Les canicules, les feux de forêt et les inondations d'une ampleur record sonnent l'alarme comme jamais auparavant

Des vagues de chaleur qui s'aggravent font actuellement de nombreuses victimes au Canada. Non seulement les températures les plus élevées jamais enregistrées sont très alarmantes, mais l'inaction des gouvernements pour protéger la population malgré tous les moyens dont ils disposent pour le faire l'est tout autant. Pendant ce temps, tant le gouvernement du Canada que celui des États-Unis refusent d'assumer la responsabilité de l'absence d'eau potable dans de nombreuses communautés. Au Canada, plus de 30 communautés vivant sur des réserves n'ont pas d'eau potable sécuritaire. C'est le cas également de plusieurs villes américaines où la sécheresse est devenue permanente. Les conséquences des catastrophes liées à la nature touchent les peuples du monde entier, notamment en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes. C'est comme si la domination de la nature par les êtres humains n'avait jamais eu lieu et était hors de portée, ce qui est un non-sens total.

Le problème sérieux est de répondre au besoin évident d'exiger des comptes des gouvernements des grandes puissances qui abritent et protègent les entreprises et les oligopoles géants qui commettent impunément des crimes contre les humains et la nature. Ces entreprises et ces oligopoles géants agissent en coalitions et en cartels pour promouvoir leurs intérêts privés étroits, quel qu'en soit le coût. Ils sont tellement cyniques qu'ils se parent de nouveaux plans « verts », eux aussi fondés sur l'obligation pour les gouvernements de se plier à leurs exigences, tandis que la réputation des scientifiques et des personnes qui s'expriment est détruite par la persécution et la privation de leurs moyens de subsistance. C'est médiéval et cela montre le tribut que la régression fait payer aux sociétés à la suite de l'offensive mondiale antisociale néolibérale. Cela révèle l'urgence de trouver des moyens d'obliger les gouvernements et ceux qui facilitent que des crimes soient commis, à rendre des comptes.

À la fin du mois de juin, un phénomène météorologique connu sous le nom de « dôme de chaleur » s'est installé sur la côte ouest des États-Unis et du Canada, provoquant des températures record. La National Oceanic and Atmospheric Administration du département américain du commerce décrit un dôme de chaleur comme un phénomène météorologique qui se produit lorsque l'atmosphère emprisonne l'air chaud de l'océan comme un couvercle ou un bouchon. On dit que cela se produit lorsqu'il y a un fort changement dans la température de l'océan. En raison de la convexion, l'air chaud s'élève au-dessus de la surface de l'océan sous la forme d'une montagne ou d'un dôme. L'air chaud est piégé par les fronts de haute pression, et lorsqu'il est repoussé vers le sol, il se réchauffe encore plus. Cette situation empêche également la formation de nuages, ce qui permet au rayonnement solaire d'atteindre le sol en plus grande quantité.

Des centaines de personnes seraient mortes de la chaleur en Colombie britannique, dans les États de Washington et de l'Oregon. Le « dôme de chaleur » se déplace vers l'est et Environnement Canada a émis des alertes à la chaleur de la Colombie-Britannique jusqu'au nord de l'Ontario. Juste avant, une canicule a touché le sud-ouest des États-Unis.

Rien qu'en Colombie-Britannique, on a enregistré 719 « décès soudains et inattendus » entre les 25 et le 1er juillet, soit plus que trois fois le nombre considéré comme normal, a dit Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique. Le village de Lytton, en Colombie-Britannique, qui a atteint une température record de 49,6 degrés Celsius le 29 juin, a brûlé dans un incendie de forêt le 1er juillet dans des conditions extrêmement chaudes et sèches. Selon le service des incendies de forêt de la Colombie-Britannique, le 1er juillet, 82 feux de forêt brûlaient dans la province, dont 52 avaient démarré dans les 48 heures précédentes. En plus des conditions chaudes et sèches, 29 000 coups de foudre ont été signalés le 1er juillet. La Colombie-Britannique est également la province qui compte le plus grand nombre d'avis d'ébullition de l'eau, soit 212 le 2 juillet, et le manque d'accès à l'eau potable pour que les gens puissent s'hydrater risquent maintenant de s'aggraver.

Aux États-Unis, la climatisation à Seattle, dans l'État de Washington, et à Portland, dans l'Oregon, serait peu courante en raison de la douceur des étés. National Public Radio (NPR) rapporte que « Seattle se classe comme la ville la moins climatisée en comparaison aux 15 principales zones métropolitaines contenues dans la plus récente enquête sur les logements américains du Bureau du recensement des États-Unis de 2019. À l'échelle nationale, environ 91 % des foyers américains disposent d'une installation de climatisation de base, selon les données de l'American Housing Survey. En comparaison, ce chiffre est de 78 % pour Portland et de seulement 44 % pour Seattle ». Le manque d'accès garanti à l'eau en tant que droit humain est également un problème aux États-Unis, où au moins deux millions de personnes n'ont pas accès à l'eau courante, soit en raison du manque d'infrastructures pour la purification ou le transport de l'eau, soit tout simplement parce qu'elles n'ont pas les moyens de payer pour ce service. Cela entraîne un plus grand nombre de décès durant une canicule.

Dans un bulletin d'information du 30 juin, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) note qu'outre les effets sur les personnes, le stress thermique touchera également « les animaux et la végétation; la qualité de l'air (polluants dus à l'air chaud et stable); le risque de feux de forêt; la possibilité de glissements de terrain causés par la fonte des glaciers en montagne; les dommages et le mauvais fonctionnement des infrastructures et des systèmes de transport non préparés à des températures aussi élevées; et de nombreux autres risques sociaux et économiques. »

L'OMM ajoute que « d'autres parties de l'hémisphère nord connaissent déjà des conditions exceptionnelles de début d'été chaud qui s'étendent de l'Afrique du Nord à la péninsule arabique, en passant par l'Europe orientale, l'Iran et le nord-ouest du continent indien. Les températures maximales quotidiennes ont dépassé 45 degrés Celsius en plusieurs endroits et ont atteint 50 degrés Celsius dans le Sahara. L'ouest de la Libye a connu des températures supérieures de plus de 10 degrés Celsius à la moyenne pour le mois de juin ».

L'ouest de la Russie et les régions situées autour de la mer Caspienne ont également connu des températures inhabituellement élevées en raison de la présence continue d'une vaste zone de haute pression, indique l'OMM. « Dans certaines parties de la région, notamment à Moscou, les températures devraient atteindre les 30 degrés Celsius en journée et rester supérieures à 20 degrés Celsius la nuit. Dans les zones proches de la mer Caspienne, les températures devraient atteindre les 40 degrés Celsius et rester supérieures à 25 degrés Celsius la nuit. Il est probable que certains records de température de tous les temps seront établis pendant cette vague de chaleur. »

« Ces conditions météorologiques chaudes du début de l'été se déroulent dans un contexte de changements climatiques induits par l'homme, les températures mondiales étant déjà supérieures de 1,2 degré Celsius aux niveaux préindustriels », rapporte l'OMM.

« Les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et plus intenses à mesure que les concentrations de gaz à effet de serre entraînent une hausse des températures mondiales. Nous constatons également qu'elles commencent plus tôt et se terminent plus tard et qu'elles ont des conséquences de plus en plus graves sur la santé humaine », a déclaré Omar Baddour, chef de la Division de la surveillance du climat et des politiques climatiques de l'OMM.

Outre les canicules qui sévissent dans le monde entier, les phénomènes météorologiques violents sous forme de tempêtes constituent également une préoccupation majeure à l'heure actuelle. L'ouragan Elsa, le premier de la saison 2021 dans l'Atlantique, devrait frapper la République dominicaine, Haïti, la Jamaïque, et l'est de Cuba avec des vents violents et des menaces d'inondations soudaines et de coulées de boue dans certaines parties de ces îles. Elsa est un ouragan de catégorie 1 avec des vents soutenus de 120 km/heure. Les conséquences sur les peuples d'Haïti et de la République dominicaine seront dévastatrices étant donné leur appauvrissement aux mains des oligarques dirigeants au service des impérialistes américains et d'autres impérialistes, tandis que le blocus de Cuba par les États-Unis constitue un crime qui frappe très durement le peuple et rend le redressement de plus en plus difficile. Il n'existe aucun doute dans l'esprit de tous sur qui endommage l'environnement naturel et provoque les conditions qui menacent des populations entières en ce moment.

Pendant ce temps, le groupe d'experts intergouvernemental des Nations unies sur l'évolution du climat a fait état de l'extinction d'espèces, de maladies plus répandues, d'une chaleur insupportable, de l'effondrement d'écosystèmes, de villes menacées par la montée des eaux. Il a déclaré que ces effets dévastateurs du climat, ainsi que d'autres, s'accélèrent et deviendront douloureusement évidents avant que les enfants nés aujourd'hui aient atteint l'âge de 30 ans.

Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les choix que les sociétés font aujourd'hui détermineront si notre espèce prospère ou survit simplement au cours du XXIe siècle. Dans un projet de rapport, le GIEC affirme que les seuils dangereux sont plus proches qu'on ne le pensait, que des conséquences désastreuses « sont inévitables à court terme » et que « le pire est encore à venir, affectant la vie de nos enfants et petits-enfants bien plus que la nôtre ».

Il est urgent d'inverser cette tendance alarmante. L'humanité a donné naissance à d'énormes forces productives. Elles sont censées être à notre service, mais les êtres humains ne parviennent pas à les maîtriser pour les mettre au service de l'humanité. Tant que ceux qui détiennent le pouvoir politique privilégieront les intérêts privés étroits des oligarques mondiaux, et non le bien-être de l'humanité, cela continuera d'être le cas. Si l'on n'y remédie pas, le développement colossal des forces productives continuera à menacer notre existence même.

L'oligarchie financière et l'industrie des combustibles fossiles, qui se sont emparées de l'État aux États-Unis et dans d'autres pays, tirent la sonnette d'alarme pour que les gouvernements financent des stratagèmes d'« économie verte » pour payer les riches. C'est cynique et il faut y mettre fin. En même temps qu'ils tirent la sonnette d'alarme sur les dangers réels, ils continuent de commettre des crimes contre la nature et l'humanité. En avril dernier, alors même que le président américain Biden organisait son sommet des dirigeants sur le climat, son administration a simultanément donné son appui au Japon qui déverse les déchets radioactifs issus de l'effondrement de la centrale nucléaire de Fukushima, directement dans l'océan Pacifique ! Biden a déclaré que les États-Unis plaçaient le climat au centre de leur politique étrangère, alors que les États-Unis, l'OTAN et d'autres alliés impérialistes occidentaux mènent les plus grands exercices militaires de guerre depuis la Deuxième Guerre mondiale, tant en Europe qu'en Asie-Pacifique.

Notre environnement est appelé la victime silencieuse de la guerre. La guerre et les préparatifs de guerre consomment beaucoup de combustibles fossiles. Le plus grand consommateur d'énergie aux États-Unis est le département de la Défense. C'est le plus grand consommateur institutionnel de pétrole au monde. Près de 70 % de toute l'énergie est consommée par le déplacement et l'utilisation des troupes et des équipements dans le monde entier, ce qui entraîne la combustion de grandes quantités de carburant pour avions et de diesel.

Les peuples du monde s'efforcent de prendre les choses en main pour restreindre et réussir à priver les monopoles, les oligopoles et les gouvernements à leur service de leur capacité à polluer, détruire, surexploiter, et à fouler au pied les droits souverains des nations et des peuples autochtones, et à mener des guerres à des fins de domination. Ils prennent toutes sortes de mesures pour tenter de prendre le contrôle des décisions qui affectent nos vies et l'environnement humain et naturel. Les forces productives doivent être mises au service du bien-être de l'humanité. C'est l'aspiration des travailleurs à s'investir du pouvoir de décider qui unit les personnes de tous horizons pour en faire une force organisée au service de la société dans le but d'humaniser l'environnement social et naturel.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 8 - 4 juillet 2021

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