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Pfizer-BioNTech exige que le Canada paie le prix fort pour les vaccins
- K.C. Adams -
La Presse canadienne
rapporte que Pfizer-BioNTech a exigé des sommes
supplémentaires du gouvernement canadien pour la
livraison de vaccins quelques semaines plus tôt
que ce qui avait été prévu. Les détails se
trouvent dans des contrats copieusement caviardés
avec les cartels pharmaceutiques mondiaux privés
qui ont été remis en juin au comité de la santé de
la Chambre des communes. Le gouvernement a conclu
un contrat avec le cartel américain Pfizer et
l'allemand BioNTech l'année dernière prévoyant
l'achat de 20 millions de doses du vaccin pour la
COVID-19. Les prix et les horaires de livraison
ont été supprimés dans les copies caviardées des
contrats rendues disponibles aux députés membres
du comité.
Alors que la pandémie s'emparait de tout le pays
l'automne dernier, la conseillère médicale en chef
de Santé Canada, la docteure Supriya Sharma, a
annoncé que son ministère était sur le point
d'approuver le vaccin Pfizer-BioNTech pour le
grand public, ce qu'elle a fait le 9 décembre. Le
gouvernement a ultérieurement demandé au cartel de
livrer le vaccin avant la date prévue.
La Presse canadienne écrit que le gouvernement
canadien « s'est empressé de demander à Pfizer si
son contrat pouvait être modifié, question de
faire livrer une certaine quantité de doses plus
tôt. Le 4 décembre, Canada et Pfizer ont signé un
amendement permettant des livraisons, mais à grand
prix. 'Attendu que l'acheteur a demandé de
modifier l'horaire de livraison, Pfizer a accepté
qu'un certain nombre de doses prévus au contrat
soient livrées avant le 1er janvier 2021, et en
vertu de cette entente, les partis ont accepté
d'augmenter le prix prévu au contrat des doses qui
seront livrées avant le 1er janvier 2021', selon
le nouveau contrat. Tous les détails du contrat
ayant trait au prix payé ont été caviardés avant
que les documents ne soient publiés.
« Il est difficile de savoir quel prix
précisément le Canada a payé pour les 250 millions
de doses du vaccin préalablement acquises. Selon
le budget 2021 publié en avril, le total serait
d'approximativement 9 milliards de dollars. »
Les copies caviardées ont soulevé l'ire des
membres du comité de santé parlementaire
puisqu'ils avaient spécifiquement, par ordonnance,
exigé des documents non caviardés. Écrivant sur
Twitter, le porte-parole du NPD en matière de
santé, Don Davies, a fait part de sa frustration
que le gouvernement ait ignoré l'ordonnance du
comité : « Après plusieurs mois de travail
acharné, l'opposition a enfin obtenu les contrats
canadiens liés aux vaccins. Sans surprise, les
libéraux les ont publiés un vendredi en fin de
journée alors qu'il restait à peine une semaine de
session. Aussi sans surprise, ils les ont
caviardés en violation de l'ordonnance de la
Chambre. »
La ministre de l'Approvisionnement du
gouvernement libéral, Anita Anand, a dit que les
huit contrats avec les grandes compagnies
pharmaceutiques contiennent des clauses de
confidentialité l'empêchant de les publier,
ajoutant qu'elle n'avait aucune intention de
violer ces clauses et de risquer de mettre en
danger l'approvisionnement en vaccins du Canada.
C'est
tout un aveu que de prétendre que dire la vérité
au sujet d'une entente entre le gouvernement et
des entreprises ayant des intérêts privés pourrait
« mettre en danger » la santé et la vie des
Canadiens. En réalité, la vérité ne réside pas
dans des pactes avec le diable, mais dans ce qui
se trouve au coeur du problème. Les Canadiens ne
contrôlent pas leur système de santé, ni la
recherche, ni la production des fournitures et des
équipements modernes dont ils ont besoin. Les
oligarques mondiaux qui contrôlent le secteur
perçoivent les Canadiens comme ils perçoivent tous
les peuples sur cette planète – comme des
consommateurs qui doivent payer pour les produits
que les oligarques possèdent et contrôlent.
Crachez les sous et rendez-nous riches ou
subissez-en les contrecoups, voilà leur mantra
mafieux.
Entre autres, la pandémie a mis en lumière
l'absence d'un secteur pharmaceutique contrôlé par
le Canada. Il en ressort l'absence d'un secteur
pharmaceutique viable et, plus important encore,
un secteur qui est contrôlé par les Canadiens en
tant qu'entreprise centrée sur l'humain et vouée à
servir le bien-être et la santé des Canadiens et
non les profits privés des oligarques.
Un secteur pharmaceutique centré sur l'humain
aurait aussi la responsabilité sociale de munir
les Canadiens d'une culture scientifique, de leur
inspirer confiance face aux médicaments offerts, y
compris les vaccins. Présentement, les Canadiens
sont sceptiques, et cela est compréhensible, face
à l'industrie pharmaceutique, puisque le but de
cette dernière est le profit privé maximum. Les
grandes entreprises pharmaceutiques dépensent des
sommes faramineuses pour imposer leurs médicaments
au peuple, tels que les opioïdes, causant des
préjudices criminels à la santé et au bien-être de
la population. Les gouvernements sont de
connivence avec les oligarques et facilitent leurs
pratiques et leurs ventes. Cela doit cesser. On
doit interdire aux grandes entreprises
pharmaceutiques de causer des torts aux Canadiens,
mais aussi d'entraver le développement d'un
secteur pharmaceutique indépendant que le peuple
contrôle.
En plus d'entreprises
pharmaceutiques centrées sur l'humain, le
gouvernement doit mettre sur pied un système
d'assurance-médicaments qui distribuerait tous les
médicaments au Canada selon des règlements
rigoureux et les rendrait disponibles à tous ceux
dans le besoin par le biais d'un système
véritablement libre et universel. La pierre
angulaire d'un tel système moderne
d'assurance-médicaments doit être des entreprises
pharmaceutiques centrées sur l'humain qui
développent la recherche publique et les produits
pharmaceutiques qui inspirent confiance aux
Canadiens et que ceux-ci peuvent contrôler.
L'argent que l'assurance-médicaments recevrait
pour les médicaments permettrait aux entreprises
centrées sur l'humain de faire de la recherche,
développer et produire les produits
pharmaceutiques nécessaires, éduquer les Canadiens
en pharmacologie et prendre en compte les
conditions sociales qui causent de nombreuses
maladies et lésions et les actions requises pour
changer ces conditions.
Advenant que les grandes entreprises
pharmaceutiques voudraient vendre leurs
médicaments au Canada, le gouvernement devrait
obliger ces cartels mondiaux à vendre seulement
par le biais de l'assurance-médicaments, dévoiler
toute connaissance scientifique liée aux
médicaments en question et faire en sorte qu'elle
soit disponible au public. Le gouvernement devra
aussi exiger les détails des coûts de production
des médicaments afin de fixer un prix de marché
légitime que l'assurance-médicaments pourrait
payer. L'assurance-médicaments interdirait aussi
aux grandes entreprises pharmaceutiques d'imposer
leurs médicaments aux Canadiens, que ce soit au
moyen de campagnes publicitaires ou en faisant
leur promotion par le biais du système médical où
elles exercent leur influence. La pandémie a
clairement mis en lumière la nécessité de bâtir un
secteur pharmaceutique centré sur l'humain doté
d'un système d'assurance-médicaments moderne.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 8 - 4 juillet 2021
Lien de l'article:
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