Numéro 59 - 19 septembre 2020
La réponse politique à donner au discours
du Trône
Non à la destruction nationale !
Arrêtez de payer les riches,
augmentez les investissements dans les
programmes sociaux!
À quoi s'attendre dans le
discours du Trône
• Quelles
sont les spéculations?
- Pauline Easton -
• L'illusion
qu'une société juste peut être créée par la voie
néolibérale
- K.C. Adams -
• Les
prétentions que les stratagèmes pour payer les
riches s'attaquent aux inégalités et à la
ploutocratie
- Anna Di Carlo -
11 septembre 2020
• Hommage
au peuple chilien et à sa lutte résolue
pour la justice et la paix
Rapports
• Classement
honteux du Canada sur le plan du bien-être des
enfants
• Les 20
plus grands milliardaires du Canada
s'enrichissent à vue d'oeil
• Les
pertes du tourisme mondial s'élèvent à 450
milliards de dollars
• L'Organisation
de coopération et de développement économiques
publie un rapport provisoire sur les
perspectives de l'économie mondiale
À titre d'information
• Un séminaire au parlement
avec l'économiste Joseph Stiglitz
- Louis Lang -
• Des
arguments néolibéraux pour « assurer une
économie résiliente »
• Recommandations
du Groupe de travail pour une
reprise économique résiliente
SUPPLÉMENT
La résistance se poursuit sans relâche aux
États-Unis
• Persistance des
revendications de justice, d'égalité, de
définancement et de contrôle de la police contre
la violence policière qui continue
La réponse politique à donner au
discours du Trône
Le 17 août, le premier ministre Justin
Trudeau a demandé à la gouverneure générale de
proroger la première session de la 43e
législature. La deuxième session s'ouvrira
le 23 septembre par un discours du Trône dans
lequel Trudeau veut présenter la « nouvelle
approche » de son gouvernement et la Chambre
des communes aura alors l'occasion de retirer ou
de réitérer sa confiance dans son gouvernement.
La nouvelle approche est caractérisée par
l'affirmation que le gouvernement s'attaque
maintenant aux inégalités qui grandissent dans la
société en se faisant le défenseur des 99 %
contre le 1 % de la population. La pandémie
n'existait pas au moment du dernier discours du
Trône, dit Trudeau, c'est une situation nouvelle
et le Canada ne peut pas revenir à l'ancien statu
quo.
Comme si les
inégalités et les injustices de la société
n'étaient pas évidentes avant la pandémie et comme
si la politique de payer les riches ne continuait
pas de dominer tous les aspects de l'action du
gouvernement, Trudeau a déclaré que la pandémie a
« mis de l'avant les inégalités qui existent
encore et nos vulnérabilités en tant que
société ». La pandémie, a-t-il dit, « nous a
appris d'importantes leçons » et nous avons
maintenant « une occasion unique » d'établir
un plan qui créera non pas le même Canada, mais un
nouveau Canada.
Son plan, qui « sera dévoilé au cours des
prochaines semaines » et présenté en détail
dans son discours du Trône, sera « à long
terme » et comblera « les lacunes
fondamentales que cette pandémie a
révélées », a dit le premier ministre.
S'adressant aux journalistes, il a déclaré :
« On doit traverser cette pandémie en donnant à
chacun une chance réelle et équitable de réussir
et pas seulement au 1 % le plus
riche. »
Trudeau a dit en conférence de presse que le
Canada et le monde « sont à la croisée des
chemins ». Il a parlé de la résurgence du
COVID-19 en Australie et en Nouvelle-Zélande, qui
sont actuellement dans leur hiver, et dit que « le
nôtre est encore à venir ». Il a appelé à la
vigilance et dit que le Canada est « loin d'être
sorti du bois ».
Le premier ministre a dit que les parents ne
s'inquiètent pas seulement de choses comme le
retour à l'école. Il y a aussi le chômage, les
choix difficiles pour les femmes (entre les
enfants et la carrière) et les « Canadiens
racialisés et les peuples autochtones font face à
des obstacles supplémentaires ». Il a parlé des
jeunes qui sont « confrontés à des fardeaux
inattendus alors qu'ils s'inquiètent de leur
avenir ».
Trudeau a déclaré que « partout dans le monde, un
consensus émerge » sur la nécessité de saisir
le moment et « de réfléchir de manière audacieuse
et de reconstruire encore plus fort ». Des
taux d'intérêt bas signifient que le coût de la
stimulation de l'économie est faible. Les pays
dont la situation budgétaire est solide, comme le
Canada, dit-il, doivent investir pour aider les
gens à traverser la crise.
« Nos alliés du G7, que ce soit l'Allemagne ou le
Royaume-Uni, nos partenaires comme l'Union
européenne ou la Corée du sud : ils
saisissent tous ce moment pour agir. Et on doit le
saisir aussi. On a un choix à faire. On peut
décider d'aller de l'avant au lieu de revenir au
statu quo. On peut choisir d'adopter de nouvelles
solutions audacieuses pour relever les défis
auxquels on est confrontés et refuser de laisser
les anciennes façons de penser freiner nos
progrès. Si cette pandémie est un défi inattendu,
elle constitue également une opportunité sans
précédent. C'est notre chance de bâtir un Canada
plus résilient : un Canada plus sain et plus
sûr, plus vert et plus compétitif. Un Canada plus
accueillant et plus juste. C'est le moment de
changer l'avenir en mieux. »
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il prorogeait le
parlement alors qu'il s'était engagé durant les
élections à ne jamais le faire, Trudeau a répondu
que cette prorogation était différente de celle de
Harper qui l'avait utilisée pour éviter une motion
de blâme. Il a dit qu'il voulait soumettre le plan
rénové de son gouvernement (plutôt que la
corruption de son gouvernement) à un vote de
confiance et ajouté qu'il n'y avait pas de
pandémie lors de l'élection de 2019.
La composition de la Chambre des communes au
moment de la prorogation de la première session de
la 43e législature était la
suivante : 156 députés
libéraux ; 121 députés
conservateurs ; 32 députés du Bloc
Québécois ; 24 du NPD ; 3 du
Parti vert et 2 indépendants. Les libéraux
ont besoin de 170 voix pour conserver la
confiance de la Chambre.
Ce numéro du Marxiste-Léniniste contient
plusieurs articles qui montrent en quoi consistent
les stratagèmes pour payer les riches du premier
ministre Trudeau et de sa ministre des Finances
Chrystia Freeland.
À quoi s'attendre dans le discours
du Trône
- Pauline Easton -
Il y a beaucoup de spéculations sur ce que
contiendra le discours Trône du 23 septembre.
Les libéraux consultent « tous les partenaires[1] », des
lobbyistes aux banquiers, des représentants des
grandes entreprises et des chambres de commerce
aux chefs des grands syndicats dans leur giron.
Les médias rapportent qu'en fin de compte,
lorsqu'il sera mis en oeuvre, le « nouveau
plan » du gouvernement « s'articulera autour
de trois principaux axes : des mesures
supplémentaires pour freiner la propagation de la
COVID-19 et éviter un autre confinement à
l'échelle nationale ; des mesures pour aider
les Canadiens à rester à flot pendant que la
pandémie continue de sévir ; et des mesures à
plus long terme pour rebâtir l'économie[2] ».
Des
« personnes proches du Parti libéral » ont
confié à Reuters la semaine dernière que le
gouvernement a fait connaître certaines de ses
priorités aux lobbyistes. Ainsi, écrit Samantha
Wright Allen dans le Hill Times « la
plupart devraient déjà avoir une assez bonne idée
de ce que sont les thèmes majeurs, comme
l'écologisation de l'économie, les dépenses
d'infrastructure, la réforme des services de garde
d'enfants, les soins de santé (y compris les
centres de soins de longue durée et
l'assurance-médicaments) et la récession
‘féminine', qui fait référence au fait que la
pandémie a particulièrement affecté les emplois
des femmes. Le discours du Trône devrait
comprendre des réformes majeures du système de
sécurité sociale et un effort plus concerté pour
lutter contre les changements climatiques[3]. »
Aux dires de tous, Trudeau et sa ministre des
Finances Chrystia Freeland sont hantés par les
inégalités d'une part et par la détermination des
Canadiens à affirmer leur droit de décider d'autre
part. Part une arrogance sans pareil, ils
prétendent pouvoir renverser la tendance à
l'enrichissement des riches et à l'appauvrissement
des pauvres en créant une classe de décideurs
d'élite – une « ploutocratie sociale » –
constituée de bien-pensants qui savent favoriser
la « classe moyenne » et qui savent mieux que
quiconque ce qui est bon pour tout le monde.
Quiconque ne souscrit pas à cette « défense de la
classe moyenne » est dénoncé comme un
dangereux extrémiste de « gauche » ou de «
droite » devant être soumis à la mort civile.
La journaliste du Hill Times écrit :
« Chrystia Freeland peut être une meilleure figure
de proue pour un gouvernement axé sur la lutte aux
inégalités que Bill Morneau, qui a été un riche
dirigeant d'entreprise dont l'épouse fait partie
de la famille qui contrôle l'empire canadien
de 10 milliards de dollars McCain Foods Ltd.
« 'Nous vivons à une époque d'inégalités
croissantes de revenus, en particulier entre ceux
qui sont au sommet et tout le reste', a dit
Chrystia Freeland dans un discours en 2013,
environ cinq mois avant de remporter un siège à la
Chambre des communes pour le Parti de Trudeau, qui
était alors dans l'opposition.
« Freeland, bien que n'étant pas ultra-riche,
fait partie de cette même élite globe-trotteuse
depuis sa carrière en tant que rédactrice au
service de presse Reuters et au Financial
Times. »[4]
Le slogan que Trudeau répète selon le nouveau
plan de match dressé par les oligarques financiers
est « Rebâtir mieux » (« Build Back
Better »), qui est également le slogan de
campagne de Joe Biden, candidat à l'élection
présidentielle aux États-Unis. En mettant l'accent
sur des investissements massifs pour une « reprise
verte », on prétend donner un nouveau souffle
au capitalisme sans pour autant ni régler ni même
aborder aucun des problèmes réels de l'économie ou
la cause première des inégalités, qui est
l'exploitation toujours plus grande de la classe
ouvrière et l'oppression des peuples autochtones,
des femmes, des plus vulnérables et des peuples du
monde. C'est en fait ce que professent les
libéraux de Trudeau depuis leur arrivée au pouvoir
en 2015, lorsqu'ils ont battu le NPD au
dernier tournant de la campagne électorale avec
une annonce surprise de dépenses déficitaires
délibérées, souvent appelées « politique
économique expansionniste ».
La « politique économique expansionniste »
consisterait à créer une expansion de la
production de biens et de services par des
dépenses massives de l'État pour stimuler la
demande et faciliter l'investissement. Ses
partisans disent qu'il n'y a pas lieu de
s'inquiéter du remboursement des prêts massifs de
l'État puisque l'économie finit par tout régler
d'elle-même. C'est une autre façon de dire que les
stratagèmes pour payer les riches sont la solution
à tous les problèmes. C'est de la désinformation
pour éclipser le besoin de discuter de ces choses.
Même Trump aurait suivi une « politique économique
expansionniste » et tous, que ce soit de la «
gauche » ou de la « droite », nient que
les résultats que nous avons aujourd'hui sont dus
à ces politiques de payer les riches[5].
La réponse politique appropriée au programme de
payer les riches est : Non à la destruction
nationale ! Arrêtez de payer les
riches ; augmentez les investissements dans
les programmes sociaux ![6]
Notes
1. « Qu'est-ce
que la 'société de partenaires' ? », LML, 7
avril 2016
2. « Trudeau amorce les
consultations avec l'opposition », Presse
canadienne, 17 septembre 2020
3. « Lobbyists eye ‘high
stakes' throne speech as opportunity for client
interests in Liberal reset », Samantha Wright
Allen, Hill Times, 26 août 2020
4. Ibid.
5. Dans un article paru
dans The Economist en avril, Mark Carney,
ancien gouverneur de la Banque du Canada et,
jusqu'à récemment, de la Banque d'Angleterre,
exposait son point de vue sur l'économie
post-COVID – surtout, sur le potentiel de
réduction de l'écart entre les valeurs du marché
et les valeurs des citoyens.
La crise accélérera la fragmentation de
l'économie mondiale avec des déplacements limités
jusqu'à ce qu'un vaccin soit trouvé et appliqué,
écrit Carney. La dette inhibera la capacité de
croissance des entreprises et le dynamisme privé
pourrait être restreint par une relation trop
profonde avec l'État. La COVID a renforcé la leçon
de la crise financière de 2008 qui dit qu'il
faut valoriser la résilience. Il y aura des
conséquences durables pour les secteurs qui
dépendent de l'emprunt agressif des ménages ou
d'un marché immobilier en plein essor.
Carney conclut que nous sommes passés d'une
économie de marché à une société de marché, où un
actif doit se trouver sur un marché pour être
valorisé (par exemple, Amazon, l'entreprise a une
valeur ; Amazonie, la région, n'en a pas tant
qu'elle ne sera pas exploitée).
« Le prix de tout devient la valeur de tout. La
crise pourrait aider à inverser cette
relation », écrit Carney, qui cite les
changements climatiques comme le plus grand test
de cette nouvelle hiérarchie de valeurs.
6. Voir également « À
quoi s'attendre du discours du Trône : Les
stratagèmes pour payer les riches en empruntant
l'argent à des sources privées », LML
12 septembre 2020.
- K.C. Adams -
La voie néolibérale perpétue l'inégalité sociale
et le privilège de classe. La vie elle-même l'a
prouvé de manière sans équivoque. Que penser alors
de la nouvelle offensive qui laisse entendre que
le problème de l'inégalité sociale peut être
résolu par la voie néolibérale ?
Un idéal d'une vision libérale de la société est
ce qu'on appelle une société juste. Bien sûr c'est
précisément ce modèle de société qui est en crise
profonde aux États-Unis, en Europe et dans des
pays comme le Canada. Et pourtant, l'illusion est
créée que si seulement le problème des inégalités
peut être surmonté, alors nous pouvons réaliser le
rêve d'une société juste. Comment le problème des
inégalités peut-il être surmonté ? En
enchâssant l'égalité des chances, du moins c'est
ce qu'affirme la sagesse néolibérale.
La restructuration
néolibérale de la société a intensifié la tendance
à l'enrichissement des riches et à
l'appauvrissement des pauvres. Lorsque ce discours
est tenu par ceux qui cherchent à perpétuer la
voie néolibérale, le but n'est pas de créer une
société plus juste, mais de masquer l'objectif des
sociétés néolibérales de payer les riches, de
rendre les monopoles les plus puissants
concurrentiels sur les marchés mondiaux et de
politiser les intérêts privés en détruisant
l'autorité publique. C'est précisément cette
offensive antisociale brutale visant à éliminer
toute trace d'une autorité publique en faveur du
droit de monopole qui accélère la tendance à
l'enrichissement des riches et à l'appauvrissement
des pauvres.
Une richesse obscène s'accumule à un pôle, tandis
que les rangs des pauvres grandissent, comme le
montre, entre autres, l'augmentation du
pourcentage de personnes vivant dans la pauvreté
extrême. Loin d'être réduites, les inégalités ont
atteint des niveaux sans précédent, non seulement
dans les pays opprimés d'Asie, d'Afrique et
d'Amérique latine et dans les Caraïbes où
prospèrent les oligarchies possédant une richesse
obscène, mais également dans les citadelles
impérialistes.
D'abord, il est important de comprendre ce que
l'on entend par inégalité.
L'inégalité est naturelle et sociale. Les
inégalités découlent d'une part, de la grande
variété des capacités naturelles des individus, et
d'autre part, des privilèges de classe qui
existent dans le système social capitaliste et sa
division entre la classe ouvrière et les
détenteurs de la richesse sociale accumulée.
L'inégalité naturelle est liée aux capacités
naturelles. L'inégalité sociale est liée aux
privilèges de classe hérités par droit héréditaire
ou acquis par droit naturel.
L'inégalité naturelle des personnes n'est pas
quelque chose qu'il faut chercher à changer ou à
exploiter, mais plutôt protéger afin que chacun
trouve sa place dans la société et contribue au
meilleur de ses capacités. Même si l'impression
est créée que cela est réalisé en veillant à ce
que chacun bénéficie de « l'égalité des
chances », ce n'est pas le cas. La société
doit garantir l'épanouissement des capacités
naturelles de tous et empêcher que par les
privilèges de classe elles soient refoulées ou
utilisées à mauvais escient à des fins intéressées
et étroites. Dans les conditions actuelles, alors
que l'État n'est pas entre les mains des
travailleurs, cela ne peut être fait qu'en
s'attaquant aux inégalités sociales ou en
restreignant les privilèges de classe et en
privant l'élite dirigeante du pouvoir d'utiliser
l'État et son pouvoir économique et politique pour
opprimer et exploiter les autres et les priver de
leurs droits et besoins.
Beaucoup d'études statistiques démontrent que
l'appartenance de classe a un impact important sur
l'épanouissement, la négation ou la perte des
capacités naturelles. Les inégalités sociales sont
un obstacle au développement général des capacités
individuelles, qui pour beaucoup de gens peuvent
être perdues, pour eux, pour l'intérêt général de
la société et pour le bien public. La classe
ouvrière et ses représentants politiques refusent
ce gaspillage et luttent pour les droits de tous
et le pouvoir de tous d'être maîtres de leur
destin. Tous les êtres humains ont des droits du
fait de leur humanité et à cet égard le droit de
tous et chacun de contribuer à la société au
meilleur de leurs capacités et, en retour, la
garantie de leurs droits et besoins de manière
harmonieuse par la société sont fondamentaux.
Lorsque des membres de la classe ouvrière
parviennent, en raison de leurs capacités
naturelles ou d'autres facteurs, à briser le «
plafond de verre » des privilèges de classe,
ils sont encouragés par la richesse et le statut à
rejoindre l'élite capitaliste, à adhérer à son
idéologie, à défendre sa politique et à utiliser
leurs privilèges de classe nouvellement acquis
pour consolider leur position et celle des autres
membres de la classe dirigeante en opposition aux
intérêts de la classe ouvrière.
Paradoxalement, la négation de l'inégalité
sociale pour des individus choisis de la classe
ouvrière renforce et consolide les inégalités
sociales au sein de la société dans son ensemble.
Elle nourrit une section de travailleurs dévoués à
leurs privilèges de classe nouvellement acquis,
qui utilisent leurs ressources considérables et
leur influence nouvellement acquises et le pouvoir
de l'État pour priver le collectif de l'humanité
d'exercer son droit d'exister selon les capacités
et besoins de chacun et les intérêts de la
société. Une fois que les membres de cette section
ont par le droit naturel surmonté leur inégalité
sociale individuelle, ils deviennent des
idéologues des inégalités sociales et des
privilèges de classe, partagent le « rêve
américain » ou « canadien » et défendent
leurs privilèges de classe avec un zèle fanatique.
Pour s'opposer à la rébellion des travailleurs
contre leur appauvrissement, le principe libéral
par excellence de l'égalité des chances est
présenté comme la clé de la création d'une société
juste. Il faut, disent les néolibéraux, rallier
ceux qui croient que dans une société juste, le
dur labeur doit être récompensé.
Les néolibéraux appellent le peuple à changer
l'inégalité des chances en créant l'illusion que
certains individus, par droit naturel, peuvent se
joindre à ceux qui ont hérité de positions de
pouvoir et de privilèges de classe par droit
héréditaire ou acquis leurs positions, cette
richesse et ce pouvoir, par le soi-disant droit
naturel. Ils disent que l'inégalité des chances
nie aux gens, surtout ceux qui travaillent fort et
possèdent des capacités, la possibilité de
réaliser leur rêve d'ascension sociale à un statut
professionnel avec des revenus élevés ou de
devenir des détenteurs des richesses sociales
accumulées, abandonnant la classe ouvrière, pas
seulement sa position de classe, mais aussi et
surtout la pensée, la conception du monde,
l'idéologie et la politique de classe.
Selon cette vision du monde, l'inégalité des
chances injuste cause encore plus d'inégalité et
de perte d'espoir d'accéder au rêve qui, selon
elle, est ce qui motive chaque individu sur la
terre, soit l'acquisition de richesse sociale et
du privilège de classe. La solution est «
l'égalité des chances » ou la « mobilité
intergénérationnelle » pour renforcer le
statu quo des privilèges de classe et des
inégalités collectives en entretenant le rêve
qu'il est possible de surmonter les inégalités
sociales en travaillant fort ou en gagnant à la
loterie ou en se livrant à des activités
criminelles ou la corruption.
La position
néolibérale sur les inégalités nie leur réalité
dans les conditions naturelles et sociales.
L'inégalité naturelle n'est pas une faiblesse
humaine, mais une source de grande force et de
possibilités d'avancement de tous les êtres
humains et des intérêts généraux de la société.
L'inégalité sociale et les privilèges de classe
sont des expressions de la division de la société
en classes sociales antagonistes. Ils vont
continuer d'être une condition de vie rétrograde
tant et aussi longtemps que les classes sociales
et les privilèges de classe demeureront intacts.
La classe dirigeante utilise sa richesse sociale
accumulée et l'État capitaliste pour priver les
travailleurs de leurs droits et les empêcher
d'ouvrir la porte du progrès de la société, du
renouveau démocratique et du pouvoir souverain.
Elle veut les empêcher de créer les conditions de
l'égalité sociale et de l'épanouissement de
tous : de chacun selon leurs capacités, à
chacun selon ses droits et besoins garantis par la
société
La voie néolibérale perpétue l'inégalité sociale
et le privilège de classe. Afin d'arrêter la lutte
du peuple pour s'investir du pouvoir et l'amener à
pratiquer la conciliation avec les programmes
d'austérité antisociale, on crée des illusions sur
le système capitaliste lui-même, en disant qu'il
peut être réparé et que la seule alternative pour
le faire est la voie néolibérale.
- Anna Di Carlo -
Lorsque le premier ministre Justin Trudeau a
annoncé la démission du ministre des Finances,
Bill Morneau, et son remplacement par Chrystia
Freeland lors d'une conférence de presse
le 17 août, un journaliste lui a demandé
pourquoi il avait choisi Chrystia Freeland. Le
journaliste a commencé sa question en disant que
Chrystia Freeland était « connue pour vouloir
réduire les inégalités dans la société et pour
vouloir le faire en taxant les riches ».
Justin Trudeau a répondu que lui et Chrystia
Freeland avaient des discussions depuis plus de
sept ans et qu'il connaît ses opinions [sur
l'inégalité]. Elle a même écrit un livre sur le
sujet, a-t-il ajouté.
Le premier ministre Trudeau a déclaré aux
journalistes que cette pandémie « a mis de l'avant
les inégalités qui existent encore et nos
vulnérabilités en tant que société ».
« On doit traverser cette pandémie en donnant à
chacun une chance réelle et équitable de réussir
et pas seulement au 1 % le plus
riche », a-t-il déclaré.
L'oligarchie financière a recruté Chrystia
Freeland pour le Parti libéral de Trudeau entre
autres parce qu'elle a écrit en 2012 le
livre : Plutocrats : The Rise of the
New Global Super-Rich and the Fall of Everyone
Else (Ploutocrates : la montée des
nouveaux super-riches et la chute de tous les
autres).
Freeland répond aux préoccupations exprimées par
les super-riches au Forum économique de Davos, qui
prétend aborder les problèmes de l'économie
mondiale créés à cause de la promotion d'économies
de marché sans entraves, y compris les
conséquences sociales d'un monde dans lequel les
riches deviennent plus riches, les pauvres plus
pauvres et la destruction de la terre mère a créé
une situation intenable. Dans l'introduction de
son livre, elle dit qu'il s'agit « d'une tentative
de comprendre la forme changeante de l'économie
mondiale en regardant ceux qui sont au sommet :
qui ils sont, comment ils ont gagné leur argent,
comment ils pensent et comment ils se situent par
rapport au reste d'entre nous ».
Le livre adresse des remerciements aux « membres
de la super-élite mondiale » comme Eric
Schmidt, George Soros, Jeff Immelt et David
Rubenstein. Chrystia Freeland écrit qu'« ils m'ont
aidée à comprendre leur monde et certains d'entre
eux sont devenus des amis[1] ».
Ce livre exprime une forme d'admiration pour les
réalisations des ploutocrates dont Chrystia
Freeland raconte l'histoire. Elle les décrit comme
des « méritocrates » et les oppose
fréquemment aux « barons voleurs » du premier
âge d'or de la fin du XIXe siècle.
« Ce livre, écrit-elle, prend pour point de
départ la conviction que nous avons besoin des
capitalistes, parce que nous avons besoin du
capitalisme – le capitalisme étant, comme la
démocratie, le meilleur système que nous ayons
inventé jusqu'à présent. »
Cette position de « la fin de l'histoire »
sur la démocratie et le capitalisme indique que ce
qui va suivre n'est pas une analyse des conditions
concrètes permettant de tirer les conclusions qui
s'imposent, mais une interprétation dogmatique de
la manière dont le capitalisme et la démocratie,
qui comme le montrent les faits favorisent le
pouvoir des riches et des élites, peuvent être
renouvelés. Elle poursuit :
« Mais [le livre] soutient également que les
résultats comptent et que cet éloignement
grandissant des ploutocrates de tous les autres
est à la fois une conséquence importante de la
façon dont le capitalisme fonctionne aujourd'hui
et une nouvelle réalité qui façonnera
l'avenir. »
L'incapacité de Chrystia Freeland à analyser
conduit à une incapacité de prévoir comment la
nouvelle réalité dont elle parle façonnera
l'avenir. Sa préoccupation morbide de la défaite
est due à son interprétation dogmatique du
capitalisme et de la démocratie qui s'inscrit dans
la théorie de « la fin de l'histoire », qui
bloque la recherche de solutions aux vrais
problèmes de l'économie et de la société. Elle ne
fait qu'exprimer l'inquiétude de certains
ploutocrates que s'ils ne tiennent pas compte de
ce qui est en train d'arriver, ils risquent de
contribuer à la disparition du système même qui
leur permet de s'élever au sommet. Ses positions
s'apparentent à cet égard à celles du candidat à
la présidentielle américaine Joe Biden et de ses
soutiens. Mais, comme Donald Trump, Freeland est
également hanté par le spectre du communisme.
Écrivant sur l'impact de la révolution
industrielle (par opposition à la révolution
technologique actuelle), en particulier en Europe,
ainsi que sur le fait que l'État-providence a été
supplanté par le néolibéralisme, Freeland écrit
que cette révolution a été « si douloureuse pour
la société qu'elle a inspiré la première idéologie
cohérente de la lutte des classes - le marxisme -
et finalement un mouvement révolutionnaire violent
qui allait installer des régimes communistes en
Russie, en Europe de l'Est et en Chine au milieu
du siècle. Les communistes victorieux ont eu une
influence bien au-delà de leurs propres
frontières. Le New Deal américain et les systèmes
de protection sociale plus généreux de l'Europe
occidentale ont été créés en partie pour répondre
à la menace réelle. Il vaut mieux faire un
compromis avec les 99 % que de risquer
d'être renversé par eux ». (Souligné
par LML.)
Chrystia Freeland aligne ensuite les
simplifications historiques : « Ironiquement,
la situation du prolétariat était pire dans les
États où les bolcheviks avaient imposé une
dictature en son nom : le bloc soviétique. Le
niveau de vie était inférieur [...]. Mais aux
États-Unis et en Europe occidentale, le compromis
entre les ploutocrates et tous les autres a
fonctionné. La croissance économique a bondi et
l'inégalité des revenus n'a cessé de
diminuer. »
« C'était l'âge d'or de la classe moyenne
américaine, et ce n'est pas un hasard si notre
culture populaire s'en souvient si bien »,
ajoute-t-elle.
Parlant de la disparition de cet âge d'or et du
contrat social d'après-guerre, Chrystia Freeland
attribue les changements de l'économie mondiale
qui ont conduit aux inégalités d'aujourd'hui aux
deux révolutions : la technologie et la
mondialisation, ainsi qu'aux différents aspects
économiques et politiques de ces deux phénomènes
Ardente partisane
de l'ordre mondial globalisé néolibéral, elle
roucoule : « La mondialisation fonctionne, le
monde dans son ensemble s'enrichit. Mais une
grande partie des coûts de cette transition sont
assumés par des groupes spécifiques de
travailleurs des pays occidentaux
développés. »
Elle considère la situation internationale
actuelle comme une nouvelle forme
d'«internationalisme », car elle touche tout
le monde à l'échelle mondiale.
« Nous sommes habitués à penser que la gauche a
une perspective internationaliste. Les libéraux
sont le genre de personnes qui s'inquiètent de la
pauvreté en Afrique ou de l'éducation des filles
en Inde. L'ironie aujourd'hui, c'est que les vrais
internationalistes ne sont plus les libéraux au
coeur sensible, mais les impitoyables titans du
capital », écrit-elle.
Pour expliquer comment il en est ainsi, Chrystia
Freeland cite The Growth Map : Economic
Opportunity in the BRIC's and Beyond (La
carte de croissance : opportunité économique
dans les BRIC et au-delà) de Jim O'Neil, ancien
économiste en chef de la banque Goldman
Sachs :
« Nous sommes dans les premières années de ce qui
est probablement l'un des plus grands changements
des richesses et des disparités de revenus de
l'histoire. Cela m'irrite lorsque j'entends et que
je lis des histoires sans fin et mensongères sur
la façon dont seuls quelques-uns profitent et
augmentent leur richesse grâce aux fruits de la
mondialisation, au détriment des masses
marginalisées. La mondialisation peut accroître
les inégalités à l'intérieur de certaines
frontières nationales, mais à l'échelle mondiale,
elle a été une force immense pour le bien en
réduisant les inégalités entre les personnes à une
échelle sans précédent. Des dizaines de millions
de personnes [...] sont sorties de la pauvreté
[...] De vastes pans de l'humanité ont la
possibilité de profiter de certains des fruits de
la création de richesses. »
Le livre de Chrystia Freeland est plein de
citations et d'histoires sur les ploutocrates, les
élites dirigeantes et leurs conseillers pour
montrer que ce sont eux qui sont préoccupés par la
situation. Larry Summers, ancien directeur du
Conseil économique national des États-Unis sous le
président Barack Obama et secrétaire au Trésor
américain sous le président Bill Clinton avant
cela, avait des remords de conscience face aux
politiques d'admission élitistes à Harvard
lorsqu'il en était le doyen.
Freeland raconte comment Mark Carney, alors
gouverneur de la Banque du Canada, est devenu un
protagoniste important de « la bataille centrale
entre la ploutocratie et le reste d'entre
nous » lors d'une réunion internationale
privée de banquiers. Dans la même veine, elle
déclare que lors d'une conversation publique avec
l'ancien premier ministre Paul Martin et l'ancien
président mexicain Ernesto Zedillo, tous deux «
membres en règle de l'élite mondiale », ils «
ressemblaient beaucoup aux jeunes qui campaient au
parc Zuccotti » [lieu du campement du
mouvement Occupy Wall Street à New York — note
de la rédaction].
La volonté perverse d'une « ploutocratie
sociale »
Quelle est donc la position de Chrystia Freeland
sur la question des ploutocrates et des aberrantes
inégalités des revenus qu'elle décrit ?
La « nouvelle approche » revendiquée par
l'équipe Trudeau-Freeland-LeBlanc-Duclos[2] entre dans la
catégorie décrite comme la « ploutocratie
sociale » ou la « ploutocratie
inclusive » qui, essentiellement, n'est rien
d'autre qu'un autre terme pour la politique de la
« troisième voie » des années 1990 de
Tony Blair, Anthony Gidden, les Clinton et
d'autres, y compris l'équipe Trudeau.
Une ploutocratie sociale est définie comme suit
par John H. Skinner, l'un de ses défenseurs :
« Dans une ploutocratie[3]
dominée par la technologie et la délocalisation,
il est nécessaire d'adopter des approches
innovantes pour s'adapter aux changements majeurs.
La ploutocratie sociale pourrait faire partie de
la solution aux problèmes économiques et sociaux
créés par la ploutocratie si l'avarice était
remplacée par l'altruisme. La ploutocratie sociale
repose sur une société contrôlée par une minorité
puissante qui se rend compte que, pour maintenir
son statut, elle doit assurer la stabilité
économique des masses. Une ploutocratie sociale
garantit que tous les citoyens ont la possibilité
de maintenir et d'améliorer leur niveau de vie.
Les ploutocrates peuvent devenir un moteur des
réformes nécessaires dans les domaines de la
santé, de l'éducation, du marché du travail, de la
fiscalité et de l'environnement. Les ploutocrates
ont bénéficié de multiples façons du soutien et
des largesses du gouvernement ; il est temps
qu'ils aident la majorité. Les États-Unis sont
face à un avenir marqué par la persistance des
inégalités de revenus et les pertes d'opportunités
de travail, à moins que les ploutocrates ne
cherchent des solutions. Des changements peuvent
être faits sans nuire aux privilégiés, tout en
réduisant la menace qui pèse sur leur hégémonie.
Historiquement, la formule qui produit des
avantages disproportionnés a conduit à des
troubles sociaux et à des désordres civils. La
solution consiste à trouver un juste milieu qui ne
décourage pas le système capitaliste de libre
entreprise, mais qui tient compte également de la
dignité de ceux qui désirent travailler, mais qui
sont sans emploi sans que ce soit leur faute[4]. »
Une défense désespérée de la démocratie libérale
Dans son livre, Chrystia Freeland écrit au sujet
d'un concept appelé « capture cognitive de
l'État » en parlant du côté politique de la
ploutocratie. Le terme aurait été inventé par
William Butler, un autre membre de la «
super-élite mondiale » et économiste en chef
pour Citigroup depuis 2010. Chrystia Freeland
dit se rappeler comment Butler le lui a
expliqué : « Cela ne se fait pas par des
intérêts particuliers qui achètent, font chanter
ou corrompent pour obtenir le contrôle des
assemblées législatives, de l'exécutif ou d'un
quelconque régulateur ou organisme important
[...], mais plutôt par l'intermédiaire de
personnes responsables de l'entité étatique
concernée qui internalisent, comme par osmose, les
objectifs, l'intérêt et la perception de la
réalité des intérêts qu'ils sont censés
réglementer et superviser dans l'intérêt
public. »
Malgré une telle « capture cognitive de
l'État » de l'État de démocratie libérale par
les puissants économiquement, lorsque Chrystia
Freeland a reçu le prix Atlantik-Brücke en 2018[5], elle a
prononcé un discours appelant désespérément à sa
défense.
Chrystia Freeland a mis en garde l'auditoire
contre la complaisance face au « caractère
inéluctable de la démocratie libérale ». «
L'idée que la démocratie pourrait vaciller, voire
être renversée, là où elle était auparavant
florissante, peut sembler farfelue. Mais d'autres
grandes civilisations se sont élevées, puis sont
tombées. Il serait prétentieux de croire à tout
prix qu'il en sera autrement pour nous. » «
Même au sein du club des riches démocraties
occidentales, prévient-elle, nous assistons
localement à une montée des mouvements
antidémocratiques. Qu'ils soient néonazis,
suprémacistes blancs, ‘incels', nativistes ou
antimondialistes radicaux, ces mouvements
cherchent à saper la démocratie de
l'intérieur. »
Chrystia Freeland compare la démocratie libérale
à un jardin qui doit être soigneusement entretenu
et protégé des « vignes et des mauvaises
herbes ». L'analogie vient de The Jungle
Grows Back : America and Our Imperiled
World de Robert Kagan. Elle a lu un passage
du livre à l'assistance : « Si l'ordre
libéral est comme un jardin, artificiel et à
jamais menacé par les forces de la nature, sa
préservation nécessite une lutte persistante et
sans fin contre les vignes et les mauvaises herbes
qui travaillent constamment à le saper de
l'intérieur et à l'accabler de l'extérieur.
Aujourd'hui, il y a des signes tout autour de nous
indiquant que la jungle repousse. »
Chrystia Freeland partage avec Justin Trudeau
cette opinion sur les « extrémistes » qui
menacent la démocratie libérale, comme ce dernier
l'a exprimé lorsqu'il a rejeté l'avis du Comité
parlementaire sur l'adoption d'un mode de
représentation proportionnelle car selon lui cela
permettrait aux voix « extrémistes et
activistes » d'être entendues.
Politiquement,
cette thèse est empreinte de mépris pour le droit
de conscience, la liberté d'expression et
d'association et le droit des membres du corps
politique d'apporter des solutions aux problèmes
auxquels la société est confrontée. Dans son
discours, « les vignes et les mauvaises
herbes » sont « les prédicateurs de la haine,
les populistes en colère de l'extrême droite et de
la gauche » qui « dénoncent des groupes comme
le nôtre ». Elle poursuit : « Ils aiment
affirmer que l'ordre international fondé sur des
règles et les institutions multilatérales – l'ONU,
l'OMC ou l'UE – et même la démocratie libérale
elle-même sont des projets d'élite conçus pour
profiter à une petite minorité tout en
marginalisant tout le monde. Rien ne pourrait être
plus loin de la vérité. Quand la jungle repousse,
les plus faibles sont les premiers à en
souffrir. »
Elle recourt ensuite au mantra du mouvement
Occupy Wall Street : « Mais il est également
vrai qu'au cours des dernières décennies dans nos
pays, le capitalisme démocratique a mieux servi
le 1 % que les 99 %. Et donc,
alors que nous cultivons nos propres intrigues [son
choix de mots — note de la rédaction] au
XXIe siècle, nous devons veiller à ce que ce
soient des jardins dont les fruits sont récoltés
par le plus grand nombre et pas seulement par
quelques-uns. »
Chrystia Freeland révèle une fois de plus à quel
point elle est hantée par le spectre du
communisme. Elle cite le titre de l'oeuvre de
Lénine Que faire ? (qu'elle attribue
à des « socialistes russes du XIXe siècle »)
et répète la bravade de tous ces vestiges des
forces tsaristes qui, depuis la révolution russe,
se déclarent enlisés dans le désespoir,
l'impuissance et la détresse. « Voici ma réponse,
tonne-t-elle : le temps est venu pour la
démocratie de riposter. »
Freeland reprend le mantra de l'oligarchie
financière contre les menaces politiques «
extrémistes » et défend les valeurs
démocratiques libérales qui ne correspondent plus
à la réalité des arrangements néolibéraux actuels,
elle est une porte-parole de la défense du
libre-échange néolibéral et d'un «
multilatéralisme fondé sur des règles » que
le système impérialiste d'États doit adopter selon
elle pour renouveler l'ordre mondial et le sauver
du renversement.
Dans un aveu catégorique des ravages et de la
destruction que le nouvel ordre mondial
impérialiste a infligés au monde, elle dit :
« Ni les Canadiens ni les Allemands ne veulent
vivre dans un monde où la force fait le droit, où
le vol, le meurtre et l'invasion sont non
seulement tolérés, mais deviennent, dans la
pratique, les outils les plus efficaces de la
gouvernance. Nous ne voulons pas vivre dans un
monde où deux ou trois grandes puissances se
partagent le butin et ne laissent aux autres
d'autre choix que de choisir son camp et de se
contenter des restes. »
En se faisant la défenderesse de l'intégration de
l'économie canadienne à l'économie de guerre
impérialiste américaine et de l'État canadien à
l'État impérialiste et au gouvernement de guerre
des États-Unis, c'est précisément ce qu'elle
défend de facto.
Notes
1. Eric Schmidt :
ancien président de Google et président exécutif
d'Alphabet. Actuellement président du conseil
consultatif sur l'innovation de la défense du
département américain de la Défense. Sa valeur
nette actuelle est de 14,7 milliards de
dollars.
Georges Soros : investisseur milliardaire et
philanthrope hongro-américain. En mai 2020,
il avait une valeur nette de 8,3 milliards de
dollars, ayant fait un don de plus de 32
milliards de dollars aux fondations Open Society.
Jeff Immelt : Partenaire de la société de
capital-risque New Enterprise Associates (NEA), il
siège actuellement au conseil d'administration des
sociétés du portefeuille NEA Collective Health,
Desktop Metal and Radiology Partners. Il a été
président et chef de la direction de General
Electric et avant cela directeur de la Federal
Reserve Bank de New York, président du Conseil
présidentiel américain sur l'emploi et la
compétitivité et administrateur du collège de
Dartmouth.
David Rubenstein : homme d'affaires et
philanthrope ; analyste financier et
avocat ; cofondateur et coprésident exécutif
de la société mondiale d'investissement en
capital-investissement Carlyle Group. Au 30
juin 2020, le groupe Carlyle gérait 221
milliards de dollars d'actifs dans 389
véhicules d'investissement dans le
capital-investissement d'entreprise, les actifs
réels, le crédit mondial et les solutions
d'investissement.
2. Justin Trudeau, premier
ministre ; Chrystia Freeland, ministre des
Finances ; Dominic LeBlanc, ministre des
Affaires intergouvernementales ; Jean-Yves Duclos,
président du Conseil du trésor et ancien
professeur d'économie à l'Université Laval
spécialisé dans les questions d'égalité, de
justice sociale, de pauvreté et ainsi de suite.
3. La ploutonomie est un
terme qui désigne la science de la production et
de la distribution de la richesse. Le terme est
apparu pour la première fois au milieu du XIXe
siècle dans les écrits de John Malcolm Forbes
Ludlow. Plus récemment, les analystes de
Citigroup, à commencer par Ajay Kapur
en 2005, ont utilisé le terme pour décrire
une économie dans laquelle les riches sont les
moteurs et les principaux bénéficiaires de la
croissance économique.
Les analystes de Citigroup ont conseillé à leurs
clients de profiter des inégalités en construisant
un portefeuille d'actions composé des articles de
luxe privilégiés par les riches. Quinze ans plus
tard, Kapur a proposé que l'antagonisme à la
ploutonomie avait atteint un point de bascule.
(investopedia.com)
4. Capitalism,
Socialism, Social Plutocracy : An American
Crisis, John H. Skinner, 2014
5. Atlantik-Brücke a été
fondée en 1952 dans le but de faire
progresser la coopération entre l'Allemagne,
l'Europe et l'Amérique pour promouvoir « le
multilatéralisme, des sociétés ouvertes et le
libre-échange ». Ses membres, sur invitation
uniquement, seraient composés de 500 « décideurs
du monde des affaires, de la politique, de la
science et des médias des deux côtés de
l'Atlantique ».
11 septembre 2020
Le 11 septembre était le 47e
anniversaire du coup d'État des impérialistes
américains au Chili, au cours duquel le régime de
Pinochet a assassiné brutalement le président
Salvador Guillermo Allende et assassiné, torturé
et emprisonné des milliers de personnes. De
nombreuses activités commémoratives ont eu lieu
dans le monde pour souligner cet anniversaire,
tout en gardant à l'esprit qu'aujourd'hui les
États-Unis continuent d'organiser et de soutenir
des coups d'État violents, comme ils l'ont fait au
Honduras en 2009, et de mener des actions
subversives contre les gouvernements
démocratiquement élus de pays d'Amérique latine
comme Cuba, le Venezuela, la Bolivie et le
Nicaragua qui exercent le droit de choisir leur
propre système politique, libres de toute
ingérence des États-Unis.
Nous saluons la lutte résolue du peuple chilien
pour obtenir justice pour les crimes commis par le
régime Pinochet et ses commanditaires américains
et la lutte qu'il poursuit aujourd'hui pour se
débarrasser des vestiges de l'ère de Pinochet et
se doter une nouvelle constitution.
Le Centre culturel Araucaria de Montréal a
organisé l'événement traditionnel de rappel des
événements du 11 septembre au Chili il y
a 47 ans. L'Arbre de la Mémoire qui pousse au
parc Jeanne-Mance de Montréal rassemble chaque
année des Chiliens et des amis du peuple chilien.
Montréal, le 12 septembre 2020
Le samedi 12 septembre, à Montréal
également, le groupe Place de la dignité a
organisé un événement festif de prestations,
musique, interventions et collecte de fonds en
appui au peuple mapuche au Chili et pour l'envoi
de matériel médical à Cuba.
Mara Bilbao Diaz, consule générale de Cuba à
Montréal, s'adresse aux participants.
Le 17 septembre, des représentants du Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste) se sont
joints à la communauté chilienne pour offrir des
fleurs au pied de l'Arbre planté dans le parc
Strathcona au bord du Canal Rideau à Ottawa
en 2008 en mémoire du président défunt
Salvador Allende.
Rapports
« Maintenant à sa 20e année, un récent
bulletin de l'UNICEF qui fait le suivi de l'état
des enfants et des jeunes âgés de moins de 18
ans dans les pays riches a classé le
Canada 30e sur 38 pays développés. Il
s'est classé 31e pour ce qui est de garantir
un bien-être mental aux enfants, 30e pour ce
qui est de la santé physique et 18e en
réussite scolaire et acquisition de
compétences », a rapporté le Hill Times
le 17 septembre.
Selon le rapport, les pays du monde consacrent en
moyenne 2,4 % de leur produit intérieur
brut en soutien aux familles. Les dépenses
publiques du Canada en 2015 sous forme de
transferts, de services et d'allégements fiscaux
pour les familles se situaient juste au-dessus ou
juste en dessous de 1,5 %.
Le Centre canadien de politiques alternatives
(CCPA) indique dans un nouveau rapport que
les 20 plus riches milliardaires du Canada
ont augmenté de 37 milliards de dollars leur
richesse collective depuis mars, lorsque le
confinement et les fermetures liés à la COVID ont
commencé partout au pays.
Le CCPA rapporte que certains on fait mieux que
d'autres, les gains les plus importants étant ceux
de la famille Thomson (une augmentation en
richesse estimée à 8,8 milliards de dollars),
suivie de près par Tobi Lutke de Shopify (une
augmentation de 6,6 milliards de dollars), ce
qui est le reflet des énormes gains parmi les
firmes de haute technologie comme Amazon et Apple
au sud de la frontière. Le fondateur de Lululemon,
Chip Wilson, s'en est exceptionnellement bien tiré
avec des gains de près de 3 milliards de
dollars.
En même temps que
les milliardaires tels que le propriétaire de
Loblaw, Galen Weston, ont vu leur richesse grimper
en flèche, les travailleurs de première ligne qui
remplissent les rayons et enregistrent aux caisses
les produits d'épicerie dans leurs magasins ont
continué de risquer leur santé et celle de leurs
proches en entrant au travail chaque semaine.
« Fondamentalement, il s'agit du pouvoir de
quelques riches, comme Galen Weston de Loblaws, de
récupérer la paie liée à la pandémie des
travailleurs de première ligne pour augmenter
leurs profits, a déclaré à Ricochet le chercheur
du CCPA et co-auteur du rapport, Alex Hemingway.
Et leur pouvoir, dans le cadre des politiques
actuelles, est d'amasser d'énormes portions de la
richesse qui est en fait créée par nous
tous. »
Ricochet informe que la liste « laisse de côté
peut-être la personne la plus riche du monde qui
détient la citoyenneté canadienne : Elon
Musk. La fortune personnelle du fondateur de Tesla
a plus que triplé pendant la pandémie et est
estimée à plus de 120 milliards de
dollars. »
Le rapport du CCPA note que « les données de la
liste annuelle des milliardaires de Forbes et de
leur liste des ‘milliardaires en temps réel'
montrent que les 20 premiers milliardaires du
Canada ont amassé en moyenne un peu moins
de 2 milliards de dollars en gains de
richesse au cours ces six mois parmi les plus
catastrophiques sur le plan économique de
l'histoire du Canada. C'est le reflet du
découplage de plus en plus évident du marché
boursier par rapport à l'économie réelle. »
Le milliardaire de la Colombie-Britannique Jim
Pattison a également vu sa fortune bondir, en
hausse de 1,7 milliard de dollars depuis
mars. La chaîne d'épiceries qu'il possède a annulé
la prime de risque pour les travailleurs en mai, à
peine plus de deux mois après le début du décret
de l'urgence de santé publique. Le CCPA rapporte
que lorsque la prime a été annulée, il a dit aux
journalistes qu'il « n'était pas impliqué »
dans cette décision, mais que « nous possédons et
finançons l'entreprise ».
En plus de préconiser un impôt sur les fortunes,
le rapport du CCPA appelle à une réforme de
l'impôt des sociétés et la lutte aux paradis
fiscaux.
Ricochet écrit : « Pour les milliardaires
dont les fortunes gonflées sont documentées dans
le rapport du CCPA, quelques points de pourcentage
font une grande différence. Avec un impôt sur la
fortune de 1 % sur la richesse de plus
de 20 milliards de dollars, les Thomson
paieraient un peu plus de 500 millions de
dollars. Avec une augmentation de 2 % à
partir de 50 millions de dollars, ils devraient
plus d'un milliard de dollars d'impôts sur la
fortune, ce qui ne représenterait encore qu'une
fraction des 8,8 milliards de dollars qu'ils
ont amassés pendant la pandémie et leur laisserait
une fortune personnelle d'un peu moins de 50
milliards de dollars. »
Pour le rapport complet du CCPA (en anglais),
cliquer ici.
Le secteur mondial du tourisme a perdu
environ 460 milliards de dollars au premier
semestre de 2020 en raison de la baisse des
voyages internationaux dans le monde, causée par
la pandémie du nouveau coronavirus, a rapporté
l'Organisation mondiale du tourisme des Nations
unies le 15 septembre.
« La baisse massive de la demande de voyages
internationaux au cours de la période de janvier à
juin 2020 se traduit par une perte
de 440 millions d'arrivées internationales et
d'environ 460 milliards de dollars US de
revenus des exportations provenant du tourisme
international. C'est environ cinq fois plus que la
perte de revenus du tourisme international
enregistrée en 2009 au plein milieu de la
crise économique et financière mondiale »,
déclare l'agence des Nations unies.
Selon l'organisation, les arrivées de touristes
internationaux ont chuté de 65 % au
cours du premier semestre de l'année, lorsque les
pays ont introduit des restrictions de voyage et
fermé les frontières afin de contenir l'infection.
L'Asie et le Pacifique, la première région à
ressentir l'impact de la COVID-19 sur le tourisme,
a été la plus durement touchée, avec une baisse
de 72 % du nombre de touristes sur la
période de six mois. L'Europe a été la deuxième
région la plus touchée, avec une baisse de
66 %. L'Afrique et le Moyen-Orient ont tous
deux subi des baisses de 57 % et les
Amériques ont connu une baisse de 55 %.
L'industrie touristique canadienne a été
grandement touchée par la pandémie. Bien que
l'agence des Nations unies n'ait pas fourni de
données spécifiques au pays, les rapports de
presse fournissent certaines informations. Les
arrivées d'automobiles des États-Unis au Canada
ont diminué de 96 % par rapport à
l'année dernière, après cinq mois de fermeture de
la frontière canado-américaine aux voyages non
essentiels. Les dépenses touristiques au Canada
ont chuté de 14,2 %, tandis que l'emploi
dans l'industrie du tourisme a diminué de
6,5 %.
L'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) a publié
le 16 septembre ses perspectives provisoires
sur l'économie mondiale. Le rapport est basé sur
une économie centrée sur le capital et accorde
toute la crédibilité aux mesures pour payer les
riches des gouvernements néolibéraux, tel que le
gouvernement Trudeau au Canada, malgré
l'expérience des travailleurs établissant que de
telles mesures ne placent pas en premier lieu le
bien-être de ceux qui produisent la richesse. Par
conséquent, le rapport de l'OCDE promeut l'idée
que les mesures de santé et de sécurité publiques
se font au détriment des performances économiques
et vice versa, qu'il faut trouver un équilibre
entre les deux et que les intérêts privés sont
alors promus comme essentiels à toute reprise, et
non le facteur humain/conscience sociale
représenté par les travailleurs.
L'OCDE indique que le produit intérieur brut
mondial diminuera de 4,5 % cette année
avant de se redresser de 5 %
en 2021. Ces projections représentent une
amélioration de 1,5 en termes de point de
pourcentage pour 2020 et une baisse
de 0,2 point de pourcentage pour l'année
prochaine, par rapport aux dernières estimations
de l'OCDE en juin.
« Ces prévisions sont moins négatives [...]
essentiellement grâce aux résultats meilleurs que
prévu enregistrés en Chine et aux États-Unis au
premier semestre de cette année et aux réponses
apportées massivement par les pouvoirs
publics », dit l'OCDE.
L'assouplissement des mesures de confinement et
la réouverture initiale des entreprises avaient
également contribué à une reprise plus rapide,
a-t-elle ajouté, notant que de nouvelles
restrictions imposées dans certains pays pour
lutter contre la résurgence du virus ralentiraient
probablement le rythme de croissance.
L'OCDE déclare que « tous les pays du G20, à
l'exception de la Chine, auront subi une récession
en 2020. Et bien qu'une reprise fragile soit
attendue l'année prochaine, dans de nombreux pays,
la production à la fin de 2021 sera encore
inférieure à son niveau de fin 2019, et bien en
deçà de ce qui était prévu avant la
pandémie. » Dans ses projections, l'OCDE
prévoit cette année une augmentation
de 1,8 % en Chine.
L'OCDE considère que les États-Unis ont un
meilleur rendement que ses projections, avec une
diminution de 3,8 % en 2020, par
rapport au changement estimé de -7,3 %.
Toutefois, « les perspectives d'une croissance
économique inclusive, résiliente et durable
dépendront de divers facteurs, notamment de la
probabilité de nouvelles vagues d'infections, de
la rigueur avec laquelle les individus
respecteront les consignes et les restrictions
sanitaires, de la confiance des consommateurs et
des entreprises, et de l'ampleur avec laquelle les
initiatives prises par les pouvoirs publics pour
préserver les emplois et aider les entreprises
réussiront à stimuler la demande », déclare
l'OCDE dans son rapport.
L'OCDE met toutefois en garde contre « une
résurgence plus forte de la pandémie ou des
mesures d'endiguement plus strictes pourraient
amputer de 2 à 3 points de pourcentage
le taux de croissance mondial en 2021, ce qui
se traduirait par un chômage encore plus élevé et
une période prolongée d'atonie de
l'investissement ».
En ce qui concerne le Canada, le rapport de
l'OCDE estime que « la production annuelle devrait
se contracter de 9,4 % en 2020 si
le virus revient et impose un nouvel arrêt de
l'activité, et de 8 % si la reprise se
poursuit sans interruption. Dans les deux
scénarios, le rebond ne sera pas suffisamment
dynamique pour que la production renoue avec son
niveau d'avant la COVID-19 d'ici la fin
de 2021. De même, le taux de chômage restera
élevé. Conséquence des nouveaux engagements de
dépenses et des pertes de recettes fiscales, les
soldes budgétaires se dégraderont fortement avant
de se rétablir quelque peu à la faveur de la
diminution des paiements de soutien et du
redressement des revenus. La faiblesse de la
demande tirera l'inflation des prix à la
consommation vers le bas. »
Dans un contexte d'incertitude élevée et
d'accélération des activités économiques selon des
schémas différents dans tous les pays, l'OCDE
appelle les gouvernements à agir davantage pour
aider à renforcer la confiance des citoyens en
apportant un soutien budgétaire, financier et
autres politiques plus souples et plus ciblés.
« Il est important que les autorités se gardent
de commettre l'erreur de resserrer la politique
budgétaire trop rapidement, comme cela s'était
passé après la dernière crise financière », a
dit la cheffe économiste de l'OCDE Laurence Boone.
« Les pouvoirs publics ont une occasion unique de
mettre en oeuvre des plans de relance
véritablement durables, visant à redémarrer
l'activité et à investir dans l'indispensable
modernisation numérique des petites et moyennes
entreprises et dans des infrastructures, des
transports et des logements verts, pour
reconstruire une économie meilleure et plus
verte », a-t-elle ajouté.
À titre d'information
- Louis Lang -
L'événement organisé pour les parlementaires le
14 septembre a donné un bon aperçu de la direction
dans laquelle s'engagent les Libéraux à l'approche
du discours du Trône
Dans l'annonce de la réunion dans le Hill
Times, on pouvait trouver les mêmes
mots-clés entendus dans la campagne de Joe Biden
et dans les discours des experts qui conseillent
les gouvernements sur comment bâtir une économie
plus résiliente. « Rebâtir, mais mieux : pour
une économie canadienne plus équitable et
résiliente – Joseph Stiglitz, lauréat du prix
Nobel d'économie, et d'autres économistes de
renommée internationale s'adressent aux
parlementaires canadiens sur la relance. Ce
premier webinaire de la série la ‘Voie vers la
relance de l'économie et la protection de la santé
des Canadiens', au cours duquel Cameron Hepburn de
l'Université Oxford et Peter Victor de
l'Université York prendront aussi la parole,
comprendra également une session de questions et
réponses. C'est un événement qui n'aura lieu
qu'une fois et ne sera pas enregistré et pour
lequel la participation est limitée. Réservé aux
bureaux parlementaires et aux représentants
principaux du gouvernement. Organisé et animé par
Rosa Galvez (Québec), membre du Groupe de
sénateurs indépendants, le 14 septembre,
de 13 h à 14 h 45 HNE [...] »
L'orateur principal de cette discussion, Joseph
Stiglitz, est un des principaux porte-paroles
internationaux de la thèse selon laquelle le
système néolibéral actuel a engendré un niveau
dangereux d'inégalités qui doivent être traitées
dans tout programme de relance de l'économie
pendant la pandémie.
Il n'y a eu aucun rapport sur sa présentation et
l'événement n'a pas été enregistré, mais le
message qu'il a été invité à présenter en
préparation au discours du Trône se retrouve dans
son livre le plus récent People, Power and
Profit ; Progressive Capitalism for an Age
of Discontent (Le peuple, le pouvoir et le
profit : un capitalisme progressiste à l'ère
du mécontentement ), dans lequel il affirme que
pour mesurer la richesse d'une nation il est
important d'examiner le niveau de l'avancement de
la science, le développement des sciences sociales
et l'épanouissement des institutions publiques qui
reflètent le niveau de coopération dans la
société. Il souligne aussi qu'il n'y a aucun
rapport entre le niveau de la richesse
individuelle et celui de la richesse globale d'une
nation puisque la richesse individuelle peut avoir
été obtenue de différentes façons, comme le vol et
par différentes formes d'exploitation dont
certains individus tirent profit pour accumuler
une richesse personnelle. Il compare aussi cette
méthode à l'exploitation du « pouvoir du
marché » par certaines des plus grandes
entreprises pour dominer le marché pour éliminer
toute véritable compétition. Il prétend qu'aux
États-Unis ces pratiques ont engendré des niveaux
accrus d'inégalité et que toute la croissance a
été accaparée par ceux qui sont au sommet de
l'échelle.
Il tient le néolibéralisme responsable de cette
situation de crise, ou encore l' « économie de
l'offre » de l'ère Thatcher et Reagan qui a
mené à la destruction de toute réglementation
limitant la croissance des monopoles. La théorie
des retombées a été un échec total de sorte que
dans les 40 dernières années, pour
le 90 % de la population en bas de
l'échelle, il n'y a eu aucune croissance. Il donne
l'exemple de la Chine où il dit qu'au cours de la
même période de 40 ans, 750 millions de
personnes sont sorties de la pauvreté.
Il est venu plaider aux parlementaires à Ottawa
qu'il faut un capitalisme progressiste. En
d'autres mots, il préconise la nécessité de
ressusciter la social-démocratie. Pour le marché,
il faut donc un nouveau contrat social entre
l'État et la société civile ainsi que
l'établissement d'institutions publiques comme des
coopératives, des ONG, des universités et d'autres
organisations sans but lucratif qui sont
nécessaires au bon fonctionnement de la société
basée sur la coopération plutôt que sur
l'exploitation sans merci. D'autres disent que
c'est une question de rassembler les meilleurs et
les plus brillants et de créer une intelligentsia
éclairée qui peut décider ce qui est bon pour la
société et « donner un coup de pouce » pour
que tout le monde choisisse cette voie.
Il a sans
doute parlé de l'inefficacité de certains
programmes d'aide que le gouvernement a mis en
place pendant la pandémie qui ont surtout profité
aux riches entreprises et mené à une plus grande
inégalité dans la société.
Selon Stiglitz, les programmes gouvernementaux
ont été inefficaces à injecter de l'argent dans
l'économie. Les gouvernements doivent évaluer ce
qu'il appelle les « industries de l'avenir
», avec l'accent sur les industries vertes
et sur les institutions d'enseignement et la
réduction du fardeau qui pèse sur les étudiants.
Essentiellement, ce que Stiglitz propose c'est
une façon plus efficace de payer les riches en
mettant de l'argent dans les mains des gens qui
doivent immédiatement le faire circuler tout en
justifiant ce moyen de subsistance en prétendant
qu'il vise à veiller sur tout le monde et à créer
de l'égalité dans le système. C'est
essentiellement ce que Chrystia Freeland et son
mentor Larry Summers préconisent et que les
libéraux ont adopté lors des campagnes électorales
en 2015 et en 2019 sous le mot d'ordre
de « veiller au bien-être de la classe
moyenne ». C'est une tentative désespérée et
en faillite de désinformer le corps politique pour
lui faire croire que la nature du système peut
changer et pour détourner l'attention des formes
nouvelles qui sont inventées pour payer les
riches.
Richard Florizone est le président et PDG de
l'Institut international du développement
durable et un des dirigeants du Groupe de
travail pour une reprise économique résiliente,
qui se décrit comme étant « un groupe
indépendant et diversifié des leaders canadiens
des domaines de la finance, de la politique et
de la durabilité résolus à faire en sorte que le
Canada saisisse cette occasion qui s'offre ».
Florizone dit qu'« assurer une reprise
résiliente n'est pas seulement une question de
ce qui est bon pour l'économie ou de ce qui est
bon pour l'environnement. C'est maintenant une
question de compétitivité nationale. »
Il a présenté ses arguments sur le sujet de la
façon suivante dans un article du Ottawa
Citizen du 24 août :
L'idée que les dépenses de relance doivent viser
une relance verte résiliente est malheureusement
devenue un enjeu partisan dans ce pays, qui semble
avoir joué un rôle d'un côté dans le départ de
Bill Morneau en tant que ministre des Finances et
qui met en lumière le manque de leadership sur les
questions climatiques de la part des
conservateurs, de l'autre.
Assurer une reprise résiliente n'est pas
seulement une question de ce qui est bon pour
l'économie ou de ce qui est bon pour
l'environnement. C'est maintenant une question de
compétitivité nationale.
Les dirigeants du monde entier et de tous les
horizons politiques prennent des engagements
historiques pour bâtir un avenir à faibles
émissions de carbone, rejetant ainsi le faux
compromis entre croissance économique et action
climatique. L'ampleur des investissements et des
changements économiques partout dans le monde
illustre qu'il y a urgence et que le Canada doit
fixer son regard sur cet horizon et aller de
l'avant, muni des meilleures idées canadiennes
nourries des tendances mondiales en mouvement
rapide.
Il est certain que nous avons besoin de plans de
relance axés sur notre propre pays — prenant en
compte d'abord et avant tout les besoins des
Canadiens les plus affectés par la pandémie. Mais
si nous, ainsi que nos dirigeants politiques, ne
portons pas attention aux efforts mondiaux plus
larges, nous courons le risque de prendre du
retard.
La feuille de route de Chrystia Freeland, notre
prochaine ministre des Finances, est claire. Elle
puise à même son expérience internationale et sa
perspective économique en tant qu'ancienne
ministre des Affaires étrangères et du Commerce
international.
Il est utile de commencer en examinant les
exemples qui nous parviennent de l'Europe. En
juillet, l'Union européenne a décidé qu'au
moins 30 % de son budget de 1,8
billion d'euros sur plusieurs années, ainsi que le
fonds de la COVID-19 auraient pour cible les
objectifs climatiques. Cet engagement historique
est appuyé par des investissements nationaux et
régionaux, dont plus de 40 milliards d'euros
en fonds de relance verte en France et en
Allemagne, respectivement.
Il s'agit d'investissements massifs. Dans un
contexte canadien, ils représenteraient près de
2 000 dollars par personne, ou une dépense
totale de 74 milliards de dollars canadiens
pour notre nation. C'est l'équivalent de près d'un
quart du budget fédéral de 2019, quoique les
dépenses se feront au cours d'une période de trois
à sept ans.
Une grande partie des dépenses prévues sont axées
sur les recherches universitaires du lauréat du
prix Nobel Joseph Stiglitz et d'autres
personnalités sur des mesures qui vont donner
rapidement les meilleurs résultats économiques et
environnementaux, comme des rénovations
écoénergétiques, des infrastructures à énergie
propre et des investissements dans la nature. Les
gouvernements investissent aussi dans un transport
plus propre et plus efficace.
Plusieurs Canadiens seront surpris d'apprendre
que des gouvernements conservateurs sont les chefs
de file de certains de ces programmes. Par
exemple, au Royaume-Uni, le gouvernement de Boris
Johnson a annoncé récemment des milliards en
nouveaux investissements dans des projets de
rénovation, de transport en commun et
d'infrastructure pour piétons et cyclistes.
Ces investissements font suite à la décision du
pays d'interdire les futures ventes de voitures de
tourisme à essence et au diésel, une décision que
le gouvernement conservateur a mise en mode
accéléré l'année dernière, changeant la date de sa
mise en oeuvre de 2040 à 2035. Cette
décision fait partie d'une tendance mondiale plus
large. Selon l'Agence internationale de
l'Énergie, 17 autres pays ont annoncé des
interdictions semblables sur les futures ventes de
véhicules utilisant des combustibles fossiles,
dont certaines entreront en vigueur aussitôt qu'en
2025.
Cette approche contraste énormément avec celle du
Canada sur la question du climat et de la relance
verte qui est hautement politisée. Tandis que nous
nous chicanons sur des questions politiques
domestiques, nous courons le risque de miner la
compétitivité nationale du Canada, ce qui devrait
préoccuper sérieusement tous les partis
politiques.
Un bon exemple est l'Allemagne qui a annoncé une
Stratégie nationale sur l'hydrogène, qui vise à
utiliser l'hydrogène comme support de stockage
pour les énergies renouvelables. Selon le Groupe
Eurasie, 18 autres pays
(représentant 75 % du PNB mondial) sont
en train de mettre en oeuvre des stratégies
similaires sur l'hydrogène. Le Canada n'arrive pas
à se décider, et c'est un risque.
Pendant ce temps, aux États-Unis, advenant la
victoire de Joe Biden aux prochaines élections
présidentielles, notre plus grand partenaire
commercial ira de l'avant avec un plan de relance
verte de l'ordre de 2 billions de dollars US.
Le Canada peut soit en profiter ou perdre du
terrain sur le marché américain.
Comment le Canada réagira-t-il à tous ces
changements mondiaux historiques ? Comment
les dirigeants – de tous les horizons politiques –
vont-ils garantir que nos industries de
l'automobile, de l'énergie et toutes les autres
survivent et se développent ?
Se contenter de prendre parti sur des questions
controversées comme la taxe carbone n'est pas
suffisant pour traiter de ces développements
mondiaux, et le Canada en souffrira si nous
continuons de rester figés dans de vieux débats
qui sèment la discorde et d'ignorer les tendances
mondiales.
Les Canadiens de tous les horizons politiques
doivent oeuvrer à une reprise qui reconstruit
d'une meilleure façon. Nous sommes face à une
course mondiale pour répondre à la pandémie et
assurer une reprise résiliente qui est positive
pour l'économie et l'environnement. Cette reprise
concerne aussi la compétitivité industrielle du
Canada, le soutien des emplois, l'infrastructure
et la croissance pour l'avenir. En bâtissant
l'économie propre du 21e siècle, est-ce que
le Canada va prendre les devants, être à la traîne
ou être laissé loin derrière ?
Le premier ministre a indiqué que les libéraux se
concentrent sur la phase de rétablissement de la
pandémie et que son gouvernement « dévoile un
ambitieux programme durable ». Des indications de
ce que cela comprendra peuvent être consultées sur
le site Web du « Groupe de travail pour une
reprise économique résiliente », où Gerald Butts
s'est retiré après sa démission le 27 février 2019
en tant que conseiller principal et secrétaire
principal de Trudeau au milieu du scandale
SNC-Lavalin, à une époque où le plus haut
fonctionnaire du Canada, le greffier du Conseil
privé Michael Wernick, a également démissionné.
Le Groupe de travail a publié son rapport final
le 16 septembre. Il « lance l'appel à cinq
mesures audacieuses appuyé par un investissement
de 55,4 milliards de dollars, pour relancer la
reprise économique à long terme du Canada face à
la COVID-19 ».
Les cinq mesures audacieuses sont :
1. investir dans des bâtiments résilients au
climat et écoénergetiques ;
2. augmenter la production et l'adoption de
véhicules zéro au Canada ;
3. accélérer la croissance des secteurs de
l'énergie propre au Canada ;
4. investir dans la nature qui nous protège et
pourvoit à nos besoins ; et
5. accroître la compétitivité et les emplois
propres dans toute l'économie canadienne.
Le site Web du Groupe de travail pour une
reprise résiliente contient les recommandations
suivantes :
« Reconstruisons mieux
« Alors que le Canada sort de la crise du COVID,
les gouvernements et le secteur privé se
tourneront vers la construction d'une reprise
économique à long terme. Rendons cette reprise
résiliente en reconstruisant mieux.
« Reconstruire en mieux signifie soutenir les
emplois, les infrastructures et la croissance qui
maintiendront la compétitivité du Canada dans
l'économie propre du XXIe siècle.
« Le Groupe de travail pour une reprise
résiliente est un groupe diversifié de chefs de
file canadiens dans les domaines des finances, des
politiques et de la durabilité, déterminés à
s'assurer que le Canada puisse saisir cette
occasion. »
La « fiche d'information » du Groupe de travail
dit ceci :
« Pas une récession comme les autres.
« La pandémie du coronavirus (COVID-19) a
assiégé le monde entier dans ce qui sera
probablement la récession mondiale la plus
importante depuis les années 1930. Au Canada, elle
a entraîné des pertes d'emplois records uniques en
son genre non seulement par leurs portées, mais
aussi par leurs ampleurs et les types d'emplois
perdus. Le fardeau des ménages, des entreprises,
des collectivités et des populations vulnérables
du Canada a été extrême ces derniers temps et les
gouvernements partout au Canada ont réagi en
investissant dans des mesures de secours
indispensables.
« Alors que le Canada sort de la crise du COVID,
les gouvernements et le secteur privé se
tourneront vers la construction d'une reprise
économique à long terme.
« Le défi de la reprise consistera à remettre
les Canadiens au travail rapidement tout en
reconstruisant mieux. Reconstruire en mieux
signifie soutenir les emplois, les infrastructures
et la croissance qui maintiendront la
compétitivité du Canada dans l'économie propre du
XXIe siècle. Cela signifie aussi, une reprise qui
pourra assurer non seulement plus d'emplois dans
cinq à dix mois, mais aussi dans cinq à dix ans.
Notre objectif ne devrait pas être simplement de
revenir à la croissance, mais de devenir plus
intelligents et plus propres pour soutenir un
avenir plus résilient. La reprise économique
post-COVID est une opportunité cruciale pour bâtir
cet avenir et nous devons la saisir.
« Nous devons aider les gens à retourner au
travail maintenant, dans tous les secteurs et
toutes les régions du pays, tout en investissant
dans l'avenir que les Canadiens souhaitent :
propre, compétitif et résilient. »
À propos du Groupe de travail
Le Groupe de travail pour une reprise
résiliente dit qu'il est « un groupe indépendant
et diversifié de chefs de file canadiens dans les
domaines des finances, des politiques et de la
durabilité ». Il dit que ses 15 membres (voir plus
bas) « sont déterminés à s'assurer que les
différents paliers gouvernementaux au Canada
obtiennent les meilleurs conseils pour bâtir une
reprise économique résiliente. Le Groupe de
travail formulera des recommandations concrètes
sur la manière dont les gouvernements peuvent
utiliser une gamme d'outils -y compris
l'investissement public direct, la mobilisation de
capitaux privés, des réductions d'impôts et des
incitations fiscales ciblées, des bacs à sable
réglementaires (pour permettre l'innovation) et
des ‘mesures incitatives'comportementales -pour
stimuler les emplois et générer une activité
économique durable tout en contribuant à bâtir une
économie propre et résiliente ».
Il dit que les travaux du Groupe de travail «
seront informés en partie par huit conseillers
experts [il y en a dix - note de la rédaction],
dont la liste figure ci-dessous. Il sera également
appuyé par la recherche économique menée par des
institutions dont des chefs de file comme
l'Institut pour l'IntelliProspérité, l'Institut
international du développement durable,
l'Accélérateur de transition, et leurs équipesde
recherche dans diverses universités ».
Il est mentionné que le Groupe de travail « a
été conçu non pas pour promouvoir un seul intérêt
ou une seule opinion, mais pour recueillir les
points de vue les plus fiables d'un groupe
diversifié d'experts et pour élaborer un cadre
stratégique détaillé qui aidera les gouvernements
à rendre la reprise économique du Canada propre et
résiliente. De nombreux partenaires contribuent à
cet objectif ». (Voir ci-dessous la liste des
partenaires et des sources de financement)
Ces « partenaires de recherche » soumettront «
des recherches de base et des notes d'information,
qui seront rendues publiques en même temps
qu'elles sont soumises au Groupe de travail. Le
Groupe de travail examinera et révisera ces
contributions de recherche afin de produire un
rapport final et des recommandations qui reflètent
le large consensus de tous les membres. »
Il est aussi dit que « la recherche s'appuiera
sur des concepts universitaires de pointe, des
idées de grands penseurs et de conseillers experts
du Groupe de travail et des études de cas de
réussites internationales. »
Les membres du Groupe de travail :
- Andy Chisholm – Membre du conseil
d'administration de la Banque Royale du Canada
& Membre du groupe d'experts sur la finance
durable
- Barbara Zvan – ancienne chef de la gestion des
risques et de la stratégie, Régime de retraite des
enseignantes et des enseignants de l'Ontario
- Bruce Lourie – président, Fondation Ivey
- Don Forgeron – président et chef de la
direction, Bureau d'assurance du Canada
- Gerald Butts – conseiller principal, Eurasia
Group
- Helen Mountford – vice-présidente, climat et
économie, World Resources Institute
- James Meadowcroft – professeur, École de
politique publique et d'administration et
Département de science politique, Université
Carleton
- JP Gladu – ancien président et chef de la
direction, Canadian Council for Aboriginal
Business
- Merran Smith – directrice générale, Clean Energy
Canada
- Michael Horgan – conseiller principal, Bennett
Jones
- Mitchell Davidson – directeur général, Strategy
Corp Institute of Public Policy and Economy
- Mira Oreck – directeur général, Fondation
Houssian
- Philippe Dunsky – president, Dunsky Energy
Consulting
- Richard Florizone – président et chef de la
direction, Institut international du développement
durable
- Stewart Elgie – président général, Institut pour
l'IntelliProspérité
Conseillers experts :
- Kathy Bardswick – présidente et chef de la
direction, Institut canadien pour des choix
climatiques
- Sonia Baxendale – présidente et cheffe de la
direction, Global Risk Institute
- Corinne Boone – présidente du conseil
d'administration, Canadian Energy Research
Institute
- Edward Greenspon – président et chef de la
direction, Forum des politiques publiques
- Stephen Huddart – président-directeur général,
La fondation McConnell
- Melissa Kennedy – vice-présidente générale,
affaires publiques et première directrice des
affaires juridiques, Sun Life
- Jeremy Kronick – directeur associé, recherche,
Institut CD Howe
- Jeremy Oppenheim – fondateur et associé
directeur, SYSTEMIQ
- Kyla Tienharra – professeure adjointe et
titulaire de la Chaire de recherche du Canada en
économie et environnement, Queen's University
- Christian Zabbal – partenaire de gestion, Spring
Lane Capita
Les partenaires fondateurs :
l'Institut pour l'IntelliProspérité,l'Institut
international du développement durable, le Bureau
d'assurance du Canada, et la Fondation Ivey.
Le financement de l'initiative est assuré
par : la Fondation Jarislowsky, la Fondation
Ivey, la Fondation McConnell, la Fondation Schad,
la Fondation Echo.
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