Le besoin urgent de lever les sanctions qui privent des pays entiers de protections contre la COVID-19
Les
sanctions que les États-Unis ont imposées à divers
pays, avec l'aide du Canada et d'autres pays,
causent un grave préjudice aux populations de ces
pays en les privant de la possibilité de se
procurer la nourriture et les médicaments
nécessaires au maintien de la vie. L'objectif de
ces sanctions est particulièrement odieux. Ces
sanctions qui constituent en fait un acte de
guerre visent en effet à contrôler ces pays et, si
cela n'est pas possible, à les exterminer
littéralement. L'urgence de lever ces sanctions
est apparue lors de la 74e session de l'Assemblée
mondiale de la santé (AMS) qui s'est tenue
virtuellement du 24 au 31 mai 2021. Plusieurs pays
membres ont attiré l'attention sur l'urgente
nécessité de lever les mesures coercitives
unilatérales imposées à des pays comme le
Venezuela, Cuba, l'Iran, la République populaire
démocratique de Corée (RPDC) et le Zimbabwe dans
le contexte de la pandémie de COVID-19. Ces
mesures font obstacle à l'accès aux fournitures
médicales, aux équipements de protection
individuelle et aux vaccins, ainsi qu'aux denrées
alimentaires et aux produits de première
nécessité, ce qui limite la capacité de ces pays à
sauver la vie des personnes touchées par la
pandémie.
Selon la coalition « Les sanctions tuent », « les
pays ciblés sont confrontés à des pénuries de
médicaments et d'équipements médicaux, notamment
en approvisionnement d'oxygène et de ventilateurs,
d'équipements de protection, de pièces de
rechange, de logiciels, de carburant,
d'électricité, d'eau potable et d'eau pour se
laver, [ils] ne peuvent pas utiliser les actifs
étrangers pour les importations humanitaires,
leurs citoyens et leur personnel médical ne
peuvent pas avoir accès aux informations sur la
COVID-19 et à la télémédecine ou utiliser les
plateformes éducatives et de communication . »
La coalition souligne que « dans une perspective
à long terme, les sanctions unilatérales entravent
la capacité des pays ciblés à répondre à la
COVID-19, à mettre en oeuvre des plans de réponse
nationaux; elles entraînent des violations des
mécanismes de coopération/intégration régionaux et
bilatéraux existants ; elles rendent les
populations dépendantes de l'aide humanitaire et
empêchent la reprise économique des pays ciblés
par le développement et l'entretien des
infrastructures nécessaires. Cela viole les droits
du travail, le droit à l'éducation, l'accès à
l'information, le droit à l'alimentation et le
droit à la santé de leurs populations[1]. »
Zoe Alexandra fournit le rapport
suivant :
Au moins 39 pays sont actuellement soumis à des
sanctions unilatérales imposées par les États-Unis
et appliquées, entre autres, par le Canada et les
institutions qu'ils contrôlent. Il est urgent de
mettre fin à ces sanctions. Les prétextes pompeux
de défense des droits de la personne, des normes
et des valeurs modernes, doivent être démasqués
comme frauduleux et dénoncés comme des couvertures
pour les crimes contre l'humanité.
Le ministre vénézuélien de la Santé, Carlos
Alvarado, a déclaré à l'AMS le 25 mai : « Pour
mettre un terme à la pandémie de COVID, nous avons
besoin de la paix et nous devons travailler en
harmonie avec notre peuple. C'est pourquoi nous
exigeons la fin du blocus financier et de toutes
les mesures coercitives promues unilatéralement.
Nous exprimons notre solidarité avec les peuples
de Palestine et de Colombie qui souffrent d'une
répression violente. Les mesures unilatérales
mises en oeuvre par les États-Unis et leurs alliés
nous rendent difficile l'accès aux produits
essentiels pour produire des vaccins, ce qui viole
le droit à la santé de notre peuple. »
Le Venezuela a enregistré plus de 230 000 cas de
COVID-19 et plus de 2 500 décès. Le blocus
financier et économique imposé par les États-Unis
a eu un impact catastrophique sur l'économie du
pays. Selon un rapport du Washington Office on
Latin America (WOLA), les sanctions américaines
visant le secteur pétrolier et les transactions
financières du Venezuela depuis 2017 ont fait
perdre au pays entre 17 et 31 milliards de dollars
de revenus. Cette perte de PIB a un impact direct
sur la capacité de l'État à importer des articles
essentiels et à financer des programmes clés.
Pendant la pandémie, cela a directement affecté la
capacité de l'État à prendre soin de sa
population. Le pays a reçu des vaccins de la Chine
et de la Russie. Cependant, son paiement à
l'initiative COVAX a été retardé en raison de ses
difficultés financières, ce qui a affecté ses
efforts pour faire avancer le processus
d'inoculation de masse.
Lors de la réunion des ministres de la Santé des
pays du Mouvement des pays non alignés (MNA)
organisée en marge de l'AMS, le ministre de la
Santé Alvarado a également déclaré que « le modèle
de soins de santé dominant et capitaliste, dans
lequel la santé est considérée comme un bien
auquel vous n'avez droit que si vous payez, se
reflète clairement dans l'inégalité d'accès aux
vaccins et aux autres fournitures nécessaires pour
combattre la pandémie, comme l'a souligné le Dr
Tedros Adhanom Ghebreyesus [directeur général de
l'OMS] ».
Lors de cette réunion, le ministre cubain de la
Santé, José Angel Portal Miranda, s'est fait
l'écho de la demande de levée des sanctions et a
expliqué la situation complexe à laquelle son pays
est confronté : « L'intensification du blocus
économique, commercial et financier injuste imposé
par le gouvernement américain, parallèlement à
l'application délibérée de mesures coercitives
unilatérales inhumaines, entrave l'accès aux
ressources essentielles pour le développement de
médicaments et de fournitures qui soutiennent la
lutte contre le virus. »
Toutefois, Portal Miranda a souligné qu'« au
milieu de cette guerre économique étouffante et
d'autres défis qui exigent un effort énorme de la
part du gouvernement et du secteur de la santé,
rien ne nous a empêchés de mettre en oeuvre des
actions ayant pour objectif de protéger la vie de
tout notre peuple ».
Cuba est le seul pays d'Amérique latine et de la
région des Caraïbes à avoir développé des vaccins
pour lutter contre le virus COVID-19. C'est aussi
le pays de la région qui a le mieux combattu et
contenu la propagation de la pandémie, malgré le
blocus étouffant. Portal Miranda attribue le
succès de Cuba aux efforts déployés pendant les 60
ans de la révolution, au cours desquels le pays a
« maintenu un système de santé public, universel,
gratuit et accessible à 100 % de la population ».
Le représentant de l'Iran a également
pris une position ferme contre les mesures de
blocus. « Nous appelons tous les États membres,
l'OMS et les organisations régionales et mondiales
à s'opposer à ces mesures illégales afin de
garantir une lutte mondiale rapide, complète et
coordonnée contre la COVID-19 », a-t-il déclaré.
L'Iran a également souffert des mesures
coercitives imposées par l'administration
américaine l'année dernière. Les tentatives de
l'Organisation mondiale de la santé de faire
livrer des trousses de dépistage à l'Iran depuis
les Émirats arabes unis se sont heurtées à des
difficultés en raison de « restrictions de vol ».
Les Émirats arabes unis ont dû envoyer les
trousses dans un avion de transport militaire. De
même, une application destinée à aider la
population iranienne pendant la pandémie a été
retirée par Google de sa boutique d'applications
en raison des sanctions américaines.
Le fait d'inhiber la capacité d'un pays à prendre
en charge sa propre population touchée par la
pandémie de COVID-19 a des implications mondiales.
Comme cela a été répété tout au long de
l'Assemblée, il n'y a aucun moyen de mettre fin à
la pandémie si tous les pays ne sont pas en mesure
de la contenir. Il incombe clairement aux
États-Unis et à leurs alliés de répondre à la
demande collective et de lever les sanctions.
Note
1.
L'Assemblée mondiale de la santé est l'organe
de décision de l'OMS. Elle est composée de
délégations de tous les états membres de l'OMS
et se concentre sur un programme de santé
spécifique préparé par le conseil exécutif.
Les principales fonctions de l'Assemblée
mondiale de la Santé sont de déterminer les
politiques de l'Organisation, de nommer le
directeur général, de superviser les
politiques financières et d'examiner et
d'approuver le projet de budget-programme.
L'Assemblée mondiale de la Santé se tient
chaque année à Genève, en Suisse.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 7 - 6 juin 2021
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