Dénonçons les mesures inhumaines qui privent l'humanité
de traitement pour la COVID-19

Le gouvernement Trudeau approuve l'exploitation obscène d'une maladie cruelle


Piquet devant l'assemblée des actionnaires de Moderna, Boston, le 28 avril 2021

« La médecine, telle que nous la pratiquons, est un commerce de luxe. Nous vendons du pain au prix des bijoux... Supprimons le profit, le profit économique privé, de la médecine, et purifions notre profession de l'individualisme rapace. » - Norman Bethune[1]

La pandémie de la COVID-19 a pleinement révélé que le blocage des solutions centrées sur l'humain sur tous les fronts est devenu le trait qui caractérise le mieux le gouvernement Trudeau. Le fait qu'il se plie aux exigences des grandes sociétés pharmaceutiques en est un exemple, et un exemple méprisable.

À cet égard, son gouvernement a tout fait pour s'assurer que la recherche, le développement et les installations de production du Canada soient entravés et que le pays reste dépendant de la propriété et du contrôle étrangers. Sa servilité envers les oligopoles et les cartels d des grandes entreprises pharmaceutiques est chaque jour plus regrettable pour les dommages qu'elle cause à l'humanité.

Non seulement le premier ministre Justin Trudeau a-t-il refusé de soutenir la suspension des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins, mais dans la même entrevue a annoncé un nouveau financement de 375 millions de dollars pour le « dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 », ce qui s'ajoute aux 940 millions de dollars déjà engagés. Le dispositif d'accès accéléré et le mécanisme COVAX sont des éléments du programme mondial d'assurance-médicaments pour les vaccins qui concernent l'achat de vaccins aux cartels des grandes sociétés pharmaceutiques et leur distribution au monde entier.

Justin Trudeau a laissé à sa ministre du Commerce international, Mary Ng, le soin de défendre les grandes sociétés pharmaceutiques et leur droit de monopole qui leur permet de faire des profits obscènes avec la crise sanitaire. Elle a déclaré que le Canada « croit fermement en l'importance de la protection de la propriété intellectuelle et reconnaît le rôle essentiel qu'a joué l'industrie dans l'innovation visant à mettre au point et à fournir des vaccins contre la COVID-19 qui sauvent des vies ».

Médicaments novateurs Canada, un groupe industriel qui représente certains des cartels des grandes entreprises pharmaceutiques, a cherché à justifier le refus du gouvernement Trudeau de suspendre les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins en déclarant dans un communiqué qu'« une dérogation des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce ne résoudra pas les problèmes causés par les barrières commerciales, l'engorgement de la chaîne d'approvisionnement mondiale et les pénuries de matières premières qui influencent l'approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 ».

Tous ces « problèmes » dont il est question sont attribuables à l'usurpation du pouvoir de l'État par l'oligarchie financière mondiale, qui l'utilise dans sa quête de contrôle ou d'acquisition d'intérêts concurrents et pour le contrôle de l'économie mondiale elle-même. L'économie mondiale réclame à grands cris l'élimination de l'emprise des intérêts privés étroits qui la contrôlent pour que les êtres humains puissent l'orienter dans une direction qui répond aux exigences de notre époque.

Des observateurs qui connaissent bien le commerce mondial des médicaments font remarquer que les questions relatives aux droits de propriété intellectuelle, aux barrières commerciales, aux goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement mondiale et à la pénurie de matières premières sont le produit de politiques délibérées visant à contrôler la production et l'approvisionnement en produits pharmaceutiques, à faire grimper leurs prix sur le marché et à garantir que les cartels pharmaceutiques existants conservent leur mainmise sur le secteur.

Dans un article paru en mai dernier dans le Toronto Star intitulé « Le refus du Canada de renoncer aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins COVID-19 devrait être un crime contre l'humanité », Shree Paradkar écrit : « Nous avons déjà vu ce cirque auparavant avec les mêmes conséquences criminelles. En 1996, la thérapie antivirale contre le VIH/SIDA a été mise au point, mais était inaccessible à environ 95 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde, selon The Lancet. En effet, un an auparavant, la création de l'Organisation mondiale du commerce a permis aux entreprises de transformer des brevets nationaux en brevets mondiaux. Au début du siècle, les médicaments non génériques coûtaient environ 10 000 dollars par an et étaient hors de portée de nombreuses personnes. Les appels en faveur de médicaments antirétroviraux génériques abordables se sont heurtés aux menaces et aux poursuites judiciaires des sociétés pharmaceutiques. Il a fallu des années de lutte contre les droits de monopole pour rendre enfin les traitements abordables. »

Les médecins et les autres persronnes qui ont manifesté lors de la réunion des ministres de la Santé du Groupe des 7 (G7) au duché de Cornouailles du prince Charles, le 2 juin, ont exigé que le G7 fournisse des vaccins aux pays plus pauvres au lieu de les thésauriser à leur profit. Des professionnels de la santé calculent que les personnes vivant dans les pays du G7 ont 77 fois plus de chances de recevoir un vaccin que celles vivant dans les pays les plus pauvres du monde. Au rythme actuel, il faudrait à ces pays quelque 57 ans pour que tout le monde soit entièrement vacciné. Les manifestants ont appelé le G7 à « cesser de faire des promesses vides et de protéger les intérêts des sociétés pharmaceutiques ».

Anna Marriott, responsable de la politique de santé d'Oxfam de Grande-Bretagne, qui est une organisation membre de l'Alliance pour un vaccin populaire, a dénoncé ces profits obscènes : « Quel témoignage de notre incapacité collective à contrôler cette maladie cruelle que de créer rapidement de nouveaux milliardaires du vaccin, mais de ne pas vacciner les milliards de personnes qui ont désespérément besoin de se sentir en sécurité. Ces milliardaires sont le visage humain des énormes profits que de nombreuses sociétés pharmaceutiques réalisent grâce au monopole qu'elles détiennent sur ces vaccins. Ces vaccins ont été financés par des fonds publics et devraient être avant tout un bien public mondial, et non une opportunité de profit privé. Nous devons de toute urgence mettre fin à ces monopoles afin de pouvoir augmenter la production de vaccins, faire baisser les prix et vacciner le monde entier. »

Winnie Byanyima, directrice du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, qui fait également partie de l'Alliance pour un vaccin populaire, déclare qu'« il est obscène que les profits continuent de passer avant de sauver des vies » parce que les détenteurs de brevets refusent de partager leur technologie et leurs installations de production. Elle rappelle que la recherche scientifique qui a permis de créer des vaccins efficaces contre la COVID-19 a été financée et centrée dans des institutions publiques et devrait en fait être considérée comme un trésor commun de matériel de pensée des peuples du monde entier. Or, les oligopoles privés qui contrôlent la propriété intellectuelle et les moyens de production qui en résultent manipulent ces connaissances et leur contrôle de la production pour exproprier le profit privé de l'urgence sanitaire et drainer la valeur sociale et les ressources nécessaires là où elles sont le plus indispensables.

Le premier ministre Trudeau et ses ministres agissent comme de pitoyables silhouettes en carton et des voix programmées, créations des départements de promotion du Big Pharma. Le fait qu'il existe des médias qui reprennent avec un tel zèle le refrain que ces représentants servent l'intérêt public avec leurs stratagèmes pour payer les riches montre le contrôle que le Big Pharma exerce sur le pouvoir d'État dans les pays qui se disent des démocraties avancées et indispensables.
L'augmentation rapide de la propriété et du contrôle de la richesse sociale par les oligopoles et les cartels du Big Pharma souligne la nécessité d'un système de recherche et de production pharmaceutique et de soins de santé centré sur l'être humain et possédé et contrôlé par les êtres humains. Le système actuel exproprie en tant que profit privé une grande partie de la nouvelle valeur que les travailleurs pharmaceutiques produisent. La fuite de la richesse sociale dans les mains de l'oligarchie mondiale et son contrôle des produits vitaux ne sont pas viablers, ni dans l'intérêt de la société humaine.

Les médicaments possédés et contrôlés par le secteur privé sont mis en circulation en tant que produits payants ou par le biais de systèmes d'assurance-médicaments privés ou gouvernementaux. L'énorme richesse concentrée dans des mains privées dicte le contrôle de la recherche, de la production et de la distribution des produits pharmaceutiques produits et de leur prix de marché. La pandémie accompagnée de la crise des opioïdes a mis en évidence les dangers du contrôle impérialiste et de la recherche du profit maximum sur des secteurs aussi importants que les soins de santé, les soins aux personnes âgées et l'éducation.

Au-delà du soutien du gouvernement Trudeau à la concentration accrue de la richesse entre les mains d'un nombre de plus en plus restreint de personnes, il y a le problème du contrôle exercé par les oligarques sur les prises de décisions des gouvernements pour leur imposer leur objectif rétrograde qui empêche. Cette usurpation du pouvoir de décision est devenue le problème central parce qu'en plus de bloquer le progrès humain, elle préside à la commission de crimes odieux, comme le fait de priver des pays entiers des vaccins contre le coronavirus. La concentration du contrôle entre les mains de ceux dont l'objectif est le profit privé maximum fausse l'orientation non seulement du secteur pharmaceutique, mais de toute l'industrie des soins de santé, y compris les soins aux personnes âgées.

Un système de prises de décisions centrées sur l'être humain pour la recherche, le développement et la production de produits pharmaceutiques est nécessaire pour que la nouvelle valeur reste dans le domaine public, là où elle est nécessaire, et pour que les êtres humains puissent avoir leur mot à dire et exercer un contrôle sur la direction et les opérations du secteur. La valeur produite, une fois réalisée, doit être réinvestie pour garantir la poursuite de la recherche et du développement des produits pharmaceutiques et leur relation avec la santé des personnes en général, et pour affirmer le droit de tous aux soins de santé sans restriction liée à la capacité de payer.

Un autre aspect essentiel est de pouvoir réaliser la valeur des soins de santé dans les autres secteurs et entreprises de l'économie qui existent, et qui profitent de l'achat de la capacité de travail de travailleurs en santé qui produisent une nouvelle valeur. Toutes les entreprises actives bénéficient d'une offre de travailleurs en santé sans laquelle leurs activités cesseraient. Toutes les entreprises d'une certaine taille doivent payer une partie de la valeur d'échange des travailleurs en santé, le paiement étant destiné aux entreprises pharmaceutiques centrées sur l'humain et à toutes les autres entreprises du secteur de la santé.

La revendication des soins de santé est un droit humain. Les hôpitaux, les cliniques médicales, les soins dentaires, les soins de la vue et de l'ouïe, les produits pharmaceutiques et les fournitures médicales en général sont autant d'aspects nécessaires à l'affirmation d'une société centrée sur l'être humain. Pour ce faire, les soins de santé et toutes leurs composantes doivent être sous le contrôle d'un système centré sur l'être humain pour être accessibles gratuitement à tous sans exception.

La valeur créée par les travailleurs de la santé doit être mise à la disposition du secteur de la santé pour être réinvestie dans les soins de santé et dans d'autres programmes sociaux. Pour cela, il faut créer des entreprises de soins de santé centrées sur l'être humain basées sur le fait que les travailleurs sont en mesure de priver l'oligarchie financière de sa capacité de priver le peuple du droit aux soins de santé, et d'empêcher les oligarques de s'ingérer politiquement et de profiter du travail des travailleurs de la santé.

Comment le faire est un problème que la classe ouvrière doit poser et résoudre. Le point de départ est d'exiger et d'affirmer le droit aux soins de santé pour tous et de dénoncer et rejeter la direction et le contrôle actuels des soins de santé par l'oligarchie et les gouvernements à sa disposition qui ont transformé la santé du peuple en une vache à lait à exploiter pour payer les riches.

Il appartient aux travailleurs d'apporter l'alternative et une nouvelle direction. Élevons ensemble nos voix et oeuvrons à établir une nouvelle direction qui affirme le droit de tous les êtres humains aux soins de santé.

Note

1. The Sword, The Scalpel: The Story of Doctor Norman Bethun, Ted Allan et Sydney Gordon, 1952


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 7 - 6 juin 2021

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