Les baies sauvages de la Colombie-Britannique sont impropres à la consommation humaine et animale
- Peter Ewart -
Rassemblement à Prince George le 12 novembre
2020 pour exiger l'arrêt de
la pulvérisation de glyphosate
Est-ce une bonne idée de cueillir et de manger
des framboises et des bleuets sauvages dans les
zones de coupe des forêts dans la région
centrale et nordique de l'intérieur de la
Colombie-Britannique ? Pas si ces terres ont été
arrosées de l'herbicide glyphosate au cours des
dernières années. Et la même précaution vaut
pour les animaux sauvages comme l'orignal et
l'ours, qui consomment non seulement les baies,
mais aussi de grandes quantités de jeunes
pousses d'épilobe, de saule et de cornouiller,
qui peuvent tous contenir de faibles niveaux de
résidus de glyphosate pendant une période de
temps relativement longue.
Ce sont des
conclusions qu'on peut tirer du projet de
recherche récemment publié par une équipe de
scientifiques de l'Université du Nord de la
Colombie-Britannique et signé N. Botten, L. J.
Wood, et J. R. Werner[1].
Leurs observations contredisent carrément le
message répété par le fabricant du glyphosate,
Bayer-Monsanto, que l'herbicide disparaît
rapidement des plantes et de l'environnement en
général après qu'il a été répandu, et qu'il
n'est pas nocif pour les humains et la faune.
En ce moment, certaines grandes compagnies
forestières arrosent de glyphosate, par
hélicoptère, jusqu'à 17 000 hectares de forêts
en Colombie-Britannique (surtout dans
l'intérieur) chaque année et elles le font
depuis le début des années 1980. La superficie
totale couverte soit par pulvérisation ou
manuellement est de 1,3 million d'hectares.
L'objectif est de tuer les feuillus comme le
bouleau et le tremble afin de faciliter la
croissance des arbres « qui rapportent », à
savoir l'épinette et le pin. Les compagnies
forestières sont tenues de le faire en vertu de
règlements du gouvernement provincial.
Les résultats de l'étude sont alarmants. Par
exemple, un an après un traitement au
glyphosate, 26 % des échantillons de framboises
et de bleuets obtenus dans les zones de coupe et
ayant fait l'objet de recherche seraient
considérés « impropres à la consommation humaine
» si évalués selon les normes de l'Agence
canadienne d'inspection des aliments. Des
résidus de glyphosate (ainsi que l'AMPA, un
métabolite dérivé) ont été décelés dans les
fruits au cours d'au moins une année après
qu'ils ont été arrosés. De plus, de faibles
niveaux de résidu d'herbicide sont restés sur
les jeunes pousses de framboise, d'épilobe et de
cornouiller pendant au moins six ans et dans les
racines d'épilobe pendant douze ans.
Les autochtones ont soulevé pendant plusieurs
années comment la consommation de ces baies et
plantes médicinales arrosées au glyphosate les
ont rendus malades, et il y a des rapports
anecdotiques au sujet d'autres personnes qui
auraient été touchées. Les répercussions à long
terme sur la faune sont inconnues.
Aux États-Unis, au Canada et ailleurs, des
milliers d'actions en justice ont été lancées
par des personnes qui disent être atteints du
cancer et d'autres maladies à cause d'une
exposition prolongée au glyphosate, et un
jardinier en phase terminale a reçu 289 millions
de dollars en dommages-intérêts d'un tribunal
californien. Par conséquent, la société
Bayer-Monsanto a accepté de verser 10,9
milliards de dollars dans un fonds pour régler
les milliers d'autres poursuites.
Ce qui a été révélé dans ces démarches
juridiques est que Bayer-Monsanto a
systématiquement recruté des scientifiques pour
qu'ils publient des recherches qui défendent
l'utilisation du glyphosate, allant même jusqu'à
publier certaines recherches sous couvert d'un
pseudonyme. Ce qui est malheureux, c'est que les
autorités gouvernementales canadiennes et
américaines fondent leurs décisions d'autoriser
l'épandage de glyphosate à grande échelle sur
ces recherches bidon.
En Colombie-Britannique, il y a une large
opposition menée par des fermiers, des
trappeurs, des travailleurs en forêt et d'autres
à l'épandage de glyphosate. Une organisation Arrêtez
l'épandage Colombie-Britannique a été
fondée spécifiquement pour contrer l'épandage à
grande échelle de l'herbicide. Le produit
chimique a été complètement interdit en
Allemagne, en Arabie saoudite, au Vietnam et
dans d'autres pays.
Pourtant, le gouvernement provincial de la
Colombie-Britannique continue d'autoriser
l'épandage par hélicoptère du glyphosate sur
toutes nos forêts intérieures qui souffrent déjà
d'infestations de dendroctone du pin et de
l'épinette, de surexploitation, d'érosion,
d'inondations, d'incendies et d'une foule
d'autres problèmes.
Maintenant, la cueillette de baies, un
passe-temps auquel plusieurs personnes de
l'Intérieur central et nordique s'adonnent
depuis la nuit des temps, est menacée.
Note
1.
Botten N., Wood L.J, & Werner, J.R. « Glyphosate
remains in forest plant tissues for a
decade or more », Forest Ecology
and Management, 2021.
(Photos : H. Petersen)
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 7 - 6 juin 2021
Lien de l'article:
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