Le 35e anniversaire de l'opération Blue Star

Un crime odieux de la classe dirigeante indienne contre les peuples du Pendjab et de toute l'Inde

L'Akal Takht, la Darshani Deori et ses environs avant l'opération Blue Star.

Du 3 au 8 juin 1984, il y a 35 ans, le gouvernement d'Indira Gandhi perpétrait l'attaque meurtrière contre le complexe du Temple d'Or d'Amritsar, au Pendjab, et massacrait des milliers de sikhs innocents au cours de cette agression militaire du nom d'Opération Blue Star.

L'objectif déclaré de l'opération Blue Star était de « nettoyer » le Temple d'Or des « terroristes religieux » dirigés par Sant Jarnail Singh Bhindranwale. L'opération Blue Star a été menée dans le cadre de l'action concertée de l'État indien et de l'État canadien pour criminaliser les revendications politiques des sikhs visant à faire du Pendjab un État à part entière - la création du Khalistan.

Les défenseurs de cette revendication ont été qualifiés d'« intégristes sikhs ». En raison de cette association du sikhisme à l'extrémisme, les Pendjabis ont été criminalisés, y compris ceux qui n'étaient pas religieux, et surtout les jeunes. Cela a servi de modèle pour cibler par la suite toutes les personnes de confession musulmane et exiger que les gens prouvent leur loyauté envers l'État en démontrant qu'ils sont modérés. En même temps, comme dans le cas des sikhs, tous les musulmans sont devenus la cible de la violence et de l'impunité de l'État avec tous les autres membres de la société sur la base des divisions sectaires et de l'identité communautaire.

Les ruines incendiées de l'Akal Takht. De gros impacts de balles sont visibles sur le côté droit de l'édifice.

Le Temple d'Or est le site le plus sacré des sikhs. Selon les normes modernes, l'État n'est pas autorisé à interférer avec la conscience d'une personne et la pratique de ses croyances ou le sanctuaire de son lieu de culte. L'opération de l'armée indienne contre le Temple d'Or a violé le caractère sacré d'un lieu de culte et a établi le précédent que désormais les lieux saints n'étaient plus considérés comme un asile sûr contre la persécution ou un refuge contre l'action de l'État.

L'opération militaire, qui a été menée avec des chars, des hélicoptères, des véhicules blindés, de l'artillerie et des armes chimiques, a été planifiée pour avoir lieu le jour anniversaire du martyre du guru Arjan Dev en 1606. Plus de 70 000 soldats ont reçu l'ordre de capturer moins de 50 hommes. L'attaque militaire s'est déroulée sous le couvert d'une interdiction médiatique totale. Des milliers de civils innocents ont été tués en cinq jours.

L'assaut du centre de l'autorité spirituelle et temporelle sikhe par l'armée indienne, sur les ordres d'Indira Gandhi, a provoqué immédiatement des mutineries au sein des unités sikhes de l'armée et mené, quatre mois plus tard, le 31 octobre, à l'assassinat d'Indira Gandhi par ses gardes du corps sikhs. Des pogroms sauvages antisikhs ont été lancés par l'État indien dans un déchaînement de vengeance. Des milliers de sikhs innocents ont été battus et brûlés vifs au cours des pogroms antisikhs des 1er, 2 et 3 novembre. Des émeutiers antisikhs organisés par l'État ont massacré plus de 8 000 sikhs innocents, dont 3 000 à Delhi seulement.

La police n'est pas intervenue et, dans certains cas, des policiers ont participé activement aux attaques. On estime que les opérations gouvernementales subséquentes Woodrose, Blackthunder, Night Dominance, Rakshak I et II et Final Assault ont entraîné la mort de 25 000 à 80 000 sikhs.

Les responsables du gouvernement connus pour avoir initié, autorisé et organisé cette violence ont par la suite bénéficié de promotions, y compris à des postes au cabinet, et de décennies d'impunité malgré les demandes répétées de justice.

Un an plus tard, à Londres, en Angleterre, Hardial Bains faisait remarquer :

« Ce qui a été prouvé au cours de cette année d'occupation du Pendjab par l'armée — année qui a commencé par l'invasion du Temple d'Or, le siège de la religion sikhe, et les massacres sans discernement qui ont été commis au temple et dans tout le Pendjab, ainsi que, peu après, à Delhi et ailleurs dans la foulée de l'assassinat d'Indira Gandhi - c'est que les classes dirigeantes indiennes veulent créer un problème religieux, un problème sectaire, pour détourner l'attention du peuple de sa véritable lutte pour la libération nationale et sociale.

En même temps, par leur recours à la violence sectaire et à la terreur fasciste, elles veulent convaincre les masses en lutte que les classes dirigeantes sont 'fortes' et écraseront impitoyablement les luttes du peuple si la situation l'exige. Toutefois, les classes dirigeantes indiennes et leurs partis politiques bourgeois ont été incapables d'atteindre leurs objectifs. L'amour pur et l'unité que les habitants de Delhi et d'autres lieux ont montrés les uns envers les autres, avec lesquels ils ont défendu et protégé les sikhs, ont condamné la haine bestiale et les viols, les pillages et les meurtres perpétrés par le Congrès de Rajiv sous l'oeil attentif de la police - cette expression de l'unité du peuple qui ne tient pas compte de la religion, de la caste ou de l'origine régionale - ont provoqué des larmes de joie parmi les gens, tandis que les affreuses nouvelles de violence sectaire et de terreur fasciste soulevaient la colère. Cette joie et cette colère, toutes deux si profondes, une colère qui explose comme un volcan en éruption, cette réponse du peuple, ont plongé les classes dirigeantes indiennes dans une frénésie et un désarroi encore plus profonds. Les gens ont exprimé leur psychologie réelle, leur amour et leur affection les uns pour les autres et pour leur cause. Elle est ancrée en eux, le résultat de leur lutte de plusieurs siècles pour une libération nationale et sociale véritable. Les classes dirigeantes indiennes ont échoué lamentablement dans leur dessein de faire de la religion la question et un point de division et de haine bestiale au sein du peuple. Même si Rajiv Gandhi a pris le rôle d'un hindou arrogant qui accuse les autres d'être des 'fanatiques sikhs', des 'extrémistes naxalites', etc., les gens en Inde et ailleurs dans le monde, sans distinction de religion, caste ou d'origine régionale, ont condamné l'odieux de cet affront fait au peuple indien. Ils ont très bien vu que cela n'était qu'un stratagème, une ruse, pour cacher les vrais ennemis, les classes dirigeantes indiennes. Ils ont exprimé leur colère profonde face à cette tentative de blâmer le peuple pour les crimes que commettent les classes dirigeantes elles-mêmes pour provoquer des conflits sectaires. Rajiv Gandhi a essayé de détourner la question, la question de la juste lutte du peuple pour des moyens de subsistance, pour sa liberté et pour le progrès. Cela, affirme-t-il, accable le gouvernement. Il a promulgué la loi antiterroriste et, en vertu de cette loi, toute lutte, que ce soit celles des travailleurs pour leurs moyens de subsistance, des paysans pour leur terre ou du peuple pour l'indépendance, la prospérité et le progrès véritables, risque de détruire le gouvernement. Ainsi, tous ceux qui défendent ces justes causes doivent être tués ou enfermés dans des cachots et des prisons. En promulguant cette loi, Rajiv Gandhi veut tuer la révolution indienne et tuer les Indiens ou les emprisonner, car ce n'est que par la révolution qu'ils pourront gagner leurs droits.

Les corps de sikhs tués lors de l'assaut gisent sur le parkarma en marbre couvert autrefois magnifique.

« En plus de ne pas avoir réussi à faire de la religion un problème sur lequel les gens sont incités à s'entredéchirer, les classes dirigeantes indiennes n'ont pas réussi à créer un régime de compromis et de soumission. Face à cette situation impossible, la loi draconienne de Rajiv Gandhi comprend également, outre les menaces de condamnation à mort ou à des années d'emprisonnement, des clauses qui interdisent aux Indiens de chanter leurs chants de révolution, de bravoure et d'héroïsme et de proclamer leur détermination à mettre fin à ce pouvoir barbare qui a causé tant de souffrances. Sous prétexte de combattre le terrorisme, avec cette loi le gouvernement se donne le droit de commettre des actes de terreur et, tout comme Aurangzeb qui avait banni les musiciens et les chanteurs, Rajiv Gandhi interdit de jouer certains instruments et de chanter. Aurangzeb a fait face à des révoltes populaires au sud, au nord-ouest et au nord-est et le sol lui glissait sous les pieds. Lui aussi, vêtu de la robe d'un musulman arrogant, pensait pouvoir assassiner la révolution et emprisonner et passer par l'épée toutes les forces révolutionnaires. Aujourd'hui, les classes dirigeantes indiennes et Rajiv Gandhi sentent le sol se dérober sous leurs pieds. La terreur s'est emparée d'eux. Loin de créer un climat de peur, de compromis et de soumission pour le peuple, ce sont les classes dirigeantes indiennes qui ont peur. Ce sont elles qui vont se diviser davantage, ces divisions aggraveront la crise et les contradictions éclateront comme des volcans. De son côté, le peuple indien ne fait pas de compromis avec ses ennemis, et la soumission aux exploiteurs nationaux et étrangers ne fait pas partie de ses traditions. Toute l'histoire de la lutte du peuple indien pour la libération nationale et sociale en témoigne.

« Le peuple de l'Inde marchera sur la voie de la libération nationale et sociale. Il possède la sagesse et la force de ne jamais sacrifier son amour pur et ses traditions anciennes d'unité et de lutte commune et de réaliser dans l'héroïsme son désir séculaire d'être indépendant et prospère. Il ne compromettra jamais ses idéaux purs, ni ne se soumettra aux chars et aux balles de l'ennemi. Quels que soient les efforts des classes dirigeantes indiennes pour trouver et promouvoir ceux qui accepteront d'arranger un compromis et pour instaurer un climat de soumission au Pendjab, quelles que soient les pressions qu'elles exercent sur les gens de religion sikhe ou sur le peuple d'Assam, du Cachemire et d'ailleurs en imposant des tensions et des pressions sectaires, quelle que soit la force de la violence communautaire et de la terreur fasciste, tout cela est voué à l'échec. Le peuple qui a pu mettre fin au règne des Abdali et d'Aurangzeb et qui n'a jamais accepté les massacres du Jalianwala Bagh et de Dum Dum, le peuple héroïque de l'Inde qui s'est battu à mains nues contre les occupants étrangers et leurs collaborateurs indigènes, ce peuple réussira également à renverser les classes dirigeantes actuelles et leurs soutiens étrangers. Telle est la destinée historique de la doctrine du sacrifice suprême pour la liberté, l'unité et l'amour pour la cause des peuples. Tel est également le destin des oppresseurs et des traîtres dont la chute et le renversement seront le premier pas vers la pleine expression de l'héroïsme réel et des véritables idéaux et valeurs que le peuple de l'Inde tient pour si précieux et si cher.

« La joie de la lutte et l'amertume des tragédies et des souffrances infligées au peuple sont aujourd'hui son sort. La victoire de la révolution populaire mettra fin à cette amertume. Elle créera les conditions de l'épanouissement de la personnalité réelle de l'Inde, la terre des héros et des combattants héroïques, la terre où le peuple attache plus de valeur à ses idéaux de liberté qu'à la vie, où les millions de coeurs battent pour mettre fin à la malédiction de la division et de l'humiliation, de l'exploitation et de l'oppression, la malédiction que le colonialisme britannique leur a imposée et qui est maintenant incarnée par ses collaborateurs et la réaction mondiale. La victoire du peuple dans cette lutte glorieuse est garantie par son héroïsme et ses idéaux. »

(Assemblée à Londres, en Angleterre, à l'occasion du premier anniversaire du massacre du Temple d'Or, connu sous le nom d'Opération Blue Star. Photos : Sikhmuseum.com)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 21 - 1er juin 2019

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