remet un diplôme
à la ville de Stalingrad le 17 mai 1944 en
disant :
« Au nom du peuple des États-Unis
d'Amérique, j'offre ce document à la ville de Stalingrad
en témoignage d'admiration pour ses vaillants défenseurs
dont le courage, la force d'âme et le dévouement,
manifestés pendant les journées du siège
du 13 septembre 1942 jusqu'au 31 janvier 1943,
inspireront éternellement les
coeurs de tous les hommes libres. Leur glorieuse victoire a
endigué le flot de l'invasion et marqué le tournant
décisif de la guerre des Nations alliées contre les
forces de l'agression ».[7]
Les impérialistes anglo-américains aiment
néanmoins prétendre que ce sont eux, et non les
Soviétiques, avec l'invasion de la Normandie, qui furent le
facteur décisif dans la défaite d'Hitler. Les
commémorations du Jour J servent à cette propagande
guerrière contre la Russie aujourd'hui. C'est un affront non
seulement aux peuples de
l'ancienne Union soviétique dont le sacrifice a
littéralement sauvé l'Europe, mais aussi aux forces
antifascistes de Grande-Bretagne, des États-Unis, du Canada et
de l'Europe, qui ont combattu héroïquement pour faire leur
part dans la guerre. C'est fait pour faire croire que les guerres
d'agression et d'occupation d'aujourd'hui sont pour la
démocratie, la paix et la liberté et c'est un affront
encore pire à la contribution antifasciste des soldats qui ont
combattu sur le Second Front.
Notes
1. La Presse, 6
juin 2014
2. La Presse, op. cit. 3. Le Monde Hors-série
: 1944/Débarquements, résistances,
libérations ; mai-juillet 2014 ; La
bataille de Normandie en neuf points, p.20-23
4. Ibid 5. Antony Beevor, The Second
World War, Little, Brown and Company, New York, 2012
6. Le Point ;
Beevor : « Ce n'était pas gagné
d'avance » ; 5 juin 2014, pp 58-62
7. Staline, Oeuvres, Tome
XVI, Nouveau Bureau d'édition, 1975, note 148
(Une version de cet article est
parue
dans LML du 9 juin 2018 à l'occasion du 74e
anniversaire du Jour J. Photo: LML)