Les fusions et acquisitions se produisent à un rythme effréné
Les fusions et acquisitions sont un facteur
dans l'économie impérialiste qui concentre
davantage la richesse sociale et le pouvoir
entre moins de mains. Les médias rapportent que
les prises de contrôle mondiales se déroulent à
un rythme record. Dix-sept de ces transactions
depuis 2020 comprennent des montants de plus de
20 milliards de dollars et deux des plus
importantes impliquent des sociétés basées au
Canada[1].
La plus importante est l'acquisition de Kansas
City Southern par le Canadien National, estimée
à 29 milliards de dollars. Cette acquisition
concentre la force productive des deux sociétés
ferroviaires pour créer la plus grande société
du secteur en Amérique du Nord, avec des
opérations à travers le continent. L'acquisition
semble faire partie de la stratégie de
l'impérialisme américain d'intégrer le Canada et
le Mexique à la sécurité intérieure des
États-Unis et à leur économie de guerre au moyen
d'un corridor de transport ferroviaire sécurisé.
La fusion des sociétés ferroviaires concorde
avec la décision du président Biden d'annuler
l'oléoduc Keystone XL, car davantage de pétrole
de l'Alberta sera désormais expédié aux
États-Unis par chemin de fer. Certains
commentateurs ont déclaré que ce fait en soi
avait fait augmenter la valeur de la fusion,
entraînant des profits potentiels plus
importants pour les propriétaires tels que
Vanguard grâce à une valorisation plus élevée
des actions des deux monopoles impliqués. Il
convient de souligner que les cartels
d'investissement mondiaux tels que Vanguard ont
des participations dans ces deux monopoles
ferroviaires et manipulent et profitent des
fusions et acquisitions à la fois en tant
qu'acheteur et vendeur.
Une autre acquisition importante prévue est
celle entre deux monopoles canadiens de
télécommunications, Rogers Communications inc.
et Shaw Communications inc. La prise de contrôle
de Shaw est évaluée à 26 milliards de dollars.
Ces deux monopoles ont déjà une propriété et des
opérations qui se chevauchent et deviendront le
plus grand monopole de télécommunications au
Canada, légèrement plus important en valeur
d'entreprise que BCE (Bell) et Telus, ce qui va
consolider le contrôle des grandes entreprises
technologiques sur la vie des Canadiens.
Une autre fusion qui touche l'économie
canadienne est un accord tripartite de 12,4
milliards de dollars comprenant l'assureur
torontois Intact Financial Corp., un partenaire
européen appelé Tryg A/S, et le monopole
britannique RSA Insurance Group PLC.
À l'échelle mondiale, les monopoles ont
effectué des fusions et acquisitions de l'ordre
de 1,3 billion de dollars au cours des trois
premiers mois de 2021. « C'est la période
d'ouverture la plus forte pour conclure des
accords depuis la tenue de registres », comme
l'a déclaré Matt Toole, directeur du service de
données Refinitiv, dans un article paru dans le
Globe and Mail[2].
Non seulement des accords sont annoncés, mais
les cartels d'investissement mondiaux tels que
les fonds spéculatifs augmentent leur part de la
propriété des actions de certaines sociétés, en
prévision de la montée en flèche du cours des
actions de ces sociétés lorsque la fusion ou
l'acquisition « inévitable » se produira, qu'ils
peuvent eux-mêmes manipuler et faire avancer.
La nécessité d'une nouvelle direction de
l'économie
et du renouveau démocratique
L'article du Globe and Mail se livre
à de la spéculation : « La frénésie des prises
de contrôle est alimentée par des taux d'intérêt
bas, la volonté des banques de prêter et la
flambée des valeurs boursières. » Il cite le
banquier d'investissement Ian Macdonell : « Les
conseils d'administration (de sociétés) se
rendent compte que le paysage concurrentiel est
en train de changer et qu'il est plus difficile
d'être un acteur régional en Amérique du Nord ou
dans le monde; donc s'ils ne peuvent pas être
des consolidateurs, ils sont des vendeurs.
L'activité de prise de contrôle se poursuivra
jusqu'à ce que le marché du crédit se resserre,
que les perspectives économiques s'affaiblissent
ou que nous obtenions une correction boursière
importante. »
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) croit que les spéculations
du Globe & Mail sont de la
désinformation pour semer la confusion sur la
source du problème engendré par la
mondialisation impérialiste où les riches
s'enrichissent non seulement grâce aux fusions
et acquisitions, mais aussi par l'économie de
guerre et la domination d'autres pays et le
pillage mondial de la valeur que les
travailleurs produisent. Les guerres constantes
et le contrôle autocratique croissant de
l'économie mondiale entre les mains d'une
oligarchie soulignent la nécessité d'une
nouvelle direction de l'économie et du renouveau
démocratique pour former un gouvernement
antiguerre.
La frénésie des fusions et acquisitions dans
les conditions concrètes de l'économie ne
provient pas « des taux d'intérêt bas, la
volonté des banques de prêter et la flambée des
valeurs boursières ». Cette analyse n'explore
pas le but des oligarques en contrôle et ce qui
les pousse à s'engager dans de telles pratiques,
et la tendance constante sous l'impérialisme à
la concentration de la richesse sociale et du
pouvoir entre moins de mains alors que les
riches s'emplissent les poches aux dépens de la
richesse créée par d'autres.
La désinformation du Globe & Mail veut
faire croire que les banques et leur « volonté
de prêter » pour financer les fusions et
acquisitions sont en quelque sorte indépendantes
des « faibles taux d'intérêt et de la flambée
des valeurs boursières » et des fusions et
acquisitions mêmes. Ce n'est pas le cas. Les
banques et les autres institutions financières
profitent énormément des frais énormes
d'organisation et d'arrangement des transactions
et d'autres aspects des fusions et acquisitions.
L'analyse du Globe & Mail décrit
diverses caractéristiques de l'économie
impérialiste, mais n'analyse pas pourquoi ces
choses se produisent. Les fusions et
acquisitions proviennent de l'économie
impérialiste dans le cadre de son parasitisme et
de sa décadence, de sa recherche du profit
maximum par le biais de l'échange et de
l'accaparement de la valeur déjà produite sans
passer par un nouveau processus de production et
de circulation du produit social. Les grandes
entreprises rachètent des entreprises plus
petites ou consentantes ou les forcent à la
faillite tandis que l'oligarchie parcourt le
monde à la recherche de cibles et de richesses à
piller par l'intimidation et la guerre.
La tendance impérialiste actuelle est de
concentrer la richesse sociale et le pouvoir
économique et politique dans moins de mains et
de faire la guerre pour le contrôle et le
profit. Ces caractéristiques sont constantes
indépendamment de « la volonté des banques de
prêter » ou non. En fait, les banques et les
autres institutions financières telles que les
fonds spéculatifs sont pleinement impliquées et
intégrées dans l'ensemble du processus
impérialiste en tant que prêteurs, acheteurs,
vendeurs, propriétaires, organisateurs et
profiteurs de guerre.
L'ensemble du processus reflète la réalité que
l'édification nationale est un trait du passé et
que la mondialisation impérialiste, la politique
du néolibéralisme, l'économie de guerre et la
destruction nationale ont pris le contrôle. Si
vous examinez en détail les plus grandes fusions
et acquisitions, vous constaterez que la plupart
des intérêts privés impliqués sont les mêmes ou
ont au moins le même objectif et le même intérêt
à voir les fusions et acquisitions réalisées ou
à en émerger dans les meilleures conditions
possibles si celles-ci leur sont imposées. Comme
nous l'avons dit, les mêmes intérêts privés sont
souvent représentés en tant que prêteurs,
acheteurs, vendeurs, propriétaires,
organisateurs et profiteurs.
Les fusions et acquisitions font partie de ce
que les oligarques appellent « libérer la valeur
pour l'actionnaire et créer de la valeur pour
l'actionnaire » et, en tant que telles, elles
servent leur objectif fondamental de réaliser le
profit privé maximum dans les plus brefs délais.
Elles n'ont rien à voir avec l'édification d'une
économie stable et pacifique qui sert le peuple,
répond à ses besoins et revendications, et peut
être mobilisée pour humaniser l'environnement
social et naturel. Elles font partie de la
concurrence à l'échelle mondiale et des guerres
constantes pour l'hégémonie qui permet de
dominer par la richesse et le pouvoir politique.
La poussée pour
s'emparer de la richesse sociale et du pouvoir
conduit les oligarques en concurrence à enrôler
la puissance militaire publique et privée pour
atteindre leurs objectifs de saisir les forces
productives, les marchés, les régions et les
travailleurs pour exploiter et bloquer ou
détruire tous les concurrents ou ceux qui
résistent. L'objectif et la pratique des
oligarques dans son ensemble est en opposition à
la demande de l'humanité de vivre en paix et
d'avoir des économies qui servent les peuples
dans un esprit d'avantage réciproque et de
développement sous leur contrôle.
Un trait de la concentration de la richesse et
du pouvoir entre moins de mains est la
croissance continue du prolétariat en tant que
classe sociale la plus nombreuse. Une conscience
se développe que l'économie est déjà socialisée
et en contradiction antagoniste avec le contrôle
privé et autocratique de l'oligarchie
dirigeante. La nécessité que les producteurs
véritables prennent le contrôle de l'économie
déjà socialisée, des forces productives et du
produit social devient un cri de ralliement pour
le changement afin de mettre l'objectif, le
contrôle et la direction de l'économie en
conformité avec son caractère déjà socialisé
pour le bien de toute l'humanité et de la Terre
Mère.
Notes
1. La Liste
des plus grandes fusions et acquisitions.
Le tableau montre les plus grandes fusions
et acquisitions de 1879 à aujourd'hui. Il
met en évidence l'expansion de
l'impérialisme américain, car la plupart des
plus grandes fusions et acquisitions au
cours du XXe siècle impliquent les monopoles
des États-Unis. Le tableau montre également
l'accélération de la concentration de la
richesse sociale au XXIe siècle.
2. Article de Andrew Willis paru dans le Globe
and Mail, intitulé « Mergers and
acquisitions activity has exploded. Here's
why -- and the reasons it will continue for
the foreseeable future ».
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 7 - 6 juin 2021
Lien de l'article:
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