Numéro 51 - 8 août 2020
Dans l'actualité
Beyrouth dans nos coeurs
Vigile au consulat libanais à Montréal le 6 août
2020
• La
réponse inacceptable du gouvernement du Canada
à la tragédie au Liban
Un statut pour tous et toutes!
• La
cour fédérale invalide la législation en
immigration qui désigne les États-Unis comme un
tiers pays sûr
- Diane Johnston -
• Des
organisations pressent le gouvernement fédéral
de cesser de refouler aux États-Unis les
demandeurs d'asile
• Contexte
de l'Entente sur les tiers pays sûrs entre
le Canada et les États-Unis
La politique de Défense servile du Canada
• Des
dépenses de milliards de dollars en
approvisionnement militaire
- Philip Fernandez -
Premier anniversaire de la révocation du statut
spécial
pour le Jammu-et-Cachemire
• Opposons-nous
à la répression brutale du gouvernement
contre le peuple au Cachemire! Vive la lutte des
Cachemiriens pour la liberté, la justice et la
démocratie!
- Meera Kaur -
La lutte du peuple philipin pour ses droits
démocratiques
et la libération nationale
• Le
discours sur l'état de l'Union de Duterte
condamné
au pays et à l'étranger
- Steve Rutchinski -
• Message
du PCC(M-L) à la manifestation pour tenir le
régime de Rodrigo Duterte redevable lors du
discours sur l'état de la nation, le 26
juillet
In Memoriam
• Fidel V. Agcaoili
Honduras
• Enlèvement
de dirigeants autochtones:
la vie des Noirs garifunas compte !
La lutte de Cuba révolutionnaire pour son droit
d'être
• Le
rejet d'une poursuite en vertu de la loi
Helms-Burton
crée un précédent
• Les
démineurs cubains en sarraus blancs
- Patricio Montesinos -
• Un
journaliste espagnol cloue le bec à la ministre
colombienne des Affaires étrangères
Sur le décès d'Eusebio Leal, l'historien de la
Ville de La Havane
• La tendre et
réconfortante union de l'amour et de l'espoir
pour la patrie
- Radio Havana -
Webinaire le 13 août
• Célébrons
la vie et le legs de Fidel Castro
Dans l'actualité
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) exprime ses plus sincères
condoléances à toutes les familles des victimes de
l'explosion du 4 août à Beyrouth, une
nouvelle tragédie aux proportions sans précédent
qui vient de frapper le peuple libanais au pays et
dans le monde, dont la vaste communauté libanaise
du Québec et du Canada. Les résidents de Beyrouth
et le peuple libanais sont dans nos coeurs durant
cette épreuve terrible qui se produit dans les
conditions déjà extrêmement difficiles de la
pandémie de la COVID-19, auxquelles s'ajoutent les
exigences et conditions onéreuses imposées par les
institutions financières internationales et les
violations continuelles de la souveraineté du
Liban par les forces sionistes et
anglo-américaines, de pair avec la France,
l'ancienne puissance coloniale au Liban, et
d'autres comme le Canada.
La communauté libanaise du Canada, qui est
surtout concentrée au Québec, s'est tout de suite
organisée pour échanger l'information sur la
tragédie, contacter ses proches au Liban et
entreprendre le travail pour venir en aide à la
population sinistrée. Partout au Canada et dans le
monde, les gens de tous horizons ont immédiatement
exprimé leurs condoléances et ont uni leurs
efforts en un geste collectif pour venir en aide
au peuple libanais devant l'urgence du besoin.
Le 4 août, 2 750 tonnes de nitrate
d'ammonium stockées dans un entrepôt dans le port
de Beyrouth ont pris feu, ce qui a causé une
énorme explosion qui a détruit la moitié de la
ville, des quartiers entiers et le port. Les
immeubles ont tremblé et les vitres ont été
brisées sur des kilomètres à la ronde. Le souffle
a été ressenti jusqu'à l'île de Chypre à
environ 200 km de là. Selon les dernières
estimations, 300 000 personnes sont
désormais sans domicile. D'après les dernières
estimations, plus de 150 personnes ont perdu
la vie, plus de 5 000 ont été blessées
et des dizaines d'autres sont toujours portées
disparues. Des maisons ont été détruites, les
pannes d'électricité se poursuivent et les
équipements médicaux et les magasins
d'alimentation ont été détruits.
Il faudra beaucoup de temps pour surmonter le
traumatisme qu'ont vécu ceux qui ont été affectés
par l'explosion et le souvenir du nuage en forme
de champignon qui s'est élevé sur Beyrouth
demeurera figé dans les esprits d'un peuple entier
et de nous tous qui avons vu avec horreur
l'explosion.
Dans la soirée du 6 août, le consulat
libanais à Montréal a organisé une vigile aux
chandelles devant ses bureaux.
Le PCC(M-L) lance
l'appel à tous les Canadiens à démontrer leur
solidarité avec la population de Beyrouth et avec
nos compatriotes au Québec et au Canada en
contribuant à la campagne de financement lancée
par le Centre national libano-canadien (CNLC) pour
venir en aide au peuple du Liban, en particulier
aux résidents de Beyrouth qui ont un urgent besoin
d'aide à la suite de l'explosion. [1]
Le CNLC s'était déjà organisé pour venir en aide
aux cliniques et aux hôpitaux régionaux du Liban
avec de l'équipement médical essentiel pour
combattre la pandémie de la COVID-19. Le CNLC
écrit que « grâce aux nombreux efforts et à
l'immense générosité, nous avons pu remplir un
conteneur de 40 pieds carrés avec de
l'équipement médical dont des fauteuils roulants
et des lits d'hôpitaux ».
Le CNLC appelle les Canadiens à se tenir aux
côtés du peuple libanais en ces moments d'urgent
besoin. Avec un effort supplémentaire, les centres
médicaux peuvent recevoir de l'équipement et des
fournitures médicales essentiels et les résidents
peuvent recevoir des abris, de la nourriture et
d'autres choses encore.
« Tous les dons serviront à couvrir les frais
d'expédition et des procédures administratives
requis pour la livraison des conteneurs et ils
serviront à la distribution des boites de
nourriture aux familles dans le besoin par la
Croix-Rouge libanaise et les bénévoles du CNLC.
Nous pourrons très bientôt faire parvenir cette
aide matérielle urgente au Liban. Tout montant
fourni est une grande contribution et nous
permettra de compléter ce processus. »
La demande d'aide au peuple libanais prend deux
formes :
- Aide financière : des contributions en
espèces peuvent être versées directement par le
biais de ce
site Web.
- Des dons de matériel et d'équipement médical
(lits, brancards, fauteuils roulants), de
vêtements chauds, de tentes et de denrées non
périssables qui seront envoyés par conteneur au
Liban. Il n'y a présentement pas de date limite
pour l'envoi. Contacter le CNLC
pour plus d'informations
Note
1. « Le Centre national
libano-canadien (CNLC) est une organisation
libano-canadienne à but non lucratif qui fournit
des services aux communautés du Moyen-Orient du
Grand Montréal, comme de l'éducation, de l'aide à
l'emploi, des services de santé, des activités
culturelles et beaucoup d'autres services. Situé
dans la région du grand Montréal, nous avons aussi
des liens directs avec le Liban ce qui nous permet
d'aider les gens dans les deux pays. »
(Photos : LML)
Les Québécois se joignent aux Libanais dans une
vigile devant le consulat du Liban à
Montréal le 6 août 2020.
Le Canada rend son aide au Liban au milieu de
cette grande tragédie conditionnelle à
l'engagement du gouvernement libanais à mette en
uvre toutes sortes de réformes exigées par les
institutions financières impérialistes. Il blâme
le gouvernement libanais pour le sort du pays dont
les impérialistes américains, les sionistes
israéliens, la France, ancienne puissance
coloniale au Liban, et d'autres sont entièrement
responsables. Les conditions qui existent au Liban
aujourd'hui et les nombreuses tragédies que le
peuple libanais a subies dans le passé et dont il
souffre aujourd'hui sont leur oeuvre. Au lieu
d'assumer leurs responsabilités et de placer le
bien-être du peuple libanais au centre de leurs
décisions sur l'aide à apporter au Liban, ces
gouvernements blâment le peuple libanais pour la
lutte entre factions qui se mène au sein du
gouvernement, laquelle a son origine dans le
modèle que les impérialistes français eux-mêmes
ont imposé au Liban, et ils demandent un
changement de régime pendant qu'ils acheminent
l'aide par le biais de leurs propres agences afin
de saper encore plus l'unité du peuple dans
l'action pour surmonter la tragédie qui vient de
le frapper. L'expérience montre que cela ne fera
qu'enrichir ces soi-disant agences humanitaires
pendant que le peuple libanais demeure abandoné à
son sort.
Le 4 août, deux jours après l'explosion qui
a dévasté Beyrouth, le président français Emmanuel
Macron a visité la ville sans que sa visite soit
sous les auspices du gouvernement libanais, selon
les médias. Il a visité le site de l'explosion et
certains des quartiers les plus dévastés de la
capitale. Macron a tenu à dire qu'il n'était pas
venu au Liban pour appuyer les dirigeants libanais
et qu'il s'assurerait que toute aide fournie par
la France ira directement au peuple. Il a réitéré
qu'aucune aide financière ne sera donnée au
gouvernement pour contribuer à alléger la grave
crise financière, à moins que des réformes
substantielles ne soient mises en oeuvre. Visitant
un quartier sinistré, le président Macron a dit
qu'il était venu demander aux dirigeants
politiques de « changer le système, d'arrêter la
division et de lutter contre la corruption ».
Après avoir rencontré les dirigeants politiques au
palais présidentiel, Macron a dit qu'il faut «
créer un nouveau pacte politique au Liban »
et a réclamé une refonte complète du système et
des réformes urgentes dans tous les secteurs.
En ce qui concerne le gouvernement canadien, la
position qu'il a prise est méprisable. Lors de sa
conférence de presse du 6 août, la ministre
du Développement international, Karina Gould, a
d'abord versé des larmes de crocodile sur le sort
des victimes de l'explosion et leurs familles. «
Soyez assurés que le gouvernement du Canada l'est
lui aussi [inquiet] et que nous travaillons jour
et nuit pour fournir de l'aide et appuyer nos amis
au Liban », a-t-elle dit.
Puis elle a fait un discours sur les vertus de
l'économie néolibérale et blâmé le peuple et le
gouvernement du Liban pour la quasi-faillite du
pays, au lieu de blâmer les institutions
financières internationales et leurs prêts onéreux
et leurs demandes de réformes néolibérales qui
saccagent les pays qui en sont victimes.
C'est une logique hitlérienne qui doit être
condamnée. Elle a recours à cette logique
hitlérienne pour justifier la décision du Canada
de fournir son aide humanitaire à de soi-disant «
agences humanitaires de confiance ».
Ceci se produit en plein scandale UNIS qui
illustre très bien quelle sorte d'« agences
humanitaires de confiance » le gouvernement
canadien finance et appuie.
La ministre Gould a poursuivi sa diatribe :
« Nous sommes très préoccupés par la situation
économique au Liban et, bien sûr, le défaut de
paiements sur la dette [1,2 milliards de dollars
de dettes en euro-obligations] nous inquiète
beaucoup et nous avons pu voir les grandes
répercussions que cela a eu parmi les Libanais. Le
Canada est toujours prêt à tenir des
conversations, que cela soit avec le G7 ou une
banque de développement multilatéral, pour voir ce
que nous pouvons faire pour aider le Liban.
Cependant, nous sommes convaincus de la nécessité
de profondes réformes politiques et économiques
dans ce pays pour faire en sorte que cette aide
soit la plus efficace possible. Nous tenons de
telles discussions en ce moment et il est certain
que les événements [du 4 août] ont mis en lumière
l'urgence de garantir que la situation fiscale du
Liban s'améliore de beaucoup. De telles
discussions se tiennent en ce moment et je tiens à
dire que nous sommes très préoccupés par la
situation économique actuelle et l'impact qu'elle
a sur le peuple libanais.
« [...] Et notre position est très ferme à ce
sujet. C'est là une des raisons pour lesquelles
nous continuons à fournir notre aide par le biais
de partenaires humanitaires de confiance qui sont
actifs sur le terrain tout en reconnaissant que ce
désastre particulier a exacerbé ce qui était déjà
une situation financière très précaire en ce qui
concerne le Liban. »
Ceci est une ingérence grossière, pour des motifs
intéressés, dans les affaires internes du peuple
libanais. C'est aussi une diversion pour détourner
l'attention des dangers réels qui sont posés à la
sécurité de tous, avec des substances dangereuses,
ici même au Canada, des dangers qui sont
directement la responsabilité du gouvernement
canadien. Il y a sept ans, les peuples du monde
ont observé avec horreur la tragédie de
Lac-Mégantic au Québec, lorsqu'un convoi de trains
de fret, comprenant 72 wagons-citernes
remplis de pétrole brut, a déraillé au
centre-ville, répandu son contenu et causé une
série d'incendies et d'explosions aux proportions
catastrophiques. Quarante sept personnes ont perdu
la vie, de nombreuses autres ont été blessées et
le centre-ville de Lac-Mégantic a été détruit.
Il a été amplement démontré que des décennies de
déréglementation de l'industrie ferroviaire par
les différents gouvernements canadiens ont préparé
les conditions pour cette tragédie et d'autres
déraillements, incendies et explosions majeurs. Si
plusieurs de ces désastres n'ont pas causé de
pertes de vies humaines, c'est uniquement parce
qu'ils se sont produits loin des endroits habités.
Encore aujourd'hui, des trains transportant de
l'acide sulfurique et du gaz propane, qui sont des
matériaux encore plus dangereux que le pétrole
brut, continuent d'être stationnés sans personne à
bord et sans une disposition de freins adéquate,
au même endroit, sur la même pente, d'où le train
est parti à la dérive et a amorcé sa descente vers
l'horreur à Lac-Mégantic dans la nuit du 6
juillet 2013. Et une situation semblable
existe à l'échelle du pays.
Quelle leçon le gouvernement canadien peut-il
donner au peuple et au gouvernement du
Liban ? La société canadienne fait face à de
nombreux problèmes qui doivent être résolus. Le
gouvernement canadien doit arrêter de s'ingérer
dans les affaires intérieures des autres peuples
et de faire partie d'institutions supranationales
asservissantes qui privent le peuple libanais de
son pouvoir décisionnel souverain sur ses propres
affaires. Les Canadiens doivent dénoncer avec la
plus grande fermeté la position inacceptable du
gouvernement canadien.
(Photo : LML)
Un statut pour tous et toutes!
- Diane Johnston -
Le 22 juillet,
la juge de la cour fédérale Ann Marie McDonald a
invalidé la section de la Loi sur
l'immigration et la protection des réfugiés
(LIPR) du Canada [1]
et du Règlement sur l'immigration et la
protection des réfugiés (RIPR) [2] qui désigne les
États-Unis comme un tiers pays sûr, puisqu'elle a
conclu qu'elles sont « en violation de
l'article 7 de la Charte canadienne des
droits et libertés (Charte) ».
Cependant, la juge de la Cour fédérale a suspendu
la déclaration d'invalidité pour une période de 6
mois, « pour laisser le temps au Parlement de se
prononcer ».
Au Canada, l'Entente sur les tiers pays sûrs
(ETPS) fonctionne en jugeant que la plupart des
ressortissants étrangers qui arrivent à un point
d'entrée terrestre (PDE) canadien ne sont pas
admissibles à présenter une demande d'asile au
Canada. L'article 7 de la Charte stipule que «
Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la
sécurité de sa personne ; il ne peut être porté
atteinte à ce droit qu'en conformité avec les
principes de justice fondamentale. »
La contestation juridique des demandeurs
Les demandeurs dans cette affaire sont des
citoyens du Salvador, de l'Éthiopie et de la
Syrie, du Conseil canadien pour les réfugiés
(CCR), d'Amnistie Internationale (AI) et du
Conseil canadien des Églises (CCE). Leur
contestation a été intentée contre le ministre de
l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
et le ministre de la Sécurité publique et de la
Protection civile.
Les demandeurs ont contesté la validité et la
constitutionnalité de la législation qui met en
oeuvre l'ETPS, alléguant qu'en renvoyant aux
États-Unis des demandeurs d'asile non admissibles,
le Canada les expose à des risques sous forme de
détention, de refoulement (le retour forcé de
réfugiés ou de demandeurs d'asile dans un pays où
ils risquent d'être persécutés) et d'autres
violations de leurs droits, en violation de la
Convention de 1951 relative au statut des réfugiés
et de la Convention des Nations unies contre la
torture.
Les demandeurs ont également fait valoir un «
lien de causalité » entre l'adhésion du Canada à
l'ETPS et la privation des droits en vertu de
l'article 7 et ont soutenu que les intérêts liés à
la liberté et la sécurité de la personne sont en
jeu en raison de la pénalisation des demandeurs
d'asile par les autorités américaines. Outre le
fait que les demandeurs d'asile sont privés de
liberté par détention, les requérants notent
également que la détention entraîne souvent un
manque de dignité humaine fondamentale, un manque
de soins médicaux et un manque de nourriture. La
détention « empêche également de retenir les
services d'un avocat et de lui donner des
instructions, et augmente le risque de refoulement
», ont-ils écrit.
Les arguments des intimés
L'avocat du gouvernement fédéral a soutenu que
même si l'article 7 de la Charte peut être
enfreint, des garanties et des recours
discrétionnaires existent dans la LIPR. Ils ont
également souligné la possibilité de demander un
contrôle judiciaire des décisions de l'ASFC. De
plus, ils ont soutenu que la Charte canadienne des
droits et libertés (Charte) ne s'applique pas au
droit américain ni aux actions des autorités
américaines.
En ce qui concerne la justice fondamentale,
l'équipe juridique des ministres a rétorqué que la
question relevait des autorités et des politiques
américaines et qu'elle échappait donc au contrôle
du Canada. Quoi qu'il en soit, ont-ils poursuivi,
la LIPR contient des mesures de protection, car
des recours discrétionnaires sont disponibles.
Quant aux renvois vers les États-Unis, ils ont
affirmé que l'ETPS n'était ni trop large ni
disproportionnée dans son application.
Le dernier argument du gouvernement était que
l'augmentation du nombre de demandeurs au Canada
aurait une incidence négative sur la viabilité du
système de réfugiés au Canada.
Les conclusions de la juge McDonald
Au sujet de la contestation des demandeurs selon
laquelle la législation qui met en oeuvre l'ETPS
est contraire à l'article 7 et à la Charte, la
juge McDonald a conclu que « les actions des
autorités canadiennes dans l'application de l'ETPS
entraînent l'emprisonnement des demandeurs non
admissibles à l'ETPS par les autorités
américaines. » Elle a en outre conclu que «
l'emprisonnement et ses conséquences » sont « une
violation des droits garantis par l'article 7 de
la Charte ».
« Les considérations relatives à l'article 7
sont doubles », a souligné la juge McDonald.
Premièrement, un demandeur doit démontrer que la
loi contestée le prive du droit à la vie, à la
liberté ou à la sécurité de la personne. Dans
l'affirmative, l'article 7 s'applique. Une fois
que l'article 7 s'applique, le demandeur doit
démontrer que la privation n'est pas conforme aux
principes de justice fondamentale ... »
« Les principes de
justice fondamentale, a-t-elle poursuivi,
concernent l'arbitraire, la portée excessive et la
disproportion flagrante, ... Afin d'évaluer
correctement les arguments de l'article 7, il est
important de comprendre le processus qui se
déroule en vertu de l'ETCP. lorsqu'un demandeur
arrive à un point d'entrée terrestre canadien et
demande le statut de réfugié. »
« L'enjeu, a fait remarquer la juge McDonald, est
de savoir si les actions des autorités canadiennes
pour renvoyer des demandeurs non admissibles à
l'ETPS aux autorités américaines, où ils seront
emprisonnés, constituent un lien de causalité
suffisant pour engager la liberté et la sécurité
de la personne. il est clair que le préjudice le
plus grave subi est l'emprisonnement, ainsi que
les préjudices liés aux conditions de détention et
au risque accru de refoulement.
« Les privations des droits de l'article 7 causées
par des acteurs autres que notre propre
gouvernement, a-t-elle écrit, sont toujours
soumises à la garantie de justice fondamentale,
tant qu'il existe un lien de causalité suffisant
entre la participation de notre gouvernement et la
privation ». Elle a poursuivi en expliquant qu'une
telle privation en est une dans laquelle « la
participation du Canada est une condition
préalable nécessaire » et « où la privation est
une conséquence entièrement prévisible de la
participation du Canada ». Le fait que « les
ressortissants soumis à l'ETPS soient emprisonnés
par les autorités américaines, a-t-elle déclaré,
ne soustrait pas les actions des responsables
canadiens de toute considération ».
Les éléments de preuve présentés, écrit-elle, «
confirment que les fonctionnaires de l'ASFC
informent les fonctionnaires américains que les
demandeurs de l'ETPS sont renvoyés. Les
fonctionnaires de l'ASFC sont impliqués dans la
remise physique des demandeurs aux fonctionnaires
américains. Cette conduite ne fait pas du Canada
un « participant passif » et il fournit un « lien
suffisant [...] avec la conduite fautive ». Elle a
conclu qu'une telle action « facilite un processus
qui aboutit à la détention ».
En réponse à l'allégation du gouvernement fédéral
sur l'existence de garanties et de recours dans la
LIPR, la juge McDonald les a qualifiées de «
largement hors de portée » et donc « illusoires ».
La juge de la Cour fédérale a également fait
remarquer qu'il existe « une distinction
importante entre les cas de renvoi et les faits,
soulignant que les demandeurs n'ont pas pu
présenter le bien-fondé ou le fond de leur demande
d'asile de quelque manière que ce soit au Canada,
et leurs risques n'ont pas non plus été évalués ».
Ils « n'ont pas non plus bénéficié d'un tel examen
de leurs demandes de protection ».
« Les demandeurs
déboutés, a-t-elle affirmé, sont détenus sans
égard à leur situation, à leur culpabilité morale
ou à leurs actes. Ils sont souvent détenus sans
mise en liberté sous caution et sans procédure
valable d'examen de leur détention. Même si le
partage des responsabilités peut être un objectif
louable, a-t-elle souligné, cet objectif doit être
soupesé par rapport à l'impact qu'il a sur la vie
de ceux qui tentent de présenter une demande
d'asile au Canada et sont renvoyés aux États-Unis
au nom de ‘l'efficacité administrative'. À mon
avis, a-t-elle déclaré, l'emprisonnement ne peut
être justifié par souci de et au nom de
l'efficacité administrative.
« Les risques de détention et de perte de sécurité
de la personne, qui sont facilités par l'ETPS,
sont nettement disproportionnés par rapport aux
avantages administratifs de l'ETPS », a-t-elle
conclu. « Le partage des responsabilités ne peut
pas être soupesé de manière positive en fonction
de l'emprisonnement ou les effets délétères des
conditions de détention cruelles et inhabituelles,
de l'isolement cellulaire et du risque de
refoulement. »
En réponse à la position des ministres selon
laquelle un processus équitable de contrôle de la
détention est disponible, elle a répondu que «
suggérer que ceux qui sont détenus seront
éventuellement libérés, n'est pas une preuve
suffisante d'atteinte minimale ».
Enfin, abordant l'argument du gouvernement selon
lequel le partage des responsabilités avait été
respecté et que si l'ETPS n'était pas
opérationnelle, un stress encore plus grand serait
exercé sur le système, la juge McDonald a conclu :
« Par le passé, le Canada a fait preuve de
souplesse pour s'adapter aux fluctuations du
nombre de réfugiés en réponse aux besoins. Ayant
conclu que le fonctionnement de l'ETPS est une
violation des droits garantis par l'article 7 de
la Charte, je ne vois aucune raison de principe de
continuer à permettre que les dispositions de
l'ETPS s'appliquent à cette catégorie restreinte
de demandeurs d'asile, alors que la preuve est
qu'ils seront emprisonnés à leur retour aux
États-Unis. »
Notes
1. Article 101(1)(e)
de la Loi sur l'immigration et la protection
des réfugiés (LIPR) se lit ainsi :
« Irrecevabilité
« 101 (1) La demande est irrecevable dans
les cas suivants :
« e) arrivée, directement ou indirectement, d'un
pays désigné par règlement autre que celui dont il
a la nationalité ou dans lequel il avait sa
résidence habituelle ; »
2. Article 159.3 du
Règlement sur l'immigration et la protection des
réfugiés (RIPR) se lit ainsi :
« Examen de la recevabilité
« Désignation – États-Unis
« 159.3 Les États-Unis sont un pays désigné
au titre de l'alinéa 102(1)a) de la Loi à
titre de pays qui se conforme à l'article 33
de la Convention sur les réfugiés et à
l'article 3 de la Convention contre la
torture et sont un pays désigné pour l'application
de l'alinéa 101(1)e) de la Loi. »
Lorsque, le 23 juillet, la juge Anne Marie
McDonald de la Cour fédérale du Canada a invalidé
les articles de la Loi sur l'immigration et la
protection des réfugiés (LIPR) et du Règlement
sur l'immigration et la protection des réfugiés
(RIPR) qui désignent les États-Unis comme un «
tiers pays sûr », elle a suspendu sa
déclaration d'invalidité pour une période
de 6 mois pour donner au Parlement le temps
de répondre.
Le 29 juillet, les trois organisations qui ont
participé à titre de demandeurs dans la cause
entendue devant un tribunal fédéral avec des
ressortissants de divers pays, à savoir le Conseil
canadien pour les réfugiés, Amnistie
internationale Canada et le Conseil canadien des
Églises, ont adressé une lettre [1] au premier
ministre Trudeau, à la vice-première ministre et
aux ministres concernés appelant le gouvernement
fédéral à :
- arrêter immédiatement de refouler des
demandeurs d'asile aux États-Unis et à suspendre
l'Entente sur les tiers pays sûrs ;
- accepter le jugement du tribunal et s'abstenir
de faire appel.
Dans la lettre, elles font remarquer que la juge
McDonald « a fondé sa décision sur les nombreuses
preuves qui lui ont été présentées de violations
des droits de la personne aussi graves que lourdes
de conséquences relativement à la détention aux
fins d'immigration aux États-Unis », dont
elle a conclu qu'il s'agit d'une forme de punition
« immédiate et automatique » pour les
demandeurs d'asile qui se voient refuser l'entrée
au Canada sous le régime de l'ETPS.
Les organisations soulignent aussi que la
décision de la Cour fédérale « offre au
gouvernement une occasion cruciale d'agir de
manière décisive et d'assumer la responsabilité
qui lui échoit de mettre fin à des années de
violations graves des droits des demandeurs
d'asile qui cherchent à obtenir une protection aux
postes-frontières terrestres officiels entre le
Canada et les États-Unis. ».
Le 29 juillet
également, les trois organisations ont publié une
déclaration publique [2]
qui souligne que la décision repose « sur les
nombreuses preuves qui lui ont été présentées de
violations des droits de la personne aussi graves
que lourdes de conséquences relativement à la
détention aux fins d'immigration aux États-Unis,
et en particulier sur ce qu'ont vécu des personnes
renvoyées par le Canada aux États-Unis dans le
cadre de l'entente sur les tiers pays sûrs ».
Faisant valoir que le gouvernement devrait
immédiatement cesser de renvoyer les demandeurs
d'asile aux États-Unis, elles expliquent en outre
que « plus on continuera d'appliquer l'ancienne
réglementation, plus il y aura de personnes qui
courront le risque d'être renvoyées aux États-Unis
pour y être emprisonnées et maltraitées ».
« Pour la même raison, poursuivent-elles, le
gouvernement devrait s'abstenir d'interjeter
appel, ce qui prolongerait une situation
intolérable. »
« En tout état de cause, soutiennent-elles, le
respect des droits des demandeurs d'asile aux
États-Unis constitue actuellement une crise des
droits humains, ajoutant que le Canada ne saurait,
un jour de plus, se faire complice de ces
violations de droits profondément troublantes,
encore moins pendant six mois. »
Elles soulignent également le fait que « lorsque
les réfugiés pourront présenter leur demande
d'asile aux postes-frontières terrestres
officiels, cela mettra également un terme aux
traversées sur le chemin Roxham ».
« Les Canadiennes et les Canadiens sont
profondément troublés par le traitement réservé
aux réfugiés et aux migrants aux États-Unis ;
or depuis quelques années, la situation s'est
aggravée », ajoutent-elles.
« Nous ne pouvons continuer de refouler des
personnes aux États-Unis en sachant qu'elles
seront traitées d'une manière fondamentalement
injuste et qu'elles subiront un préjudice grave et
durable », écrivent-elles en conclusion.
Notes
1. Lettre
en référence au jugement de la cour fédérale en
ce qui a trait à l'Entente sur les tiers pays
sûrs, produite par le CCR, AI et CCE
2. Des
organismes demandent au gouvernement fédéral
d'arrêter immédiatement de refouler aux
États-Unis les demandeurs et demandeuses d'asile
(Photos: A. Poane, Solidarité
sans frontières)
L'Entente sur les tiers pays sûrs entre le
Canada et les États-Unis force les demandeurs
d'asile qui fuient la répression et la persécution
aux États-Unis à entrer au Canada de façon
irrégulière pour réclamer un statut de réfugié.
Toutes les lois de l'immigration et du travail du
Canada sont organisées pour favoriser
l'exploitation de ces demandeurs et des autres
migrants vulnérables, de même que le trafic
d'êtres humains, au nom de la sécurité nationale.
L'origine de l'Entente sur les tiers
pays sûrs
En décembre 2001, deux mois après
les attentats du 11 septembre, le
gouvernement libéral de Jean Chrétien a signé la
Déclaration sur la frontière intelligente et le
plan d'action en 30 points avec les
États-Unis visant à « améliorer la sécurité de
notre frontière commune, tout en facilitant le
passage légitime des gens et des biens ».
Le plan d'action comprend quatre piliers :
le passage sécuritaire des gens, le passage
sécuritaire des biens, une infrastructure
sécuritaire et le partage de l'information et la
coordination de la mise en oeuvre de ces
objectifs.
Un rapport au Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères du Canada intitulé « Rapport
d'étape sur le plan d'action pour une frontière
intelligente », daté du 6 décembre 2002 - le
lendemain de la signature de l'Entente
Canada-États-Unis sur les tiers pays sûrs -
comprend une explication de la situation à
laquelle sont confrontés les demandeurs d'asile :
#4 Traitement des réfugiés et des demandeurs
d'asile
« Le Canada et les États-Unis ont bien avancé un
protocole d'entente qui devrait rendre plus
efficace l'échange de renseignements sur les
dossiers relatifs à l'immigration. Les deux pays
s'apprêtent à conclure un accord en vertu duquel
ils échangeront systématiquement des
renseignements sur les demandeurs d'asile, ce qui
les aidera à repérer les personnes qui risquent de
représenter une menace à la sécurité ou une menace
criminelle, et à démasquer les gens qui font du
‘magasinage de tribunal' dans chaque pays.
L'échange de renseignements s'effectuera en
conformité avec le droit relatif au respect de la
vie privée des deux pays. »
#5 Gestion des demandes d'asile et de statut
de réfugié
« Une entente sur les tiers pays sûrs permet au
Canada et aux États-Unis de gérer le flux de
personnes cherchant à accéder à leurs systèmes
respectifs d'octroi d'asile. Cette entente vise
les demandes d'asile qui sont faites aux postes
frontaliers terrestres.
« L'entente lie au principe de réunion des
familles les décisions relatives à l'exemption,
pour un demandeur d'asile/du statut de réfugié, de
l'obligation de présenter une demande dans le
premier pays où il est entré. L'entente précise
également que les personnes qui soumettent une
demande dans l'un ou l'autre pays ne seront pas
renvoyées dans un autre pays jusqu'à ce qu'on ait
statué sur leur revendication.
« Les deux pays mettront la dernière main au
cadre de réglementation et les procédures
opérationnelles qu'exigera la mise en application
de l'entente. »
L'entrée en vigueur de l'Entente sur les tiers
pays sûrs
L'Entente sur les tiers pays sûrs, signée par le
Canada et les États-Unis le 5 décembre 2002, est
entrée en vigueur en décembre 2004. Le Canada
et les États-Unis y déclarent chacun que l'autre
pays est sûr pour les réfugiés et ils ferment la
porte à la plupart des demandeurs d'asile à la
frontière canado-américaine. C'est précisément
cette entente qui force les demandeurs d'asile à
entrer au Canada par des passages frontaliers
irréguliers pour faire leur demande, parce que la
vaste majorité d'entre eux se voient refuser
l'entrée à la frontière officielle entre le Canada
et les États-Unis. La plupart des demandeurs de
statut de réfugié entrent au Canada à partir de
l'État de New York, par le chemin Roxham à
Hemmingford au Québec, une petite ville de
l'Estrie.
Les décrets présidentiels de Donald Trump
Le 25 janvier 2017, le président des
États-Unis, Donald Trump, a émis deux décrets
présidentiels, un qui concerne l'immigration et la
sécurité et la détention à la frontière, et
l'autre qui retire le financement fédéral aux
villes sanctuaires. Les villes et comtés
sanctuaires sont ceux qui refusent de coopérer
avec le gouvernement fédéral dans la mise en
oeuvre des lois fédérales de l'immigration, en
particulier les requêtes de détention des
immigrants « sans-papiers ». Le 27
janvier 2017, un autre décret présidentiel a été
émis qui interdisait l'entrée de tout non-citoyen
ayant un passeport de l'Iran, de l'Irak, de la
Libye, de la Syrie, de la Somalie, du Soudan ou du
Yémen et qui suspendait l'entrée des réfugiés aux
États-Unis. Les trois décrets ont servi aux
attaques contre les droits des immigrants et à la
conception et aux responsabilités liés à la
citoyenneté. Ils ont également servi à
l'intensification des conflits entre les autorités
fédérales et celles des États, lesquelles ont
toutes leurs forces de police armées, et à la
violation des relations de nation à nation et des
principes reconnus sur lesquels repose le droit
international.
Nomination de Bill Blair au poste de ministre de
la Sécurité frontalière et de la Réduction du
crime organisé
Le 28 juillet 2018, le premier ministre
Justin Trudeau a annoncé la nomination de l'ancien
chef de la police de Toronto Bill Blair au nouveau
poste de ministre de la Sécurité frontalière et de
la Réduction du crime organisé. Par ce tour de
passe-passe, le gouvernement Trudeau a trouvé une
façon de lier les migrants vulnérables à la
sécurité frontalière et au crime organisé. En
faisant du passage irrégulier des demandeurs
d'asile par le chemin Roxham au Québec et partout
ailleurs au Canada une question de loi et d'ordre,
Trudeau a transformé la demande d'asile en une
catégorie appartenant au crime au nom du
traitement équitable et de la primauté du droit,
ce qui est inadmissible. La lettre de mandat de
Justin Trudeau au ministre comprend ce qui
suit : « À titre de ministre de la Sécurité
frontalière et de la Réduction du crime organisé,
vos objectifs consisteront à assurer la sécurité
de nos frontières et à diriger les efforts
pangouvernementaux visant à réduire le crime
organisé. Vous veillerez à ce que la gestion de
nos frontières favorise les déplacements et le
commerce légitimes, en plus d'assurer la sécurité
des Canadiens et d'offrir à tous un traitement
équitable et conforme à nos lois. Vous jouerez un
rôle important dans la coordination des efforts
visant à réduire la violence liée aux armes à feu,
et vous dirigerez le processus de légalisation et
de réglementation stricte du cannabis. Vous serez
également le ministre responsable de la stratégie
adoptée pour gérer la migration
irrégulière. »[1]
Nomination de Marco Mendicino au poste de
ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la
Citoyenneté
Le 20 novembre 2019, le premier
ministre Justin Trudeau a nommé Marco Mendicino
ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la
Citoyenneté. Un des rôles du nouveau ministre de
l'immigration, tel que stipulé dans la lettre du
mandat du premier ministre, est d' « appuyer le
ministre de la Sécurité publique et de la
Protection civile dans le dossier de la migration
irrégulière, notamment la nouvelle Stratégie en
matière de protection frontalière, et dans la
poursuite des travaux avec les États-Unis visant à
moderniser l'Entente sur les tiers pays
sûrs ».[2]
Notes
1. En tant que chef de la
police de Toronto en 2010, Bill Blair était
en charge de l'activité policière au Sommet du G20
à Toronto en 2010, travaillant de façon
étroite avec le premier ministre de l'époque,
Stephen Harper, et avec la GRC qui coordonnait la
sécurité avec le département de la Sécurité
intérieure des États-Unis et les services du
renseignement des États-Unis. Le personnel de
sécurité sur le terrain
comprenait 21 000 personnes.
La police a utilisé la terreur contre les
manifestants et de nombreux policiers de Toronto
ont retiré leur insigne pour qu'on ne puisse pas
les identifier. Plus de 1 140 personnes,
dont de nombreux passants, ont été arrêtés. La
police à cheval et plusieurs policiers à pied ont
foncé sur les manifestants avec des bâtons et en
ont blessé un très grand nombre. Des centaines de
personnes ont été prises dans des opérations de «
kettling » (souricière) et maintenus pendant
des heures et souvent sans motif à la pluie
battante dans une tentative de réprimer
l'affirmation par le peuple de ses droits.
2. Marco Mendicino est un
ancien procureur fédéral qui a été co-procureur
dans l'affaire de ceux qu'on a appelés les «
Toronto Eighteen » (les 18 de Toronto),
où un groupe de jeunes de minorité nationale ont
été piégés par l'État canadien qui a utilisé deux
taupes du SCRS grassement payées pour leur
travail. À la fin, les accusations contre sept des
dix-huit jeunes ont été abandonnées parce qu'il
n'y avait aucune preuve contre eux. Ils n'ont pas
été indemnisés pour ce mauvais traitement. Ils
n'ont reçu aucune excuse de la part de la police
ou du gouvernement et seront toujours marqués du
sceau d'être de « présumés terroristes ». Les
autres jeunes ont « avoué », sous le
chantage, être impliqués dans une activité
terroriste. On leur a dit qu'ils serviraient une
longue peine d'emprisonnement s'ils persistaient à
nier.
(Sources : LML, Global
News, Archives du département d'État
américain, Bureau du premier ministre)
La politique de Défense servile du
Canada
- Philip Fernandez -
Le 4 août, le ministère de la Défense
nationale a annoncé la construction des premiers
des 360 véhicules blindés d'appui tactique
(VBAT) à l'usine de General Dynamic Land Systems
(GDLS) à London, en Ontario. GDLS est une filiale
de General Dynamics USA, le cinquième plus
important fabricant d'armes aux États-Unis. Le
contrat est évalué à 2 milliards de dollars.
Selon le ministère de la défense : « Cette
flotte est adaptée à tout un éventail de rôles et
peut notamment servir dans le cadre de la
contribution du Canada aux mesures d'apaisement et
de dissuasion de l'OTAN en Europe de l'Est et en
Europe centrale, ou pour les interventions des
Forces armées canadiennes lors de catastrophes
naturelles au Canada. »
Cette
annonce avait été précédée d'une autre annonce du
ministère de la Défense le 31 juillet sur la
livraison du premier des six navires de patrouille
extacôtiers et de l'Arctique (NPEA) pour la Marine
canadienne, le NCSM Harry DeWolf,
construit à Halifax par Irving Shipbuilding. Selon
le ministère : « Conçue spécialement pour
l'exécution de patrouilles dans les eaux
extracôtières et les régions les plus au nord du
Canada, cette nouvelle classe de navires sera au
coeur de la présence accrue des Forces armées
canadiennes (FAC) dans l'Arctique : elle
complétera efficacement les capacités de leurs
autres navires de guerre actuels et futurs par
l'exécution d'activités essentielles axées sur la
reconnaissance et la surveillance. Outre les
plateformes hautement polyvalentes qui lui
permettront d'appuyer diverses missions nationales
et internationales, le navire sera doté de
logements et d'installations modernes qui
amélioreront considérablement le confort et la
qualité de vie de l'équipage, soulignant ainsi
l'engagement des FAC visant à favoriser
l'inclusion et le bien-être de leur
personnel. »
En plus des six NPEA, Irving construit aussi deux
navires de la Garde côtière. Ces deux contrats
font partie de l'« ensemble de combat »
alloué à Irving dans le cadre de la Stratégie
nationale de construction navale (SNCN) annoncée
par le gouvernement conservateur de Stephen Harper
et présentement mise en oeuvre de façon étendue
par les libéraux de Trudeau qui se montrent encore
plus bellicistes que les conservateurs de Harper.
Le coût initial de 38 milliards de dollars
pour la SNCN a presque doublé à 70 milliards
et il risque d'augmenter encore de plusieurs
milliards.
Également, le Canada s'apprête à se
procurer 88 avions de chasse d'un des trois
monopoles de l'armement, au coût de 19
milliards de dollars, achat auquel s'opposent Voix
des femmes canadiennes pour la paix et ses alliés.
Des dizaines de milliards de dollars sont
consacrés à l'expansion de l'armement militaire au
nom de la politique de défense canadienne adoptée
sous les libéraux en 2018 — « Protection,
Sécurité, Engagement » - et qui vise à «
réaliser d'importants investissements stratégiques
à long terme permettant aux Forces armées
canadiennes de continuer de mener leurs activités
en tant que force agile et prête au combat,
laquelle est capable d'apporter des contributions
tangibles et de tenir ses engagements au pays et
dans le monde entier. » Les libéraux se sont
engagés à dépenser 62,3 milliards de dollars
au cours des 20 prochaines années pour
améliorer l'armée canadienne en vertu de cette
nouvelle politique. Afin de détourner le mouvement
antiguerre au Canada, ces sommes énormes sont
versées à Irving Shipbuilding Inc., GDLS et
d'autres dans des stratagèmes pour payer les
riches au nom de la création d'emploi et du
relancement de l'économie ! En vertu de la
soi-disant Politique des retombées industrielles
et technologiques lancée en 2014, les
entreprises « qui se voient attribuer des marchés
d'approvisionnement en matière de défense sont
tenues de mener des activités commerciales au
Canada, dont la valeur équivaut à celle du marché
qui leur a été accordé ».
Alors que les
Canadiens font toujours face à la pandémie du
coronavirus, qui est loin d'être terminée, les
libéraux poursuivent en douce leur
approvisionnement militaire. Aussi ont-ils l'appui
des autres partis cartellisés au parlement,
puisque chacun d'eux appuie la politique étrangère
du Canada fondée sur le colonialisme des temps
modernes, l'impérialisme et la guerre, politique
dictée par l'impérialisme américain et ses
instruments, l'OTAN et NORAD. C'est là l'essence
même de la politique étrangère appelée «
Protection, Sécurité, Engagement ».
Ce militarisme et bellicisme accrus des libéraux
de Trudeau et des autres partis cartellisés
doivent être bloqués par la résistance organisée
du peuple canadien à l'impérialisme américain, à
l'OTAN et à NORAD. C'est le peuple canadien qui
doit décider de la politique militaire et de la
politique étrangère du Canada ainsi que de
l'avenir de la société canadienne. C'est lui qui
doit redoubler d'efforts pour s'organiser pour
établir un gouvernement antiguerre et oeuvrer à
faire du Canada une zone de paix. C'est ainsi que
les Canadiens peuvent faire une contribution
décisive à la paix dans les Amériques et dans le
monde et contribuer à obtenir une paix permanente
dans le monde, laquelle est la base même de
l'épanouissement de tous les peuples et de toutes
les nations.
Tout en oeuvre pour faire
du Canda une zone de paix !
Organisons pour un gouvernement
antiguerre !
Premier anniversaire de la
révocation du statut
spécial pour le Jammu-et-Cachemire
- Meera Kaur -
Manifestation à Lahore, au Pakistan, en août 2020
contre l'occupation brutale du Cachemire
par l'Inde
Le 5 août 2020 était le premier
anniversaire de la révocation du statut spécial
pour le Jammu-et-Cachemire en vertu de
l'article 370 de la constitution indienne.
Dès qu'il a changé le caractère semi-autonome du
Cachemire contrôlé par l'Inde, le gouvernement
indien a imposé un embargo médiatique et un
couvre-feu et s'est mis à brutalement arrêter,
incarcérer et tuer des Cachemiriens de toutes les
couches de la société. Le gouvernement indien a eu
recours à la Loi sur les pouvoirs spéciaux des
Forces armées adoptée en 1990, lui
donnant l'autorisation d'arrêter, de fouiller et
de détruire des propriétés et de tuer en toute
impunité.
Les Cachemiriens ont combattu ce plus récent
crime contre la patrie et le peuple et ont
continué de résister avec courage au cours de la
dernière année sans se laisser abattre par la
répression brutale. Les crimes contre le peuple du
Cachemire ont aussi suscité la solidarité du
peuple du Pendjab avoisinant qui affronte depuis
longtemps l'impunité des forces armées indiennes.
Les gestes de l'Inde ont aussi suscité la
condamnation généralisée des peuples partout dans
le monde.
Le 3 août, au Cachemire, quelque temps avant
le premier anniversaire, les autorités ont imposé
un couvre-feu dans la ville de Srinagar ayant
effet sur-le-champ jusqu'à l'anniversaire même,
auquel le peuple a donné le nom de « Jour de la
noirceur ».
Manifestation au parlement britannique pour
marquer le premier anniversaire de
la révocation du statut spécial du
Jammu-et-Cachemire. Le slogan « La vie des
Cachemiriens compte ! » est projeté sur la façade
du parlement.
Le 5 août, en opposition à la répression et au
confinement forcé du peuple - rien de moins qu'un
siège du Jammu-et-Cachemire -, des manifestations
ont eu lieu en Inde, en Grande-Bretagne et à
d'autres endroits. En Grande-Bretagne, une action
de masse a été organisée devant le bureau du
Haut-Commissariat indien ainsi que du Council
House à Birmingham, où vivent 150 000
Cachemiriens. Des centaines de Cachemiriens ont
participé à ces importantes actions.
Le peuple
cachemirien lui-même affirme son droit à
l'autodétermination depuis plusieurs décennies, en
commençant par la période de la partition de
l'Inde en 1947, alors que l'État britannique
a joué un rôle perfide à préserver le pouvoir
colonial sur le sous-continent par le biais de
formes de gouvernements fondées sur la
préservation des valeurs et de représentants
anglo-américains. Une revendication majeure en ce
moment est que le peuple du Jammu-et-Cachemire
puisse régler la question du Cachemire au moyen
d'un référendum juste, transparent et démocratique
sous les auspices des Nations unies, tel que
stipulé par les résolutions de l'ONU.
Beaucoup de soldats indiens ont été mobilisés
dans la répression du mouvement du peuple
cachemirien pour son indépendance. Les leaders du
mouvement ont été incarcérés et de nouvelles
méthodes psychologiques de désorientation et
d'oppression sont utilisées. Il y a eu des
arrestations massives et l'armée indienne a
déchaîné sa violence contre le peuple. La
confrontation sino-indienne a exacerbé la tension
au Cachemire.
Aussi, des milliers d'Indiens sont amenés en
Jammu-et-Cachemire pour y travailler et pour
coloniser la région, ce qui montre à quel point le
premier ministre Narendra Modi est empressé de
détruire l'identité et l'héritage du Cachemire.
Ces travailleurs auraient transporté avec eux la
COVID-19 qui a touché plus de 19 000
personnes au Cachemire.
Les Canadiens épris de paix et de justice
appuient le peuple du Cachemire dans sa lutte pour
l'autodétermination. Que la marche du peuple
cachemirien vers la liberté, la justice et la
démocratie soit victorieuse !
(Photos: WW, S. Omer)
La lutte du peuple philipin pour
ses droits démocratiques et la libération
nationale
- Steve Rutchinski -
Manifestaton à Toronto à la veille du discours sur
l'état de l'Union le 27 juillet 2020
Des actions militantes se sont tenues aux
Philippines, au Canada et ailleurs à la veille du
discours sur l'état de la nation du président
philipin Rodrigo Duterte qui est appuyé par les
États-Unis. Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) s'unit fermement aux
Canadiens d'origine philippine et à leurs alliés
contre la campagne de terreur, de violence et
d'impunité de l'État du régime de Duterte contre
le peuple. Un état de loi martiale existe aux
Philippines, qui vise à écraser le mouvement de
libération nationale du peuple philippin dirigé
par le Parti communiste des Philippines (PCP).
Dans son message aux dizaines de milliers de
manifestants aux Philippines qui ont
courageusement défié l'interdiction du
gouvernement des rassemblements publics pour
s'opposer à la désinformation de Duterte, le PCP a
salué la volonté et la détermination du peuple. En
manifestant en public en grand nombre, a écrit le
PCP, le peuple exprime son « indignation
généralisée et intense contre l'incompétence, la
corruption, le fascisme et les mesures répressives
du régime et son mépris total et son abandon du
bien-être du peuple ».
Pour marquer l'occasion, Bayan Canada, l'alliance
d'organisations progressistes philippines, a
organisé des actions publiques à Vancouver,
Winnipeg, Toronto, Ottawa, Montréal et un
rassemblement en ligne à Calgary et Edmonton. Ces
actions ont rassemblé des jeunes d'origine
philippine et leurs pairs, des travailleurs
migrants et des amis et alliés, y compris des
activistes représentant le PCC (M-L).
Ottawa, 27 juillet 2020
Les jeunes philippins en particulier ont été très
fermes et ont dénoncé les crimes du gouvernement
du président Duterte, dont les meurtres
extrajudiciaires de quelque 30 000
personnes au nom de la « guerre contre la
drogue ». Orateurs après orateurs ont
condamné le régime Duterte pour son refus d'aider
le peuple philippin pendant la pandémie de
coronavirus et son utilisation de la crise pour
intensifier la campagne de «
contre-insurrection » contre le mouvement
révolutionnaire, en menant des assassinats
politiques et d'autres actes de répression. La Loi
antiterroriste de 2020 adoptée
récemment par Duterte a été fermement condamnée en
tant que loi draconienne visant à renforcer les
pouvoirs de police du gouvernement.
Le peuple philippin est déterminé à remporter la
victoire, à renforcer et à faire progresser son
mouvement révolutionnaire, à s'opposer à la
domination américaine et d'autres grandes
puissances de son pays et à faire avancer la cause
de la paix et de la justice. La secrétaire
générale de Bayan Canada, Rhea Gamanna, a souligné
lors de la journée d'action que le peuple
philippin a une longue tradition anti-impérialiste
et une longue histoire de combat et qu'en comptant
sur ses propres efforts et une large unité
politique, il évincera le régime Duterte soutenu
par les États-Unis.
Winnipeg, 27 juillet 2020
(Photos: Bayan Canada)
Manifestation à Vancouver à la vielle du discours
sur l'état de l'union du président
Duterte, le 27 juillet 2020
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) fait part de ses salutations
les plus chaleureuses à ce SONA ng Bayan, l'action
du peuple pour tenir le régime de Rodrigo Duterte
redevable de sa violence et sa terreur d'État
grandissantes et en toute impunité contre le
peuple des Philippines. Nous condamnons la
prétendue Loi anti-terrorisme de 2020
et exprimons notre confiance dans votre action
pour l'abroger.
Notre Parti exprime aussi ses sincères
condoléances pour la perte le 23 juillet de
Fidel V. Agcaoili, président vénéré du Panel de
négociation du Front démocratique national des
Philippines. Le rôle important du camarade
Agcaoili dans les négociations avec le
gouvernement philippin pour trouver une juste
résolution aux plus de 60 ans de guerre
civile dans les Philippines est un important guide
dams l'action pour ceux qui le remplaceront.
Nous vous offrons nos plus sincères condoléances
pour les pertes que vous avez subies cette année
suite à la répression de l'État et les crimes
commis contre vos camarades. Nous saluons leur
courage et leur héroïsme et faisons part de nos
condoléances et de notre appui à leurs camarades
et à leurs familles.
Près de 10 000 personnes ont perdu la
vie en raison d'exécutions extrajudiciaires et
d'assassinats politiques. Des milliers de
personnes ont été incarcérées pour avoir apporté
de l'aide au peuple sous forme de médicaments et
de nourriture pendant la pandémie de la COVID-19.
Montréal, 27 juillet 2020
L'adoption de la prétendue Loi
anti-terrorisme de 2020 ce mois-ci par
le gouvernement Duterte montre le désespoir du
gouvernement Duterte et celui de ses défenseurs
américains face à leurs efforts pour écraser la
résistance du peuple dirigé par le PCP et le NPA.
La prétendue Loi anti-terrorisme de 2020
exprime aussi les intérêts des États-Unis qui
cherche à ce que les Philippines demeurent une
base militaire stable pour assurer leur présence
en Asie et pour contester la Chine, une partie
intégrante des préparatifs de guerre des
États-Unis que le peuple n'accepte pas.
Les exercices militaires conjoints et les autres
exercices menés par les États-Unis dans les
Philippines ainsi que leurs exercices «
anti-insurrectionnelles » doivent cesser et
c'est vers quoi le PCP et le NPA dirige le peuple.
L'hystérie anti-communiste de cercles dirigeants
dans les Philippines reflète la force du mouvement
du peuple philippin pour la libération nationale
et le désespoir de l'ennemi.
Duterte continue de céder l'économie philippine
aux intérêts étrangers, augmentant le déplacement
économique et la migration. Des dizaines de
milliers de personnes sont forcées en raison de la
situation de quitter les îles et de chercher
refuge à l'étranger.
Le Canada lui-même est l'architecte de pratiques
inacceptables qui encouragent la traite des
personnes et l'abus de femmes et d'enfants et de
travailleurs migrants. Le gouvernement canadien
encourage aussi le vol de la richesse minière et
des terres du peuple philippin par des intérêts
privés étroits, miniers et autres, qui commettent
des crimes contre le peuple pour étouffer la
résistance.
Le silence du Canada face aux crimes commis
contre le peuple est inacceptable. Être
silencieux, c'est être violent.
Notre Parti oeuvre à la réalisation de la juste
revendication que tous les travailleurs migrants
accèdent au statut de résident permanent au Canada
et reçoivent toute aide publique en tant que
droit.
Les travailleurs philippins d'origine philippine
sont partie intégrante de la classe ouvrière
canadienne. Nous travaillons comme une seule
personne pour la paix, la liberté et la
démocratie.
Gloire à la vie et
l'oeuvre du camarade Fidel Agcoaili !
Vive la résistance du peuple philippin !
Vive notre unité dans l'action ! Le peuple
vaincra !
Non à la violence et la terreur fascistes du
régime Duterte appuyé par les
États-Unis !
Mon à la prétendue Loi
anti-terrorisme de 2020 !
(Photos:
Bayan Canada, Gabriela)
In Memoriam
-
8 août 1944 - 23 juillet 2020 -
|
|
C'est avec une grande tristesse que le Parti
communiste des Philippines (PCP) vous informe que
le camarade Fidel V. Agcaoili, président du panel
de négociations du Front national démocratique des
Philippines, est décédé soudainement à Utrech, aux
Pays-Bas, à la suite d'une rupture d'une artère
pulmonaire. Le camarade Agcaoili était membre du
FNDP depuis le début des années 1990 et son
président depuis 2016 en un effort pour
réaliser une paix juste et permanente dans la
lutte entre le peuple philippin dirigé par le PCP
et l'État philippin parrainé par les États-Unis.
Le PCC déclare :
« Les communistes et révolutionnaires philippins
ressentent un profond sentiment de tristesse et de
perte face au décès de Ka (aîné) Fidel. Il était
l'un des dirigeants les plus aimés et les plus
respectés du Parti, du Front national démocratique
des Philippines (FNDP) et du peuple philippin. Au
cours des dernières décennies, depuis le mouvement
clandestin, de l'emprisonnement jusqu'au travail
international et aux négociations de paix, Ka
Fidel a lutté sans relâche avec le peuple
philippin et a servi le mouvement révolutionnaire
et toutes les classes opprimées et exploitées pour
parvenir à la libération nationale et sociale. En
tout temps, Ka Fidel a fermement soutenu les
principes du Parti. Il a été imprégné de l'esprit
communiste jusqu'à son dernier souffle. »
Le décès du camarade Fidel V. Agcaoili est une
grande perte pour le PCP, le FNDP et l'ensemble du
peuple philippin. Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses plus sincères
condoléances à ses camarades, à sa famille et à
tout le peuple philippin dans sa patrie et au
Canada, en particulier à nos camarades de Bayan
Canada, Migrante, Philippine Solidarity Group,
Gabriela et d'autres organisations de lutte.
Que la vie et l'oeuvre du camarade Fidel V.
Agcaoili soient une inspiration pour nos efforts
communs dans la lutte pour nos droits collectifs,
pour la justice et la paix et pour le renforcement
des liens fraternels entre les peuples du Canada
et des Philippines.
Honduras
Manifestation à Triumfo De La Cruz contre
l'enlèvement d'activistes garifunas, 26
juillet 2020
Les Garifunas sont une communauté autochtone
noire qui vit sur la côte nord du Honduras
depuis 1797, date à laquelle ils ont fui
l'île de Saint-Vincent-et-les Grenadines après la
défaite de leur insurrection contre l'Empire
britannique. Bien que reconnu par le gouvernement
hondurien à la fin du XIXe siècle, le territoire
revendiqué par les Garifunas fait l'objet
d'intenses disputes depuis le début du XXe siècle.
Au début, ce sont les sociétés transnationales
bananières qui exercent une forte pression sur le
territoire des Garifunas. À l'époque, l'État
hondurien était l'un des principaux agents des
transnationales, violant le droit ancestral du
peuple garifuna sur son territoire et accordant
l'autorisation de cultiver des milliers d'hectares
de bananeraies. Aujourd'hui, toujours avec la
complicité du gouvernement hondurien, c'est la
culture du palmier - un palmier africain très
utilisé par l'industrie cosmétique - qui exerce
une forte pression sur ce territoire. On estime
que 80 % du territoire des Garifunas est
occupé par la culture du palmier africain, tandis
que dans le même temps, le gouvernement hondurien
a stimulé l'occupation de la côte caraïbe par
l'industrie touristique de haute gamme avec la
construction de stations balnéaires sur les terres
des Garifunas.
À la fin des
années 70, plus précisément en 1978,
avec la création de l'OFRANEH (Organisation
fraternelle des Noirs du Honduras), la lutte a
commencé pour préserver ce qui restait du
territoire occupé par les Garifunas pendant plus
de 200 ans. Il y a 48 communautés
garifunas réparties le long de la côte caraïbe du
Honduras, avec une économie basée sur
l'agriculture familiale.
Il est important de rappeler qu'en 2009,
Manuel Zelaya, le président démocratiquement élu,
a été renversé par un coup d'État orchestré par
les militaires et financé par les grandes
entreprises opérant dans le pays. L'un des aspects
les plus importants de la politique du
gouvernement Zelaya était précisément de contrer
les intérêts de l'agro-industrie étrangère au
Honduras et dans les latifundios (grands
domaines). Alors maintenant, encore une fois,
l'État hondurien sert les puissants contre les
intérêts des communautés.
Dans ce contexte, quatre militants sociaux
garifunas ont été enlevés (Alberto Sneider
Centeno, Milton Joel Martinez Alvarez, Suami
Aparicio Mejia et Alber Sentana Thomas), de la
communauté de Triunfo de la Cruz, dans la
municipalité de Pantalla. Les militants kidnappés
sont liés à la lutte pour la terre, la
préservation de l'environnement et le respect des
droits de l'homme. Alberto Centeno a dirigé la
campagne pour obliger l'État hondurien à se
conformer à la décision rendue par la Commission
interaméricaine des droits de l'homme en 2015
et à la Convention n• 169 de l'Organisation
internationale du travail (OIT) qui porte sur la
consultation des peuples autochtones sur
l'occupation de leurs territoires. L'enlèvement a
été commis le 18 juillet par un groupe
lourdement armé portant l'uniforme des forces de
sécurité honduriennes.
Il est important de
garder à l'esprit que le peuple hondurien se
mobilise pour faire en sorte que les quatre
personnes reviennent en bonne santé.
Nous demandons :
- que le gouvernement hondurien sauve les
quatre militants kidnappés et qu'ils soient
rendus vivants aux Garifunas ;
- le respect immédiat de la Convention
n• 169 de l'OIT ;
- que cesse l'invasion des terres des
Garifunas ; et
- que le gouvernement brésilien adopte une
position ferme contre les violations des droits
humains du peuple garifuna.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) appelle les Canadiens à
exiger du gouvernement du Canada qu'il prenne la
position de principe de s'opposer aux grossières
violations des droits humains par le gouvernement
du coup d'État au Honduras, qu'il a soutenu au
moment du coup et lorsque les atrocités ont
éclaté.
Les activistes garifunas enlevés doivent être
retournés à leurs familles et communautés. Ces
violations des droits humains et cette
appropriation des terres des Garifunas doivent
cesser.
La lutte de Cuba révolutionnaire
pour son droit d'être
Piquetage contre le blocus de Cuba par les
États-Unis à Montréal le 17 juillet 2020
Le juge fédéral des États-Unis James Lawrence
King a rejeté une poursuite qui avait été faite en
vertu du Titre III de la Loi Helms-Burton
contre la compagnie de navires de croisière
Carnival pour l'utilisation d'une propriété à
Cuba.
Javier Garcia-Bengochea, un Cubain-Américain
vivant en Floride, est détenteur agréé d'actions
dans le port de Santiago de Cuba dont se sert le
navire de croisière. Cette propriété a été
confisquée par le gouvernement cubain
en 1960, après la Révolution.
Garcia-Bengochea a hérité de la propriété
en 2000.
Ayant intensifié ses hostilités contre Cuba,
l'administration Trump a mis fin à la suspension
du Titre III de la Loi Helms-Burton en
mai 2019. Le Titre III permet aux citoyens
américains qui réclament une propriété confisquée
par le gouvernement cubain d'obtenir une indemnité
des compagnies qui gèrent ces propriétés.
Cependant, il est stipulé dans la loi que pour «
toute propriété confisquée avant le 12
mars 1996, un citoyen des États-Unis ne peut
faire une poursuite en invoquant la propriété
confisquée en vertu de cette clause à moins que ce
dit citoyen n'acquière la propriété de la
réclamation avant le 12
mars 1996. »
C'est une décision clé pour ce qui est des
réclamations en vertu de la Loi Helms-Burton,
puisqu'elle crée un précédent pour l'avenir
immédiat. Carnival fait face à une poursuite
similaire pour l'utilisation des infrastructures
dans le port de La Havane et attend la décision de
la juge fédérale Beth Bloom d'un tribunal de
Miami. Il y a près de 6 000 réclamations
concernant des propriétés confisquées par le
gouvernement cubain, ce qui représente près
de 2 milliards de dollars, ou encore, 8
milliards de dollars avec intérêt.
(Avec des informations du
Miami Herald)
- Patricio Montesinos -
Une équipe médicale cubaine arrive au Surinam
le 20 mars 2020
pour aider à combattre la COVID-19,
On dit toujours que les démineurs risquent leur
vie pour sauver la vie de milliers de personnes
lorsqu'ils désactivent les mines dans les champs
en temps de conflit.
En temps de pandémie, comme celle de la COVID-19
qui afflige l'humanité aujourd'hui, ce sont les
médecins et les travailleurs de la santé qui font
ce travail dangereux pour le bien de millions de
citoyens partout dans le monde.
Les membres de la célèbre armée pacifique cubaine
en sarraus blancs agissent en ce moment en
véritable démineurs, parce qu'ils se rendent dans
les coins les plus compliqués de la Terre pour
affronter la maladie mortelle.
Ils vont en Afrique, en Europe et en Amérique
latine et les Caraïbes, défiant les risques
auxquels ils sont confrontés en première ligne,
dans la ligne de feu, dans le combat contre la
COVID-19.
Leur unique objectif est de vaincre la mort, et
ils y arrivent avec conviction, humanisme et grand
altruisme, ce qu'ils ont hérité du dirigeant
historique de la Révolution cubaine Fidel Castro
et la génération de Moncada, celle qui, le 26
juillet 1953, s'est lancée dans la bataille
pour la véritable indépendance de l'île.
Les membres des Brigades médicales cubaines, qui
se mettent au service d'innombrables pays partout
dans le monde, sont indubitablement les vrais
héritiers de ces jeunes gens qui, dirigés par
Fidel, ont pris d'assaut les casernes de Moncada
il y a 67 ans, l'acte héroïque qui a mené au
triomphe de la Révolution le 1er
janvier 1959.
À l'occasion de Jour de la rébellion nationale de
la nation caribéenne, ce 26 juillet, les
démineurs en sarraus blancs méritent une
reconnaissance spéciale. Loin de leur patrie et de
leurs familles, ils ont vaincu la pandémie et
offrent à nouveau une leçon de dignité et de
courage.
Par leur exemple, ils ont aussi désamorcé les
campagnes, orchestrée par les États-Unis, visant à
discréditer la collaboration médicale cubaine et,
du même coup, ils ont hissé encore plus haut les
drapeaux de la solidarité avec Cuba et contre le
blocus intensifié que Washington impose à l'île.
Aujourd'hui, provenant de toutes les régions du
monde, s'élèvent des voix pour réclamer que les
médecins et les travailleurs de la santé reçoivent
le Prix Nobel de la Paix pour leur oeuvre
humanitaire depuis de nombreuses années.
Et, bien sûr, les démineurs cubains en sarraus
blancs méritent cette reconnaissance et beaucoup
plus encore, mais ils ont déjà la reconnaissance
la plus précieuse de toutes, celle des peuples et
des millions de gens qu'ils ont soignés et à qui
ils ont redonné la vie.
(Cubadate, 27
juillet 2020. Traduit de l'espagnol par
LML. Photo : J. Vidal)
Edgar Eddie Ferreira est un journaliste espagnol
qui a cloué le bec à la ministre des Affaires
étrangères de la Colombie, Claudia Blum, après
qu'elle ait dit il n'y a pas longtemps que « Cuba
est un pays d'une extrême pauvreté dont le
sous-développement se voit dans ses
infrastructures ».
- Hier, 200 millions d'enfants ont dormi
dans la rue parce qu'itinérants, et je peux vous
assurer qu'aucun d'eux n'était cubain, quoique
plusieurs étaient colombiens.
- Des millions de personnes dans le monde n'ont
aucune couverture médicale et je peux vous assurer
qu'aucune d'elles n'est cubaine. En Colombie, plus
de la moitié de la population est sans assurance
médicale et les personnes qui en ont une ne sont
pas soignées à 100 %.
- Dans le monde, il y a des millions de personnes
analphabètes et pas une seule n'est cubaine, mais
beaucoup sont colombiennes.
- Durant l'année en cours, des dirigeants sociaux
ont été assassinés partout dans le monde, sauf sur
le territoire cubain. En Colombie, ils sont tués
jour après jour et le président ne fait rien pour
arrêter ce massacre du peuple par l'État.
- Pour ce qui est de la culture, des sports, de
la santé et de l'éducation, Cuba est la meilleure
de la région. Lorsque la Colombie sera en mesure
de surpasser Cuba dans quelque sphère de progrès
social que ce soit, vous pourrez offrir votre
opinion. En attendant, regardez votre propre pays
et pensez aux réalisations de Cuba comparativement
à la Colombie qui, malgré toutes les ressources
naturelles qu'elle a à sa disposition pour se
surpasser, ne projette pas l'image d'un bon pays
mais plutôt du pays le plus corrompu, le plus
meurtrier, le plus ignorant, ayant le plus de
trafic de drogues, le taux de chômage le plus
élevé de la région, le taux de meurtres le plus
élevé, et votre président est un cirque ambulant
qui ment comme il respire et dit des imbécillités
partout où il va.
- Ministre des Affaires étrangères, mon amie, je
vous dis tout cela parce que je suis un
journaliste espagnol et j'ai eu l'occasion de
voyager à Cuba, tout comme j'ai travaillé en
Colombie où j'ai appris à me familiariser avec ce
pays. Vivre et travailler en Colombie est un
véritable défi pour un journaliste, qui peut être
tué à tout moment dans la pratique de sa
profession. L'année dernière seulement, 36
journalistes ont été tués en Colombie. À Cuba,
personne n'est tué parce qu'il a une opinion
différente. Si à Cuba c'est la pauvreté, en
Colombie, c'est la misère abjecte comparativement
à Cuba.
Sur le décès
d'Eusebio Leal, l'historien de la Ville de La
Havane
- Radio Havana -
C'est avec tristesse que, le 31 juillet, la
nation cubaine a appris le décès du docteur
Eusebio Leal Spengler, l'historien renommé et
vénéré de la ville de La Havane. Leal a consacré
sa vie à la préservation de l'authentique
patrimoine historique et culturel de Cuba et de
son peuple. Il l'a fait par ses enseignements et
par ses écrits, et, notamment, par son travail
indispensable de préservation et de restauration
du coeur de la magnifique Havane historique – la
Havana Vieja.
Eusebio Leal était membre du Comité central du
Parti communiste de Cuba et député élu à
l'Assemblée nationale du pouvoir populaire de
Cuba. LML publie ci-dessous un
hommage à sa vie et à son oeuvre rendu par
l'équipe de rédaction de Radio Havana.
La page blanche semble impossible à remplir en ce
moment. Aucun mot ne peut combler le vide ni
décrire la tristesse et le choc éprouvés par les
Cubains lorsqu'ils ont appris la nouvelle, eux qui
l'ont tant aimé et admiré.
Ces années furent des années de travail intense,
de sauvetage de notre patrimoine, de restitution
d'une partie de notre identité à celles et ceux
d'entre nous qui sommes nés sur l'île. Nous ne
pouvions imaginer tout l'effort qui a animé une
telle entreprise, ni le nombre d'années de
sacrifice et de lutte incessante. Eusebio Leal
Spengler y a consacré sa vie.
Sa disparition physique nous afflige, nous
bouleverse. Nous le pensions un homme immortel, un
homme qui serait toujours là pour préserver non
seulement la Vieille Havane mais le patrimoine
cubain dans son ensemble, qu'il aimait tant. Mais,
une fois de plus, la mort nous a joué un tour.
« Nous faisons
partie des grands défis et des grands
moments », disait à l'occasion ce grand
homme. Il n'en faisait pas seulement partie, il
était un témoin, un créateur d'idées, de rêves, de
réalités. Il a combattu les moulins à vent mais il
en est venu à bout. Il était un Don Quichotte de
notre époque.
En 1981, par décision du gouvernement, le
Bureau de l'Historien de la Ville de La Havane a
relevé l'immense défi d'entreprendre le premier
plan de restauration. Derrière cet énorme effort,
après tant d'années à le promouvoir, se trouvait
Leal. Et il l'a réalisé avec succès pendant des
décennies, nourrissant une réalité teintée de
rêve, restaurant sa splendeur à la capitale et
alimentant la spiritualité de chaque être humain,
petit à petit, transformant notre perception d'une
ville qui a déjà cinq siècles d'existence.
Comme il le disait lui-même, un travail comme
celui-ci, de portée internationale et qui apporte
une reconnaissance publique, ne peut être accompli
que dans une révolution comme la nôtre, avec le
soutien d'un dirigeant comme Fidel. Et notre
historien a vécu dans une période fébrile et
féconde qui a commencé en 1959, au moment où
le processus de changements révolutionnaires, de
renouvellement des domaines de la société cubaine
a commencé. Cette idée réaffirme sa profonde
conviction révolutionnaire : « Nous sommes
les gardiens, les héritiers et les continuateurs
de l'héritage culturel, social et politique de la
nation. »
Héros du Travail de la République de Cuba, Cubain
maintes fois récompensé de médailles et de
doctorats honorifiques, Leal a été, grâce à son «
intendance de gladiateur », le découvreur et
le re-découvreur, à chaque jour et pendant
plusieurs années, de sa Havane, de notre Havane.
Dès son plus jeune âge, il rêvait de restauration,
ce qu'il a réalisé à un très haut niveau. Il a eu
la chance d'avoir Emilio Roig de Leuchsenring, le
premier historien de la Ville de la Havane, comme
professeur et guide, qui l'a imprégné de la
vitalité et de l'amour pour la capitale, au point
où il a déclaré : « Sans Emilio Roig, il n'y
aurait pas d'Eusebio Leal. »
Amoureux des livres, chrétien, patriote militant,
fils entier de son époque, Leal, comme l'a dit la
docteure Ana Cairo, est un grand exemple de
l'humanisme révolutionnaire de Cuba, car il a mené
la polémique, a accédé à de nouvelles
connaissances, les a partagées, a écouté les gens
et a été sensible à leurs besoins spirituels.
Continuons de citer la docteure Cairo qui, avec
sa perspicacité habituelle, disait : « Leal
est un exemple des plus belles qualités, le
représentant d'une génération autodidacte, mais
dont les humbles origines n'ont pas mené à la
marginalité, deux choses qui aujourd'hui semblent
aller de pair. Il a montré par son exemple qu'on
peut être pauvre et avoir de l'éducation, de la
civilité et de la culture [...] Leal doit
continuer d'être un modèle pour la société
cubaine. »
Dans tout ce que
Leal a fait, dans tout ce qu'il a défendu, nous ne
pouvons oublier sa vision patriotique, ancrée dans
les idées de Marti, « cette tendre et
réconfortante union de l'amour et de l'espoir pour
la patrie », grâce auxquelles il a réalisé
des transformations inestimables dans notre pays.
En ce sens, Eduardo Torres-Cuevas, un autre de
nos plus profonds intellectuels, a affirmé –
répétant lui aussi une phrase de Marti : « Je
crois que Leal était l'un des hommes les plus
vrais et les plus inestimables de notre
époque...Il comprenait la réalité et oeuvrait à
changer ce qui devait être changé de cette
réalité, tout en saisissant l'utilité du travail,
l'utilité de la vertu. Et cela exigeait de lui -
ce qui était naturel pour lui - une éthique
professionnelle et humaine qui imprégnait tout son
travail. Il me serait difficile pour moi de parler
de façon fragmentée de l'oeuvre de Leal. D'une
façon ou d'une autre, son oeuvre a touché à de
vastes domaines, et je dirais que l'ampleur de son
oeuvre était le résultat de l'utilité de sa
vision, d'une utilité non pragmatique, de ce qu'il
fallait faire et de comment le faire, de comment
produire des transformations profondément utiles.
Nous parlons d'une utilité qui se rapporte
principalement aux valeurs. »
Au Salon du Livre qui a été dédié à Leal,
l'historien de la Ville de La Havane a déclaré
qu'il aurait aimé que la vie soit plus longue pour
qu'il puisse en faire encore davantage, parce que
ce qu'il avait accompli jusque-là lui semblait
maigre. Mais, par une anecdote, il a conclu que
tout cela n'était pas en vain. Il a dit : «
Il y a quelques jours, alors que je marchais sur
une esplanade de la Vieille Havane, un père m'a
approché avec son jeune fils pour que celui-ci me
dise bonjour. Je lui ai demandé : et toi,
qu'est-ce que tu veux faire lorsque tu seras plus
vieux ? Et le garçon de me répondre :
Moi ? Un historien.
« C'est pour cela qu'Eusebio Leal a gardé un
esprit élevé et qu'il est toujours plein
d'énergie. Des historiens avant lui l'ont fait, le
docteur Roig l'a fait. C'était mon tour, ce sera
le tour des autres. Ils viendront avec d'autres
noms [...] Il faut avoir confiance que ce nous
avons semé et ce que nous avons accompli, a-t-il
conclu, portera ses fruits dans les nouvelles
générations. »
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