Le gouvernement dépose un projet de loi controversé «contre la haine»

Le ministre de la Justice et procureur général du Canada David Lametti a déposé le projet de loi C-36, Loi modifiant le Code criminel, la Loi canadienne sur les droits de la personne et apportant des modifications connexes à une autre loi (propagande haineuse, crimes haineux et discours haineux), à la Chambre des communes le 23 juin, quelques heures avant l'ajournement pour l'été. Un communiqué de presse explique que le projet de loi vise à « combattre plus efficacement les discours et les crimes haineux, à offrir de meilleurs recours aux victimes et à tenir les personnes responsables des préjudices découlant de la haine qu'elles propagent ». Il modifie la Loi canadienne sur les droits de la personne pour y définir la « diffusion de discours haineux en ligne ». Tous les messages publiés en ligne par des particuliers sur des plateformes de médias sociaux, des blogues et des sites Web seront soumis aux lois et règlements modifiés.

Le Code criminel, qui contient déjà des interdictions contre « l'incitation publique à la haine » et « fomenter volontairement la haine » est modifié pour ajouter une définition de « la haine ». Elle est définie comme un « sentiment plus fort que l'aversion ou le dédain et comportant de la détestation ou de la diffamation; (hatred) ». Une clause citée comme étant « pour l'application du présent article » ajoute qu'« il est entendu que la communication de déclarations n'incite pas à la haine ou ne la fomente pas pour la seule raison qu'elle discrédite, humilie, blesse ou offense ». Une nouvelle infraction est ajoutée au Code criminel, intitulée « Crainte d'une infraction concernant la propagande haineuse ou les crimes haineux », selon laquelle une personne soupçonnée d'être susceptible de commettre un crime haineux ou de se livrer à de la propagande haineuse peut être inculpée. Le Code criminel établira une liste de conditions d'engagement qui peuvent être ordonnées pour une personne condamnée, comme le port d'un dispositif de surveillance électronique à distance et/ou d'un couvre-feu à domicile. La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents est modifiée pour inclure la « crainte d'une infraction concernant la propagande haineuse ou les crimes haineux » comme une infraction traitée par le système de tribunaux pour adolescents.

Le projet de loi modifie également la Loi canadienne sur les droits de la personne pour y ajouter la « diffusion de discours haineux en ligne » comme acte pouvant faire l'objet d'une plainte. Une personne pourra déposer une plainte auprès de la Commission des droits de la personne, qui sera jugée par son tribunal. En cas de condamnation, l'accusé pourra se voir ordonner de retirer le message incriminé et éventuellement de verser une compensation à l'accusateur, ainsi qu'une amende à l'État.

Qui décide de ce qui constitue un crime haineux et suivant quels critères est devenu une question très controversée au Canada. La raison pour laquelle le gouvernement l'a glissée quelques heures avant l'ajournement de la Chambre des communes n'est pas évidente pour l'instant, mais ce n'est certainement pas pour encourager la discussion parmi les Canadiens sur les critères permettant de déterminer un crime haineux pour s'assurer que cette loi ne soit pas utilisée pour criminaliser le droit de parole. Le fait que le projet de loi ait été déposé au moment même où les plateformes de cinq médias sociaux étrangers ont été supprimées par les services de renseignement et le gouvernement américains est également alarmant. Cela nous amène à nous demander ce que feront les agences de renseignement du Canada pour priver les Canadiens de leur liberté d'expression lors des prochaines élections. Cela affecte non seulement les droits civils des Canadiens, que les gouvernements soumettent à ce qu'ils appellent des « limites raisonnables », mais aussi leurs droits humains, car sans les conditions qui permettent aux gens de s'exprimer librement, la communication est entravée, ce qui signifie que les Canadiens ne peuvent pas élaborer une voie à suivre pour eux-mêmes et pour la société dont ils font partie dans toutes leurs relations.

La disposition modifiant la loi sur les droits de la personne énonce que « le fait de communiquer ou de faire communiquer un discours haineux au moyen d'Internet ou de tout autre mode de télécommunication dans un contexte où ce discours haineux est susceptible de fomenter la détestation ou la diffamation d'un individu ou d'un groupe d'individus sur le fondement d'un motif de distinction illicite constitue un acte discriminatoire ». Le document d'information qui accompagne le projet de loi précise que les motifs de discrimination visés sont « la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, l'identité ou l'expression de genre, l'état matrimonial, la situation de famille, les caractéristiques génétiques, la déficience ou l'état de personne graciée ».

Quant à une réglementation plus poussée des plateformes de médias sociaux, le document d'information indique que dans les prochaines semaines, les libéraux dévoileront « un cadre réglementaire afin de lutter contre le contenu préjudiciable en ligne ». On y lit que « le gouvernement du Canada mobilisera les Canadiens relativement à un document de travail technique détaillé qui exposera la proposition de rendre les exploitants de plateformes de médias sociaux plus transparents et responsables tout en luttant contre le contenu préjudiciable en ligne ».

Cela veut dire qu'au cours de la période précédant le déclenchement prévu des élections anticipées, les libéraux tenteront de détourner l'attention de l'héritage colonial raciste de l'État canadien tel qu'il est encore pratiqué aujourd'hui et de la tourner vers les gazouillis et les messages que les Canadiens s'échangent sur les médias sociaux comme prétendue source du racisme au Canada.

Les Canadiens méprisent les attaques contre toute section du peuple, ce qui inclut la pratique médiévale de diffamation des personnes par des attaques personnelles, en semant publiquement le doute sur leur personne et en utilisant le pouvoir de ses fonctions ou de sa position pour renvoyer des personnes sur la base de leurs opinions ou pour avoir mis en oeuvre des choses que les autorités n'aiment pas. En même temps, il est vérifiable que la plupart des atteintes aux droits de différents groupes de personnes sont organisées par l'État ou inspirées par l'État. Les gouvernements, à tous les niveaux, utilisent ou tolèrent la diffamation au point de terrifier les Canadiens, y compris les jeunes, en leur faisant croire que s'ils s'expriment librement sur des sujets de préoccupation, ou s'ils portent certains vêtements, dansent certaines danses ou chantent certaines chansons, ils mettent en danger la sécurité nationale, diffusent de fausses informations, se font les dupes d'une puissance étrangère, répandent la haine, se livrent à des actes de racisme, de suprématie blanche ou d'appropriation culturelle, ou qu'ils sont anti-trans, anti-femmes et bien d'autres choses encore. Cela impose un tabou sur toute discussion alors que ceux qui commettent des crimes contre le peuple ne sont pas réellement jugés pour ces crimes, mais pour leur discours. Tout cela a pour but de diviser le corps politique au nom de la défense des droits, tout en protégeant ceux qui agissent réellement contre les droits des êtres humains.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 8 - 4 juillet 2021

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