Numéro 60 - 26 septembre 2020
Le discours du Trône du gouvernement
Trudeau
Une prise de contrôle fédérale des
autorités provinciales pour mieux servir les
intérêts privés étroits de l'impérialisme
américain
• «Rebâtir
en mieux» – le socialisme pour les riches
• Une
opposition officielle pitoyable
Colombie-Britannique
• Les
Britanno-Colombiens sont exclus de la décision
de
déclencher les élections
- Peter
Ewart -
• Résistance
grandissante à la détérioration des conditions
de vie et de la condition sociale
• Le
mouvement du quartier Strathcona prend la parole
La revendication d'un programme de régularisation
complet pour les travailleurs migrants et les
réfugiés
• La
marche de Montréal fait ressortir l'ampleur des
violations
des droits humains au Canada
- Diane
Johnston -
Une deuxième phase de la pandémie de la COVID
• L'activation
du facteur humain est la clé pour apporter des
solutions
- Steve
Rutchinski -
Le rapport de la «Mission d'établissement des
faits»
de l'ONU au Venezuela
• Lorsque
l'élite en remet sur le Venezuela
- Pedro
Santander -
• Les
États-Unis à la croisée des chemins au Venezuela
- Luis Beaton -
• Décryptage
du rapport de la mission de l'ONU sur le
Venezuela
- Mision
Verdad -
La revendication se fait de plus en plus entendre
aux États-Unis:
les crimes de la police doivent cesser!
• Le
mouvement de résistance rejette le refus
d'inculper les responsables de la mort de
Breonna Taylor
- Kathleen Chandler -
• Des
millions de personnes envoient une pétition au
gouverneur du Kentucky réclamant justice pour
Breonna Taylor
• Des
actions partout au pays
Le discours du Trône du
gouvernement Trudeau
Avec sa pléthore de mots, le discours du Trône
du gouvernement Trudeau, encensé comme une
nouvelle orientation pour le Canada, est en fait
un pas de plus vers le démantèlement des
arrangements constitutionnels sur le partage des
pouvoirs en faveur d'intérêts privés étroits. Ce
n'est pas une surprise, car la restructuration de
l'État est au coeur de l'offensive antisociale
néolibérale. Les mesures proposées révèlent sans
le vouloir ce que les intérêts privés étroits qui
dirigent la main invisible de l'État appellent le
« nouveau ». Sous couvert de fournir une
sorte d'accès plus large à des programmes sociaux,
comme les soins de santé, les garderies, le
logement et des refuges pour les personnes en
situation d'itinérance, les femmes victimes de
violence et les travailleurs migrants, des mesures
sont mises en place pour élargir les pouvoirs du
fédéral dans des domaines de compétence
provinciale afin de les ouvrir aux forces du
marché mondial les plus puissantes et de retirer
tout obstacle à leurs desseins.
Le discours
du Trône invoque de grands idéaux pour s'immiscer
directement dans la prestation de programmes
sociaux de divers types, par une manoeuvre à la
dérobée, pour dissimuler que le gouvernement
fédéral ouvre la porte à la restructuration des
arrangements de partage des pouvoirs de l'État
canadien, pour laisser le champ libre aux
oligarques les plus puissants du monde. Cela
montre encore une fois que l'offensive antisociale
n'est pas une affaire de mauvaise politique ou de
mauvais politiciens, elle sert à restructurer
l'État selon les intérêts des oligarques
impérialistes les plus puissants. Les luttes
intestines qui font rage aux États-Unis pour
savoir qui accaparera la présidence jouent
également ici au Canada. Dans une société dont
l'économie fonctionne sur la base de payer les
riches, les gagnants sont les oligarques
impérialistes qui s'assurent que le gros du butin
s'achemine dans leurs poches grâce à la
restructuration de l'État en fonction de leurs
intérêts.
Des décennies de mesures néolibérales n'ont pas
réussi à sortir les riches de la crise qui
accompagne inévitablement leur système, une crise
qui a été exacerbée par la pandémie de la
COVID-19. Ce que propose le discours du Trône, une
fois qu'on a écarté toutes fausses prétentions au
sujet des dépenses consacrées aux programmes
sociaux, ce sont des mesures qui garantiront que,
même au milieu d'une crise mondiale et d'un
ralentissement de l'économie mondiale, les
oligarques financiers réaliseront d'énormes
profits en finançant toutes les dépenses sur une
base privée. Il ne s'agit pas d'investissements
sociaux qui ouvriront la voie à une nouvelle
direction pour l'économie.
La crise dans laquelle le Canada est embourbé,
qui est exacerbée par la pandémie de la COVID-19,
est le résultat de 35 ans de libre-échange
néolibéral et de près de 30 ans d'application
des mesures comprises dans la déclaration de
l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) qui a imposé que tous les pays
doivent avoir une économie de marché, un système
électoral multipartite et des droits de la
personne. L'OCDE se présente comme « une
organisation internationale qui oeuvre pour la
mise en place de politiques meilleures pour une
vie meilleure » et ses valeurs impérialistes
anglo-américaines racistes sont toujours
présentées comme étant supérieures à toutes
autres. Les mêmes intérêts privés exigent
maintenant une nouvelle phase de restructuration
de l'État pour satisfaire leur volonté de
domination des marchés mondiaux, des sources de
matières premières, de la main-d'oeuvre bon marché
et des sphères d'intérêt dans une lutte qui
devient de plus en plus féroce à l'échelle
mondiale. Au nom de grands idéaux, l'économie
canadienne est intégrée à l'économie de guerre de
l'impérialisme américain et les contradictions qui
secouent les États-Unis se répercutent également
au Canada.
Aussi insensé que cela puisse paraître à entendre
la pléthore de mots du discours du Trône, le fait
est que le néolibéralisme, avec ses attaques
antisociales contre les programmes sociaux, ses
privatisations, ses emprunts publics auprès des
prêteurs privés, ses stratagèmes pour payer les
riches et ses guerres sans fin, a embourbé le
Canada, les États-Unis et les autres pays qui
composent le système impérialiste des États dans
des crises récurrentes dont celle en cours est la
pire depuis des décennies. Les oligarques
mondiaux, qui contrôlent l'économie et les
gouvernements impérialistes, ne se préoccupent que
de sauver la situation dans leurs propres intérêts
et d'empêcher les travailleurs de prendre le
contrôle de leur vie et de leurs affaires
politiques. La désinformation du type que l'on
retrouve dans le discours du Trône, qui cherche à
donner un visage humain au néolibéralisme, vise à
assurer que les gens ne discutent pas de comment
donner une nouvelle direction et un nouveau but à
l'économie qui soient prosociaux.
Avec la concentration énorme des richesses dans
un nombre réduit de mains et les sommes énormes
nécessaires aux grands projets, les riches
oligarques et leurs représentants politiques ont
parfaitement compris depuis longtemps que les
investissements privés ne peuvent à eux seuls
sauver les oligopoles de la crise. Les cartels et
les coalitions que les oligarchies créent pour
politiser les intérêts privés exigent que la porte
soit grande ouverte à la canalisation des fonds
des impôts et des emprunts vers les stratagèmes
pour payer les riches afin d'accroître leur
richesse. La concurrence pour le contrôle de ces
fonds est féroce. Le discours du Trône est un
document qui montre les arrangements de l'État que
les oligarques mettent en place pour faciliter
leur contrôle des grands projets publics/privés.
Les mesures prises pour accorder un certain
pouvoir d'achat aux nombreuses personnes qui ont
perdu leurs moyens de subsistance mettent ces
sommes au service des objectifs privés étroits des
oligarques. Cela n'a rien à voir avec fournir à la
population les programmes sociaux dont elle a
besoin, sans parler de l'édification de la nation.
Pourquoi le Canada n'a-t-il pas un système
bancaire public qui place le contrôle de
l'émission de la nouvelle monnaie entre les mains
d'une autorité publique et non des oligarques
bancaires privés ? Pourquoi une économie
moderne devrait-elle emprunter auprès de prêteurs
privés alors qu'elle a la capacité d'emprunter à
elle-même et d'investir en elle-même avec comme
garantie l'augmentation de la production des
entreprises publiques ?
Le contrôle public du système bancaire est
nécessaire, car il est présentement utilisé pour
canaliser des fonds pour réchapper des intérêts
privés des conséquences de la crise tandis que la
grande majorité de la population est laissée à
elle-même, avec quelques maigres programmes qui
sont insuffisants pour maintenir des conditions de
travail et un niveau de vie décents.
Le Canada doit avoir un système bancaire public,
cesser d'emprunter auprès de prêteurs privés et,
de plus, imposer un moratoire sur le service de la
dette publique actuelle envers les intérêts
privés.
Le degré de parasitisme de l'oligarchie
financière montre que la classe ouvrière est la
seule force sociale capable de mobiliser le
facteur humain/conscience sociale pour utiliser
l'énorme capacité de la production de masse
moderne afin de relever les défis de l'époque pour
que des événements comme la pandémie, les crises
économiques récurrentes et les destructions que la
recherche du profit privé a imposées à la Terre
Mère n'engloutissent pas l'humanité. Seule la
classe ouvrière peut réorganiser les arrangements
de l'État et mettre en place des gouvernements
dont le but est d'assumer leurs responsabilités
sociales envers le peuple et l'environnement
naturel et social.
Les cris de protestation des premiers ministres
et des chefs des partis cartellisés qui siègent au
parlement en réponse au discours du Trône doivent
être vus dans le contexte de la soif de pouvoir et
du grand coup de force que les intérêts privés
étroits sont présentement en train d'exécuter. Les
tentatives des autorités fédérales de s'approprier
les compétences du Québec et des provinces
s'inscrivent dans ce contexte.
Enfin, le programme proposé dans le discours du
Trône concorde avec les exigences des intérêts
privés étroits qui soutiennent la candidature de
Joe Biden à la présidence des États-Unis. Dans le
courant de la semaine qui vient, LML
abordera les questions liées au secteur bancaire
de l'économie et les prochains numéros traiteront
des intérêts privés étroits que se disputent la
présidence des États-Unis dans l'élection de
novembre.
Le discours du Trône et le programme de payer
les riches du gouvernement Trudeau montrent à quel
point la situation est devenue absurde. Qui aurait
pensé que le gouvernement paierait la majeure
partie des salaires des travailleurs des
entreprises privées[1] ?
Quand le gouvernement Trudeau déclare que «
l'heure n'est pas à l'austérité », il le
démontre aussitôt en ouvrant encore plus grandes
les écluses des stratagèmes pour payer les riches
et de l'emprunt sans limites auprès des prêteurs
privés[2].
Dans son adresse à la nation le soir du 23
septembre, le premier ministre a introduit l'idée
d'un pacte entre le gouvernement et le peuple,
comme si le contrat social pouvait être remplacé
par une « nouveau pacte » sans que personne en
décide. « Il existe un pacte entre le gouvernement
et la population qui l'a élu pour la servir,
dit-il. Vous devez savoir que vous pouvez compter
sur nous tout comme vous pouvez compter les uns
sur les autres. »
Parler d'un « pacte » entre le gouvernement
et le peuple d'une manière aussi désinvolte montre
l'arrogance du gouvernement Trudeau et son manque
d'égards pour les Canadiens. Le « pacte » de
Trudeau est une variante de sa devise « nous
sommes tous ensemble dans le même bateau »,
en laquelle personne ne croit sauf peut-être les
apologistes des stratagèmes pour payer les riches
et des institutions échues de la démocratie
libérale[3].
Le discours du Trône explique :
« L'heure
n'est pas à l'austérité. Le Canada est entré dans
cette crise en meilleure position financière que
ses pairs. Et le gouvernement met à profit sa
capacité financière pour investir dans des
initiatives comme la Prestation canadienne
d'urgence et la Subvention salariale d'urgence du
Canada et ainsi apporter aux Canadiens, aux
entreprises et à l'ensemble de notre économie le
soutien nécessaire pour traverser la tempête. Les
Canadiens ne devraient pas avoir à choisir entre
leur santé et leur travail, tout comme ils ne
devraient pas avoir à s'endetter alors que leur
gouvernement peut mieux les soutenir. [...] Ce
gouvernement préservera les avantages fiscaux du
Canada et restera guidé par les valeurs de la
viabilité et de la prudence. [...]
« Étant donné les faibles taux d'intérêt, les
banques centrales ne peuvent pas en faire
davantage pour aider. Il existe un consensus
mondial sur le fait que les gouvernements doivent
en faire plus. Les gouvernements peuvent y arriver
en conservant le faible coût des emprunts pour les
décennies à venir. Ce gouvernement préservera les
avantages fiscaux du Canada et restera guidé par
les valeurs de la viabilité et de la
prudence. »
L'autre mantra pour justifier l'économie qui paie
les riches comme seule option pour faire face à la
pandémie, « redémarrer » l'économie et «
rebâtir en mieux » est l'encensement de la
soi-disant classe moyenne.
Dans son discours du Trône, le gouvernement
affirme :
« Le troisième pilier consiste à rebâtir en mieux
afin de créer un Canada plus fort et plus
résilient. Pour ce faire, nous devons continuer à
renforcer la classe moyenne et aider les personnes
qui travaillent fort pour en faire partie, et
continuer à créer des emplois et à mettre en place
une compétitivité à long terme fondée sur une
croissance propre. Nous devons également bâtir des
communautés plus sécuritaires pour tout le
monde. »
Le discours libéral sur la lutte contre les
inégalités et le renforcement de la classe moyenne
sert à tromper les travailleurs en leur faisant
croire que dans ce système néolibéral, il est
possible d'avoir entre nous tous un nouveau
contrat social si les travailleurs renoncent à
leurs préoccupations et cessent de lutter pour
leurs droits, pour une nouvelle direction de
l'économie, pour faire du Canada une zone de paix
et pour humaniser l'environnement naturel et
social. La définition de cette « classe
moyenne » reste nébuleuse, mais on nous
laisse généralement entendre qu'il s'agit d'une
couche de personnes en difficulté vivant au-dessus
de la « classe ouvrière », qui font partie
d'une espèce en ascension vers une condition
meilleure et dont les libéraux ont besoin plus que
jamais.
Le discours du Trône prétend proposer une sorte
de projet d'édification nationale basé sur le
développement de technologies dites propres. Il
dit :
« Du nickel au cuivre, le Canada dispose des
ressources nécessaires à ces technologies propres.
Ces ressources, jumelées à l'expertise canadienne,
représentent l'avantage concurrentiel du
Canada. »
Cela signifie mettre toutes ces ressources et
l'expertise du pays à la disposition des
oligopoles. C'est ce qu'on appelle « rebâtir en
mieux » et assurer l'avantage concurrentiel
du Canada – un slogan à la mode
tiré du lexique des agences de marketing. Il est
totalement incohérent pour le commun des mortels,
mais il suffit de savoir qu'être concurrentiel est
« une bonne chose », que c'est désirable, que
tout doit être fait pour maintenir l'avantage
concurrentiel.
Dans son allocution après le discours du Trône,
le premier ministre décrit plus précisément le
socialisme pour les riches que son gouvernement
veut mettre en place :
« Votre employeur a
peut-être été en mesure de vous garder au travail
ou de vous réembaucher parce que la Subvention
salariale d'urgence du Canada l'a aidé à verser
votre salaire. Les gens ont encore besoin de ce
programme, alors on le prolonge jusqu'à l'été
prochain. Ou encore, vous êtes peut-être un
propriétaire d'entreprise qui a besoin d'une aide
supplémentaire jusqu'à ce que la situation
s'améliore. Pour vous, entre autres mesures, on
bonifie le Compte d'urgence pour les entreprises
canadiennes. »
Un gros merci de la part des oligarques qui
contrôlent le Silver Hotel Group, qui
possède 20 hôtels au Canada, dont Hilton,
Delta et Novotel dans toutes les grandes villes.
Les exploitants d'hôtels sont parmi les plus
grands abuseurs de la classe ouvrière canadienne.
Deepak Ruparell, président de Silver Hotel Group,
a dit à propos de l'extension du programme de
subventions salariales : « C'est un grand
soulagement parce que cela signifie que nous
pouvons continuer de fonctionner. Sans cela, nous
envisagerions de licencier plus de personnes et de
fermer les portes. »
Quand il s'engage à payer les riches avec le
slogan « rebâtir en mieux », le gouvernement
Trudeau ne veut pas dire en mieux pour les
Canadiens, il ne veut pas dire mettre l'économie
sous leur contrôle, mais faire en mieux pour les
oligarques mondiaux, les oligopoles et leurs
cartels et coalitions qui parcourent la planète
pour devenir plus riches et plus puissants et pour
empêcher la classe ouvrière de s'organiser pour
changer la situation en sa faveur.
« Rebâtir en mieux » signifie que des
montagnes d'argent public seront versées aux
oligarques mondiaux de l'automobile pour leur
permettre de rééquiper leurs usines pour produire
des véhicules électriques. Cet argent public a
d'ailleurs déjà commencé à couler : quelques
jours à peine avant le discours du Trône, le
gouvernement a promis un demi-milliard de dollars
à la compagnie Ford du Canada.
« Rebâtir en mieux » signale que de vastes
sommes d'argent public iront aux grandes
entreprises de la construction pour construire des
infrastructures et des maisons « vertes » et
pour rénover des bâtiments et des quartiers
entiers. L'argent public est garanti pour rendre
les riches mondiaux plus riches et plus puissants.
Le discours du Thrône veut « aider plus de femmes
à retourner sur le marché du travail » grâce
à un système national de garderies promis depuis
longtemps. Cela apaise les craintes dans le monde
des affaires au sujet de la réduction du marché du
travail actif à cause de la crise, ce qui
entraînerait une pression sur les entreprises pour
qu'elles répondent aux réclamations de la classe
ouvrière à la valeur qu'elle produit.
Le gouvernement s'engage à mettre de l'argent
public à la disposition de l'industrie du
transport aérien, les autres entreprises présentes
dans le transport, du tourisme et du secteur de la
vente au détail et, bien sûr, de l'industrie
pharmaceutique mondiale contrôlée par les
impérialistes américains. Le gouvernement Trudeau
tente de se faire passer pour un sauveur en
promettant des millions de dollars pour l'achat de
vaccins à tel ou tel géant pharmaceutique mondial
sans qu'on se demande pourquoi le Canada n'a pas
lui-même la capacité de produire un vaccin contre
la COVID-19 et d'autres médicaments modernes. La
petite île indépendante de Cuba teste déjà avec
succès son propre vaccin contre la COVID-19.
Le discours de l'époque Reagan et Thatcher sur la
force de la libre entreprise, la compétitivité sur
le marché mondial, la volonté et la concurrence
des entrepreneurs pour devenir riches sur le dos
des travailleurs et la nature comme garantie de
prospérité a maintenant été remplacé par des
appels directs à l'intervention de l'État pour
payer les riches.
L'économie socialisée a besoin de coopération
pour l'avantage réciproque de toutes ses
composantes et tous ses secteurs. Ses échecs
montrent le besoin d'une nouvelle direction qui
résoudra la crise en faveur du peuple.
Notes
1. Le projet de loi C-2
déposé le 24 septembre prévoit que les chômeurs et
les travailleurs sous-employés, mais pas les
monopoles qui reçoivent de l'argent pour payer
leurs travailleurs, vont devoir rembourser 50
cents sur le dollar de tout ce qui dépasse 38
000 $ par année pour les années fiscales 2020
et 2021.
2. Les Canadiens ont connu
des dépenses déficitaires, justifiées par
l'affirmation qu'il y aura des « retombées
économiques », mais il n'y en a pas eu. Ils
ont également fait l'expérience de l'austérité
comme moyen pour les oligarques financiers et les
impérialistes d'empocher des sommes énormes au
moyen de partenariats public-privé, de
privatisations, etc. Les résultats sont évidents
pendant la pandémie. Aujourd'hui, à un moment où
la contraction de l'économie rend de nombreuses
sphères d'activité économique non rentables pour
les riches, ils ont besoin de ce type
d'intervention de l'État pour créer des
opportunités de faire des coups d'argent à
nouveau. La preuve que le capitalisme fonctionne
est que cela fonctionne ! Cela n'a rien à voir
avec le bien-être du peuple.
3. La pandémie a clairement
montré que ce sont des phrases creuses. Ce sont
les travailleurs pauvres, les travailleurs issus
de minorités nationales et les femmes qui sont les
plus exposés au danger de la COVID-19. Et
maintenant, avec une deuxième vague en cours, sans
répit en vue pour les travailleuses et
travailleurs en soins de première ligne six mois
après le début de la pandémie, les écoles ont
rouvert sans que des mesures adéquates aient été
prises pour assurer la distnaciation physique des
élèves avec d'autres précautions nécessaires. Le «
pacte » entre le gouvernement et le peuple ne
veut pas dire la même chose pour tout le monde.
(Photos: LML, Unite Here 40)
Le système des partis cartellisés est un
véhicule de désinformation impérialiste. Cette
falsification est basée sur la fausse prémisse que
les travailleurs sont représentés par des
institutions représentatives de la démocratie
libérale, maintenant désuètes, et les accords de
partage de pouvoirs qui ont constitué le Canada
en 1867, désuets également malgré les
amendements apportés au fil des décennies, dont le
rapatriement de la Constitution en 1982, pour
établir ce qu'on appelle des « limites
raisonnables ». Les porte-paroles des partis
cartellisés sont tellement aveuglés par leur
propre ignorance et leur refus de faire face à la
réalité d'une économie échouée, avec ses crises
récurrentes, qu'ils ne peuvent rien faire d'autre
que de poursuivre les querelles partisanes
dogmatiques sur des accords de partage de pouvoirs
qui n'existent plus. Les partis d'opposition sont
réduits à dire que leurs stratagèmes pour payer
les riches sont meilleurs que ceux des libéraux. «
Faites-nous confiance, disent-ils à l'unisson. Ne
faites pas confiance à vos sens et à votre
expérience. »
Après le discours du Trône, les partis
d'opposition ont dénoncé divers éléments du plan
du gouvernement. Le chef du Parti conservateur
s'est plaint entre autres que le discours ne
s'adresse pas à l'aliénation des provinces de
l'Ouest, le chef du NPD a déploré qu'il n'y ait
que des mots et pas de promesses concrètes, disant
qu'un projet de loi prévoyant des congés de
maladie payés est le minimum qu'il demande, et le
premier ministre du Québec et chef du Bloc
québécois se sont indignés qu'on foule aux pieds
encore une fois les compétences du Québec, alors
que ce sont les compétences de toutes les
provinces qui sont attaquées.
Le gouvernement libéral présente un plan pour
s'emparer directement des compétences
provinciales. Par exemple, on lit dans le discours
du Trône : « Le gouvernement travaillera avec le
Parlement pour apporter des modifications au Code
criminel afin de sanctionner de manière claire les
personnes qui négligent et mettent en danger les
aînés dont ils prennent soin. » Le gouvernement
libéral tente d'exploiter la profonde colère
ressentie par les Canadiens lorsque plusieurs cas
de négligence ayant causé un grand nombre de décès
dans des résidences privées ont fait surface et
que des familles ont dû poursuivre les
propriétaires de résidence pour exiger des comptes
tandis que les gouvernements à tous les niveaux
refusaient d'agir. Le discours du Trône vise
clairement à présenter le gouvernement fédéral
comme une sorte de sauveur, au-dessus des
gouvernements provinciaux qui, dans le cadre
actuel des accords de partage des pouvoirs, sont
les détenteurs principaux de la compétence en
matière de santé, en montant certains cas en
épingle sans vraiment s'attaquer au problème de
l'atteinte aux droits humains qui ont lieu le une
large échelle.
Le discours du Trône dit que « le gouvernement
collaborera avec les provinces et les territoires
en vue d'établir de nouvelles normes nationales
pour les soins de longue durée », mais ne
parle pas de la nécessité de remédier à des
décennies de compressions dans la santé dont le
gouvernement fédéral est tout aussi responsable
que les provinces. La pandémie a révélé la
cupidité et la négligence de certaines résidences
privées, mais aussi la cruelle négligence des
gouvernements dans les établissements publics de
soins de longue durée, avec des années de
compressions et de privatisation, où le soin de
nos aînés est soumis à la réalisation du profit.
Ce sont les résultats de l'offensive antisociale
approuvée et promue par tous les niveaux de
gouvernement. Les travailleurs de la santé ont
joué un rôle clé à exposer cette situation
scandaleuse et à exiger des comptes des
responsables. Plus important encore, la pandémie a
mis de l'avant la revendication du droit de
tous les travailleurs à des soins au niveau le
plus élevé possible à leur retraite dans une
société moderne digne de ce nom. Cela, le
discours du Trône n'en parle pas, même de façon
générale.
Les libéraux affirment qu'ils préparent un grand
plan pour l'avenir avec ce discours du Trône, mais
ils ne voient pas que le principe que la santé est
un droit fait partie de l'avenir du Canada. Dans
cette nouvelle offensive à grande échelle pour
payer les riches, plusieurs gouvernements
provinciaux parlent de mettre en place des projets
grandioses pour des établissements modernes de
soins de longue durée et de recruter des milliers
de nouveaux travailleurs de la santé dans les
résidences pour personnes âgées, mais tant que
l'objectif n'est pas de garantir les droits de
tous et toutes et tant que tout sera fait pour
faciliter les violations des droits humains, nous
n'avons que l'expérience passée pour juger de
leurs intentions.
Tandis que les partis de l'opposition et les
médias soulèvent que les premiers ministres des
provinces exigent une plus grande part du
transfert fédéral en matière de santé, le
véritable différend concerne l'intention du
gouvernement fédéral de mettre en place ses
propres stratagèmes pour payer les riches qui
menacent le lien direct que les autorités
provinciales entretiennent avec l'économie
impérialiste américaine.
Par leurs interventions très étroites et
partisanes destinées à discréditer le Parti
libéral, les partis cartellisés dans l'opposition
sont incapables de régler aucun des problèmes
auxquels sont confrontés le peuple, la société et
l'environnement social et naturel.
Rien de tout cela ne vise à créer une autorité
publique pour prendre le contrôle des soins de
longue durée dans le but de servir nos ainés et de
ne pas abuser d'eux et du personnel à des fins
privées. Une telle autorité publique doit être
tenue responsable de ses actions, à commencer par
le traitement moderne du personnel et en veillant
à ce que les travailleurs aient leur mot à dire
sur leurs conditions de travail, qui sont en
dernière analyse les conditions des personnes
âgées dont ils s'occupent. Mais les modifications
apportées au Code criminel ne serviront
qu'à éliminer les vérités qui dérangent, et non à
rendre les intérêts privés responsables de leur
surexploitation et de leur cupidité.
Mais dans leur réponse, les partis d'opposition
et les médias n'analysent pas les conséquences des
mesures prises pour le Canada, l'économie ou
l'environnement naturel et social. Ils sont
intimidés par les bravades et la politique de
division de Trudeau qui dit : ou bien vous
vous rangez de mon côté pour servir les Canadiens,
ou bien vous revenez au statu quo. En proposant
encore d'autres stratagèmes pour payer les riches,
sur une échelle encore plus grande, Trudeau
professe précisément le statu quo, le « retour à
la normale » que les Canadiens ne veulent
pas.
L'entreprise privée s'enorgueillit de la
concurrence, de son ingéniosité et de son
initiative, mais elle exige des fonds publics pour
survivre. Cela aggravera encore plus tous les
problèmes auxquels les Canadiens, leur économie et
leur société sont confrontés en ce moment. Le
discours du Trône et les gesticulations des partis
cartellisés représentent un grave danger de
régression pour les Canadiens face à la pandémie
et à la crise économique. Il est essentiel
d'exiger que les gouvernements arrêtent de payer
les riches et augmentent le financement des
programmes sociaux contrôlés par les travailleurs.
Colombie-Britannique
- Peter Ewart -
L'essence du système politique des partis
cartellisés au Canada est que le peuple est aliéné
face à toute prise de décision qui a trait à
l'économie, la politique et d'autres questions qui
touchent sa vie, mis à part de voter toutes les
quelques années. Les partis contrôlent le
processus et s'entendent pour empêcher le peuple
d'y prendre part. Un exemple flagrant de cela est
la récente décision du gouvernement néodémocrate
minoritaire de la Colombie-Britannique de
déclencher des élections provinciales malgré une
opposition quasi universelle.
La répartition actuelle des sièges à l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique est la
suivante : NPD, 41 sièges ;
Libéral, 42 sièges ; Parti vert,
deux ; Indépendants, deux ; et un siège
vacant. Jusqu'à présent, ce gouvernement
minoritaire a été soutenu par l'Accord de soutien
et de confiance qui a été négocié entre le NPD et
le Parti vert après les élections de 2017. Dans
cet accord signé de partage du pouvoir, le NPD a
promis d'attendre jusqu'au 16
octobre 2021 avant de tenir une autre
élection, ce qui était conforme à la loi de la
Colombie-Britannique sur des élections à date
fixe.
Cependant, le 21 septembre 2020, le
premier ministre néodémocrate John Horgan est
revenu sur l'accord et, après avoir obtenu
l'approbation de la lieutenante-gouverneure de la
province, a fixé les prochaines élections
au 24 octobre, un an avant la date convenue
précédemment. Dans son annonce, John Horgan a
déclaré qu'il avait « hésité » à prendre
cette décision, mais la province n'était qu'au
début de la pandémie de la COVID-19 et le fait de
retarder les élections « créerait de l'incertitude
et de l'instabilité au-delà des 12 prochains
mois ». Selon lui, le « mépris » et «
l'acrimonie » entre les partis
l'empêcheraient de faire face à la pandémie. Selon
lui, « la meilleure façon d'avancer est de mettre
la politique derrière nous ». Tout cela a été
dit quelques jours à peine après que le premier
ministre eut reconnu qu'au cours des derniers
mois, il y avait eu « une coopération
extraordinaire entre le ministre de la Santé,
Adrian Dix, et les partis d'opposition pour lutter
contre la COVID-19 ».
L'annonce de John Horgan a été vivement critiquée
par les libéraux et les verts de la
Colombie-Britannique, ainsi que par une foule
d'analystes des médias et d'observateurs de la
scène électorale. Les médias ont également
rapporté que des partisans du NPD se sont opposés
au déclenchement des élections et que la plupart
des membres du parti, à l'exception de quelques
hauts cadres, ont été tenus à l'écart des échanges
et discussions sur le déclenchement d'une
élection.
John Horgan a déclaré que la question décisive
pour lui en déclenchant les élections était
l'opposition des députés du Parti vert à deux
projets de loi du gouvernement présentés l'été
dernier. Le premier projet de loi aurait permis la
détention à court terme de jeunes qui avaient fait
une surdose de drogue, et le second aurait
augmenté la quantité d'électricité bon marché que
BC Hydro est autorisée à acheter aux États-Unis.
La députée du Parti vert, Sonia Furstenau, qui
est devenue chef du parti il y a quelques jours à
peine, a exprimé son désaccord avec l'évaluation
de John Horgan, faisant remarquer que, depuis le
début de la pandémie de la COVID-19 au printemps
dernier, il n'y a pas eu d'« instabilité » au
sein du gouvernement, mais plutôt « un temps de
coopération et de collaboration incroyables pour
les gens de la Colombie-Britannique ».
Sonia Furstenau a fait remarquer que le projet de
loi qui aurait permis la détention des jeunes
après une surdose de drogue avait été largement
critiqué, notamment par le coroner en chef, le
représentant indépendant des enfants et de la
jeunesse et l'Association des libertés civiles de
la Colombie-Britannique. En effet, face à ces
critiques, le projet de loi a été retiré par la
ministre de la Santé mentale et des Dépendances,
Judy Darcy, pour un examen plus approfondi.
De plus, les Premières Nations se sont opposées à
la fois au projet de loi sur les surdoses de
drogue et au projet de loi de BC Hydro parce que,
dans les deux cas, le gouvernement n'avait pas
consulté les peuples autochtones comme le prévoit
la Déclaration des Nations unies sur les droits
des peuples autochtones.
Selon Sonia Furstenau, les verts de la
Colombie-Britannique ont respecté toutes les
parties de l'accord de partage du pouvoir, y
compris le vote avec le gouvernement sur tous les
projets de loi budgétaires et tous les votes de
confiance. « Mais ce que cet accord ne stipulait
pas, a-t-elle dit, c'était une obéissance totale
au NPD ». Selon elle, John Horgan a « choisi
la poursuite du pouvoir plutôt que la santé et la
sécurité des Britanno-Colombiens ».
Pour sa part, le chef du Parti libéral de la
Colombie-Britannique, Andrew Wilkinson, a qualifié
l'élection d'inutile et de « geste cynique,
intéressé et égoïste » du gouvernement
néodémocrate. « Quel genre de personne fait cela,
au milieu d'une pandémie, déchirer un accord qui
aurait conduit à un gouvernement stable pour
l'année prochaine ? Qui ferait cela ?
a-t-il demandé, et la réponse est John Horgan et
le NPD ».
Cependant, mis à part les critiques de
l'opposition, il y a un problème plus vaste. Et
c'est que dans le système actuel des partis
cartellisés, les partis du parlement fédéral et
des assemblées législatives provinciales mettent
régulièrement leurs propres intérêts au premier
plan et abandonnent le peuple à son sort. Il
existe de nombreux autres exemples de
gouvernements fédéral et provinciaux, que ce soit
en Colombie-Britannique ou ailleurs, qui lancent
le même genre d'attaques-surprises contre les
électeurs.
Alors, pourquoi le gouvernement de la
Colombie-Britannique se précipite-t-il dans cette
élection au milieu d'une pandémie qui pourrait se
transformer en une « deuxième vague » plus
forte cet automne ? S'agit-il vraiment
d'avoir un gouvernement « stable » en ces
temps difficiles qui peut assurer une bonne
gouvernance pour la province ? Ou y a-t-il
des raisons plus opportunistes ?
Par exemple, la tenue des élections favorise
maintenant les perspectives de succès électoraux
du NPD. Selon un récent sondage, le NPD devance
de 19 % les libéraux de l'opposition. De
plus, la nouvelle chef des verts de la
Colombie-Britannique a été élue à son poste il y a
seulement quelques jours, ce qui, selon certains,
désavantage le parti par rapport au NPD qui
convoite les sièges des verts sur l'île de
Vancouver.
Ensuite, il y a la situation économique. Selon
les plus récentes perspectives économiques du
gouvernement, il y aura une baisse de l'activité
économique de 6,7 % cette année et un
déficit qui grimpera à 12,8 milliards de
dollars. Le gouvernement prévoit-il une
détérioration de l'économie durant l'année à venir
et donc des conditions électorales moins
favorables ?
Une des nombreuses manifestations contre la
construction du barrage Site C,
lors d'une audition du tribunal en février 2016
Et l'avenir du projet de barrage du site C dans
la région de Peace River pourrait être un énorme
problème durant l'année à venir. Le projet, qui a
été sévèrement critiqué par plusieurs experts et
contesté par de nombreux résidents de la région,
devrait dépasser le budget de plusieurs milliards
de dollars. Et des rapports sont publiés selon
lesquels les fondations du barrage lui-même sont
instables et peut-être irréparables. Ainsi, le
gouvernement pourrait être confronté à un choix
entre, d'une part, un projet dont le budget est
largement dépassé et, d'autre part, une annulation
pure et simple du barrage –
ce qui signifierait une perte de milliards de
dollars de deniers publics déjà dépensés.
Quoi qu'il en soit, tout cela met en évidence la
question suivante : qui décide de ce qui se
passe quand il est question des affaires
politiques, économiques et sociales de la
province – le peuple de la
Colombie-Britannique ou les partis politiques
cartellisés ? Cette question hante les
prochaines élections.
(Sources : Vancouver Sun,
The Tyee, Macleans, Times Colonist et Globe
and Mail. Photos et graphniques : LML, R.
Hales)
Campement des itinérants au parc Strathcona
Les personnes confrontées
à la mort civile et leurs alliés en
Colombie-Britannique
réclament de vraies solutions à la crise de la
pauvreté, pas des attaques
policières et des discours vides de sens.
Le chômage et la
pauvreté sont devenus encore plus graves pendant
la pandémie et la crise économique actuelles. Des
signes visibles de pauvreté se sont accrus dans
les villes de toute la Colombie-Britannique. Des
personnes incapables de payer leur loyer vivent
dans des véhicules récréatifs, des fourgonnettes,
des voitures, des tentes ou sans aucun abri.
L'État, par le biais de ses gouvernements, sa
police et ses tribunaux, utilise de plus en plus
les pouvoirs sanctionnés par l'État pour
criminaliser la pauvreté et attaquer ceux qui
risquent la mort civile et qui cherchent un refuge
dans les espaces publics. Plutôt que de
s'acquitter de sa responsabilité sociale envers
les membres de la société, l'État s'attaque aux
personnes qui se trouvent démunies pour quelque
raison que ce soit. L'année dernière, des
centaines d'itinérants du centre-ville de
Vancouver se sont rassemblés pour construire un
village de tentes dans le parc Oppenheimer. Ils
sont devenus la cible des pouvoirs de police, sont
continuellement contraints de déplacer leur
campement et ont fait face à de multiples
arrestations.
Du parc Oppenheimer au parc Crab
Après l'irruption de la pandémie, au lieu de
s'acquitter de ses responsabilités sociales envers
le peuple et de trouver des solutions à la
pauvreté et à l'itinérance, le gouvernement
provincial a utilisé ses pouvoirs de police en
vertu de la Loi sur les programmes d'urgence
et de l'état d'urgence provincial en cours pour
vider le parc Oppenheimer de toutes les tentes et
de leurs occupants au début du mois de mai.
Beaucoup de ceux qui ont été déplacés ont déménagé
sur des terrains fédéraux abandonnés près du parc
Crab, le long des quais du port de la ville. Le
gouvernement fédéral a immédiatement demandé et
obtenu une injonction des tribunaux pour expulser
les campeurs. La police est intervenue contre eux
au début juin, arrêtant et accusant 45
campeurs d'avoir violé l'injonction, tandis que
d'autres ont quitté la zone avant l'attaque de la
police.
Dans un autre geste vindicatif, l'Administration
portuaire de Vancouver Fraser a demandé une
ordonnance du tribunal pour forcer le Service des
poursuites judiciaires de la Colombie-Britannique,
au nom du procureur général, à revoir les
accusations et à déterminer si les personnes
arrêtées devraient être poursuivies pour outrage
criminel au tribunal au lieu que le tribunal
conclut à l'infraction moindre d'outrage civil au
tribunal.
Le 14
septembre, le juge en chef Christopher Hinkson,
qui a imposé l'injonction en premier lieu, s'est
rangé du côté de l'administration portuaire
fédérale et a ordonné que onze des accusations
soient renvoyées au procureur général de la
Colombie-Britannique pour examen et d'éventuelles
poursuites au criminel, les autres devant faire
face à des accusations d'outrage au civil. Hinkson
a déclaré qu'il souhaitait que les personnes
comprennent « la nécessité de faire respecter les
ordonnances de ce tribunal afin de maintenir sa
dignité et l'état de droit ».
Dans sa décision, Hinkson a cité une décision
rédigée par Beverley McLachlin lorsqu'elle était
juge en chef de la Cour suprême du Canada : «
La primauté du droit est le fondement de notre
société ; sans elle, la paix, l'ordre et le
bon gouvernement n'existent pas. La primauté du
droit est directement tributaire de la capacité
des tribunaux de faire observer leur procédure et
de maintenir leur dignité et le respect qui leur
est dû. »
Hinkson a déclaré : « Il ne m'appartient pas
de dire si des poursuites pénales contre les
accusés constituent une utilisation judicieuse ou
imprudente des ressources publiques, mais je
prévois que le procureur général soupèsera cette
question à la lumière de l'importance de l'état de
droit dans notre société démocratique. »
Dans un article paru dans le Province intitulé
« Le juge en chef de première instance de la
Colombie-Britannique en a assez que les
manifestants ignorent les ordonnances des
tribunaux », Ian Mulgrew a écrit à propos de
la décision : « Hinkson semblait réagir à une
année de protestation, avec des perturbations
causées par les blocus des Wet'suwet'en jusqu'aux
manifestations contre le pipeline Trans Mountain
... Ceux qui appuieraient les blocus autochtones,
les villages de tentes et autres désobéissances
civiles feraient mieux d'en prendre note -
cela n'amuse pas le juge en chef de première
instance de la Colombie-Britannique. »
En réponse à l'injonction de Hinkson, les avocats
des campeurs itinérants et leurs alliés ont
dénoncé la décision en disant que cela « pourrait
signifier des peines considérablement plus
sévères ». L'avocat de Surrey, Amandeep
Singh, a déclaré : « Voici les personnes les
plus défavorisées de la société, au milieu d'une
pandémie, qui essaient de s'installer sur ce qui
était essentiellement un terrain de stationnement
vide. Pourquoi sont-elles punies ? »
En 2018, le Service des poursuites
judiciaires de la Colombie-Britannique a souscrit
à l'appel lancé par le même tribunal pour des
poursuites criminelles contre ceux qui avaient
défié une injonction de Trans Mountain Pipeline en
manifestant contre la construction du pipeline. Le
tribunal a reconnu quatre manifestants coupables
d'outrage criminel et les a condamnés à 14 jours
de prison, leur imposant du même coup un casier
judiciaire. Le juge de l'époque a averti que les
membres du public « qui pourraient être tentés de
choisir les ordonnances des tribunaux qu'ils
respecteront, que ce soit dans cette situation ou
dans d'autres, doivent être dissuadés de bafouer
les décisions des tribunaux ».
C'est notre économie ! C'est notre
société ! C'est à nous à décider !
Les attaques contre les itinérants et leurs
alliés et leur criminalisation par des injonctions
de tribunaux et l'état de droit soulèvent des
questions fondamentales sur le rôle de l'État et
ses relations avec le peuple. Les juges parlent de
l'état de droit et de l'ordre démocratique comme
des abstractions sans considération des conditions
concrètes. Ils ne font pas le lien entre leurs
jugements et fabulations et les conditions
sociales de la population et, dans ce cas, de ceux
qui risquent la mort civile.
La pauvreté et le chômage sont des
caractéristiques constantes au Canada. Ils font
partie des conditions sociales auxquelles les
personnes doivent faire face, non pas dans
l'abstrait, mais dans le monde réel. De nombreux
Canadiens, avant et pendant les crises
économiques, sont confrontés à l'absence de moyens
de subsistance. Ils ne peuvent pas simplement
créer un moyen de subsistance à partir de rien.
Les moyens de subsistance sont les produits de
l'économie socialisée, qui est contrôlée par les
oligarques mondiaux. Si l'économie ne peut pas
répondre aux besoins des personnes en matière de
moyens de subsistance, que doivent faire les
personnes ? Certaines tombent dans la
toxicomanie pour réduire le stress et la douleur
de ne pas avoir de moyens de subsistance ;
quelques-unes peuvent se livrer à des activités
criminelles pour trouver un mode de vie, tandis
que d'autres luttent du mieux qu'ils peuvent, et
certaines s'organisent et s'unissent avec les
autres Canadiens pour lutter pour les droits de
tous et toutes et une nouvelle direction à
l'économie.
L'état de droit et l'ordre démocratique en tant
qu'abstractions ne sont d'aucune utilité pour ceux
qui n'ont pas de moyens de subsistance, mais
deviennent en fait un moyen de répression qui est
exercé contre eux et contre d'autres comme les
travailleurs en grève qui font face à des
injonctions qui rendent inefficaces leurs piquets
de grève pour défendre leurs revendications, ou
contre ceux qui sont profondément attachés à un
enjeu comme les changements climatiques, le
pipeline Trans Mountain et les droits des
autochtones.
Les juges peuvent
présenter l'état de droit et l'ordre démocratique
comme des abstractions auxquelles il faut obéir,
mais en fait, tels qu'ils sont constitués
aujourd'hui, ils ne sont pas des abstractions,
mais des méthodes concrètes pour nier au peuple
son droit de décider sur des questions qui
affectent sa vie et de le priver de ses droits, y
compris le droit fondamental d'être.
Les paroles abstraites de l'élite dirigeante, qui
appellent le peuple à obéir à l'état de droit et à
l'ordre démocratique dissimulent des attaques très
réelles contre les droits de tous. L'état de droit
et l'ordre démocratique en tant qu'abstractions
venant de la bouche de l'élite ne produisent pas
et ne peuvent pas produire un moyen de subsistance
ou un domicile, mais ils reflètent de réels
pouvoirs de police pour attaquer le peuple. Les
abstractions ne résolvent pas les problèmes entre
les employés et les employeurs ou d'autres enjeux
liés aux droits humains. Cependant, l'état de
droit et l'ordre démocratique tels qu'ils sont
actuellement constitués interfèrent de manière
réelle pour le compte des riches et des puissants
en opposition au peuple.
Lorsque les juges lancent des abstractions
combinées à de réelles attaques contre des
personnes confrontées à de réelles difficultés, ou
contre ceux qui défendent les droits autochtones,
ou contre des activistes qui traitent des enjeux
tels que les pipelines ou l'itinérance, ou contre
des travailleurs en grève, alors ceux qui
détiennent des postes de pouvoir se révèlent comme
des apologistes d'un État qui refuse de
s'acquitter de ses responsabilités sociales envers
le peuple. Cet État a pour base économique un
objectif fondamental de payer les riches et n'a
aucune intention de trouver des solutions aux
innombrables problèmes auxquels l'économie, le
peuple et la société sont confrontés.
L'état de droit et l'ordre démocratique présentés
comme des abstractions par les riches et leurs
représentants politiques et juridiques sont de
véritables attaques contre le peuple. Ils sont
aussi un obstacle à la résolution des problèmes,
un blocage aux efforts pour forcer l'État à
assumer ses responsabilités sociales et pour que
le peuple trouve et mette en oeuvre une nouvelle
direction de l'économie qui arrête de payer les
riches et met fin à la pauvreté et au chômage.
(Photos : LML, Strathcona
Residents Assn., B.S. Waters)
Village de tentes au parc Strathcona
Les itinérants chassés des terres fédérales près
du parc Crab, dont certains ont été accusés
d'outrage au tribunal pour avoir défié une
injonction, ont déménagé au parc Strathcona où ils
ont installé un grand village de tentes qui
continue de croître. L'injonction et l'action de
la police à leur encontre n'ont pas résolu le
problème de leur pauvreté et de leur itinérance.
Ils n'ont toujours pas de moyens de subsistance et
beaucoup n'ont toujours pas d'aide pour les
problèmes mentaux et physiques dont ils souffrent.
Au grand honneur des résidents de Strathcona, ils
n'ont pas attaqué ceux qui ont occupé leur beau
parc, mais ont pointé du doigt l'État qui refuse
de s'attaquer au vrai problème de la pauvreté et
de l'itinérance et refuse de mettre de l'avant de
vraies solutions. Plusieurs ont exprimé leur
demande d'un logement pour tous et d'une nouvelle
direction à l'économie, qui élimine la pauvreté et
la mort civile, et ils le font de manière
organisée.
Les résidents de Strathcona ont une longue
histoire de défense militante de leurs droits et
de leur quartier contre les attaques
impérialistes. Dans les années 1960
et 1970, l'Association des propriétaires et
locataires de Strathcona (SPOTA) a contesté les
plans de réaménagement de la ville pour défendre
la communauté. En 1971, les mères de la rue
Raymur ont organisé un blocus des voies ferrées
pour gagner leur demande d'un viaduc piétonnier
afin que les enfants puissent traverser les voies
en toute sécurité pour se rendre à l'école. La
communauté s'est également organisée pour empêcher
la construction proposée d'une autoroute qui
aurait traversé leur communauté, détruisant leurs
maisons.
Face à l'occupation de leur parc par des
personnes vivant dans des tentes et dans les
conditions insalubres inévitables en raison du
manque d'infrastructures et d'équipements
adéquats, ils sont restés calmes et se sont
organisés pour faire entendre leur voix et leurs
demandes pour des solutions réelles par le biais
de publications et des formes diverses de
résistance.
Strathcona est pour un logement sécuritaire
pour tous
Sur son site Web
safehomesforall.com, le Mouvement du quartier
Strathcona écrit :
« Nous sommes les résidents de Strathcona sur des
terres autochtones non cédées. Nous sommes une
communauté diversifiée et inclusive de personnes
qui vivent dans des propriétés privées, des
logements loués, des résidences de soins, des
coopératives d'habitation, des logements sociaux,
des véhicules récréatifs et des tentes. Nous
prenons soin de notre quartier et nous veillons
les uns sur les autres. Au cours des derniers
mois, des centaines de nos voisins sans logement
ont été déplacés à plusieurs reprises dans des
espaces de parc non sécuritaires sans aucune forme
de soutien. Notre communauté a également connu une
augmentation constante de la criminalité
personnelle, des crimes contre des biens et
propriétés et des dangers à la santé publique.
Nous attribuons ces problèmes à l'inaction et à la
négligence des gouvernements face à la crise
urgente de santé publique et de la crise du
logement. Notre petit quartier est touché de
manière disproportionnée par ces crises, et nous
voyons nos élus faire peu pour nous aider. En tant
que nouvelle génération d'activistes
communautaires de Strathcona, nous n'accepterons
pas davantage de discrimination et de négligence.
Nous nous tenons coude à coude avec SPOTA et les
mères de rue Raymur pour demander à nos
gouvernements de prendre des mesures immédiates
pour assurer notre santé et notre sécurité
collectives.
« Nous sommes pour un logement sécuritaire pour
tous. »
Ils appellent tous à:
1. Signer, appuyer et/ou partager la pétition en
ligne de résistance à l'impôt foncier pour les
propriétaires de Strathcona : bit.ly/DeclareStrathResistance
et pour locataires et résidents de Strathcona qui
ne possèdent pas de propriété : bit.ly/SupportStrathResistance.
Pour tous les autres, dont les personnes qui ne
vivent pas ici, visitez change.org/safestrathcona.
2. Écrire régulièrement des courriels (envoyez-en
un tous les jours ou tous les quelques jours) à un
ou à tous les politiciens qui sont sur leur liste,
leur demandant d'assumer leurs responsabilités et
d'agir immédiatement pour faire face à la crise
urgente de santé publique et à la crise de
logement à Strathcona.
3. Manifester avec eux lors de la première
manifestation de quartier. Les détails seront
envoyés à ceux qui leur enverront leur adresse
courriel ou leur numéro de téléphone.
4. Faire des pancartes pour les manifestations de
quartier. Des pancartes faites maison,
suffisamment grandes et en évidence pour être
visibles à la télévision sont nécessaires.
Campagne de résistance à l'impôt foncier
« Notre communauté de Strathcona est dynamique,
inclusive et compatissante. Nous tirons notre
force et notre résilience de la diversité de nos
voisins, qui comprennent des autochtones, des
Canadiens d'origine chinoise multigénérationnels,
des nouveaux Canadiens, de jeunes familles, des
retraités, des artistes, des activistes et, plus
récemment, des résidents sans logement du Camp
K-T. Nous nous soucions les uns des autres et nous
partageons un vif intérêt pour la santé et la
sécurité communautaires.
« Ces dernières années, notre résilience a été
mise à l'épreuve par une augmentation constante de
crimes contre la personne, des crimes contre des
biens et propriétés et de l'exposition du public
aux déchets humains et biologiques dangereux. Ces
problèmes se sont considérablement aggravés au
cours des dernières semaines, au point que bon
nombre de nos voisins les plus vulnérables –
dont les enfants et les aînés à faible
revenu – se sentent trop en
danger pour utiliser l'un des deux seuls parcs du
quartier à leur disposition.
« Plus que jamais, nous craignons pour notre
santé et notre sécurité collectives. Nous
reconnaissons que notre situation résulte de
l'inaction des gouvernements face à des crises
évidentes de santé publique et de logement. Nous
avons été abandonnés par nos élus.
« PAR CONSÉQUENT, nous, les propriétaires de
Strathcona soussignés, déclarons notre intention
de retenir les paiements d'impôt foncier à la
ville de Vancouver – par
voie de report, d'appel d'évaluation ou de tout
autre moyen légal –
jusqu'à ce que nos gouvernements municipal,
provincial et fédéral agissent ensemble ou
individuellement.... »
Pour lire au complet la déclaration de résistance
à l'impôt foncier des propriétaires de Strathcona
qui demandent une sécurité communautaire, cliquez
ici.
(Photos : digitalmonkblog)
La revendication d'un programme de
régularisation complet
pour les travailleurs migrants et les réfugiés
- Diane Johnston -
Dans le cadre de la quatrième Journée
pancanadienne du statut pour tous et toutes,
Solidarité sans frontières a organisé, le
dimanche 20 septembre, un rassemblement
devant les bureaux montréalais du premier ministre
du Québec François Legault sur l'avenue McGill
College. Environ 200 personnes ont participé
à l'événement, parmi lesquelles de nombreux
jeunes, des demandeurs d'asile refusés et des
travailleurs sans-papiers.
L'action a débuté par l'intervention d'un
organisateur qui a dit que les travailleurs
migrants et leurs alliés refusent toute forme de
division et que Solidarité sans frontières
continuera d'être là pour ceux et celles qui
luttent pour la justice pour tous et toutes. Il a
ensuite évoqué un article récent de La Presse
qui révélait que pendant la pandémie, de nombreux
travailleurs sans-papiers avaient été embauchés
par des agences de placement et payés en espèces
sous la table pour travailler dans plusieurs
centres d'hébergement de soins de longue durée
(CHSLD) du Québec. « Personne ne peut me faire
croire que le gouvernement n'est pas au courant
que des gens sont traités comme des esclaves, non
seulement dans les CHSLD, mais partout ici au
Canada. C'est inacceptable et les Canadiens sont
d'accord que ces travailleurs ne méritent pas
ça. » Il a continué en disant que plusieurs
États « refusent de reconnaître les droits des
immigrants ». Il a dit que plusieurs
personnes « fuient leur pays pour sauver leur vie
ou simplement parce qu'ils veulent une vie
meilleure ». Il a ajouté que « le Canada a
les ressources pour les recevoir ». Selon
lui, un autre enjeu important est le fait que «
nos gouvernements ne travaillent pas pour nous.
Ils travaillent pour les multinationales ».
Viviana Medina, du
Centre des travailleurs migrants, a informé les
participants que Lourdes, une travailleuse
sans-papiers qui a vécu à Montréal pendant 11
ans est morte il y a quelques jours dans son pays
d'origine, le Mexique. Lorsqu'elle vivait à
Montréal, Lourdes était payée entre 5 $
et 10 $ de l'heure, travaillant souvent
de 13 à 16 heures par jour. Elle a subi
deux accidents de travail et trois chirurgies au
Canada sans avoir droit à une indemnisation ou à
des soins de santé. Elle a dû retourner au Mexique
à cause de dettes et de problèmes de santé. Une
minute de silence a été observée à la mémoire de
Lourdes et de tous les travailleurs migrants qui
ont perdu la vie.
Les participants ont aussi appris que bien que
les expulsions ont cessé en raison de la COVID-19,
sauf pour ceux qui ont un dossier criminel, un
demandeur d'asile dont la demande a été refusée et
qui n'a pas de dossier criminel, Mamadou Konate, a
été informé qu'il sera bientôt expulsé. Originaire
de la Côte d'Ivoire, il est détenu depuis le 16
septembre au Centres de surveillance de
l'immigration de Laval, après s'être présenté
volontairement à Immigration Canada en présence de
son avocat. Il voulait que le gouvernement
suspende son expulsion imminente pour des motifs
humanitaires, une requête qui avait été rejetée
précédemment.
Un des amis de Mamadou a dit au
rassemblement : « Nous sommes informés
maintenant que les déportations ont repris, mais
que Mamadou n'a pas encore reçu une date. »
Il a ensuite informé les participants qu'une
action allait être organisée devant les bureaux du
gouvernement fédéral à Montréal au Complexe
Guy-Favreau le mercredi 23 septembre
à 10 h.
Mostafa Henaway du
Centre des travailleurs immigrants a alors pris la
parole. Parlant de l'article de La Presse, il
a dit qu'on a appris « qu'une écrasante majorité
de ceux qui ont été engagés pour faire de
l'entretien ménager dans les CHSLD étaient des
travailleurs sans-papiers au statut précaire. Le
gouvernement Legault s'est dit choqué, se
demandant 'comment une telle chose est
possible' ». Mostafa a dénoncé l'hypocrisie
du gouvernement à propos du fait que le système de
santé du Québec et son économie sont tenus à bout
de bras par ceux qui n'ont pas de statut
permanent, qui sont sans-papiers, ou dont les
demandes d'asile sont refusées. « La plupart des
travailleurs d'entretien ménager ont été engagés
par le biais d'un sous-traitant », a-t-il
dit. « D'un côté il y a GDI (GDI Integrated
Facility Services), et ceux qui ont un statut
permanent qui vont être engagés directement par
cette entreprise multinationale et auront des
avantages sociaux, un salaire décent, des heures
régulières, et seront appelés des 'anges gardiens'
ou des 'héros'. De l'autre, pour ceux qui sont
sans-papiers et font le même travail pour un
sous-traitant qui engage une agence de placement
temporaire, et parce que chacun doit toucher un
profit, ces travailleurs vont
obtenir 10 $ ou 11 $ de
l'heure, moins que le salaire minimum, et faire
face à une peur continuelle non seulement d'être
déportés, mais de perdre la vie pendant la
pandémie. »
Mostafa a ensuite dénoncé le gouvernement pour sa
soi-disant volonté de régler la situation. « Son
programme de régularisation est extrêmement
insultant pour ces travailleurs d'entretien
ménager qui ne sont pas compris dans le programme
et qui ne bénéficieront pas de traitement et de
droits égaux. Pour ce qui est de toutes les autres
personnes sans statut, c'est une insulte encore
plus grande et un exemple du degré de racisme qui
existe dans la société. En fait, il y a deux
mondes – pas les deux mondes
dont parle Legault quand il compare ce qui s'est
passé dans les centres de soins de longue durée au
reste de la société –
mais les deux mondes de ceux qui sont sans statut
versus ceux qui ont un statut. Ceux qui n'en ont
pas peuvent continuer de cultiver et de livrer nos
aliments, de soigner nos aînés, de faire tout le
travail sans être payés et en faisant face à
l'expulsion. Ou encore, d'autres se laisseront
abattre par la situation, le stress, l'anxiété,
par la façon dont le système vous brise, non
seulement émotionnellement, mais physiquement,
année après année, en vous traitant de façon
inhumaine, comme si vous n'existiez pas. La seule
reconnaissance que nous avons vient de nos actions
et de vous tous ici présents, » a-t-il
souligné.
« Le fait que des gens doivent mourir, doivent
faire des grèves de la faim, doivent participer à
des événements comme celui-ci est une insulte, car
ils ne demandent rien de moins, rien de plus que
le commun des mortels », a-t-il conclu.
Un autre orateur a
rappelé comment le premier ministre Justin Trudeau
« s'est agenouillé il y a quelques mois lors d'une
prise de photos, pour ensuite se lever et détenir
et expulser des personnes, proposer un programme
de régularisation qui n'est rien de plus que de la
poudre aux yeux et qui ne tient pas compte des
centaines et des milliers de personnes qui vivent
dans ce pays. Ce sont nos familles, nos amis, nos
voisins, nos collègues, des personnes qui prennent
soin de nos proches... Nous devons continuer à
lutter pour la justice, la dignité, le droit à
l'humanité, le statut pour tous. Personne n'est
illégal ! Justice pour les migrants !
Statut pour tous ! »
Mohamed Barry, cofondateur du Comité guinéen pour
un statut et un membre de Solidarité sans
frontières, s'est ensuite adressé à la foule. « Il
y a de nombreux Guinéens ici au Canada,
particulièrement à Montréal, a-t-il dit. Ces
gens-là sont intégrés ici, ils travaillent très
bien, ils n'ont pas de barrière de langue. Il y en
a qui étudient... Mais malheureusement, malgré
tous leurs efforts, tout ce qu'ils font pour
s'intégrer, il ya plusieurs centaines de personnes
qui font face à des déportations. Après cette
pandémie, plusieurs d'entre elles seront
déportées. »
Décrivant la Guinée comme un pays dirigé par des
criminels, Mohamed a poursuivi en expliquant que
le gouvernement actuel est responsable du meurtre
de 45 personnes, « des adolescents et des
jeunes de 20 ans. Des femmes ont été
arrêtées, des personnes âgées battues, des maisons
démolies. » Il a ensuite dit qu'en 2015,
le Canada avait conclu un accord avec la Guinée. «
L'accord commence par la déclaration que les deux
pays doivent respecter les droits humains. Les
droits des Canadiens sont respectés en Guinée
parce que tous les expatriés canadiens [...] sont
très bien payés et souvent logés par le
gouvernement guinéen. Cependant, ici au Canada,
les Guinéens sont emprisonnés, rejetés,
travaillent dans des usines et des entrepôts [...]
en violation de l'accord.
« Le Canada est intéressé par la Guinée en raison
de ses ressources », a-t-il souligné,
rappelant que SNC-Lavalin, Rio Tinto et d'autres
sociétés minières opèrent dans le pays depuis plus
de 20 ans et l'exploitent. « La Guinée,
a-t-il dit, est le deuxième exportateur mondial de
bauxite. »
Mohamed a également fait remarquer que les
Québécois se sont montrés très hospitaliers envers
lui-même et ses compatriotes. Il a rappelé que de
nombreux Québécois viennent aux manifestations et
aux conférences de presse. D'autre part, il a
continué, « même si les gouvernements affirment
qu'ils ne sont pas intolérants et que les réfugiés
ont une place ici, ce n'est pas la réalité ».
Il a ajouté que pendant la pandémie, des Guinéens,
entre autres, « ont été emprisonnés ». Il a
ajouté que même si l'Autorité de la santé publique
avait recommandé des mesures de distanciation
sociale, « à plusieurs reprises au Centre de
détention de Laval, cela n'a pas été respecté. Ils
sont placés dans des fourgonnettes sans fenêtres,
pour le transport. Ils sont débarqués menottes aux
mains et chaînes aux pieds, pour les humilier. Et
pourtant le Canada est signataire de plusieurs
conventions internationales sur les droits
humains. Malheureusement, le Canada ne respecte
pas les droits humains, particulièrement en ce qui
concerne les demandeurs d'asile, car ils sont
criminalisés. Il refuse de prendre en
considération nos cinq, 10 ou 15 années
passées à s'intégrer et les efforts considérables
que nous y avons mis. Il nous donne deux semaines
avant d'être expulsés par l'Agence des services
frontaliers du Canada, quels que soient les motifs
humanitaires que nous pouvons avoir. Nous sommes
tous essentiels, nous devons tous pouvoir vivre
dans la dignité et sans la peur, vivre comme tout
le monde. »
Les participants ont ensuite marché vers les
bureaux du gouvernement fédéral au Complexe
Guy-Favreau. En route, Clément Sageste de
l'organisation le Québec c'est nous a
renchéri : « Le gouvernement doit respecter
la dignité des êtres humains, que ce soient les
étudiants, les travailleurs, les réfugiés ou les
personnes sans-papiers. La réponse c'est que tout
le monde au Québec et au Canada mérite un statut.
On ne devrait même pas avoir à poser la
question. »
Au Complexe Guy-Favreau, Frantz André du Comité
d'action des personnes sans statut (CAPSS) a
rappelé comment les États-Unis, la France et le
Canada mènent une guerre contre son pays
d'origine, Haïti. « Nous venons chercher ici ce
qui nous revient de droit », a-t-il affirmé,
soulignant que de nombreux pays dits riches
rendent la vie intenable pour les migrants dans
leur pays d'origine, les forçant à fuir.
(Photos : LML)
Une deuxième phase de la pandémie
de la COVID
- Steve Rutchinski -
Depuis la réouverture de l'économie et le retour
aux classes partout au Canada, tout indique
l'imminence d'une deuxième vague potentiellement
explosive d'infections de la COVID-19. Le danger
de submerger le système de santé publique semble
être ce qui préoccupe le plus les représentants
officiels, et non le fait que la reprise des
activités a été lancée sans les précautions
voulues pour assurer la sécurité et le bien-être
des gens qui retournent au travail ou à l'école.
Les travailleurs de la santé du Québec
affirment que ce sont elles la solution
aux problèmes dans la santé.
|
Des centaines de millions de dollars ont été
donnés à des intérêts privés par l'État canadien
pour le développement d'un vaccin. D'autres pays
avec des ressources bien moindres, comme Cuba et
le Vietnam, ont eu de bien meilleurs résultats
parce qu'ils ont une approche axée sur l'humain et
non sur le capital.
Ici par exemple, les initiatives des travailleurs
de la santé de première ligne pour assurer le
fonctionnement sécuritaire des centres de soins de
longue durée et des soins à domicile, ou celles
des enseignants, des travailleurs de l'éducation,
des parents et des étudiants pour le
fonctionnement sécuritaire des écoles dans le
contexte actuel sont ignorées et bloquées. En
Ontario par exemple, le gouvernement n'a mis en
place aucune mesure adéquate de distanciation
suffisante dans les salles de classe. Les
propositions faites par les enseignants, les
parents et les étudiants sont perçues comme un
problème et non comme une force colossale
permettant d'établir des normes et des standards
pour le fonctionnement sécuritaire des écoles et
de la société dans son ensemble dans le contexte
actuel de la pandémie.
De plus en plus, une deuxième vague semble
imminente. Santé Canada rapporte 1 766
nouveaux cas en date du 21 septembre.
L'administratrice en chef de l'agence de la santé
publique du Canada, Theresa Tam, a dit que « si le
taux actuel d'infections se maintient, on s'attend
à une recrudescence de l'épidémie ». De
ces 1 700 cas, 586 étaient au
Québec, 425 en Ontario, 366 en
Colombie-Britannique et 358 en Alberta. Nous
n'avons pas vu de tels chiffres depuis le mois de
mai et dans la majorité des cas en Ontario, par
exemple, 67 % des gens font partie de la
population active, et ont moins de quarante ans.
Les écoles partout au Canada ont repris et il y a
une corrélation directe avec la propagation de la
COVID-19, l'année scolaire ne fait que commencer,
il est donc trop tôt pour en évaluer tout
l'impact. En Ontario, 118 écoles publiques
ont rapporté 138 nouveaux cas le 22
septembre. La Ville d'Ottawa à elle seule a
rapporté 40 nouveaux cas dans 23 de
ses 28 écoles publiques qui ont rapporté des
cas (29 étudiants, sept membres du personnel et
quatre personnes non spécifiées). Depuis le début
de l'année scolaire, Ottawa a un total cumulatif
de 193 cas d'infection d'étudiants et de sept cas
de membres du personnel. Les écoles de Toronto ont
rapporté 13 nouveaux cas le 22 septembre
(quatre étudiants et neuf membres du personnel)
alors que les écoles publiques de Toronto n'ont
pas encore toutes recommencé en raison d'une
rentrée progressive cette année.
Le Québec a signalé
507 cas confirmés dans 272 écoles publiques et
privées, primaires et secondaires. L'école
primaire Sans-Frontière de Québec a été fermée le
22 septembre en raison d'une éclosion de 20 cas
confirmés d'élèves et de cinq membres du
personnel. C'est la deuxième école au Québec à
être fermée en raison d'une éclosion. La
Colombie-Britannique ne rapporte pas encore le
nombre total de cas et le nombre d'écoles avec des
cas de COVID-19. L'organisation Support Our
Students en Alberta a signalé qu'au 25 septembre,
142 écoles (118 au cours des deux semaines
précédentes) avaient des cas de COVID-19, 33 des
éclosions (2 à 4 élèves et/ou membres du
personnel) et cinq écoles étaient en «
surveillance » avec cinq ou plusieurs cas. Le
médecin-chef de l'Alberta a signalé des alertes
actives ou des éclosions dans 97 écoles avec 163
cas actifs au total au 24 septembre.
La leçon la plus précieuse tirée de notre
expérience de la première vague de COVID-19 est
qu'alors que le Canada bascule dans une deuxième
vague, le plus important pour apporter des
solutions est la mobilisation du facteur humain.
C'est là le facteur clé.
(Photos : FIQ, YouSeePee-YYC)
Le rapport de la «Mission
d'établissement des faits » de l'ONU au
Venezuela
- Pedro Santander -
Un énième rapport d'une organisation
internationale qui s'en prend au Venezuela a été
publié. Et comme on le voit fréquemment dans le
monde du spectacle, ceux qui l'attendaient avaient
déjà formé leur choeur de lamentations,
s'arrachant les cheveux et se prenant la tête dans
les mains pour épater la galerie.
Il leur importe peu que ceux qui pleurent devant
le monde entier, émus par la souffrance du peuple
vénézuélien, soient ceux-là mêmes qui ne se
conforment à aucune des obligations qu'ils
imposent au Venezuela, ou qui ferment les yeux
lorsqu'il s'agit d'autres pays et d'autres
peuples.
Le droit international a été traîné dans la boue
ces dernières années par ceux qui attaquent le
Venezuela. Des blocus et des sanctions
unilatéraux, des provocations militaires en
permanence, des attaques contre des ambassades,
l'interception de navires transportant des
médicaments, la liste est longue. On dit que ce
sont des « sanctions contre une dictature de
narcotrafiquants » –
c'est ce que prétendent les chefs d'État de ces
mêmes pays qui produisent et consomment le plus de
drogue sur la planète.
Toute la tradition de diplomatie occidentale est
jetée aux poubelles lorsqu'il est question du
Venezuela. Nous avons vu des présidents étrangers
se rendre sur les frontières de ce pays pour y
inciter la guerre et légitimer la violation de
l'intégrité territoriale. Les pays alliés des
États-Unis ont suspendu les lettres de créance du
personnel diplomatique vénézuélien et interdit que
celui-ci circule sur les voies publiques. Les
États-Unis, comme au temps de Far Ouest, ont mis
la tête du président vénézuélien à prix ainsi que
celle de son entourage.
Tout l'ordre financier international a été mis à
contribution pour « faire crier l'économie
vénézuélienne ». La Banque centrale de ce
pays a été la cible de sanctions (une mesure qui
est unique au monde), son or a été saisi en
Angleterre, ses raffineries confisquées aux
États-Unis (Citgo) et les pays en développement
qui refusent de rembourser leur dette envers les
sociétés d'État vénézuéliennes sont encensés.
Les mêmes individus qui réclament plus de
démocratie au Venezuela restent muets au sujet du
récent coup d'État en Bolivie. Ce sont les mêmes
qui, comme le Chilien Francis Cox, auteur du
rapport de l'ONU, réclament des droits humains au
Venezuela, alors qu'en visite récemment au Chili
il affirmait qu'il n'avait pu déterminer « s'il y
avait eu des attaques contre la population civile
en tant que politique de l'État » et qu'il ne
croit pas « que le président (Pinera) doive
assumer de responsabilité en vertu du droit
international ». C'est ce qu'il dit d'un pays
qui, en réponse au soulèvement social
d'octobre 2019, a incarcéré plus
de 1 500 jeunes, totalement militarisé
le territoire et est l'auteur du sombre exploit
d'avoir crevé les yeux de près de 500
personnes en à peine quatre mois, du jamais vu,
même en Palestine.
Ces deux poids, deux mesures, cette hypocrisie
mondiale, ce cynisme sont possibles, en grande
partie, parce que les grands médias de ce monde
restent muets lorsqu'il s'agit de l'un, et crie au
scandale lorsqu'il s'agit de l'autre. Des milliers
de journalistes, dont plusieurs se prétendent
progressistes, se laissent prendre à ce jeu où le
Venezuela est constamment critiqué.
Ces journalistes –
ceux de mon pays le Chili, par exemple –,
prenant un air de tristesse, semblent bien émus et
affligés par les violations des droits humains au
Venezuela, mais n'ont rien à dire du récent coup
et des massacres perpétrés en Bolivie (un pays
voisin). Ils déblatèrent contre le « régime
corrompu de Maduro », mais ne disent mot au
sujet du Pérou (un autre pays voisin) dont les six
(!) derniers présidents ont été mêlés à des
histoires de corruption, menant à des peines
d'emprisonnement, des suicides et des démissions.
Voilà pourquoi c'est un débat où les arguments et
les contre-arguments n'ont aucun sens. Il ne
s'agit pas ici d'un débat démocratique, la
discussion n'a rien de rationnel. Rien ne permet
de découvrir les pour et les contre qui pourraient
éclairer certaines positions.
En bref, ce n'est pas un débat, c'est une
attaque.
C'est une attaque qui est passée d'une
préoccupation à une obsession, et maintenant nous
en sommes à l'excès. Et devant ces attaques, en
particulier dans leurs phases aigües comme celle
que nous voyons aujourd'hui, nous ne pouvons
qu'affirmer nos principes et prendre position.
Parce que pour Trump, Pinera, Bolsonaro, Aznar,
Duque et Santos, c'est de cela qu'il s'agit :
renverser et détruire les positions de ceux qui,
comme des millions de Vénézuéliens, croyaient
qu'ils avaient le droit de penser et de proposer
une société non capitaliste et de parler, une fois
de plus, de socialisme.
C'est une attaque féroce, permanente, douloureuse
et incertaine, mais n'oublions pas, c'est une
attaque des élites mondiales. Le peuple, lui, mène
une autre bataille, sur son territoire et dans ses
communautés. C'est une bataille qui est pénible,
éprouvante et remplie d'incertitudes, mais dont
l'issue pourrait être, pour nous, un commencement.
- Luis Beaton -
Selon des allégations provenant de Caracas et
d'analystes internationaux fiables, le président
Donald Trump semble prêt à déclencher une «
surprise d'octobre », faisant du Venezuela la
cible de ses machinations bellicistes dans le but
de rehausser ses chances d'être réélu en novembre.
C'est un secret de polichinelle qu'il aura
recours à un quelconque acte désespéré pour
inciter les Américains à se rallier au président,
une tradition, semble-t-il, pour les dirigeants
qui tentent d'être réélus et qui savent que leur
heure a sonné.
Une attaque militaire parrainée par le Pentagone
contre le Venezuela pourrait avoir lieu avant
l'élection du 3 novembre, allègue le
journaliste Angel Guerra dans une analyse publiée
dans le journal mexicain La Jornada.
La Colombie fait visiblement partie des
préparatifs, étant l'hôte de sept bases militaires
américaines qui seraient le fer de lance d'une
attaque contre le pays avoisinant et d'autres
États de la région, bien que les menaces de guerre
s'intensifient aussi au Brésil et dans d'autres
pays.
Samuel Moncada, l'ambassadeur du Venezuela aux
Nations unies, a vigoureusement dénoncé ces
préparatifs et souligné que la machine de
propagande de Washington promeut déjà une force
d'invasion multinationale contre son pays, ce qui
serait l'équivalent d'une occupation militaire,
mais sans la présence du Pentagone aux premières
lignes.
Ce sont les armées de la Colombie et de
l'Amérique centrale qui feront le sale boulot, a
dit Moncada dans un autre gazouillis, mettant en
garde contre une intensification de l'agression
contre son pays, agression qui est déjà en marche,
alors que la campagne de pression maximale passe
rapidement à l'étape militaire.
« Ils cherchent l''effet-surprise
d'octobre », a-t-il gazouillé, se référant à
un article du site Web du journal conservateur le
Washington Examiner, où le chef du
Commandement Sud des États-Unis, l'amiral Craig
Faller, et Phil Gunson du Groupe de crise
internationale ont laissé planer l'éventualité
d'une invasion.
Avec cet objectif en tête, les représentants de
la Maison-Blanche voyagent régulièrement dans la
région en quête d'appui et d'hommes de main. Dans
ce contexte, une réunion qui n'est pas passée
inaperçue est celle qui a eu lieu entre le
président Ivan Duque, Faller, le conseiller
américain en Sécurité nationale Robert O'Brien, et
son adjoint responsable de l'Amérique latine, le
Cubain-Américain Mauricio Claver-Carone, nommé à
la tête de la Banque de développement
interaméricain, ainsi que l'ambassadeur des
États-Unis [en Colombie], Philip Goldberg.
De toute évidence, la « situation au
Venezuela » était le principal point à
l'ordre du jour, mais d'autres y ont été rajoutés
tels le narcotrafic et l'immigration, qui ont tous
servi à « justifier » la guerre contre le
Venezuela.
En plus, il y a la haine qui anime le sénateur
cubano-américain Marco Rubio, qui est actif à
promouvoir la campagne de Trump visant à
convaincre le président d'envahir le Venezuela
afin de s'assurer les 29 votes électoraux de
la Floride.
Sergio Rodriguez Gelfenstein, un universitaire et
analyste vénézuélien, considère qu'il est plus
évident que jamais que la politique étrangère de
Washington ne peut être réalisée par des voies
diplomatiques basées sur la négociation et le
dialogue, mais uniquement par la soumission, la
force, les menaces et le chantage.
L'échec sur le plan politique de la stratégie du
département d'État américain pour le Venezuela est
incontestable.
Ces récentes semaines, le pardon octroyé aux
personnalités de l'opposition et d'autres gestes
politiques du président Nicolas Maduro ont
court-circuité les arguments soutenant des plans
agressifs, bien que la menace existe toujours et
devient de plus en plus présente alors que les
représentants de Washington se promènent partout
en Amérique latine en quête d'appuis.
Dans ce contexte, le secrétaire d'État américain
Mike Pompeo a visité la ville brésilienne de Boa
Vista, à la frontière du Venezuela, où il a mené
une action hostile contre le gouvernement
constitutionnel de Maduro, tel que rapporté sur le
site Web Brasil 247.
Avec la complicité du gouvernement de Jair
Bolsonaro, l'ancien directeur de la CIA a tenté de
peaufiner les plans d'agression préparés de longue
date sous forme de soi-disant « aide
humanitaire » à partir de la frontière
brésilienne, auxquels plusieurs forces armées de
la région et même des troupes de l'OTAN ont
participé.
La présence du secrétaire d'État à la frontière
entre le Brésil et le Venezuela vise à escalader
l'agression, selon diverses forces sociales
brésiliennes, qui perçoivent cette action comme
tout autre incident médiatique visant à promouvoir
les intérêts électoraux du Parti républicain à la
veille des élections aux États-Unis.
Pompeo a aussi visité d'autres pays, dont le
Suriname, la Guyane et la Colombie, cette dernière
étant, tout comme le Brésil, un allié de la
Maison-Blanche dans son hostilité envers le
Venezuela.
Il est aussi important de noter que le Honduras a
récemment autorisé 60 soldats portoricains à
entrer au pays pour grossir les rangs des
opérations de sécurité du Commandement Sud des
États-Unis, ce qui peut facilement viser le
Venezuela, puisque ce pays de l'Amérique centrale
est considéré comme le « porte-avion » idéal
pour les missions américaines en Amérique du Sud.
Tandis que les Vénézuéliens sont prêts à répondre
à toute agression, theamericanconservative.com
(TAC) fait valoir que Washington devrait
abandonner sa politique menant à l'impasse au
Venezuela, ce qui, finalement, ne sert pas ses
intérêts.
Dans une analyse du rédacteur en chef de TAC,
Daniel Larson, celui-ci souligne que la politique
de la Maison-Blanche est à la croisée de chemins.
Deux voies s'ouvrent aux dirigeants à
Washington : ils peuvent continuer sur la
voie de la « pression maximale » et du
recours aux armes, ou ils peuvent prendre la voie
du pragmatisme en faveur de négociations plus
flexibles pour en arriver à une transition
démocratique par les urnes, tel que proposé par
les autorités de Caracas.
De toute évidence, les secteurs conservateurs
dans les cercles de Trump vont continuer à miser
sur la pression maximale et une éventuelle
intervention militaire, où une bande de pays
serviles appuieront la stratégie américaine.
Il est à espérer que ce ne sera pas l'option
choisie, à un moment où les Vénézuéliens sont
prêts et armés pour entreprendre une guerre de
longue haleine.
- Mision Verdad -
La publication récente d'un rapport publié par la
Mission indépendante pour déterminer les faits au
Venezuela du Conseil des droits de l'homme des
Nations unies (ONU) a été largement amplifiée,
dans le spectre médiatique et dans l'opinion
internationale, en raison de ses remarques sur la
situation des droits de l'homme au Venezuela.
Ce rapport traite, avec une grande spécificité,
des exécutions extrajudiciaires, des disparitions
forcées, des détentions arbitraires, de la torture
« et autres traitements cruels, inhumains ou
dégradants commis depuis 2014 ».
La Mission a été approuvée par la
résolution 42/25 du 27
septembre 2019, votée par le Conseil des
droits de l'homme de l'ONU, et rejetée par le
ministère vénézuélien des Affaires étrangères en
décembre 2019.
Les pays qui ont voté pour la résolution
sont : l'Argentine, l'Australie, l'Autriche,
les Bahamas, le Brésil, la Bulgarie, la République
tchèque, le Chili, la Croatie, le Danemark, la
Slovaquie, l'Espagne, la Hongrie, l'Irlande du
Nord, l'Islande, l'Italie, le Japon, le Pérou, le
Royaume-Uni et l'Ukraine.
La résolution qui a donné naissance à cette
commission a été rejetée par le Venezuela à
l'époque et aujourd'hui elle bafoue les
instruments de collaboration que le Venezuela a
ratifiés avec le Haut-Commissariat aux droits de
l'homme, dirigé par Michelle Bachelet, qui a un
bureau dans le pays et qui a présenté à ce jour
deux rapports clairement différents de celui
publié maintenant.
Le Venezuela travaille en coordination avec le
Haut-Commissariat dans le cadre de la lettre
d'entente signée en septembre 2019,
conformément aux dispositions de la résolution
A/HRC/42/4 adoptée par le Conseil des droits de
l'homme à sa 42e session.
Il est important de souligner que, malgré les
bons offices et les auspices du Haut-Commissariat
et du gouvernement vénézuélien, l'existence de
cette commission parallèle et non ratifiée par le
Venezuela illustre les contradictions de
l'échafaudage institutionnel du système des
Nations unies. Ces contradictions détachent les
efforts du bureau du Haut-Commissaire de ceux que
les pays mènent seuls, même s'ils font partie du
Conseil des droits de l'homme.
Ce mécanisme inconnu du Venezuela aurait été
articulé par un groupe de pays qui, en 2019,
était pleinement aligné sur la stratégie
américaine de construction d'un faux dossier
contre le Venezuela, dans le cadre d'un programme
ouvert visant à destituer et à construire un
gouvernement et une diplomatie « parallèles »
qui, à cette époque et jusqu'à aujourd'hui, a
tenté d'isoler les institutions légitimes du pays.
Le rapport issu de cette commission parallèle et,
répétons-le, non ratifié par le Venezuela, trouve
son origine dans les efforts du gouvernement des
États-Unis, mais aussi dans ceux de l'Organisation
des États américains (OEA) et du Groupe de Lima,
organisations qui ont joué un rôle clé dans la
criminalisation des institutions vénézuéliennes et
du gouvernement bolivarien.
L'équipe de recherche et d'analyse de Mision
Verdad a procédé à un examen détaillé de ce
rapport et décrit ci-dessous ses incohérences les
plus marquantes.
L'objectif politique du rapport
Dans ce contexte, le rapport est publié en
prélude aux prochaines élections législatives au
Venezuela. Il a été ratifié par le Groupe de
contact international sur le Venezuela organisé
par l'Union européenne (UE) pour faire face à la
crise politique au Venezuela. Après sa
publication, l'UE a ratifié sa position de ne pas
être observateur et accompagnateur aux prochaines
élections au pays.
Avec ce rapport, l'UE se débarrasse du piètre
prétexte de ne pas se rendre aux élections au
Venezuela en raison du « manque de temps »
pour organiser sa mission dans le pays. Et ce,
malgré le fait que l'invitation du Venezuela a été
faite des mois à l'avance. L'UE avait pris ses
distances avec les élections vénézuéliennes,
déclarant qu'elle serait incapable d'organiser une
mission trois mois à partir du 6 décembre de
cette année, et maintenant ses représentants
diplomatiques déclarent que les conditions des
droits de l'homme dans le pays excluent une telle
possibilité.
Bien que l'UE ait ouvert des négociations pour
une éventuelle observation et ratification des
élections législatives, sa politique étrangère
s'est à nouveau tournée en faveur de l'agenda
américain qui vise la continuité de la crise
politique au Venezuela et le soutien improvisé de
l'actuelle Assemblée nationale (AN).
La position de l'UE est clairement en accord avec
ce qui a été dit par le secrétaire général de
l'OEA, Luis Almagro, qui, immédiatement après la
publication du rapport, s'est aligné contre les
élections vénézuéliennes, déclarant qu'en raison
de ces prétendues conditions des droits de
l'homme, les élections ne doivent pas être
organisées et ne doivent pas être reconnues.
Le rapport devient désormais un instrument non
seulement de criminalisation des autorités
vénézuéliennes, mais aussi un tournant dans le
cadre institutionnel international visant à nier
la légitimité des élections vénézuéliennes et leur
qualité de solution politique.
Il en résultera des gestes d'ignorance des
élections par les pays et, dans ce scénario, la
crise induite dans le pays et le gouvernement
superposé de Juan Guaido se perpétueraient encore
cinq ans, artificiels et inexistants en fait, mais
une composante essentielle pour la continuité du
blocus économique contre le pays.
D'autre part, le document fait référence à des
allégations de violations « systématiques »
des droits de l'homme et de « crimes contre
l'humanité » qui auraient été commis en «
pleine connaissance de cause » du président
Nicolas Maduro et de son gouvernement. L'objectif
est d'établir un faux bilan à long terme de la
non-prescription des crimes contre l'humanité. Il
n'a d'autre but que de créer un pseudo-précédent
juridique à caractère criminel contre les
autorités vénézuéliennes.
Le rapport rejoint d'autres éléments mis sur la
table, comme les efforts il y a des mois du
procureur général des États-Unis, William Barr,
pour mettre un prix sur la capture du président
vénézuélien et d'une partie de son cabinet civil
et militaire, à cette époque, bien sûr pour «
narcoterrorisme », un fait analysé par Mision
Verdad à l'époque.
Sur la fiabilité du rapport
Comme le document le dit, le rapport est basé sur
des entretiens avec des acteurs politiques
anti-Chavez et n'a pas été réalisé sur le terrain.
Cela remet en cause le titre même du rapport, car
il ne peut y avoir de « détermination des
faits » sans croisement de témoignages sur le
terrain.
Aux points 41, 42 et 43,
correspondant à la première partie du rapport, la
Mission indépendante pour déterminer les faits au
Venezuela du Conseil des droits de l'homme de
l'ONU, encore une fois non reconnue par le
gouvernement bolivarien, révèle quelques lacunes
initiales au niveau méthodologique.
Sur la base de ces points, il construit des
catégories générales dans lesquelles il cherche à
tort à lier le président de la République Nicolas
Maduro, et d'autres hauts fonctionnaires de l'État
vénézuélien, à des crimes présumés contre
l'humanité.
Sur ces trois points, le rapport de la Mission
établit que la privation de la liberté de certains
individus a été fondée sur un schéma de
persécution d'idées et d'opinions politiques,
blanchissant leur participation à des actes de
désordre public, de violation des droits de
l'homme, d'atteintes aux institutions et à l'ordre
public.
Partant de la prémisse que, soi-disant, l'État
vénézuélien persécute les personnalités de
l'opposition pour leurs opinions, l'intention est
de blanchir une série d'actions préjudiciables à
la paix du pays auxquelles les forces de sécurité
ont dû répondre.
Sur ces points, le rapport indique également que
des crimes contre l'humanité ont été commis à la
suite des soi-disant détentions arbitraires,
traitements cruels et inhumains et autres
pratiques illégales attribuées à l'État
vénézuélien.
L'utilisation du concept de crime contre
l'humanité est abusive dès le départ, entraînant
une erreur méthodologique qui, en plus d'affaiblir
la crédibilité technique du rapport, montre toutes
ses intentions politiques.
Les actes qui peuvent être considérés comme des
crimes contre l'humanité sont stipulés dans les
articles du Statut de Rome, le document directeur
de la Cour pénale internationale. Le concept clé
de l'article 7, où reposent les prémisses
fondamentales des crimes contre l'humanité, est «
l'extermination », entendue comme des actions
intentionnelles visant à éliminer progressivement
une population en raison de son appartenance
politique, ethnique ou religieuse. Il est
fallacieux de concevoir qu'au Venezuela il existe
des pratiques généralisées d'extermination des
secteurs politiques ou sociaux.
Le rapport élabore une chronologie détaillée qui
tente de résumer les dernières années marquées par
le conflit politique au Venezuela. Dans l'analyse
des événements politiques fondamentaux du cycle
qui a débuté avec la présidence de Nicolas Maduro
en 2013, le rapport montre de fortes doses de
parti pris politique. Cela se reflète dans
l'intention de transférer la responsabilité au
gouvernement bolivarien en tant qu'architecte des
crises politiques et institutionnelles de ces
dernières années, occultant les agendas de
violence, les tentatives de coups d'État et les
perturbations politiques propagées par les acteurs
de l'opposition vénézuélienne.
Un point précis démontre l'intention politique de
la chronologie. Au numéro 87, le rapport
mentionne le nom d'Oscar Perez, un fonctionnaire
du Corps d'enquêtes scientifiques, pénales et
criminelles (CICPC) qui, en juin 2017, a volé
un hélicoptère de la base aérienne de La Carlota
et survolé des institutions publiques situées dans
le centre de Caracas, tirant des coups de
mitrailleuse et les frappant avec des grenades
fragmentaires, mettant en danger la vie de civils
et même de mineurs. Le rapport ne qualifie pas cet
événement d'attaque à caractère terroriste, mais
se contente d'en faire une mention brève et peu
détaillée.
La Cour internationale de justice à La Haye
Le rapport n'examine pas non plus avec
suffisamment de force et d'importance un autre
événement important impliquant Oscar Pérez. En
décembre 2017, Pérez a mené un assaut contre
le commandement de la Garde nationale bolivarienne
(GNB) située à San Pedro de Los Altos, dans la
municipalité de Guaicaipuro de l'État de Miranda.
Après avoir bâillonné plusieurs militaires et volé
des armes et des munitions, Pérez a publié la
scène sur les réseaux sociaux pour renforcer
l'impact de l'assaut. L'action armée et
irrégulière s'inscrit dans le cadre de la
formation d'une cellule paramilitaire qu'il dirige
dans le but de déclencher un conflit de faible
intensité contre les institutions et les forces de
sécurité vénézuéliennes.
Un autre signe de partialité politique est lié
aux entretiens avec Cristopher Figuera, qui a été
directement impliqué dans la tentative de coup
d'État militaire en avril 2019 (« Opération
Libertad » -Guaidó-Lopez) et est maintenant
un protégé du gouvernement américain. Tout au long
du rapport, les efforts pour blanchir ce
personnage pour rendre son discours politique plus
crédible en tant qu'acteur qui fournit des «
informations privilégiées » est notable.
Au point 1987, on y décrit un Figuera honnête qui
n'a jamais été impliqué dans les actes criminels
soulevés dans le rapport, lui prêtant une image de
sérénité qui contraste avec la nature criminelle
présumée du gouvernement de Nicolas Maduro :
« Le général Figuera a déclaré à la Mission que
lorsqu'il a été nommé directeur général du service
de renseignements vénézuélien (SEBIN) à la
fin 2018, il avait pris des mesures pour
changer les pratiques au sein de l'organisme de
renseignement. Il a déclaré à la Mission qu'il
avait enquêté sur des allégations spécifiques de
torture, licencié un fonctionnaire qui, selon lui,
était impliqué dans des violations, et obtenu la
libération de certains détenus, entre autres
mesures. La Mission n'a pas eu connaissance de
plaintes de torture pendant la période où il était
directeur. De même, il ne dispose pas
d'informations selon lesquelles des enquêtes
pénales ont été menées sur les plaintes de torture
au SEBIN ou sur les sanctions contre les
responsables. »
Au point 262, le rapport indique :
« La Mission trouve des motifs raisonnables de
croire que des détentions arbitraires ont été
utilisées pour attaquer des personnes en raison de
leur affiliation politique, de leur participation,
de leurs opinions ou points de vue pendant la
période considérée. »
En ce sens, la Mission révèle son incohérence
puisque les personnes n'ont pas été détenues pour
leurs opinions ou points de vue, mais pour leur
implication dans des opérations de coup d'État et
la violation de la stabilité interne qui ont fait
des centaines de victimes civiles innocentes,
comme en témoigne le cycle des révolutions de
couleur/guarimbas en 2014 et 2017.
Plus tard, le rapport établit que le SEBIN et la
Direction générale de contre-espionnage militaire
(DGCIM) ont commis des actes de torture et de
violation des droits de l'homme des personnes
privées de liberté. Ces accusations sont étayées
par des entretiens anonymes impossibles à
vérifier. Parce que l'exécutif vénézuélien ne
reconnaît pas la légitimité de cette mission,
puisqu'elle a été érigée en commission «
fantôme » (le ministre des Affaires
étrangères Arreaza dixit) parallèle à
celle mise en place par le Haut-Commissaire des
Nations unies aux droits de l'homme, Michelle
Bachelet, il évite le dialogue avec les
responsables des deux institutions, puisque le
rapport a été fait à l'extérieur du pays, bien
qu'il insiste sur le fait qu'« il n'y a pas eu de
réponse » de l'État vénézuélien.
Une grande partie de cet argument repose sur les
accusations portées par l'ancien directeur du
SEBIN Cristopher Figuera. Figuera a fui le
Venezuela après l'échec de l‘« opération
Libertad » en avril 2019, et depuis
lors, il est devenu une « source » pour
attaquer le gouvernement bolivarien. Le rapport,
nous le répétons, donne une grande crédibilité aux
opinions de Figuera, connaissant sa partialité
politique et sa participation à une tentative de
coup d'État, ce qui affaiblit les accusations
portées contre le SEBIN et la DGCIM.
Le rapport fait référence au cas emblématique de
Leopoldo Lopez. S'appuyant sur le récit de son
avocat (Juan Carlos Gutiérrez) et sur des
descriptions peu détaillées ou peu démontrables,
la Mission considère que Lopez a été victime de «
torture et de traitements ou châtiments
cruels », même s'il n'y a pas d'exemples ou
de registres qui le confirment. Le rapport fonde
cette accusation sur les fouilles nocturnes, la
périodisation de la période de visites et d'autres
éléments d'anticipation et de sécurité face à
d'éventuels projets d'évasion de la prison de Ramo
Verde.
Compte tenu du traitement de cette affaire, il
est à noter qu'il y a un blanchiment des faits
promu par les opérateurs du coup d'État au
Venezuela. Il n'y a pas d'explication contextuelle
de la raison pour laquelle Lopez a été arrêté
(promoteur d'une révolution de
couleur/guarimba/coup d'État), de la déclaration
de Diosdado Cabello sur l'intention d'assassiner
Lopez que sa même famille a dénoncée qui est
ignorée et les données qui prouveraient soi-disant
sa « détention arbitraire » sont froidement
considérées, ce qui n'explique rien. Il est en de
même avec le reste des cas de politiciens
emprisonnés (certains graciés à la fin du mois
d'août dernier), il ne vaut donc pas la peine de
s'étendre sur le reste des cas.
Plus loin, le rapport mentionne les cas d'Antonio
Ledezma, Gilber Caro et Steyci Escalona. Dans
cette section, le rapport cherche à submerger
d'une cascade de déclarations qui découlent d'une
version biaisée de leurs détentions, incorporant
des éléments confus et difficiles à vérifier pour
démontrer la thèse des détentions arbitraires et
de l'humiliation des droits humains de ces
personnes privées de liberté en raison de leur
participation à des complots de coup d'État.
Session de l'Assemblée constituante nationale du
Venezuela
Dans le cas de Ledezma, le récit des événements
présente l'ancien maire comme un héros de la
liberté qui a réussi à « échapper » (et non à
fuir) à son assignation à résidence, après avoir
été impliqué dans un plan de coup d'État et
d'insurrection contre la République (le soi-disant
« coup d'État bleu » de 2015).
Au point 470, visant à saper les plans de
sécurité du gouvernement, le rapport utilise le
témoignage de personnes non identifiées,
impliquées dans des mauvais traitements et des
violations des droits de l'homme. Ce récit est
l'un des plus retentissants de tout le rapport et
fait douter de la méthodologie des déclarations
utilisée sous couvert d'anonymat.
De nombreux témoignages font allusion au fait que
les détenus au moment de l'interrogatoire ont été
« contraints » de déclarer des liens ou des
faits prétendument inexistants. Le blanchiment des
personnes impliquées dans la poursuite du coup
d'État au Venezuela est absolu.
Dans le cas de Juan Carlos Requesens, pour ne
montrer qu'un exemple, selon des proches et des
avocats, le gouvernement a « incité » par la
drogue à obtenir son aveu d'avoir été un agent de
liaison pour la tentative d'assassinat
de 2018.
Il convient de noter que le rapport est trop
condescendant pour caractériser la tentative
d'assassinat en août 2018 contre le président
Nicolas Maduro et des membres du haut commandement
militaire. Il ne le qualifie même pas d‘«
assassinat ».
Il en va de même pour Víctor Navarro, dirigeant
de la Fondation Corazon Valiente, soutenu par les
États-Unis dans un contexte de violente
déstabilisation pour renverser le gouvernement
bolivarien. Les témoignages recueillis révèlent
que Navarro a été insulté après avoir été arrêté
en 2018, menacé d'être violé, entre autres
moyens de pression présumés pour générer des
aveux, des situations qui, selon le rapport, se
sont produites et constituent des actes de
torture.
Dans le cas de l'Opération Libération du peuple
(OLP) et de l'Opération Libération humanitaire du
peuple (OLHP), le rapport déborde de déclarations
et de témoignages basés sur des témoins oculaires,
des déclarations des familles des victimes et sur
des récits qui donnent un profil de conscience
claire pour blanchir certaines confrontations.
Le rapport souligne que le président Nicolas
Maduro a effectué certaines corrections face à
différentes plaintes d'accès des policiers dans le
cadre de ces mesures de sécurité. Le bureau du
procureur général de la République a également
exécuté une série d'accusations et ouvert
plusieurs enquêtes pour poursuivre les policiers
impliqués dans des crimes.
Cependant, la Mission souligne que ces éléments
sont circonstanciels et ne leur donne pas un poids
objectif. En ce sens, elle choisit de submerger
d'histoires et de témoignages qui projettent
l'image d'un gouvernement et d'institutions
judiciaires qui ne se sont pas préoccupés des
plaintes et qui, soi-disant, auraient collaboré,
dirigé et coordonné les violations des droits
humains suggérées par le rapport.
Il est à noter l'utilisation de sophismes et
d'informations sans contexte lorsqu'il est dit, au
point 127, que « l'Assemblée nationale
constituante est illégitime » parce que la
population n'a pas été consultée, alors que la
Constitution vénézuélienne prévoit que le
président de la République bolivarienne peut
convoquer une Assemblée nationale constituante
(article 348).
Au point 145, il est dit : « L'exécutif
utilise prétendument des cartes pour distribuer
une aide basée sur la loyauté envers le parti au
pouvoir. » Un fait notoirement faux :
quiconque vit au Venezuela peut témoigner contre
ce canular.
De même, le point 147 dit :
« La 'Zone de développement stratégique de
l'arc minier de l'Orénoque' a été créée
en 2016 par décret présidentiel. Il a été
créé sans mener les études d'impact social et
environnemental requises par la Constitution. Il
comprend une superficie de près
de 112 000 kilomètres carrés autour du
fleuve Orénoque qui englobe les États d'Amazonas
et de Bolívar, grâce à des concessions expropriées
à des entreprises internationales. Le crime
organisé et les groupes armés illégaux, engagés
dans des activités minières illégales et diverses
activités criminelles connexes, y compris la
contrebande, se sont infiltrés dans la région. De
nombreuses violations correspondant au mandat de
la Mission ont été signalées dans la région d'Arco
Minero. La mission n'a pas été en mesure
d'enquêter sur eux en raison de contraintes de
temps et de ressources, comme indiqué
ci-dessus. »
C'est aussi une erreur car l'Arco Minero est un
projet qui a été planifié sous la présidence
d'Hugo Chávez et mis en pratique sous le
gouvernement de Nicolas Maduro, précisément pour
empêcher les groupes miniers criminels de
commettre des actes illicites (économiques,
souverain et écologique) dans la zone circonscrite
à l'Arc.
Au point 216, les « collectifs » sont
désignés pour la première fois, les identifiant
comme des « groupes armés » et des «
criminels » (en prenant Insight Crime comme
source), alors que dans la plupart des cas, ils ne
prennent pas ce profil : ce sont des
organisations sociales et/ou populaires qui
travaillent à la base dans des communautés de
différents types (productifs, organisationnels,
culturels, sanitaires, etc.). En ce sens, les
communautés organisées, qu'il s'agisse de conseils
communaux, de communes, de comités locaux
d'approvisionnement et de production (CLAP) ou de
collectifs/organisations sociales et populaires,
sont soumises à une criminalisation par le
rapport, identifiées comme complices des «
crimes » décrits. Ainsi, le chavisme à la
base est soumis à la criminalisation.
Le rapport souligne que le Venezuela a ratifié le
Statut de Rome le 7 juin 2000, ce qui
laisse entendre d'emblée que les crimes qu'il
examine et décrit et dont il tient le gouvernement
vénézuélien responsable sont susceptibles d'être
jugés devant la Cour pénale internationale.
Mais par la suite, le rapport apporte des
éclaircissements au point 1977 :
« Il est important de rappeler à ce stade que les
conclusions de la Mission reposent sur un niveau
de preuve particulier : la Mission considère
que les faits sont établis s'il existe des motifs
raisonnables de les affirmer. Ce critère est
inférieur à la fois au critère requis pour une
condamnation pénale (condamnation hors de tout
doute raisonnable) et au test d'équilibre ou de la
probabilité en matière civile (c'est-à-dire qu'il
est plus probable que quelque chose se soit
produit). Les conclusions de la Mission ne
constituent pas une condamnation pénale et les
informations présentées ici sont, à bien des
égards, inférieures à ce qui serait nécessaire
pour obtenir une condamnation pénale. La
détermination de la responsabilité pénale
individuelle des personnes mentionnées dans cette
section doit être effectuée par les autorités
judiciaires compétentes » (notre
souligné).
Cette incohérence montre clairement que le
rapport tente de biaiser l'opinion publique
vénézuélienne et mondiale en faveur des objectifs
de la Mission (dans un contexte d'encerclement et
d'étouffement croissants par des facteurs internes
et externes, ainsi que par le contexte électoral).
À la fin du rapport, dans les « recommandations à
la République bolivarienne du Venezuela », le
point 59 souligne :
« Coopérer avec les organes de l'Organisation des
États américains (OEA). Respectez les mesures
conservatoires émises par la Commission
interaméricaine et les mesures conservatoires
émises par la Cour interaméricaine. Appliquer les
arrêts de la Cour interaméricaine relatifs au
Venezuela ».
La phrase résume ce que le Venezuela doit faire
pour que les accusations portées contre ses
dirigeants cessent d'avoir effet, ou expirent dans
une non-prescription qui est la prérogative de
ceux qui promeuvent cette Mission : se
permettre d'être protégés sous le chantage au nom
des droits de l'homme par les institutions qui
sont directement contrôlées par les États-Unis ou
qui ont une influence directe ou indirecte de
manière évidente.
Dans les « recommandations à la communauté
internationale », le rapport déclare :
« 63. Les États devraient envisager la
possibilité d'engager des poursuites judiciaires
contre les personnes responsables des violations
et des crimes identifiés dans ce rapport,
conformément à leur législation interne
pertinente ».
Ce qui précède peut être considéré comme un appel
au Groupe de Lima et aux autres pays de l'orbite
anglo-impériale d'influence à adhérer à la
stratégie d'étranglement de la population et du
gouvernement vénézuéliens et même à augmenter la
pression déjà exercée par un bon nombre de pays de
la région et autres latitudes continentales.
De même, et en guise de conclusion de ces «
observations » de la Mission, il est
dit : « 65. Que le bureau du procureur
de la Cour pénale internationale tienne compte de
la nécessité de rendre justice en temps opportun
aux victimes des crimes sur lesquels la Mission a
enquêté et à ceux dont elle est saisie », ce
qui conclut l'objectif ultime à long terme, de ce
rapport : faire pression pour que Nicolas
Maduro, Diosdado Cabello et d'autres ministres
responsables de crimes contre l'humanité présumés
soient jugés devant La Haye.
Les incohérences du rapport sont partout, à
condition de ne pas se laisser influencer par la
rhétorique soutenue par le gouvernement américain
autour du conflit vénézuélien.
La revendication se fait de plus
en plus entendre aux États-Unis:
les crimes de la police doivent cesser!
- Kathleen Chandler -
Manifestation à Louisville, Kentucky, le 23
septembre 2020, à la suite du refus du tribunal
d'incriminer les policiers qui ont tué Breonna
Taylor
Le 23 septembre le procureur général du Kentucky
Daniel Cameron a annoncé que le grand jury
n'inculpera pas le policier raciste qui a tué
Breonna Taylor à son domicile, le 13 mars à
Louisville.
Deux des policiers impliqués dans la mort de
Breonna Taylor ont été libérés, un troisième est
accusé d'avoir « intentionnellement mis en danger
» la vie en tirant dans l'appartement voisin de
celui où Breonna vivait, alors qu'un quatrième qui
a menti à propos de l'implication de Taylor dans
les drogues afin de se voir garantir un mandat
pour le raid des policiers n'était même pas
inclus. Le mandat invoquait un maître de poste qui
prétendait que Breonna recevait des colis illégaux
à son appartement. Le maître de poste a témoigné
plus tard qu'il n'avait jamais vérifié ces
allégations.
Exprimant l'opinion
de plusieurs, un activiste palestino-américain à
Louisville a dit que l'absence de mises en
accusation, « est un message aux gens que les
policiers peuvent vous tuer même dans votre
domicile qui est supposé être inviolable. »
La réponse des résidents de Louisville a été
rapide et sans équivoque. Des manifestations se
poursuivent à Louisville depuis plus de 100 jours
et ce n'est que grâce à leur résistance déterminée
que le nom de Breonna est devenu connu et qu'un
grand jury a même été saisi de l'affaire, six mois
après son meurtre. Les manifestations n'ont fait
que s'amplifier à la nouvelle d'une autre
provocation gouvernementale dont l'atrocité et
l'inhumanité révèlent l'ampleur du système raciste
aux États-Unis.
Outre l'indignation exprimée à Louisville, de
nombreuses autres manifestations se sont déroulées
par tout le pays, à New York, Chicago,
Minneapolis, Los Angeles et ailleurs.
Plus de 11 336 700 personnes ont signé la
pétition qui demande que toutes les forces
policières soient redevables et que le
gouvernement agisse.
Partout les demandes fusent pour le contrôle
communautaire, l'arrêt des crimes policiers, le
retrait des forces fédérales, et l'abandon des
poursuites retenues contre les organisateurs.
Plusieurs Afro-Américains, des jeunes
travailleurs, des femmes, des immigrants, des
travailleurs syndiqués, des organisateurs des
droits, des personnes de toutes les nationalités
et tendances religieuses et politiques demeurent
unis dans leurs demandes pour que justice soit
faite et pour la reddition de comptes.
Breonna Taylor était une technicienne d'urgence
médicale (TUM) primée. Il s'agit d'une
technicienne médicale spécialement formée et
certifiée pour fournir des services d'urgence de
base. Elle travaillait dans deux hôpitaux pendant
la pandémie.
La demeure de
Breonna Taylor a été la cible d'une descente à
environ 12 h 40 en vertu d'un mandat d'intrusion
sans frapper et à la suite d'un mensonge de la
part des policiers qui ont prétendu qu'elle était
impliquée dans une affaire de drogue. On a tiré
sur elle à six reprises dans une rafale de 32
coups de fusil. La ville a réglé la poursuite pour
« mort injustifiée » et a accordé 12 millions de
dollars à la famille. Malgré tout, le procureur
général du Kentucky, Daniel Cameron, a présenté un
dossier d'une telle médiocrité que le grand jury
n'a pu inculper personne. Il a ensuite à
nouveau jeté l'huile sur le feu en disant aux
millions de gens partout au pays qui exigent
justice et le contrôle des forces policières : «
Si nous agissons seulement par colère, il n'y a
pas de justice - la justice populaire n'est pas la
justice. La justice qu'on cherche à obtenir par la
violence n'est pas la justice. Nous avons affaire
plutôt à de la vengeance. »
Les procédures du grand jury sont secrètes, ce
qui fait que les preuves présentées dans ce procès
restent un mystère. La vidéo de la police et
l'autopsie de Taylor ne sont pas rendues
publiques. Il n'y a aucune imputabilité. Ce qui
est su, ce sont les efforts du gouvernement pour
donner l'impression que c'est le grand jury qui
est fautif parce qu'il n'a incriminé personne. On
prétend que « justice » a été rendue parce que
l'affaire a été soumise à un grand jury.
Invariablement, les gouvernements des États
présentent les dossiers de telle sorte que le
recours à la force policière létale est considéré
« raisonnable » et, par conséquent, légal. Malgré
la pluie de balles, on prétend que les policiers
impliqués dans la mort de Breonna n'avaient pas
l'« intention » de tuer quelqu'un. Dans un cas
similaire à Tampa Bay, en Floride,
l'Afro-Américain Jonas Joseph a été tué dans sa
voiture lors d'une attaque quasi militaire de 120
balles par des policiers en tenue civile. Aucune
accusation n'a été portée. La police a prétendu,
comme d'habitude, que Joseph avait tiré des coups
de feu, pour ensuite constamment changer son
histoire, avouant que Joseph n'avait tiré aucun
coup.
Des milliers ont marché à New York le 23
septembre dans deux actions séparées, une à
Manhattan et l'autre à Brooklyn. À Chicago, près
de 1 000 personnes ont convergé vers le quartier
général de la police. À Minneapolis, où des
actions continuent d'être organisées pour obtenir
justice pour George Floyd, plus de 1 000 personnes
se sont rassemblées devant le Capitol de l'État et
ont marché pendant quatre heures, pendant
lesquelles ils ont aussi fermé l'autoroute I-94
pour un certain temps.
Des milliers de personnes ont aussi souligné les
23 et 24 septembre, journées d'action nationale
contre le racisme et la répression du
gouvernement.
À Tallahassee, Tampa Bay et Jacksonville, en
Floride, ont eu lieu des manifestations contre les
morts aux mains de la police, contre le profilage
racial et pour le contrôle par la communauté de la
police. La revendication est pour un contrôle, y
compris comment la sûreté et la sécurité
communautaires doivent être organisées, et le
pouvoir d'embaucher, de congédier et d'assigner à
comparaître et accuser –
et non d'être obligés de se fier à un conseil «
consultatif » sans pouvoir, comme on le voit trop
souvent.
Les manifestants à Tallahassee ont aussi exigé
la libération sans accusations des 19 de
Tallahassee (#Tally19) arrêtés lors d'une action
le 9 septembre. Ils ont condamné le gouvernement
pour les décisions de grand jury où la police n'a
jamais été accusée des trois morts récentes de
civils aux mains de la police. On pouvait lire sur
les bannières : « La vie des Noirs compte », «
Pour le contrôle communautaire de la police » et «
« Abandonnez les poursuites ».
À Jacksonville, des actions ont eu lieu pour
exiger un contrôle sur le budget municipal et sur
les forces policières. Près de 40 % du budget est
réservé à la police. Les manifestants ont aussi
exigé que les lois qui protègent la police de
toute reddition de compte pour les morts aux mains
de policiers commis au nom d'un recours «
raisonnable » à la force et/ou parce qu'ils «
craignaient pour leur vie », sans aucune preuve à
l'appui, soient proscrites. Ils ont aussi dit
qu'ils voulaient que les accusations contre les
membres des 19 de Tallahassee (#Tally19) soient
abandonnées. À Tampa Bay, un orateur a résumé la
situation : « Assez, c'est assez. Nous nous
battons pour les vies des noirs et des bruns, pour
que justice soit faite, et nous continuerons de le
faire jusqu'à ce qu'il y ait des changements. »
Également, le 19 septembre la manifestation de
centaines de personnes à Chicago, y compris une
caravane de 80 voitures, avait pour revendication
le contrôle et le retrait des forces fédérales et
« l'abandon des poursuites contre les 19 de
Tallahassee ! »
À Dallas, au Texas,
il y a aussi eu des actions le 19 septembre, pour
demander le contrôle du budget municipal et des
forces policières. Les organisateurs ont fait
valoir qu'Erin Nealy Cox, la procureure générale
américaine du district Nord du Texas, qui comprend
Dallas, avait été nommée par le président Trump en
tant qu'une des dirigeantes du soi-disant « Groupe
de travail antifa » du département de la Justice.
Ce Groupe de travail est accusé d'avoir attaqué et
tenté de réduire au silence la résistance alors
que des milliers de manifestants ont été arrêtés
et accusés, dont certains de crimes. Parmi les
récentes arrestations ciblées, il y a celle des
six principaux organisateurs à Denver, au
Colorado, le 17 septembre, dans le but de
compromettre les actions du 19 septembre. Les six
organisateurs ont été arrêtés chez eux, dans des
stationnements, et en voiture. Ils font face à de
fausses accusations, y compris « incitation à
l'émeute », « enlèvement » et « vol ».
La poursuite des actions à Louisville, Portland,
Denver, Detroit, Tallahassee et partout au pays où
il y a eu la répression policière brutale et des
arrestations de masse illustre bien comment tous
les efforts qui visent à intimider et réduire les
gens au silence ne fonctionnent pas. La démocratie
américaine se révèle au monde entier dans toute sa
tyrannie, la chose même que la fameuse
constitution américaine est censée interdire. En
effet, plus les actes gouvernementaux continuent
officiellement d'autoriser et d'approuver
l'impunité pour les policiers et leurs meurtres
racistes, plus il devient évident que c'est le
peuple par ses propres efforts et sa propre lutte
pour s'investir du pouvoir et pour l'égalité qui
est au coeur des solutions. Partout, on affirme
que la résistance va se poursuivre jusqu'à ce
qu'il ait un changement favorable au peuple.
Pétition à Andy Beshear, gouverneur du
Kentucky
Breonna Taylor était une ambulancière
paramédicale primée et une citoyenne modèle. Elle
aimait sa famille et sa communauté, travaillait
dans deux hôpitaux comme travailleuse essentielle
pendant la pandémie.
Il y a plus de six mois de cela, une division du
service de police de Louisville a effectué un raid
illégal pour cause de drogue non annoncé chez
elle, exécutant un mandat sans notification. Pas
un seul des officiers de police ne s'est annoncé
avant d'enfoncer sa porte et tirer 22 coups
de feu, dont six ont atteint Breonna mortellement
selon son avocat, son compagnon, ses voisins et
les membres de sa famille.
Le nom sur le mandat était celui de Jamarcus
Glover, qui avait déjà été arrêté ce jour-là.
L'officier Joshua Jaynes a menti afin d'obtenir un
mandat sans notification sur la résidence de
Breonna, invoquant que le maître de poste avait
affirmé que Breonna recevait des paquets illégaux
chez elle. Le maître de poste a témoigné plus tard
qu'il n'avait jamais vérifié ces allégations.
Les officiers de police étaient habillés en civil
lorsqu'ils ont défoncé la porte de Breonna au
milieu de la nuit ; Kenneth Walker, son
compagnon, a tiré un seul coup de feu, croyant à
une entrée par effraction. Les officiers de police
ont répliqué en tirant plusieurs coups de feu et
abattu Breonna.
Personne n'a été tenu responsable de l'échec
systémique qui a causé la mort de Breonna.
1. Des accusations doivent être portées
immédiatement. Les officiers impliqués, John
Mattingly, Brett Hankison, Myles Cosgrove, Joshua
Jaynes et tout autre agent de police impliqué dans
la mort et le camouflage de la mort de Breonna
Taylor doivent être immédiatement congédiés,
accusés et arrêtés. Aucune accusation n'a été
portée jusqu'à maintenant (après plus de six
mois). Leurs pensions doivent être annulées.
2. Sa famille doit recevoir des dédommagements
pour mort injustifiée et négligence de la part du
LMPD [service de police métropolitain de
Louisville].
3. Le gouverneur du Kentucky Andy Beshear doit
parler au nom de Breonna, et le gouverneur Beshear
ou l'avocat général Daniel Cameron doivent nommer
un procureur spécial pour faire enquête
immédiatement sur le service de police de
Louisville. Une enquête maison est inacceptable.
4. Le mandat d'intrusion sans frapper que les
policiers ont utilisé dans le meurtre de Breonna
représente une violation complète des droits
constitutionnels à une fouille et une saisie
raisonnable. Selon la loi, la police doit être
obligée légalement de s'annoncer avant de pénétrer
par effraction dans un logis qui est la propriété
privée d'un civil américain. Une loi fédérale qui
bannit les mandats d'intrusion sans frapper doit
être adoptée par le Congrès et signée par le
président. Ce qui est arrivé à Breonna est une
violation complète de ses droits constitutionnels
et une menace aux droits de tous les citoyens
américains. Le sénateur Rand Paul du Kentucky a
exprimé des préoccupations semblables. Le Congrès
doit tenir une session spéciale immédiatement pour
discuter de la constitutionnalité des mandats
d'intrusion sans frapper.
Cette affaire traîne depuis plus de 4 mois.
Pendant des semaines, la ville a traité Breonna
comme si elle était une criminelle, la qualifiant
de « suspecte » avant d'admettre finalement
qu'elle était innocente, une victime n'ayant
commis aucun crime. Elle ne possédait pas de
drogues. Elle n'a commis aucun crime.
Et pourtant elle est morte, et les coupables
n'ont été accusés de rien.
Elle était non seulement une citoyenne
exemplaire, mais une citoyenne essentielle. Elle
était une fille, une amie, une héroïne américaine
et, chose plus importante, une personne. Elle
méritait d'être traitée comme une personne.
Rendons justice à Breonna. Prononçons son nom.
Plus de 11 335 700 personnes ont
signé la pétition que l'on trouve ici.
Note
La ville de Louisville a récemment versé à la
famille un montant de 12 millions de dollars
dans une poursuite pour mort injustifiée. La
famille dit qu'un montant d'argent ne suffit pas
et elle réclame des accusations criminelles. Un
total de 32 coups de feu a été tiré, 22
à l'intérieur de la maison et 10 autres de
l'extérieur, par une vitre aux rideaux tirés.
Louisville, Kentucky
Seattle, Washington
Portland, Oregon
Santa Rosa, Californie
Oakland, Californie
Los Angeles, Californie
San Diego, Californie
Phoenix, Arizona
Denver, Colorado
Tulsa, Oklahoma
Dallas, Texas
Saint-Paul, Minnesota
Mankato, Minnesota
Cedar Falls, Iowa
Kansas
City, Missouri
Arkansas
Chicago, Illinois
Columbus, Ohio
Nashville, Tennessee
Richmond, Virginie
Charleston, Caroline du Sud
Atlanta, Georgie
New Haven, Connecticut
Providence, Rhode Island
Baltimore, Maryland
Albany, New York
New York, New York
Washington, DC
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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