Une opposition officielle pitoyable

Le système des partis cartellisés est un véhicule de désinformation impérialiste. Cette falsification est basée sur la fausse prémisse que les travailleurs sont représentés par des institutions représentatives de la démocratie libérale, maintenant désuètes, et les accords de partage de pouvoirs qui ont constitué le Canada en 1867, désuets également malgré les amendements apportés au fil des décennies, dont le rapatriement de la Constitution en 1982, pour établir ce qu'on appelle des « limites raisonnables ». Les porte-paroles des partis cartellisés sont tellement aveuglés par leur propre ignorance et leur refus de faire face à la réalité d'une économie échouée, avec ses crises récurrentes, qu'ils ne peuvent rien faire d'autre que de poursuivre les querelles partisanes dogmatiques sur des accords de partage de pouvoirs qui n'existent plus. Les partis d'opposition sont réduits à dire que leurs stratagèmes pour payer les riches sont meilleurs que ceux des libéraux. « Faites-nous confiance, disent-ils à l'unisson. Ne faites pas confiance à vos sens et à votre expérience. »

Après le discours du Trône, les partis d'opposition ont dénoncé divers éléments du plan du gouvernement. Le chef du Parti conservateur s'est plaint entre autres que le discours ne s'adresse pas à l'aliénation des provinces de l'Ouest, le chef du NPD a déploré qu'il n'y ait que des mots et pas de promesses concrètes, disant qu'un projet de loi prévoyant des congés de maladie payés est le minimum qu'il demande, et le premier ministre du Québec et chef du Bloc québécois se sont indignés qu'on foule aux pieds encore une fois les compétences du Québec, alors que ce sont les compétences de toutes les provinces qui sont attaquées.

Le gouvernement libéral présente un plan pour s'emparer directement des compétences provinciales. Par exemple, on lit dans le discours du Trône : « Le gouvernement travaillera avec le Parlement pour apporter des modifications au Code criminel afin de sanctionner de manière claire les personnes qui négligent et mettent en danger les aînés dont ils prennent soin. » Le gouvernement libéral tente d'exploiter la profonde colère ressentie par les Canadiens lorsque plusieurs cas de négligence ayant causé un grand nombre de décès dans des résidences privées ont fait surface et que des familles ont dû poursuivre les propriétaires de résidence pour exiger des comptes tandis que les gouvernements à tous les niveaux refusaient d'agir. Le discours du Trône vise clairement à présenter le gouvernement fédéral comme une sorte de sauveur, au-dessus des gouvernements provinciaux qui, dans le cadre actuel des accords de partage des pouvoirs, sont les détenteurs principaux de la compétence en matière de santé, en montant certains cas en épingle sans vraiment s'attaquer au problème de l'atteinte aux droits humains qui ont lieu le une large échelle.

Le discours du Trône dit que « le gouvernement collaborera avec les provinces et les territoires en vue d'établir de nouvelles normes nationales pour les soins de longue durée », mais ne parle pas de la nécessité de remédier à des décennies de compressions dans la santé dont le gouvernement fédéral est tout aussi responsable que les provinces. La pandémie a révélé la cupidité et la négligence de certaines résidences privées, mais aussi la cruelle négligence des gouvernements dans les établissements publics de soins de longue durée, avec des années de compressions et de privatisation, où le soin de nos aînés est soumis à la réalisation du profit. Ce sont les résultats de l'offensive antisociale approuvée et promue par tous les niveaux de gouvernement. Les travailleurs de la santé ont joué un rôle clé à exposer cette situation scandaleuse et à exiger des comptes des responsables. Plus important encore, la pandémie a mis de l'avant la revendication du droit de tous les travailleurs à des soins au niveau le plus élevé possible à leur retraite dans une société moderne digne de ce nom. Cela, le discours du Trône n'en parle pas, même de façon générale.

Les libéraux affirment qu'ils préparent un grand plan pour l'avenir avec ce discours du Trône, mais ils ne voient pas que le principe que la santé est un droit fait partie de l'avenir du Canada. Dans cette nouvelle offensive à grande échelle pour payer les riches, plusieurs gouvernements provinciaux parlent de mettre en place des projets grandioses pour des établissements modernes de soins de longue durée et de recruter des milliers de nouveaux travailleurs de la santé dans les résidences pour personnes âgées, mais tant que l'objectif n'est pas de garantir les droits de tous et toutes et tant que tout sera fait pour faciliter les violations des droits humains, nous n'avons que l'expérience passée pour juger de leurs intentions.

Tandis que les partis de l'opposition et les médias soulèvent que les premiers ministres des provinces exigent une plus grande part du transfert fédéral en matière de santé, le véritable différend concerne l'intention du gouvernement fédéral de mettre en place ses propres stratagèmes pour payer les riches qui menacent le lien direct que les autorités provinciales entretiennent avec l'économie impérialiste américaine.

Par leurs interventions très étroites et partisanes destinées à discréditer le Parti libéral, les partis cartellisés dans l'opposition sont incapables de régler aucun des problèmes auxquels sont confrontés le peuple, la société et l'environnement social et naturel.

Rien de tout cela ne vise à créer une autorité publique pour prendre le contrôle des soins de longue durée dans le but de servir nos ainés et de ne pas abuser d'eux et du personnel à des fins privées. Une telle autorité publique doit être tenue responsable de ses actions, à commencer par le traitement moderne du personnel et en veillant à ce que les travailleurs aient leur mot à dire sur leurs conditions de travail, qui sont en dernière analyse les conditions des personnes âgées dont ils s'occupent. Mais les modifications apportées au Code criminel ne serviront qu'à éliminer les vérités qui dérangent, et non à rendre les intérêts privés responsables de leur surexploitation et de leur cupidité.

Mais dans leur réponse, les partis d'opposition et les médias n'analysent pas les conséquences des mesures prises pour le Canada, l'économie ou l'environnement naturel et social. Ils sont intimidés par les bravades et la politique de division de Trudeau qui dit : ou bien vous vous rangez de mon côté pour servir les Canadiens, ou bien vous revenez au statu quo. En proposant encore d'autres stratagèmes pour payer les riches, sur une échelle encore plus grande, Trudeau professe précisément le statu quo, le « retour à la normale » que les Canadiens ne veulent pas.

L'entreprise privée s'enorgueillit de la concurrence, de son ingéniosité et de son initiative, mais elle exige des fonds publics pour survivre. Cela aggravera encore plus tous les problèmes auxquels les Canadiens, leur économie et leur société sont confrontés en ce moment. Le discours du Trône et les gesticulations des partis cartellisés représentent un grave danger de régression pour les Canadiens face à la pandémie et à la crise économique. Il est essentiel d'exiger que les gouvernements arrêtent de payer les riches et augmentent le financement des programmes sociaux contrôlés par les travailleurs.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 60 - 26 septembre 2020

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