Les subventions salariales du gouvernement fédéral augmentent les profits des grandes entreprises pendant la pandémie
- Centre ouvrier du PCC(M-L) -
La subvention salariale d'urgence du Canada
(SSUC) accorde aux employeurs jusqu'à 75 % du
montant qu'ils donnent à leurs employés pour leur
capacité de travailler. Cette subvention salariale
du gouvernement est accordée à des compagnies qui
continuent en principe de s'approprier toute
nouvelle valeur produite par les travailleurs. Le
profit est dérivé de la portion de la nouvelle
valeur que les travailleurs produisent et que les
employeurs exproprient. Dans bien des cas, une
subvention salariale tend à augmenter le profit.
La SSUC fait
donc en sorte que non seulement les compagnies
exproprient la valeur ajoutée de la nouvelle
valeur que les travailleurs produisent, mais
reçoivent un montant additionnel de la valeur
reproduite que les travailleurs réclament de la
valeur qu'ils produisent. Pour expliquer ce tour
de passe-passe, le gouvernement Trudeau et sa
ministre des Finances Chrystia Freeland présument
qu'on n'aura peut-être pas besoin des travailleurs
pendant la pandémie. Le gouvernement affirme que
le fait de verser une grande partie des salaires
des travailleurs encourage les compagnies à garder
ces travailleurs, qu'ils soient requis ou non.
Le gouvernement omet tout bonnement de
reconnaître que les travailleurs qui ne sont pas
requis et qui ne travaillent pas, pourraient,
voire devraient, recevoir directement une aide
sociale pendant la période où ils ne sont pas au
travail, tandis que les entreprises ne devraient
rien recevoir des fonds, en particulier les
grandes entreprises qui ont déjà d'immenses
ressources. Il prétend avec la SSUC tenter
d'encourager les compagnies à ramener des
travailleurs au travail en présumant qu'ils vont
générer un revenu équivalent à moins de 25 % de
leur salaire. Le programme est allé beaucoup plus
loin que cela pour plusieurs compagnies. Il est
devenu une nouvelle source de corruption,
permettant à de grandes entreprises d'augmenter
leurs profits et, dans certains cas, d'attaquer
les travailleurs pendant des lockouts et des
grèves en utilisant l'argent de la SSUC pour
engager des briseurs de grève.
Les extraits qui suivent sont tirés du rapport du
Globe and Mail sur comment les grandes
abusent du programme de la SSUC. L'article du 9
mai disponible en ligne est intitulé : « Les subventions
salariales avaient comme but de préserver les
emplois. Dans bien des cas, la réponse de 110,6
milliards de dollars a servi à accroître les
profits. » L'article met en
lumière comment de grandes entreprises se sont
servies des subventions salariales de la SSUC pour
stimuler leurs profits et tout simplement servir
leurs intérêts privés.
La pandémie a
démontré une fois de plus que la direction
actuelle de l'économie est un échec à tous les
niveaux. Avec l'urgence sanitaire, la classe
ouvrière est placée devant la nécessité de
discuter, d'organiser et de façonner une nouvelle
direction qui met le bien-être et la sécurité de
la classe ouvrière, de la société et de
l'environnement social et naturel au centre de
toutes les considérations. Le défi posé à la
classe ouvrière est de surmonter l'obstruction que
représentent les oligarques financiers et leur
défense féroce de la direction actuelle de
l'économie en faillite en dépit de son anarchie,
de ses crises chroniques, de son insécurité et de
ses guerres.
Le Globe écrit : « Sur deux ans, avec
une somme estimée à 110,6 milliards de dollars,
Ottawa dépensera plus pour la SSUC qu'il ne le
fait pour les prestations familiales, les
transferts de paiements pour la santé, les
paiements de péréquation ou les prestations en
temps de pandémie pour les individus. »
Le programme de la SSUC a grandement augmenté le
déficit fédéral, incitant le gouvernement à
emprunter d'immenses sommes des prêteurs privés
mondiaux. Selon les ententes actuelles, ces sommes
devront être remboursées avec intérêt aux
créanciers. Le service de la dette sera à nouveau
un prétexte pour attaquer le peuple en annonçant
une réduction des dépenses pour les programmes
sociaux. La vaste majorité des fonds publics
consacrés au service de la dette provient de
l'impôt sur le revenu des particuliers et les
frais d'usagers que la classe ouvrière est obligée
de payer.
La recherche du Globe sur les états
financiers des grandes entreprises cotées en
bourse montre qu'un grand nombre de travailleurs
ayant eu accès au programme de la SSUC ont
continué de produire une importante valeur
nouvelle pour ces compagnies, et pendant ce temps
le gouvernement payait 75 % de leurs salaires.
Plusieurs compagnies ont exproprié la valeur
ajoutée de la valeur réalisée que les travailleurs
ont produite et par la même occasion se sont
bourré les poches des subventions de la SSUC,
augmentant ainsi leurs profits.
Si la SSUC avait été une prestation pour les
travailleurs sans emploi, elle aurait été versée
directement aux travailleurs mis à pied qui
travaillaient, mais qui ne travaillent plus et par
conséquent ne produisent pas de revenu pour la
compagnie. En tant que stratagème pour payer les
riches, la SSUC est devenue un nouveau moyen
d'augmenter les profits des grandes compagnies,
comme le démontre l'enquête. Pour ce qui est de
sauver les petites et moyennes entreprises, une
alternative est de les transformer en entreprises
publiques centrées sur l'humain, tout en
dédommageant de façon équitable les propriétaires
et gestionnaires actuels et en leur offrant des
postes au sein des compagnies publiques
nouvellement créées s'ils le désirent. La pratique
des gouvernements qui consiste à distribuer les
fonds publics pour sauver des compagnies privées
en difficulté doit cesser et une nouvelle
direction doit être trouvée qui sert le bien
commun.
L'exemple de TFI International Inc.
Le Globe écrit : « TFI International
Inc. a vécu une pandémie formidable. Le revenu du
conglomérat de camionnage basé à Montréal, sans
prendre en compte les surcharges de carburant, a
augmenté en 2020. Le revenu net a monté en flèche,
dans les deux chiffres. »
« Pendant la pandémie, TFI et ses filiales ont
fait une série de 13 acquisitions au cours de
l'année. Et après les premières éclosions de la
COVID-19 au Canada en mars dernier, la compagnie a
engendré un dividende (d'actionnariat) plus élevé
pour chaque semestre comparativement à la même
période un an plus tôt.
« En chemin, TFI et ses filiales ont aussi
recueilli près de 75 millions de dollars en
paiement de la Subvention salariale d'urgence du
Canada, faisant d'elle l'une des plus importantes
bénéficiaires de ce qui est de loin le projet de
dépense le plus important de l'histoire du
gouvernement fédéral.
« Si la rencontre d'une marge de profit accrue et
d'une mesure de renflouement semble déconcertante,
elle ne l'est pas. Rien n'indique que TFI ne
répondait pas aux critères pour recevoir la
subvention. Le fait que la compagnie ait eu des
résultats convaincants, des dividendes plus élevés
et même de l'argent pour faire des acquisitions en
plus de mettre à pied des travailleurs pour
réduire les coûts, ne l'a pas empêché d'obtenir la
SSUC – malgré les tentatives sporadiques du
gouvernement libéral de prétendre le contraire.
« Et si l'expérience de TFI semble inusitée, elle
ne l'est pas. TFI est en bonne compagnie, si on en
croit l'analyse du Globe and Mail, qui a
comparé la liste d'Ottawa de milliers de
bénéficiaires de la SSUC à la base de données de
Statistique Canada sur les sociétés mères et les
filiales, pour ensuite recouper ces données avec
les compagnies répertoriées sur la Bourse de
Toronto ou sur la Bourse de croissance TSX, selon
les renseignements sur le marché mondial de
Standard & Poor.
« Le résultat : une base de données où l'on
retrouve 389 compagnies cotées en bourse (ou les
filiales leur appartenant intégralement) qui ont
reçu plus de 3,6 milliards de dollars en paiements
de la SSUC depuis aussi récemment que janvier 2021
(lorsque l'Agence du revenu du Canada a retiré la
liste des compagnies mise en ligne par le
gouvernement fédéral). Parmi les noms les plus
prestigieux des grandes entreprises canadiennes se
trouvent Air Canada, BCE Inc., Canadien National,
Onex Corp., Power Corp., Groupe SNC-Lavalin Inc.
et Suncor Energy Inc. À elles seules, ces 389
compagnies représentent 14 % des compagnies qui se
retrouvent sur les listes associées de TSX et de
TSX-V. Au nom de restrictions en raison du droit à
la vie privée des contribuables, Ottawa a refusé
de publier un bilan intégral de la distribution
des subventions de la SSUC.
« Plusieurs compagnies n'ont pas divulgué les
montants des subventions reçues. Des compagnies
comme Bombardier Inc., ayant rapporté dans leurs
documents déposés auprès des commissions des
valeurs mobilières qu'elles avaient reçu des
subventions, ne correspondaient à aucun des noms
mentionnés ni à aucune des filiales dont elles
sont les propriétaires attitrées sur la liste en
ligne d'Ottawa, et ont été exclues de notre
méthodologie. »
L'enquête du Globe constate que
plusieurs de ces 389 grandes entreprises qu'il a
étudiées « avaient assez aisément traversé la
pandémie, même si elles étaient admissibles à
l'aide de la SSUC ». En réalité, malgré le fait
qu'elles aient été admissibles aux subventions du
gouvernement, la moitié de ces grandes entreprises
n'ont souffert d'aucune perte de revenu (revenu
brut réalisé) pendant le deuxième trimestre de
2020 comparativement à la même période en 2019, et
le quart de ces entreprises ont en fait enregistré
des revenus plus élevés. Selon l'enquête, le
troisième trimestre a été encore plus positif pour
plusieurs de ces grandes entreprises, alors que
seulement le tiers d'entre elles ont subi une
baisse quelle qu'elle soit de revenu brut.
Le Globe écrit : « C'est la même chose
pour les profits. Le revenu provenant des
opérations continues aux deuxième et troisième
trimestres a augmenté pour très peu d'entreprises
publiques ayant reçu la SSCU. Seulement une faible
majorité de compagnies a vu leurs profits baisser
comparativement aux mêmes périodes en 2019, alors
même que le pays subissait sa pire récession
depuis la Grande Dépression.
« Le secteur industriel des biens et services
était au premier rang de la liste de bénéficiaires
de la SSUC cotés en bourse. Seize pour cent des
compagnies de technologie s'y retrouvent, même si
certaines d'entre elles ont grandement bénéficié
d'une recrudescence d'achats en ligne pendant la
pandémie. Les compagnies de pétrole et de gaz, qui
souffraient bien avant la pandémie, comptaient
parmi 15 % des bénéficiaires. Les autres – y
compris les minières, les sciences de la vie, les
biens et services aux consommateurs, et plusieurs
autres – comptaient pour un peu moins de 10 %.
« Les données d'Ottawa destinées au public ne
réussissent pas à donner un portrait d'ensemble de
la façon dont les compagnies avec des filiales ont
eu accès au programme. Les 389 compagnies
publiques dans les bases de données du Globe
représentaient 1 542 subventions distinctes,
reflétant les subventions à leurs filiales dont
ils sont les propriétaires intégraux. Mais ces
filiales n'étaient pas associées à leur société
mère dans la liste de recherche que le
gouvernement a ultimement mise hors service.
Maintenant, il n'y a qu'une fonction de recherche
limitée qui permet aux utilisateurs de vérifier si
une compagnie spécifique a reçu des subventions de
la SSUC.
« Il est clair que les subventions salariales ont
profité non seulement aux entreprises en
difficulté, mais aussi à de nombreuses autres qui
étaient suffisamment solides pour résister seules
au ralentissement associé à la pandémie. Sans une
comptabilité publique complète d'Ottawa, il est
impossible de déterminer combien de milliards de
dollars ont été dépensés inutilement. Mais il est
certain que le coût de la SSUC a grimpé bien
au-delà de ce qui était prévu au départ. »
Cela soulève une
question dont les travailleurs doivent discuter.
Les gouvernements doivent-ils « sauver » les
entreprises privées en difficulté et leurs
propriétaires ? Est-ce devenu le rôle des
gouvernements dans l'économie impérialiste en
usant d'excuses telles que le maintien des emplois
et le sauvetage de l'économie des crises
récurrentes ? Les ressources publiques
doivent-elles être mobilisées pour sauver les
intérêts privés des riches au lieu de trouver une
alternative qui résout les problèmes à long terme
et sert le bien commun et non les intérêts privés
étroits d'une infime minorité qui exploite en fait
la majorité ?
Le Globe dit qu'un défaut de conception
de la SSUC a fait en sorte qu'elle a pu être
exploitée par de grandes entreprises pour gonfler
leurs bénéfices. Il écrit : « Ottawa a choisi de
ne pas limiter la SSUC aux petites entreprises. Le
gouvernement n'a pas non plus versé de subventions
uniquement aux travailleurs dont l'emploi risquait
d'être éliminé. Si une entreprise était
admissible, les salaires de tous ses employés -
même ceux de la direction - étaient au moins
partiellement subventionnés. Et la SSUC permettait
aux filiales d'être admissibles, sans tenir compte
des ressources ou des résultats financiers de leur
entité corporative plus large. »
Le Globe poursuit : « Le programme de
subventions salariales - qui, pour être plus
précis, est en fait un programme de remise sur les
salaires - était la deuxième tentative d'Ottawa de
renflouer les entreprises menacées par les coups
économiques combinés de la pandémie et des
confinements qui en ont résulté. »
La SSUC a élargi la base des entreprises pouvant
demander des subventions. « Les petites
entreprises aux liquidités limitées n'étaient pas
les seules à bénéficier d'un soutien, les
entreprises de toute taille pouvaient faire la
queue...
« Pour les entreprises, il n'y avait pas
d'équivalent d'une preuve de besoins. La capacité
des entreprises à absorber un ralentissement
temporaire n'était pas prise en compte dans la
détermination de l'octroi des subventions. Non
plus la capacité des grandes entreprises à faire
appel aux marchés de capitaux, ou à simplement
redéployer les liquidités des filiales rentables
vers les filiales en difficulté. »
« La SSUC n'a imposé aucune limite à
l'utilisation des fonds par les entreprises.
Ottawa a refusé d'imposer de telles règles et
restrictions, même s'il a révisé, élargi et
prolongé la SSUC plusieurs fois au-delà de sa
durée initiale de 12 semaines. Mais cela n'a pas
empêché Chrystia Freeland de laisser entendre que
les libéraux l'avaient fait. Elle l'a fait encore
en mars lorsqu'elle a déclaré : 'Il est important
que les entreprises comprennent que, légalement,
la subvention salariale ne peut être utilisée que
pour payer les employés. Elle ne peut pas être
utilisée à d'autres fins'. »
« En fait, il n'y a pas de règles à cet effet
dans la loi de mise en application de la SSUC. La
structure du programme ne prévoit même pas un tel
scénario. [...]
« Les demandes de remboursement de la SSUC n'ont
pas à être faites immédiatement. Selon les règles
du programme, les entreprises auraient pu attendre
jusqu'au début de février 2021 pour soumettre des
demandes pour la période de remboursement initiale
en mai 2020. Qu'elles aient embauché ou licencié
des travailleurs dans les huit mois intermédiaires
n'avait aucune importance. [...]
« Au-delà de la question de l'inclusion des
grandes entreprises, le programme ne faisait pas
de distinction entre les opérations autonomes et
les filiales à part entière des conglomérats. Dans
le cas de TFI, le conglomérat de transport
routier, la division des colis et courriers de la
société a été autorisée à percevoir des
subventions au troisième trimestre, même si les
revenus de son activité logistique ont augmenté,
en partie, en raison de la croissance explosive du
commerce électronique pendant la pandémie. Au
total, 20 sociétés différentes détenues à 100 %
par TFI ont reçu des paiements au titre de la
SSUC. TFI a décliné toute invitation à commenter.
« Mais TFI ne figure pas parmi les premières sur
la liste des 20 entreprises ayant le plus de
filiales recevant la SSUC. Corus Entertainment
Inc. était en tête de liste, la société mère et 79
de ses entités corporatives en propriété exclusive
ayant reçu un total de 40,2 millions de dollars en
subventions en 2020. BCE arrive en deuxième
position, avec 63 filiales en propriété exclusive;
ensemble, la société mère et ses filiales ont reçu
122,9 millions de dollars. (L'entreprise n'a
révélé ce chiffre que dans un dépôt de registre de
lobbying, affirmant que le montant de la
subvention n'était pas assez important pour
mériter une mention dans ses rapports financiers.)
« Un autre défaut qui est devenu évident avec le
recul est la capacité des entreprises à demander
des subventions pour ce qui s'est avéré être des
ralentissements extrêmement limités de leurs
activités. Un exemple concret : la société
montréalaise de traitement des paiements
Lightspeed POS Inc., dont la valeur boursière a
augmenté de plus de 9 milliards de dollars pendant
la pandémie, car les détaillants indépendants et
les restaurants se sont abonnés en masse à son
logiciel de paiement qui permet aux clients de
traiter les ventes en ligne.
« Lightspeed a perçu 7,26 millions de dollars US
en paiement de la SSUC, en grande partie à cause
d'une baisse passagère des revenus de mars à juin
2020. C'est la seule baisse de revenus
trimestrielle que l'entreprise a subie pendant la
pandémie - une piètre chute de 100 000 $ US. La
subvention salariale qu'elle a réclamée était, en
effet, 70 fois supérieure à ce manque à gagner.
« Dans l'ensemble, les revenus de Lightspeed ont
bondi de 79 % en 2020. Et elle est devenue l'une
des entreprises technologiques canadiennes les
plus performantes en 2020 grâce à la pandémie.
L'entreprise s'est également inscrite à la Bourse
de New York en septembre dernier, une entrée
fracassante qui lui a rapporté un produit brut de
332 millions de dollars américains. »
Hausse des bénéfices des entreprises pendant
la pandémie
Le Globe écrit : « Au-delà de ces
anecdotes, le professeur Smart (de l'Université
de Toronto) souligne la hausse des bénéfices des
entreprises au troisième trimestre de 2020 comme
preuve que la SSUC a surcompensé les
entreprises. En temps normal, les bénéfices des
entreprises subissent un coup solide lors d'une
récession, souvent réduits de moitié, dit-il.
« Ce n'est pas le cas pendant la pandémie. Au
troisième trimestre, les bénéfices globaux des
entreprises sur une base désaisonnalisée, tels
que comptabilisés par les comptes nationaux
trimestriels de Statistique Canada, étaient
supérieurs de 12,1 milliards de dollars à ceux
du quatrième trimestre de 2019, le dernier
trimestre complet avant la pandémie. À la fin du
troisième trimestre, l'économie rebondissait
fortement après sa chute libre du printemps,
avec un PIB inférieur de seulement 5 % aux
niveaux prépandémiques de février – bien que
cette reprise ait été inégale selon les
secteurs.
« Les subventions gouvernementales aux
entreprises, y compris les versements de la
SSUC, se sont élevées à 22,6 milliards de
dollars. Un décompte séparé de la SSUC par le
gouvernement évalue les coûts du programme au
troisième trimestre à 21,3 milliards de dollars.
« Selon le professeur Smart, cela signifie
qu'environ la moitié des subventions versées aux
entreprises ont constitué une surcompensation,
puisqu'elles ont permis d'augmenter les
bénéfices des entreprises au-delà des niveaux
prépandémiques.
« La même tendance est apparue au quatrième
trimestre lorsque, selon Statscan, les bénéfices
totaux des entreprises ont augmenté de 10,9
milliards de dollars, les subventions étant
légèrement inférieures à 10 milliards de
dollars. Cela signifie que les bénéfices ont
presque entièrement retrouvé leur niveau d'avant
la pandémie et que les subventions ont
simplement gonflé le résultat net. Il n'y a
qu'une seule explication possible et c'est
l'accès à la SSUC », dit le professeur Smart.
La SSUC paie pour les briseurs de grève
Rassemblement des travailleurs de la raffinerie
Coop, le 7 janvier 2020. La raffinerie
a utilisé l'argent de la SSUC pour payer des
briseurs de grève afin de remplacer les
travailleurs en lockout.
Un autre exemple flagrant ne figure pas dans le
rapport du Globe, mais dans PressProgress.
L'argent de la SSUC a été utilisé pour financer
des mercenaires briseurs de grève pour remplacer
les travailleurs qui avaient été mis en lockout
à la raffinerie Co-op de Regina, en
Saskatchewan. L'argent de la SSUC a servi à
payer des briseurs de grève, dont beaucoup ont
été amenés par hélicoptère à la raffinerie et y
ont été logés pour la faire fonctionner à la
place des 750 travailleurs mis en lockout. Cette
lutte a duré sept mois de pandémie. Le lockout
des travailleurs de l'entreprise a réduit la
production et donc ses revenus, ce qui lui a
permis de bénéficier de l'argent public de la
SSUC pour payer les briseurs de grève
professionnels et les entreprises de trafic de
main-d'oeuvre qui ont fourni les briseurs de
grève.
PressProgress cite Amir Mawani,
professeur d'études commerciales de l'Université
de York qui fait actuellement des recherches sur
la SSUC, qui affirme que les syndicats canadiens
ont raison de s'inquiéter de ces formes de
subventions aux entreprises. « Vous n'avez pas
eu à expliquer pourquoi vos revenus ont baissé,
explique-t-il. Cela pourrait être la COVID, cela
pourrait être un piquet de grève, cela pourrait
être la baisse des prix du pétrole. C'est ce qui
devrait préoccuper le syndicat : le fait même
d'un lockout rend (l'employeur) admissible, qui
ne le serait sans doute pas sans le lockout. »
Le professeur Mawani explique que les sociétés
cotées en bourse ne sont pas tenues d'inclure
les revenus de la SSUC dans les rapports
trimestriels si le montant est jugé « sans
importance », c'est-à-dire insignifiant par
rapport au budget global. Les sociétés non
cotées en bourse ne sont même pas tenues de
produire des rapports publics. « La SSUC n'est
pas vraiment une subvention salariale, c'est une
subvention pour frais d'affaires », dit Amir
Mawani.
PressProgress rapporte que la
raffinerie de Regina n'est pas la seule à avoir
utilisé l'argent de la SSUC pour attaquer sa
main-d'oeuvre pendant une grève ou un lockout.
Federated Co-operatives Limited et plusieurs des
entreprises contractantes qu'elle a employées
pendant le lockout figurent dans la base de
données de la SSUC, tout comme de nombreux
autres employeurs qui ont connu des conflits de
travail en 2020. L'Agence du revenu du Canada a
reçu 1 200 plaintes concernant l'utilisation
abusive de la SSUC par des entreprises.
Les travailleurs ont été mis en lockout le 20
juin 2020 par CESSCO Ltd., un fabricant de
produits métalliques d'Edmonton, qui cherchait à
leur faire accepter de grandes coupures dans leurs
salaires et leur régime de retraite. La compagnie
a utilisé des briseurs de grève pendant le lockout
tout en recevant l'aide du programme de la SSUC.
« Charles Smith, professeur de sciences
politiques à l'Université de la Saskatchewan,
affirme que cette 'échappatoire pour les
briseurs de grève' est l'une des nombreuses
méthodes par lesquelles la subvention salariale
permet aux employeurs de privilégier les profits
au détriment de leurs propres travailleurs. »
Le programme de la SSUC du gouvernement Trudeau
a pour objectif de préserver le pouvoir, la
richesse sociale et les privilèges de classe des
oligarques au pouvoir et de bloquer toute
discussion ou tout élan vers une nouvelle
direction pour l'économie. Cela prouve une fois
de plus que l'édification nationale au XXIe
siècle est la responsabilité sociale de la
classe ouvrière en opposition au contrôle et à
la domination de l'oligarchie mondiale et de ses
gouvernements. Un premier pas dans cette
nouvelle direction est d'organiser les forces
des travailleurs dans un grand mouvement pour
arrêter de payer les riches, augmenter les
investissements dans les programmes sociaux et
faire du Canada une zone de paix avec un
gouvernement antiguerre.
(Photos : Unifor,
Boilermakers 146)
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 7 - 6 juin 2021
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2021/Articles/L510078.HTM
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