À titre d'information
Un séminaire au parlement avec l'économiste Joseph Stiglitz
- Louis Lang -
L'événement organisé pour les parlementaires le
14 septembre a donné un bon aperçu de la direction
dans laquelle s'engagent les Libéraux à l'approche
du discours du Trône
Dans l'annonce de la réunion dans le Hill
Times, on pouvait trouver les mêmes
mots-clés entendus dans la campagne de Joe Biden
et dans les discours des experts qui conseillent
les gouvernements sur comment bâtir une économie
plus résiliente. « Rebâtir, mais mieux : pour
une économie canadienne plus équitable et
résiliente – Joseph Stiglitz, lauréat du prix
Nobel d'économie, et d'autres économistes de
renommée internationale s'adressent aux
parlementaires canadiens sur la relance. Ce
premier webinaire de la série la ‘Voie vers la
relance de l'économie et la protection de la santé
des Canadiens', au cours duquel Cameron Hepburn de
l'Université Oxford et Peter Victor de
l'Université York prendront aussi la parole,
comprendra également une session de questions et
réponses. C'est un événement qui n'aura lieu
qu'une fois et ne sera pas enregistré et pour
lequel la participation est limitée. Réservé aux
bureaux parlementaires et aux représentants
principaux du gouvernement. Organisé et animé par
Rosa Galvez (Québec), membre du Groupe de
sénateurs indépendants, le 14 septembre,
de 13 h à 14 h 45 HNE [...] »
L'orateur principal de cette discussion, Joseph
Stiglitz, est un des principaux porte-paroles
internationaux de la thèse selon laquelle le
système néolibéral actuel a engendré un niveau
dangereux d'inégalités qui doivent être traitées
dans tout programme de relance de l'économie
pendant la pandémie.
Il n'y a eu aucun rapport sur sa présentation et
l'événement n'a pas été enregistré, mais le
message qu'il a été invité à présenter en
préparation au discours du Trône se retrouve dans
son livre le plus récent People, Power and
Profit ; Progressive Capitalism for an Age
of Discontent (Le peuple, le pouvoir et le
profit : un capitalisme progressiste à l'ère
du mécontentement ), dans lequel il affirme que
pour mesurer la richesse d'une nation il est
important d'examiner le niveau de l'avancement de
la science, le développement des sciences sociales
et l'épanouissement des institutions publiques qui
reflètent le niveau de coopération dans la
société. Il souligne aussi qu'il n'y a aucun
rapport entre le niveau de la richesse
individuelle et celui de la richesse globale d'une
nation puisque la richesse individuelle peut avoir
été obtenue de différentes façons, comme le vol et
par différentes formes d'exploitation dont
certains individus tirent profit pour accumuler
une richesse personnelle. Il compare aussi cette
méthode à l'exploitation du « pouvoir du
marché » par certaines des plus grandes
entreprises pour dominer le marché pour éliminer
toute véritable compétition. Il prétend qu'aux
États-Unis ces pratiques ont engendré des niveaux
accrus d'inégalité et que toute la croissance a
été accaparée par ceux qui sont au sommet de
l'échelle.
Il tient le néolibéralisme responsable de cette
situation de crise, ou encore l' « économie de
l'offre » de l'ère Thatcher et Reagan qui a
mené à la destruction de toute réglementation
limitant la croissance des monopoles. La théorie
des retombées a été un échec total de sorte que
dans les 40 dernières années, pour
le 90 % de la population en bas de
l'échelle, il n'y a eu aucune croissance. Il donne
l'exemple de la Chine où il dit qu'au cours de la
même période de 40 ans, 750 millions de
personnes sont sorties de la pauvreté.
Il est venu plaider aux parlementaires à Ottawa
qu'il faut un capitalisme progressiste. En
d'autres mots, il préconise la nécessité de
ressusciter la social-démocratie. Pour le marché,
il faut donc un nouveau contrat social entre
l'État et la société civile ainsi que
l'établissement d'institutions publiques comme des
coopératives, des ONG, des universités et d'autres
organisations sans but lucratif qui sont
nécessaires au bon fonctionnement de la société
basée sur la coopération plutôt que sur
l'exploitation sans merci. D'autres disent que
c'est une question de rassembler les meilleurs et
les plus brillants et de créer une intelligentsia
éclairée qui peut décider ce qui est bon pour la
société et « donner un coup de pouce » pour
que tout le monde choisisse cette voie.
Il a sans
doute parlé de l'inefficacité de certains
programmes d'aide que le gouvernement a mis en
place pendant la pandémie qui ont surtout profité
aux riches entreprises et mené à une plus grande
inégalité dans la société.
Selon Stiglitz, les programmes gouvernementaux
ont été inefficaces à injecter de l'argent dans
l'économie. Les gouvernements doivent évaluer ce
qu'il appelle les « industries de l'avenir
», avec l'accent sur les industries vertes
et sur les institutions d'enseignement et la
réduction du fardeau qui pèse sur les étudiants.
Essentiellement, ce que Stiglitz propose c'est
une façon plus efficace de payer les riches en
mettant de l'argent dans les mains des gens qui
doivent immédiatement le faire circuler tout en
justifiant ce moyen de subsistance en prétendant
qu'il vise à veiller sur tout le monde et à créer
de l'égalité dans le système. C'est
essentiellement ce que Chrystia Freeland et son
mentor Larry Summers préconisent et que les
libéraux ont adopté lors des campagnes électorales
en 2015 et en 2019 sous le mot d'ordre
de « veiller au bien-être de la classe
moyenne ». C'est une tentative désespérée et
en faillite de désinformer le corps politique pour
lui faire croire que la nature du système peut
changer et pour détourner l'attention des formes
nouvelles qui sont inventées pour payer les
riches.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 59 - 19 septembre 2020
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À titre d'information: Un séminaire au parlement avec l'économiste Joseph Stiglitz - Louis Lang
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