Le discours du Trône du gouvernement Trudeau

Une prise de contrôle fédérale des autorités provinciales pour mieux servir les intérêts privés étroits de l'impérialisme américain

Avec sa pléthore de mots, le discours du Trône du gouvernement Trudeau, encensé comme une nouvelle orientation pour le Canada, est en fait un pas de plus vers le démantèlement des arrangements constitutionnels sur le partage des pouvoirs en faveur d'intérêts privés étroits. Ce n'est pas une surprise, car la restructuration de l'État est au coeur de l'offensive antisociale néolibérale. Les mesures proposées révèlent sans le vouloir ce que les intérêts privés étroits qui dirigent la main invisible de l'État appellent le « nouveau ». Sous couvert de fournir une sorte d'accès plus large à des programmes sociaux, comme les soins de santé, les garderies, le logement et des refuges pour les personnes en situation d'itinérance, les femmes victimes de violence et les travailleurs migrants, des mesures sont mises en place pour élargir les pouvoirs du fédéral dans des domaines de compétence provinciale afin de les ouvrir aux forces du marché mondial les plus puissantes et de retirer tout obstacle à leurs desseins.

Le discours du Trône invoque de grands idéaux pour s'immiscer directement dans la prestation de programmes sociaux de divers types, par une manoeuvre à la dérobée, pour dissimuler que le gouvernement fédéral ouvre la porte à la restructuration des arrangements de partage des pouvoirs de l'État canadien, pour laisser le champ libre aux oligarques les plus puissants du monde. Cela montre encore une fois que l'offensive antisociale n'est pas une affaire de mauvaise politique ou de mauvais politiciens, elle sert à restructurer l'État selon les intérêts des oligarques impérialistes les plus puissants. Les luttes intestines qui font rage aux États-Unis pour savoir qui accaparera la présidence jouent également ici au Canada. Dans une société dont l'économie fonctionne sur la base de payer les riches, les gagnants sont les oligarques impérialistes qui s'assurent que le gros du butin s'achemine dans leurs poches grâce à la restructuration de l'État en fonction de leurs intérêts.

Des décennies de mesures néolibérales n'ont pas réussi à sortir les riches de la crise qui accompagne inévitablement leur système, une crise qui a été exacerbée par la pandémie de la COVID-19. Ce que propose le discours du Trône, une fois qu'on a écarté toutes fausses prétentions au sujet des dépenses consacrées aux programmes sociaux, ce sont des mesures qui garantiront que, même au milieu d'une crise mondiale et d'un ralentissement de l'économie mondiale, les oligarques financiers réaliseront d'énormes profits en finançant toutes les dépenses sur une base privée. Il ne s'agit pas d'investissements sociaux qui ouvriront la voie à une nouvelle direction pour l'économie.

La crise dans laquelle le Canada est embourbé, qui est exacerbée par la pandémie de la COVID-19, est le résultat de 35 ans de libre-échange néolibéral et de près de 30 ans d'application des mesures comprises dans la déclaration de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a imposé que tous les pays doivent avoir une économie de marché, un système électoral multipartite et des droits de la personne. L'OCDE se présente comme « une organisation internationale qui oeuvre pour la mise en place de politiques meilleures pour une vie meilleure » et ses valeurs impérialistes anglo-américaines racistes sont toujours présentées comme étant supérieures à toutes autres. Les mêmes intérêts privés exigent maintenant une nouvelle phase de restructuration de l'État pour satisfaire leur volonté de domination des marchés mondiaux, des sources de matières premières, de la main-d'oeuvre bon marché et des sphères d'intérêt dans une lutte qui devient de plus en plus féroce à l'échelle mondiale. Au nom de grands idéaux, l'économie canadienne est intégrée à l'économie de guerre de l'impérialisme américain et les contradictions qui secouent les États-Unis se répercutent également au Canada.

Aussi insensé que cela puisse paraître à entendre la pléthore de mots du discours du Trône, le fait est que le néolibéralisme, avec ses attaques antisociales contre les programmes sociaux, ses privatisations, ses emprunts publics auprès des prêteurs privés, ses stratagèmes pour payer les riches et ses guerres sans fin, a embourbé le Canada, les États-Unis et les autres pays qui composent le système impérialiste des États dans des crises récurrentes dont celle en cours est la pire depuis des décennies. Les oligarques mondiaux, qui contrôlent l'économie et les gouvernements impérialistes, ne se préoccupent que de sauver la situation dans leurs propres intérêts et d'empêcher les travailleurs de prendre le contrôle de leur vie et de leurs affaires politiques. La désinformation du type que l'on retrouve dans le discours du Trône, qui cherche à donner un visage humain au néolibéralisme, vise à assurer que les gens ne discutent pas de comment donner une nouvelle direction et un nouveau but à l'économie qui soient prosociaux.

Avec la concentration énorme des richesses dans un nombre réduit de mains et les sommes énormes nécessaires aux grands projets, les riches oligarques et leurs représentants politiques ont parfaitement compris depuis longtemps que les investissements privés ne peuvent à eux seuls sauver les oligopoles de la crise. Les cartels et les coalitions que les oligarchies créent pour politiser les intérêts privés exigent que la porte soit grande ouverte à la canalisation des fonds des impôts et des emprunts vers les stratagèmes pour payer les riches afin d'accroître leur richesse. La concurrence pour le contrôle de ces fonds est féroce. Le discours du Trône est un document qui montre les arrangements de l'État que les oligarques mettent en place pour faciliter leur contrôle des grands projets publics/privés. Les mesures prises pour accorder un certain pouvoir d'achat aux nombreuses personnes qui ont perdu leurs moyens de subsistance mettent ces sommes au service des objectifs privés étroits des oligarques. Cela n'a rien à voir avec fournir à la population les programmes sociaux dont elle a besoin, sans parler de l'édification de la nation.

Pourquoi le Canada n'a-t-il pas un système bancaire public qui place le contrôle de l'émission de la nouvelle monnaie entre les mains d'une autorité publique et non des oligarques bancaires privés ? Pourquoi une économie moderne devrait-elle emprunter auprès de prêteurs privés alors qu'elle a la capacité d'emprunter à elle-même et d'investir en elle-même avec comme garantie l'augmentation de la production des entreprises publiques ?

Le contrôle public du système bancaire est nécessaire, car il est présentement utilisé pour canaliser des fonds pour réchapper des intérêts privés des conséquences de la crise tandis que la grande majorité de la population est laissée à elle-même, avec quelques maigres programmes qui sont insuffisants pour maintenir des conditions de travail et un niveau de vie décents.

Le Canada doit avoir un système bancaire public, cesser d'emprunter auprès de prêteurs privés et, de plus, imposer un moratoire sur le service de la dette publique actuelle envers les intérêts privés.

Le degré de parasitisme de l'oligarchie financière montre que la classe ouvrière est la seule force sociale capable de mobiliser le facteur humain/conscience sociale pour utiliser l'énorme capacité de la production de masse moderne afin de relever les défis de l'époque pour que des événements comme la pandémie, les crises économiques récurrentes et les destructions que la recherche du profit privé a imposées à la Terre Mère n'engloutissent pas l'humanité. Seule la classe ouvrière peut réorganiser les arrangements de l'État et mettre en place des gouvernements dont le but est d'assumer leurs responsabilités sociales envers le peuple et l'environnement naturel et social.

Les cris de protestation des premiers ministres et des chefs des partis cartellisés qui siègent au parlement en réponse au discours du Trône doivent être vus dans le contexte de la soif de pouvoir et du grand coup de force que les intérêts privés étroits sont présentement en train d'exécuter. Les tentatives des autorités fédérales de s'approprier les compétences du Québec et des provinces s'inscrivent dans ce contexte.

Enfin, le programme proposé dans le discours du Trône concorde avec les exigences des intérêts privés étroits qui soutiennent la candidature de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Dans le courant de la semaine qui vient, LML abordera les questions liées au secteur bancaire de l'économie et les prochains numéros traiteront des intérêts privés étroits que se disputent la présidence des États-Unis dans l'élection de novembre.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 60 - 26 septembre 2020

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