Les canicules, les feux de forêt et les inondations d'une ampleur record sonnent l'alarme comme jamais auparavant
- Nick Lin -
Des vagues de chaleur qui s'aggravent font
actuellement de nombreuses victimes au Canada. Non
seulement les températures les plus élevées jamais
enregistrées sont très alarmantes, mais l'inaction
des gouvernements pour protéger la population
malgré tous les moyens dont ils disposent pour le
faire l'est tout autant. Pendant ce temps, tant le
gouvernement du Canada que celui des États-Unis
refusent d'assumer la responsabilité de l'absence
d'eau potable dans de nombreuses communautés. Au
Canada, plus de 30 communautés vivant sur des
réserves n'ont pas d'eau potable sécuritaire.
C'est le cas également de plusieurs villes
américaines où la sécheresse est devenue
permanente. Les conséquences des catastrophes
liées à la nature touchent les peuples du monde
entier, notamment en Asie, en Afrique, en Amérique
latine et dans les Caraïbes. C'est comme si la
domination de la nature par les êtres humains
n'avait jamais eu lieu et était hors de portée, ce
qui est un non-sens total.
Le
problème sérieux est de répondre au besoin évident
d'exiger des comptes des gouvernements des grandes
puissances qui abritent et protègent les
entreprises et les oligopoles géants qui
commettent impunément des crimes contre les
humains et la nature. Ces entreprises et ces
oligopoles géants agissent en coalitions et en
cartels pour promouvoir leurs intérêts privés
étroits, quel qu'en soit le coût. Ils sont
tellement cyniques qu'ils se parent de nouveaux
plans « verts », eux aussi fondés sur l'obligation
pour les gouvernements de se plier à leurs
exigences, tandis que la réputation des
scientifiques et des personnes qui s'expriment est
détruite par la persécution et la privation de
leurs moyens de subsistance. C'est médiéval et
cela montre le tribut que la régression fait payer
aux sociétés à la suite de l'offensive mondiale
antisociale néolibérale. Cela révèle l'urgence de
trouver des moyens d'obliger les gouvernements et
ceux qui facilitent que des crimes soient commis,
à rendre des comptes.
À la fin du mois de juin, un phénomène
météorologique connu sous le nom de « dôme de
chaleur » s'est installé sur la côte ouest des
États-Unis et du Canada, provoquant des
températures record. La National Oceanic and
Atmospheric Administration du département
américain du commerce décrit un dôme de chaleur
comme un phénomène météorologique qui se produit
lorsque l'atmosphère emprisonne l'air chaud de
l'océan comme un couvercle ou un bouchon. On dit
que cela se produit lorsqu'il y a un fort
changement dans la température de l'océan. En
raison de la convexion, l'air chaud s'élève
au-dessus de la surface de l'océan sous la forme
d'une montagne ou d'un dôme. L'air chaud est piégé
par les fronts de haute pression, et lorsqu'il est
repoussé vers le sol, il se réchauffe encore plus.
Cette situation empêche également la formation de
nuages, ce qui permet au rayonnement solaire
d'atteindre le sol en plus grande quantité.
Des centaines de personnes seraient mortes de la
chaleur en Colombie britannique, dans les États de
Washington et de l'Oregon. Le « dôme de chaleur »
se déplace vers l'est et Environnement Canada a
émis des alertes à la chaleur de la
Colombie-Britannique jusqu'au nord de l'Ontario.
Juste avant, une canicule a touché le sud-ouest
des États-Unis.
Rien qu'en Colombie-Britannique, on a enregistré
719 « décès soudains et inattendus » entre les 25
et le 1er juillet, soit plus que trois fois le
nombre considéré comme normal, a dit Lisa
Lapointe, coroner en chef de la
Colombie-Britannique. Le village de Lytton, en
Colombie-Britannique, qui a atteint une
température record de 49,6 degrés Celsius le 29
juin, a brûlé dans un incendie de forêt le 1er
juillet dans des conditions extrêmement chaudes et
sèches. Selon le service des incendies de forêt de
la Colombie-Britannique, le 1er juillet, 82 feux
de forêt brûlaient dans la province, dont 52
avaient démarré dans les 48 heures précédentes. En
plus des conditions chaudes et sèches, 29 000
coups de foudre ont été signalés le 1er juillet.
La Colombie-Britannique est également la province
qui compte le plus grand nombre d'avis
d'ébullition de l'eau, soit 212 le 2 juillet, et
le manque d'accès à l'eau potable pour que les
gens puissent s'hydrater risquent maintenant de
s'aggraver.
Aux États-Unis, la climatisation à Seattle, dans
l'État de Washington, et à Portland, dans
l'Oregon, serait peu courante en raison de la
douceur des étés. National Public Radio (NPR)
rapporte que « Seattle se classe comme la ville la
moins climatisée en comparaison aux 15 principales
zones métropolitaines contenues dans la plus
récente enquête sur les logements américains du
Bureau du recensement des États-Unis de 2019. À
l'échelle nationale, environ 91 % des foyers
américains disposent d'une installation de
climatisation de base, selon les données de
l'American Housing Survey. En comparaison, ce
chiffre est de 78 % pour Portland et de seulement
44 % pour Seattle ». Le manque d'accès garanti à
l'eau en tant que droit humain est également un
problème aux États-Unis, où au moins deux millions
de personnes n'ont pas accès à l'eau courante,
soit en raison du manque d'infrastructures pour la
purification ou le transport de l'eau, soit tout
simplement parce qu'elles n'ont pas les moyens de
payer pour ce service. Cela entraîne un plus grand
nombre de décès durant une canicule.
Dans un bulletin d'information du 30 juin,
l'Organisation météorologique mondiale (OMM) note
qu'outre les effets sur les personnes, le stress
thermique touchera également « les animaux et la
végétation; la qualité de l'air (polluants dus à
l'air chaud et stable); le risque de feux de
forêt; la possibilité de glissements de terrain
causés par la fonte des glaciers en montagne; les
dommages et le mauvais fonctionnement des
infrastructures et des systèmes de transport non
préparés à des températures aussi élevées; et de
nombreux autres risques sociaux et économiques. »
L'OMM ajoute que « d'autres parties de
l'hémisphère nord connaissent déjà des conditions
exceptionnelles de début d'été chaud qui
s'étendent de l'Afrique du Nord à la péninsule
arabique, en passant par l'Europe orientale,
l'Iran et le nord-ouest du continent indien. Les
températures maximales quotidiennes ont dépassé 45
degrés Celsius en plusieurs endroits et ont
atteint 50 degrés Celsius dans le Sahara. L'ouest
de la Libye a connu des températures supérieures
de plus de 10 degrés Celsius à la moyenne pour le
mois de juin ».
L'ouest de la Russie et les régions situées
autour de la mer Caspienne ont également connu des
températures inhabituellement élevées en raison de
la présence continue d'une vaste zone de haute
pression, indique l'OMM. « Dans certaines parties
de la région, notamment à Moscou, les températures
devraient atteindre les 30 degrés Celsius en
journée et rester supérieures à 20 degrés Celsius
la nuit. Dans les zones proches de la mer
Caspienne, les températures devraient atteindre
les 40 degrés Celsius et rester supérieures à 25
degrés Celsius la nuit. Il est probable que
certains records de température de tous les temps
seront établis pendant cette vague de chaleur. »
« Ces conditions météorologiques
chaudes du début de l'été se déroulent dans un
contexte de changements climatiques induits par
l'homme, les températures mondiales étant déjà
supérieures de 1,2 degré Celsius aux niveaux
préindustriels », rapporte l'OMM.
« Les vagues de chaleur deviennent plus
fréquentes et plus intenses à mesure que les
concentrations de gaz à effet de serre entraînent
une hausse des températures mondiales. Nous
constatons également qu'elles commencent plus tôt
et se terminent plus tard et qu'elles ont des
conséquences de plus en plus graves sur la santé
humaine », a déclaré Omar Baddour, chef de la
Division de la surveillance du climat et des
politiques climatiques de l'OMM.
Outre les canicules qui sévissent dans le monde
entier, les phénomènes météorologiques violents
sous forme de tempêtes constituent également une
préoccupation majeure à l'heure actuelle.
L'ouragan Elsa, le premier de la saison 2021 dans
l'Atlantique, devrait frapper la République
dominicaine, Haïti, la Jamaïque, et l'est de Cuba
avec des vents violents et des menaces
d'inondations soudaines et de coulées de boue dans
certaines parties de ces îles. Elsa est un ouragan
de catégorie 1 avec des vents soutenus de 120
km/heure. Les conséquences sur les peuples d'Haïti
et de la République dominicaine seront
dévastatrices étant donné leur appauvrissement aux
mains des oligarques dirigeants au service des
impérialistes américains et d'autres
impérialistes, tandis que le blocus de Cuba par
les États-Unis constitue un crime qui frappe très
durement le peuple et rend le redressement de plus
en plus difficile. Il n'existe aucun doute dans
l'esprit de tous sur qui endommage l'environnement
naturel et provoque les conditions qui menacent
des populations entières en ce moment.
Pendant ce temps, le groupe d'experts
intergouvernemental des Nations unies sur
l'évolution du climat a fait état de l'extinction
d'espèces, de maladies plus répandues, d'une
chaleur insupportable, de l'effondrement
d'écosystèmes, de villes menacées par la montée
des eaux. Il a déclaré que ces effets dévastateurs
du climat, ainsi que d'autres, s'accélèrent et
deviendront douloureusement évidents avant que les
enfants nés aujourd'hui aient atteint l'âge de 30
ans.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat, les choix que les sociétés
font aujourd'hui détermineront si notre espèce
prospère ou survit simplement au cours du XXIe
siècle. Dans un projet de rapport, le GIEC affirme
que les seuils dangereux sont plus proches qu'on
ne le pensait, que des conséquences désastreuses «
sont inévitables à court terme » et que « le pire
est encore à venir, affectant la vie de nos
enfants et petits-enfants bien plus que la nôtre
».
Il est urgent d'inverser cette tendance
alarmante. L'humanité a donné naissance à
d'énormes forces productives. Elles sont censées
être à notre service, mais les êtres humains ne
parviennent pas à les maîtriser pour les mettre au
service de l'humanité. Tant que ceux qui
détiennent le pouvoir politique privilégieront les
intérêts privés étroits des oligarques mondiaux,
et non le bien-être de l'humanité, cela continuera
d'être le cas. Si l'on n'y remédie pas, le
développement colossal des forces productives
continuera à menacer notre existence même.
L'oligarchie financière et l'industrie des
combustibles fossiles, qui se sont emparées de
l'État aux États-Unis et dans d'autres pays,
tirent la sonnette d'alarme pour que les
gouvernements financent des stratagèmes d'«
économie verte » pour payer les riches. C'est
cynique et il faut y mettre fin. En même temps
qu'ils tirent la sonnette d'alarme sur les dangers
réels, ils continuent de commettre des crimes
contre la nature et l'humanité. En avril dernier,
alors même que le président américain Biden
organisait son sommet des dirigeants sur le
climat, son administration a simultanément donné
son appui au Japon qui déverse les déchets
radioactifs issus de l'effondrement de la centrale
nucléaire de Fukushima, directement dans l'océan
Pacifique ! Biden a déclaré que les États-Unis
plaçaient le climat au centre de leur politique
étrangère, alors que les États-Unis, l'OTAN et
d'autres alliés impérialistes occidentaux mènent
les plus grands exercices militaires de guerre
depuis la Deuxième Guerre mondiale, tant en Europe
qu'en Asie-Pacifique.
Notre environnement est
appelé la victime silencieuse de la guerre. La
guerre et les préparatifs de guerre consomment
beaucoup de combustibles fossiles. Le plus grand
consommateur d'énergie aux États-Unis est le
département de la Défense. C'est le plus grand
consommateur institutionnel de pétrole au monde.
Près de 70 % de toute l'énergie est consommée par
le déplacement et l'utilisation des troupes et des
équipements dans le monde entier, ce qui entraîne
la combustion de grandes quantités de carburant
pour avions et de diesel.
Les peuples du monde s'efforcent de prendre les
choses en main pour restreindre et réussir à
priver les monopoles, les oligopoles et les
gouvernements à leur service de leur capacité à
polluer, détruire, surexploiter, et à fouler au
pied les droits souverains des nations et des
peuples autochtones, et à mener des guerres à des
fins de domination. Ils prennent toutes sortes de
mesures pour tenter de prendre le contrôle des
décisions qui affectent nos vies et
l'environnement humain et naturel. Les forces
productives doivent être mises au service du
bien-être de l'humanité. C'est l'aspiration des
travailleurs à s'investir du pouvoir de décider
qui unit les personnes de tous horizons pour en
faire une force organisée au service de la société
dans le but d'humaniser l'environnement social et
naturel.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 8 - 4 juillet 2021
Lien de l'article:
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