Au parlement
• Des
projets de loi incohérents et des procédures en
crise
- Anna Di Carlo -
• Le
gouvernement dépose un projet de loi controversé
«contre la haine»
Pour nous, la responsabilité commence chez soi
• Où
réside la responsabilité de l'héritage brutal du
système des pensionnats du Canada
- Pauline Easton -
• Quand
le passé de l'État canadien raciste est aussi
son présent
- Philip Fernanedez -
• De
nouvelles tombes anonymes découvertes en
Colombie-Britannique
Un besoin urgent d'humaniser l'environnement
naturel et social!
• Pfizer-BioNTech
exige que le Canada paie le prix fort pour les
vaccins
- K.C. Adams -
• Les
canicules, les feux de forêt et les inondations
d'une ampleur record sonnent l'alarme comme
jamais auparavant
- Nick Lin -
• Le
premier ministre de la Colombie-Britannique
déclare que les décès dus à la vague de chaleur
«font partie de la vie»
• Le
glyphosate et la liberté d'expression
• De
micro-organismes et de glyphosate
- Peter Ewart -
La politique de la corde raide menée par
l'impérialisme américain augmente le risque de
guerre
• La
provocation mise en scène contre la Russie en
mer Noire
- Steve Rutchinski -
• Le
président américain Biden lance des frappes
aériennes illégales contre la Syrie et l'Irak
• Les
monopoles de la technologie américains
rassemblent des alliés pour attaquer la Chine
• Investissement
dans les technologies israéliennes de
cybersécurité, de renseignement et de sécurité
physique
Au parlement
- Anna Di Carlo -
Le Parlement a ajourné le mercredi 23 juin à la
suite d'une session remplie de lois incohérentes
et de procédures en crise. Il doit reprendre ses
travaux le 20 septembre, mais rien n'est sûr car
les spéculations abondent sur la possibilité que
le gouvernement Trudeau déclenche des élections
fédérales avant cette date. Malgré tout, une heure
avant l'ajournement du parlement pour la pause
estivale, les libéraux ont déposé un nouveau
projet de loi dit contre le discours haineux
accompagné de la menace d'une réglementation
accrue des médias sociaux à venir. Ce projet de
loi vise à permettre au gouvernement d'utiliser
ses pouvoirs de police pour restreindre la liberté
d'expression lorsqu'il s'agit du droit du peuple
de s'exprimer et de communiquer ses points de vue,
ses pensées et ses opinions sur des questions qui
préoccupent le corps politique, tout en donnant le
feu vert aux autorités à divers niveaux pour
diffamer et criminaliser les personnes qui
refusent de se soumettre à ce que les autorités
ont sommairement déclaré être les valeurs
canadiennes.
Tout au long de cette session parlementaire, le
gouvernement s'est livré à de nombreuses
manigances afin de faire pencher la balance en sa
faveur si des élections sont déclenchées. Cela
amène l'électorat à se demander sérieusement
comment il devrait réagir dans son intérêt, et non
dans celui du système de gouvernement de partis
cartellisés dont le principal objectif est de
priver le peuple du pouvoir.
Avec la récente défection organisée d'une députée
du Parti vert, les libéraux ont maintenant 155
députés sur un total de 338. Il leur manque 15
députés pour obtenir la majorité, ce qui veut dire
que les manoeuvres se multiplient pour recruter ce
qu'ils appellent des candidats vedettes et pour
s'assurer que les candidats des partis
d'opposition soient écartés de la compétition
électorale de diverses manières. Le gouvernement
libéral minoritaire a réussi à faire adopter ses
projets de loi principalement avec l'appui des 32
députés du Bloc Québécois et des 24 députés du
NPD.
En même temps, pour s'assurer que les libéraux
contrôlent le Sénat, Justin Trudeau a annoncé le
22 juin ses dernières nominations à la « Chambre
rouge », qui sont des postes très intéressants
accordés pour services rendus. Les personnes
nouvellement nommées sont Hassan Yussuff,
Bernadette Clement et James Quinn. Hassan Yussuff
était jusqu'à trois jours avant sa nomination
président du Congrès du travail du Canada et il
était très apprécié pour avoir appuyé les libéraux
lors des négociations de l'accord de libre-échange
qui attaque de multiples façons la classe ouvrière
aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
Bernadette Clement est l'ancienne mairesse de
Cornwall, en Ontario, une ville frontalière
importante avec les États-Unis qui se trouve sur
des terres autochtones. James Quinn est
président-directeur général de l'Administration
portuaire de Saint John. Selon son site Web, «
Port Saint John, le plus grand port de l'Est
canadien en termes de volume, traite en moyenne
chaque année 28 millions de tonnes métriques de
marchandises diversifiées, dont du vrac solide et
liquide, des marchandises diverses et des
conteneurs » et offre « des liaisons
internationales vers plus de 500 ports dans le
monde, permettant ainsi d'accéder facilement aux
marchés intérieurs du centre du Canada au moyen
des réseaux ferroviaires et routiers » et «
facilite les échanges commerciaux et offre un
point d'accès maritime aux marchés mondiaux ».
La nomination de ces trois sénateurs porte à 55
le nombre total de sénateurs nommés par les
libéraux en deux mandats. Cela veut dire que les
nominations du Parti libéral sont désormais
majoritaires à la Chambre, même si les sénateurs
libéraux sont considérés comme indépendants. Douze
des 105 sièges du Sénat demeurent vacants.
Les projets de loi envoyés au Sénat avant que la
Chambre ne termine sa session comprennent le
projet de loi C-6 : Loi modifiant le Code
criminel (thérapie de conversion); le
projet de loi C-10, Loi modifiant la Loi sur
la radiodiffusion; le projet de loi C-12 :
Loi concernant la transparence et la
responsabilité du Canada dans le cadre de ses
efforts pour atteindre la carboneutralité en
2050; et le projet de loi C-30 : Loi
portant exécution de certaines dispositions du
budget déposé au Parlement le 19 avril 2021 et
mettant en oeuvre d'autres mesures.
Les pressions sur le Sénat pour adopter ces
projets de loi ont provoqué un tollé parce qu'ils
ont été envoyés aux sénateurs à la dernière
minute. C'est notamment le cas du projet de loi
C-10, qui suscite une controverse quant à savoir
si les messages publiés par les particuliers sur
les médias sociaux seront désormais réglementés et
contrôlés par des algorithmes que le gouvernement
souhaite voir sur les plateformes de médias
sociaux, au nom de la promotion de la
découvrabilité du contenu canadien. L'opposition
au Sénat soutient que ce projet de loi constitue
une menace pour la liberté d'expression et
s'oppose également à la manière dont le projet de
loi a été adopté précipitamment à la chambre.
Le fait que le projet de
loi C-10 soit parvenu au Sénat sans que quiconque
à la Chambre ou au Sénat ait pu se prononcer de
manière définitive sur son contenu ou sa portée
montre à quel point les délibérations
parlementaires sont tombées bas. Julie Dabrusin,
secrétaire parlementaire du ministre du Patrimoine
canadien, affirme que le projet de loi C-10 «
exempte expressément les contenus téléchargés par
les utilisateurs », alors que d'autres personnes,
dont l'expert en droit de la radiodiffusion
Michael Geist, insistent sur le contraire. Dans le
même ordre d'idées, la sénatrice Pamela Wallin a
insisté au Sénat sur le fait que « les messages
Facebook, les messages YouTube et tout cela sont
susceptibles d'être soumis à la découvrabilité par
les grandes entreprises technologiques », ce à
quoi le sénateur Dennis Dawson a répondu que ce
n'était pas le cas : « Croyez-moi : cela ne
s'applique pas aux particuliers. Cela s'applique
aux organisations. La liberté de parole et
d'expression des gens ne sera pas altérée par ce
projet de loi. »
Ce qui ressort clairement de ce projet de loi
complexe, c'est qu'il s'agit d'une loi qui élargit
considérablement les pouvoirs réglementaires du
Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes et du Cabinet, avec
de nombreuses dispositions qui s'en remettent
simplement aux directives qui seront émises par le
Cabinet quant à la façon dont le Conseil exercera
ses pouvoirs réglementaires. Il s'agit d'une
concentration excessive des pouvoirs décisionnels.
Un autre nom de pouvoirs décisionnels excessifs
est pouvoirs de police.
En fin de compte, bien que le Sénat soit dominé
par les libéraux, les sénateurs ont refusé
d'accélérer l'adoption du projet de loi modifiant
la Loi sur la radiodiffusion et du
projet de loi sur la thérapie de conversion,
choisissant plutôt de les renvoyer en comité.
L'irrationalité triomphe
Une autre question qui montre l'étendue de
l'irrationalité qui prévaut concerne la manière
dont une élection doit être conduite si déclenchée
pendant une pandémie.
En octobre 2020, le
directeur général des élections, Stéphane
Perrault, a demandé que des modifications soient
apportées à la Loi électorale du Canada afin
de répondre aux inquiétudes en matière de santé et
de sécurité si une élection était déclenchée
pendant la pandémie. Le projet de loi C-19, Loi
modifiant la Loi électorale du Canada (réponse à
la COVID-19), a été déposé en décembre
2020. Le Comité permanent de la procédure et des
affaires de la Chambre (PROC) a déposé son rapport
et ses amendements finaux au projet de loi C-19
deux jours avant le congé d'été prévu, mais il n'a
pas été retenu comme projet de loi prioritaire par
les libéraux.
La façon dont la Chambre des communes a traité ce
projet de loi montre non seulement un mépris total
pour la santé et la sécurité des électeurs et des
travailleurs électoraux, mais aussi la facilité
avec laquelle une main contredit ce que fait
l'autre. En mai 2021, les députés de la Chambre
des communes ont adopté à l'unanimité une motion
déclarant qu'aucune élection ne devrait être
déclenchée avant la fin de la pandémie. À
l'unanimité, cela veut dire que cela incluait les
libéraux. Certains députés ont même déclaré que la
motion était excellente parce qu'elle donnerait
plus de temps au PROC pour étudier le projet de
loi C-19 – le projet de loi même qui établit les
conditions d'une élection pendant une pandémie.
Le projet de loi C-19 montre également un mépris
pour Élections Canada, puisqu'il remplace les
conseils d'experts de l'organisme par des
préférences de parti largement inexpliquées. S'il
avait été adopté, le projet de loi C-19 aurait
prolongé la durée du scrutin d'une seule journée
de 12 heures, le lundi, à trois journées de 12
heures, le samedi, le dimanche et le lundi. Cela
aurait été fait même si Élections Canada a demandé
des journées de huit heures le samedi et le
dimanche pour faire face aux difficultés
d'embaucher 250 000 travailleurs électoraux pour
des journées de 12 heures pendant une pandémie, la
plupart étant des personnes âgées. Élections
Canada a également dit que le vote en fin de
semaine de deux jours aiderait à sécuriser les
lieux de vote, ce qui faciliterait la
distanciation physique. Même après que le
directeur général d'Élections Canada ait témoigné
devant le PROC une deuxième fois pour réitérer ses
raisons, les membres du PROC ont maintenu leurs
propres préférences.
Élections Canada n'a eu d'autre choix que
d'annoncer qu'il sera prêt à mener des élections
en toute sécurité, en utilisant les pouvoirs
d'adaptation existants du directeur général des
élections pour régler les problèmes qui
surviennent en matière de santé et de sécurité des
électeurs et du personnel électoral.
Coïncidence, juste après l'ajournement du
parlement, les restrictions sur les rassemblements
publics ont commencé à être levées et des
directives compliquées ont été publiées sur ce qui
est sécuritaire et ce qui ne l'est pas. Cela a
alimenté les spéculations qu'une élection pourrait
être déclenchée parce que les conditions de
pandémie n'existeraient plus.
Le ministre de la Justice et procureur général du
Canada David Lametti a déposé le projet de loi
C-36, Loi modifiant le Code criminel, la Loi
canadienne sur les droits de la personne et
apportant des modifications connexes à une autre
loi (propagande haineuse, crimes haineux et
discours haineux), à la Chambre des
communes le 23 juin, quelques heures avant
l'ajournement pour l'été. Un communiqué de presse
explique que le projet de loi vise à « combattre
plus efficacement les discours et les crimes
haineux, à offrir de meilleurs recours aux
victimes et à tenir les personnes responsables des
préjudices découlant de la haine qu'elles
propagent ». Il modifie la Loi canadienne sur
les droits de la personne pour y définir la
« diffusion de discours haineux en ligne ». Tous
les messages publiés en ligne par des particuliers
sur des plateformes de médias sociaux, des blogues
et des sites Web seront soumis aux lois et
règlements modifiés.
Le Code criminel, qui contient déjà des
interdictions contre « l'incitation publique à la
haine » et « fomenter volontairement la haine »
est modifié pour ajouter une définition de « la
haine ». Elle est définie comme un « sentiment
plus fort que l'aversion ou le dédain et
comportant de la détestation ou de la diffamation;
(hatred) ». Une clause citée comme étant « pour
l'application du présent article » ajoute qu'« il
est entendu que la communication de déclarations
n'incite pas à la haine ou ne la fomente pas pour
la seule raison qu'elle discrédite, humilie,
blesse ou offense ». Une nouvelle infraction est
ajoutée au Code criminel, intitulée «
Crainte d'une infraction concernant la propagande
haineuse ou les crimes haineux », selon laquelle
une personne soupçonnée d'être susceptible de
commettre un crime haineux ou de se livrer à de la
propagande haineuse peut être inculpée. Le Code
criminel établira une liste de conditions
d'engagement qui peuvent être ordonnées pour une
personne condamnée, comme le port d'un dispositif
de surveillance électronique à distance et/ou d'un
couvre-feu à domicile. La Loi sur le système
de justice pénale pour les adolescents est
modifiée pour inclure la « crainte d'une
infraction concernant la propagande haineuse ou
les crimes haineux » comme une infraction traitée
par le système de tribunaux pour adolescents.
Le projet de loi modifie également la Loi
canadienne sur les droits de la personne
pour y ajouter la « diffusion de discours haineux
en ligne » comme acte pouvant faire l'objet d'une
plainte. Une personne pourra déposer une plainte
auprès de la Commission des droits de la personne,
qui sera jugée par son tribunal. En cas de
condamnation, l'accusé pourra se voir ordonner de
retirer le message incriminé et éventuellement de
verser une compensation à l'accusateur, ainsi
qu'une amende à l'État.
Qui décide de ce qui constitue un
crime haineux et suivant quels critères est devenu
une question très controversée au Canada. La
raison pour laquelle le gouvernement l'a glissée
quelques heures avant l'ajournement de la Chambre
des communes n'est pas évidente pour l'instant,
mais ce n'est certainement pas pour encourager la
discussion parmi les Canadiens sur les critères
permettant de déterminer un crime haineux pour
s'assurer que cette loi ne soit pas utilisée pour
criminaliser le droit de parole. Le fait que le
projet de loi ait été déposé au moment même où les
plateformes de cinq médias sociaux étrangers ont
été supprimées par les services de renseignement
et le gouvernement américains est également
alarmant. Cela nous amène à nous demander ce que
feront les agences de renseignement du Canada pour
priver les Canadiens de leur liberté d'expression
lors des prochaines élections. Cela affecte non
seulement les droits civils des Canadiens, que les
gouvernements soumettent à ce qu'ils appellent des
« limites raisonnables », mais aussi leurs droits
humains, car sans les conditions qui permettent
aux gens de s'exprimer librement, la communication
est entravée, ce qui signifie que les Canadiens ne
peuvent pas élaborer une voie à suivre pour
eux-mêmes et pour la société dont ils font partie
dans toutes leurs relations.
La disposition modifiant la loi sur les droits de
la personne énonce que « le fait de communiquer ou
de faire communiquer un discours haineux au moyen
d'Internet ou de tout autre mode de
télécommunication dans un contexte où ce discours
haineux est susceptible de fomenter la détestation
ou la diffamation d'un individu ou d'un groupe
d'individus sur le fondement d'un motif de
distinction illicite constitue un acte
discriminatoire ». Le document d'information qui
accompagne le projet de loi précise que les motifs
de discrimination visés sont « la race, l'origine
nationale ou ethnique, la couleur, la religion,
l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, l'identité
ou l'expression de genre, l'état matrimonial, la
situation de famille, les caractéristiques
génétiques, la déficience ou l'état de personne
graciée ».
Quant à une réglementation plus poussée des
plateformes de médias sociaux, le document
d'information indique que dans les prochaines
semaines, les libéraux dévoileront « un cadre
réglementaire afin de lutter contre le contenu
préjudiciable en ligne ». On y lit que « le
gouvernement du Canada mobilisera les Canadiens
relativement à un document de travail technique
détaillé qui exposera la proposition de rendre les
exploitants de plateformes de médias sociaux plus
transparents et responsables tout en luttant
contre le contenu préjudiciable en ligne ».
Cela veut dire qu'au cours de la période
précédant le déclenchement prévu des élections
anticipées, les libéraux tenteront de détourner
l'attention de l'héritage colonial raciste de
l'État canadien tel qu'il est encore pratiqué
aujourd'hui et de la tourner vers les gazouillis
et les messages que les Canadiens s'échangent sur
les médias sociaux comme prétendue source du
racisme au Canada.
Les Canadiens méprisent
les attaques contre toute section du peuple, ce
qui inclut la pratique médiévale de diffamation
des personnes par des attaques personnelles, en
semant publiquement le doute sur leur personne et
en utilisant le pouvoir de ses fonctions ou de sa
position pour renvoyer des personnes sur la base
de leurs opinions ou pour avoir mis en oeuvre des
choses que les autorités n'aiment pas. En même
temps, il est vérifiable que la plupart des
atteintes aux droits de différents groupes de
personnes sont organisées par l'État ou inspirées
par l'État. Les gouvernements, à tous les niveaux,
utilisent ou tolèrent la diffamation au point de
terrifier les Canadiens, y compris les jeunes, en
leur faisant croire que s'ils s'expriment
librement sur des sujets de préoccupation, ou
s'ils portent certains vêtements, dansent
certaines danses ou chantent certaines chansons,
ils mettent en danger la sécurité nationale,
diffusent de fausses informations, se font les
dupes d'une puissance étrangère, répandent la
haine, se livrent à des actes de racisme, de
suprématie blanche ou d'appropriation culturelle,
ou qu'ils sont anti-trans, anti-femmes et bien
d'autres choses encore. Cela impose un tabou sur
toute discussion alors que ceux qui commettent des
crimes contre le peuple ne sont pas réellement
jugés pour ces crimes, mais pour leur discours.
Tout cela a pour but de diviser le corps politique
au nom de la défense des droits, tout en
protégeant ceux qui agissent réellement contre les
droits des êtres humains.
Pour nous, la responsabilité
commence chez soi
- Pauline Easton -
Une
des nombreuses actions de la fête du Canada où
les Canadiens de tous horizons se sont joints
aux peuples autochtones pour demander des
comptes au gouvernement fédéral
La vérité sur le système des pensionnats indiens
et son héritage brutal est en train de se révéler
dans ses détails les plus sordides. D'abord, le 27
mai, kukpi7 Rosanne Casimir, cheffe de la nation
Tk'emlups te Secwépemc, a annoncé la découverte
des restes de 215 enfants autochtones dans des
tombes non marquées au pensionnat de Kamloops.
Moins d'un mois plus tard, le 24 juin, le chef
Cadmus Delorme de la Première Nation de Cowessess
a annoncé que 751 tombes non marquées avaient été
découvertes dans un cimetière de Cowessess, près
de l'ancien pensionnat indien de Marieval. Cette
annonce a été suivie, le 30 juin, par celle de la
nation Ktunaxa, située près de Cranbrook, en
Colombie-Britannique, de la découverte de 182
tombes non marquées, adjacentes à l'ancien
pensionnat de la Mission Saint-Eugène.
Et ce n'est que le début. Selon
l'ancien président de la Commission de vérité et
de réconciliation (CVR), Murray Sinclair, il
pourrait y avoir plus de 25 000 enfants qui sont
morts alors qu'ils fréquentaient les 138
pensionnats que l'État colonial canadien a
exploités entre 1870 et 1997; et il pourrait y
avoir encore plus d'enfants autochtones qui sont
morts après avoir été arrachés de force de leur
foyer et de leur communauté et envoyés loin de
chez eux pour fréquenter des écoles ordinaires.
L'énormité du crime de la politique et de la
pratique des pensionnats du Canada pour les
peuples autochtones exige des réparations
déterminées par les peuples autochtones eux-mêmes.
Il faut commencer par fournir aux peuples
autochtones les ressources dont ils ont besoin
pour guérir du traumatisme causé par le système
des pensionnats, comme ils l'ont déjà demandé.
On peut s'attendre à ce que le gouvernement
libéral, qui s'est donné pour mission de perpétuer
l'ordre constitutionnel actuel au nom de grands
idéaux, refuse d'accepter la responsabilité des
crimes commis au nom du Canada dans le passé. Les
excuses, les expressions de sympathie sont
soigneusement formulées pour s'assurer que rien
n'est justiciable – que le gouvernement ne
peut être tenu légalement responsable de quelque
façon que ce soit. La défense de l'ordre
constitutionnel que défendent les gouvernements du
Canada signifie que les crimes commis sur une base
raciste et anti-peuple pour défendre la propriété
privée dans le passé, il y a plus de 150 ans, se
poursuivent dans le présent. Il appartient au
peuple de mettre fin à l'approche actuelle
coloniale et raciste de la prise de décision.
Même face à ce qui est
véritablement devenu une journée de deuil national
le 1er juillet, au cours de laquelle des Canadiens
de tous les horizons se sont joints aux peuples
autochtones pour leur exprimer leurs sympathies et
partager leur chagrin, le premier ministre a
appelé les Canadiens à « réfléchir aux manquements
historiques de notre pays » et à faire preuve
d'une « ferme volonté de confronter ces vérités »
pour « tracer une voie nouvelle et meilleure vers
l'avenir ». Il a ajouté : « Si chacun de nous
promet d'accomplir le travail nécessaire – et
si nous sommes guidés par ces valeurs
fondamentales que sont l'ardeur au travail, la
bienveillance, la résilience et le respect –
nous pouvons parvenir à la réconciliation et bâtir
un Canada meilleur pour tous. »
Le premier ministre continue de tenir des propos
ambigus. Il parle au nom des Canadiens d'une
manière personnaliste, pour s'insinuer dans leurs
sentiments intérieurs, comme si l'État canadien
n'avait pas à assumer de responsabilité pour les
conséquences des crimes commis dans le passé et
qui continuent d'être commis dans le présent.
Il demande au pape de s'excuser pour les crimes
commis dans les pensionnats et de venir le faire
en sol canadien, comme si c'était cela qui allait
réparer les dommages du passé et du présent ou
qu'une visite du pape était ce dont les Canadiens
ont besoin. C'est une tentative pitoyable de
détourner l'attention du fait que les peuples
autochtones demandent que les églises publient les
noms et les informations dont elles disposent et
cessent de détruire les archives. Le gouvernement
du Canada va-t-il adopter des mesures pour les
obliger à le faire ? Cela n'est même pas envisagé.
Les responsables gouvernementaux, les partis
cartellisés qui forment le gouvernement et
l'opposition et les médias concentrent toute leur
attention sur l'incendie d'églises et le
renversement de statues, qu'ils n'hésitent pas à
qualifier d'acte criminel.
Pendant ce temps, les médias donnent une
interprétation de l'histoire qui n'inclut jamais
le rôle décisif joué par les peuples pour
humaniser l'environnement naturel et ouvrir la
voie au progrès. Ils prétendent « qu'il y a de
bonnes et de mauvaises choses qui se sont
produites », ou dans ce qu'un individu comme Sir
John A. Macdonald a fait, et que « nous devons
prendre le mauvais avec le bon et reconnaître que
dans l'ensemble c'est bon ». Cette façon d'écarter
la réalité concrète du présent pour éviter
d'assumer toute responsabilité est insidieuse,
conçue pour perpétuer le statu quo dans lequel les
peuples sont privés du pouvoir de décision.
Le premier ministre a
conclu son message de la fête du Canada en
reprenant le slogan de campagne du président
américain Biden et de l'oligarchie financière
internationale : « Reconstruire en mieux ». « En
cette fête du Canada, a dit le premier ministre,
réaffirmons notre engagement à être à l'écoute des
autres et à apprendre les uns des autres. Ainsi,
nous pourrons éliminer les obstacles qui nous
divisent, rectifier les injustices de notre passé
et bâtir une société plus juste et plus équitable
pour tous. Ensemble, nous relèverons nos manches
et nous accomplirons le dur travail nécessaire
pour bâtir un Canada meilleur. » Cet emprunt au
slogan de l'oligarchie financière internationale
ne fait qu'exposer le cynisme de la classe
dirigeante. Ce slogan est basé sur leur fausse
croyance idéologique selon laquelle ils sont
au-dessus de l'obligation de rendre des comptes.
Il n'est pas surprenant que le premier ministre
ait terminé son message en disant : « De ma
famille à la vôtre, bonne fête du Canada. » Peu
importe ce que ces gens disent, ce n'était pas une
« bonne fête du Canada ». C'était un jour de deuil
national, un jour où les gens de toutes origines
se sont joints aux peuples autochtones pour
s'engager ensemble à voir à ce que justice soit
faite.
Duncan Campbell Scott, le surintendant adjoint
des Affaires indiennes en 1920, est encore
aujourd'hui célébré comme le « poète de la
Confédération ». Sa poésie présentait les peuples
autochtones comme « une race en voie de
disparition » et il expliquait la politique de
l'État anglo-canadien comme suit : « Je veux me
débarrasser du problème indien. [...] Notre but
est de continuer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus un
seul Indien au Canada qui ne soit assimilé à notre
société, qu'il n'y ait plus de question indienne,
ni de ministère des Indiens. »
La vérité est que cet objectif n'a pas changé.
L'objectif de l'État est le même aujourd'hui qu'à
l'époque : dominer la multitude, imposer à la
société l'objectif des détenteurs de la propriété
privée et soumettre les revendications du peuple à
ces objectifs. Pour lui, rien d'autre ne peut être
toléré et la persistance à se battre pour une
cause juste doit être considérée comme un délit.
Ça ne passera pas !
- Philip Fernandez -
Aujourd'hui, au Canada, plus de 52 % des enfants
placés en famille d'accueil sont autochtones. Le
taux de suicide parmi les jeunes autochtones est
trois fois plus élevé que la moyenne nationale. Le
taux de suicide des enfants et des jeunes inuits
est 33 fois plus élevé que celui des enfants non
autochtones. Près de 50 % des enfants autochtones
vivent dans la pauvreté. En dépit de ces faits, le
gouvernement libéral de Justin Trudeau continue de
nier les droits issus de traités des enfants
autochtones et de leurs familles à des services de
base comme l'éducation, les soins de santé, le
logement et l'eau potable dans plus de 30
communautés.
Cindy Blackstock (à droite) à Ottawa
exigeant le même niveau de financement
pour les programmes sociaux destinés aux
enfants autochtones
|
Cindy Blackstock, membre de la Première Nation
Gitxsan, directrice générale de la Société de
soutien à l'enfance et à la famille des Premières
Nations du Canada et professeure à l'Université
McGill, a dénoncé la désinformation que fait le
gouvernement Trudeau lorsqu'il affirme que les
crimes de l'État canadien contre les peuples
autochtones appartiennent au passé. Elle souligne
que le gouvernement libéral continue d'intenter
des procès contre les enfants autochtones, qu'il
continue de refuser aux enfants autochtones le
même niveau de financement des programmes sociaux
qu'aux autres enfants et qu'il refuse de se
conformer à la décision du Tribunal canadien des
droits de la personne de 2016 qui lui ordonne de
verser 40 000 $ d'indemnisation à chacun de 50 000
enfants autochtones pour sa négligence et son
refus de leur fournir des services. Elle souligne
que le refus de financer adéquatement les services
destinés aux enfants autochtones a directement
entraîné des niveaux plus élevés de séparation des
familles aujourd'hui que pendant la période des
pensionnats.
Cindy a écrit un article poignant intitulé «
Screaming into silence » (crier dans le silence)
publié le 30 juin par le magazine Maclean's.
Elle y démontre avec éloquence que les crimes
commis à l'encontre des enfants et des peuples
autochtones n'appartiennent pas au passé mais au
présent :
« Les survivants des pensionnats indiens savaient
où les enfants étaient enterrés, car certains
d'entre eux avaient creusé leurs tombes. Ils ont
présenté leurs vérités à la Commission de vérité
et de réconciliation et ont donné au pays un plan
national dans leurs 94 appels à l'action pour
mettre fin aux injustices dont a été victime cette
génération d'enfants des Premières Nations, Métis
et Inuits, et pour s'assurer que rien de tel ne se
reproduise. Certains d'entre nous les ont
entendus, mais ce qu'ils ont dit était trop
conflictuel pour la plupart, alors les gens ont
dit qu'il s'agissait d'‘histoires' et ont détourné
le regard. Les survivants ont dû avoir
l'impression de crier dans le silence.
« Les enfants enterrés
sont morts effrayés et seuls, loin de leur
famille, dans des 'écoles' qui ressemblaient
davantage à des camps de rééducation, dirigés par
le gouvernement canadien et les églises
chrétiennes des années 1830 à 1996. Beaucoup
auraient pu survivre si la volonté du public avait
forcé Ottawa à mettre en oeuvre les réformes
salvatrices proposées par le Dr Peter Henderson
Bryce, médecin hygiéniste en chef du ministère des
Affaires indiennes en 1907. Le Dr Bryce a
découvert que la tuberculose ravageait les enfants
mal nourris à un taux 20 fois supérieur à celui
des autres enfants, en raison de l'inégalité
dramatique du financement de la santé
des 'Indiens' et des mauvaises pratiques
sanitaires. Comme le titrait l'Evening Citizen
en 1907, il y avait 'une inattention absolue
aux besoins les plus élémentaires en matière de
santé' et les écoles étaient 'de véritables
foyers de maladie'. D'autres journaux ont écrit
que les enfants 'mouraient comme des
mouches', ce qui a fait dire à l'avocat Samuel
Hume Blake, en 1908, que 'dans la mesure où
le Canada ne parvient pas à éviter les causes
évitables de décès, il se rapproche
désagréablement de l'homicide involontaire'.
« Le Canada a refusé d'appliquer les réformes de
Bryce et l'a évincé de la fonction publique en
1922 pour avoir refusé de se taire. La même année,
Bryce entre dans les locaux du libraire d'Ottawa
James Hope & Sons avec son pamphlet intitulé The
Story of a National Crime (récit d'un crime
national). D'autres manchettes ont suivi, mais
l'histoire s'est éteinte, tout comme les enfants.
Bryce est mort en 1932 et il a été effacé de
l'histoire du Canada. Sa famille dit que son plus
grand chagrin était que 'le travail n'a pas été
fait'. Il devait avoir l'impression de crier lui
aussi dans le silence.
« Les parents des Premières Nations, des Métis et
des Inuits ont souvent pris la parole mais ont été
ignorés, et beaucoup ont été arrêtés pour avoir
refusé d'envoyer leurs enfants dans ces pièges
mortels. Pendant que les parents étaient en
prison, le gouvernement prenait les enfants. Au
fil des décennies, des gens de tous les horizons
ont régulièrement signalé au gouvernement fédéral
des cas d'abus, de négligence et de décès
d'enfants dans les pensionnats. Le Canada a
simplement attendu que la tempête médiatique passe
et a poursuivi ses activités comme si de rien
n'était. »
C'est précisément ce que
le Canada espère voir se produire aujourd'hui
également. S'exprimer et briser le silence est la
clé pour s'assurer que l'on mette un terme au
refus des gouvernements d'accomplir leur devoir et
de s'en tirer à bon compte. Cindy poursuit :
« Je suis née en 1964 dans le nord de la
Colombie-Britannique. J'aurais pu être dans l'une
de ces écoles, mais j'ai été épargnée. Je me
souviens d'avoir été la seule enfant 'indienne' de
ma classe et de m'être demandée où étaient les
autres enfants indiens. Les habitants de la ville
avaient une réponse à cette question : les Indiens
étaient trop bêtes pour apprendre, étaient des
ivrognes et grandiraient pour devenir des assistés
sociaux.
« J'ai commencé à entendre la vérité sur les
pensionnats indiens des décennies plus tard.
D'abord faiblement, puis avec de plus en plus de
force lorsque les survivants ont raconté leurs
vérités, avec beaucoup de douleur, afin de
s'assurer que cela n'arriverait jamais à leurs
petits-enfants. Tout avait un sens : pourquoi tant
de gens engourdissaient la douleur par l'alcool et
la drogue, pourquoi d'autres disparaissaient et
mouraient dans un silence public assourdissant. Le
projet colonial du gouvernement a été rendu
possible en nourrissant délibérément la population
d'un régime constant de distractions, de
désinformation et de stéréotypes.
« Le premier ministre parle des horreurs et des
injustices au passé, probablement pour éviter de
rendre compte des graves préjudices que le
gouvernement continue d'infliger à la génération
actuelle d'enfants des Premières Nations, Métis et
Inuits.
« Le Canada a utilisé la Loi sur les Indiens
pour pousser les enfants dans les
pensionnats, et elle est toujours en vigueur. Le
pays dit que je suis une 'Indienne inscrite'. J'ai
une carte qui le dit, mais elle a expiré il y a
des décennies et je n'ai pas l'intention de la
renouveler. Je ne veux pas faire partie du jeu
raciste du Canada.
« Pourtant, je suis un joueur dans ce jeu
colonial méchant, et vous aussi. La Loi sur
les Indiens est toujours en vigueur malgré
une commission royale qui a établi un plan de 20
ans pour s'en débarrasser en 1996, et les
inégalités dans la fonction publique que Bryce a
signalées il y a plus d'un siècle.
« Cent ans après le rapport de Bryce, la Société
de soutien à l'enfance et à la famille des
Premières Nations et l'Assemblée des Premières
Nations ont intenté une action en justice contre
le gouvernement fédéral pour atteinte aux droits
humains. Le Canada a combattu l'affaire bec et
ongles, en s'appuyant sur des détails techniques
juridiques dépourvus de toute considération
sérieuse sur la façon dont les inégalités
affectaient les enfants autochtones séparés de
leur famille et placés en famille d'accueil à des
taux plus élevés que dans les pensionnats,
subissant des dommages irrémédiables et, dans
certains cas, la mort. En 2016, le Tribunal des
droits de la personne a ordonné au Canada de
cesser immédiatement son comportement
discriminatoire. Le gouvernement a salué la
décision, puis ne s'y est pas conformé. Le
tribunal a été contraint d'émettre 19 autres
ordonnances et a établi un lien entre la
non-conformité continue du Canada et les
placements inutiles en famille d'accueil de
nombreux enfants et le décès de trois d'entre eux.
« J'avais l'habitude de savoir combien coûtaient
les cercueils d'enfants parce que je devais si
souvent recueillir des fonds pour eux.
Shannen Koostachin était une leader parmi les
jeunes autochtones qui se battaient pour des
écoles sûres. Les jeunes ci-dessus portent leurs
revendications sur la Colline du Parlement.
« Le Canada n'a pas tué les enfants
directement – il les a placés dans des
situations où leur mort était beaucoup plus
probable. Des enfants comme Jordan River Anderson,
qui est mort à l'hôpital en 2005 à l'âge de cinq
ans, sans avoir passé un seul jour dans un foyer
familial, parce que le Canada et le Manitoba se
disputaient le paiement de ses soins à domicile en
raison de son appartenance aux Premières Nations.
Ou comme Shannen Koostachin, 15 ans, une leader
crie inspirante dans le domaine de l'éducation qui
s'est battue toute sa vie pour des 'écoles en
sécurité' pour les élèves des Premières Nations
avant de mourir dans un accident de voiture en
2010, à des centaines de kilomètres de sa famille
parce qu'il n'y avait pas d'école secondaire dans
sa communauté. Puis il y a eu les sept jeunes des
Premières Nations retrouvés dans une rivière à
Thunder Bay, en Ontario, après y avoir fréquenté
une école secondaire parce qu'Ottawa était trop
gratte-sous pour en construire une près de leur
communauté. Tous les enfants ne sont pas morts,
bien sûr, mais d'autres n'ont jamais vu de l'eau
propre sortir d'un robinet ou ont grandi dans des
foyers d'accueil à un taux 14 fois plus élevé que
les autres enfants en raison du traumatisme
multigénérationnel des pensionnats et des services
publics fédéraux inéquitables.
« À la mi-juin, des
ministres fédéraux qui ont porté des chemises et
des rubans orange ont tenu des conférences de
presse sur l'autorisation des noms des Premières
Nations sur les passeports canadiens et, plus
concrètement, sur la transposition de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones dans le droit canadien. Je
n'ai pas pu assister à ces conférences parce que
j'étais à la Cour fédérale en train de regarder
les avocats du Canada tenter d'annuler deux
ordonnances de tribunaux l'obligeant à dédommager
les enfants des Premières Nations qu'il avait
soumis à la discrimination (et ce sont toujours
des enfants) et à éviter de payer les services
publics pour les enfants autochtones vivant hors
réserve et sans statut au titre de la Loi sur
les Indiens. J'ai également assisté à une
conférence de presse avec des survivants du
pensionnat de Sainte-Anne, dans le nord-est de
l'Ontario, qui souhaitaient que le gouvernement
fédéral abandonne sa bataille juridique contre
eux. Cette école disposait d'une chaise électrique
artisanale pour punir les élèves. »
Cindy conclut en écrivant : « Je crois que ces
215 et 751 petits esprits enterrés sur les
terrains des pensionnats de Kamloops et de
Marieval sont venus pour s'assurer que le travail
soit fait. Nous devons continuer à parler aux élus
de la Commission de vérité et de réconciliation,
même si nous pensons qu'ils n'écoutent pas, car en
fin de compte, ils nous entendront tous dans
l'isoloir. »
L'appel lancé au gouvernement Trudeau pour qu'il
mette fin aux crimes du gouvernement canadien
contre les peuples autochtones aujourd'hui est une
demande juste. Les Canadiens doivent l'exprimer
haut et fort et le gouvernement doit être tenu
responsable de ses crimes du présent.
La bande de la nation Ktunaxa située près de
Cranbrook, en Colombie-Britannique, a publié un
communiqué de presse indiquant que 182 tombes
anonymes ont été découvertes près de l'ancienne
école de la mission Saint-Eugène, administrée par
l'Église catholique de 1912 jusqu'au début des
années 1970. Le bâtiment a depuis été converti en
un complexe hôtelier et un casino, avec un
parcours de golf adjacent.
La communauté a utilisé un géoradar pour fouiller
le site. Les découvertes indiquent que les tombes
étaient peu profondes, environ un mètre de
profondeur, lit-on dans le communiqué.
« Vous ne pouvez jamais vous préparer
complètement à quelque chose comme ça », a déclaré
le chef Jason Louie.
Le chef Louie a déclaré que les dirigeants de la
nation ont rencontré les survivants des
pensionnats de la communauté avant d'annoncer la
découverte et les ont mis en contact avec un
soutien. Jusqu'à 100 membres du groupe ont été
forcés de fréquenter l'école.
« C'est très difficile, dit-il. Cela a été un dur
coup lorsque nous avons appris la nouvelle des 215
âmes qui se trouvaient à Kamloops. Et maintenant,
cela devient très, très personnel. »
« Nous pensons que les restes de ces 182 âmes
proviennent des bandes membres de la nation
Ktunaxa, des communautés des Premières Nations
voisines et de la communauté d'aq'am », indique le
communiqué de presse de la bande.
« On nous a volé de futurs aînés, a déclaré le
chef Jason Louie.
« Ces enfants, s'ils n'étaient pas décédés,
auraient pu être des aînés et des enseignants dans
nos communautés, les gardiens du savoir. C'est
dévastateur. »
On trouvera les détails du pensionnat St. Eugene
(ou Kootenay) sur le site Web du Centre d'histoire
et de dialogue sur les pensionnats indiens. Le
site Web fait état d'éclosions récurrentes
d'influenza, d'oreillons, de rougeole, de
varicelle et de tuberculose.
Selon le Centre national pour la vérité et la
réconciliation, l'institution de St. Eugene a reçu
environ 5 000 enfants. Les autorités coloniales
ont forcé les enfants à quitter leur nation et
leurs communautés situées dans la région de
Kootenay et au-delà de la région.
Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
exprime ses plus sincères condoléances à la bande
aq'am de la nation Ktunaxa, à l'ensemble de la
nation et à tous les autres membres des
communautés touchées.
Le Parti exprime ses plus sincères condoléances à
tous ceux dont les enfants ont été volés pour ne
jamais plus rentrer chez eux à cause de la
politique génocidaire assimilationniste du
gouvernement du Canada qui considérait les
autochtones comme des non-personnes, en marge de
la loi, et qui les a ainsi privés de leur nom, de
leur famille, de leur matériel de pensée
traditionnel et de leur droit d'être. Jusqu'à ce
jour, en vertu de la Loi sur les Indiens
coloniale, les affaires autochtones sont décidées
par la Couronne et les peuples autochtones
subissent un assaut constant et sont à la merci
des pouvoirs de police qui sont exercés, depuis le
premier ministre jusqu'à l'agent de police, le
gardien de prison et le travailleur social du plus
bas échelon qui sont liés par les mandats qu'ils
reçoivent d'en haut sur la base de critères
racistes. Pendant ce temps, les conditions que les
gouvernements permettent sur les réserves en ce
qui concerne la santé, l'éducation, la protection
de l'enfance et le logement sont un réquisitoire
contre les excuses, les regrets et les
justifications que les gouvernments mettent de
l'avant.
Les Canadiens ne relâcheront pas leurs efforts
tant que chaque enfant ou adulte trouvé dans une
tombe anonyme n'aura pas été nommé et rendu à sa
famille, sans quoi elle ne peut faire son deuil.
Le gouvernement doit assumer la responsabilité de
veiller à ce que justice soit faite pour ces
crimes commis contre les peuples autochtones de
l'île de la Tortue, justice telle que déterminée
par les peuples eux-mêmes.
Un besoin urgent d'humaniser
l'environnement naturel et social!
- K.C. Adams -
La Presse canadienne
rapporte que Pfizer-BioNTech a exigé des sommes
supplémentaires du gouvernement canadien pour la
livraison de vaccins quelques semaines plus tôt
que ce qui avait été prévu. Les détails se
trouvent dans des contrats copieusement caviardés
avec les cartels pharmaceutiques mondiaux privés
qui ont été remis en juin au comité de la santé de
la Chambre des communes. Le gouvernement a conclu
un contrat avec le cartel américain Pfizer et
l'allemand BioNTech l'année dernière prévoyant
l'achat de 20 millions de doses du vaccin pour la
COVID-19. Les prix et les horaires de livraison
ont été supprimés dans les copies caviardées des
contrats rendues disponibles aux députés membres
du comité.
Alors que la pandémie s'emparait de tout le pays
l'automne dernier, la conseillère médicale en chef
de Santé Canada, la docteure Supriya Sharma, a
annoncé que son ministère était sur le point
d'approuver le vaccin Pfizer-BioNTech pour le
grand public, ce qu'elle a fait le 9 décembre. Le
gouvernement a ultérieurement demandé au cartel de
livrer le vaccin avant la date prévue.
La Presse canadienne écrit que le gouvernement
canadien « s'est empressé de demander à Pfizer si
son contrat pouvait être modifié, question de
faire livrer une certaine quantité de doses plus
tôt. Le 4 décembre, Canada et Pfizer ont signé un
amendement permettant des livraisons, mais à grand
prix. 'Attendu que l'acheteur a demandé de
modifier l'horaire de livraison, Pfizer a accepté
qu'un certain nombre de doses prévus au contrat
soient livrées avant le 1er janvier 2021, et en
vertu de cette entente, les partis ont accepté
d'augmenter le prix prévu au contrat des doses qui
seront livrées avant le 1er janvier 2021', selon
le nouveau contrat. Tous les détails du contrat
ayant trait au prix payé ont été caviardés avant
que les documents ne soient publiés.
« Il est difficile de savoir quel prix
précisément le Canada a payé pour les 250 millions
de doses du vaccin préalablement acquises. Selon
le budget 2021 publié en avril, le total serait
d'approximativement 9 milliards de dollars. »
Les copies caviardées ont soulevé l'ire des
membres du comité de santé parlementaire
puisqu'ils avaient spécifiquement, par ordonnance,
exigé des documents non caviardés. Écrivant sur
Twitter, le porte-parole du NPD en matière de
santé, Don Davies, a fait part de sa frustration
que le gouvernement ait ignoré l'ordonnance du
comité : « Après plusieurs mois de travail
acharné, l'opposition a enfin obtenu les contrats
canadiens liés aux vaccins. Sans surprise, les
libéraux les ont publiés un vendredi en fin de
journée alors qu'il restait à peine une semaine de
session. Aussi sans surprise, ils les ont
caviardés en violation de l'ordonnance de la
Chambre. »
La ministre de l'Approvisionnement du
gouvernement libéral, Anita Anand, a dit que les
huit contrats avec les grandes compagnies
pharmaceutiques contiennent des clauses de
confidentialité l'empêchant de les publier,
ajoutant qu'elle n'avait aucune intention de
violer ces clauses et de risquer de mettre en
danger l'approvisionnement en vaccins du Canada.
C'est
tout un aveu que de prétendre que dire la vérité
au sujet d'une entente entre le gouvernement et
des entreprises ayant des intérêts privés pourrait
« mettre en danger » la santé et la vie des
Canadiens. En réalité, la vérité ne réside pas
dans des pactes avec le diable, mais dans ce qui
se trouve au coeur du problème. Les Canadiens ne
contrôlent pas leur système de santé, ni la
recherche, ni la production des fournitures et des
équipements modernes dont ils ont besoin. Les
oligarques mondiaux qui contrôlent le secteur
perçoivent les Canadiens comme ils perçoivent tous
les peuples sur cette planète – comme des
consommateurs qui doivent payer pour les produits
que les oligarques possèdent et contrôlent.
Crachez les sous et rendez-nous riches ou
subissez-en les contrecoups, voilà leur mantra
mafieux.
Entre autres, la pandémie a mis en lumière
l'absence d'un secteur pharmaceutique contrôlé par
le Canada. Il en ressort l'absence d'un secteur
pharmaceutique viable et, plus important encore,
un secteur qui est contrôlé par les Canadiens en
tant qu'entreprise centrée sur l'humain et vouée à
servir le bien-être et la santé des Canadiens et
non les profits privés des oligarques.
Un secteur pharmaceutique centré sur l'humain
aurait aussi la responsabilité sociale de munir
les Canadiens d'une culture scientifique, de leur
inspirer confiance face aux médicaments offerts, y
compris les vaccins. Présentement, les Canadiens
sont sceptiques, et cela est compréhensible, face
à l'industrie pharmaceutique, puisque le but de
cette dernière est le profit privé maximum. Les
grandes entreprises pharmaceutiques dépensent des
sommes faramineuses pour imposer leurs médicaments
au peuple, tels que les opioïdes, causant des
préjudices criminels à la santé et au bien-être de
la population. Les gouvernements sont de
connivence avec les oligarques et facilitent leurs
pratiques et leurs ventes. Cela doit cesser. On
doit interdire aux grandes entreprises
pharmaceutiques de causer des torts aux Canadiens,
mais aussi d'entraver le développement d'un
secteur pharmaceutique indépendant que le peuple
contrôle.
En plus d'entreprises
pharmaceutiques centrées sur l'humain, le
gouvernement doit mettre sur pied un système
d'assurance-médicaments qui distribuerait tous les
médicaments au Canada selon des règlements
rigoureux et les rendrait disponibles à tous ceux
dans le besoin par le biais d'un système
véritablement libre et universel. La pierre
angulaire d'un tel système moderne
d'assurance-médicaments doit être des entreprises
pharmaceutiques centrées sur l'humain qui
développent la recherche publique et les produits
pharmaceutiques qui inspirent confiance aux
Canadiens et que ceux-ci peuvent contrôler.
L'argent que l'assurance-médicaments recevrait
pour les médicaments permettrait aux entreprises
centrées sur l'humain de faire de la recherche,
développer et produire les produits
pharmaceutiques nécessaires, éduquer les Canadiens
en pharmacologie et prendre en compte les
conditions sociales qui causent de nombreuses
maladies et lésions et les actions requises pour
changer ces conditions.
Advenant que les grandes entreprises
pharmaceutiques voudraient vendre leurs
médicaments au Canada, le gouvernement devrait
obliger ces cartels mondiaux à vendre seulement
par le biais de l'assurance-médicaments, dévoiler
toute connaissance scientifique liée aux
médicaments en question et faire en sorte qu'elle
soit disponible au public. Le gouvernement devra
aussi exiger les détails des coûts de production
des médicaments afin de fixer un prix de marché
légitime que l'assurance-médicaments pourrait
payer. L'assurance-médicaments interdirait aussi
aux grandes entreprises pharmaceutiques d'imposer
leurs médicaments aux Canadiens, que ce soit au
moyen de campagnes publicitaires ou en faisant
leur promotion par le biais du système médical où
elles exercent leur influence. La pandémie a
clairement mis en lumière la nécessité de bâtir un
secteur pharmaceutique centré sur l'humain doté
d'un système d'assurance-médicaments moderne.
- Nick Lin -
Des vagues de chaleur qui s'aggravent font
actuellement de nombreuses victimes au Canada. Non
seulement les températures les plus élevées jamais
enregistrées sont très alarmantes, mais l'inaction
des gouvernements pour protéger la population
malgré tous les moyens dont ils disposent pour le
faire l'est tout autant. Pendant ce temps, tant le
gouvernement du Canada que celui des États-Unis
refusent d'assumer la responsabilité de l'absence
d'eau potable dans de nombreuses communautés. Au
Canada, plus de 30 communautés vivant sur des
réserves n'ont pas d'eau potable sécuritaire.
C'est le cas également de plusieurs villes
américaines où la sécheresse est devenue
permanente. Les conséquences des catastrophes
liées à la nature touchent les peuples du monde
entier, notamment en Asie, en Afrique, en Amérique
latine et dans les Caraïbes. C'est comme si la
domination de la nature par les êtres humains
n'avait jamais eu lieu et était hors de portée, ce
qui est un non-sens total.
Le
problème sérieux est de répondre au besoin évident
d'exiger des comptes des gouvernements des grandes
puissances qui abritent et protègent les
entreprises et les oligopoles géants qui
commettent impunément des crimes contre les
humains et la nature. Ces entreprises et ces
oligopoles géants agissent en coalitions et en
cartels pour promouvoir leurs intérêts privés
étroits, quel qu'en soit le coût. Ils sont
tellement cyniques qu'ils se parent de nouveaux
plans « verts », eux aussi fondés sur l'obligation
pour les gouvernements de se plier à leurs
exigences, tandis que la réputation des
scientifiques et des personnes qui s'expriment est
détruite par la persécution et la privation de
leurs moyens de subsistance. C'est médiéval et
cela montre le tribut que la régression fait payer
aux sociétés à la suite de l'offensive mondiale
antisociale néolibérale. Cela révèle l'urgence de
trouver des moyens d'obliger les gouvernements et
ceux qui facilitent que des crimes soient commis,
à rendre des comptes.
À la fin du mois de juin, un phénomène
météorologique connu sous le nom de « dôme de
chaleur » s'est installé sur la côte ouest des
États-Unis et du Canada, provoquant des
températures record. La National Oceanic and
Atmospheric Administration du département
américain du commerce décrit un dôme de chaleur
comme un phénomène météorologique qui se produit
lorsque l'atmosphère emprisonne l'air chaud de
l'océan comme un couvercle ou un bouchon. On dit
que cela se produit lorsqu'il y a un fort
changement dans la température de l'océan. En
raison de la convexion, l'air chaud s'élève
au-dessus de la surface de l'océan sous la forme
d'une montagne ou d'un dôme. L'air chaud est piégé
par les fronts de haute pression, et lorsqu'il est
repoussé vers le sol, il se réchauffe encore plus.
Cette situation empêche également la formation de
nuages, ce qui permet au rayonnement solaire
d'atteindre le sol en plus grande quantité.
Des centaines de personnes seraient mortes de la
chaleur en Colombie britannique, dans les États de
Washington et de l'Oregon. Le « dôme de chaleur »
se déplace vers l'est et Environnement Canada a
émis des alertes à la chaleur de la
Colombie-Britannique jusqu'au nord de l'Ontario.
Juste avant, une canicule a touché le sud-ouest
des États-Unis.
Rien qu'en Colombie-Britannique, on a enregistré
719 « décès soudains et inattendus » entre les 25
et le 1er juillet, soit plus que trois fois le
nombre considéré comme normal, a dit Lisa
Lapointe, coroner en chef de la
Colombie-Britannique. Le village de Lytton, en
Colombie-Britannique, qui a atteint une
température record de 49,6 degrés Celsius le 29
juin, a brûlé dans un incendie de forêt le 1er
juillet dans des conditions extrêmement chaudes et
sèches. Selon le service des incendies de forêt de
la Colombie-Britannique, le 1er juillet, 82 feux
de forêt brûlaient dans la province, dont 52
avaient démarré dans les 48 heures précédentes. En
plus des conditions chaudes et sèches, 29 000
coups de foudre ont été signalés le 1er juillet.
La Colombie-Britannique est également la province
qui compte le plus grand nombre d'avis
d'ébullition de l'eau, soit 212 le 2 juillet, et
le manque d'accès à l'eau potable pour que les
gens puissent s'hydrater risquent maintenant de
s'aggraver.
Aux États-Unis, la climatisation à Seattle, dans
l'État de Washington, et à Portland, dans
l'Oregon, serait peu courante en raison de la
douceur des étés. National Public Radio (NPR)
rapporte que « Seattle se classe comme la ville la
moins climatisée en comparaison aux 15 principales
zones métropolitaines contenues dans la plus
récente enquête sur les logements américains du
Bureau du recensement des États-Unis de 2019. À
l'échelle nationale, environ 91 % des foyers
américains disposent d'une installation de
climatisation de base, selon les données de
l'American Housing Survey. En comparaison, ce
chiffre est de 78 % pour Portland et de seulement
44 % pour Seattle ». Le manque d'accès garanti à
l'eau en tant que droit humain est également un
problème aux États-Unis, où au moins deux millions
de personnes n'ont pas accès à l'eau courante,
soit en raison du manque d'infrastructures pour la
purification ou le transport de l'eau, soit tout
simplement parce qu'elles n'ont pas les moyens de
payer pour ce service. Cela entraîne un plus grand
nombre de décès durant une canicule.
Dans un bulletin d'information du 30 juin,
l'Organisation météorologique mondiale (OMM) note
qu'outre les effets sur les personnes, le stress
thermique touchera également « les animaux et la
végétation; la qualité de l'air (polluants dus à
l'air chaud et stable); le risque de feux de
forêt; la possibilité de glissements de terrain
causés par la fonte des glaciers en montagne; les
dommages et le mauvais fonctionnement des
infrastructures et des systèmes de transport non
préparés à des températures aussi élevées; et de
nombreux autres risques sociaux et économiques. »
L'OMM ajoute que « d'autres parties de
l'hémisphère nord connaissent déjà des conditions
exceptionnelles de début d'été chaud qui
s'étendent de l'Afrique du Nord à la péninsule
arabique, en passant par l'Europe orientale,
l'Iran et le nord-ouest du continent indien. Les
températures maximales quotidiennes ont dépassé 45
degrés Celsius en plusieurs endroits et ont
atteint 50 degrés Celsius dans le Sahara. L'ouest
de la Libye a connu des températures supérieures
de plus de 10 degrés Celsius à la moyenne pour le
mois de juin ».
L'ouest de la Russie et les régions situées
autour de la mer Caspienne ont également connu des
températures inhabituellement élevées en raison de
la présence continue d'une vaste zone de haute
pression, indique l'OMM. « Dans certaines parties
de la région, notamment à Moscou, les températures
devraient atteindre les 30 degrés Celsius en
journée et rester supérieures à 20 degrés Celsius
la nuit. Dans les zones proches de la mer
Caspienne, les températures devraient atteindre
les 40 degrés Celsius et rester supérieures à 25
degrés Celsius la nuit. Il est probable que
certains records de température de tous les temps
seront établis pendant cette vague de chaleur. »
« Ces conditions météorologiques
chaudes du début de l'été se déroulent dans un
contexte de changements climatiques induits par
l'homme, les températures mondiales étant déjà
supérieures de 1,2 degré Celsius aux niveaux
préindustriels », rapporte l'OMM.
« Les vagues de chaleur deviennent plus
fréquentes et plus intenses à mesure que les
concentrations de gaz à effet de serre entraînent
une hausse des températures mondiales. Nous
constatons également qu'elles commencent plus tôt
et se terminent plus tard et qu'elles ont des
conséquences de plus en plus graves sur la santé
humaine », a déclaré Omar Baddour, chef de la
Division de la surveillance du climat et des
politiques climatiques de l'OMM.
Outre les canicules qui sévissent dans le monde
entier, les phénomènes météorologiques violents
sous forme de tempêtes constituent également une
préoccupation majeure à l'heure actuelle.
L'ouragan Elsa, le premier de la saison 2021 dans
l'Atlantique, devrait frapper la République
dominicaine, Haïti, la Jamaïque, et l'est de Cuba
avec des vents violents et des menaces
d'inondations soudaines et de coulées de boue dans
certaines parties de ces îles. Elsa est un ouragan
de catégorie 1 avec des vents soutenus de 120
km/heure. Les conséquences sur les peuples d'Haïti
et de la République dominicaine seront
dévastatrices étant donné leur appauvrissement aux
mains des oligarques dirigeants au service des
impérialistes américains et d'autres
impérialistes, tandis que le blocus de Cuba par
les États-Unis constitue un crime qui frappe très
durement le peuple et rend le redressement de plus
en plus difficile. Il n'existe aucun doute dans
l'esprit de tous sur qui endommage l'environnement
naturel et provoque les conditions qui menacent
des populations entières en ce moment.
Pendant ce temps, le groupe d'experts
intergouvernemental des Nations unies sur
l'évolution du climat a fait état de l'extinction
d'espèces, de maladies plus répandues, d'une
chaleur insupportable, de l'effondrement
d'écosystèmes, de villes menacées par la montée
des eaux. Il a déclaré que ces effets dévastateurs
du climat, ainsi que d'autres, s'accélèrent et
deviendront douloureusement évidents avant que les
enfants nés aujourd'hui aient atteint l'âge de 30
ans.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat, les choix que les sociétés
font aujourd'hui détermineront si notre espèce
prospère ou survit simplement au cours du XXIe
siècle. Dans un projet de rapport, le GIEC affirme
que les seuils dangereux sont plus proches qu'on
ne le pensait, que des conséquences désastreuses «
sont inévitables à court terme » et que « le pire
est encore à venir, affectant la vie de nos
enfants et petits-enfants bien plus que la nôtre
».
Il est urgent d'inverser cette tendance
alarmante. L'humanité a donné naissance à
d'énormes forces productives. Elles sont censées
être à notre service, mais les êtres humains ne
parviennent pas à les maîtriser pour les mettre au
service de l'humanité. Tant que ceux qui
détiennent le pouvoir politique privilégieront les
intérêts privés étroits des oligarques mondiaux,
et non le bien-être de l'humanité, cela continuera
d'être le cas. Si l'on n'y remédie pas, le
développement colossal des forces productives
continuera à menacer notre existence même.
L'oligarchie financière et l'industrie des
combustibles fossiles, qui se sont emparées de
l'État aux États-Unis et dans d'autres pays,
tirent la sonnette d'alarme pour que les
gouvernements financent des stratagèmes d'«
économie verte » pour payer les riches. C'est
cynique et il faut y mettre fin. En même temps
qu'ils tirent la sonnette d'alarme sur les dangers
réels, ils continuent de commettre des crimes
contre la nature et l'humanité. En avril dernier,
alors même que le président américain Biden
organisait son sommet des dirigeants sur le
climat, son administration a simultanément donné
son appui au Japon qui déverse les déchets
radioactifs issus de l'effondrement de la centrale
nucléaire de Fukushima, directement dans l'océan
Pacifique ! Biden a déclaré que les États-Unis
plaçaient le climat au centre de leur politique
étrangère, alors que les États-Unis, l'OTAN et
d'autres alliés impérialistes occidentaux mènent
les plus grands exercices militaires de guerre
depuis la Deuxième Guerre mondiale, tant en Europe
qu'en Asie-Pacifique.
Notre environnement est
appelé la victime silencieuse de la guerre. La
guerre et les préparatifs de guerre consomment
beaucoup de combustibles fossiles. Le plus grand
consommateur d'énergie aux États-Unis est le
département de la Défense. C'est le plus grand
consommateur institutionnel de pétrole au monde.
Près de 70 % de toute l'énergie est consommée par
le déplacement et l'utilisation des troupes et des
équipements dans le monde entier, ce qui entraîne
la combustion de grandes quantités de carburant
pour avions et de diesel.
Les peuples du monde s'efforcent de prendre les
choses en main pour restreindre et réussir à
priver les monopoles, les oligopoles et les
gouvernements à leur service de leur capacité à
polluer, détruire, surexploiter, et à fouler au
pied les droits souverains des nations et des
peuples autochtones, et à mener des guerres à des
fins de domination. Ils prennent toutes sortes de
mesures pour tenter de prendre le contrôle des
décisions qui affectent nos vies et
l'environnement humain et naturel. Les forces
productives doivent être mises au service du
bien-être de l'humanité. C'est l'aspiration des
travailleurs à s'investir du pouvoir de décider
qui unit les personnes de tous horizons pour en
faire une force organisée au service de la société
dans le but d'humaniser l'environnement social et
naturel.
Plus les gouvernements sont irresponsables à tous
les niveaux, quel que soit le parti cartel au
pouvoir, plus leurs tentatives de rejeter la
réalité de ce qui se passe sont irrationnelles et
absurdes. Au lieu de cela, nous entendons de plus
en plus souvent les autorités nous dire que nous
devons nous taire parce que les morts (évitables)
« font partie de la vie ».
Pendant la vague de chaleur en
Colombie-Britannique, le coroner en chef de la
province fait état de plus de décès que
d'habitude. Les temps d'attente pour les appels au
911 et l'arrivée des ambulances dans certains cas
atteignent plusieurs heures. Les ambulanciers
paramédicaux rapportent qu'ils demandent depuis
longtemps au gouvernement d'augmenter les
investissements dans les services ambulanciers et
les autres services d'urgence, car la croissance
de la population et la demande de services de
santé ont largement dépassé les ressources
disponibles.
Aggravant les problèmes de chaleur, de nombreuses
personnes en Colombie-Britannique n'ont pas de
climatisation. En outre, de nombreux
établissements publics sont fermés ou offrent un
nombre restreint de places, tels que les
bibliothèques qui ont retiré la plupart de leurs
chaises pendant la pandémie.
Le premier ministre Horgan a semblé rejeter toute
responsabilité sociale du gouvernement d'aider les
gens, en particulier les personnes âgées, face à
la vague de chaleur. Il semblait accuser les gens
d'avoir causé leurs propres souffrances et leur
mort en ignorant les avertissements du
gouvernement et en n'assumant pas la «
responsabilité personnelle » de prendre soin
d'eux-mêmes.
En réponse aux histoires de personnes âgées
mourant de la chaleur sans l'aide de
professionnels, le premier ministre est cité dans
les médias comme suit : « Le public était
parfaitement conscient que nous allions dans une
période de chaleur extrême. Nous faisions de notre
mieux pour passer aux nouvelles afin d'encourager
les gens à prendre des mesures pour se protéger.
Mais il était évident pour quiconque sortait que
nous étions dans une vague de chaleur sans
précédent et encore une fois, il y a un niveau de
responsabilité personnelle. Mais je pense que nous
avons fait ce que nous pouvions pour diffuser des
informations et nous comptons également sur la
presse publique et les médias qui ont fait un très
bon travail, à mon avis, de convaincre les gens.
Les météorologues de tous les réseaux à la radio
défendaient l'idée, disant aux gens de se méfier
et notre présence sur Internet et les médias
sociaux le font également. »
Des histoires de personnes âgées allant de maison
en maison à la recherche de quelqu'un pour
effectuer la réanimation cardiorespiratoire ou
emmener leur proche à l'hôpital parce que les
services d'urgence ne répondaient pas sont
nombreuses. Les personnes interrogées rapportent
que lorsqu'elles sont allées aider leurs voisins,
la personne âgée ayant besoin d'aide était déjà
décédée.
Le 29 juin, la police de Vancouver a déclaré que
les policiers avaient répondu à plus de 65 morts
subites depuis le début de la vague de chaleur le
25 juin, « avec plus de victimes signalées d'heure
en heure », dont une grande majorité des décès
liés à la chaleur. Les agents de Burnaby ont
répondu à plus de 30 décès depuis le 28 juin, dont
beaucoup de personnes âgées souffrant de chaleur
qui seraient un facteur contributif dans la
plupart de ces décès. La police de Surrey a
répondu à 22 décès le 28 juin et au moins 13 le 29
juin.
Beaucoup dénoncent la réponse du premier ministre
Horgan à la vague de chaleur comme étant
insensible. Certains ont commencé à demander au
reste du Canada de venir en aide aux résidents de
la Colombie-Britannique parce que le gouvernement
ici rejette toute responsabilité sociale, le
premier ministre déclarant de la manière la plus
détachée : « Les décès font partie de la vie et il
y a un niveau de responsabilité personnelle. »
Le gouvernement social-démocrate de la
Colombie-Britannique est guidé par la prémisse
fondamentale de l'offensive antisociale
néolibérale, énoncée à l'origine par Margaret
Thatcher qui a déclaré qu'il n'y a pas de société,
seulement des familles, et que chacun doit se
débrouiller seul et cesser d'être un fardeau pour
la société qui, disait-elle, n'existe pas. Sur la
base de ce mantra néolibéral, les services et
programmes sociaux ont été privatisés. Ils sont
considérés comme des responsabilités «
personnelles » ou « familiales » et chaque
individu doit être tenu responsable des
conséquences. Les Canadiens sont déterminés à
régler leurs comptes avec les autorités qui ne
peuvent pas faire face aux besoins des sociétés
d'aujourd'hui et aux réclamations que les gens
sont en droit de faire à la société en raison de
leur humanité.
Les sciences naturelles font intégralement partie
des forces productives modernes de la société et
jouent un rôle important dans son fonctionnement.
C'est pourquoi il est primordial pour l'intérêt
public que les scientifiques puissent parler en
leur propre nom sur les questions ayant trait aux
sphères naturelle et sociale.
Toutefois, lorsqu'ils le font, trop souvent ils
sont sanctionnés par les grandes entreprises et
les gouvernements à leur service. À titre
d'exemple, l'herbicide glyphosate, initialement
développé par la société Monsanto sous le nom de
Roundup, est largement utilisé en agriculture, en
foresterie et dans d'autres secteurs. Et ce malgré
une inquiétude grandissante de longue date parmi
les scientifiques, y compris les sylviculteurs,
environnementalistes, peuples autochtones et
communautés locales comme quoi cet herbicide n'est
pas sécuritaire pour la santé humaine et animale
ni pour l'environnement en général. Des dizaines
de milliers de poursuites judiciaires ont été
entamées aux États-Unis, au Canada et ailleurs,
dont certaines ont mené à des ententes d'une
valeur de plusieurs millions, voire plusieurs
milliards de dollars, en faveur de personnes qui
ont souffert d'un cancer présumément après avoir
été exposées au glyphosate.
Pour toute réponse, la
société Monsanto (maintenant intégrée à Bayer),
ainsi que d'autres intérêts représentant les
grandes entreprises en agriculture, en foresterie
ainsi que certaines instances de régulation ont
lancé une campagne de désinformation et de déni au
sujet du glyphosate et de ses effets toxiques. De
récents procès ont démontré que Monsanto avait
même fabriqué des rapports scientifiques qui
donnaient au glyphosate le feu vert, ainsi que
financé en catimini des groupes universitaires de
façade « indépendante » pour qu'ils fassent la
promotion du glyphosate et discréditent les
scientifiques qui parlent ouvertement des dangers
posés par l'herbicide.
Il y a eu un exemple flagrant de scientifiques
qui ont été sanctionnés parce qu'ils ont pris la
parole au Nouveau-Brunswick. En 2015, la docteure
Eilish Cleary, l'administratrice en chef de la
santé publique de cette province, a été congédiée
par le gouvernement libéral après avoir accepté la
conclusion de l'Agence internationale pour la
recherche sur le cancer que le glyphosate était
sans doute carcinogène et s'être engagée, au nom
de la santé publique, à mener une étude sur les
impacts de l'herbicide épandu dans les forêts et
les terres agricoles de la province.
Selon la docteure Cleary, le gouvernement
provincial l'aurait licenciée parce que son «
champ de compétences » ne répondait pas aux
besoins de l'employeur, bien qu'elle ait été en
poste en tant qu'administratrice en chef de la
santé publique depuis huit ans et n'avait jamais
été informée d'un quelconque « problème de
comportement » en lien avec son mandat.
Antérieurement, en 2012, la docteure Cleary avait
écrit un rapport sur les dangers sanitaires du gaz
de schiste et de son développement dans la
province pour la société et les communautés. À
cette époque, le gouvernement libéral était dans
l'opposition et accusait le gouvernement
conservateur de tenter de « museler » la docteure
Cleary pour avoir tenu ces propos. Lors de la
campagne électorale qui a suivi, les libéraux ont
exprimé à quel point ils tenaient
l'administratrice en chef de la santé publique en
« haute estime » et se sont engagés à ne pas
prendre de décisions sans la consulter. Cependant,
comme l'a fait valoir plus tard un ancien ministre
conservateur de la santé, dès qu'ils sont arrivés
au pouvoir, les libéraux se sont débarrassés de la
docteure Cleary « de la façon la plus cavalière »
sur la question de l'épandage de glyphosate.
Un exemple plus récent est celui de Rod
Cumberland, un biologiste renommé de la faune qui,
en juin 2020, a été congédié de son poste de
professeur au Collège maritime de technologie
forestière à Fredericton, financé par le
gouvernement et l'industrie. Il avait travaillé
pour le ministère des Ressources naturelles de la
province et au collège pendant 29 ans. Selon
Gerald Redmond, un ancien directeur général du
collège, Cumberland a sans doute été congédié à
cause de son franc-parler sur les dangers du
glyphosate. Redmond a affirmé qu'antérieurement,
lorsque lui-même était directeur général, il avait
subi la pression du conseil d'administration pour
qu'il sanctionne Cumberland parce que le
gouvernement et les représentants de l'industrie
forestière n'aimaient pas ce qu'il disait au sujet
du glyphosate.
Dans sa lettre de congédiement, le collège a
prétendu que le congédiement de Rod Cumberland
n'avait rien à voir avec ses opinions sur le
glyphosate, mais que l'éducateur avait «
discrédité le contenu d'un séminaire sur la
gestion de la végétation approuvé par le collège
», avait « empêché des étudiants de participer au
cours parce qu'ils étaient en retard » et avait «
insisté pour qu'ils enlèvent leurs casquettes en
classe ».
Selon un reportage, contrairement aux dires du
collège sur Rod Cumberland, d'autres ont soutenu
qu'il était « un enseignant dont le code
d'éthique, la discipline et la ponctualité étaient
exemplaires et qu'il était un enseignant avec une
bonne éthique, sensible et attentif ».
Rod Cumberland a affirmé qu'il demandait toujours
à ses étudiants de considérer l'ensemble de la
science sur chaque question et les encourageait
même à formuler des critiques. « Examinez ce que
je dis et voyez si ce que je dis est vrai ou pas.
Je crois que c'est la chose sensée à faire en
toutes circonstances dans la vie. Obtenez tous les
faits avant de prendre une décision. »
En outre, fidèle à sa tendance, le collège a
congédié l'ancien directeur général Gerald
Redmond, un jour après que celui-ci ait pris la
défense de Rod Cumberland, sous prétexte qu'il
avait « publié de l'information confidentielle
allant en violation de son engagement envers
l'école ».
En dépit de ces attaques contre la liberté
d'expression, les Néo-Brunswickois continuent de
prendre la parole contre l'épandage de glyphosate
et d'organiser des manifestations, des
rassemblements et des pétitions. Il en va de même
en Colombie-Britannique et dans d'autres coins du
pays. Certaines juridictions ont déjà interdit le
glyphosate, comme le Québec qui a interdit son
épandage sur les terres de la couronne. À
l'international, plusieurs pays ont éliminé ou
limité l'épandage de glyphosate.
Par contre, de puissantes mégasociétés continuent
d'essayer de monopoliser intégralement
l'agriculture et les industries alimentaires
mondiales et se servent du modèle Monsanto qui
consiste à jumeler le glyphosate avec des cultures
qui ont été génétiquement modifiées pour être
résistantes à l'herbicide. Les génomes de ces
cultures, et même les micro-organismes qui y sont
associés, sont brevetés, réduisant les
agriculteurs au rôle de clients pris au piège dans
un monde naturel privatisé.
Dans ce contexte, la liberté d'expression des
scientifiques et de tout le monde devient un
facteur encore plus important dans la défense de
l'intérêt public.
- Peter Ewart -
Chaque année, une grande partie de l'Amérique du
Nord et du monde est inondée par l'herbicide
glyphosate (la substance essentielle dans le
Roundup). Est-ce qu'un tel épandage est
sécuritaire ? Ou vivons-nous dans une immense
éprouvette ?
Depuis 1974, aux États-Unis, 1,8 million de
tonnes ont été épandues sur les cultures, les
forêts, les accotements de routes, les voies
navigables, les terrains de golf et les terrains
d'écoles. À l'échelle mondiale, 9,4 millions de
tonnes ont été épandues[1].
En Colombie-Britannique, l'herbicide a été
pulvérisé sur des centaines de milliers d'hectares
de forêts, alors que les études indiquent que le
résidu peut demeurer dans certaines plantes
forestières jusqu'à 12 ans[2].
Depuis les années 1990, lorsque le glyphosate a
été jumelé avec les cultures ayant été
génétiquement modifiées pour y résister, comme le
maïs et les fèves de soya génétiquement modifiés,
son utilisation a été multipliée par 15. Cela a
fait en sorte que le résidu de glyphosate a été
décelé dans 85 % des 10 000 aliments mis à l'essai
aux États-Unis, y compris le maïs, le miel, les
céréales du déjeuner, les aliments pour bébés, les
craquelins, les biscuits, les champignons, les
raisins et les haricots verts[3].
Ce produit chimique a initialement été fabriqué
en tant que chélateur minéral pour nettoyer les
chaudrons et les tuyaux, mais en 1974 la société
Monsanto s'est mise à le promouvoir comme
herbicide à large spectre pouvant tuer abondamment
la végétation considérée comme des mauvaises
herbes, et qui prétendument n'était pas nocif pour
les autres formes de vie, y compris les humains et
les animaux[4].
Le glyphosate agit en bloquant l'action d'un
important enzyme au niveau cellulaire dans « la
voie du shikimate » qui n'est présente que dans
les plantes[5][6]. Cet enzyme est
responsable de la synthétisation de trois acides
aminés essentiels à la fabrication de protéines.
Sans cet enzyme, la plante meurt affamée.
Cependant, les vertébrés tels les humains n'ont
pas cette voie de shikimate et, conséquemment, le
raisonnement de Monsanto est que, selon les études
« indépendantes », le glyphosate n'a aucun impact
négatif sur la santé humaine ou animale[7]. (À noter qu'il
a été prouvé que certaines de ces soi-disant
études ont été fabriquées par Monsanto elle-même.)
Quoi qu'il en soit, la conclusion de Monsanto est
remise en cause par de nombreuses autres études
menées par les communautés scientifiques,
médicales et environnementales. L'une des raisons
importantes mises de l'avant est que Monsanto omet
un composant essentiel. Il s'agit des mille
milliards de micro-organismes qui font partie du
microbiome humain et animal, actifs entre autres
dans les intestins et les autres organes du corps.
Contrairement aux humains et aux animaux, la
plupart de ces micro-organismes ont une voie de
shikimate et pourraient, par conséquent, être
vulnérables au glyphosate[8].
Ces micro-organismes – bactéries, champignons,
virus et archées – jouent un rôle essentiel dans
la digestion des aliments dans le système digestif
des humains et des animaux, sans parler du réglage
du système immunitaire et d'autres fonctions
vitales. Sans ces milles milliards de
micro-organismes en nous, dont plusieurs ont une
relation symbiotique avec notre corps, nous
tomberions malades ou décéderions. Notre
connaissance est encore limitée au sujet de
l'interaction complexe entre les micro-organismes
et notre corps, mais nous savons par contre que la
dysfonction du microbiome intestinal est associée
à une panoplie de maladies, y compris certains
cancers, les maladies cardiovasculaires, le
diabète, la maladie de Crohn, les allergies, les
maladies inflammatoires des intestins et d'autres[9].
En ce moment, plus de 96 000 contentieux sont
devant les tribunaux aux États-Unis, plaidés par
des gens qui ont été exposés au glyphosate et qui
ont eu des cancers comme le lymphome non
hodgkinien et le myélome multiple, ainsi que
d'autres maladies[10].
De récentes études ont aussi démontré que le
glyphosate peut avoir un « impact perturbateur »
sur les micro-organismes qui vivent à l'intérieur
des insectes, y compris les abeilles[11], les
moustiques[12]
et les scarabées[13],
ainsi que sur les micro-organismes et champignons
qui sont essentiels à la santé même du sol.
L'impact sur les abeilles domestiques est
particulièrement inquiétant puisque le glyphosate
peut réduire de façon dramatique « l'abondance
d'espèces bactériennes bénéfiques qui contribuent
au système immunitaire et à la résistance aux
pathogènes »[14].
Sans oublier que les abeilles jouent un rôle
économique des plus essentiels à la pollinisation
des cultures et la fabrication du miel et d'autres
produits.
Herb Martin de Stop the Spray BC[15]
(Arrêtez l'épandage, Colombie-Britannique), qui
est basé dans le centre intérieur de la
Colombie-Britannique, croit que l'épandage de
glyphosate peut aussi avoir des impacts négatifs
sur les systèmes digestifs des orignaux, alors
qu'on rapporte que des orignaux sont morts de faim
quoique leurs estomacs étaient encore remplis de
brindilles non digérées. À date, il n'y a pas
d'études scientifiques sur le sujet. Pour Martin,
en grande partie, le problème est là : le
glyphosate est largement épandu sur nos terres et
nos voies maritimes et, pourtant, malgré de
vaillants efforts de la part d'une poignée de
scientifiques, il reste énormément de recherche à
faire sur les impacts sur les humains, les animaux
et l'environnement. Il souligne que Monsanto
prétend depuis des décennies que le glyphosate ne
reste pas dans l'environnement au-delà de 30 jours
après son épandage. Il a été démontré que cette
prétention est complètement fausse, mais le
glyphosate continue d'être largement utilisé,
alors que les humains, les animaux et les insectes
sont réduits, en fin de compte, au rôle de sujets
de laboratoire.
Le problème du glyphosate met en lumière le
problème des forces productives hors de contrôle
en Amérique du Nord et dans le monde. Les
développements en sciences et en technologie
peuvent être et sont d'un grand bienfait pour
l'humanité. Mais s'ils sont détournés par des
intérêts étroits et le profit privé aux dépens de
l'intérêt public, les problèmes et même les
désastres surgissent. Par exemple, un produit
chimique comme le glyphosate n'est pas
nécessairement mauvais en soi. En ce sens, il est
comme tous les autres produits chimiques puissants
et toxiques qu'on découvre. Ces produits chimiques
doivent être évalués pour voir s'ils peuvent jouer
un rôle positif ou négatif en termes de la santé
humaine et de l'environnement, plutôt que de
n'être qu'un simple chiffre dans le bilan
comptable d'entreprises multinationales comme
Monsanto qui ont recours à des études douteuses
pour promouvoir leurs produits.
En ce moment, cet herbicide est hors de contrôle
dans plusieurs régions du monde. Il doit être
contrôlé, ce qui comprend l'interdire
intégralement (par exemple, en interdisant
immédiatement tout épandage sur les forêts et
terres) ou en cessant progressivement son épandage
sur les cultures et autres, et en adoptant des
méthodes plus sécuritaires pour éliminer les
mauvaises herbes. Il faut aussi plus d'études
compréhensives, indépendantes et compétentes avant
que de tels produits chimiques ne soient répandus
dans la nature et sur le public.
Notes
1. « Glyphosate fact
sheet : Cancer and other health concerns »,
USRTK, 1er octobre 2020
2. N. Botten, L.J. Wood,
et J.R. Werner. « Glyphosate remains in forest
plant tissues for a decade or more », Forest
Ecology and Management, 26 avril 2021
3. « Glyphosate fact
sheet », USRTK
4. Don Huber, «
Disrupting the integrity of Nature - Pesticides
and genetic engineering », Pesticides and
you, volume 37, numéro 2, été 2017
5. Université de Turku,
« Glyphosate may affect human gut microbiota »,
Science Daily, 20 novembre 2020
6. Pesticide Action
Network Europe, « Alternative methods in weed
management to the use of glyphosate and other
herbicides », 2017
7. Carey Gillam, Whitewash
: The story of a weed killer, cancer, and the
corruption of science, Island Press,
Washington, 2017
8. Université deTurku, «
Glyphosate may affect human gut microbiota »
9. « Daily News Blog »,
Beyond Pesticides, 30 avril 2021
10. « Glyphosate fact
sheet », USRTK
11. Motta et Morana, «
Impact of glyphosate on the honey bee gut
microbiota », NIH, National Library of Medicine,
2020
12. « Ingredient in
common weed killer impairs insect immune
systems, study suggest », John Hopkins
University Bloomberg School of Public Health, 13
mai 2021
13. Philip Kieffer, «
The main ingredient in RoundUp doesn't just kill
plants. It harms beetles, too », Popular
Science, 13 mai 2021
14. Erick V.S. Motta
and Nancy Morana, « Impact of glyphosate »
15. Stop the
Spray BC
La politique de la corde raide
menée par l'impérialisme
américain augmente le risque de guerre
- Steve Rutchinski -
Les États-Unis et leur alliance
agressive de l'OTAN, dans laquelle le gouvernement
de guerre de Grande-Bretagne est un important
joueur, pratique la politique de la corde raide
par laquelle ils hausse les possibilités d'une
nouvelle guerre dévastatrice, résultat de leurs
tentatives constantes de provoquer la Russie et la
Chine.
Un exemple en est
la provocation irréfléchie des forces de l'OTAN le
23 juin, au cours de laquelle un destroyer
britannique à missiles guidés, le HMS
Defender, a fait une incursion délibérée de
trois miles dans les eaux territoriales russes au
large de la côte de Crimée, dans la mer Noire.
L'incident a eu lieu un peu plus d'une semaine
après le sommet de l'OTAN à Bruxelles. À ce
sommet, l'OTAN a non seulement intensifié sa
rhétorique belliciste à l'encontre de la Russie et
de la Chine, mais a également déclaré qu'une
cyberattaque ou une attaque spatiale contre un
membre de l'OTAN pourrait, au même titre qu'une
attaque armée, déclencher l'article 5 de
l'alliance, qui oblige les autres membres de
l'OTAN à se porter à la défense d'un pays membre
ainsi attaqué - ou, si l'on en croit les
précédents, à attaquer conjointement un pays qui
refuse de se soumettre au diktat des États-Unis et
qui, de ce fait, est faussement accusé d'avoir
attaqué un membre de l'OTAN, ce qu'était
l'Afghanistan.
Le 23 juin, après que le destroyer britannique a
d'abord ignoré les avertissements verbaux et des
tirs d'avertissement des garde-côtes russes
l'invitant à changer de cap, puis les tirs
d'avertissement des garde-côtes, les avions de
chasse russes ont largué plusieurs bombes sur la
trajectoire du navire de guerre, qui a battu en
retraite hors des eaux territoriales russes. La
provocation s'est produit près du port de
Sevastapol, où est basée la flotte de la mer Noire
de la Russie. Ce genre de politique de la corde
raide orchestrée par les États-Unis, la
Grande-Bretagne et l'OTAN représente une grave
menace pour la paix et une escalade des tensions
internationales. De tels incidents peuvent
conduire et conduisent effectivement à des
confrontations armées et à la guerre.
C'est par cette provocation que les États-Unis ont
choisi de donner le coup d'envoi de leur opération
Sea Breeze 2021, qui se déroulera en mer Noire et
dans ses environs du 28 juin au 10 juillet. Les
États-Unis, dans le cadre de leur alliance
agressive avec l'OTAN et de leur soi-disant «
programme de partenariat pour la paix », et
l'Ukraine en tant que co-hôte, ont mobilisé 5 000
soldats, 32 navires et 40 avions pour les
exercices de guerre provocateurs et menaçants de
cette année, dirigés contre la Russie.
Le premier jour de l'exercice militaire a été
marqué par une nouvelle provocation : une frégate
néerlandaise, l'Evertsen, a changé de
cap et s'est dirigée vers le détroit de Kerch, une
zone de la mer Noire proche de la Crimée que la
Russie a expressément interdite aux navires de
guerre étrangers pendant une période de six mois à
compter d'avril. Des avions militaires russes ont
à nouveau été envoyés pour faire changer de
direction le navire de guerre et l'éloigner de ses
eaux territoriales.
Ce qu'a dit la Russie
S'exprimant lors d'une conférence internationale
sur la sécurité à Moscou le jour même de
l'incident avec le Defender, mais avant qu'il ne
se produise, le ministre russe de la défense,
Sergei Shoigu, a qualifié la situation en Europe
d'« explosive ». Il a notamment mentionné
l'activité provocatrice des navires de guerre des
États-Unis et de leurs alliés, affirmant qu'elle
faisait monter les tensions et créait les
conditions propices à la survenue d'incidents. Il
a déclaré que la situation actuelle était beaucoup
plus dangereuse qu'à l'époque de la guerre froide.
Le ministère russe de la Défense a qualifié les
actions du destroyer britannique de violation
flagrante de la Convention des Nations unies sur
le droit de la mer et a appelé la Grande-Bretagne
à enquêter sur les actions de l'équipage. Il a
déclaré que le Defender devrait être
rebaptisé HMS Aggresseur ou HMS
Provocateur.
Le président russe Vladimir Poutine a
confirmé cette position le 30 juin. « Il s'agit,
bien sûr, d'une provocation mise en scène non
seulement par les Britanniques, mais aussi par les
Américains, car le navire de guerre britannique
s'est aventuré dans nos eaux territoriales dans
l'après-midi alors que tôt le matin, à 7 h 30, un
avion de reconnaissance stratégique américain a
décollé d'un aérodrome de l'OTAN en Grèce. » Il a
déclaré que l'intrusion du destroyer britannique
visait à essayer de découvrir, aidé par l'avion de
reconnaissance américain, quelles seraient les
contre-mesures militaires de la Russie –
quelles installations elle activerait, où elles
sont situées et comment elles fonctionnent.
Vladimir Poutine a déclaré que la Russie pouvait
voir cela et s'est assurée que sa réponse ne
révélait que ce qu'elle jugeait approprié de
révéler.
Ce qu'a dit la Grande-Bretagne
Incroyablement, la Grande-Bretagne rejette
l'incident comme étant totalement anodin et nie
catégoriquement les déclarations faites par
l'armée russe et le président de la Fédération de
Russie comme étant fausses. Le premier ministre
britannique, Boris Johnson a affirmé que le
destroyer agissait en toute légalité, poursuivant
la liberté de navigation dans les eaux situées à
moins de 12 milles nautiques de la côte de Crimée,
qui, selon lui, est un territoire ukrainien
souverain, puisque « nous ne reconnaissons pas
l'annexion de la Crimée par la Russie ».
Le secrétaire britannique à la Défense, Ben
Wallace, a également tenté de dissimuler la nature
dangereusement provocatrice de l'action du
Defender. Il a menti au sujet de
l'intrusion, affirmant que le navire de guerre
effectuait un « passage anodin » dans les eaux
territoriales ukrainiennes, conformément au droit
international, et il a menti au sujet de la
réaction de la Russie, niant que des tirs de
sommation ou des bombes aient été lancés sur la
trajectoire du Defender pour le faire
changer de cap. Et ce, bien que la Russie ait
produit des vidéos montrant les mesures défensives
qu'elle a prises et des témoignages de membres
d'équipage.
Les États-Unis, le Canada et l'OTAN elle-même,
malgré une rhétorique quotidienne condamnant ce
qu'ils appellent l'agression russe, n'ont rien dit
non plus. Leur silence est plus éloquent que leur
machine de relations publiques proguerre dans
cette affaire.
L'organisation britannique contre la guerre Stop
the War a publié une déclaration le 24 juin dans
laquelle elle dénonce l'utilisation par la
Grande-Bretagne de son destroyer pour soutenir la
politique de la corde raide des États-Unis, la
qualifiant de « complètement irresponsable » et
d'« acte d'agression dangereux qui n'a rien à voir
avec la défense ou la sécurité ». Stop the War a
déclaré qu'il était clair que l'équipage du Defender
savait que ses actions étaient susceptibles
de provoquer un incident dangereux. Ils ont cité
un rapport du journaliste de la BBC Jonathan Beale
qui était intégré à l'équipage du navire de guerre
britannique. Jonathan Beale a déclaré que le
navire était effectivement harcelé par l'armée
russe et que l'équipage était déjà aux postes
d'action, avec tous les systèmes d'armes du navire
chargés, alors qu'il approchait de la pointe sud
de la Crimée.
Trente-deux pays de six
continents participent à l'opération Sea Breeze[1]. Vingt-quatre
membres des Forces armées canadiennes sont
déployés à Odessa, en Ukraine, pour prendre part à
l'exercice. La plupart des pays impliqués, dont le
Canada, n'ont aucune légitimité pour prétendre que
les manoeuvres militaires en mer Noire ont quelque
chose à voir avec leur défense nationale. Comme la
provocation du 23 juin, l'opération Sea Breeze
dément les affirmations selon lesquelles les
exercices de guerre de l'OTAN sont « défensifs »
et visent à préserver la paix internationale. Il
en va de même pour les plans récemment annoncés
par l'OTAN pour s'étendre à l'Asie-Pacifique, une
provocation visant la Chine et une menace pour les
peuples de la région. En fait, le HMS Defender
fait partie d'un groupe d'attaque de
porte-avions britannique qui se dirige vers la mer
de Chine méridionale pour des exercices militaires
avec la marine américaine et les forces maritimes
d'autodéfense japonaises. Avant d'acquérir une
certaine notoriété pour avoir organisé une
provocation contre la Russie, la Royal Navy a
annoncé qu'elle s'était temporairement séparée du
groupe pour mener à bien sa « propre série de
missions » en mer Noire.
La fréquence, l'ampleur et l'esprit de
provocation de ces exercices de guerre, avec des
puissances nucléaires dans les camps opposés,
constituent un danger réel et actuel pour la paix
et la sécurité mondiales. Les Canadiens ne peuvent
tolérer une telle imprudence ni le mensonge qui
entoure les activités des États-Unis et de l'OTAN.
Cela doit cesser. Non à l'OTAN. Le Canada hors de
l'OTAN.
Note
1. La marine américaine
accueille l'opération Sea Breeze, avec la marine
ukrainienne comme co-hôte, depuis 1997. Pays
impliqués en 2021 : Albanie, Australie, Brésil,
Bulgarie, Canada, Danemark, Égypte, Émirats
arabes unis, Espagne, Estonie, France, Géorgie,
Grèce, Israël, Italie, Japon, Lettonie,
Lituanie, Maroc, Moldova, Norvège, Pakistan,
Pologne, Roumanie, Sénégal, Corée du Sud, Suède,
Tunisie, Turquie, Ukraine et Royaume-Uni. Le 2e
groupe maritime permanent de l'OTAN est
également un participant.
Le
président Biden a ordonné des frappes aériennes
illégales contre la Syrie et l'Irak au cours de la
nuit du 27 juin. C'est le deuxième assaut aérien
majeur des États-Unis contre ces pays souverains
depuis son arrivée au pouvoir.
Dans une déclaration du bureau du premier
ministre Mustafa-al-Kadhimi, le gouvernement
irakien a écrit : « Nous condamnons la frappe
aérienne par les États-Unis qui a ciblé, cette
nuit, un site à la frontière entre l'Irak et la
Syrie, ce qui constitue une violation flagrante et
inacceptable de la souveraineté irakienne et de la
sécurité nationale de l'Irak. »
L'armée irakienne a émis une déclaration
semblable qui condamne les actions des États-Unis,
qualifiant les frappes de « violation de la
souveraineté ».
Saeed Khatibzadeh, un porte-parole du ministère
des Affaires étrangères de l'Irak, a dit que les
États-Unis, par leurs attaques et leur occupation
constantes de l'Irak, « perturbent la sécurité
dans la région ».
Les États-Unis ont attaqué l'Irak sans arrêt
depuis la première guerre du Golfe en 1990. Les
agresseurs américains ont ensuite déclenché une
invasion et une occupation militaires à grande
échelle de l'Irak en 2003, sous prétexte d'y
chercher des armes de destruction massive qui, en
fin de compte, n'existaient pas. Depuis
l'invasion, l'armée américaine a stationné
illégalement des troupes et des avions de guerre
en Irak, attaquant le peuple sans relâche par des
frappes aériennes et des Forces spéciales et en
s'ingérant dans les affaires économiques,
politiques et sociales du pays.
Une attaque contre la Syrie
En 2014, l'armée américaine a ouvertement admis
qu'elle s'était engagée dans des opérations
militaires illégales en Syrie visant à renverser
le gouvernement légitime de ce pays souverain.
L'occupation militaire américaine de plusieurs
régions de la Syrie, y compris des champs de
pétrole et les attaques contre l'armée et le
peuple syrien, se sont poursuivies depuis, et les
frappes du 27 juin en sont une nouvelle escalade.
Le ministère des Affaires étrangères de la Syrie
a condamné les plus récentes frappes aériennes des
États-Unis, disant qu'elles étaient « une
violation flagrante du caractère sacré des terres
syriennes et irakiennes ». Il a déclaré : « La
Syrie renouvelle ses appels à l'administration
américaine de respecter l'unité du territoire et
des peuples syriens et irakiens et de cesser
immédiatement ces attaques contre l'indépendance
des deux pays. »
Les États-Unis ont répété leur argument habituel
pour leurs guerres sans fin et leurs autres
attaques qu'elles constituent une « autodéfense »
de leurs forces d'occupation militaires et de leur
sécurité nationale. Une déclaration du département
américain de la Défense attribuée à John Kirby,
l'attaché de presse du Pentagone, se lit en partie
comme suit : « Sous l'ordre du président Biden,
les forces militaires américaines ont, plus tôt en
soirée, mené des frappes aériennes défensives de
précision contre des installations servant à des
groupes de milices appuyées par l'Iran dans la
région de la frontière Irak-Syrie. Comme en
témoignent les frappes de ce soir, le président
Biden a clairement indiqué qu'il agira pour
protéger le personnel américain...En vertu du
droit international, les États-Unis ont agi
conformément à leur droit à l'auto-défense. Les
frappes ont été à la fois nécessaires pour contrer
la menace et judicieusement limitées dans leur
ampleur. En vertu du droit domestique, le
président a entrepris cette action, fort de son
autorité en vertu de l'Article II visant à
protéger le personnel américain en Irak. »
Une puissance d'occupation ne peut invoquer
l'autodéfense comme prétexte pour mener des
frappes contre un peuple occupé. Il n'existe
aucune justification juridique internationale ni
domestique pour entreprendre des opérations
militaires contre un pays souverain. La
justification de l'administration Biden et, avant
lui, celle d'Obama, pour lancer des attaques
militaires à l'étranger en vertu de l'Article II
de la constitution des États-Unis a été largement
dénoncée par l'opinion publique à tous les
niveaux, y compris aux États-Unis.
Les envahisseurs occupants ne peuvent avoir
recours à la défense violente dans les pays qu'ils
ont envahis et qu'ils occupent. Si des troupes
américaines sont présentement en Irak, c'est
uniquement à la suite de l'invasion illégale de
2003 qui a été largement dénoncée comme ayant été
perpétrée pour renverser le gouvernement légitime
dirigé par le président Saddam Hussein. Leur
présence en Syrie est également illégale.
L'armée américaine est
entrée en Syrie en 2014 sans l'autorisation du
gouvernement syrien. Elle est en Irak et en Syrie
en tant qu'agresseur, comme ce fut le cas pour
l'invasion et l'occupation américaines de
l'Afghanistan et d'autres pays dans le monde. Dans
ces circonstances, les États-Unis ne peuvent pas
prétendre agir par « autodéfense ». La seule
action défensive que le président Biden pourrait
entreprendre serait d'ordonner le retrait immédiat
des troupes américaines et de les rapatrier non
seulement de la Syrie et de l'Irak, mais
d'ailleurs dans le monde.
Les Canadiens condamnent le gouvernement libéral
de Justin Trudeau pour son silence face aux
attaques militaires des États-Unis et pour la
participation du Canada à l'occupation illégale de
l'Irak. Le gouvernement canadien devrait rapatrier
ses troupes immédiatement et se retirer de toute
opération et organisation militaire américaine, y
compris l'OTAN et NORAD.
Les monopoles de la technologie américains
forment des alliances pour restreindre la Chine
dans le développement, la fabrication et la
circulation des puces informatiques, de
l'intelligence artificielle, des nuages et
d'autres plateformes logicielles. Le PDG d'Intel,
Pat Gelsinger, a réuni des dirigeants de
Microsoft, IBM, Qualcomm et Cisco aux États-Unis,
Samsung en Corée du sud et la Taiwan Semiconductor
Manufacturing Company (TSMC) à Taïwan dans
l'espoir de former une alliance mondiale pour
isoler et mener une guerre commerciale à la Chine.
Intel et IBM en particulier semblent désespérés de
retrouver leur ancienne gloire commerciale et leur
domination mondiale, tandis que l'élite dirigeante
américaine semble généralement craindre que la
Chine ne surmonte la supériorité technologique de
l'impérialisme américain.
Intel cherche à établir ce qu'il appelle des
installations internationales de fabrication de
puces informatiques pour répondre aux besoins de
tous les fabricants au sein du système
impérialiste d'États dominé par les États-Unis
dans le cadre d'une guerre commerciale contre les
entreprises chinoises. Le cartel mondial d'Intel
dépensera 20 milliards de dollars, ainsi que des
milliards de dons supplémentaires de gouvernements
alliés, pour construire de nouvelles usines de
fabrication de puces à la demande et d'instituts
de recherche aux États-Unis et dans l'Union
européenne.
Pat Gelsinger a déclaré que le cartel
développerait « des partenariats de recherche
pluriannuels avec d'anciens concurrents » et
inverserait la « relation 80/20 actuelle de la
production de puces haut de gamme en Asie par
rapport au reste du monde ». Pour lui, Taïwan et
la Corée du sud ne sont pas considérées comme «
asiatiques », mais font plutôt partie de l'empire
des États-Unis. Avec de nouvelles installations en
Arizona et ailleurs et d'importants budgets de
recherche, le cartel mondial cherche à regagner et
à consolider la domination technologique des
États-Unis dans les secteurs clés de « conception
et fabrication de puces ; de systèmes et
architectures de traitement ; télécommunications
et intelligence artificielle ».
Pour atteindre cet objectif de domination, une
alliance avec le fabricant taïwanais TSMC apparaît
centrale, tout comme les efforts mondiaux pour
bloquer et criminaliser des entreprises chinoises
telles que Huawei. Pour poursuivre ce projet
d'hégémonie américaine, l'entité politique de
Taïwan doit rester dans le système impérialiste
d'États dominé par les États-Unis et ne pas être
réunie à la Chine. En outre, la Corée du sud et le
Japon ne doivent pas être autorisés à se libérer
de leurs alliances militaires actuelles avec les
États-Unis.
Pour que tout cela se produise, Pat Gelsinger
fait valoir que « les besoins de sécurité
nécessaires de chacun de nos gouvernements
partenaires » doivent être renforcés. Cela
signifie que les forces armées américaines doivent
continuer de provoquer la Chine, occuper le
détroit de Taïwan avec des navires de guerre et
empêcher l'opinion publique de Taïwan de faire de
l'île une zone de paix et de réunion pacifique
avec la Chine. De même, les États-Unis doivent
empêcher la Corée du sud de se réunir
pacifiquement avec la République populaire
démocratique de Corée et d'expulser les troupes
américaines de la péninsule, et les forces armées
américaines doivent non seulement rester au Japon,
mais étendre leurs opérations et leurs bases.
En ce qui concerne le soutien officiel du
programme d'Intel pour un cartel technologique
mondial, Reuters rapporte que « la proposition
d'infrastructure expansionniste du président Biden
comprend 50 milliards de dollars pour l'industrie
américaine des semi-conducteurs. Les 50 milliards
de dollars iront aux incitations à la production
et à la recherche et la conception, disent les
responsables de l'administration. »
Les stratagèmes pour payer les riches de Biden
pour la « fabrication nationale et la recherche
sur les puces » font partie du plan
d'infrastructure de 2 000 milliards de dollars de
l'administration. Reuters dit que la
Maison-Blanche a invité le PDG d'Intel à assister
à une réunion virtuelle le 12 avril « pour
discuter des problèmes de la chaîne
d'approvisionnement des semi-conducteurs qui
perturbent les usines automobiles américaines,
selon une personne proche du dossier. La réunion
comprendra le conseiller à la sécurité nationale
du président Biden, Jake Sullivan, et un
conseiller économique de premier plan, Brian
Deese, ainsi que des fabricants de puces et des
constructeurs automobiles. »
Concernant le commentaire de Pat Gelsinger sur «
les besoins de sécurité nécessaires de chacun de
nos gouvernements partenaires » pour restreindre
les entreprises et l'influence chinoises,
Bloomberg News écrit : « En raison de problèmes de
sécurité, le gouvernement des États-Unis utilisera
l'offre [d'Intel] pour les contrats militaires et
de défense. Les analystes s'attendent à ce
qu'Intel bénéficie également des futures
subventions et incitations fiscales de
l'administration Biden pour la construction au
pays d'usines de puces. »
Des prédictions circulent dans les médias
impérialistes et les cercles officiels que des
cartels sont également planifiés pour contrer et
isoler la Chine sur le front de la technologie et
de la fabrication des batteries et de
l'approvisionnement en matières premières
nécessaires, et dans le secteur de la chaîne
d'approvisionnement en terres rares. Les
impérialistes américains s'attendent à ce que les
ressources canadiennes deviennent un important
fournisseur captif pour les cartels américains des
batteries et des terres rares qui sont planifiés.
Les Canadiens ne peuvent pas se permettre de
devenir des pions dans la lutte de l'oligarchie
américaine pour contrôler le monde. Le plan
d'Intel pour un cartel mondial de la technologie
pour combattre la Chine est une direction lourde
de dangers qui mène à de mauvaises relations et à
une guerre possible. L'économie canadienne et ses
relations avec le monde ont besoin d'une nouvelle
direction de coopération offrant un avantage et un
développement réciproques pour toute l'humanité
dans le cadre de relations pacifiques et non d'une
concurrence acharnée et d'une guerre.
Un pas dans cette direction positive serait de
retirer le Canada de toutes les alliances de
guerre avec les États-Unis telles que l'OTAN et le
NORAD et de faire du Canada une zone de paix par
la formation d'un gouvernement antiguerre. Une
autre étape serait de sortir l'économie canadienne
de la machine de guerre américaine et de
construire une économie qui suffit à ses besoins
et qui soit sous le contrôle des Canadiens, pour
échanger et coopérer avec tout le monde pour un
avantage réciproque, sans ingérence dans les
affaires souveraines des autres.
Sur la question de l'autosuffisance, la pandémie
a révélé l'absence au Canada d'un secteur
pharmaceutique public centré sur l'humain. Les
Canadiens manquent de fournitures adéquates pour
les hôpitaux et de vaccins contre la COVID-19 à
des prix qui ne mettent pas le pays en faillite.
Les fournitures pour les hôpitaux et les vaccins
actuellement disponibles nécessitent que d'énormes
sommes d'argent affluent dans les poches des
grandes sociétés pharmaceutiques et d'autres
monopoles. Il faut une nouvelle direction qui
mette fin à cet état de choses.
AWZ Ventures se décrit comme « une société
d'investissement privée canadienne qui investit
dans les technologies israéliennes de
cybersécurité, de renseignement et de sécurité
physique ». Son siège social est situé à Toronto.
Selon son site Internet, son équipe de direction
et ses conseillers « incluent des professionnels
du capital-risque, d'anciens directeurs et cadres
supérieurs d'agences de sécurité et de
renseignement israéliennes et mondiales
(Mossad, Israeli Security Agency (ISA), U.S.
Central Intelligence Agency (CIA), Federal Bureau
of Investigation (FBI), British Military
Intelligence Section 5 (MI5), Service canadien du
renseignement de sécurité (SCRS), Forces armées
canadiennes (FAC), et des experts de l'industrie
de secteurs ciblés par nos sociétés en
portefeuille ».
L'ancien premier ministre conservateur du Canada,
Stephen Harper, a rejoint l'entreprise en 2019 et
est l'un de ses partenaires et président de son
comité consultatif.
Le fondateur et associé directeur d'AWZ, Yaron
Ashkenazi, a été employé pendant une décennie par
la division de protection des VIP de l'Agence de
sécurité israélienne (ISA), dirigeant des équipes
qui ont protégé plusieurs premiers ministres
israéliens. Edward Sonshine, partenaire fondateur
d'AWZ et président du conseil d'administration,
est le fondateur de RioCan Real Estate Investment
Trust, propriétaire de la tour de bureaux dans
lequel il se trouve.
Parmi les autres personnalités qui composent le
comité consultatif sur la sécurité et le
renseignement d'AWZ, citons : Stockwell Day,
ancien ministre conservateur de la Sécurité
publique; Richard Fadden, ancien directeur du
SCRS; R. James Woolsey, ancien directeur de la CIA
des États-Unis; Oliver « Buck » Revell, ancien
directeur adjoint associé du FBI; Stella
Rimington, ancienne directrice générale de la
section 5 du MI5; Haim Tomer, ancien chef de la
division du renseignement du Mossad, de la
division antiterroriste du Mossad et de la
division internationale du Mossad; Gary Barnea,
ancien directeur adjoint de la division des
opérations spéciales du Mossad; le
lieutenant-général (à la retraite) Michael Day,
ancien commandant des forces d'opérations
spéciales des FAC.
Selon son site Internet, la société gère un
portefeuille de 130 millions de dollars et a
investi dans 17 sociétés qui, selon Richard
Fadden, étaient jusqu'à présent israéliennes.
Interviewé par CBC, Richard Fadden a également
fait le commentaire suivant : « Une grande partie
de cette technologie est utile dans la lutte
contre le terrorisme et c'était mon principal
intérêt. » Il a ajouté : « Certaines des
technologies qui ont été développées aident à
développer une idée de ce qui se passe, au niveau
des réseaux sociaux, afin que vous puissiez
accumuler des informations. Mais c'est surtout à
des fins défensives. »
Le même article de CBC note également : « Le
secteur israélien de la cybertechnologie continue
de croître à un rythme record malgré la pandémie,
selon la Direction nationale israélienne de la
cybersécurité (INCD). L'agence gouvernementale
israélienne a déclaré que le secteur avait levé
des fonds totalisant 2,9 milliards de dollars en
2020, soit une augmentation de plus de 70 % par
rapport à la même période de l'année précédente.
« La somme des investissements dans une telle
technologie en Israël a atteint 31 % de la valeur
de ces investissements dans le monde, selon la
INCD. »
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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