La politique de la corde raide
menée par l'impérialisme
américain augmente le risque de guerre
La provocation mise en scène contre la Russie en mer Noire
- Steve Rutchinski -
Les États-Unis et leur alliance
agressive de l'OTAN, dans laquelle le gouvernement
de guerre de Grande-Bretagne est un important
joueur, pratique la politique de la corde raide
par laquelle ils hausse les possibilités d'une
nouvelle guerre dévastatrice, résultat de leurs
tentatives constantes de provoquer la Russie et la
Chine.
Un exemple en est
la provocation irréfléchie des forces de l'OTAN le
23 juin, au cours de laquelle un destroyer
britannique à missiles guidés, le HMS
Defender, a fait une incursion délibérée de
trois miles dans les eaux territoriales russes au
large de la côte de Crimée, dans la mer Noire.
L'incident a eu lieu un peu plus d'une semaine
après le sommet de l'OTAN à Bruxelles. À ce
sommet, l'OTAN a non seulement intensifié sa
rhétorique belliciste à l'encontre de la Russie et
de la Chine, mais a également déclaré qu'une
cyberattaque ou une attaque spatiale contre un
membre de l'OTAN pourrait, au même titre qu'une
attaque armée, déclencher l'article 5 de
l'alliance, qui oblige les autres membres de
l'OTAN à se porter à la défense d'un pays membre
ainsi attaqué - ou, si l'on en croit les
précédents, à attaquer conjointement un pays qui
refuse de se soumettre au diktat des États-Unis et
qui, de ce fait, est faussement accusé d'avoir
attaqué un membre de l'OTAN, ce qu'était
l'Afghanistan.
Le 23 juin, après que le destroyer britannique a
d'abord ignoré les avertissements verbaux et des
tirs d'avertissement des garde-côtes russes
l'invitant à changer de cap, puis les tirs
d'avertissement des garde-côtes, les avions de
chasse russes ont largué plusieurs bombes sur la
trajectoire du navire de guerre, qui a battu en
retraite hors des eaux territoriales russes. La
provocation s'est produit près du port de
Sevastapol, où est basée la flotte de la mer Noire
de la Russie. Ce genre de politique de la corde
raide orchestrée par les États-Unis, la
Grande-Bretagne et l'OTAN représente une grave
menace pour la paix et une escalade des tensions
internationales. De tels incidents peuvent
conduire et conduisent effectivement à des
confrontations armées et à la guerre.
C'est par cette provocation que les États-Unis ont
choisi de donner le coup d'envoi de leur opération
Sea Breeze 2021, qui se déroulera en mer Noire et
dans ses environs du 28 juin au 10 juillet. Les
États-Unis, dans le cadre de leur alliance
agressive avec l'OTAN et de leur soi-disant «
programme de partenariat pour la paix », et
l'Ukraine en tant que co-hôte, ont mobilisé 5 000
soldats, 32 navires et 40 avions pour les
exercices de guerre provocateurs et menaçants de
cette année, dirigés contre la Russie.
Le premier jour de l'exercice militaire a été
marqué par une nouvelle provocation : une frégate
néerlandaise, l'Evertsen, a changé de
cap et s'est dirigée vers le détroit de Kerch, une
zone de la mer Noire proche de la Crimée que la
Russie a expressément interdite aux navires de
guerre étrangers pendant une période de six mois à
compter d'avril. Des avions militaires russes ont
à nouveau été envoyés pour faire changer de
direction le navire de guerre et l'éloigner de ses
eaux territoriales.
Ce qu'a dit la Russie
S'exprimant lors d'une conférence internationale
sur la sécurité à Moscou le jour même de
l'incident avec le Defender, mais avant qu'il ne
se produise, le ministre russe de la défense,
Sergei Shoigu, a qualifié la situation en Europe
d'« explosive ». Il a notamment mentionné
l'activité provocatrice des navires de guerre des
États-Unis et de leurs alliés, affirmant qu'elle
faisait monter les tensions et créait les
conditions propices à la survenue d'incidents. Il
a déclaré que la situation actuelle était beaucoup
plus dangereuse qu'à l'époque de la guerre froide.
Le ministère russe de la Défense a qualifié les
actions du destroyer britannique de violation
flagrante de la Convention des Nations unies sur
le droit de la mer et a appelé la Grande-Bretagne
à enquêter sur les actions de l'équipage. Il a
déclaré que le Defender devrait être
rebaptisé HMS Aggresseur ou HMS
Provocateur.
Le président russe Vladimir Poutine a
confirmé cette position le 30 juin. « Il s'agit,
bien sûr, d'une provocation mise en scène non
seulement par les Britanniques, mais aussi par les
Américains, car le navire de guerre britannique
s'est aventuré dans nos eaux territoriales dans
l'après-midi alors que tôt le matin, à 7 h 30, un
avion de reconnaissance stratégique américain a
décollé d'un aérodrome de l'OTAN en Grèce. » Il a
déclaré que l'intrusion du destroyer britannique
visait à essayer de découvrir, aidé par l'avion de
reconnaissance américain, quelles seraient les
contre-mesures militaires de la Russie –
quelles installations elle activerait, où elles
sont situées et comment elles fonctionnent.
Vladimir Poutine a déclaré que la Russie pouvait
voir cela et s'est assurée que sa réponse ne
révélait que ce qu'elle jugeait approprié de
révéler.
Ce qu'a dit la Grande-Bretagne
Incroyablement, la Grande-Bretagne rejette
l'incident comme étant totalement anodin et nie
catégoriquement les déclarations faites par
l'armée russe et le président de la Fédération de
Russie comme étant fausses. Le premier ministre
britannique, Boris Johnson a affirmé que le
destroyer agissait en toute légalité, poursuivant
la liberté de navigation dans les eaux situées à
moins de 12 milles nautiques de la côte de Crimée,
qui, selon lui, est un territoire ukrainien
souverain, puisque « nous ne reconnaissons pas
l'annexion de la Crimée par la Russie ».
Le secrétaire britannique à la Défense, Ben
Wallace, a également tenté de dissimuler la nature
dangereusement provocatrice de l'action du
Defender. Il a menti au sujet de
l'intrusion, affirmant que le navire de guerre
effectuait un « passage anodin » dans les eaux
territoriales ukrainiennes, conformément au droit
international, et il a menti au sujet de la
réaction de la Russie, niant que des tirs de
sommation ou des bombes aient été lancés sur la
trajectoire du Defender pour le faire
changer de cap. Et ce, bien que la Russie ait
produit des vidéos montrant les mesures défensives
qu'elle a prises et des témoignages de membres
d'équipage.
Les États-Unis, le Canada et l'OTAN elle-même,
malgré une rhétorique quotidienne condamnant ce
qu'ils appellent l'agression russe, n'ont rien dit
non plus. Leur silence est plus éloquent que leur
machine de relations publiques proguerre dans
cette affaire.
L'organisation britannique contre la guerre Stop
the War a publié une déclaration le 24 juin dans
laquelle elle dénonce l'utilisation par la
Grande-Bretagne de son destroyer pour soutenir la
politique de la corde raide des États-Unis, la
qualifiant de « complètement irresponsable » et
d'« acte d'agression dangereux qui n'a rien à voir
avec la défense ou la sécurité ». Stop the War a
déclaré qu'il était clair que l'équipage du Defender
savait que ses actions étaient susceptibles
de provoquer un incident dangereux. Ils ont cité
un rapport du journaliste de la BBC Jonathan Beale
qui était intégré à l'équipage du navire de guerre
britannique. Jonathan Beale a déclaré que le
navire était effectivement harcelé par l'armée
russe et que l'équipage était déjà aux postes
d'action, avec tous les systèmes d'armes du navire
chargés, alors qu'il approchait de la pointe sud
de la Crimée.
Trente-deux pays de six
continents participent à l'opération Sea Breeze[1]. Vingt-quatre
membres des Forces armées canadiennes sont
déployés à Odessa, en Ukraine, pour prendre part à
l'exercice. La plupart des pays impliqués, dont le
Canada, n'ont aucune légitimité pour prétendre que
les manoeuvres militaires en mer Noire ont quelque
chose à voir avec leur défense nationale. Comme la
provocation du 23 juin, l'opération Sea Breeze
dément les affirmations selon lesquelles les
exercices de guerre de l'OTAN sont « défensifs »
et visent à préserver la paix internationale. Il
en va de même pour les plans récemment annoncés
par l'OTAN pour s'étendre à l'Asie-Pacifique, une
provocation visant la Chine et une menace pour les
peuples de la région. En fait, le HMS Defender
fait partie d'un groupe d'attaque de
porte-avions britannique qui se dirige vers la mer
de Chine méridionale pour des exercices militaires
avec la marine américaine et les forces maritimes
d'autodéfense japonaises. Avant d'acquérir une
certaine notoriété pour avoir organisé une
provocation contre la Russie, la Royal Navy a
annoncé qu'elle s'était temporairement séparée du
groupe pour mener à bien sa « propre série de
missions » en mer Noire.
La fréquence, l'ampleur et l'esprit de
provocation de ces exercices de guerre, avec des
puissances nucléaires dans les camps opposés,
constituent un danger réel et actuel pour la paix
et la sécurité mondiales. Les Canadiens ne peuvent
tolérer une telle imprudence ni le mensonge qui
entoure les activités des États-Unis et de l'OTAN.
Cela doit cesser. Non à l'OTAN. Le Canada hors de
l'OTAN.
Note
1. La marine américaine
accueille l'opération Sea Breeze, avec la marine
ukrainienne comme co-hôte, depuis 1997. Pays
impliqués en 2021 : Albanie, Australie, Brésil,
Bulgarie, Canada, Danemark, Égypte, Émirats
arabes unis, Espagne, Estonie, France, Géorgie,
Grèce, Israël, Italie, Japon, Lettonie,
Lituanie, Maroc, Moldova, Norvège, Pakistan,
Pologne, Roumanie, Sénégal, Corée du Sud, Suède,
Tunisie, Turquie, Ukraine et Royaume-Uni. Le 2e
groupe maritime permanent de l'OTAN est
également un participant.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 8 - 4 juillet 2021
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