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Les travailleurs de l'Alberta et leurs alliés affrontent les milliardaires australiens du charbon
- Dougal MacDonald (Ph. D. en
éducation) -
À Calgary le 28 mars 2021
Un puissant mouvement de masse se développe en
Alberta contre les plans récemment annoncés du
gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) de
brader les réserves de charbon de l'Alberta sur
le versant oriental des montagnes Rocheuses à
des monopoles de charbon australiens pour
presque rien. Le charbon miné devait être
extrait et ensuite expédié en Asie. Les
manifestants jugent, avec raison, que la mine de
charbon à ciel ouvert dans les bassins
hydrographiques de la province est une grave
menace pour les communautés, l'environnement et
leurs moyens de subsistance.
Des centaines de
milliers d'Albertains de tous les horizons
contestent ces efforts pour brader le charbon en
formant des groupes organisés, en créant des
alliances et des forums publics, en posant des
pancartes sur les pelouses et en lançant
plusieurs pétitions, celles-ci ayant recueilli
au total plus de 100 000 signatures. Les
résultats préliminaires d'un sondage provincial
de mai 2021 auprès de plus de 25 000 personnes
montrent que les Albertains ont d'importantes
préoccupations face à l'expansion de
l'industrie. « Plus de 90 % des répondants
estiment que certaines régions de la province ne
se prêtent pas à l'exploration et à
l'exploitation du charbon », selon les résultats
du sondage publié le 21 mai.
Le PCU a annoncé son plan de brader le
territoire aux monopoles australiens en mai
2020, lorsque le gouvernement a abrogé la
politique du charbon de l'Alberta qui protège
depuis 44 ans quelques 1,5 million d'hectares de
terres sur le versant oriental des Rocheuses
contre l'extraction à ciel ouvert. Le PCU a mis
fin à cette politique sur le charbon adoptée en
1976 sans aucune consultation publique, bien
qu'il ait consulté l'Association du charbon du
Canada basée en Alberta et qui représente les
propriétaires des mines de charbon. Le PCU nie
que son objectif est d'ouvrir le versant
oriental aux monopoles miniers, mais Capital
Investment Partners, basé en Australie et
propriétaire de quatre compagnies de charbon
ayant des contrats dans les Rocheuses centrales,
a rapporté à ses investisseurs en 2019 que « le
gouvernement de l'Alberta est en train de
changer sa politique sur le charbon pour
autoriser plus d'extraction à ciel ouvert ».
L'intensité des protestations qui se
poursuivent sans relâche a forcé le PCU à
reculer, ou du moins à faire semblant de
reculer. La ministre de l'Énergie de l'Alberta,
Sonia Savage, un ancien cadre d'entreprises
d'oléoducs, a annoncé dans un communiqué de
presse le 18 janvier qu'à la lumière de
l'opposition publique, l'octroi de onze contrats
de charbon aux monopoles australiens serait
annulé et qu'aucun autre site ne serait vendu
sur des terres où les mines à ciel ouvert
étaient interdites en vertu de l'ancienne
politique. Les manifestants ont fait valoir que
les contrats annulés ne représentent qu'une
petite fraction des contrats conclus depuis que
la politique du charbon a été abrogée.
Le 8 février, la
ministre Savage a changé la décision d'abroger
la politique du charbon de 1976, prétendant que
le PCU avait maintenant l'intention de mener une
vaste consultation sur la nouvelle politique du
charbon. Elle a annoncé qu'un comité composé de
cinq personnes avait été nommé, avec à sa tête
un consultant privé qui a travaillé pour la
Banque mondiale et est un ancien membre de
l'Institut canadien des Affaires mondiales, un
organisme néolibéral et financé par les
entreprises. Évidemment, les Albertains sont
très conscients que toutes ces consultations
commanditées par le PCU sont bidon et ne
mèneront qu'à des conclusions prédéterminées par
les monopoles et leur gouvernement vendu.
Entre 2003 et 2013, les monopoles australiens
exploitaient les mines dans leur pays,
approvisionnant les marchés asiatiques en
expansion de minerai de fer, de charbon pour
fabriquer de l'acier et pour générer de
l'électricité ainsi que d'immenses profits. Mais
un déclin dans la qualité des ressources ainsi
que l'opposition accrue du peuple aux mines à
ciel ouvert en Australie ont forcé les monopoles
australiens à chercher ailleurs le charbon
qu'ils veulent expédier en Asie. Les monopoles
australiens du charbon espèrent maintenant que
le gouvernement du PCU vendu leur offrira la
même formule gagnante que celle qu'ils ont
connue en Australie : de faibles redevances, un
faible taux d'imposition des entreprises, le
moins de règlements possibles et des politiciens
qui collaborent. En d'autres mots, la même
formule que le PCU adopte envers les monopoles
des combustibles fossiles qui opèrent en
Alberta.
Les mesures douteuses du PCU favorables aux
intérêts des milliardaires australiens du
charbon montrent une fois de plus comment les
monopoles mondiaux ont une emprise privée sur
l'économie contemporaine et la contrôlent, en
plus de dominer la politique officielle. Leur
propriété privée est en contradiction avec le
caractère socialisé de l'économie moderne, avec
sa réalité imbriquée et les milliards de
producteurs de fait qui créent le produit social
nécessaire pour l'existence du peuple et de la
société sans avoir droit au chapitre quant à la
direction de l'économie.
Le but de la propriété privée est de faire un
profit maximum avec les secteurs de l'économie
que les propriétaires contrôlent, telles que
l'extraction du charbon, et de forcer l'État à
se soumettre à sa volonté et à payer les riches.
Il en résulte une dysfonction de l'économie
ainsi que des crises chroniques alors que les
secteurs entrent en conflit les uns avec les
autres et avec les intérêts des producteurs de
fait qui se voient refuser toute voix au
chapitre. Par exemple, l'objectif étroit des
oligarques du charbon, qui est le gain privé,
entre en conflit avec le besoin des divers
secteurs et entreprises de l'économie de
fonctionner en harmonie pour le bien commun.
Les conditions objectives soulèvent la question
de comment résoudre les problèmes
environnementaux et le pillage de la nature,
comme pour les mines à ciel ouvert, par
lesquelles on fait littéralement sauter les
cimes de montagnes tandis que les « déchets »
sont jetés dans les vallées des rivières
avoisinantes, ce qui obstrue les courants et
pollue les eaux avec de dangereux produits
chimiques tels que le sélénium. Le problème
majeur est que le peuple ne contrôle pas son
économie et ses affaires politiques. Si la
domination des monopoles mondiaux n'est pas
prise en compte, souvent les efforts pour régler
les problèmes environnementaux sont manipulés
par les forces mêmes qui sont à la source du
problème et transformés en programmes pour payer
les riches.
Bien sûr, chaque problème de pollution
industrielle et autres - la détérioration des
sols, la poussière, le bruit incessant, les gaz
toxiques, la contamination de l'eau - peut être
abordé en soi. Des propositions, des campagnes
et des solutions portées par des luttes peuvent
mener à des remèdes passagers comme l'annulation
par le PCU de certains contrats miniers, le
retour à la loi abrogée, et « s'engager » à
tenir des consultations pour développer une
nouvelle politique du charbon. Cependant, pour
transformer tout succès en victoire à long
terme, le problème de la domination globale des
oligarques sur tous les aspects de la vie doit
être abordé et combattu avec sérieux. Et des
efforts tout aussi sérieux doivent être
consacrés à surmonter cette domination et à
bâtir le Nouveau.
(Photos : A. Woo, Nipissing
Water Protectors)
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 7 - 6 juin 2021
Lien de l'article:
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