Bannière
              du Marxiste-Léniniste

Numéro 7

6 juin 2021


La direction insoutenable de l'économie et
autres sujets de grave préoccupation

TABLE DES MATIÈRES

Dénonçons les mesures inhumaines qui privent l'humanité
du traitement pour la COVID-19

Le gouvernement Trudeau approuve l'exploitation obscène
d'une maladie cruelle

La suspension des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins COVID-19 est une nécessité humanitaire

L'accès mondial aux vaccins anti-COVID-19 a raté ses cibles

- Nhan Dan -

Le besoin urgent de lever les sanctions qui privent des pays entiers de protections contre la COVID-19

Il y a des alternatives!


Hausse des profits d'entreprises pendant la pandémie

Les assurances-médicaments impérialistes pour les vaccins font de nouveaux milliardaires

Les fusions et acquisitions se produisent à un rythme effréné

Les subventions salariales du gouvernement fédéral augmentent les profits des grandes entreprises pendant la pandémie

- Centre ouvrier du PCC(M-L) -


Les travailleurs doivent exercer le pouvoir décisionnel
sur nos ressources naturelles

Les plans de l'industrie de l'aluminium de payer les riches
pour la modernisation

Le projet « ELYSIS » qualifié de « modernisation progressive »

- K.C. Adams -

Les travailleurs de l'Alberta et leurs alliés affrontent les milliardaires australiens du charbon

- Dougal MacDonald (Ph. D. en éducation) -

Les baies sauvages de la Colombie-Britannique sont impropres à la consommation humaine et animale

- Peter Ewart -

Les forêts québécoises sont plus que des arbres à abattre

- Pierre Soublière -

Mexique, glyphosate et Bayer-Monsanto



Dénonçons les mesures inhumaines qui privent l'humanité
de traitement pour la COVID-19

Le gouvernement Trudeau approuve l'exploitation obscène d'une maladie cruelle


Piquet devant l'assemblée des actionnaires de Moderna, Boston, le 28 avril 2021

« La médecine, telle que nous la pratiquons, est un commerce de luxe. Nous vendons du pain au prix des bijoux... Supprimons le profit, le profit économique privé, de la médecine, et purifions notre profession de l'individualisme rapace. » - Norman Bethune[1]

La pandémie de la COVID-19 a pleinement révélé que le blocage des solutions centrées sur l'humain sur tous les fronts est devenu le trait qui caractérise le mieux le gouvernement Trudeau. Le fait qu'il se plie aux exigences des grandes sociétés pharmaceutiques en est un exemple, et un exemple méprisable.

À cet égard, son gouvernement a tout fait pour s'assurer que la recherche, le développement et les installations de production du Canada soient entravés et que le pays reste dépendant de la propriété et du contrôle étrangers. Sa servilité envers les oligopoles et les cartels d des grandes entreprises pharmaceutiques est chaque jour plus regrettable pour les dommages qu'elle cause à l'humanité.

Non seulement le premier ministre Justin Trudeau a-t-il refusé de soutenir la suspension des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins, mais dans la même entrevue a annoncé un nouveau financement de 375 millions de dollars pour le « dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 », ce qui s'ajoute aux 940 millions de dollars déjà engagés. Le dispositif d'accès accéléré et le mécanisme COVAX sont des éléments du programme mondial d'assurance-médicaments pour les vaccins qui concernent l'achat de vaccins aux cartels des grandes sociétés pharmaceutiques et leur distribution au monde entier.

Justin Trudeau a laissé à sa ministre du Commerce international, Mary Ng, le soin de défendre les grandes sociétés pharmaceutiques et leur droit de monopole qui leur permet de faire des profits obscènes avec la crise sanitaire. Elle a déclaré que le Canada « croit fermement en l'importance de la protection de la propriété intellectuelle et reconnaît le rôle essentiel qu'a joué l'industrie dans l'innovation visant à mettre au point et à fournir des vaccins contre la COVID-19 qui sauvent des vies ».

Médicaments novateurs Canada, un groupe industriel qui représente certains des cartels des grandes entreprises pharmaceutiques, a cherché à justifier le refus du gouvernement Trudeau de suspendre les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins en déclarant dans un communiqué qu'« une dérogation des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce ne résoudra pas les problèmes causés par les barrières commerciales, l'engorgement de la chaîne d'approvisionnement mondiale et les pénuries de matières premières qui influencent l'approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 ».

Tous ces « problèmes » dont il est question sont attribuables à l'usurpation du pouvoir de l'État par l'oligarchie financière mondiale, qui l'utilise dans sa quête de contrôle ou d'acquisition d'intérêts concurrents et pour le contrôle de l'économie mondiale elle-même. L'économie mondiale réclame à grands cris l'élimination de l'emprise des intérêts privés étroits qui la contrôlent pour que les êtres humains puissent l'orienter dans une direction qui répond aux exigences de notre époque.

Des observateurs qui connaissent bien le commerce mondial des médicaments font remarquer que les questions relatives aux droits de propriété intellectuelle, aux barrières commerciales, aux goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement mondiale et à la pénurie de matières premières sont le produit de politiques délibérées visant à contrôler la production et l'approvisionnement en produits pharmaceutiques, à faire grimper leurs prix sur le marché et à garantir que les cartels pharmaceutiques existants conservent leur mainmise sur le secteur.

Dans un article paru en mai dernier dans le Toronto Star intitulé « Le refus du Canada de renoncer aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins COVID-19 devrait être un crime contre l'humanité », Shree Paradkar écrit : « Nous avons déjà vu ce cirque auparavant avec les mêmes conséquences criminelles. En 1996, la thérapie antivirale contre le VIH/SIDA a été mise au point, mais était inaccessible à environ 95 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde, selon The Lancet. En effet, un an auparavant, la création de l'Organisation mondiale du commerce a permis aux entreprises de transformer des brevets nationaux en brevets mondiaux. Au début du siècle, les médicaments non génériques coûtaient environ 10 000 dollars par an et étaient hors de portée de nombreuses personnes. Les appels en faveur de médicaments antirétroviraux génériques abordables se sont heurtés aux menaces et aux poursuites judiciaires des sociétés pharmaceutiques. Il a fallu des années de lutte contre les droits de monopole pour rendre enfin les traitements abordables. »

Les médecins et les autres persronnes qui ont manifesté lors de la réunion des ministres de la Santé du Groupe des 7 (G7) au duché de Cornouailles du prince Charles, le 2 juin, ont exigé que le G7 fournisse des vaccins aux pays plus pauvres au lieu de les thésauriser à leur profit. Des professionnels de la santé calculent que les personnes vivant dans les pays du G7 ont 77 fois plus de chances de recevoir un vaccin que celles vivant dans les pays les plus pauvres du monde. Au rythme actuel, il faudrait à ces pays quelque 57 ans pour que tout le monde soit entièrement vacciné. Les manifestants ont appelé le G7 à « cesser de faire des promesses vides et de protéger les intérêts des sociétés pharmaceutiques ».

Anna Marriott, responsable de la politique de santé d'Oxfam de Grande-Bretagne, qui est une organisation membre de l'Alliance pour un vaccin populaire, a dénoncé ces profits obscènes : « Quel témoignage de notre incapacité collective à contrôler cette maladie cruelle que de créer rapidement de nouveaux milliardaires du vaccin, mais de ne pas vacciner les milliards de personnes qui ont désespérément besoin de se sentir en sécurité. Ces milliardaires sont le visage humain des énormes profits que de nombreuses sociétés pharmaceutiques réalisent grâce au monopole qu'elles détiennent sur ces vaccins. Ces vaccins ont été financés par des fonds publics et devraient être avant tout un bien public mondial, et non une opportunité de profit privé. Nous devons de toute urgence mettre fin à ces monopoles afin de pouvoir augmenter la production de vaccins, faire baisser les prix et vacciner le monde entier. »

Winnie Byanyima, directrice du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, qui fait également partie de l'Alliance pour un vaccin populaire, déclare qu'« il est obscène que les profits continuent de passer avant de sauver des vies » parce que les détenteurs de brevets refusent de partager leur technologie et leurs installations de production. Elle rappelle que la recherche scientifique qui a permis de créer des vaccins efficaces contre la COVID-19 a été financée et centrée dans des institutions publiques et devrait en fait être considérée comme un trésor commun de matériel de pensée des peuples du monde entier. Or, les oligopoles privés qui contrôlent la propriété intellectuelle et les moyens de production qui en résultent manipulent ces connaissances et leur contrôle de la production pour exproprier le profit privé de l'urgence sanitaire et drainer la valeur sociale et les ressources nécessaires là où elles sont le plus indispensables.

Le premier ministre Trudeau et ses ministres agissent comme de pitoyables silhouettes en carton et des voix programmées, créations des départements de promotion du Big Pharma. Le fait qu'il existe des médias qui reprennent avec un tel zèle le refrain que ces représentants servent l'intérêt public avec leurs stratagèmes pour payer les riches montre le contrôle que le Big Pharma exerce sur le pouvoir d'État dans les pays qui se disent des démocraties avancées et indispensables.
L'augmentation rapide de la propriété et du contrôle de la richesse sociale par les oligopoles et les cartels du Big Pharma souligne la nécessité d'un système de recherche et de production pharmaceutique et de soins de santé centré sur l'être humain et possédé et contrôlé par les êtres humains. Le système actuel exproprie en tant que profit privé une grande partie de la nouvelle valeur que les travailleurs pharmaceutiques produisent. La fuite de la richesse sociale dans les mains de l'oligarchie mondiale et son contrôle des produits vitaux ne sont pas viablers, ni dans l'intérêt de la société humaine.

Les médicaments possédés et contrôlés par le secteur privé sont mis en circulation en tant que produits payants ou par le biais de systèmes d'assurance-médicaments privés ou gouvernementaux. L'énorme richesse concentrée dans des mains privées dicte le contrôle de la recherche, de la production et de la distribution des produits pharmaceutiques produits et de leur prix de marché. La pandémie accompagnée de la crise des opioïdes a mis en évidence les dangers du contrôle impérialiste et de la recherche du profit maximum sur des secteurs aussi importants que les soins de santé, les soins aux personnes âgées et l'éducation.

Au-delà du soutien du gouvernement Trudeau à la concentration accrue de la richesse entre les mains d'un nombre de plus en plus restreint de personnes, il y a le problème du contrôle exercé par les oligarques sur les prises de décisions des gouvernements pour leur imposer leur objectif rétrograde qui empêche. Cette usurpation du pouvoir de décision est devenue le problème central parce qu'en plus de bloquer le progrès humain, elle préside à la commission de crimes odieux, comme le fait de priver des pays entiers des vaccins contre le coronavirus. La concentration du contrôle entre les mains de ceux dont l'objectif est le profit privé maximum fausse l'orientation non seulement du secteur pharmaceutique, mais de toute l'industrie des soins de santé, y compris les soins aux personnes âgées.

Un système de prises de décisions centrées sur l'être humain pour la recherche, le développement et la production de produits pharmaceutiques est nécessaire pour que la nouvelle valeur reste dans le domaine public, là où elle est nécessaire, et pour que les êtres humains puissent avoir leur mot à dire et exercer un contrôle sur la direction et les opérations du secteur. La valeur produite, une fois réalisée, doit être réinvestie pour garantir la poursuite de la recherche et du développement des produits pharmaceutiques et leur relation avec la santé des personnes en général, et pour affirmer le droit de tous aux soins de santé sans restriction liée à la capacité de payer.

Un autre aspect essentiel est de pouvoir réaliser la valeur des soins de santé dans les autres secteurs et entreprises de l'économie qui existent, et qui profitent de l'achat de la capacité de travail de travailleurs en santé qui produisent une nouvelle valeur. Toutes les entreprises actives bénéficient d'une offre de travailleurs en santé sans laquelle leurs activités cesseraient. Toutes les entreprises d'une certaine taille doivent payer une partie de la valeur d'échange des travailleurs en santé, le paiement étant destiné aux entreprises pharmaceutiques centrées sur l'humain et à toutes les autres entreprises du secteur de la santé.

La revendication des soins de santé est un droit humain. Les hôpitaux, les cliniques médicales, les soins dentaires, les soins de la vue et de l'ouïe, les produits pharmaceutiques et les fournitures médicales en général sont autant d'aspects nécessaires à l'affirmation d'une société centrée sur l'être humain. Pour ce faire, les soins de santé et toutes leurs composantes doivent être sous le contrôle d'un système centré sur l'être humain pour être accessibles gratuitement à tous sans exception.

La valeur créée par les travailleurs de la santé doit être mise à la disposition du secteur de la santé pour être réinvestie dans les soins de santé et dans d'autres programmes sociaux. Pour cela, il faut créer des entreprises de soins de santé centrées sur l'être humain basées sur le fait que les travailleurs sont en mesure de priver l'oligarchie financière de sa capacité de priver le peuple du droit aux soins de santé, et d'empêcher les oligarques de s'ingérer politiquement et de profiter du travail des travailleurs de la santé.

Comment le faire est un problème que la classe ouvrière doit poser et résoudre. Le point de départ est d'exiger et d'affirmer le droit aux soins de santé pour tous et de dénoncer et rejeter la direction et le contrôle actuels des soins de santé par l'oligarchie et les gouvernements à sa disposition qui ont transformé la santé du peuple en une vache à lait à exploiter pour payer les riches.

Il appartient aux travailleurs d'apporter l'alternative et une nouvelle direction. Élevons ensemble nos voix et oeuvrons à établir une nouvelle direction qui affirme le droit de tous les êtres humains aux soins de santé.

Note

1. The Sword, The Scalpel: The Story of Doctor Norman Bethun, Ted Allan et Sydney Gordon, 1952

Haut de page


La suspension des droits de propriété
intellectuelle sur les vaccins COVID-19 est une nécessité humanitaire


Capetown, Afrique du Sud, le 11 mars 2021

Les gouvernements d'Afrique du Sud, d'Inde et d'autres pays ont demandé aux principaux pays impérialistes de suspendre temporairement les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins COVID-19 en raison d'une nécessité humanitaire. Ils affirment que leurs pays ont la capacité de production nécessaire pour augmenter considérablement l'offre. Leurs scientifiques et producteurs ont le savoir-faire et la capacité de produire les vaccins à ARN messager, mais pour ce faire, ils ont besoin d'une dérogation aux droits de propriété intellectuelle détenus par les cartels privés dont le siège social est aux États-Unis et en Europe.

En l'état actuel des choses, les cartels des grandes sociétés pharmaceutiques s'opposent à tout assouplissement sur leurs droits de brevet en matière de propriété intellectuelle. Ils engrangent déjà des milliards de bénéfices et s'apprêtent à en exproprier bien davantage avec l'accroissement de leur production et des ventes dans le monde. Pour que ces ventes atteignent le monde en développement, plutôt que d'avoir une production immédiate qui soit hors de leur contrôle, les cartels pharmaceutiques veulent que les gouvernements mondiaux fournissent des fonds par le biais de l'assurance vaccinale pour l'achat de leurs vaccins. Cela leur permettrait d'engranger des profits au-delà des rêves les plus fous qu'ils auraient pu entretenir avant la pandémie.

L'achat par les gouvernements de vaccins aux cartels privés en vue de leur distribution gratuite a donné lieu à ce que beaucoup appellent des « profits obscènes » et à des accusations de meurtre de masse contre les États impérialistes dominants pour avoir bloqué l'expansion de la production et de la distribution de vaccins dans le monde entier.

Les pays impérialistes dominants ont déjà commandé plus de vaccins qu'ils n'en ont besoin, ce qui a eu pour effet d'accaparer l'offre actuelle et de refuser les vaccins au reste du monde. Le gouvernement Trudeau soutient en pratique l'obstruction de la production afin que les cartels pharmaceutiques puissent récolter encore d'autres milliards de la vente de leurs vaccins par le biais d'un programme mondial élargi d'assurance-médicaments.

En ce qui concerne la situation actuelle avec les variantes de la COVID-19 qui font des ravages dans les pays pauvres, l'expert en droits de la propriété intellectuelle Achal Prabhala a déclaré dans le balado The Dig qu'une décision d'attendre que les cartels privés produisent et vendent les vaccins dans le cadre du dispositif d'accès accéléré et du mécanisme COVAX retarderait toute distribution substantielle des vaccins dans les pays pauvres jusqu'en 2023. Un tel retard entraînera des millions de décès et d'autres pertes et dommages indicibles, en partie parce que d'autres mesures visant à freiner la propagation de l'infection et à traiter les personnes souffrant du virus ne sont pas possibles en raison des terribles conditions sociales existantes.

Achal Prabhala rapporte que le gouvernement américain et des gouvernements européens ont donné aux cartels privés, dont Pfizer, Moderna et AstraZeneca, « des milliards de dollars — des milliards — en subventions sans conditions pour faire la recherche (sur les vaccins), ce qui signifie que les entreprises ne couraient aucun risque en cas d'échec. Ensuite, ils ont versé aux entreprises des milliards de dollars — des milliards — en précommandes, de sorte que les entreprises étaient assurées de trouver des acheteurs avant même d'arriver sur le marché. Maintenant, ils jouissent d'un monopole mondial dans une très grande partie financée par le travail des contribuables. »

En fait, les droits de propriété intellectuelle sont des droits permettant de faire des richesses privées obscènes en utilisant des stratagèmes pour payer les riches, des réglementations gouvernementales et des lois instituées dans l'ensemble du système impérialiste d'États pour servir l'oligarchie mondiale. En opposition à cela, les peuples, par leurs propres efforts et leur organisation, doivent mettre l'ensemble du secteur des soins de santé sous leur contrôle et s'assurer qu'il sert le peuple et la société et non les intérêts privés étroits des oligarques.

(Sources : « Global Vaccine Apartheid » d'Achal Prabhala parue sur le blogue The Dig, Toronto Star, Radio-Canada et « Le cartel des grandes pharmaceutiques tire un profit maximal de l'assurance-médicaments avec la COVID-19 : Il y a une alternative ! » du Supplément du Marxiste-Léniniste du 9 mai 2021. Photos : LML, le magasine YES, F. Hassan, Global Justice, Action Network)

Haut de page


L'accès mondial aux vaccins anti-COVID-19
a raté ses cibles

En 2020, le Mécanisme pour un accès mondial aux vaccins contre la COVID-19 (COVAX) a été lancé dans le but d'offrir à tous les pays la possibilité d'un accès rapide, juste et équitable aux vaccins contre le coronavirus. Cependant, les objectifs de l'initiative susmentionnée ont été « ratés » en raison d'un manque de financement et de l'égocentrisme de certains pays développés.

L'objectif initial de COVAX est de disposer de deux milliards de doses d'ici la fin 2021 pour soutenir les efforts de la lutte contre la pandémie dans les pays. Pourtant, ce plan ambitieux risque d'échouer car les statistiques montrent que seules 68 millions de doses de vaccin du programme COVAX ont été livrées à ce jour, ce qui ne représente que 3,4 % du plan. Pendant ce temps, à la fin du mois de mai 2021, le monde a enregistré la distribution de 1,5 milliard de doses, mais seulement 0,3 % d'entre elles ont atteint les pays à faible revenu.

Les experts de la santé mondiale soulignent que les résultats décevants susmentionnés ne sont pas attribuables aux efforts insuffisants des personnes responsables du programme COVAX à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais principalement à un manque de financement et de fournitures de vaccins, et à la réticence des pays riches à partager les vaccins avec les pays pauvres.

COVAX était initialement destiné à être une structure d'attraction financière à but non lucratif. Par conséquent, les pays riches contribuent financièrement à la recherche simultanée de nombreux vaccins différents pour trouver des vaccins efficaces, puis les fournissent gratuitement à 92 pays à faible revenu qui ne peuvent pas se permettre d'acheter des vaccins anti-COVID-19. Pour assurer son efficacité, ce mécanisme nécessite qu'un nombre suffisant de pays riches investissent et s'engagent à se faire vacciner par le biais de COVAX. Cependant, dans les faits, cette initiative n'a pas obtenu le financement nécessaire pour servir la recherche et l'approvisionnement en vaccins au stade initial. De nombreux pays riches ont même signé des contrats individuels pour acheter des vaccins auprès de fabricants tels que Pfizer et Moderna, retardant ainsi la mise en oeuvre de contrats de production de vaccins à grande échelle en 2021, dans le cadre de l'initiative COVAX.

Un problème majeur qui entrave les efforts d'approvisionnement en vaccins via COVAX est la pénurie de vaccins, qui est en partie attribuée à la grave situation pandémique en Inde. Le principal fournisseur de vaccins pour COVAX est le Serum Institute of India, qui produit le vaccin AstraZeneca. Cependant, avec la forte épidémie de la maladie dans ce pays d'Asie du Sud, l'approvisionnement prévu en vaccins pour COVAX a dû être détourné pour répondre à la demande intérieure de l'Inde.

L'OMS et l'alliance mondiale pour les vaccins Gavi – des représentants d'organisations à l'origine du mécanisme COVAX – ont récemment publié une déclaration selon laquelle 2 milliards de dollars américains supplémentaires sont nécessaires pour porter la couverture des programmes de vaccination à près de 30 %. Pour sécuriser les doses à livrer jusqu'en 2021 et au début de 2022, COVAX a besoin de la somme susmentionnée d'ici le 2 juin pour confirmer et garantir les approvisionnements. [En date du 22 juin, des promesses d'approvisionnement de l'ordre de 2,4 millards de dollars US avaient été faites – ndlr.] Selon ses objectifs initiaux, COVAX devrait livrer deux milliards de doses de vaccin dans le monde en 2021 et 1,8 milliard de doses d'ici le début 2022. Les « obstacles financiers » entravent les objectifs et les efforts de COVAX en ce qui concerne la livraison des vaccins. Les responsables de l'initiative COVAX ont également averti que si la pénurie actuelle de vaccins n'était pas traitée d'urgence, les « conséquences pourraient être catastrophiques ».

Les faits mentionnés montrent que les plans de COVAX d'assurer « un vaccin pour tout le monde » et de « ne laisser aucun pays de côté » ratent leurs objectifs. Le problème ne provient pas seulement des fondateurs et des dirigeants de COVAX, mais il est aussi un gros problème à l'échelle mondiale, car des variantes du coronavirus et de nouvelles vagues de la pandémie peuvent pénétrer et réapparaître dans les pays développés à tout moment. L'humanité peut vaincre la pandémie actuelle seulement si les gouvernements et les peuples, en particulier ceux des pays développés, partagent les difficultés, distribuent les vaccins de manière appropriée et unissent leurs efforts dans la lutte contre la COVID-19.

(29 mai 2021)

Haut de page


Le besoin urgent de lever les sanctions qui privent des pays entiers de protections contre la COVID-19

Les sanctions que les États-Unis ont imposées à divers pays, avec l'aide du Canada et d'autres pays, causent un grave préjudice aux populations de ces pays en les privant de la possibilité de se procurer la nourriture et les médicaments nécessaires au maintien de la vie. L'objectif de ces sanctions est particulièrement odieux. Ces sanctions qui constituent en fait un acte de guerre visent en effet à contrôler ces pays et, si cela n'est pas possible, à les exterminer littéralement. L'urgence de lever ces sanctions est apparue lors de la 74e session de l'Assemblée mondiale de la santé (AMS) qui s'est tenue virtuellement du 24 au 31 mai 2021. Plusieurs pays membres ont attiré l'attention sur l'urgente nécessité de lever les mesures coercitives unilatérales imposées à des pays comme le Venezuela, Cuba, l'Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le Zimbabwe dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Ces mesures font obstacle à l'accès aux fournitures médicales, aux équipements de protection individuelle et aux vaccins, ainsi qu'aux denrées alimentaires et aux produits de première nécessité, ce qui limite la capacité de ces pays à sauver la vie des personnes touchées par la pandémie.

Selon la coalition « Les sanctions tuent », « les pays ciblés sont confrontés à des pénuries de médicaments et d'équipements médicaux, notamment en approvisionnement d'oxygène et de ventilateurs, d'équipements de protection, de pièces de rechange, de logiciels, de carburant, d'électricité, d'eau potable et d'eau pour se laver, [ils] ne peuvent pas utiliser les actifs étrangers pour les importations humanitaires, leurs citoyens et leur personnel médical ne peuvent pas avoir accès aux informations sur la COVID-19 et à la télémédecine ou utiliser les plateformes éducatives et de communication . »

La coalition souligne que « dans une perspective à long terme, les sanctions unilatérales entravent la capacité des pays ciblés à répondre à la COVID-19, à mettre en oeuvre des plans de réponse nationaux; elles entraînent des violations des mécanismes de coopération/intégration régionaux et bilatéraux existants ; elles rendent les populations dépendantes de l'aide humanitaire et empêchent la reprise économique des pays ciblés par le développement et l'entretien des infrastructures nécessaires. Cela viole les droits du travail, le droit à l'éducation, l'accès à l'information, le droit à l'alimentation et le droit à la santé de leurs populations[1]. »

Zoe Alexandra fournit le rapport suivant :

Au moins 39 pays sont actuellement soumis à des sanctions unilatérales imposées par les États-Unis et appliquées, entre autres, par le Canada et les institutions qu'ils contrôlent. Il est urgent de mettre fin à ces sanctions. Les prétextes pompeux de défense des droits de la personne, des normes et des valeurs modernes, doivent être démasqués comme frauduleux et dénoncés comme des couvertures pour les crimes contre l'humanité.

Le ministre vénézuélien de la Santé, Carlos Alvarado, a déclaré à l'AMS le 25 mai : « Pour mettre un terme à la pandémie de COVID, nous avons besoin de la paix et nous devons travailler en harmonie avec notre peuple. C'est pourquoi nous exigeons la fin du blocus financier et de toutes les mesures coercitives promues unilatéralement. Nous exprimons notre solidarité avec les peuples de Palestine et de Colombie qui souffrent d'une répression violente. Les mesures unilatérales mises en oeuvre par les États-Unis et leurs alliés nous rendent difficile l'accès aux produits essentiels pour produire des vaccins, ce qui viole le droit à la santé de notre peuple. »

Le Venezuela a enregistré plus de 230 000 cas de COVID-19 et plus de 2 500 décès. Le blocus financier et économique imposé par les États-Unis a eu un impact catastrophique sur l'économie du pays. Selon un rapport du Washington Office on Latin America (WOLA), les sanctions américaines visant le secteur pétrolier et les transactions financières du Venezuela depuis 2017 ont fait perdre au pays entre 17 et 31 milliards de dollars de revenus. Cette perte de PIB a un impact direct sur la capacité de l'État à importer des articles essentiels et à financer des programmes clés. Pendant la pandémie, cela a directement affecté la capacité de l'État à prendre soin de sa population. Le pays a reçu des vaccins de la Chine et de la Russie. Cependant, son paiement à l'initiative COVAX a été retardé en raison de ses difficultés financières, ce qui a affecté ses efforts pour faire avancer le processus d'inoculation de masse.

Lors de la réunion des ministres de la Santé des pays du Mouvement des pays non alignés (MNA) organisée en marge de l'AMS, le ministre de la Santé Alvarado a également déclaré que « le modèle de soins de santé dominant et capitaliste, dans lequel la santé est considérée comme un bien auquel vous n'avez droit que si vous payez, se reflète clairement dans l'inégalité d'accès aux vaccins et aux autres fournitures nécessaires pour combattre la pandémie, comme l'a souligné le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus [directeur général de l'OMS] ».

Lors de cette réunion, le ministre cubain de la Santé, José Angel Portal Miranda, s'est fait l'écho de la demande de levée des sanctions et a expliqué la situation complexe à laquelle son pays est confronté : « L'intensification du blocus économique, commercial et financier injuste imposé par le gouvernement américain, parallèlement à l'application délibérée de mesures coercitives unilatérales inhumaines, entrave l'accès aux ressources essentielles pour le développement de médicaments et de fournitures qui soutiennent la lutte contre le virus. »

Toutefois, Portal Miranda a souligné qu'« au milieu de cette guerre économique étouffante et d'autres défis qui exigent un effort énorme de la part du gouvernement et du secteur de la santé, rien ne nous a empêchés de mettre en oeuvre des actions ayant pour objectif de protéger la vie de tout notre peuple ».

Cuba est le seul pays d'Amérique latine et de la région des Caraïbes à avoir développé des vaccins pour lutter contre le virus COVID-19. C'est aussi le pays de la région qui a le mieux combattu et contenu la propagation de la pandémie, malgré le blocus étouffant. Portal Miranda attribue le succès de Cuba aux efforts déployés pendant les 60 ans de la révolution, au cours desquels le pays a « maintenu un système de santé public, universel, gratuit et accessible à 100 % de la population ».

Le représentant de l'Iran a également pris une position ferme contre les mesures de blocus. « Nous appelons tous les États membres, l'OMS et les organisations régionales et mondiales à s'opposer à ces mesures illégales afin de garantir une lutte mondiale rapide, complète et coordonnée contre la COVID-19 », a-t-il déclaré.

L'Iran a également souffert des mesures coercitives imposées par l'administration américaine l'année dernière. Les tentatives de l'Organisation mondiale de la santé de faire livrer des trousses de dépistage à l'Iran depuis les Émirats arabes unis se sont heurtées à des difficultés en raison de « restrictions de vol ». Les Émirats arabes unis ont dû envoyer les trousses dans un avion de transport militaire. De même, une application destinée à aider la population iranienne pendant la pandémie a été retirée par Google de sa boutique d'applications en raison des sanctions américaines.

Le fait d'inhiber la capacité d'un pays à prendre en charge sa propre population touchée par la pandémie de COVID-19 a des implications mondiales. Comme cela a été répété tout au long de l'Assemblée, il n'y a aucun moyen de mettre fin à la pandémie si tous les pays ne sont pas en mesure de la contenir. Il incombe clairement aux États-Unis et à leurs alliés de répondre à la demande collective et de lever les sanctions.

Note

1. L'Assemblée mondiale de la santé est l'organe de décision de l'OMS. Elle est composée de délégations de tous les états membres de l'OMS et se concentre sur un programme de santé spécifique préparé par le conseil exécutif. Les principales fonctions de l'Assemblée mondiale de la Santé sont de déterminer les politiques de l'Organisation, de nommer le directeur général, de superviser les politiques financières et d'examiner et d'approuver le projet de budget-programme. L'Assemblée mondiale de la Santé se tient chaque année à Genève, en Suisse.

(D'après un reportage de Zoe Alexandra Urgent Need to Lift Sanctions Comes to the Fore.)

Haut de page


Il y a des alternatives!

Les programmes pour payer les riches liés à l'assurance-médicaments et à la COVID-19, qui représentent des milliards de dollars et qui rapportent des fortunes à certains individus qui contrôlent et possèdent les grandes sociétés pharmaceutiques, prouvent que toute forme d'assurance-médicaments doit être globale, sinon elle devient inévitablement un autre système corrompu d'enrichissement des oligarques mondiaux qui exploitent à leurs fins un programme social nécessaire. Pour durer et être efficace et ne pas être utilisée pour enrichir les oligarques des grandes pharmaceutiques, l'assurance-médicaments doit englober le développement, la recherche, la production et la distribution de produits pharmaceutiques et avoir pour seul objectif de servir le peuple, l'économie et la société et non les nantis de la planète. Cela nécessite des entreprises publiques centrées sur l'être humain pour organiser la recherche nécessaire et développer et produire des produits pharmaceutiques et les mettre à la disposition du peuple sans qu'aucun aspect ne soit infecté par l'objectif impérialiste du profit privé maximum.

Un véritable programme d'assurance-médicaments et plus généralement un système de santé sont nécessaires non seulement pour les individus, mais aussi pour que l'économie et la société fonctionnent et se développent. La pandémie montre à quel point il est crucial d'avoir des conditions sociales qui produisent et maintiennent une population en santé. Comme on l'a vu, dans ces conditions, des secteurs entiers de l'économie, voire l'ensemble de la société, ralentissent et s'arrêtent. Pour que les travailleurs soient disponibles pour travailler, il faut bâtir et préserver la santé de la population par un système de santé universel et gratuit.

La pandémie prouve que pour soutenir les investissements nécessaires à un système de santé qui répond aux besoins, y compris l'assurance-médicaments et les soins aux aînés, la valeur que ces services produisent sous la forme de travailleurs en santé doit être réalisée dans un échange convenable au sein de l'économie. Toutes les grandes entreprises de l'économie d'une certaine taille doivent payer pour cette valeur sans laquelle elles ne peuvent exister. Ces grandes entreprises doivent être tenues responsables de la réalisation (du paiement) de la valeur que représentent des travailleurs en santé et leur capacité de travail dont le système de santé et l'ensemble de l'économie tirent profit. Des travailleurs en bonne santé et instruits sont le facteur humain essentiel pour produire une nouvelle valeur sans laquelle l'économie et la société s'effondreraient. Les oligarques impérialistes qui contrôlent les affaires économiques et politiques refusent d'admettre cette vérité évidente et continueront de le faire tant qu'ils ne seront pas privés de leur capacité de priver les travailleurs de ce qui leur appartient de droit.

La pandémie montre à quel point cette situation est devenue intenable et elle ne peut être résolue que par la création d'entreprises publiques centrées sur l'être humain, capables d'assurer la recherche, le développement et la distribution des produits pharmaceutiques dont la population a besoin. Cette approche moderne éliminerait la recherche d'un profit privé maximum pour les remèdes et les vaccins, qui bloque actuellement la distribution massive de vaccins pour lutter contre la COVID-19. Tant que ces aspects resteront entre les mains des cartels impérialistes, le monde ne sera pas en sécurité.

La mondialisation s'est faite à la vitesse de l'éclair pour servir les cartels et leur soif du profit maximum. Mais les conséquences de leurs actions échappent à leur contrôle. La lutte pour les vies est la lutte pour les droits et c'est l'alternative à ce que font les gouvernements au service des riches avec leurs stratagèmes pour payer les riches et leur offensive antisociale.

Haut de page


Hausse des profits d'entreprises pendant la pandémie

Les assurances-médicaments impérialistes pour les vaccins font de nouveaux milliardaires


À Washington le 11 mars 2021

Les milliardaires des grandes sociétés pharmaceutiques (Big Pharma) s'enrichissent de la vente de vaccins COVID-19 à des prix exorbitants aux gouvernements du monde entier. Une forme d'assurance vaccinale impérialiste dans des pays dépourvus de production pharmaceutique indépendante et centrée sur l'être humain a répandu le vaccin COVID-19 des cartels mondiaux dans tous les pays, sauf les plus pauvres, poussant les profits des cartels et le cours de leurs actions à la bourse à des sommets inégalés.

Une poignée de cartels pharmaceutiques mondiaux a pris le contrôle de la matière première des vaccins et de la vaste capacité de production nécessaire pour produire des milliards de doses. Un groupe international de défense appelé Alliance pour un vaccin populaire prévient que les différents cartels de Big Pharma utilisent leur contrôle et leurs relations avec les gouvernements pour dominer l'approvisionnement et le prix du marché des vaccins. Les cartels ont augmenté leurs profits tout en rendant plus difficile pour les pays pauvres en particulier d'obtenir les stocks dont ils ont besoin, tandis que le contrôle impérialiste bloque leur capacité à produire eux-mêmes des vaccins.

Les PDG de Moderna et de BioNTech figurent en tête de liste des neuf oligarques du Big Pharma qui sont devenus milliardaires grâce au lancement des vaccins contre la COVID-19. De nombreux gouvernements utilisent diverses formes d'assurance-médicaments impérialiste pour acheter les vaccins aux producteurs privés et les administrer gratuitement à la population. La distribution gratuite de vaccins achetés par des particuliers a considérablement augmenté les ventes et les bénéfices des grandes entreprises pharmaceutiques mondiales qui, dans ce cas, n'ont pas besoin de s'engager dans la publicité coûteuse habituelle pour promouvoir leurs médicaments.

Le palmarès des riches de Forbes identifie neuf nouveaux oligarques milliardaires du Big Pharma. Ils rejoignent un groupe de huit autres oligarques pharmaceutiques qui contrôlent déjà chacun une richesse sociale supérieure à un milliard de dollars. Les neuf nouveaux milliardaires possèdent une richesse nette combinée de 19,3 milliards de dollars. Selon l'Alliance pour un vaccin populaire, la richesse sociale personnelle de ces neuf oligarques permettrait à elle seule de payer 1,3 fois la vaccination de tous les habitants des pays à faible revenu. Au lieu de cela, les pays considérés comme « pauvres » par les Nations unies n'ont reçu que 0,2 % des vaccins disponibles dans le monde, alors qu'ils abritent 10 % de la population mondiale.

Les oligarques milliardaires du Big Pharma


Les plus récents milliardaires du Big Pharma sont Stéphane Bancel, PDG de Moderna, et Ugur Sahin, de BioNTech, qui détiennent chacun plus de 4 milliards de dollars de richesse sociale. Parmi les autres nouveaux milliardaires de l'industrie pharmaceutique figurant sur la liste de Forbes se trouvent trois investisseurs de Moderna, le président d'une entreprise chargée de fabriquer et d'emballer le produit de Moderna et les trois cofondateurs du producteur chinois de vaccins CanSino Biologics.

Huit autres oligarques du Big Pharma, dont la fortune avait déjà dépassé le milliard de dollars avant l'arrivée de la pandémie, ont vu leur fortune augmenter de manière significative. Il s'agit notamment d'oligarques liés aux entreprises chinoises Chongqing Zhifei Biological et Sinopharm, aux entreprises indiennes Cadila Healthcare et Serum Institute of India, ainsi qu'aux détenteurs d'actions de BioNTech[1]. Aux individus cités s'ajoutent les cartels d'investisseurs mondiaux, poliment appelés « investisseurs institutionnels », qui détiennent la part du lion des actions des oligopoles pharmaceutiques.

Les données du palmarès Forbes « The Richest People In The World List » identifient les oligarques de Big Pharma suivants et la richesse sociale qu'ils contrôlent :

Stephane Bancel, PDG de Moderna (4,3 milliards de dollars) ;
Ugur Sahin, PDG de BioNTech (4 milliards de dollars) ;
Timothy Springer, investisseur de Moderna (2,2 milliards de dollars) ;
Noubar Afeyan, président de Moderna (1,9 milliard de dollars) ;
Juan Lopez Belmonte Encina, président de ROVI, une société ayant conclu un accord pour la fabrication et le conditionnement du vaccin Moderna (1,8 milliard de dollars) ;
Robert Langer, investisseur dans Moderna (1,6 milliard de dollars) ;
Zhu Tao, cofondateur de CanSino Biologics (1,3 milliard de dollars) ;
Qiu Dongxu, cofondateur de CanSino Biologics (1,2 milliard de dollars) ;
Mao Huinhoa, cofondateur de CanSino Biologics (1 milliard de dollars).

De plus, huit milliardaires existants ayant des investissements importants dans les sociétés pharmaceutiques spécialisées dans les vaccins de la COVID-19 ont vu leur richesse combinée augmenter de 32,2 milliards de dollars. L'Alliance pour un vaccin populaire fait remarquer que cette somme est plus que suffisante pour vacciner tous les habitants de l'Inde. Parmi ces huit personnes figurent Cyrus Poonawalla, fondateur de Serum Institute of India, dont la fortune est passée de 8,2 milliards de dollars l'an dernier à 12,7 milliards de dollars en 2021, et Pankaj Patel, qui contrôle Cadila Healthcare. Ce dernier a vu sa fortune passer de 2,9 milliards de dollars en 2020 à 5 milliards de dollars cette année.

Note

1. Forbes' 35th Annual World's Billionaires List: Facts And Figures 2021

Haut de page


Les fusions et acquisitions se produisent à un rythme effréné

Les fusions et acquisitions sont un facteur dans l'économie impérialiste qui concentre davantage la richesse sociale et le pouvoir entre moins de mains. Les médias rapportent que les prises de contrôle mondiales se déroulent à un rythme record. Dix-sept de ces transactions depuis 2020 comprennent des montants de plus de 20 milliards de dollars et deux des plus importantes impliquent des sociétés basées au Canada[1]. La plus importante est l'acquisition de Kansas City Southern par le Canadien National, estimée à 29 milliards de dollars. Cette acquisition concentre la force productive des deux sociétés ferroviaires pour créer la plus grande société du secteur en Amérique du Nord, avec des opérations à travers le continent. L'acquisition semble faire partie de la stratégie de l'impérialisme américain d'intégrer le Canada et le Mexique à la sécurité intérieure des États-Unis et à leur économie de guerre au moyen d'un corridor de transport ferroviaire sécurisé. La fusion des sociétés ferroviaires concorde avec la décision du président Biden d'annuler l'oléoduc Keystone XL, car davantage de pétrole de l'Alberta sera désormais expédié aux États-Unis par chemin de fer. Certains commentateurs ont déclaré que ce fait en soi avait fait augmenter la valeur de la fusion, entraînant des profits potentiels plus importants pour les propriétaires tels que Vanguard grâce à une valorisation plus élevée des actions des deux monopoles impliqués. Il convient de souligner que les cartels d'investissement mondiaux tels que Vanguard ont des participations dans ces deux monopoles ferroviaires et manipulent et profitent des fusions et acquisitions à la fois en tant qu'acheteur et vendeur.

Une autre acquisition importante prévue est celle entre deux monopoles canadiens de télécommunications, Rogers Communications inc. et Shaw Communications inc. La prise de contrôle de Shaw est évaluée à 26 milliards de dollars. Ces deux monopoles ont déjà une propriété et des opérations qui se chevauchent et deviendront le plus grand monopole de télécommunications au Canada, légèrement plus important en valeur d'entreprise que BCE (Bell) et Telus, ce qui va consolider le contrôle des grandes entreprises technologiques sur la vie des Canadiens.

Une autre fusion qui touche l'économie canadienne est un accord tripartite de 12,4 milliards de dollars comprenant l'assureur torontois Intact Financial Corp., un partenaire européen appelé Tryg A/S, et le monopole britannique RSA Insurance Group PLC.

À l'échelle mondiale, les monopoles ont effectué des fusions et acquisitions de l'ordre de 1,3 billion de dollars au cours des trois premiers mois de 2021. « C'est la période d'ouverture la plus forte pour conclure des accords depuis la tenue de registres », comme l'a déclaré Matt Toole, directeur du service de données Refinitiv, dans un article paru dans le Globe and Mail[2].

Non seulement des accords sont annoncés, mais les cartels d'investissement mondiaux tels que les fonds spéculatifs augmentent leur part de la propriété des actions de certaines sociétés, en prévision de la montée en flèche du cours des actions de ces sociétés lorsque la fusion ou l'acquisition « inévitable » se produira, qu'ils peuvent eux-mêmes manipuler et faire avancer.

La nécessité d'une nouvelle direction de l'économie
et du renouveau démocratique

L'article du Globe and Mail se livre à de la spéculation : « La frénésie des prises de contrôle est alimentée par des taux d'intérêt bas, la volonté des banques de prêter et la flambée des valeurs boursières. » Il cite le banquier d'investissement Ian Macdonell : « Les conseils d'administration (de sociétés) se rendent compte que le paysage concurrentiel est en train de changer et qu'il est plus difficile d'être un acteur régional en Amérique du Nord ou dans le monde; donc s'ils ne peuvent pas être des consolidateurs, ils sont des vendeurs. L'activité de prise de contrôle se poursuivra jusqu'à ce que le marché du crédit se resserre, que les perspectives économiques s'affaiblissent ou que nous obtenions une correction boursière importante. »

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) croit que les spéculations du Globe & Mail sont de la désinformation pour semer la confusion sur la source du problème engendré par la mondialisation impérialiste où les riches s'enrichissent non seulement grâce aux fusions et acquisitions, mais aussi par l'économie de guerre et la domination d'autres pays et le pillage mondial de la valeur que les travailleurs produisent. Les guerres constantes et le contrôle autocratique croissant de l'économie mondiale entre les mains d'une oligarchie soulignent la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie et du renouveau démocratique pour former un gouvernement antiguerre.

La frénésie des fusions et acquisitions dans les conditions concrètes de l'économie ne provient pas « des taux d'intérêt bas, la volonté des banques de prêter et la flambée des valeurs boursières ». Cette analyse n'explore pas le but des oligarques en contrôle et ce qui les pousse à s'engager dans de telles pratiques, et la tendance constante sous l'impérialisme à la concentration de la richesse sociale et du pouvoir entre moins de mains alors que les riches s'emplissent les poches aux dépens de la richesse créée par d'autres.

La désinformation du Globe & Mail veut faire croire que les banques et leur « volonté de prêter » pour financer les fusions et acquisitions sont en quelque sorte indépendantes des « faibles taux d'intérêt et de la flambée des valeurs boursières » et des fusions et acquisitions mêmes. Ce n'est pas le cas. Les banques et les autres institutions financières profitent énormément des frais énormes d'organisation et d'arrangement des transactions et d'autres aspects des fusions et acquisitions.

L'analyse du Globe & Mail décrit diverses caractéristiques de l'économie impérialiste, mais n'analyse pas pourquoi ces choses se produisent. Les fusions et acquisitions proviennent de l'économie impérialiste dans le cadre de son parasitisme et de sa décadence, de sa recherche du profit maximum par le biais de l'échange et de l'accaparement de la valeur déjà produite sans passer par un nouveau processus de production et de circulation du produit social. Les grandes entreprises rachètent des entreprises plus petites ou consentantes ou les forcent à la faillite tandis que l'oligarchie parcourt le monde à la recherche de cibles et de richesses à piller par l'intimidation et la guerre.

La tendance impérialiste actuelle est de concentrer la richesse sociale et le pouvoir économique et politique dans moins de mains et de faire la guerre pour le contrôle et le profit. Ces caractéristiques sont constantes indépendamment de « la volonté des banques de prêter » ou non. En fait, les banques et les autres institutions financières telles que les fonds spéculatifs sont pleinement impliquées et intégrées dans l'ensemble du processus impérialiste en tant que prêteurs, acheteurs, vendeurs, propriétaires, organisateurs et profiteurs de guerre.

L'ensemble du processus reflète la réalité que l'édification nationale est un trait du passé et que la mondialisation impérialiste, la politique du néolibéralisme, l'économie de guerre et la destruction nationale ont pris le contrôle. Si vous examinez en détail les plus grandes fusions et acquisitions, vous constaterez que la plupart des intérêts privés impliqués sont les mêmes ou ont au moins le même objectif et le même intérêt à voir les fusions et acquisitions réalisées ou à en émerger dans les meilleures conditions possibles si celles-ci leur sont imposées. Comme nous l'avons dit, les mêmes intérêts privés sont souvent représentés en tant que prêteurs, acheteurs, vendeurs, propriétaires, organisateurs et profiteurs.

Les fusions et acquisitions font partie de ce que les oligarques appellent « libérer la valeur pour l'actionnaire et créer de la valeur pour l'actionnaire » et, en tant que telles, elles servent leur objectif fondamental de réaliser le profit privé maximum dans les plus brefs délais. Elles n'ont rien à voir avec l'édification d'une économie stable et pacifique qui sert le peuple, répond à ses besoins et revendications, et peut être mobilisée pour humaniser l'environnement social et naturel. Elles font partie de la concurrence à l'échelle mondiale et des guerres constantes pour l'hégémonie qui permet de dominer par la richesse et le pouvoir politique.

La poussée pour s'emparer de la richesse sociale et du pouvoir conduit les oligarques en concurrence à enrôler la puissance militaire publique et privée pour atteindre leurs objectifs de saisir les forces productives, les marchés, les régions et les travailleurs pour exploiter et bloquer ou détruire tous les concurrents ou ceux qui résistent. L'objectif et la pratique des oligarques dans son ensemble est en opposition à la demande de l'humanité de vivre en paix et d'avoir des économies qui servent les peuples dans un esprit d'avantage réciproque et de développement sous leur contrôle.

Un trait de la concentration de la richesse et du pouvoir entre moins de mains est la croissance continue du prolétariat en tant que classe sociale la plus nombreuse. Une conscience se développe que l'économie est déjà socialisée et en contradiction antagoniste avec le contrôle privé et autocratique de l'oligarchie dirigeante. La nécessité que les producteurs véritables prennent le contrôle de l'économie déjà socialisée, des forces productives et du produit social devient un cri de ralliement pour le changement afin de mettre l'objectif, le contrôle et la direction de l'économie en conformité avec son caractère déjà socialisé pour le bien de toute l'humanité et de la Terre Mère.

Notes

1. La Liste des plus grandes fusions et acquisitions. Le tableau montre les plus grandes fusions et acquisitions de 1879 à aujourd'hui. Il met en évidence l'expansion de l'impérialisme américain, car la plupart des plus grandes fusions et acquisitions au cours du XXe siècle impliquent les monopoles des États-Unis. Le tableau montre également l'accélération de la concentration de la richesse sociale au XXIe siècle.

  2. Article de Andrew Willis paru dans le Globe and Mail, intitulé « Mergers and acquisitions activity has exploded. Here's why -- and the reasons it will continue for the foreseeable future ».

Haut de page


Les subventions salariales du gouvernement fédéral augmentent les profits des grandes entreprises pendant la pandémie

La subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC) accorde aux employeurs jusqu'à 75 % du montant qu'ils donnent à leurs employés pour leur capacité de travailler. Cette subvention salariale du gouvernement est accordée à des compagnies qui continuent en principe de s'approprier toute nouvelle valeur produite par les travailleurs. Le profit est dérivé de la portion de la nouvelle valeur que les travailleurs produisent et que les employeurs exproprient. Dans bien des cas, une subvention salariale tend à augmenter le profit.

La SSUC fait donc en sorte que non seulement les compagnies exproprient la valeur ajoutée de la nouvelle valeur que les travailleurs produisent, mais reçoivent un montant additionnel de la valeur reproduite que les travailleurs réclament de la valeur qu'ils produisent. Pour expliquer ce tour de passe-passe, le gouvernement Trudeau et sa ministre des Finances Chrystia Freeland présument qu'on n'aura peut-être pas besoin des travailleurs pendant la pandémie. Le gouvernement affirme que le fait de verser une grande partie des salaires des travailleurs encourage les compagnies à garder ces travailleurs, qu'ils soient requis ou non.

Le gouvernement omet tout bonnement de reconnaître que les travailleurs qui ne sont pas requis et qui ne travaillent pas, pourraient, voire devraient, recevoir directement une aide sociale pendant la période où ils ne sont pas au travail, tandis que les entreprises ne devraient rien recevoir des fonds, en particulier les grandes entreprises qui ont déjà d'immenses ressources. Il prétend avec la SSUC tenter d'encourager les compagnies à ramener des travailleurs au travail en présumant qu'ils vont générer un revenu équivalent à moins de 25 % de leur salaire. Le programme est allé beaucoup plus loin que cela pour plusieurs compagnies. Il est devenu une nouvelle source de corruption, permettant à de grandes entreprises d'augmenter leurs profits et, dans certains cas, d'attaquer les travailleurs pendant des lockouts et des grèves en utilisant l'argent de la SSUC pour engager des briseurs de grève.

Les extraits qui suivent sont tirés du rapport du Globe and Mail sur comment les grandes abusent du programme de la SSUC. L'article du 9 mai disponible en ligne est intitulé : « Les subventions salariales avaient comme but de préserver les emplois. Dans bien des cas, la réponse de 110,6 milliards de dollars a servi à accroître les profits. » L'article met en lumière comment de grandes entreprises se sont servies des subventions salariales de la SSUC pour stimuler leurs profits et tout simplement servir leurs intérêts privés.

La pandémie a démontré une fois de plus que la direction actuelle de l'économie est un échec à tous les niveaux. Avec l'urgence sanitaire, la classe ouvrière est placée devant la nécessité de discuter, d'organiser et de façonner une nouvelle direction qui met le bien-être et la sécurité de la classe ouvrière, de la société et de l'environnement social et naturel au centre de toutes les considérations. Le défi posé à la classe ouvrière est de surmonter l'obstruction que représentent les oligarques financiers et leur défense féroce de la direction actuelle de l'économie en faillite en dépit de son anarchie, de ses crises chroniques, de son insécurité et de ses guerres.

Le Globe écrit : « Sur deux ans, avec une somme estimée à 110,6 milliards de dollars, Ottawa dépensera plus pour la SSUC qu'il ne le fait pour les prestations familiales, les transferts de paiements pour la santé, les paiements de péréquation ou les prestations en temps de pandémie pour les individus. »

Le programme de la SSUC a grandement augmenté le déficit fédéral, incitant le gouvernement à emprunter d'immenses sommes des prêteurs privés mondiaux. Selon les ententes actuelles, ces sommes devront être remboursées avec intérêt aux créanciers. Le service de la dette sera à nouveau un prétexte pour attaquer le peuple en annonçant une réduction des dépenses pour les programmes sociaux. La vaste majorité des fonds publics consacrés au service de la dette provient de l'impôt sur le revenu des particuliers et les frais d'usagers que la classe ouvrière est obligée de payer.

La recherche du Globe sur les états financiers des grandes entreprises cotées en bourse montre qu'un grand nombre de travailleurs ayant eu accès au programme de la SSUC ont continué de produire une importante valeur nouvelle pour ces compagnies, et pendant ce temps le gouvernement payait 75 % de leurs salaires. Plusieurs compagnies ont exproprié la valeur ajoutée de la valeur réalisée que les travailleurs ont produite et par la même occasion se sont bourré les poches des subventions de la SSUC, augmentant ainsi leurs profits.

Si la SSUC avait été une prestation pour les travailleurs sans emploi, elle aurait été versée directement aux travailleurs mis à pied qui travaillaient, mais qui ne travaillent plus et par conséquent ne produisent pas de revenu pour la compagnie. En tant que stratagème pour payer les riches, la SSUC est devenue un nouveau moyen d'augmenter les profits des grandes compagnies, comme le démontre l'enquête. Pour ce qui est de sauver les petites et moyennes entreprises, une alternative est de les transformer en entreprises publiques centrées sur l'humain, tout en dédommageant de façon équitable les propriétaires et gestionnaires actuels et en leur offrant des postes au sein des compagnies publiques nouvellement créées s'ils le désirent. La pratique des gouvernements qui consiste à distribuer les fonds publics pour sauver des compagnies privées en difficulté doit cesser et une nouvelle direction doit être trouvée qui sert le bien commun.

L'exemple de TFI International Inc.

Le Globe écrit : « TFI International Inc. a vécu une pandémie formidable. Le revenu du conglomérat de camionnage basé à Montréal, sans prendre en compte les surcharges de carburant, a augmenté en 2020. Le revenu net a monté en flèche, dans les deux chiffres. »

« Pendant la pandémie, TFI et ses filiales ont fait une série de 13 acquisitions au cours de l'année. Et après les premières éclosions de la COVID-19 au Canada en mars dernier, la compagnie a engendré un dividende (d'actionnariat) plus élevé pour chaque semestre comparativement à la même période un an plus tôt.

« En chemin, TFI et ses filiales ont aussi recueilli près de 75 millions de dollars en paiement de la Subvention salariale d'urgence du Canada, faisant d'elle l'une des plus importantes bénéficiaires de ce qui est de loin le projet de dépense le plus important de l'histoire du gouvernement fédéral.

« Si la rencontre d'une marge de profit accrue et d'une mesure de renflouement semble déconcertante, elle ne l'est pas. Rien n'indique que TFI ne répondait pas aux critères pour recevoir la subvention. Le fait que la compagnie ait eu des résultats convaincants, des dividendes plus élevés et même de l'argent pour faire des acquisitions en plus de mettre à pied des travailleurs pour réduire les coûts, ne l'a pas empêché d'obtenir la SSUC – malgré les tentatives sporadiques du gouvernement libéral de prétendre le contraire.

« Et si l'expérience de TFI semble inusitée, elle ne l'est pas. TFI est en bonne compagnie, si on en croit l'analyse du Globe and Mail, qui a comparé la liste d'Ottawa de milliers de bénéficiaires de la SSUC à la base de données de Statistique Canada sur les sociétés mères et les filiales, pour ensuite recouper ces données avec les compagnies répertoriées sur la Bourse de Toronto ou sur la Bourse de croissance TSX, selon les renseignements sur le marché mondial de Standard & Poor.

« Le résultat : une base de données où l'on retrouve 389 compagnies cotées en bourse (ou les filiales leur appartenant intégralement) qui ont reçu plus de 3,6 milliards de dollars en paiements de la SSUC depuis aussi récemment que janvier 2021 (lorsque l'Agence du revenu du Canada a retiré la liste des compagnies mise en ligne par le gouvernement fédéral). Parmi les noms les plus prestigieux des grandes entreprises canadiennes se trouvent Air Canada, BCE Inc., Canadien National, Onex Corp., Power Corp., Groupe SNC-Lavalin Inc. et Suncor Energy Inc. À elles seules, ces 389 compagnies représentent 14 % des compagnies qui se retrouvent sur les listes associées de TSX et de TSX-V. Au nom de restrictions en raison du droit à la vie privée des contribuables, Ottawa a refusé de publier un bilan intégral de la distribution des subventions de la SSUC.

« Plusieurs compagnies n'ont pas divulgué les montants des subventions reçues. Des compagnies comme Bombardier Inc., ayant rapporté dans leurs documents déposés auprès des commissions des valeurs mobilières qu'elles avaient reçu des subventions, ne correspondaient à aucun des noms mentionnés ni à aucune des filiales dont elles sont les propriétaires attitrées sur la liste en ligne d'Ottawa, et ont été exclues de notre méthodologie. »

L'enquête du Globe constate que plusieurs de ces 389 grandes entreprises qu'il a étudiées « avaient assez aisément traversé la pandémie, même si elles étaient admissibles à l'aide de la SSUC ». En réalité, malgré le fait qu'elles aient été admissibles aux subventions du gouvernement, la moitié de ces grandes entreprises n'ont souffert d'aucune perte de revenu (revenu brut réalisé) pendant le deuxième trimestre de 2020 comparativement à la même période en 2019, et le quart de ces entreprises ont en fait enregistré des revenus plus élevés. Selon l'enquête, le troisième trimestre a été encore plus positif pour plusieurs de ces grandes entreprises, alors que seulement le tiers d'entre elles ont subi une baisse quelle qu'elle soit de revenu brut.

Le Globe écrit : « C'est la même chose pour les profits. Le revenu provenant des opérations continues aux deuxième et troisième trimestres a augmenté pour très peu d'entreprises publiques ayant reçu la SSCU. Seulement une faible majorité de compagnies a vu leurs profits baisser comparativement aux mêmes périodes en 2019, alors même que le pays subissait sa pire récession depuis la Grande Dépression.

« Le secteur industriel des biens et services était au premier rang de la liste de bénéficiaires de la SSUC cotés en bourse. Seize pour cent des compagnies de technologie s'y retrouvent, même si certaines d'entre elles ont grandement bénéficié d'une recrudescence d'achats en ligne pendant la pandémie. Les compagnies de pétrole et de gaz, qui souffraient bien avant la pandémie, comptaient parmi 15 % des bénéficiaires. Les autres – y compris les minières, les sciences de la vie, les biens et services aux consommateurs, et plusieurs autres – comptaient pour un peu moins de 10 %.

« Les données d'Ottawa destinées au public ne réussissent pas à donner un portrait d'ensemble de la façon dont les compagnies avec des filiales ont eu accès au programme. Les 389 compagnies publiques dans les bases de données du Globe représentaient 1 542 subventions distinctes, reflétant les subventions à leurs filiales dont ils sont les propriétaires intégraux. Mais ces filiales n'étaient pas associées à leur société mère dans la liste de recherche que le gouvernement a ultimement mise hors service. Maintenant, il n'y a qu'une fonction de recherche limitée qui permet aux utilisateurs de vérifier si une compagnie spécifique a reçu des subventions de la SSUC.

« Il est clair que les subventions salariales ont profité non seulement aux entreprises en difficulté, mais aussi à de nombreuses autres qui étaient suffisamment solides pour résister seules au ralentissement associé à la pandémie. Sans une comptabilité publique complète d'Ottawa, il est impossible de déterminer combien de milliards de dollars ont été dépensés inutilement. Mais il est certain que le coût de la SSUC a grimpé bien au-delà de ce qui était prévu au départ. »

Cela soulève une question dont les travailleurs doivent discuter. Les gouvernements doivent-ils « sauver » les entreprises privées en difficulté et leurs propriétaires ? Est-ce devenu le rôle des gouvernements dans l'économie impérialiste en usant d'excuses telles que le maintien des emplois et le sauvetage de l'économie des crises récurrentes ? Les ressources publiques doivent-elles être mobilisées pour sauver les intérêts privés des riches au lieu de trouver une alternative qui résout les problèmes à long terme et sert le bien commun et non les intérêts privés étroits d'une infime minorité qui exploite en fait la majorité ?

Le Globe dit qu'un défaut de conception de la SSUC a fait en sorte qu'elle a pu être exploitée par de grandes entreprises pour gonfler leurs bénéfices. Il écrit : « Ottawa a choisi de ne pas limiter la SSUC aux petites entreprises. Le gouvernement n'a pas non plus versé de subventions uniquement aux travailleurs dont l'emploi risquait d'être éliminé. Si une entreprise était admissible, les salaires de tous ses employés - même ceux de la direction - étaient au moins partiellement subventionnés. Et la SSUC permettait aux filiales d'être admissibles, sans tenir compte des ressources ou des résultats financiers de leur entité corporative plus large. »

Le Globe poursuit : « Le programme de subventions salariales - qui, pour être plus précis, est en fait un programme de remise sur les salaires - était la deuxième tentative d'Ottawa de renflouer les entreprises menacées par les coups économiques combinés de la pandémie et des confinements qui en ont résulté. »

La SSUC a élargi la base des entreprises pouvant demander des subventions. « Les petites entreprises aux liquidités limitées n'étaient pas les seules à bénéficier d'un soutien, les entreprises de toute taille pouvaient faire la queue...

« Pour les entreprises, il n'y avait pas d'équivalent d'une preuve de besoins. La capacité des entreprises à absorber un ralentissement temporaire n'était pas prise en compte dans la détermination de l'octroi des subventions. Non plus la capacité des grandes entreprises à faire appel aux marchés de capitaux, ou à simplement redéployer les liquidités des filiales rentables vers les filiales en difficulté. »

« La SSUC n'a imposé aucune limite à l'utilisation des fonds par les entreprises. Ottawa a refusé d'imposer de telles règles et restrictions, même s'il a révisé, élargi et prolongé la SSUC plusieurs fois au-delà de sa durée initiale de 12 semaines. Mais cela n'a pas empêché Chrystia Freeland de laisser entendre que les libéraux l'avaient fait. Elle l'a fait encore en mars lorsqu'elle a déclaré : 'Il est important que les entreprises comprennent que, légalement, la subvention salariale ne peut être utilisée que pour payer les employés. Elle ne peut pas être utilisée à d'autres fins'. »

« En fait, il n'y a pas de règles à cet effet dans la loi de mise en application de la SSUC. La structure du programme ne prévoit même pas un tel scénario. [...]

« Les demandes de remboursement de la SSUC n'ont pas à être faites immédiatement. Selon les règles du programme, les entreprises auraient pu attendre jusqu'au début de février 2021 pour soumettre des demandes pour la période de remboursement initiale en mai 2020. Qu'elles aient embauché ou licencié des travailleurs dans les huit mois intermédiaires n'avait aucune importance. [...]

« Au-delà de la question de l'inclusion des grandes entreprises, le programme ne faisait pas de distinction entre les opérations autonomes et les filiales à part entière des conglomérats. Dans le cas de TFI, le conglomérat de transport routier, la division des colis et courriers de la société a été autorisée à percevoir des subventions au troisième trimestre, même si les revenus de son activité logistique ont augmenté, en partie, en raison de la croissance explosive du commerce électronique pendant la pandémie. Au total, 20 sociétés différentes détenues à 100 % par TFI ont reçu des paiements au titre de la SSUC. TFI a décliné toute invitation à commenter.

« Mais TFI ne figure pas parmi les premières sur la liste des 20 entreprises ayant le plus de filiales recevant la SSUC. Corus Entertainment Inc. était en tête de liste, la société mère et 79 de ses entités corporatives en propriété exclusive ayant reçu un total de 40,2 millions de dollars en subventions en 2020. BCE arrive en deuxième position, avec 63 filiales en propriété exclusive; ensemble, la société mère et ses filiales ont reçu 122,9 millions de dollars. (L'entreprise n'a révélé ce chiffre que dans un dépôt de registre de lobbying, affirmant que le montant de la subvention n'était pas assez important pour mériter une mention dans ses rapports financiers.)

« Un autre défaut qui est devenu évident avec le recul est la capacité des entreprises à demander des subventions pour ce qui s'est avéré être des ralentissements extrêmement limités de leurs activités. Un exemple concret : la société montréalaise de traitement des paiements Lightspeed POS Inc., dont la valeur boursière a augmenté de plus de 9 milliards de dollars pendant la pandémie, car les détaillants indépendants et les restaurants se sont abonnés en masse à son logiciel de paiement qui permet aux clients de traiter les ventes en ligne.

« Lightspeed a perçu 7,26 millions de dollars US en paiement de la SSUC, en grande partie à cause d'une baisse passagère des revenus de mars à juin 2020. C'est la seule baisse de revenus trimestrielle que l'entreprise a subie pendant la pandémie - une piètre chute de 100 000 $ US. La subvention salariale qu'elle a réclamée était, en effet, 70 fois supérieure à ce manque à gagner.

« Dans l'ensemble, les revenus de Lightspeed ont bondi de 79 % en 2020. Et elle est devenue l'une des entreprises technologiques canadiennes les plus performantes en 2020 grâce à la pandémie. L'entreprise s'est également inscrite à la Bourse de New York en septembre dernier, une entrée fracassante qui lui a rapporté un produit brut de 332 millions de dollars américains. »

Hausse des bénéfices des entreprises pendant la pandémie

Le Globe écrit : « Au-delà de ces anecdotes, le professeur Smart (de l'Université de Toronto) souligne la hausse des bénéfices des entreprises au troisième trimestre de 2020 comme preuve que la SSUC a surcompensé les entreprises. En temps normal, les bénéfices des entreprises subissent un coup solide lors d'une récession, souvent réduits de moitié, dit-il.

« Ce n'est pas le cas pendant la pandémie. Au troisième trimestre, les bénéfices globaux des entreprises sur une base désaisonnalisée, tels que comptabilisés par les comptes nationaux trimestriels de Statistique Canada, étaient supérieurs de 12,1 milliards de dollars à ceux du quatrième trimestre de 2019, le dernier trimestre complet avant la pandémie. À la fin du troisième trimestre, l'économie rebondissait fortement après sa chute libre du printemps, avec un PIB inférieur de seulement 5 % aux niveaux prépandémiques de février – bien que cette reprise ait été inégale selon les secteurs.

« Les subventions gouvernementales aux entreprises, y compris les versements de la SSUC, se sont élevées à 22,6 milliards de dollars. Un décompte séparé de la SSUC par le gouvernement évalue les coûts du programme au troisième trimestre à 21,3 milliards de dollars.

« Selon le professeur Smart, cela signifie qu'environ la moitié des subventions versées aux entreprises ont constitué une surcompensation, puisqu'elles ont permis d'augmenter les bénéfices des entreprises au-delà des niveaux prépandémiques.

« La même tendance est apparue au quatrième trimestre lorsque, selon Statscan, les bénéfices totaux des entreprises ont augmenté de 10,9 milliards de dollars, les subventions étant légèrement inférieures à 10 milliards de dollars. Cela signifie que les bénéfices ont presque entièrement retrouvé leur niveau d'avant la pandémie et que les subventions ont simplement gonflé le résultat net. Il n'y a qu'une seule explication possible et c'est l'accès à la SSUC », dit le professeur Smart.

La SSUC paie pour les briseurs de grève


Rassemblement des travailleurs de la raffinerie Coop, le 7 janvier 2020. La raffinerie
a utilisé l'argent de la SSUC pour payer des briseurs de grève afin de remplacer les
travailleurs en lockout.

Un autre exemple flagrant ne figure pas dans le rapport du Globe, mais dans PressProgress. L'argent de la SSUC a été utilisé pour financer des mercenaires briseurs de grève pour remplacer les travailleurs qui avaient été mis en lockout à la raffinerie Co-op de Regina, en Saskatchewan. L'argent de la SSUC a servi à payer des briseurs de grève, dont beaucoup ont été amenés par hélicoptère à la raffinerie et y ont été logés pour la faire fonctionner à la place des 750 travailleurs mis en lockout. Cette lutte a duré sept mois de pandémie. Le lockout des travailleurs de l'entreprise a réduit la production et donc ses revenus, ce qui lui a permis de bénéficier de l'argent public de la SSUC pour payer les briseurs de grève professionnels et les entreprises de trafic de main-d'oeuvre qui ont fourni les briseurs de grève.

PressProgress cite Amir Mawani, professeur d'études commerciales de l'Université de York qui fait actuellement des recherches sur la SSUC, qui affirme que les syndicats canadiens ont raison de s'inquiéter de ces formes de subventions aux entreprises. « Vous n'avez pas eu à expliquer pourquoi vos revenus ont baissé, explique-t-il. Cela pourrait être la COVID, cela pourrait être un piquet de grève, cela pourrait être la baisse des prix du pétrole. C'est ce qui devrait préoccuper le syndicat : le fait même d'un lockout rend (l'employeur) admissible, qui ne le serait sans doute pas sans le lockout. »

Le professeur Mawani explique que les sociétés cotées en bourse ne sont pas tenues d'inclure les revenus de la SSUC dans les rapports trimestriels si le montant est jugé « sans importance », c'est-à-dire insignifiant par rapport au budget global. Les sociétés non cotées en bourse ne sont même pas tenues de produire des rapports publics. « La SSUC n'est pas vraiment une subvention salariale, c'est une subvention pour frais d'affaires », dit Amir Mawani.

PressProgress rapporte que la raffinerie de Regina n'est pas la seule à avoir utilisé l'argent de la SSUC pour attaquer sa main-d'oeuvre pendant une grève ou un lockout. Federated Co-operatives Limited et plusieurs des entreprises contractantes qu'elle a employées pendant le lockout figurent dans la base de données de la SSUC, tout comme de nombreux autres employeurs qui ont connu des conflits de travail en 2020. L'Agence du revenu du Canada a reçu 1 200 plaintes concernant l'utilisation abusive de la SSUC par des entreprises.

Les travailleurs ont été mis en lockout le 20 juin 2020 par CESSCO Ltd., un fabricant de produits métalliques d'Edmonton, qui cherchait à leur faire accepter de grandes coupures dans leurs salaires et leur régime de retraite. La compagnie a utilisé des briseurs de grève pendant le lockout tout en recevant l'aide du programme de la SSUC.

« Charles Smith, professeur de sciences politiques à l'Université de la Saskatchewan, affirme que cette 'échappatoire pour les briseurs de grève' est l'une des nombreuses méthodes par lesquelles la subvention salariale permet aux employeurs de privilégier les profits au détriment de leurs propres travailleurs. »

Le programme de la SSUC du gouvernement Trudeau a pour objectif de préserver le pouvoir, la richesse sociale et les privilèges de classe des oligarques au pouvoir et de bloquer toute discussion ou tout élan vers une nouvelle direction pour l'économie. Cela prouve une fois de plus que l'édification nationale au XXIe siècle est la responsabilité sociale de la classe ouvrière en opposition au contrôle et à la domination de l'oligarchie mondiale et de ses gouvernements. Un premier pas dans cette nouvelle direction est d'organiser les forces des travailleurs dans un grand mouvement pour arrêter de payer les riches, augmenter les investissements dans les programmes sociaux et faire du Canada une zone de paix avec un gouvernement antiguerre.

(Photos : Unifor, Boilermakers 146)

Haut de page


Les travailleurs doivent exercer le pouvoir décisionnel sur
nos ressources naturelles

Les plans de l'industrie de l'aluminium de payer les riches pour la modernisation

L'Association de l'aluminium du Canada (AAC) a soumis ses « recommandations prébudgétaires » dans une lettre au gouvernement du Québec le 12 février. La lettre est en fait un coup de semonce tiré en direction des travailleurs de l'aluminium qui sont la cible d'attaques par le biais de ce qu'on appelle l'automatisation numérique 4.0[1]. Pour ajouter à l'injure, l'AAC demande que les gouvernements financent cette attaque par des stratagèmes pour payer les riches et des modifications à certains règlements.

Les travailleurs de l'aluminium et leurs syndicats n'ont pas été consultés sur les propositions de l'AAC qui demandent un financement gouvernemental pour moderniser le processus de production et réduire leurs rangs. Ils n'ont pas non plus été consultés sur la manière dont les travailleurs, s'ils sont licenciés en raison de l'automatisation, seront soutenus et formés pour d'autres types de travail et auront un moyen de subsistance garanti qui maintiendra leur niveau de vie actuel. L'automatisation menée de la manière proposée dans la lettre de l'AAC avec le soutien de fonds publics est inacceptable. Il en résulterait que les cartels mondiaux renforceraient leur domination et leur contrôle sur le secteur et sur la classe ouvrière au Québec et au Canada et draineraient de la valeur hors du pays. Ça ne doit pas passer !

Une direction différente doit et peut être trouvée ! Les travailleurs peuvent commencer en s'exprimant contre le fait qu'on fasse payer les travailleurs pour la modernisation afin de payer les riches. Lorsque les travailleurs s'expriment, ils découvrent l'étendue de la fraude et de la corruption qui sont en cours. Quand ils s'expriment, la fausseté des arguments fournis par les riches est révélée. On peut voir à quel point ils sont faux. Les riches pensent pouvoir forcer l'économie à faire ce qu'ils veulent, mais ils se trompent. Ils en veulent toujours plus. Par ailleurs, c'est uniquement s'ils ne sont pas tenus de rendre des comptes que les gouvernements peuvent s'en tirer avec des stratagèmes pour payer les riches. Maintenant que l'économie dans son ensemble a besoin d'être modernisée, il est temps de les forcer à rendre des comptes.

Note

1. Selon Wikipedia, l'industrie 4.0 ou la quatrième révolution industrielle « s'affirme comme la convergence du monde virtuel, de la conception numérique, de la gestion (opérations, finance et marketing) avec les produits et objets du monde réel. »

Haut de page


Le projet « ELYSIS » qualifié
de «modernisation progressive»

La lettre écrite par l'Association de l'aluminium du Canada au gouvernement du Québec en février, avec sa recommandation pour la modernisation du secteur de l'aluminium, dévoile les arguments intéressés de l'association. Dans sa lettre, l'AAC dit que l'industrie de l'aluminium est bien placée pour profiter de la tendance actuelle à la décarbonisation et à l'automatisation. Elle souhaite que le gouvernement du Québec accompagne le secteur dans le renforcement de sa position concurrentielle mondiale en consolidant son contrôle de la chaîne d'approvisionnement nord-américaine par le biais de son « Projet ELYSIS » qualifié de « modernisation progressive ». Elle propose de produire un matériau traçable à faible émission de carbone en mettant l'accent sur la réduction du prix de production grâce à l'automatisation numérique 4.0 pour éliminer les travailleurs et accomplir ce qu'elle appelle les meilleures pratiques environnementales. Pour atteindre son objectif de dominer « l'Amérique du Nord », vaincre ses concurrents mondiaux et réduire la main-d'oeuvre, l'AAC dit qu'elle doit recevoir des fonds gouvernementaux sous forme de subventions, d'allégements fiscaux et de changements de réglementation. (Toutes les citations sont tirées de la lettre.)[1].

La classe ouvrière n'a pas son mot à dire sur les stratagèmes
pour payer les riches

L'AAC déplore le fait que les usines du cartel sont vieilles et ont besoin d'un renouvellement pour être numérisées afin de répondre aux besoins d'un marché réorganisé selon de faibles émissions de carbone et faire face à la concurrence mondiale. Tout cela coûte cher et l'industrie pense qu'elle a le droit de recevoir des fonds publics pour financer la transformation même si les profits seront privés. Les propriétaires privés ne veulent pas être accablés par le coût et les risques d'une direction qu'ils ont eux-mêmes mise en place. Ils n'acceptent pas non plus de responsabilité sociale pour les travailleurs licenciés à cause de l'automatisation et abandonnés à leur sort avec leurs familles.

Les travailleurs de l'aluminerie de Rio Tinto à Alma dénoncent le gouvernement du Québec qui subventionne l'électricité de la compagnie pendant le lockout en 2012.

Le cartel de l'aluminium veut que toutes les formes existantes ou ce qu'il appelle les formes « traditionnelles » de payer les riches restent en place, comme les subventions et l'électricité à rabais. En outre, il souhaite que les gouvernements « regardent au-delà » avec des formules rehaussées comprenant des réglementations favorables et des avantages fiscaux. Le cartel demande des fonds publics pour aider directement à l'automatisation par le biais de la robotisation et de nouvelles technologies entraînant une efficacité énergétique, moins de travailleurs et des émissions plus faibles de carbone. Il dit que si le cartel est obligé d'utiliser sa propre richesse sociale ou de l'emprunter sur les marchés privés, le retour sur l'investissement par rapport au prix de production qui en résulterait ne serait pas assez élevé pour satisfaire ses investisseurs et propriétaires majoritaires. Pour augmenter le retour sur l'investissement et le taux de profit, divers facteurs sont nécessaires, que l'AAC décrit comme suit.

L'AAC souhaite que ses membres du cartel puissent rapidement amortir en déduction fiscale tout investissement dans la modernisation 4.0. Elle qualifie cette demande, dans le jargon impérialiste, d'une accélération de l'amortissement de la dépense en capital. Elle la présente tant au gouvernement du Québec qu'au gouvernement fédéral. L'AAC réclame que les alumineries soient immédiatement admissibles aux crédits d'impôt à l'investissement qui ne sont actuellement disponibles que pour les entreprises manufacturières. Ces formes de crédits d'impôt comprennent le montant investi pour l'achat d'équipement de production et son installation.

La modernisation ne doit pas se faire aux dépens
des travailleurs et de la société

L'AAC veut que le gouvernement mette en place des stratagèmes non spécifiés pour payer les riches pour ses entreprises membres, les trois principaux producteurs d'aluminium au Québec et au Canada : Alcoa, Aluminerie Alouette et Rio Tinto. Ces stratagèmes paieraient pour toutes les améliorations technologiques et les composants dont les entreprises pourraient avoir besoin dans leurs programmes de modernisation 4.0 « dans les domaines de l'automatisation, de la robotisation et de l'IA, et accélérer les projets 'prêts à démarrer' ».

L'AAC souhaite que le gouvernement assume tous les risques pouvant être liés à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans les alumineries. Elle demande aux gouvernements d'établir des crédits d'impôt pour tout paiement pour les services-conseils et de formation nécessaires à l'adaptation de ces technologies au raffinage et d'étendre ces crédits pour stimuler la valorisation de la « scrap secondaire » provenant de la refonte d'aluminium par raffinage. Des crédits d'impôt plus importants devraient également être mis à sa disposition, dit-elle, pour favoriser l'électrification des équipements et des procédés utilisés dans le raffinage, car il s'agit évidemment d'« un avantage environnemental ». À noter que l'hydroélectricité à rabais et abondante pour les alumineries, fournie à des tarifs dits industriels, est un attrait majeur pour les monopoles mondiaux de l'aluminium à produire au Québec et en Colombie-Britannique.

L'AAC veut des crédits d'impôt pour le montant versé aux travailleurs de la construction sur tous les projets de modernisation d'aluminerie. Elle veut aussi des subventions ou des crédits d'impôt pour le temps de travail nécessaire pour former les travailleurs aux nouveaux équipements et aux améliorations technologiques. Dans toutes ces réclamations, elle ne mentionne aucunement le sort réservé aux travailleurs licenciés par l'automatisation. Ce silence signifie que les propriétaires de l'industrie ne veulent assumer aucune responsabilité sociale pour le bien-être et l'avenir des travailleurs et de leurs familles, car cela réduirait le rendement sur les investissements.

La fraude du marketing environnemental

L'AAC joue sans honte la carte environnementale lorsqu'elle dit que tous les stratagèmes corrompus de payer les riches qu'elle exige autour de la modernisation 4.0 sont bons pour l'environnement, sans parler des intérêts privés mondiaux qui possèdent et contrôlent le secteur. C'est frauduleux de répéter sans cesse qu'il y a des intérêts communs entre les intérêts privés étroits qui profitent des ressources qui appartiennent à la nation québécoise et les travailleurs comme si les travailleurs ne pouvaient pas se passer des propriétaires privés. Ce qui est frauduleux, c'est que les gouvernements prétendent représenter l'intérêt national alors qu'en fait ils représentent des intérêts privés étroits qui ne sont même pas québécois !

Comme si le secteur de la production d'aluminium au Québec et en Colombie-Britannique était détenu et contrôlé par des Canadiens et des Québécois, l'AAC affirme qu'elle est constamment sur la défensive face à des concurrents mondiaux et que par conséquent les gouvernements québécois et canadien doivent payer pour renforcer ces entreprises privées en payant leur modernisation. En fait, la plus grande partie de la nouvelle valeur que les travailleurs ont produite au cours des décennies de production d'aluminium a quitté le pays, expropriée comme profit par les oligarques mondiaux. Cette fuite de la valeur ajoutée inclut l'expropriation des profits de la nouvelle valeur produite par les travailleurs d'Hydro-Québec et de BC Hydro, que le cartel de l'aluminium saisit sous forme de tarifs d'électricité inférieurs au prix de production.

L'AAC est très enthousiaste quant aux possibilités de profiter des dépenses publiques postpandémiques des gouvernements québécois et canadien en matière d'infrastructure. Elle écrit que « les pratiques d'approvisionnement des marchés publics devraient tirer parti de chaque dollar vers une économie plus durable, permettant comme jamais auparavant l'utilisation et la mise en oeuvre de solutions innovantes faisant appel à des matériaux à faible empreinte carbone tels que l'aluminium. Cela contribuera à atteindre les objectifs nationaux de réduction des émissions de CO2. » C'est peut-être le cas, mais qui devrait payer ? Qui devrait décider de la direction de l'économie ?

Promouvoir la corruption généralisée représentée par le vol des ressources publiques par des intérêts privés puissants et privilégiés, qui jouent la carte verte, comme étant en quelque sorte acceptable et au service du bien commun est inacceptable ! L'AAC déclare que les stratagèmes gouvernementaux de payer les riches pour innover dans le secteur sont « essentiels au leadership de l'industrie dans le futur et à sa contribution à la réduction des GES ». Elle dit que ces paiements corrompus à des intérêts privés mondiaux génèrent de la « richesse nationale » à partir de « R-D et les exportations potentielles de technologies » et que pour cette raison ils « doivent être soutenus ». Les groupes de réflexion et les médias impérialistes répètent sans arrêt et sans discussion que payer les riches crée de la richesse nationale pour tous, sert le bien commun et mène à l'édification nationale. Lorsqu'ils répondent, les travailleurs et leurs organisations doivent commencer par rejeter cette fraude.

Les travailleurs ne sont pas superflus!

L'AAC déclare ouvertement que ce « passage à l'industrie 4.0 » se traduira par des pertes d'emplois dans le secteur. Elle exprime son inquiétude non pas pour la classe ouvrière, mais plutôt pour un changement de réglementation qui rendrait acceptable et légale l'absence de préoccupation pour les travailleurs licenciés et le fait que les riches deviennent plus riches et plus puissants. Elle dit que les inévitables licenciements « signifient également que les politiques de soutien financier ne peuvent plus être ancrées sur une base d'emploi par dollar, et doivent plutôt être fondées sur la création de richesse. Elles doivent comprendre la richesse générée en amont de l'automatisation, des robots et de l'IA : c'est le nouveau paradigme. » En d'autres termes, les stratagèmes pour payer les riches basés sur la tromperie de la création d'emplois ne sont plus réalisables et doivent désormais être basés sur la tromperie de « la création de richesse ». L'AAC laisse délibérément dans le flou qui va s'emparer de cette richesse qui est créée, mais les oligarques mondiaux contrôlent et possèdent les moyens de production et, selon les règles impérialistes de propriété, ont légalement droit à tout nouveau profit et à un rendement sur investissement qui est concurrentiel au niveau international pour attirer les investissements.

L'AAC déclare que « le soutien financier d'Investissement Québec dans le projet ELYSIS est fondamental et permet d'ancrer au Québec le développement et la commercialisation future d'une technologie de rupture. Cette capacité d'intervention financière doit être maintenue et mise à contribution pour accélérer l'innovation industrielle au Québec. »

L'AAC ne s'inquiète pas du fait que les cartels mondiaux privés comme Apple ont tout à gagner du financement public de la modernisation 4.0 grâce à la vente de ses produits et à son expertise privée qualifiée de « propriété intellectuelle ». L'AAC ne cesse de répéter que les fonds publics allant à des intérêts privés servent le bien commun, tel l'argent du gouvernement pour « le Projet ELYSIS ». Et d'ailleurs, comme le dit l'AAC, le projet entraînera la production d'aluminium à partir d'anodes inertes sans aucune libération de gaz à effet de serre (GES). Elle parle plus discrètement du fait que la nouvelle technique de production entraînera certainement des pertes d'emplois. De plus, le nouveau type d'anodes, qui durent beaucoup plus longtemps que les anodes actuelles, ne sera pas produit au Québec comme l'est l'anode actuelle, du moins selon ce qu'on croit. Le fait que les GES seront réduits et que le recyclage de l'aluminium augmentera devient une couverture pour masquer tous les problèmes, y compris les attaques contre les droits et les moyens de subsistance des travailleurs et la corruption consistant à payer les riches pour consolider leur richesse sociale, leur pouvoir et leurs privilèges de classe.

Encore plus d'intégration dans l'économie de guerre des États-Unis

L'AAC salue l'accord de libre-échange conclu récemment entre le Canada, les États-Unis et le Mexique et le financement par le gouvernement canadien de l'intégration « plus forte » de l'industrie de l'aluminium à l'économie (de guerre) des États-Unis. L'aluminium est crucial pour l'armée des États-Unis, son matériel et ses préparatifs de guerre, et l'industrie automobile dominée par les États-Unis et d'autres industries manufacturières.

Pour assurer cette intégration à l'économie de guerre et la sécurité intérieure des États-Unis, l'AAC veut la « mise en oeuvre de la technologie de traçabilité dans les alumineries du Canada, avec le soutien financier du gouvernement canadien ». La traçabilité « contribuera à assurer (que) ce lien » avec l'économie des États-Unis demeure sécurisé et ainsi les dirigeants des États-Unis seront convaincus que l'aluminium ne provient pas de concurrents mondiaux, en particulier la Chine et la Russie contre lesquels ils génèrent de la haine en prévision d'une guerre. À cet égard, l'AAC salue que « le financement par le biais de Développement économique Canada exigeait une technologie de traçage des points d'entrée pour permettre la traçabilité complète des métaux de la chaîne de valeur en aval. Le gouvernement du Québec devrait assurer l'accès par les PME de transformation à la technologie de point d'entrée appropriée par un soutien financier à travers les programmes existants tel le manufacturier 4.0. »

Cela signifie que toutes les activités d'extraction, de raffinage et de traitement au Québec et au Canada seront soumises à des « autorisations de sécurité » de l'impérialisme américain pour prouver la loyauté et la volonté de s'engager dans des préparatifs de guerre contre la Chine, la Russie et tous les autres que les États-Unis déclarent être un ennemi. De cette façon, le secteur de l'aluminium et toutes ses parties sont assurés de leur intégration et leur pénétration du marché américain.

La classe ouvrière du Québec et du Canada doit examiner comment les gouvernement permettent que les attaques contre ses droits et revendications, comme celles proposées par l'AAC, soient commises sans résistance ou obstacle. Les travailleurs et leurs organisations devront répondre aux demandes que font les oligarques mondiaux dans le contexte du besoin de modernisation. L'automatisation 4.0 telle que décrite par l'AAC, avec les stratagèmes pour payer les riches, la destruction nationale, l'absence d'attention au bien-être, aux droits et aux revendications des travailleurs et les appels bellicistes à être concurrentiels doivent être confrontés avant qu'il ne soit trop tard et que tout le pays soit entraîné dans une guerre. Il faut une nouvelle direction qui défend les droits des travailleurs et l'édification nationale dans le but de créer une économie indépendante et autosuffisante centrée sur l'humain qui arrête de payer les riches, augmente les investissements dans les programmes sociaux, fait du commerce avec tous les peuples dans un esprit d'avantage mutuel et de développement et de paix. Un point de départ dans cette direction est de rejeter les propositions avancées dans la lettre de l'AAC et exiger que le gouvernement écoute les travailleurs.

Note

1.Voir le texte de la lettre de l'AAC

(Photos: LML, S. Duchenes)

Haut de page


Les travailleurs de l'Alberta et leurs alliés affrontent les milliardaires australiens du charbon


À Calgary le 28 mars 2021

Un puissant mouvement de masse se développe en Alberta contre les plans récemment annoncés du gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) de brader les réserves de charbon de l'Alberta sur le versant oriental des montagnes Rocheuses à des monopoles de charbon australiens pour presque rien. Le charbon miné devait être extrait et ensuite expédié en Asie. Les manifestants jugent, avec raison, que la mine de charbon à ciel ouvert dans les bassins hydrographiques de la province est une grave menace pour les communautés, l'environnement et leurs moyens de subsistance.

Des centaines de milliers d'Albertains de tous les horizons contestent ces efforts pour brader le charbon en formant des groupes organisés, en créant des alliances et des forums publics, en posant des pancartes sur les pelouses et en lançant plusieurs pétitions, celles-ci ayant recueilli au total plus de 100 000 signatures. Les résultats préliminaires d'un sondage provincial de mai 2021 auprès de plus de 25 000 personnes montrent que les Albertains ont d'importantes préoccupations face à l'expansion de l'industrie. « Plus de 90 % des répondants estiment que certaines régions de la province ne se prêtent pas à l'exploration et à l'exploitation du charbon », selon les résultats du sondage publié le 21 mai.

Le PCU a annoncé son plan de brader le territoire aux monopoles australiens en mai 2020, lorsque le gouvernement a abrogé la politique du charbon de l'Alberta qui protège depuis 44 ans quelques 1,5 million d'hectares de terres sur le versant oriental des Rocheuses contre l'extraction à ciel ouvert. Le PCU a mis fin à cette politique sur le charbon adoptée en 1976 sans aucune consultation publique, bien qu'il ait consulté l'Association du charbon du Canada basée en Alberta et qui représente les propriétaires des mines de charbon. Le PCU nie que son objectif est d'ouvrir le versant oriental aux monopoles miniers, mais Capital Investment Partners, basé en Australie et propriétaire de quatre compagnies de charbon ayant des contrats dans les Rocheuses centrales, a rapporté à ses investisseurs en 2019 que « le gouvernement de l'Alberta est en train de changer sa politique sur le charbon pour autoriser plus d'extraction à ciel ouvert ».

L'intensité des protestations qui se poursuivent sans relâche a forcé le PCU à reculer, ou du moins à faire semblant de reculer. La ministre de l'Énergie de l'Alberta, Sonia Savage, un ancien cadre d'entreprises d'oléoducs, a annoncé dans un communiqué de presse le 18 janvier qu'à la lumière de l'opposition publique, l'octroi de onze contrats de charbon aux monopoles australiens serait annulé et qu'aucun autre site ne serait vendu sur des terres où les mines à ciel ouvert étaient interdites en vertu de l'ancienne politique. Les manifestants ont fait valoir que les contrats annulés ne représentent qu'une petite fraction des contrats conclus depuis que la politique du charbon a été abrogée.

Le 8 février, la ministre Savage a changé la décision d'abroger la politique du charbon de 1976, prétendant que le PCU avait maintenant l'intention de mener une vaste consultation sur la nouvelle politique du charbon. Elle a annoncé qu'un comité composé de cinq personnes avait été nommé, avec à sa tête un consultant privé qui a travaillé pour la Banque mondiale et est un ancien membre de l'Institut canadien des Affaires mondiales, un organisme néolibéral et financé par les entreprises. Évidemment, les Albertains sont très conscients que toutes ces consultations commanditées par le PCU sont bidon et ne mèneront qu'à des conclusions prédéterminées par les monopoles et leur gouvernement vendu.

Entre 2003 et 2013, les monopoles australiens exploitaient les mines dans leur pays, approvisionnant les marchés asiatiques en expansion de minerai de fer, de charbon pour fabriquer de l'acier et pour générer de l'électricité ainsi que d'immenses profits. Mais un déclin dans la qualité des ressources ainsi que l'opposition accrue du peuple aux mines à ciel ouvert en Australie ont forcé les monopoles australiens à chercher ailleurs le charbon qu'ils veulent expédier en Asie. Les monopoles australiens du charbon espèrent maintenant que le gouvernement du PCU vendu leur offrira la même formule gagnante que celle qu'ils ont connue en Australie : de faibles redevances, un faible taux d'imposition des entreprises, le moins de règlements possibles et des politiciens qui collaborent. En d'autres mots, la même formule que le PCU adopte envers les monopoles des combustibles fossiles qui opèrent en Alberta.

Les mesures douteuses du PCU favorables aux intérêts des milliardaires australiens du charbon montrent une fois de plus comment les monopoles mondiaux ont une emprise privée sur l'économie contemporaine et la contrôlent, en plus de dominer la politique officielle. Leur propriété privée est en contradiction avec le caractère socialisé de l'économie moderne, avec sa réalité imbriquée et les milliards de producteurs de fait qui créent le produit social nécessaire pour l'existence du peuple et de la société sans avoir droit au chapitre quant à la direction de l'économie.

Le but de la propriété privée est de faire un profit maximum avec les secteurs de l'économie que les propriétaires contrôlent, telles que l'extraction du charbon, et de forcer l'État à se soumettre à sa volonté et à payer les riches. Il en résulte une dysfonction de l'économie ainsi que des crises chroniques alors que les secteurs entrent en conflit les uns avec les autres et avec les intérêts des producteurs de fait qui se voient refuser toute voix au chapitre. Par exemple, l'objectif étroit des oligarques du charbon, qui est le gain privé, entre en conflit avec le besoin des divers secteurs et entreprises de l'économie de fonctionner en harmonie pour le bien commun.

Les conditions objectives soulèvent la question de comment résoudre les problèmes environnementaux et le pillage de la nature, comme pour les mines à ciel ouvert, par lesquelles on fait littéralement sauter les cimes de montagnes tandis que les « déchets » sont jetés dans les vallées des rivières avoisinantes, ce qui obstrue les courants et pollue les eaux avec de dangereux produits chimiques tels que le sélénium. Le problème majeur est que le peuple ne contrôle pas son économie et ses affaires politiques. Si la domination des monopoles mondiaux n'est pas prise en compte, souvent les efforts pour régler les problèmes environnementaux sont manipulés par les forces mêmes qui sont à la source du problème et transformés en programmes pour payer les riches.

Bien sûr, chaque problème de pollution industrielle et autres - la détérioration des sols, la poussière, le bruit incessant, les gaz toxiques, la contamination de l'eau - peut être abordé en soi. Des propositions, des campagnes et des solutions portées par des luttes peuvent mener à des remèdes passagers comme l'annulation par le PCU de certains contrats miniers, le retour à la loi abrogée, et « s'engager » à tenir des consultations pour développer une nouvelle politique du charbon. Cependant, pour transformer tout succès en victoire à long terme, le problème de la domination globale des oligarques sur tous les aspects de la vie doit être abordé et combattu avec sérieux. Et des efforts tout aussi sérieux doivent être consacrés à surmonter cette domination et à bâtir le Nouveau.

(Photos : A. Woo, Nipissing Water Protectors)

Haut de page


Les baies sauvages de la Colombie-Britannique
sont impropres à la consommation
humaine et animale

Rassemblement à Prince George le 12 novembre 2020 pour exiger l'arrêt de
la pulvérisation de glyphosate

Est-ce une bonne idée de cueillir et de manger des framboises et des bleuets sauvages dans les zones de coupe des forêts dans la région centrale et nordique de l'intérieur de la Colombie-Britannique ? Pas si ces terres ont été arrosées de l'herbicide glyphosate au cours des dernières années. Et la même précaution vaut pour les animaux sauvages comme l'orignal et l'ours, qui consomment non seulement les baies, mais aussi de grandes quantités de jeunes pousses d'épilobe, de saule et de cornouiller, qui peuvent tous contenir de faibles niveaux de résidus de glyphosate pendant une période de temps relativement longue.

Ce sont des conclusions qu'on peut tirer du projet de recherche récemment publié par une équipe de scientifiques de l'Université du Nord de la Colombie-Britannique et signé N. Botten, L. J. Wood, et J. R. Werner[1]. Leurs observations contredisent carrément le message répété par le fabricant du glyphosate, Bayer-Monsanto, que l'herbicide disparaît rapidement des plantes et de l'environnement en général après qu'il a été répandu, et qu'il n'est pas nocif pour les humains et la faune.

En ce moment, certaines grandes compagnies forestières arrosent de glyphosate, par hélicoptère, jusqu'à 17 000 hectares de forêts en Colombie-Britannique (surtout dans l'intérieur) chaque année et elles le font depuis le début des années 1980. La superficie totale couverte soit par pulvérisation ou manuellement est de 1,3 million d'hectares. L'objectif est de tuer les feuillus comme le bouleau et le tremble afin de faciliter la croissance des arbres « qui rapportent », à savoir l'épinette et le pin. Les compagnies forestières sont tenues de le faire en vertu de règlements du gouvernement provincial.

Les résultats de l'étude sont alarmants. Par exemple, un an après un traitement au glyphosate, 26 % des échantillons de framboises et de bleuets obtenus dans les zones de coupe et ayant fait l'objet de recherche seraient considérés « impropres à la consommation humaine » si évalués selon les normes de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Des résidus de glyphosate (ainsi que l'AMPA, un métabolite dérivé) ont été décelés dans les fruits au cours d'au moins une année après qu'ils ont été arrosés. De plus, de faibles niveaux de résidu d'herbicide sont restés sur les jeunes pousses de framboise, d'épilobe et de cornouiller pendant au moins six ans et dans les racines d'épilobe pendant douze ans.

Les autochtones ont soulevé pendant plusieurs années comment la consommation de ces baies et plantes médicinales arrosées au glyphosate les ont rendus malades, et il y a des rapports anecdotiques au sujet d'autres personnes qui auraient été touchées. Les répercussions à long terme sur la faune sont inconnues.

Aux États-Unis, au Canada et ailleurs, des milliers d'actions en justice ont été lancées par des personnes qui disent être atteints du cancer et d'autres maladies à cause d'une exposition prolongée au glyphosate, et un jardinier en phase terminale a reçu 289 millions de dollars en dommages-intérêts d'un tribunal californien. Par conséquent, la société Bayer-Monsanto a accepté de verser 10,9 milliards de dollars dans un fonds pour régler les milliers d'autres poursuites.

Ce qui a été révélé dans ces démarches juridiques est que Bayer-Monsanto a systématiquement recruté des scientifiques pour qu'ils publient des recherches qui défendent l'utilisation du glyphosate, allant même jusqu'à publier certaines recherches sous couvert d'un pseudonyme. Ce qui est malheureux, c'est que les autorités gouvernementales canadiennes et américaines fondent leurs décisions d'autoriser l'épandage de glyphosate à grande échelle sur ces recherches bidon.

En Colombie-Britannique, il y a une large opposition menée par des fermiers, des trappeurs, des travailleurs en forêt et d'autres à l'épandage de glyphosate. Une organisation Arrêtez l'épandage Colombie-Britannique a été fondée spécifiquement pour contrer l'épandage à grande échelle de l'herbicide. Le produit chimique a été complètement interdit en Allemagne, en Arabie saoudite, au Vietnam et dans d'autres pays.

Pourtant, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique continue d'autoriser l'épandage par hélicoptère du glyphosate sur toutes nos forêts intérieures qui souffrent déjà d'infestations de dendroctone du pin et de l'épinette, de surexploitation, d'érosion, d'inondations, d'incendies et d'une foule d'autres problèmes.

Maintenant, la cueillette de baies, un passe-temps auquel plusieurs personnes de l'Intérieur central et nordique s'adonnent depuis la nuit des temps, est menacée.

Note

1. Botten N., Wood L.J, & Werner, J.R. « Glyphosate remains in forest plant tissues for a decade or more », Forest Ecology and Management, 2021.

(Photos : H. Petersen)

Haut de page


Les forêts québécoises sont plus que
des arbres à abattre

Aujourd'hui, les élites dirigeantes continuent leur poursuite insouciante et socialement irresponsable du profit maximum et promeuvent leurs manoeuvres pour payer les riches, tout en prétendant se préoccuper de l'avenir de la Terre Mère. Il y a quelque chose de clownesque, de profane et de sordide à la fois que de prendre de telles questions à la légère. À titre d'exemple, il y a l'industrie forestière au Québec, qui considère que les forêts québécoises ne sont que des « arbres à abattre », les travailleurs, des coûts, et les peuples autochtones, des obstacles à leur pillage.

Aujourd'hui, l'industrie forestière est toujours bien vivante sous une forme ou une autre dans 157 municipalités du Québec. Dans l'Outaouais, par exemple, une région bâtie sur l'industrie du bois, elle représente toujours 50 % de la production manufacturière. Le problème n'est pas la coupe de bois comme telle, mais plutôt l'accès que les compagnies ont eu à travers l'histoire à nos forêts et leur indifférence et leur dissimulation des dommages réels causés aux écosystèmes naturels et sociaux.

Ce n'est pas que l'alarme n'a jamais été sonnée. En 1999, le documentaire L'erreur boréale, produit par l'artiste québécois et porte-parole d'Action boréale Richard Desjardins, est sorti, exprimant de vives inquiétudes face aux dangers des coupes à blanc et à la destruction aveugle de nos forêts. Le film a eu un impact momentané dans le sens que, entre autres, le gouvernement québécois de cette époque a mis sur pied la Commission Coulombe qui devait se pencher sur la question. Plus de vingt ans plus tard, Action boréale affirme que la situation est critique et que le gouvernement québécois perçoit toujours nos forêts comme les « cours à bois » des compagnies forestières. Récemment, 67 scientifiques québécois, dans une lettre ouverte, ont dénoncé la vision « industrielle » du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et ont appelé à la création d'un « observatoire national » indépendant du gouvernement dans le but d'avoir une meilleure évaluation de l'état de nos forêts publiques.

La situation est telle que les compagnies forestières parlent éloquemment des mesures prises pour contrer les émissions de carbone et pour « réduire leur empreinte environnementale », mais, du même souffle, exigent des gouvernements « d'augmenter la possibilité forestière », ce qui veut dire offrir plus de latitude pour couper plus d'arbres à des coûts réduits. Maintenant, avec le prix élevé du bois d'oeuvre, le seul « vert » qui les intéresse est celui de l'argent. À cet égard, le gouvernement – toujours à la disposition de l'industrie forestière – a présenté son Plan stratégique 2019-2023 par lequel il a annoncé une récolte accrue des forêts québécoises au cours des prochaines décennies, tout en prétendant que son plan contribuera à « la lutte contre le changement climatique » et le « développement économique ». Il a aussi annoncé dans son récent budget d'importantes compressions affectant le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Pour ce qui est de l'industrie forestière elle-même, elle passe d'une crise à l'autre, d'une fermeture à l'autre. Dans l'Outaouais, l'usine Fortress à Thurso est fermée depuis plus d'un an et demi, l'une des nombreuses usines à avoir fermé ses portes au Québec. L'industrie forestière a toujours en grande partie été dominée par des intérêts privés étrangers – surtout américains – et aujourd'hui elle est encore plus concentrée dans les mains de compagnies de « gestionnaires d'actifs » pour qui le secteur forestier existe uniquement pour enrichir leurs actionnaires sans assumer de responsabilité envers les communautés, l'environnement ou les travailleurs.

Parlez-en aux travailleurs de White Birch à Stadacona. Il y a quelques années, lorsque la compagnie a eu recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, l'usine a été achetée par une de ces compagnies de gestionnaires d'actifs, Black Diamond, qui a procédé à une « restructuration » qui, en plus d'imposer de nombreuses mises à pied et des reculs dans les conditions de travail, a coupé de façon draconienne dans les régimes de retraite auxquels les travailleurs avaient contribué toute leur vie. En dépit des nombreux obstacles et de l'indifférence du gouvernement, ces retraités continuent de lutter à la défense de leur dignité et de réclamer ce qui leur revient de droit.

Pour ce qui est de Fortress, sa fermeture a eu des répercussions sur plusieurs autres usines et scieries de la région. Nous devons prendre du recul et voir le problème de façon globale, comme une entité organique dans laquelle les humains sont interreliés et où la principale préoccupation des travailleurs et des communautés est d'agir de façon responsable envers la société et la nature. Par exemple, certaines municipalités et organisations recommandent de prendre en compte la valeur médicinale et alimentaire des forêts. La pression qui s'exerce est d'imposer une vision à l'effet que le problème en est simplement un d'approvisionnement en matière ligneuse. Cette pression était évidente dans le rapport d'une « cellule d'intervention » mise sur pied pour étudier la crise de l'industrie forestière dans l'Outaouais et les Laurentides. Les propositions mises de l'avant visent avant tout à « améliorer les activités d'approvisionnement dans les régions » et à « tirer avantage du potentiel de création de la valeur offerte par le secteur forestier dans ces régions ». Aussi la cellule demande que le gouvernement du Québec « fasse tout ce qui est nécessaire pour débloquer les négociations avec la communauté algonquine de Lac-Barrière ».

Une ligne de démarcation est en train d'être tracée. D'une part, il y a les intérêts privés et les gouvernements qui veulent maintenir le pouvoir de prises de décisions afin de continuer d'agir unilatéralement aux dépens de l'environnement naturel et social. De l'autre, il y a les travailleurs, les peuples autochtones et le peuple québécois, en particulier les jeunes, qui ont exprimé de maintes façons leur opposition à la destruction de leurs écosystèmes naturels et sociaux. Ils prennent en compte les véritables dommages causés à la Terre Mère, y compris le tissu social lui-même, et veulent faire partie des prises de décisions sur ces questions qui peuvent avoir des répercussions permanentes sur leur environnement immédiat et sur l'avenir même de l'humanité.

(Photo : Chantier politique)

Haut de page


Mexique, glyphosate et Bayer-Monsanto

Le Mexique est l'ancienne patrie du maïs. Pendant des milliers d'années, ce sont les Mayas et d'autres méso-américains qui ont développé le maïs (également connu sous le nom de maíz) en une culture, utilisant ses nombreuses variétés comme aliment de base pour nourrir leurs civilisations[1]. C'est cet aliment sacré qui est aujourd'hui menacé par les multinationales chimiques et le gouvernement des États-Unis qui exigent que le Mexique garde ses portes ouvertes au désherbant glyphosate et au maïs génétiquement modifié.

En décembre 2020, répondant aux agriculteurs, aux peuples autochtones et à d'autres, le président du Mexique, Andres Obrador, a publié un décret éliminant progressivement le glyphosate d'ici 2024. Le décret indique que « ces dernières années, différentes enquêtes scientifiques ont averti que ledit produit chimique avait des effets nocifs sur la santé, à la fois chez l'homme et chez certaines espèces animales, et a été identifié comme un cancérogène probable chez l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer. »

À cet égard, le Mexique n'est pas le seul à être préoccupé. Aux États-Unis et au Canada, des milliers de poursuites et de protestations ont été lancées contre Bayer-Monsanto (la multinationale géante qui fabrique du glyphosate) au motif que le produit chimique causait le cancer et d'autres maladies. Par exemple, un jardinier d'une école californienne qui utilisait du glyphosate dans ses fonctions s'est récemment vu octroyer 289 millions $ de dommages-intérêts par un jury après avoir contracté un cas terminal de lymphome non hodgkinien. Bayer-Monsanto a même été contraint d'annoncer qu'il versera 10,9 milliards $ dans un fonds pour régler des dizaines de milliers d'affaires judiciaires.

Le glyphosate est un produit chimique qui « inhibe la photosynthèse (le processus de fabrication de nouveaux tissus) chez les plantes, ce qui en fait un désherbant très efficace » [2]. Les plantes qui ne résistent pas à ses effets se dessèchent et meurent. Dans le monde, environ 820 millions de kilogrammes sont utilisés chaque année, dont une grande partie en Amérique du Nord. Le désherbant a été développé pour la première fois par Monsanto en 1974 et commercialisé sous le nom de « Roundup ». Mais la production a vraiment décollé après que la société a introduit les cultures « Roundup Ready » en 1996.

Ces cultures, dont le maïs, le soja et le canola, ont été génétiquement modifiées pour tolérer le glyphosate. Ainsi, les champs pourraient être arrosés avec le produit chimique, tuant les mauvaises herbes, mais permettant aux cultures commerciales de survivre. En outre, il est également utilisé pour pulvériser des terrains de golf, des terrains de jeux scolaires et d'autres sites, ainsi que des terres forestières à l'intérieur de la Colombie-Britannique afin de tuer les espèces d'arbres à feuilles larges et de promouvoir les « arbres payants » que sont l'épinette et le pin[3].

Aujourd'hui, une grande partie des cultures de céréales et de légumineuses au Canada et aux États-Unis dépend d'une manière ou d'une autre de la pulvérisation de glyphosate. Les États-Unis exportent chaque année environ 3 milliards de dollars de maïs génétiquement modifié tolérant au glyphosate vers le Mexique, ce qui rend le Mexique dépendant d'un pays étranger pour une grande partie de sa nourriture de base. Ce maïs est fortement subventionné par le gouvernement américain, ce qui rend la concurrence difficile pour les agriculteurs mexicains.

En raison de son utilisation généralisée, le produit chimique s'infiltre dans presque tous les aspects de la vie, que ce soit la nourriture, le sol, l'eau ou l'air. Par exemple, en 2015-2016, des résidus de glyphosate ont été détectés dans 36,6 % des produits céréaliers, 47,4 % des haricots, pois et lentilles et 11 % des produits du soja. Un peu plus de 31 % des aliments pour bébés à base de céréales contiennent ce produit chimique. Il a également été trouvé dans la bière et d'autres produits. Le problème est aggravé au Mexique parce que les gens y mangent en moyenne une livre de maïs par jour, dont une grande partie est importée.

Un problème supplémentaire pour le Mexique est que ce maïs génétiquement modifié importé des États-Unis menace les diverses espèces indigènes de maïs développées au fil des siècles par les agriculteurs mexicains. Pour cette raison et d'autres, le décret présidentiel mexicain bloquera également l'importation de maïs génétiquement modifié d'ici 2024.

Selon le président Lopez Obrador, l'objectif du décret est de mettre « le pouvoir politique d'abord et avant tout au service de l'intérêt public » et du « bien-être général de la population », et « non des intérêts privés ». Il s'agit d'être « conforme aux traditions agricoles du Mexique »[4] et d'atteindre l'autosuffisance et la souveraineté alimentaire.

En réponse, les administrations américaines successives ont fait pression sur le gouvernement mexicain pour qu'il révoque le décret. Divers documents divulgués ont révélé comment de hauts responsables du gouvernement américain ont travaillé en étroite collaboration avec Bayer-Monsanto pour forcer le Mexique à reculer[5]. Cela est arrivé au gouvernement thaïlandais qui, selon certains observateurs, a annulé l'interdiction du glyphosate après la pression de responsables américains et de Bayer-Monsanto[6]. Cependant, jusqu'à présent, le Mexique n'a pas changé sa position malgré les menaces que les dispositions de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) pourraient être utilisées contre lui ainsi que d'autres moyens. Dix-sept poursuites devant les tribunaux ont été déposées contre le décret pour l'interdire mais aucune n'a réussi jusqu'à date.

C'est en effet l'une des grandes ironies du modèle actuel de mondialisation dominée par les entreprises que le pays même qui a créé le maïs cultivé pour les peuples du monde se voit maintenant enfoncer une version frelatée et toxique dans la gorge.

Notes

1. Fussell, Betty, « The Story of Corn », University of New Mexico Press, 1992

2. Environmental Defence, « What's in your lunch. How glyphosate finds its way into your children's food »

3. Stop the Spray BC

4. Pesticide Action Network, « Mexico ousts glyphosate and GM corn »

5. Stancil, Kenny, « Emails reveal US officials joined with agrochemical giant Bayer to stop Mexico's glyphosate ban. » Common Dreams, 16 février 2021

6. Tanakasempipat, Patpicha, « Bayer campaign against glyphosate ban revealed. » Bangkok Post, 18 septembre 2020

Haut de page


(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)

PDF

ARCHIVES | ACCUEIL

Site Web: www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca