Opposition à de nouvelles tentatives d'imposer le diktat américain

La communauté des Caraïbes doit s'unir pour résister à l'imposition du secrétaire général de l'Organisation des États américains


Action de masse au Venezuela le 27 avril 2019 célébrant le départ du Venezuela de l'OÉA

Sir Ronald Sanders est l'ambassadeur d'Antigua-et-Barbuda aux États-Unis et à l'OÉA. Il est également agrégé supérieur de l'Institut d'études du Commonwealth de l'Université de London et du Collège Massey de l'Université de Toronto.

Les lecteurs de ce commentaire, en particulier ceux des petits pays, pourraient se demander pourquoi ils devraient s'inquiéter de savoir qui est le directeur général de toute organisation multilatérale ou internationale. On pourrait affirmer que la disposition de la personne qui occupe ce poste est très éloignée de l'existence des gens dont l'attention est centrée sur les nécessités de la vie et de l'amélioration de leur vie.

On aurait tort de ne pas tenir compte des intérêts des titulaires de ces postes.

Les petits États des Caraïbes sont déjà marginalisés dans le monde et on ne tient guère compte des menaces importantes qui pèsent sur leur bien-être. Parmi ces menaces figurent les changements climatiques, le réchauffement de la planète, l'exclusion de l'accès au financement à des conditions favorables pour le développement, les termes d'échange très médiocres, l'érosion croissante de leurs droits souverains sur des questions telles que le taux de taxation qu'elles imposent et les incitations qu'elles offrent aux entreprises afin de rester compétitives au niveau mondial dans les industries créatrices d'emplois et les possibilités de propriété.

Dans ce contexte, il est extrêmement important pour les habitants des pays petits et vulnérables que les directeurs généraux d'organisations intergouvernementales s'engagent à réduire la pauvreté, à faire progresser le développement économique, à améliorer l'accès à l'éducation et à la formation, et à promouvoir les arrangements internationaux permettant aux pays en développement de compétitionner dans la communauté mondiale. Il est également important que ces directeurs généraux soient réellement intéressés par la défense des droits de l'homme, la protection des citoyens contre les abus des gouvernements, le respect de la démocratie et de la liberté d'expression.

Ce sont là les qualités que devraient posséder les dirigeants d'organisations multilatérales et internationales pour servir les intérêts de la communauté mondiale, en particulier des populations de petits pays vulnérables.

Inévitablement, cependant, les gouvernements des pays plus grands et plus puissants dictent qui occupe ces postes. Ces gouvernements sélectionnent des candidats qui servent leurs intérêts et, en utilisant leurs ressources financières plus importantes et leur capacité à faire pression sur les autres, ils assurent leurs nominations.

Dans le cas du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, l'Union européenne et les États-Unis se sont depuis longtemps arrogé les postes de dirigeants de ces organisations, car ils ont convenu que les États-Unis assumeront la direction de la Banque et les Européens la direction du Fonds. Invariablement, les titulaires de ces postes sont ensuite sous la coupe de leurs patrons et, au cours des décennies d'existence des deux organisations, peu d'entre eux se sont écartés des positions de leurs commanditaires.

Il n'existe que peu d'organisations dans lesquelles les pays des Caraïbes ont une réelle possibilité d'influencer qui est élu au poste de directeur général. L'Organisation des États américains (OÉA) en fait partie.

À plusieurs reprises, j'ai appelé les 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui sont également membres de l'OÉA, à désigner un candidat caribéen qualifié pour le poste de secrétaire général ou à choisir un candidat non caribéen qui serait conscient de l'importance des intérêts des Caraïbes.

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Il est alarmant de constater que, contrairement à tous les arrangements électoraux mis en place pour l'élection du secrétaire général de l'OÉA, certains gouvernements s'emploient activement à promouvoir l'idée que, lors de l'Assemblée générale en Colombie en juin, 18 pays devraient forcer la réélection du titulaire, Luis Almagro, pour un second mandat - un an avant la date prévue pour un tel scrutin, et pour lequel aucun arrangement n'a été pris. Ce processus est généralement appelé « collusion ».

Une telle action serait aussi sans précédent qu'incorrecte. La réélection forcée de M. Almagro, un an avant la date prévue pour les élections, serait extrêmement inappropriée. Mais cela pourrait se produire. Les règles permettent la nomination d'un candidat jusqu'au matin du jour où une élection est organisée. Et si, comme nous l'avons vu récemment, 18 pays votent en faveur de la tenue de telles élections à l'Assemblée générale en juin, cela peut se faire.

De cette manière, toute possibilité pour une CARICOM non préparée de nommer un candidat des Caraïbes ou de se regrouper derrière un candidat non caribéen approuvé serait écartée. La décision des 18 l'emporterait et les intérêts des Caraïbes et de ses peuples seraient écartés.

C'est pourquoi les peuples des Caraïbes devraient s'intéresser à cette question et à la position de leur gouvernement.

Le comportement de M. Almagro en tant que secrétaire général de l'OÉA laisse beaucoup à désirer. C'est un homme très intelligent et astucieux, et avec une attitude différente, il aurait peut-être bien servi l'OÉA et tous ses États membres. Mais au lieu de mettre fin aux divisions en construisant des ponts entre les États et en s'efforçant de dégager un consensus au sein de l'organisation, M. Almagro est devenu un facteur de division.

En outre, son mépris pour le Conseil permanent, composé des représentants des gouvernements, et sa disposition à exprimer ses propres vues bien arrêtées au nom de l'OÉA ont compromis l'organisation en la privant d'un rôle dans la résolution des conflits au sein des États membres et entre les États membres de l'organisation. De plus, les Caraïbes ont souffert sous sa tutelle en raison de l'absence de plaidoyer de sa part pour maintenir le financement des programmes caribéens.

Au-delà de la nécessité de le contester, étant donné son bilan, sa réélection forcée par tout processus imposé laisserait l'OÉA en lambeaux. Cela pourrait même amener certains États membres à réévaluer leur appartenance à une organisation gouvernée par la volonté d'une majorité simple et des dirigeants qu'elle impose.

Pour les élections précédentes du secrétaire général, y compris de M. Almagro, le Conseil permanent de l'OÉA a mis en place des règles et des procédures. Parmi ces règles figurait l'exigence que le Conseil permanent fixe une date pour les élections et que les États membres nomment des candidats qui présenteraient publiquement à l'organisation des exposés sur leurs propositions et leurs initiatives avant les élections.

Il n'a jamais été envisagé, comme certains gouvernements le font maintenant, de ne pas suivre les règles établies pour l'élection du secrétaire général et de ne pas suivre un processus pleinement démocratique.

Les États de la CARICOM devront s'affirmer immédiatement au sein de l'OÉA en insistant sur la pleine solidarité et l'unité régionale pour insister sur une réunion du Conseil permanent qui fixe les règles des élections sur une base démocratique et par consensus. Rien de moins que la pleine unité de la CARICOM est requise pour empêcher que des torts soient infligés aux intérêts de la région.

(Caribbean News Now, 17 mai 2019. Traduit de l'anglais par LML. Photos : Cancilleria Venezuela, AVN, periodico26.cu)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 21 - 1er juin 2019

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