Pour des relations de nation à
nation et la fin
du génocide des peuples autochtones
Journée d'action à la défense des droits des peuples autochtones
Le 3 juin, l'Enquête nationale sur les femmes et
les filles autochtones disparues et assassinées publiera son
rapport final. L'enquête a été menée
après des années de travail de mobilisation mené
par des femmes autochtones à la base qui ont exhorté
l'État canadien à s'attaquer aux causes profondes et
systémiques de la violence à laquelle sont
confrontées les femmes et filles autochtones. Pendant ce temps,
les violences se poursuivent à cause de l'incapacité du
gouvernement du Canada à mettre fin aux relations coloniales et
au traitement colonial des peuples autochtones une fois pour toutes,
d'établir des relations de nation à nation et de
réparer tous les crimes commis à leur encontre.
Le 27 mai, pour
protester contre les violences et les mauvais traitements continuels,
les
peuples autochtones et leurs partisans ont organisé des actions
à travers le pays, visant spécifiquement plusieurs
projets de loi qui leur étaient imposés. Ils n'ont pas
été sérieusement consultés sur ces projets
de loi, qui ne reconnaissent pas les relations de
nation à nation qui doivent guider les relations du Canada avec
les peuples autochtones.[1] Ces
projets de loi s'inscrivent dans le contexte du « Cadre en dix
points » des libéraux de Trudeau largement
rejeté et qui visait à mettre fin aux droits ancestraux
une fois pour toutes, et que le gouvernement a
été contraint d'abandonner en décembre 2018.[2] Au total, ils équivalent
à un nouveau Livre blanc 2.0 qui, à l'instar du
Livre blanc de 1969 déposé par le premier ministre
Pierre Trudeau et son ministre de la Justice, Jean Chrétien,
vise à éliminer une fois pour toutes les droits
ancestraux et issus de traités des peuples autochtones. Des
actions ont eu lieu à Vancouver, Edmonton, Calgary, Saskatoon,
Winnipeg, Sault-Ste-Marie, London et Ottawa.
Lors de l'action sur la colline du Parlement, le chef
Lee Crowchild, de la première nation Tsuut'ina, a appelé
tout le monde à s'éduquer sur le projet de loi. «
Je pense que cette journée d'action, cette réalité
qui se déroule partout au Canada, est un rappel aux
générations qu'elles ne peuvent pas rester les bras
croisés », a-t-il déclaré.
Les orateurs à l'action à Ottawa ont
également réitéré la nature
problématique du projet de loi sur la protection des enfants
autochtones, censé aider les communautés autochtones
à acquérir la compétence en matière de
protection de l'enfance, tandis que l'argent proviendra toujours des
gouvernements provinciaux. La nécessité pour les peuples
autochtones de créer leurs propres lois sur la protection de
l'enfance a également été soulignée.
« En tant que Premières Nations, nous sommes en voie de
mettre sur pied notre propre loi et de l'élaborer alors que ce
projet loi sur la garde des enfants approche à grands pas. Nous
savons donc en substance en quoi le problème consiste et nous
saurons
comment y remédier », a déclaré le chef
Henry Lewis, de la nation crie d'Onion Lake.
À partir de la colline parlementaire, les
manifestants se sont rendus au bureau du premier ministre et,
après un bref piquet, ont marché sur la rue
Wellington jusqu'à l'immeuble où se trouve le
Sénat du Canada.
Lors du rassemblement à Winnipeg, l'organisatrice
Elyssa McIvor a adressé ses remarques « au gouvernement
fédéral et à Justin Trudeau, ainsi qu'à
Carolyn Bennett et Seamus O'Regan » qui « doivent
savoir qu'ils n'ont pas notre consentement [pour ces projets de loi].
Ils ne nous ont jamais informés de ces changements et nous
allons
nous battre jusqu'à la fin. »
Elle a ajouté qu'avec
ces projets de loi, « on prétend nous donner plus
d'autonomie, plus d'autodétermination, plus de contrôle
sur nos services, plus de contrôle sur nos territoires. Mais en
réalité, ils atténuent et affaiblissent tout ce
que nous essayons d'accomplir. »
La marche à Winnipeg a débuté
devant le Musée canadien des droits de la personne pour se
terminer devant l'Assemblée législative du Manitoba.
McIvor a fait remarquer que parmi les participants à la marche,
il y avait des membres des territoires des
traités 1, 2 et 5, ainsi que des supporters.
À Calgary, une centaine de personnes se sont
rassemblées à Olympic Plaza, dans le centre-ville.
Pareillement aux slogans repris par les marcheurs, les orateurs ont
souligné que les peuples autochtones n'acceptent pas
l'assimilation et qu'ils sont déterminés à
défendre leur souveraineté et à exiger des
relations de nation à nation avec le Canada.
Tous les participants se sont dirigés vers le bâtiment
fédéral Harry Hays pour ensuite revenir à leur
point de départ où ils ont continué de faire
entendre leurs revendications.
Une autre manifestation a eu lieu à Calgary
le 30 mai, en marge de la réunion nationale des
Premières Nations sous le thème « Innovation et
réussite ». La réunion, qui s'est tenue à
l'hôtel Westin du 28 au 30 mai, était
organisée par les institutions financières des
Premières Nations (autorité financière des
Premières Nations, le
conseil de gestion financière des Premières Nations et la
commission de la fiscalité des Premières Nations) et le
conseil consultatif des terres des Premières Nations. Cela
inclut les Premières Nations qui participent à la Loi
sur la gestion financière des Premières Nations,
à l'Accord-cadre relatif à la gestion des terres des
Premières Nations
(AGTPN) et aux Premières Nations qui ont conclu une entente avec
le gouvernement fédéral pour des subventions sur une
période de 10 ans.
Selon APTN News, d'autres dirigeants et organisations
locales autochtones prévoient organiser d'autres
rassemblements tout au long de l'été.
Vancouver, Colombie-Britannique
Edmonton, Alberta
Calgary, Alberta
Saskatoon, Saskatchewan
Winnipeg, Manitoba
Sudbury, Ontario
London, Ontario
Ottawa, Ontario
Notes
1. Les projets de loi en question
sont : le projet de loi C-91, Loi sur les langues autochtones (à
l'étape
de
la
deuxième
lecture
au
Sénat) ;
le
projet
de loi C-92, Loi concernant les enfants, les adolescents et
les familles des Premières Nations, Inuits et Métis (à
l'étape
de
la
deuxième
lecture
et
renvoyé
au
Comité
permanent
des affaires autochtones et du Nord) ; le projet de loi C-97, loi
d'exécution du budget omnibus de 2019 (à
l'étape de la deuxième lecture et renvoyé à
un comité à la Chambre des communes) créant le
ministère des Services aux Autochtones, les Relations
Couronne-Autochtones
et les Affaires du Nord pour remplacer Affaires autochtones et du Nord
Canada ; et le projet de loi C-86 d'exécution du
budget 2018 (a reçu la sanction royale en
décembre 2018), qui modifie la Loi sur la gestion des
terres des Premières Nations et la Loi sur la gestion
financière des Premières Nations. Les projets
de loi C-91 et C-92 devraient recevoir la sanction royale en juin,
selon CBC News.
La Chambre des communes doit cesser ses
activités le 21 juin pour les vacances d'été.
Le gouvernement Trudeau cherche à prolonger les heures de
séance pour faire adopter ces projets de loi et d'autres avant
l'ajournement,
ou sinon tenir une session d'été.
2. « Trudeau Liberals' New
Attempt at a 'Final Solution' to Extinguish Hereditary Rights »,
Pauline
Easton,
TML Weekly, 4
décembre 2018.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 21 - 1er juin 2019
Lien de l'article:
Pour des relations de nation à
nation et la fin : Journée d'action à la défense des droits des peuples autochtones
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|