Les rivalités dans l'Arctique

Le Canada dépose une demande concernant le plateau continental de l'océan Arctique


Cette carte fait partie de la soumission du gouvernement canadien à la Commission des limites du plateau continental des Nations unies.

En vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), tous les États côtiers ont un plateau continental qui se prolonge sur 200 milles marins. Cependant, cette longueur pourrait être supérieure à 200 milles marins si le plateau est un « prolongement naturel du territoire terrestre de cet État ». Il s'agirait d'un « prolongement » ou d'un « rebord externe » de la marge continentale et approximativement 85 pays auraient un tel prolongement.

À cet effet, le 23 mai, le gouvernement canadien a déposé une demande de 2 100 pages auprès de la Commission du plateau continental sur la question des limites du plateau continental canadien dans l'océan Arctique. L'article 76 de la Convention nationale « établit un processus que doivent suivre les États pour déterminer les limites de ce plateau continental étendu » et ce processus consiste entre autres à soumettre une demande à un groupe d'experts créé en vertu de la Convention, et à la faire examiner par cette dernière.

Le processus suivi par la CNUDM a pour but d'établir « un équilibre entre la reconnaissance des droits inhérents d'un État côtier sur son plateau continental et l'intérêt de la communauté internationale, en définissant les limites des fonds marins au-delà du territoire national ».

Les limites extérieures du plateau sont définies en tenant compte des attributs physiques du fond marin ainsi que de la distance de la côte. Ces attributs sont utilisés afin de déterminer un ensemble de coordonnées (latitude et longitude) définissant les limites extérieures.

Pour la préparation de la demande, le gouvernement canadien a réuni une équipe de scientifiques, de personnel technique et d'avocats de divers ministères chargés de la collecte et de l'interprétation de données bathymétriques, gravimétriques, sismiques et autres sur des dizaines de kilomètres.

D'autres ont également participé à la collecte de données, notamment des peuples autochtones, des gouvernements territoriaux du Canada et le ministère de la Défense nationale. Le Canada a aussi réalisé des travaux scientifiques et des relevés conjoints avec le Royaume du Danemark, la Suède et les États-Unis.

L'océan Arctique est riche en ressources naturelles tels le pétrole, le gaz, les minéraux et la pêche atteignant les billions de dollars. En vertu de la Convention du droit de la mer, les États côtiers exercent des droits souverains sur le plateau continental « aux fins de son exploration et de l'exploitation de ses ressources naturelles ».

Les limites extérieures du plateau et les autres questions liées aux océans peuvent être une source de discorde. Selon le préambule de la CNUDM, l'objectif déclaré de cette dernière est « de régler, dans un esprit de compréhension et de coopération mutuelles, tous les problèmes concernant le droit de la mer ». La plupart des pays du monde ont ratifié la CNUDM. Cependant, les États-Unis n'ont pas encore ratifié la convention, bien qu'ils la reconnaissent maintenant en tant que « codification du droit international coutumier ».

La demande du Canada à la CNUDM touche à 1,2 million de kilomètres carrés de fonds marins et de son sous-sol dans l'océan Arctique, y compris le pôle Nord. En tant que telle, sa demande chevauche à certains endroits les demandes d'autres États arctiques.

Par exemple, le Canada, la Russie et le Danemark (Groenland) prétendent respectivement que la vaste dorsale sous-marine de Lomonossov qui s'étend sur 1 800 kilomètres entre les trois pays serait un prolongement de chacun de leurs plateaux continentaux. La dorsale, dont fait partie le pôle Nord, a d'abord été découverte en 1948-1949 par des expéditions soviétiques qui ont effectué des mesures hydrologiques et porte le nom d'un naturaliste russe de renommée mondiale. En 2007, à l'aide de véhicules submersibles qui sont descendus dans les profondeurs de l'océan Arctique, on a planté le drapeau russe sur la dorsale, ce qui a provoqué « un tollé et une indignation à l'échelle internationale ». À l'époque, le ministre des Affaires étrangères, Peter McKay, affirmait : « Ce n'est plus le 15e siècle. On ne peut pas aller de par le monde et planter des drapeaux où bon nous semble en déclarant : 'Nous réclamons ce territoire!' »

Ce conflit n'est pas le seul, puisque le Canada est depuis longtemps en conflit avec les États-Unis relativement aux frontières touchant à 21 000 kilomètres carrés de la mer de Beaufort, et en conflit territorial avec les États-Unis sur la question de la réclamation du Canada sur le passage du Nord-Ouest.

Dans la prochaine étape du processus de la CNUDM, celle-ci devra étudier la demande de 2 100 pages du Canada et élaborer des recommandations sur les limites extérieures du plateau continental du Canada. Cependant, le processus pourrait prendre jusqu'à 10 ans ou plus avant d'être complété, s'il faut plus de temps pour délimiter les frontières des pays voisins qui se chevauchent.

(Sources : Affaires mondiales Canada, Wikipédia, The Guardian et la division de l'ONU des affaires maritimes et du droit de la mer ; Photo : Gouvernement du Canada)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 21 - 1er juin 2019

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Les rivalités dans l'Arctique: Le Canada dépose une demande concernant le plateau continental de l'océan Arctique - Peter Ewart


    

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